Adrasteia N. Raventhrone x You rise, I fall, I stand, you crawl 100%

Sur la pointe de ses petits pieds, la fillette se pencha au-dessus du berceau, observant curieusement l'étrange animal qui s'y trouvait, bougeant avec peine pour faire des gestes qui ne servaient à rien. Elle fronça les sourcils, retroussant les lèvres alors qu'elle tentait de comprendre ce qui arrivait et ce qu'elle en pensait. La bouche tordue, la fillette reposa lentement la plante de ses pieds contre le sol, assimilant avec méfiance les informations qui lui avaient été dévoilées quelques heures plus tôt. Septimus le grand, Septimus le premier fils qui s'époumonait les tripes à chaque minute de la journée depuis maintenant quatre jours. Sept pour la chance, sept pour la magie d'un nombre premier. Sept pour venir remplacer le un qui n'était en fait qu'un une, sans valeur, sans grandeur face au sept qui gouvernait les vices et les péchés. Maman était fatiguée, mais passait ses journées à sourire en berçant tendrement le nouveau sept. Papa souriait également, envoyant de nombreuses lettres pour annoncer la bonne nouvelle, l'arrivée d'un messie qui n'avait rien de grandiose mis à part qu'il était si petit qu'il aurait facilement pu atteindre le soulier de sa poupée qui avait tombé derrière le grand meuble d'entrer. On lui disait que Septimus était un bébé capricieux et qu'elle devait se faire discrète lorsqu'il faisait la sieste. On lui disait que Septimus était fragile et qu'elle n'avait pas le droit de le toucher. Puisque le roi Septimus pouvait se briser aussi facilement que ses poupées, parce que le roi n'était pas invincible et qu'on ne pouvait pas le remplacer aussi facilement que ses poupées. Et pourtant, n'avaient-ils pas vu comment elle se faisait délicate avec ses précieuses ? Caressant la porcelaine comme le plus fin des cristaux, comme le plus important des trésors. Elle soupira longuement dans un dramatisme qui lui était propre, roulant des yeux alors qu'elle se dressait sur la pointe de ses pieds, pour mieux l'observer. Il n'avait rien de suprême, de ses petits cheveux blonds qui se bouclaient au sommet de son crâne jusqu'à sa peau aussi rose que les cochons. Et puis un jour Septimus s'écrirait de sa voix royale pour continuer la ligné des Raventhrones et puis un jour Septimus porterait sur sa chevelure aux couleurs de sa mère, une couronne qui lui laisserait pleurer sa suprématie dans un monde qui n'attendait que lui, le sept qui se tordait pour boire et défequer dans son berceau impérial. Plus personne ne la regardait, plus personne ne lui brossait ses cheveux aux couleurs sombrales. Plus personne n'admirait ses dessins ou n'écoutait ses mélodies qu'elle avait apprises au piano.

Adra pivota lentement sur elle-même, réfléchissant sérieusement à ce qu'ils pouvaient bien trouver d’intéressant à la créature. Elle devait être gentille et lui montrer qu'elle était la bienvenue chez les Raventhrone. La fillette hoqueta, s'élançant dans une course soudaine, traversant le couloir du deuxième étage pour dévaliser sa propre chambre, revenant fièrement avec quelques de ses poupées préférées. À travers les barreaux, la fillette lui montra la première poupée du lot qui reposait sagement sur le plancher. « Alors tu vois Septimus, celle-ci c'est Barbara. Elle s'appelle comme ça parce que c'est une Barbara la boudeuse. Elle n'est jamais contente, toujours fâchée contre les autres, mais c'est normal, les autres poupées ne l'aiment pas trop. Elles lui ont crevé l’œil droit, parce qu'elle voulait voir ce qu'elles faisaient dans leur club secret. » Avait-elle dit d'une voix bien sage, laissant la poupée retomber contre le sol sans trop s'en soucier. Elle en attrapa une nouvelle, caressant maladroitement les boucles blondes de sa précieuse. « Celle-ci c'est la princesse Sorina, elle est assez gentille et adore prendre le thé. Par contre, il ne faut pas la faire fâcher, si non, elle te tranche la tête et prend de longs bains avec ton sang. C'est ce qu'elle préfère après boire le thé. Et puis celle-là c'est Camelia, c'est ma préférée. Je veux bien te laisser jouer avec les autres, mais pas Camelia. C'est grand-maman Dahlia qui me l'a offert. Mais elle est morte alors toi, tu ne peux pas en avoir. Camelia est la présidente du club des serpentines. C'est un groupe exclusif pour les plus grandes, on fait des choses rigolotes et bien souvent, nous sommes invitées par la princesse Sorina à prendre le thé. Une fois, on a trouvé un oiseau mort dans la cours, maman disait qu'il était parti au paradis, mais on s'en fichait un peu ... On a ouvert l'oiseau pour voir à quoi ça ressemblait à l'intérieur ... Maman était fâchée, mais nous avons gardé l'oiseau dans un bocal. Maintenant, c'est que des os qui restent ... Je te montrerai demain Septimus ... »

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Ses doigts se faisaient rapides, élégants et agiles, effleurant l'ivoire jaunit des touches du piano, accélérant sa cadence simplement pour embêter sa mère qui s'extasiait chaque fois qu'elle jouait des mélodies. Sa mère poussa un long soupire d'agacement, provoquant chez la petite fille un drôle de chatouillement, là sous le coeur, une grosse boule de plaisir qui ne cessait que d'accroître. La fillette ne pouvait plus se retenir, éclatant finalement dans une hilarité incontrôlable qui intoxiquait lentement sa génitrice, s'approchant de sa fille pour lui chatouiller les côtes. « Oh parce que ça t'amuse de m'embêter ! On va voir si c'est aussi drôle quand c'est moi qui t'embête ! » Avait-dit sa mère sur un ton faussement provocateur, riant davantage alors que celui de sa fille résonnait dans la maison. Elle se redressa finalement, posant ses mains contre ses hanches, haussant un sourcils. « Suffit Mademoiselle, tu dois pratiquer convenablement, demain c'est ton récital et il ne faudrait pas que les gens croient que ma petite reine ne sait pas jouer ! Ensuite, puisque papa revient tôt ce soir, nous pourrons poursuivre notre lecture du livre de gand-maman sur la pyromancie. » - La fillette hocha la tête, tordant sa bouche alors qu'elle se retenait pour ne pas expliquer à sa mère qu'elle avait taché sa robe pour demain. Elle poussa un long soupire avant de reposer ses doigts sur le piano, débutant une nouvelle fois sa mélodie. Elle pratiquait tous les jours, pour que ses professeurs soient fiers d'elle et que la petite chipie de Sarah arrête de croire qu'elle était bien meilleure qu'elle. Ses épaules se secouèrent discrètement tandis qu'elle imaginait Sarah pleurer devant sa performance. Puis soudainement un bruit sourd résonna dans la maison, la faisant sursauter, accrochant maladroitement de mauvaises notes. Elle fronça les sourcils une nouvelle fois, comprenant que le bruit venait de sa chambre. Elle se redressa rapidement, sautant sur ses pieds pour monter les escaliers à une vitesse fulgurante. Adrasteia poussa la porte de sa chambre, sentant la colère monter en elle alors qu'elle regardait son petit frère frapper la tête de sa poupée favorite contre le coin de sa coiffeuse. Elle poussa un hurlement, s'approchant de Septimus pour lui agripper les cheveux, percutant frénétiquement sa tête exactement au même endroit que Septimus avait fracturé la porcelaine de sa poupée. « TU N'AVAIS PAS LE DROIT, TU N'AVAIS PAS LE DROIT DE LA TOUCHER. DEPUIS LE PREMIER JOUR, JE T'AVAIS DIS, TU N'AVAIS PAS LE DROIT ! »  Hurlait-elle, hystérique en observant le front de son frère se colorer d'un rouge écarlate. Sa mère poussa un cri, attrapant Adrasteia dans ses bras alors que le corps de Septimus retombait mollement contre le sol. Sa mère la déposa contre son lit, hurlant des paroles confuses, prenant rapidement le plus jeune dans ses bras pour quitter la pièce aussi rapidement qu'elle était entrée. La fillette se tenait droite, la bouche tordue et les sourcils froncés par la colère et l’incompréhension. Il n'avait pas le droit de toucher Camelia ... Il le savait bien ... elle lui avait dit ... Il était idiot ... Il l'avait cherchée ... elle lui avait dit.

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  Le bout de sa langue se claqua contre son palais en signe d'agacement, écoutant le discours incessant du directeur alors que le reste des étudiants semblaient également sur le point de perdre tous contrôles, émerveillés par les décorations qui ornaient la salle en totale harmonie avec la célébration du jour. Les discutions avaient été des plus mouvementées tout au long de la journée, certains exprimant les malicieux repas qui étaient servis pour Halloween, alors que d'autres préféraient embêter les premières années sur des histoires beaucoup plus macabres. Elle roula ses yeux, pinçant ses lèvres pour contenir son empressement, dandinant nerveusement sur son banc, gravant des symboles distraitement dans le bois de la table du bout de son couteau. Son meilleur ami haussa un sourcil, lui demandant silencieusement ce qui pouvait bien l'agiter ainsi. Elle se redressa, plantant fermement son arme de fortune directement dans la table au même instant que le festin prenait enfin place, laissant un sourire roublard se dessiner sur ses lèvres. Une invitation sournoise, une supplique imposée. Elle lui laissait à peine de temps d'assimiler les indices, parcourant la salle d'un pas aussi malicieux que ses yeux brillaient d'espiègleries, l'ourlet de sa jupe bondissant au gré de son épopée. De toute façon, il n'y avait rien à comprendre. De toute façon, il n'hésiterait pas à rien n'y comprendre, enjambant son parcours aussi subitement qu'elle avait quitté la grande salle. Elle colla son dos contre la porte de bois habilement travaillée, attendant sagement que le plus grand pointe finalement le bout de son nez. Elle agrippa brusquement sa main, attirant le serpentard vers elle, affichant une moue qui se voulait mièvre. Il avait drôlement grandi durant la dernière été, élevant ses airs princiers vers des cieux beaucoup plus royaux. Empereur d'un tout universel, empereur d'un rien sidéral à la langue tranchante. Ce soir, alors que la lune se ferait inquisitrice, elle fêterait ses quatorze ans. Ce soir, alors que les soupirs des endormis joueraient de leurs fantaisies, elle pourrait enfin l'empêcher de l'embêter d'être plus vieux et malin qu'elle.

  « Tellement lent ! Qu'est-ce qui se passe ? Tu as de la difficulté avec tes nouvelles jambes d'adulte ? » Avait-elle chantonné de son accent russe, ajustant distraitement la cravate de son ami, remontant le noeud jusqu'au bout, faisant juste assez de pression pour y ressentir un léger inconfort. « Est-ce que tu as débuté à écrire des chèques avec ton propre arsenal de Monsieur important ? » Murmurait-elle finalement, se penchant vers l'avant alors qu'elle se tordait étrangement le cou pour l'observer de si bas, le même sourire qui égayait son visage quelques minutes plutôt faisait surface. Un rire accentua ses paroles, amusée par ses propres plaisanteries. « Adrasteia. » Elle se redressa finalement, enroulant sa main solidement contre son nouveau jouet de fin tissu aux couleurs de leur maison respective. Elle tira d'un coup sec, l'incitant à suivre ses pas avant de libérer sa proie, glissant délicatement sa main dans la sienne. Parce que c'était son anniversaire, même le roi au sang-pur n'avait pas l'autorisation de lui dicter sa conduite. Ce soir, il devait sagement obéir, avançant d'un pas las et désinvolte, au fond, elle savait parfaitement qu'il était beaucoup plus intrigué qu'il ne le laissait paraître. Le roi chaotique, le roi présomptueux d'un paradis infernal ... Mais il était son roi à elle, rien qu'à elle.

Adrasteia glissa un doigt devant ses propres lèvres, l'intimant au silence complet. Sa peau se laissait couvrir de dessins difformes, causés par le froid des cachots. Elle se faufila habilement jusqu'à la dernière porte, ornée d'inhabituels rideaux d'un vert profond. Elle se laissa glisser contre le mur de pierre, écartant lentement la nouvelle décoration de la salle, observant avec émerveillements les fantômes qui s'y trouvaient, tourbillonnant dans une valse macabre et vaporeuse. « C'est l'anniversaire de la mort de Nick ce soir ... Tu crois qu'ils nous laisseraient entrer ? J'aimerais bien valser avec l'un d'eux. Tu sais ... Comme les grandes dames ... » Avait-elle murmuré, hypnotisé par la vision spectrale qui semblait l'apaiser. « Les grandes dames ne dansent pas avec les morts Adrasteia. » Avait-il dit, haussant un sourcil pour accentuer ce petit sourire narquois qui avait eu raison de ses airs impassibles. Elle fronça les sourcils, l'observant avec outrage alors qu'elle lui donnait un léger coup d'épaule. « C'est parce que tu n'en connais aucune. » Avait-elle rétorqué, relevant le bout de son nez dans une provocation qui lui était propre, le fusillant du regard, ce qui semblait l'amuser d'autant plus. Il hocha finalement la tête, comme pour lui donner raison de ses frasques. La bouche tordue, elle semblait songeuse, tournant lentement sa tête pour le regarder avec insistance, silencieuse. Il secoua subitement sa tête alors que son rire fendait brusquement le silence ambiant. Elle ne broncha pas, claquant toutefois le bout de sa langue contre son palais en signe d'agacement à son rire. « Il n'en n'est pas question. » Avait-il finalement dit, observant son amie qui se faisait de plus en plus impatiente. « N'y songe même pas dans tes cauchemars !» - Elle plissa ses yeux, retroussant ses lèvres pour émettre un faible grognement. « J'ai quatorze ans dans quelques heures. » - « Et moi j'ai déjà cet âge, ce n'est pas pour autant que je vais te faire valser. » - Il croisa fermement ses bras contre son torse, feignant de regarder les danseurs dans l'autre salle, ignorant la brunette qui quant à elle cherchait désespérément l'attention du garçon. Elle posa sa main contre sa joue, ses yeux d'acier océanique exprimant la déception qui plantait ses épines lentement contre son coeur qui battait la chamade. « Les hommes ne dansent pas Adrasteia. » Avait-il dit dans un soupir qui se voulait résolut. Elle pinça ses lèvres avec force, glissant ses ongles pointus contre la peau de sa joue, longeant cette mâchoire qui se définissait de plus en plus depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Ce n'était qu'une petite danse ... une valse, pour elle, seulement pour elle. Pour elle et lui, seulement pour elle, une valse ... seulement ... pour. Elle baissa ses yeux, fixant le sol tandis qu'elle luttait avec force pour empêcher les traits de son visage de se tordre sous la déception. Elle inspira longuement, fermant les yeux pour se perdre une nouvelle fois dans les limbes de ses songes, expirant doucement l'air dépourvu d'oxygène qui faisait trembler ses poumons, répétant le processus à plusieurs reprises avant de pouvoir sentir ses mains pulser d'une chaleur qu'elle connaissait si bien. Doucement, elle ouvrit enfin les yeux, observant les faibles flammes aux couleurs aquatiques léchant la peau de ses doigts, souriant faiblement. Ce n'était qu'une simple valse. Elle leva sa main devant elle avant de prendre une nouvelle fois la parole. « Tu sais que je pourrais tuer pour toi ? Avait-elle murmuré, posant sa main contre le rideau qui les séparaient de la soirée privée, attendant sagement que le feu ne se propage, dévorant avidement sa nouvelle proie. Il ne broncha pas, aussi silencieux que possible. Elle hocha la tête, se redressant finalement pour quitter les lieux d'un pas gambadent, souriant malgré elle alors que la voix du plus vieux vibrait jusqu'à elle. « Joyeuse anniversaire Adrasteia. »

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Ses mains agrippèrent rageusement les premières poupées qui se tenaient sagement contre les étagères de sa chambre, poussant une douloureuse plainte qui résonnait dans la maison, projetant ses précieuses contre le mur du fond, repoussant toutes les choses qui se trouvaient sur sa commode, hurlant une nouvelle fois. « Adrasteia ... Adrasteia écoute moi s'il te plaît. Il faut que tu cesses de. Tu dois te calmer ma petite poupée... » Avait pleurniché sa mère, n'osant pas dépasser l'embrasure de la porte alors que sa fille se faisait frénétique, saccageant sa propre chambre. Les choses se corsaient, les choses empiraient au fur et à mesure qu'elle perfectionnait ses recherches. Elle poussa un nouveau cri, ses doigts se resserrant contre la peau de son flanc gauche, observant ses ongles qui s'agitaient, creusant avec force pour y sentir sa propre chaire se loger sous ses ongles. Elle avait poussé trop loin, pousser trop fort, basculant dans un monde qui lui semblait étrangement familier, murmurant son prénom d'une voix aux teintes lubriques et séduisantes, frappant de leurs ivresses contre les parois de son crâne, l'invitant dans une ribambelle au creux de sa propre Apocalypse. Et de ses démences, elle avait continué de pratiquer ses talents aux miroitants éloges. Et de ses extravagances, elle avait repoussé les limites de ses psychoses pour entendre ce qu'elles avaient à lui murmurer, dans la noirceur de sa chambre qui se laissait submerger par les lueurs d'un bleu de plus en plus oppressant. Elle poussa une nouvelle plainte, alors qu'elle continuait à creuser la peau de ses côtes. Parce que c'était ce qu'elle devait faire, elles lui avaient dit. Parce que c'était la seule façon de faire, c'était un secret. Elle devait percer la peau assez profondément pour que la chaleur s'y faufile, pour qu'elle rampe hors de son corps. En creusant un trou, la chaleur verrait la lumière de la pièce et elle trouverait la sortie. C'était ce qu'elles disaient, c'était ce qu'elles disaient. « ADRASTEIA MAIS ARRÊTE. » - Avait-elle hurlé alors que la brune frappa sa propre tête contre le sol de sa chambre, les muscles de son corps se relâchant soudainement. Immobile, l'adolescente fixait sa mère, souriant faiblement.

« Adrasteia arrête. » Avait-elle dit d'une toute petite voix, mimant les paroles de sa mère, frappant sa tête une nouvelle fois. « Maman arrête. » - Elle frappa son poing contre le bois qui se trouvait sous elle, riant avec cœur, se redressant finalement pour observer sagement sa mère. Elle glissa le bout de sa langue contre sa lèvre inférieure, fronçant les sourcils, une saveur âcre qui se rependait sur sa langue. « Laisse-moi tranquille maman. » Avait-elle demandé, essuyant le liquide aux couleurs carmines qui se frayait un chemin à partir de son nez.

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Et de ses mains, elle longeait les murs de pierres qui se dressaient de chaque côté d'elle. Et de ses pieds, elle déchirait le silence de la ville qui s'endormait, frappant le sol d'un son qui ressemblait aux mêmes tambours de guerre qui terrassaient son coeur au bord de l'explosion. Un tourbillon incessant, un cyclone qui engloutissait jusqu'à la plus faible de ses plaintes dérisoires aux complaintes universelles. Un pas pour la gloire, un pas pour la honte, une bouffée d'air intoxiquée par l'animosité qui déferlaient dans un océan aux couleurs bien sombre dans un monde aussi vaste que compacte. Et de sa tête, elle se laissait une nouvelle fois submergée par toutes les émotions confuses qui s'amusaient à la pousser de droite à gauche dans une étourdissante ribambelle intemporelle.

Son coeur s'emballait pour des choses qu'elle peinait à comprendre, pour des gens qu'elle peinait à connaître, pour des vies qu'elle peinait à survivre. Alors qu'elle aurait dut se laisser traîner par la foule qui divaguait et s'enflammait pour une sortie scolaire qui prenait fin, la brune s'était fait dévorer par cette sensation malsaine qui se faufilait parmi les corps d'étudiants surexcités. Une peine si profonde, une peine si odieuse qui lui arrachait les os, séduisante de par une haine aux allures charmeuses. Une noirceur qui l'intimait dans une danse aux détours enivrants, conduisant chacun de ses faits et gestes. S'abandonner à l'insurgeance tandis qu'elle s'engouffrait dans une nouvelle ruelle, aussi sombre que les émotions incandescentes qui s'épinglaient à son coeur, tirant sur des ficelles, maîtresses d'un détour, titans d'une impression dérangeante et tyrannique. Elle poussa un long soupire, inspirant lentement pour emplir ses poumons jusqu'à l'explosion, son dos se fracassant contre le mur de briques alors qu'elle portait la bouteille de whisky pur-feu à ses lèvres, laissant le liquide brûler sa gorge une nouvelle fois. De toute façon, ce n'était pas comme si elle ne l'avait pas vu, avec ses airs chaotiques qu'il embrassait avec haine de son regard les pauvres sots qui croisaient son chemin. Ce n'était pas comme s'il ne l'avait pas vue, avec ses chaînes d'amertume qu'elle traînait royalement en raccompagnant son frère vers ses petits amis qui l'attendaient avant de retourner à l'école. De toute façon, ce n'était pas comme s'il ne lui avait pas démontré assez radicalement, qu'elle ne faisait que le mettre en colère chaque fois qu'ils se croisaient. Elle secoua doucement sa tête, haussant un sourcil, frappant lâchement son poing contre la porte qui se creusait à ses côtés. Un coup pour l'envie, un deuxième pour le dégout ainsi qu'un troisième pour la solitude. La porte grinça longuement, comme si elle chantait les secrets des dynasties qu'elle avait observées. Il la toisa du regard, les bras croisés alors qu'il se faisait violence pour une fois. « Adrasteia. » ...

Ce même ton, cette même animosité. C'était toujours ainsi que les gens prononçaient son prénom, à croire qu'il n'y avait pas d'autre façon de le dire. Une mélodie saugrenue, une maladie fourbe qui se faisait candide tandis qu'elle prenait d'assaut ceux qui croisaient sa vie. Parce que de toute façon personne ne restait jamais. Parce que de toute façon, ils crèveraient tous. Elle plaqua ses lèvres contre le bord de la bouteille, s'abreuvant des dernières goûtes qui coloraient le fond du récipient avant de la laisser tomber contre le sol, frissonnant au son du verre qui se fracassait avec force. Elle releva la tête, s'agenouillant silencieusement, les cristaux translucides transperçant douloureusement la peau de ses genoux. « Oh Adrasteia. Tu me prends surement pour un vrai con n'est-ce pas ? » - Elle hocha la tête, honteusement franche, franchement honteuse. Il ne lui restait plus personne, il ne lui restait plus que lui. Parce qu'il n'était pas vraiment là, parce qu'il ne serait jamais réellement là. Aussi illusoire que ses propres démons, qui ne se gênaient pas pour s'accrocher au coin de ses lèvres charnues, ils étaient là, à la juger comme un parasite que l'on redoutait ses mensonges. « Tu me manques. » Avait-elle soufflé à demi-mot, relevant le bout de son nez dans une supplique. Il éclata d'un rire incontrôlable, fermant la porte brusquement derrière lui. Parce que c'était tout ce qu'elle ne savait faire avec lui, minauder des fourberies, pester des mirages de sa langue de vipère. Elle hocha la tête, se redressant finalement alors qu'un sourire narquois chatouilla ses lèvres, ouvrant la porte qu'il venait de fermer à son passage.


Parce que c'était tout ce qu'il savait faire, laisser la femme au sang-souillé lui ronronner des malédictions.

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