[Aléa] I'm falling apart to half time [Orion et Aldabella]

21/02/2016

Un tour de terrain et je pris confiance en moi. Je n’étais plus aussi doué sur un balai que lorsque j’étais enfant et que nous jouions, avec Gabrielle et Camille, à se passer des Souaffles, à attraper un vif d’or pour enfants ou à faire des courses sur nos balais sécurisés, mais je n’avais aucune raison d’être aussi peu sûr de moi. De temps en temps, lorsque la météo était favorable et que les équipes ne venaient pas réserver le terrain pour s’entraîner, j’aimais venir sur le stade pour pratiquer le vol d’adresse, mais je regrettais souvent de ne pas pouvoir m’exercer plus régulièrement. J’étais loin d’avoir le niveau ou même la prétention de passer les sélections, mais je me débrouillais, voilà. De toute façon, je préférais largement regarder le Quidditch que le pratiquer, mais un peu de sport de temps en temps, autre que le jogging, m’aérait la tête et me revigorait les muscles.

J’accélérai dans la longueur jusqu’à sentir le vent me gifler violemment le visage. Le bois sous mes mains m’était inconnu ; je laissais mon balai chez mes parents, n’en ayant pas vraiment l’utilité à Poudlard, et je devais donc prendre ceux prêtés par l’école lorsque je voulais m’entraîner. Contrairement à beaucoup d’autres élèves, je n’en éprouvais nulle honte ou nulle gêne, il était même presque normal pour moi de profiter de l’équipement généreusement mis à disposition par Poudlard. Néanmoins, évoluer avec un balai qu’on ne connaît pas demande plus de niveau et de concentration ; il s’agit de bois magique de la même trempe que les baguettes et, bien qu’ils n’aient pas de cœur et donc moins de volonté que ces dernières, il arrivait souvent qu’on ne puisse pas maîtriser un balai qui nous connaît mal.

Gardant ces avertissements en tête, je m’entraînais doucement, sans vouloir trop en demander à ce vieux Nimbus 1700 qui paraissait presque en bout de course.

Je me reposai au sol après une demi-heure d’entraînement pour attendre Aldabella, à qui je m’étais proposé pour l’entraîner. En effet, elle avait évoqué l’envie de s’améliorer en Quidditch et ses amis de l’équipe n’ayant vraiment pas le temps d’entraîner une débutante en plus d’eux-mêmes, j’avais naturellement sauté sur l’occasion, en lui rappelant que j’étais tout de même loin d’être un expert.

Et voilà, nous y étions. La première séance. Je voulais m’échauffer avant, histoire de ne pas débarquer aussi peu sûr de moi que je l’étais au moment de remonter sur un balai, et j’étais encore suffisamment frais et en forme pour voir de quoi elle était capable.

Je m’assis sur les gradins les plus bas en l’attendant ; elle ne tarda pas à venir.

Précision HRP:

Encore cinq minutes…
Son manuel de potion ouvert contre son ventre, Aldabella se remua dans son lit, tandis que le soleil d’un après-midi naissant empreignait la pièce de ses rayons.
Non, ce n’est pas le jour… pas encore.
Enveloppée de sa robe de sorcière, l’adolescente s’était endormie un peu après neuf heures du matin, ayant passé la nuit toute entière à réviser chacune de ses leçons.
Et puis, matin, soir, qu’importe… c’est samedi. Il n’y a rien de prévu, le samedi.
Satisfaite d’enfin pouvoir dormir, la jeune fille tenta de changer de position, se tournant sur le côté, mais son livre se coinça dans les couvertures et chuta au sol. Le bruit sourd de la reliure percutant le sol de bois fit sursauter la blonde, qui posa instantanément ses yeux fatigués sur la source du bruit. Grimaçant face à un réveil aussi stupide, elle se frotta les yeux et reprit sa position initiale, sur le dos, ignorant les horribles cernes boursouflées qui trahissaient sa fatigue. Le regard perdu au plafond, il lui fallut plusieurs secondes pour se remémorer son horaire de la journée ; comme elle avait révisé les cours de potions, de Métamorphose et d’Étude des Moldus la veille, sa journée devait être réservée aux Défenses contre les forces du Mal, à l’Étude des Runes et aux Sortilèges. Mais avant, elle avait rendez-vous quelque part… au Stade, si sa mémoire était bonne. C’était curieux ; dès qu’il était mention du Stade de Quidditch ou du sport lui-même, Aldabella semblait prise d’une légère confusion, parfois même agrémenté d’une faible migraine. Rien de bien grave, juste suffisant pour l’agacer.

Au stade… qui diable pouvait bien lui avoir donné rendez-vous au stade ? Elle posa une main sur son front et pressa de sa paume, dans l’espoir de secouer son esprit un minimum. La dernière personne lui ayant parlé de Quidditch avait été Drago Malefoy, il y avait un certain temps. Pourtant, le jeune homme avait disparu sans laisser de traces depuis Pâques ; il était donc impossible qu’elle ait prévu de le rencontrer. Où pouvait-il bien être, d’ailleurs ?

Un coup de poing directement sur la tempe. Voilà ce qu’elle ressenti à la pensée du Serpentard. Un martèlement incessant, et une multitude d’images précipitées, de sons en échos. Des voix inaudibles, des visages indiscernables. Une vague d’émotion ; l'inquiétude , le désespoir, la colère, la véritable terreur. Puis, une lumière dense, vive et dorée, suivi du noir le plus total.

La douleur cessa instantanément, tandis qu’Aldabella avait la tête enfouie entre ses deux mains. La respiration haletante, les yeux écarquillés, il lui fallut quelques secondes pour totalement reprendre ses esprits. Puis, tranquillement, elle se redressa dans son lit. Peu importe qui lui avait donné rendez-vous ; elle était très certainement en retard et découvrirait bien qui l’attendait en se rendant directement sur les lieux. Alors, à la vitesse de l’éclair, elle revêtit un jean et un pull, releva sa longue crinière ondulée en une queue de cheval haute et prit la direction du Stade, empruntant un balai de l’école en chemin.

Juste avant de rejoindre le terrain, la Gryffondor longea les vestiaires du Stade et, tout en marchant, elle scruta les murs de la cabane, effleurant la surface de bois de sa main. Puis, quand ses doigts frôlèrent la porte fermée, une nouvelle migraine s’installa dans sa tête ; elle était plus violente que les autres, lui faisant littéralement perdre pied et, pour la première fois, certaines des paroles en écho commençaient à prendre de leur sens.

« Tu crois que je suis pas assez grand pour comprendre ce que … à faire, c’est venir pleurer sur ma pseudo-innocence perdue tout en gardant bien vos distances .. du Ministère à Azkaban ! » « Tu pensais réussir à franchir les protections de Poudlard à balais? ... la confusion du départ officiel en vacances … peut-être qu’il s’agit encore de ma pitié envers toi. » « Putain, Drago … C’est bon Daphné, laisse … »

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était accroupie, tout près de son balai, au pied de la porte. La douleur était partie, mais ses yeux étaient humides de larmes involontaires causées par sa souffrance. Elle se releva en prenant bien soin d’éviter tout contact visuel ou tactile avec le vestiaire, essuya ses yeux d’un revers de main, puis saisi le manche du balai et reprit le chemin vers le terrain.

Dès qu’elle le vit, tout reprit un sens dans son esprit ; évidemment ! Orion lui avait proposé de l’aider à s'entraîner au Quidditch ! Orion, qui d’autre. Il n’y avait que lui, il n’y avait toujours eu que lui... pas vrai ?

— Je suis tellement, tellement navrée de mon retard ! lança Aldabella en courant vers le jeune homme. J’ai eu des… imprévus. Je suis vraiment désolée.