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  Une âme tourmentée | Matthew Duke

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MessageSujet: Une âme tourmentée | Matthew Duke    Une âme tourmentée | Matthew Duke EmptyLun 27 Juin 2016 - 12:03


Pire qu'un drame. Pire qu'une tragédie. Pire qu'une catastrophe. On ne pouvait pas qualifier ce qu'il s'était passé il y a de cela une semaine. Un génocide. Une extermination. Une barbarie. Il y avait tellement de mots pour décrire de tels actes, pourtant aucun ne semblait assez fort selon Kelsey. À contrario, les notions synonymes de paix étaient plus limitées. L'humain n'avait pas eu besoin de chercher plus de dénominations pour ce concept. Il était beaucoup trop sombre de nature, après tout.

Ce soir-là, tout avait commencé par huit coups, sonnés par la grande horloge du château qui semblait à ce moment là encore inatteignable. L'instant d'après, tout s'était bousculé. Alors que les esprits étaient pour la plupart préoccupés par les résultats des examens, cela allait devenir la dernière chose à laquelle ils allaient accorder de l'importance. Une ombre s'était glissée jusqu'à parvenir au château. Cette ombre ténébreuse n'allait amener que malheur. Une explosion avait suivi, signal d'alarme de l'atrocité à venir. Ce fut ensuite la confusion, les regards des élèves et professeurs se croisant, inquiets ; que se passait-il ? Il ne fallut pas longtemps pour que tous se rendent compte du danger qu'ils encourraient. S'étaient ensuite enchaînés les cris, la peur, la violence, les blessés, le sang, les morts, le désespoir. La victoire de Harry et de Dumbledore ne pouvait tout effacer. C'était un pas énorme certes, mais ce n'était pas ce qui allait ramener les morts à la vie. Tout ce sang n'avait servi à rien. Toute cette haine ne faisait que rendre les gens encore plus mauvais qu'ils ne l'étaient.

Kelsey, elle, n'avait été que peu blessée malgré sa position au sein du combat, elle-même ne comprenait pas pourquoi. Elle ne méritait pas cette grâce selon elle. Elle n'avait pu sauver aucun Elfe sur son champ de bataille, eux qui étaient si gentils, si serviables, plus bons que la majorité des êtres humains, ni une sorcière que beaucoup connaissaient, Fleur Delacour. Elle avait perdu pied à un moment donné et à cause de cela, deux personnes avaient perdu la vie ; le dernier Elfe en vie qui avait bien lutté et cette sorcière. Sa mort avait été abominable. Comme toutes, me direz-vous. C'est sûr. Mais voir une personne se prendre un Avada Kedavra était sans doute moins douloureux que d'en voir une éventrée, les entrailles éparpillés au sol. D'ailleurs, la souffrance pour la personne elle-même en étant décuplée. Une fois décédée, la seconde araignée meurtrière s'était attaquée à son visage si doux, n'inspirant que gentillesse, pour le dévorer. Bill avait ensuite sauvé la Gryffondor alors qu'elle-même n'avait pas été en mesure de défendre la fiancée de ce dernier.

Kelsey ne parvenait pas à détacher ses horribles images de ses pensées. Toutes les atrocités qu'elle avait pu voir ensuite, en parcourant les différents champs de bataille afin d'offrir son aide à un maximum de personnes. Chaque lieu avait été souillé par la mort, le sang et la cruauté. Elle réalisait plus ou moins la situation sur le coup, mais il y avait d'innombrables blessés et chaque main tendue était bénéfique. Ainsi, elle n'avait pas hésité à porter secours à ceux qui en avaient besoin, en tentant d'ignorer toute cette inhumanité qui s'étalait sous son regard. Cela n'avait été que retarder l'inévitable. À peine put-elle se poser qu'elle se sentit complètement différente. Elle fut raccompagnée chez elle par transplanage ;  sa mère et sa sœur étant là. Aria était venue par un transplanage elle-aussi afin de s'assurer que Kelsey allait bien. Les nouvelles allaient vite. En même temps leur père travaillait à la Gazette du Sorcier, il avait dû être rapidement au courant de la tragédie. Sans doute l'avait-il su un peu tard cependant, sinon il aurait parcouru tout Poudlard pour retrouver sa fille. Les retrouvailles furent poignantes et les pleurs nombreux. Son père n'avait pas tardé à venir à son tour, averti du retour de sa fille. Celle-ci s'enferma ensuite dans sa chambre sans y bouger de la soirée, dévastée par la tristesse et le remords. Elle n'avait pas fermé l’œil de la nuit.

Le lendemain, elle ne semblait être qu'un automate, un être vide, silencieux, limité dans ses mouvements. Son regard était vide, son teint était encore plus pâle que d'habitude et elle ne répondait pas vraiment aux questions de ses parents, totalement ailleurs. Ces derniers n'insistaient pas, quelque peu dépassés par les événements. À dix heures, elle put entendre la radio de la cuisine, diffusant un message provenant de Haveirson. « [...] Pourquoi avons-nous eu besoin qu'un carnage pareil se produise pour réaliser que nous ne sommes pas différents les uns des autres ? […] » ; la réponse était simple. La nature humaine. Et les noms des victimes défilèrent. Lorsque celui de Fleur fut énoncée, Kelsey ferma les yeux et ne put contenir quelques larmes. Pour toutes ces victimes bien sûr, seulement ce nom lui rappela la sauvagerie qui avait eu lieu, comme si sa barrière protectrice mentale s'était effondrée. Sa gorge se serra en entendant le nom des meurtriers affiliés à Voldemort – entendez par-là ceux qui n'étaient pas des élèves – . Cela gâchait cet hommage. Les Anges et les Démons, la Lumière et les Ténèbres, le Bien et le Mal, étaient mélangés. Ils avaient provoqué leur propre mort, et celle de tant d'autres innocents. Leur vie à tous ne valait pas celle d'un seul innocent. Après ce message, Kelsey resta assise durant de longues heures, le regard toujours autant inexpressif. Elle n'était pas sortie ce jour-là, n'avait pas dit plus de dix mots et n'avait quasiment rien mangé. Elle refusa même une balade à cheval, ce qui était l'un de ses loisirs favoris en été. Elle était chez elle, « tranquille » , tandis que d'autres préparaient un enterrement ou étaient à l'hôpital.

La nuit fut longue, très longue. Elle ne parvint pas à s'endormir avant deux heures, l'agonie psychique à laquelle elle faisait face l'empêchant de trouver le repos. Son sommeil fut de bien courte durée, deux heures, avant que de monstrueux cauchemars l'assaillent. Elle revoyait la scène, le sang et l'odeur ferreuse qui s'en dégageait, les cris de douleur et de peur qui frappaient ses tympans, la mort qui venait faucher une à une les personnes présentes. Tous ses sens l'animèrent comme si elle y était. Finalement, elle hurla et se réveilla. Cet hurlement fut la seule chose réelle cette nuit-là ainsi que son angoisse. Ses parents tentèrent de la réconforter mais elle ne réagit que peu à leur présence.

Au fur et à mesure que les jours passèrent, la Gryffondor se sentait toujours aussi vide, désespérée. Elle qui pourtant était si forte mentalement, qui jamais ne se laissait abattre, qui gardait espoir, elle n'avait plus la force de lutter. Certains de ses camarades l'avaient surnommé « l'indifférente » , tandis que d'autres lui avaient fait remarquer son caractère impassible, son contrôle d'elle-même et son absence visible de peur. Il n'en était finalement plus rien aujourd'hui. Cette fille là, forte et courageuse, s'était évanouie pour ne laisser place qu'à une coquille vide. À quoi bon espérer qu'un jour les Hommes, moldus ou sorciers, parviendraient à vivre dans une harmonie sincère ? Elle avait toujours été lucide, malgré tout une part d'elle se disait que les choses pouvaient s'améliorer. Aujourd'hui il ne restait plus rien de ce souhait. Oh certes, elle avait déjà connu des périodes difficiles suite à l'actualité, mais là, c'était tout autre chose. Indescriptible ça aussi. Elle avait directement vécu la bataille, qui avait impliqué de nombreux professeurs et camarades. Qui avait ôté la vie à tant de personnes, connaissances et amis, et pour la moitié d'entre elles, d'une façon cruelle et inqualifiable. La liste était trop nombreuse. La culpabilité envahissait son âme ; comme si tout reposait sur ses épaules, elle pensait que si elle n'avait pas laissé son esprit divaguer, elle aurait pu empêcher quelques morts. Elle se le répétait inlassablement. L'image lui revenait alors en tête. Les cauchemars ne s'arrêtaient pas. L'ambiance y était si glauque, si sinistre, si sanguine. Elle voyait les corps sans vie de ses camardes. Certains avaient les entrailles disséminés au sol, d'autres le crâne fendu, tandis que d'autres n'étaient plus que de simples morceaux de chairs éparpillés çà et là. Les cernes qu'elle présentait sous ses yeux et son teint malade et fatigué témoignaient de son mal-être.

Aujourd'hui, une semaine après ce drame, elle se trouvait dans sa chambre, encore et toujours, la porte fermée. Elle n'était pas sortie de la semaine, pas une fois, pas une minute. Elle n'avait même pas pris la peine d'ouvrir sa fenêtre. Son appétit ne revenait pas et son sommeil était fragmenté et d'une bien piètre qualité. Sa sœur s'était absentée pour un stage au Ministère de la Magie, tandis que son père faisait son possible pour être présent tout en conciliant avec son emploi du temps de journaliste. Elle l'entendait souvent chuchoter, elle savait très bien que ses parents parlaient d'elle et s'inquiétaient terriblement. Pourtant elle était toujours vivante, pourquoi tant de messes basses ?Parce qu'elle était là physiquement, mais cela s'arrêtait là. Elle n'était qu'une sorte de marionnette, dont les fils étaient ses besoins vitaux. Une fois ceux-ci assouvis, la marionnette s'immobilisait. Fin de la représentation.

Allongée sur son lit, elle ferma les yeux. C'était trop douloureux. Intérieurement, elle criait, se débattait contre cette terrible vérité. Elle voulait se réveiller, se secouer, se dire « eh oh ! Ce n'était qu'un cauchemar ! » . Mais tout était bien réel. Tout aussi réel que la sauvagerie humaine. En apparence, elle était impassible. Elle avait cessé de lutter pour rester à la surface, se laissant emporter dans les profondeurs.

Elle n'ouvrit même pas les yeux en entendant la porte de sa chambre s'ouvrir. Cela aurait pu être un ennemi, à quoi bon se débattre ? Ce monde était beaucoup trop noir pour elle. Pourtant, ce fut une main douce et chaleureuse qui se posa sur son épaule.

«  Kelsey, je sais que ce que tu traverses n'est pas facile... Ce qu'il s'est passé est absolument abominable et je n'ose imaginer la douleur de ces familles endeuillées. Mais tu ne dois pas rester cloîtrer ainsi. Ceux qui se sont battus l'ont fait pour rendre ce monde meilleur, pour que chacun puisse vivre sans craindre de ne voir le lendemain. Tu as été très courageuse, tu as risqué ta vie toi aussi. Il faut que tu empruntes le chemin de la guérison, que tu profites de la vie pour rendre hommage à toutes ces personnes. Penses-tu que rester ainsi est leur rendre hommage ? » murmura sa mère d'une voix douce.

Elle avait toujours été une mère à l'écoute, prête à tout pour ses enfants, trouvant toujours les bons mots pour les réconforter. Ce discours parvenait aux oreilles de Kelsey, malgré tout elle n'arrivait pas à se détacher de ces images, de sa culpabilité, de sa misanthropie temporaire.

«  Bien sûr, pour nous qui n'avons pas été là c'est facile de dire ça, je le sais bien... Mais nous nous inquiétons pour toi, ton père, ta sœur et moi. Toi qui a toujours cloué le bec aux personnes désagréables, qui est si forte... Tu as déjà traversé quelques périodes difficiles mais pas à ce point. Là tu te coupes de tout contact. Je ne pense pas que cela t'aidera. » enchaîna sa mère qui n'attendait aucune réponse.

Elle soupira doucement, hésitante.

«  Ton père va à Londres cette après-midi et nous avons jugé bon que tu y ailles toi aussi. Vous pourrez allez boire un verre, enfin faire ce que tu veux. Par contre il devra ensuite s'absenter pour un petit travail, mais cela ne devrait pas durer plus de deux heures. » reprit-elle, la voix un peu plus ferme.

Kelsey ouvrit enfin les yeux, qui demeuraient inexpressifs.

« Pas besoin. » se contenta-t-elle de répondre, d'une voix presque éteinte.

« Nous ne te demandons pas ton avis. C'est ce qu'il y a de mieux pour toi, tu nous remercieras plus tard. » conclut sa mère en quittant la pièce.

Aucune réponse ne sortit de la bouche de la sorcière. Celle-ci n'avait vraiment aucune envie de sortir, de voir du monde, d'entendre les gens parler et rire. Pourtant, elle n'allait pas avoir le choix. Elle resta dans sa chambre pour le reste de la matinée, ne sortant même pas pour manger, contrariée d'être forcée à sortir. Son père vint directement dans sa chambre et malgré la réticence de la jeune sorcière blonde, tous deux transplanèrent d'abord au Chemin de Traverse. Ils quittèrent ensuite la voie sorcière afin d'arriver dans le Londres Moldu. La marche de Kelsey se faisait lente et sa mine fatiguée attira l'attention de plusieurs passants. Son père tenta de lui remonter le moral avec un discours à son tour. Cette fois-ci, la demoiselle s'en détacha complètement, se concentrant davantage sur les multiples bavardages des Moldus. Au bout de quelques minutes de marche, son père se stoppa et commença à discuter avec un homme. Kelsey n'écouta pas leur conversation, se contentant d'attendre, la tête basse. Au bout de deux minutes, son père s'adressa à elle mais elle ne réagit pas, l'entendant de loin. Il la secoua alors doucement pour la ramener sur terre. La Gryffondor revint enfin à la réalité.

« Je suis désolée ma chérie, je vais devoir faire mon travail tout de suite avec Alan, mon collègue. Je te retrouverai après. » dit-il d'une voix désolée. « Ça ira ? »

Il se pinça les lèvres, terriblement gêné. Après tout, c'est lui et sa femme qui avaient insisté pour qu'elle sorte et voilà qu'il la planta là. Surtout qu'elle avait besoin de lui. Enfin c'est ce qu'il pensait.

« C'est bon, ne t'en fais pas. » répondit Kelsey avec un léger sourire forcé.

Il lui fit une bise sur le front et s'éloigna. Il devait absolument faire ce boulot, sinon il aurait clairement fait patienter son collègue sans hésiter. À peine s'était-il retourné que le sourire disparut du visage de la sorcière, ne laissant place qu'à une figure inexpressive et pâle. Elle avait du faire preuve d'un effort surhumaine pour l'afficher. Elle ne savait pas où aller, n'ayant d'ailleurs aucune envie de se trouver là. Mais elle ne pouvait rentrer ici et se rendre seule au Chemin de Traverse la bloquait. Elle n'avait aucune envie d'être en contact avec le monde sorcier. Elle voulait oublier tout ça. Quoique les Moldus n'étaient pas mieux en terme de cruauté. De toute façon, la plupart des âmes étaient pourries de l'intérieur, enveloppées par le souffle glacial des ténèbres.

Kelsey marchait sans réel but, le vacarme Londonien agressant ses oreilles, bousculée de temps à autre par un touriste pressé. Au bout d'un quart d'heure, elle arriva à un parc qu'elle connaissait bien. Pourtant, elle venait là s'en prêter attention au lieu où elle se trouvait. Finalement, elle s'assit sur un banc baigné de soleil. Cette lumière était bien le seul éclat qui s'échappait d'elle, la lueur d'espoir et de vie s'étant éteint de son regard. Le regard vide, elle tentait de ne penser à rien, bien que les images s'imposaient d'elles-même. Finalement, elle s'isolait tout de même ici aussi.
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