Léonor Wooden

♦ « Et il l'a épousée sans nous en parler !!! JE LE RENIE !!! IL N'EST PLUS MON FILS, PLUS VOTRE FRÈRE... Je vous tuerai si vous me faîtes la même chose ! »
Elle sursauta quand le poing rencontra la table, elle tritura sa robe rouge entre ses doigts. Dimitri l'avait devancée... Pis encore qu'il avait fini par mettre leur père dans une violente colère. Comment avouer qu'elle-même était tombée amoureuse d'un sorcier né d'une famille moldue ? Elle regardait sa mère qui s'insurgeait de la violence de leur père, mais on voyait toute la peine sur son visage alors que ses autres filles soupaient comme si tout cela était d'une banalité affligeante.

Rose McWood quitta la table sans toucher à la délicieuse viande dans son assiette accompagnée de ses pommes vapeurs... Comment avoir de l'appétit quand son frère était renié, disparu dans la nuit de Londres... ? Comment avoir l'appétit quand son amour vivait en Amérique, était son correspondant et né d'une famille qu'il disait « no-maj » ? Si elle l'avouait, elle finirait ses jours enfermée dans cette chambre, enchaîné à ce lit... La baguette confisquée, elle se mourrait entre les murs d'une prison d'idéologie.
Le père McWood continuait de hurler sa colère alors que la pauvre Helena tentait vainement de le calmer.

Une jolie chouette se dessina dans la nuit et se posa délicatement sur le rebord de la fenêtre où était appuyée Rose : « Je sais combien la douleur n'est rien comparée aux états d'âme... Nous sommes adultes. Enfuis-toi, rejoins-moi. Je t'attends sur le port... Oui, je suis en Angleterre. A minuit, rejoins-moi ma douce amie. »
Rose dut relire plusieurs fois la missive, les larmes contrastaient avec les cris.
L'envie était plus grande que la peur.
Elle fourra ses vêtements dans une valise qu'elle n'avait pas utilisé depuis sa dernière année à Poudlard. Rangea le strict nécessaire et se positionna sur le rebord de la fenêtre avant de se laisser tomber... Elle était au rez-de-chaussée. Elle quitta l'immense jardin et transplana jusqu'au port.
Il était là, les bras grands ouverts... Cet homme. Son futur époux.

Une année plus tard, Rose donna naissance à Léonor, une jolie poupée de porcelaine née le jour d'Halloween, ce jour où la barrière entre le monde humain et celui fantastique est dite la plus mince.
Léonor grandit dans l'amour et la joie, pouponnée et choyée.
Peut-être un peu trop gâtée.

Jeremy Wooden est couturier pour moldus, malgré son beau métier, il est la risée des sorciers de son pays, fatalement Léonor et Rose en pâtissent.
Alors ils vivent dans un quartier essentiellement moldu. Leonor grandit parmi eux mais ses facultés génèrent de la peur et de la confusion. Léonor est alors rejetée, détestée. De cette blessure implacable de la franchise tranchante des enfants, Léonor va développer pour les no-majs, et leurs étroitesses d'esprit, une haine sans précédent.
Elle finit par haïr son père et sa mère. Ne les comprenant pas, ne comprenant pas comment ils pouvaient vivre dans un monde où ils étaient haï, détestés pour leurs différences.

Non, Léonor détruirait ces gens, elle les anéantirait. Elle deviendra la reine du monde, et au lieu de vivre reclus, les sorciers seront les maîtres du monde. Et on la remerciera, pour toujours.

Ses années à Ilvermorny ne se passent pas très bien, si ce n'est même que cela est catastrophique. Sans filtre, la jeune demoiselle écrase les né-no-maj et ceux qui apprécient ce monde sans magie. L'intolérance dont elle fait preuve à son jeune âge est mal calculée, mal expliquée... Alors elle est cataloguée, est détestée.
Anéantie par les no-maj et ses semblables, Leonor se construit une coquille aussi solide que l'acier, elle se promet de ne plus jamais aimer, de ne plus jamais faire confiance : jamais.

A la fin de la cinquième année, la famille Wooden décide d'aller vivre à Londres pour donner à Léonor une nouvelle chance de tout recommencer.
Jeremy n'a aucune difficulté à trouver un local pour ses créations qui feront traverser la Manche aux français et ainsi, tout recommence...
Léonor se crée une seconde personnalité : fille modèle, gentille et compatissante.
Victoire, ce changement d'air a été bénéfique pour cette jeune fille emplie de haine.
Si seulement.

Arrivée à Londres, Léonor découvre le monde magique anglais, elle est curieuse et apprécie particulièrement l'architecture... Mais ce qu'elle trouve bien plus étrange ce sont les regards. On la regarde comme si un fantôme était accrochée à elle.  
Le soir, elle en parle à ses parents et Rose McWood-Wooden se met à pleurer. Sortant un journal, elle le pose délicatement sur la table face à sa fille : « Alycia McWood – Aaron N. Powell. »
La photo est accablante, Léonor n'en revient pas... : « C'est... moi ? »
Le silence laisse sous-entendre qu'elle n'est pas la fille sur la photo. Jeremy lui attrape la main et Léonor surmonte tant bien que mal son dégout. « Cette jeune fille était ta cousine. C'est incroyable que vous vous ressembliez autant, on dirait deux jumelles. Elle est décédée dans une bataille qui a sévi dans ta nouvelle école... Une héroïne à en croire les lignes écrites. Tu risques d'être... »
Elle lève la main pour le faire taire... On va la prendre pour une autre, c'est détestable... Et pourtant, il y a bien des choses qu'elle va pouvoir faire...

♦ Merci Alycia.
Un sourire rusé se dessine alors sur ses lèvres. Amusant.