I've seen your scars and kissed your crime

La nuit d’été était étouffante.

Il ne faisait pas si chaud que cela, pourtant ; mais Freya ne parvenait pas à dormir, se retournant sans cesse dans ses draps, respirant l’air aseptisé de l’hôpital et de la chambre vide qu’elle occupait. Le lien magique qui l’empêchait de quitter son lit brillait doucement dans la nuit, encerclant son poignet d’une lueur dorée devenue extrêmement agaçante au fil du temps. D’un autre côté, le tatouage pâlissant qui dévorait son avant-bras gauche était la preuve qu’elle avait mérité cet enfermement forcé ; et les dégâts qu’avait infligé le Doloris du Seigneur des Ténèbres à ses nerfs et ses muscles étaient une bonne raison pour qu’elle demeure sagement dans son lit à boire les potions qu’on lui prescrivait. Dopée par l’adrénaline, elle n’avait pas tout de suite pris conscience des dégâts que son corps avait subi, mais une fois qu’elle était retombée, qu’elle ne palpitait plus dans ses veines, elle avait bien été obligée de prendre conscience des dégâts.

Elle s’était écroulée, incapable de marcher plus loin. Trop éprouvée, trop épuisée, trop tout. Les livres qui s’entassaient sur sa table de chevet ne suffisaient même plus à détourner son attention, à empêcher les cauchemars de subvenir, les images de s’imposer à elle alors qu’elle tentait d’y échapper.

On n’échappait pas à ses souvenirs, avait amèrement appris Freya ces derniers jours. On leur faisait simplement de la place, et on tentait de s’accommoder de l’espace qu’ils prenaient de force.  

Freya se redressa en soupirant, et tendit le bras pour voir jusqu’où elle pouvait aller ; tentant d’étirer le sort jusqu’à sa dernière limite, de repousser au maximum la magie qui la confinait dans cet espace ridicule – car si elle acceptait les conséquences de ses actes, l’idée d’être enfermée, bridée, lui était atrocement désagréable.

« Et merde » lâcha-t-elle lorsqu’elle se rendit compte qu’elle pouvait aller jusqu’à la salle de bains, mais que c’était tout.

La salle de bains. Pas la porte de la chambre. Evidemment.

De toute façon, ce n’est pas comme si elle comptait aller où que ce soit. Elle serait bientôt transférée à Azkaban, en attente de son procès. Fuir, ce n’était pas véritablement dans ses habitudes ; elle laissait ça aux trouillards et aux Serpentard. Ce fut sur cette pensée particulièrement morose qu’elle se rassit sur son lit, laissant ses pieds pendre sans même effleurer le sol, à la recherche d’une quelconque occupation. Sa baguette ayant été confisquée, et son matériel de potions étant resté à Haveirson – il faudrait d’ailleurs qu’elle passe le récupérer un jour ou l’autre – il ne lui restait plus beaucoup d’options.

Bon.

Incertaine, elle prit une des feuilles de parchemins qui trainaient sur sa commode, et, après une brève hésitation, elle entreprit de dessiner quelque chose. N’importe quoi.

AVENGEDINCHAINS