Evie DeWinter | Life’s too short to bullshit.

Paris, 1972. Un homme, une femme. Lui, propriétaire d'une entreprise prometteuse de France, héritier d'un riche homme d'affaire du pays. Elle, artiste et fille de gitans, orpheline sans le sou. Deux âmes tourmentées, deux vies complètement différentes et un destin relié. Lors de leur première rencontre, il avait passé la main dans sa chevelure de blé, elle avait papillonné ses beaux yeux de la mer. Le coup de foudre. Un couple improbable, certes, mais qui s'était charmé d'un simple regard. Leurs vies contrastées les avaient forcé à vivre leur amour en secret mais, Dieu sait que les rumeurs se propagent vite dans la métropole. Il n'avait eu le choix, l'ultimatum avait été lancé ; c'était l'argent ou elle. La décision était facile.

Fuyant la France main dans la main, sans argent ni foyer, ils avaient atterri quelque part à Londres, perdus et sans repaires. Mais ils s'en fichaient. Ils étaient ensemble et possédait l'amour ; quelle autre richesse le monde avait-il à leur offrir ? L'or ne valait rien en comparaison à la tendresse, n'est-ce pas ?

« C'est ça, et faites six gosses dans votre médiocre pauvreté. Vous verrez si la vie reste une utopie sans un centime pour nourrir votre famille. »

Ils en avaient prévu un, voir deux. Mais pas six ; c'était beaucoup trop. Pourtant, ils étaient maintenant huit à partager le minuscule logis, mangeant à eux tous l'équivalent de trois portions de nourriture. À onze ans, Evie en savait plus sur la stupidité du capitalisme que la majorité des adultes et, bien que dégoûtée de sa situation, n'avait d'autres choix que de s'y conformer.

Puis, une lettre. Pour une fois, il ne s'agissait pas d'une facture. La calligraphie délicate agençait avec grâce au sceau qui maintenait l'enveloppe close. De ses doigts maigres, la fillette avait parcouru le morceau de parchemin, le récitant à voix haute.

Elle ? Une sorcière ? Impossible. « C'est rien, maman, probablement une idiotie des voisins d'en face qui n'ont rien de mieux à faire de leur journées ! » Mais son destinateur s'acharnait et, au bout d'une douzaine d'invitations, Evie dût bien se rendre à l'évidence. Elle était une sorcière. Abracadabra, tout ça.

Sa famille semblait enchantée. Elle, pas du tout. « Je veux juste être dentiste... » répétait-elle alors que les autres se ravissaient. La jeune fille avait protesté pour ne pas y aller, argumentant au mieux de ses maigres talents de diplomates ; or, il n'y avait rien à faire. Ses parents étaient catégoriques. « Evie chérie, nous t'aimons, mais si tu pars, il y aura une bouche de moins à nourrir et nous saurons que tu es bien, là où tu es. »

C'est donc avec aigreur qu'elle était montée à bord du Poudlard Express. La cérémonie de répartition ne l'avait guère impressionnée et, lorsque le Choixpeau avait annoncé sa maison d'une voix forte, elle avait rejoint la table lui étant attitrée, sans un mot. En classe, elle semblait avoir un don inné pour les sortilèges offensifs et défensifs, sans oublier les divers enchantements qu'elle maîtrisait avec une perfection incompréhensible. Ses professeurs disaient d'elle qu'elle était un véritable miracle humain, la nouvelle Granger ! Mais elle n'en avait rien à faire.

« Laissez moi devenir dentiste, putain. »