Pippa Funnell - Liens

On m'a souvent décrite comme une jeune fille impulsive et passionnée, surtout durant mon adolescence. Je n'ai jamais vraiment eu cette impression pour moi-même, je pense plutôt que j'ai toujours eu la grande chance d'être dans des situations où tout ce qui s'offrait à moi était digne d'intérêt. J'ai grandi dans un environnement riche en changements et en rebondissements, encadrée par des parents terre-à-terre qui considéraient que tout pouvait être passionnant pour autant qu'on l'observe assez longtemps. Ils m'ont transmis cette échelle de valeur, je fais donc toujours mon possible pour m'enthousiasmer sur chaque nouvelle découverte. J'ai un esprit ouvert et curieux, c'est vrai, mais j'agis beaucoup à la force de la réflexion. Je suis en réalité une grande timide.

L'année passée m'a beaucoup changée cependant, faisant de moi quelqu'un de plus réservé et de plus calculé. Attention, je ne suis surtout pas calculatrice, ni manipulatrice, mais je me fie moins volontiers aux apparences. Vivre autour des moldus durant l'année de levée du Secret m'a appris beaucoup de choses sur les Hommes, leurs capacités de jugements et la vitesse avec laquelle le plus loyal des amis peut devenir un véritable inconnu. Je me suis refermée sur moi-même car j'ai réalisé que l'espèce humaine était bien plus perverse que ce qu'il m'en avait été donné de voir, durant une adolescence passée dans la joie, dans un Devon rural et accueillant. Un grand philosophe moldu prétend que c'est la société qui corrompt les hommes ; vivre en ville m'a fait accepter cette idée.

Je ne suis décidément pas une citadine, bien que j'apprécie de nombreux aspects de la vie urbaine. Je suis une enfant de la Terre, dans tous les sens du terme, et je n'apprécie rien de plus que l'odeur de la pluie fraiche sur une tourbe printanière, me lever avec les premiers rayons du soleil pour travailler dur et récolter les fruits de mon labeur. Je suis une pragmatique, j'apprécie la scientificité du monde et le culte de la raison. Dès mon adolescence, je me suis passionnée pour les sciences moldues et l'histoire de la philosophie, sous l'œil étonné de mes parents. Après tout, comment pouvait-on être une sorcière, manipuler l'irrationnel, mais être à ce point aimante de la force de la preuve ? J'imagine que je suis une sorte de paradoxe, un accident de l'histoire. Je pense être un peu une sorcière par erreur, mais je m'en accommode assez bien. Il est inutile de détester ce que l'on ne peut ni contrôler, ni modifier.

Je suis donc profondément rationnelle, certains diront même carrément fataliste. Je ne crois pas vraiment au destin, mais il est certain qu'il est des événements sur lesquels nous ne pouvons avoir de prise, alors je fais de mon mieux pour les accepter et y réagir de la manière la plus saine possible. Je recherche sans cesse l'évolution et l'amélioration, tant de moi-même que de mon entourage. Je suis assez ambitieuse, bien que cela ne me concerne que moi: je n'ai aucun esprit de compétition, je me délecte des réussites des autres, même lorsque celles-ci viennent éclipser mes propres succès. Je trouve bien assez compliqué de me faire grandir moi-même pour me préoccuper de me comparer aux autres. Je suis de toute façon convaincue que l'être humain est fait pour s'élever par le groupe et s'il est bien un trait de caractère que je méprise, il s'agit de l'individualisme.