La blonde bâilla à s'en décrocher la mâchoire.
Fallait dire qu'elle s'était levée plus tôt exprès, ce matin. C'était que les examens allaient bientôt commencer ; plus le temps pour se permettre de glander. Aussi discrète que le silence, elle s'était préparée, et était descendue dans sa salle commune. Une marche manqua de la faire trébucher.
Ca aurait été folklorique. Une jambe pétée la veille des ASPICs,
une ! Sans parler du fait qu'elle aurait réveillé tout le dortoir, sans doute. Avec soulagement, elle s'était rattrapée dans un maintien parfait de l'équilibre.
Ouf, on avait évité l'pire. Autour d'elle, Mara avait étalé des parchemins zébrés de notes et des bouquins de toutes tailles. Maintenant, y avait plus qu'à.
Allez, au boulot !Deux heures étaient passées comme deux minutes. La mine crispée, elle avait encore la tête dans ses révisions. La tour des bleu et bronze s'éveillait lentement. Elle voyait même pas les autres Serdaigles s'affairer autour d'elle.
Simples silhouettes fuyantes dans son champ de vision. Quelques-uns râlèrent de sa présence, d'ailleurs. Soit disant qu'elle prenait trop de place.
Mais chut, ça elle en savait rien, parce qu'elle les écoutait pas. Son cerveau était
monotâche ce matin ; il fallait travailler. Sa main écrivait, ses yeux lisaient, son esprit questionnait. Finalement, pas si
monotâche que ça, la nana.
Prenez-en d'la graine.La seule chose qui l'extirpa de sa concentration de
moine shaolin fut un grognement.
Un gargouillis lointain. Ca venait d'en dessous de son nombril. Ca faisait vibrer tout son intérieur. Ah ouais, c'était son estomac qui se manifestait. Qui manifestait tout court, en fait.
J'ai faim humaine, nourris-moi. Soupir lassé. Abandonner ses révisions, et perdre du temps à aller se gaver... C'était genre la meilleure idée qu'elle avait eue depuis...
Depuis longtemps. Elle avait foutrement besoin d'une pause, et elle sauta sur ses deux jambes pour cavaler jusqu'à la Grande Salle.
Que de réjouissances pour ses papilles. Des œufs au bacon, des toasts beurrés et du jus de citrouille. Le
parfait petit déjeuner de l'étudiant anglais.
Hm, dis comme ça, ça fait très publicitaire... Bref. Elle dégustait tout ça tranquillement, bercée par la rumeur des conversations. Un mouvement ailé au-dessus de sa tête lui fit lever les yeux de son assiette.
Distribution du courrier, comme d'habitude. L'Aigle reporta son attention sur sa délicieuse occupation. Qui vola à quelques mètres, pour venir s'écraser par terre.
Sprouitch-cling ! Le tintement de la vaisselle et les œufs propulsés un peu partout lui valurent des regards perplexes. Ce qui remplaçait son assiette était un paquet volumineux, tout en longueur.
Me dites pas que c'est...Un
balai. Un
balai magnifique, flambant neuf. La Norvégienne avait déchiré le papier kraft machinalement, sans trop piger.
Pourquoi elle avait un balai en face d'elle, là ? Devait forcément y avoir une erreur, c'était pas possible. Elle avait jamais chevauché un de ces trucs-là. Ca lui disait vraiment
rien du tout. Intriguée, elle chercha une lettre jointe au paquet, et la trouva. Ses craintes furent alors confirmées ;
il était bien pour elle. Et de la part de ses parents, en plus.
Merlin, qu'est-ce-qu'ils voulaient qu'elle foute d'un engin pareil ?! A croire qu'ils connaissaient pas leur fille ! Ca puait la plaisanterie de mauvais goût,
presque. Sauf que ses parents étaient
trop gentils pour ça. Agacée d'un cran en plus, elle empoigna le balai, et quitta les lieux, raidie. Et c'était pas n'importe quel balai ; un Eclair de Feu,
s'il vous plaît.- Lettre:
Mara,
Ta mère et moi avons pensé que ce serait plus original que des livres, ou des ustensiles à dessin. Tu devrais vraiment essayer de jouer au Quidditch, j'étais un champion moi à ton âge ! On est certains que tu seras parfaite sur ce petit bolide, et que tu sauras en profiter comme il faut. On a hâte que tu nous montres tes prouesses cet été, à la maison.
On t'embrasse fort et on pense à toi,
Papa et Maman