Teach me, learn it. - Dean & vous ?

La fin du semestre était, pour beaucoup, catastrophique en métamorphose. Pour le niveau. J'avais du alléger mes notations et me montrer plus clément vis à vis de l'absence de cours et de professeur de qualité. Je m'en voulais de ne pas avoir donner le meilleur de moi-même pour offrir à ces élèves ce qu'il fallait pour y arriver malgré l'handicape. Seul mes étudiants spécialistes s'en sont sorti avec brio, j'avais fait en sorte de reprendre la main ferme sur leurs devoirs. Je ne suis pas peu fier de ces élèves élites que j'ai choisi avec minutie.
Dean Watkins, malheureusement, je n'ai pas eu l'honneur de le rencontrer et son devoir est pourtant l'un des meilleurs.

Je m'étirais les bras en descendant les escaliers, saluant les élèves au passage, je baillais comme un ours mal léché. La bouche grande ouverte à coup de grand bruit. Puis je bifurquais, apprenais le château. Ce qu'il était grand, comparé à ma petite maison dans la réserve indienne.
Je traversais bientôt un couloir qui menait sur une petite cours, très calme. Un cloître, une chapelle... Quel endroit prospère !
Je m'installais sur un des bancs en pierre, et sans gêne soupirait toute mon aise d'un "Aah." à tomber par terre. Je posais mes bras sur le dos du bans, profitais d'être seul pour prendre toute la place.
Si le départ de Rosalee avait été difficile, je me rappelais combien il était bon de ne pas m'inquiéter pour eux, à les surveiller. Et profiter de moi.

Je fermais les yeux sous les rayons du soleil qui tapait doucement sur la cours et j'essayais de me retrouver. Moi, le Joshua des montagnes et des forêts. Celui qui n'a besoin de personne pour avancer. Le Joshua égoïste et primaire, mais rapidement, le bruit d'une porte me fit sursauter.
Je chassais le Joshua prédateur et repérais la source du bruit.
Douce surprise, tiens donc. « Je pensais justement à vous ! » Un silence. Puis je fronçais les sourcils en déblatérant à toute vitesse : « Non, ce que je veux dire, c'est que je ne pensais pas à vous comme ça.... Je veux dire que je pensais à votre devoir. Celui des examens et du fait que l'on ne se soit jamais vu jusque là. »
Des fois, je me taperai volontiers la tête contre un poutre. De toutes mes forces pour m'empêcher d'être conscient lorsqu'il se passe ce genre de chose. Situation embarrassante. Et pourtant, pourtant... Je me mis à rire, mais franchement. « Mr Watkins, je vous en prie asseyez-vous. » dis-je finalement, en reprenant doucement ma respiration entre deux rires. « Nous n'avons pas eu le plaisir de nous connaître, vous êtes de mon élite. C'est important que nous apprenions l'un de l'autre. » Je lui tendis la main en souriant, tandis qu'une larme de rire coulait le long de ma joue, ne manquant pas de lever plus encore le rictus du fou rire.

Dean profitait de ce début d'après-midi. C'était vraiment calme et tout le temps semblait si heureux que les vacances soient enfin arrivées, que les examens soient terminés. Pour le jeune homme, ce n'était rien d'autre qu'un jour de détente, de repos avant de nouvelles aventures trépidantes. A peine était-il revenu de cette dangereuse mission qu'ils avaient faite en Ecosse qu'il devait déjà repartir, pour le Canada ce coup-ci et en dehors du cadre de l'Ordre du Phénix. Ils se préparaient avec Théodore. Ils faisaient leurs préparatifs pour aller secourir Aliénor, bien que connaissant le danger qui les attendait. Mais ils ne pouvaient décemment la laisser ainsi, ils se devaient de l'aider, tout comme elle le ferait pour eux. Et puis, il était conscient que ses agissements avec l'Ordre n'était pas terminé, qu'il y aurait certainement d'autres choses. Ils avançaient enfin, ils avaient des pistes. Les Mangemorts faisaient certes des dégâts à travers le pays, mais ils avaient des pistes pour les stopper, pour arrêter leur maître. Dumbledore leur avait assuré qu'ils approchaient du but, et Dean avait confiance en lui. Cela dit, il restait réaliste : même une fois que le Seigneur des Ténèbres serait mis hors d'état de nuire, leur combat ne serait pas terminé. Le monde était loin d'être pacifié. Mais l'Ordre du Phénix aurait-elle encore son cadre une fois Voldemort détruit ?

Il profitait de ce petit moment d'accalmie qu'il avait, de cet après-midi ensoleillé, de cette fin des examens. Il avait réussi à se remettre à niveau en très peu de temps. Certes il avait du mal à réussir certaines métamorphoses complexes, ressentant toujours les effets de ses blessures, mais au moins avait-il réussi ses examens. Du moins, c'était ce qu'il pensait. La théorie ne l'avait jamais effrayé et l'avait toujours passionné à dire vrai. Mais il était dingue de pratique, il adorait vraiment s'exercer aux métamorphoses. Il était donc plutôt triste ces derniers temps de ne pouvoir en faire comme il en avait l'habitude. Mais, plus les jours avançaient, plus il se sentait mieux. Il ne ressentait presque plus rien en fait. Une semaine auparavant ça le tiraillait, ça l'élançait encore, mais aujourd'hui il ne ressentait presque plus rien. D'ici deux ou trois jours, il serait sûrement complètement remis sur pied, notamment grâce au travail fourni par Quinlan. Il ne le remercierait jamais assez. D'ailleurs, en parlant de Métamorphose, il n'avait toujours pas rencontré leur nouvel enseignant. Il n'avait pu se rendre à son premier cours, trop fatigué par ses blessures qu'il avait été, et les examens étaient alors arrivés. C'était vraiment dommage car il aurait vraiment aimé converser avec lui. Il avait encore beaucoup de choses à apprendre, il le savait. Et puis la métamorphose était un domaine tellement vaste.

Ses pas le guidaient tous seuls à travers le château gallois. Jusqu'à ce qu'il arrive jusque dans la petite cour. Elle était calme et paisible, comme à son habitude. Rien de tel que ..... Quelqu'un venait de lui parler. Il tourna la tête tout en sortant de ses pensées. Un homme qu'il ne reconnaissait que parce que ses camarades lui avaient parlé de lui. L'adage disait bien "quand on parle du loup, il en montre la queue", non ? C'était une drôle de coïncidences qu'il pense à lui juste au moment où il s'apprêtait à le rencontrer, enfin. D'ailleurs l'enseignant avoua qu'il pensait à lui, du moins à son examen. Et d'après les propos de l'enseignant, il avait l'air d'être réussi. L'Abraxan ne refusa pas l'invitation à s'asseoir aux côtés de l'enseignant. Il n'allait pas laissé filer cette occasion de pouvoir discuter avec lui. Même si l'année scolaire était terminée, cela promettait d'être enrichissant. Il s'assit donc sur le banc en bois et dit à l'ancien trappeur :

- Je suis désolé de n'avoir pu assister à votre cours, Professeur. Je venais de revenir à l'université et j'étais toujours en convalescence. Mais vous pouvez compter sur moi pour l'année prochaine, ça je vous l'assure ! Votre premier cours était très enrichissant m'a-t-on dit, dit-il en souriant.

Quel plaisir de converser avec les élèves, surtout quand ceux-ci étaient de ma classe. Depuis le départ de Rosalee, j'avoue avoir eu la désagréable sensation de me sentir isolé. Sans personne. C'était d'ailleurs très perturbant, comme voulez-vous que je me sente en confiance quand je n'ai personne à qui vanter mes mérites. Plaisanterie à part, les conversations me manquaient. Même si Rosalee n'était pas forcément très axée sur la conversation, quand nous parlions de métamorphose, le monde s'arrêtait. Littéralement.
Quand elle a rejoint le pays pour prendre soin de notre petit-frère, je me suis demandé : « A qui vais-je pouvoir parler ? » Je ne suis pas de ceux qui accostent sans peur du jugement ou qui se mêlent d'une histoire dans laquelle il n'a rien à voir. Pourtant, j'étais persuadé que ça me ferait du bien... De m'occuper des autres. J'ai toujours été d'un égoïsme certain.

J'accompagnais du regard les mouvements de Watkins quand il s'assit. Il ne se formalisa pas de mon excentricité et c'était tant mieux. Devoir se justifier, c'était toujours pénible.
J'ai pas menti en disant que j'étais un ours mal léché, faut pas trop m'en demander en guise d’interaction sociale normale. Je l'écoutais en me grattant l'oreille, non pas que cela ne m'intéressait pas mais j'ai souvent eu du mal à rester concentrer longtemps, sauf en métamorphose ou en traque. Je ne faisais ni l'un ni l'autre... N'est-ce pas ? Qu'est-ce ? Un papillon !

Je reportais doucement mon regard sur Watkins et je sursautai comme si on venait de me réveiller.
« Ne vous excusez pas, on m'a dit le plus grand bien de vous. J'étais très curieux de vous rencontrer. Et maintenant que c'est chose faite... Vous m'en voyez ravi. Au revoir. »
Je fis mine de me lever et de partir, laissant ainsi mon étudiant pantois. L'humour américain... Ou l'humour de Joshua, au choix. Après un silence, Joshua resta figé en regardant la réaction de Watkins. « Je rigolais ! » Je tapais dans mes mains pour accompagner la chute de la blague étrange mais qui me faisait vraiment rire. « Je ne doute pas que vous soyez d'une ressource infinie. » Je m'assis alors en tailleur sur le petit carré d'herbe et je tapotais près de moi, l'herbe, bien qu'entretenue, était douce sous les doigts. « Je préfère être proche de la nature. Alors Watkins, comment évaluez-vous votre année ? Qu'est-ce que vous retenez de vos cours de métamorphose ? Vous avez des sujets préférés, des choses que vous souhaitez apprendre ? »

Je fermais les yeux et profitais du temps, de tout ce que mère nature voulait bien m'offrir. Être professeur c'était calme, et peut-être un peu trop pour quelqu'un comme moi.
J'arrêtais de sourire bêtement et me redressais posant mes bras sur les genoux pliés. Je regardais avec intérêt le jeune étudiant, élite de ma classe. Surement avait-il des choses à m'apprendre ! Avait-il lu mes livres comme Neubach ?
Mes étudiants étaient très certainement, les meilleurs.

L'enseignant se montrait assez excentrique pour un Professeur, mais cela ne gênait pas Dean. Et, pour une première rencontre, il devait avouer qu'il aimait bien le personnage. On lui a souvent dit du plus grand bien de cet enseignant d'ailleurs. Il n'avait certes donné qu'un seul cours mais ceux qui y étaient allés avaient, semblait-il, vraiment apprécier le cours, tout autant dans le contenu que le cadre qui lui était donné ou la manière dont il était animé. Joshua le priait de ne pas s'excuser qu'il voulait le rencontrer. Lui aussi souhaitait le rencontrer, mais ce n'était pas pour autant qu'il n'était pas navré d'avoir raté leur seul et unique cours de Métamorphose de l'année.

Le côté excentrique du nouveau professeur de Métamorphose se fit à nouveau remarquer avec ses paroles, ses gestes et son humour. Tous les enseignants ne se permettraient pas cela. Cela changeait d'avoir un professeur qui sortait du cadre, qui était plus terre à terre dans ses relations avec ses étudiants. Était-ce pour le meilleur ou pour le pire ? Il n'en savait rien, mais c'était bien d'essayer. Et puis, on disait le plus grand bien de lui. Clemens lui avait parlé de ses livres à plusieurs reprises. Hélas, le français n'avait jamais trouvé le temps de les lire. Pourtant, il était féru de lecture et n'hésitait jamais à lire un manuel de Métamorphose ou même toute sorte de livres tournant auteur de ce thème.

Le jeune homme rigola à la blague de l'enseignant. Était-ce nerveux ? Était-ce un respect social ? Ou avait-il trouvé cela vraiment amusant ? Il n'en savait trop rien. Possiblement un mélange des trois. En tout cas, ils avaient une autre chose en commun. Outre cette passion pour la Métamorphose, ils avaient tous les deux une certaine connexion avec la nature, un besoin d'être auprès d'elle. Cela fit sourire le français. Ils n'étaient pas les seuls dans ce cas. Était-ce une caractéristique commune aux passionnés de Métamorphose ? Il en doutait mais c'était amusant comme coïncidence.

Les questions du plus âgé qui suivirent étaient assez particulières. Savait-il qu'ils n'avaient pas eu de cours de Métamorphose de toute l'année hormis le sien ? Toute l'année durant il avait du apprendre et pratiquer par lui-même. Certes, ils s'entraidaient entre étudiants, et heureusement d'ailleurs, mais ce n'était pas tout. Ils auraient grandement eu besoin d'un professeur par moment. Il lui répondit simplement :

- Ce fut une année très chargée pour tout vous dire. Cela dit, elle fut très enrichissante. Sur le plan personnel tout du moins. En revanche, nous n'avons pas eu de cours de Métamorphose cette année hormis le vôtre. D'où ma déception de n'avoir pu y assister. Tout ce que j'ai pu apprendre était donc issu de livres, de manuels et de la pratique que je m'efforçais de faire, parfois avec d'autres camarades.

Il marqua une pause pour réfléchir quelques instants. Des sujets préférés ? Oui, bien sûr qu'il en avait. Du moins, il avait des préférences pour certains pans de la Métamorphose, mais il adorait vraiment tout ce qu'elle permettait, tout ce qu'elle apportait. Il reprit :

- Eh bien ... J'apprécie vraiment tout ce que la Métamorphose propose. Cela dit, je dois vous avouer avoir un faible pour les transformations humaines. Ce détachement de l'esprit et du corps, la puissance de l'esprit sur la faiblesse de l'intégrité du corps, c'est vraiment passionnant.