Balade Crépusculaire [PV Loukkia C. Shafiq]

Le 04 avril 1997, au crépuscule. Aaron monta en vitesse les quelques marches qu’il lui restait avant de pouvoir pénétrer dans la maison Serdaigle. Il devait y trouver son amie, Loukkia C. Shafiq. Le jeune homme l’avait connue dès son arrivée à Poudlard et les deux Serdaigle étaient très vite tombés amis. Loukkia était une des seules à ne pas avoir fuît devant son caractère si solitaire. Elle avait comme su l’apprivoiser. Aujourd’hui, il venait la chercher pour l’impressionner. En effet, même s’il luttait contre cet aspect de sa personnalité, le jeune homme adorait plus que tout se venter. Que voulez-vous, le naturel revient toujours au galop… Aaron pénétra dans la salle commune. Il repéra très vite Loukkia. Le garçon la saisit par la main et l’emmena dehors. Les deux jeunes gens se dirigèrent vers la Forêt Interdite. Il essaya néanmoins de la rassurer.

-Je te jure, c’est un endroit paisible, le seul de la Forêt. Il n’y a jamais rien là-bas, fais-moi confiance bon sang !

C’était un mensonge, bien entendu. Enfin, Aaron espérait qu’ils ne croiseraient aucunes créatures malveillantes. Les deux Serdaigle traversèrent la petite plaine et passèrent juste devant la cabane de Hagrid. En ce doux début de nuit, une petite brise soufflait et le coucher de soleil projetait dans le ciel ses magnifiques traînées de lumière orange. Quel paysage idyllique pour le jeune homme ! Les grands arbres nus de la Forêt se dressaient devant eux. Ils plongeaient le taillis dans le noir. Cependant, dans une seule des parties brillait une lumière argent. Elle provenait de l’endroit choisi par Aaron. Il guida Loukkia vers l’endroit. Les deux Serdaigle durent sauter au-dessus de rochers et de racines. Quelques habitants de la Forêt les regardèrent passer. Une chouette hulotte les observa de travers, poussa un cri perçant et s’envola. La lumière venait d’un petit lac qui reflétait les rayons argentés de la lune qui venait à peine de s’élever dans le ciel orangé. Une petite berge faite de galets entourait la parcelle d’eau. Aaron se mit devant Loukkia et déclara :

-Nous y voici ! Admire le spectacle !

Le jeune homme s’avança. Il sortit de son ample cape sa baguette en bois de vigne et la pointa sur la surface du lac. Aaron inspira profondément. Il devait réussir son sort parfaitement s’il voulait impressionner la jeune femme blonde. Sa main commença même à trembler légèrement. Il pensa de toutes ses forces à ce délicieux souvenir, un vendredi de l’année 1988. Le jour où il avait épaté toute sa famille en réussissant à ensorceler un de ses avions en papier. Le jeune homme s’était reçu une cascade de félicitations en tout genre. Il se décida enfin à prononcer l’incantation :

-Expecto Patronum !

Une petite fumée bleue sortit du bout de sa baguette et s’amplifia à une vitesse effrénée. Un suricate se forma alors et commença à courir sur la surface argent du lac. Il formait, à chacun de ses sauts, de petites éclaboussures. Aaron, les yeux pleins d’étoiles, murmura :

-C’est prodigieux… Je suis prodigieux.

Il se tourna vers Loukkia, espérant l'avoir impressionné. Le jeune homme guetta sa réaction.

Loukkia avait,  à contre cœur accédée aux livres de son coffre, qui au final, ne quittaient jamais vraiment ses affaires. La bleu et bronze, bien que consciente qu’elle ne devait pas s’attarder, lança un coup d’œil à une des fenêtres. Le soleil ne tarderait pas à se coucher, et la cinquième année n’irait certainement pas manger. L’appétit n’était pas au rendez-vous, et la blonde devait avouer que l’idée de descendre six étages, pour ensuite les remonter, ne l’enchantait point, surtout quand elle pouvait rester dans sa tour réconfortante. Une vraie Raiponce.
Alors que la descendante des Shafiq était concentré sur le paysage glacial, mais d’une beauté à en couper le souffle, un personnage non-inconnu à Loukkia apparut en courant. Aaron Swan. Bien que cela pouvaient en surprendre certains, l’amitié était basé sûr… Rien.

Les deux camarades s’étaient rencontrés à leur rentrée dans l’enceinte du château. Loukkia avait été intriguée par le comportement solitaire et réfractaire du brun. Quand ils furent répartis dans la même maison, et du même âge, il n’en fallut pas plus pour qu’un lien se créer entre eux. Bien que cela puisse choquer certains aristocrates, la sang-pur se foutait bien des origines d’Aaron. D’ailleurs, dans son cercle d’amis, il n’était pas le seul qui n’avait pas le sang-pur. Il y avait par exemple Charlie Grant, une charmante blonde au caractère aussi doux qu’un mouton.
Sans vraiment lui donner d’explications, le camarade de Loukkia lui saisissait la main et l’entrainait dans son sillage.

-Aaron… Tu m’excuseras, mais… Pourquoi tu veux aller là-bas sérieux ? Il est tard, je suis crevée !

Cependant, Aaron n’écoutait pas le moins du monde et continuait de l’entrainer derrière lui. Les deux élèves ne s’arrêtèrent que quand ils arrivèrent au-devant de la forêt Interdite. Loukkia n’avait pas peur de cet endroit, mais elle n’aimait pas pour autant s’en approcher. La lune avait maintenant fait son apparition, et seul son reflet procurait une source de lumière correcte.
La blonde croisa les bras sur sa poitrine et se posta en arrière de son ami. Que voulait-il tant lui montrer ? Visiblement, un sort, puisque le jeune homme sortit sa baguette. Et sous les sourcils arqués de sa condisciple, le Serdaigle lança et d’ailleurs, n’eut aucun mal à inciter un des sorts les plus complexes : un Expecto Patrunom. Avec un petit sourire espiègle, la blonde déclara :

-Pas mal suricate. Par contre, je n’ai pas aperçu ta modestie aujourd’hui, l’aurais-tu vu toi ?

Sans un mot de plus, Loukkia prit elle-même sa baguette entre ses doigts, qu’elle avait laissée dans une poche de sa cape, et rassemblant un ensemble de souvenirs plus heureux les uns que les autres, firent apparaître dans un nuage fluide et bleuté, une louve au pelage clair, qui courra autour des deux individus, avant d’hurler à la lune et de disparaître. Loukkia se tourna vers Aaron, la mine ravissante lui demanda :

-Alors monsieur le suricate, tu n’as rien de mieux à me proposer ?

Aaron avait attendu sa réaction, et il l’avait eue. Loukkia avait d’abord eu un petit sourire espiègle, que le jeune homme trouvait adorable.

-Pas mal suricate. Par contre, je n’ai pas aperçu ta modestie aujourd’hui, l’aurais-tu vu toi ?

-Je ne pense pas, lui répondit le Serdaigle, du tac-au-tac. Elle doit sûrement être en train de s’empiffrer de nourriture dans la Grande Salle.

Loukkia ne répondit pas et se saisit de sa baguette, qu’elle venait de sortir de sa poche. La Bleu et Bronze se concentra et, après quelques secondes, lâcha son sort qui était le même que celui du jeune homme, un Patronus. Celui de la jeune femme était une louve au pelage clair qui commença à courir autour des deux sorciers. Tout à coup, elle s’arrêta, hurla à la lune avant de disparaître. La Serdaigle se tourna alors vers le jeune homme, la mine ravissante. Aaron, lui, devait reconnaître que ça l’embêter un peu qu’elle est réussi son sortilège.

-Alors monsieur le suricate, tu n’as rien de mieux à me proposer ?

Un défi ! C’est ce que voulez Loukkia, un défi ! Le jeune homme chercha à l’intérieur de lui un sort, ou des sorts, qui pourraient impressionner la Sang-Pur. Il chercha longtemps à vrai dire, mais trouva quelque chose d’assez puissant, et surtout marrant.

-J’espère, madame la louve, que vous n’avez pas peur de l’eau, lui dit-il d’un ton sarcastique. Par contre, si tu pouvais créer un bouclier autour de nous, ça m’aiderait.

Le jeune homme pointa sa baguette sur le centre du lac, inspira profondément et dit :

-Bombarda Maxima !

Un éclair sortit de sa baguette et traversa l’espace en un quart de seconde avant de plonger dans l’eau. Une seconde plus tard, une détonation se fit entendre et d’énormes vagues d’eau émanèrent du lac avant de s’écraser sur la rive. Soudainement, des pas se firent entendre. Le cœur d’Aaron commença à battre plus vite. Il observa le ciel et remarqua avec horreur que, si la louve de Loukkia avait hurlé à la lune, ce n’était pas pour rien. C’était la pleine lune ! « Oh non. Pas ça. »pensa le jeune homme, qui était maintenant complètement paniqué, à tort ou à raison... Les pas s’intensifièrent et tout à coup, un bosquet trembla. Il s’écarta, dévoilant l’être qui les regardait…

Loukkia esquissa un sourire tout en demandant en brun s’il avait déjà mangé, en entendant parler de la Grande Salle. Alors que les deux bleus et bronze marchaient tranquillement le long de la rive, Aaron s’arrêta soudainement tout en prononçant une phrase qui fit froncer les sourcils à la blonde. Il n’était comme même pas sérieux ? Visiblement si puisque le jeune homme lança un sort destiné à avoir une grande puissance sur le Lac. La sang-pur, figée, observa l’étendue d’eau sans oser souffler.
Au commencement, il n’y avait eut que la boule de magie qui avait frappé l’onde mouvante. S’en suivit un calme morbide, puis de silencieux remous agitèrent l’eau, s’amplifiant au fur et à mesure. Déjà au bout d’une trentaine de secondes, une gigantesque vague fonçait vers la rive. Les yeux écarquillés, Loukkia ne sentit même plus sa baguette dans la paume de sa main. Ce ne fut que quand la gigantesque déferlante était à quelques mètres d’eux qu’au dernier moment, la descendante des Shafiq lança un « Protego Maxima » sur son camarade et sa personne.
La sorcière dut le tenir encore quelque temps, au vu des vagues qui arrivaient. Quand tout fut plus calme, quelques instants plus tard, Loukkia lança un regard noir à Aaron.

-Tu es complètement fou ou quoi ? Imagines si je n’avais pas fait notre bouclier à temps ? On serait tous les deux morts noyés ! Tu ne tiens peut-être pas à la vie, mais…

La cinquième année n’eut pas le temps d’en dire plus : des bruits de pas rapprochés se firent entendre derrière les deux étudiants. L’adolescente se tourna vers son ami, le regard pétrifié vers la forêt. La blonde ne pouvait en faire que de même. Elle leva les yeux vers le ciel et aperçut… La pleine lune. Et merde. La sang-pur quand elle vit les buissons devant eux s’agiter, saisissait la main d’Aaron et l’entraina avec elle en lui hurlant de toutes ses forces de courir.
La sang-pur avait tellement peur à ce moment, qu’elle ne souciait pas d’être déjà loin de la forêt. Elle fuyait, encore et encore. Quand elle fut, toujours accompagné du jeune homme aux portes de Poudlard, elle ne put que tenter de reprendre son souffle autant qu’elle pouvait. Ses poumons brûlaient, et sa gorge était enflammée. Encore une fois, mais à ce moment dans les vapes, Loukkia râla sur son camarade :

-Aaron… Je te jure que tu me fais encore un coup comme ça, je te noie dans le Lac avant que t’aie pu dire désolé.

Heureusement pour les deux camarades de maison, Loukkia avait réussi à faire un Protego Maxima avant que les énormes vagues ne les atteignent. Aaron observa sa baguette avec un mélange d’admiration et de peur. « Tu sais donc faire ça. Je sens qu’on va s’amuser toi moi. » pensa-t-il. Cette remarque le fit sourire béatement. Enfin, cette démonstration n’avait pas plu à son amie de Serdaigle, qui l’avait traité de suicidaire fou en lui lançant un regard noir qui fit frémir le jeune homme. Cependant, avant qu’elle ne pût finir sa phrase, le buisson avait frémi et la créature qui en était sorti avait cloué littéralement le garçon au sol herbu de la Forêt. C’était un Loup-Garou. Un Loup-Garou gigantesque avec le pelage complètement gris. Il les fixait avec un regard qui semblait dire : -Hum, coucou futur repas. Cette simple réflexion fit faire des coulées de sueur au Bleu et Bronze. Loukkia lui prit alors la main, pas pour faire romantique, loin de là, mais pour le traîner. D’un autre côté, il lui devait beaucoup, car sans elle, il serait sûrement resté figé sur place avant de se faire dévorer par le lycanthrope. Alors, les deux Serdaigles coururent, coururent. Mais le Loup les suivait, et il gagnait du terrain. La descendante des Shafiq, elle, n’en avait rien à faire si oui ou non le monstre les suivait. Elle courait sans regarder derrière elle. Mais Aaron trébucha, et se ramassa sur le sol. C’était donc comme ça qu’il allait finir, qu’il allait mourir, bouffé par un Loup. Non, c’était hors de question. Il se saisit de sa baguette en bois de vigne, qui avait déjà prouvé sa puissance, et la pointa vers le Loup-Garou. Il entendait son cœur dans sa poitrine et il était déjà trempé de sa propre sueur. Le Serdaigle devait faire un choix, et vite.  

-Waddiwasi !

Un éclair sortit de sa baguette. Aaron ne prit même pas la peine de regarder si son sort avait touché la bête ou pas, il se leva et continua sa course dans le taillis. Loukkia, elle, continuait de courir. La jeune femme devait être terrifiée !

-Loukkia ! cria le Bleu et Bronze. On est sorti de la Forêt. Arrête !

Elle ne semblait pas l’écouter, au contraire. La Serdaigle devait être morte de peur pour courir à une vitesse aussi effrénée. Enfin, elle s’arrêta aux portes de Poudlard. Le jeune homme, lui, l’avait suivi mais il était exténué. Il n’était pas le moins du monde sportif, et cela se ressentait. Sa gorge était en feu et ses poumons étaient en train de se faire la guerre dans sa cage thoracique.

-Aaron… Je te jure que si tu me fais encore un coup comme ça, je te noie dans le Lac avant que t’aies pu dire désolé.

A cette remarque, le garçon ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Aaron décida de la piquer au vif en lui disant :

-Ne t’en fais pas pour moi, je sais lancer un Têtenbulle.

Qu’allaient-ils faire maintenant ? Ils étaient déjà tard, et l’extinction des feux était sûrement largement dépassée. Donc, si on rentre par la Grande Porte on se fait griller par le concierge et c’était soit la retenue soit la petite balade dans la Forêt Interdite et franchement, aujourd’hui, niveau Forêt, on avait déjà donné. Cependant, une deuxième idée germa dans la tête du Bleu et Bronze. Passer par le grand pont en bois derrière le château. C’était la seule solution. Aaron décida donc de demander à Loukkia son avis…

!:

Loukkia n’avait même pas remarqué l’absence régulière d’Aaron derrière elle. Sa course avait été trop effrénée tandis que la créature de la nuit les avait pourchassés. Son cœur tambourinait dans sa poitrine tandis que son crâne lui procurait un mal de chien. Son camarade n’avait pas l’air en meilleur état. Leurs respirations haletantes brisaient le silence, majoritairement de courte durée. La bleu et bronze se redressa et tout en regardant et pointant son ami du doigt déclara :

-Bas voyons ! Avec toutes les emmerdes qu’on a réussi à s’attirer, tu veux encore tenter le diable ? Avec la chance qu’on a aujourd’hui, on réussirait à tomber du pont !

Le sang-pur croisa les bras sur sa poitrine et fit mine de réfléchir en se tournant vers les portes qui mèneraient au Hall.

-Non… On va pour une fois choisir la sécurité. On va passer discrètement dans le château et avec un peu de discrétion, on arrivera à ne pas se faire chopper. Suis-moi et surtout, ne fais pas de bruits. Pigé ?

La blonde, après un soupir de lassitude, poussa légèrement les grandes portes, laissant une ouverture juste assez grande pour les laisser passer. Pour le moment, il n’y avait aucun adulte, du style Rusard ou Rogue. L’arabe avait pris la main du jeune homme de sa maison dans la sienne et trottina jusqu’aux escaliers. Un coup d’œil à droite, un autre à gauche. Direction la salle commune maintenant.
Leurs pas résonnaient quelque peu dans les marches, créant une résonnance grave dans les corridors. Loukkia ruminait contre le fait que leur salle commune n’était qu’au dernier étage. Au moins, Charlie avait de la chance là-dessus. La salle commune des Serpentards se trouvait aux cachots. De toute façon, ce n'était pas nouveau, Loukkia était malchanceuse.