Quelques repères, pépère.

14h12 – Zone de Transplanage d’Avalon.

*Plop*

Avec la grande classe, je venais d’apparaître dans la zone de transplanage – On oubliera que j’ai manqué d’écraser un auror lors de mon atterrissage -. J’étais venu passé l’après-midi à Avalon, histoire de découvrir ce petit village sorcier ou je risquais de passé pas mal de mon temps. C’était des repérages, comme on l’aurait dit à l’armée.

Je m’excusais auprès de l’homme aussitôt, qui me jetait quand même un regard courroucé et je m’éloignais en direction du centre ville. Les mains dans les poches de mon bermuda beige, je me félicitais d’avoir mis une chemise blanche, légère. Il fallait admettre qu’il faisait particulièrement chaud aujourd’hui – Je ferai p’tre une action avec un glaçon si vous êtes sages -. Je flânais dans les ruelles, passant la grande place et admirant l’imposante façade de la bibliothèque d’Avalon, avant de continuer ma route. J’avais déjà repéré deux pubs qui pourraient faire l’affaire pour mes beuveries prochaines avec les autres étudiants, et la grande nouvelle, c’est qu’ici, les sorciers étaient majeurs à dix-sept ans ! je ne serai donc pas dans l’illégalité le jour ou je viendrai faire la fête.

Je finis par arrivée dans une grande rue aux vastes vitrines et boutiques atypiques. C’était bien la première fois que je voyais un village sorcier comme celui-là. Aux Etats-Unis, il n’y avait pas de village de la sorte, les sorciers se mêlant aux moldus sans aucun problème. A regarder dans les vitrines, je ne faisais plus vraiment attention aux passants qui m’entouraient,regardant la vitrine d'une librairie avec attention - à noté que c'est tellement rare que c'est à préciser! - Comment Wentworth Bigeye pouvait sortir un  livre sur la divination? Ce crétin prétendait avoir un don de voyance alors que même moi j'avais eu de meilleur note que lui à mes examens - Un D - . C'est gratifiant je vous assure!- J'étais médusé.

« Je comprends bien que c'est important, mais ça ne va pas être possible ma p'tite dame. »

Elle désespérait. Adalina n'avait jamais été quelqu'un de confiant. Pas depuis l'enfance, du moins. Elle s'était assez tôt embourbée dans les doute, dans l'imagination de plusieurs conséquences pour chaque chose. Et s'il y avait toujours des éventualités heureuses, certaines l'étaient beaucoup moins. En vieillissant, avec la douleur des années et de la vie maritale, ce trait de caractère s'était renforcé, pour son plus grand malheur. Adalina était une femme assez intelligente, elle savait bien que ses peurs n'avaient généralement pas lieu d'être et qu'il était de toute façon impossible de tout anticiper. On ne pouvait ni s'avancer sur les événements futurs, ni revenir en arrière. Et même si une telle chose était possible, à quoi bon ? Si l'on devait recommencer, il était fort peu probable que l'on ferait les choses différemment. Placé devant les mêmes embûches, avec les mêmes informations… Après tout, si l'on ne savait pas de quoi les lendemains étaient fait, comment pouvait-on agir en connaissance de cause ? Les chances étaient limités. Et cette ignorance nourrissait la paranoïa d'Adalina. Plus elle y pensait, plus elle se troublait. Comme lorsque l'on remue la vase au fond d'un trou d'eau.

Cette fois, c'était encore le sort d'Alexandre qui la préoccupait. Elle lui avait envoyé une lettre. Quelques courtes lignes, des mots assez simples, assez vagues. Elle avait jeté tellement de parchemin avant d'arriver à un résultat qui la satisfaisait assez qu'elle s'était dit que tout irait bien. Elle ne savait pas s'il répondrait et elle ne voulait de toute façon pas qu'il s'y sente contraint. Lui ne devait rien. Elle avait tout à se faire pardonner. Mais chaque chose devait trouver son temps, et elle avait envoyé un hibou comme une bouteille à la mer, sans rien attendre en retour. Pour qu'il sache qu'il n'était pas totalement seul. Bien sûr, elle était certaine que ce n'était pas le cas, qu'il avait trouvé des personnes dignes de confiance pour l'épauler quand elle-même avait échoué à cette tâche. Mais elle avait besoin… oui, égoïstement, elle avait besoin de croire qu'il serait bon pour lui de savoir qu'elle veillait sur lui.

Sauf qu'après coup, elle craignait. S'il s'en offusquait plus encore qu'elle ne l'avait imaginé ? Et si Aleksander interceptait la lettre et s'en prenait à lui, à défaut de pouvoir s'en prendre à elle ? Et s'il l'éloignait encore, si Alexandre lui-même s'éloignait ? Si elle ne pouvait être là ? Alors elle avait eu une idée. Elle devait trouver un objet pour pallier son impuissance. Cela semblait assez simple, sauf que l'objet en question, elle ne parvenait pas à mettre la main dessus.

« Essayez peut être Avalon... » avait lâché le bonhomme dans un haussement d'épaules. Tout ce qu'il voulait, lui, c'était que cette cliente lui fiche la paix. Mais si elle tenait autant à cet objet, alors il y avait une mince possibilité qu'elle soit en danger. Et s'il se lavait les mains du sort de sa clientèle en général, dans un cas grave, les choses seraient différentes. Mais au cas où, il ne pouvait pas se permettre d'avoir sa mort sur la conscience. L'époque était déjà bien assez difficile pour lui sans qu'il n'ajoute ça à la liste de ses tracas. Alors il lui avait noté, sur un bout de carton arraché dans la réserve, le nom d'une boutique au Pays de Galles. Si c'était si important, elle ferait le trajet. Sinon, il n'aurait rien à se reprocher.

C'était donc ce qui avait conduit Adalina à Avalon. Une ville dont elle ne connaissait l'existence que pour l'avoir lu dans la Gazette, à une ou deux reprises. Pour une histoire d'attentat qui avait ravagé la bibliothèque magique, notamment, et parce qu'Haveirson faisait couler de l'encre. Elle leva le nez vers le ciel, souriant au soleil et se mit en marche, errant dans les rues à la recherche de la boutique qui devait sauver sa journée. Mais elle s'était attendue à un lieu plus petit, avec seulement quelques magasins. Et lorsqu'elle posa le premier pied dans la grande rue commerçante d'Avalon, elle comprit son erreur. Elle s'avança vers la première personne qu'elle vit, un garçon planté devant une vitrine, en pleine contemplation d'un bouquin de divination, si elle suivait bien son regard, et sa voix s'éleva.

« Excusez-moi… est-ce que vous connaissez bien Avalon ? J'aurais besoin d'un peu d'aide, si cela ne vous dérange pas... »

Je ne pouvais pas dire avec exactitude combien de temps j’étais resté planter là, devant la vitrine où le livre de Bigeye. J’avais toujours la bouche ouverte { Mais avec la classe américaine siouplait } et ce n’est que lorsqu’on m’apostropha que je repris un peu contenance avec toute la discrétion dont j’étais capable d’avoir {En résumé, j’ai fait : Heiiin ? avec une grimace et suffisamment fort pour faire se retourner au moins cinq ou six massant.} je me tournais pour faire face à une jeune femme {Enfin, jeune… tout est relatif n’est ce pas ?} qui semblait un peu perdu et qui souhaitait mon aide pour s’y retrouver.

Je la regardais quelques secondes, la dévisageant un peu béat. Elle était franchement canon. Bon certes, elle paraissait plus âgée que moi, mais franchement, je m’en foutais un peu. Mon cerveau se mit même sur pause le temps d’un instant, et j’en oubliais même de lui répondre. Ce n’est que quelques instants plus tard que je réalisais l’absurdité de ma réaction et je bredouillais sans même réflechir. « Oui » lui répondis-je stupidement, obnubilé par elle. La réponse aurait du être négative pourtant, et j’allais me taper la honte lorsqu’elle allait savoir que non, je n’étais pas du coin et donc dans l’incapacité de l’aider. Deux options s’offraient à moi. Lui dire la vérité, au risque de la voir partir comme ça, ou lui mentir, et me retrouver dans la merde par la suite. Choix particulièrement difficile. J’eus quand même, dans ce dilemme, une illumination. « Non, enfin je ne suis pas d’ici… C’est la première fois que je viens à Avalon, » Avouai-je avec mon accent américain que les anglais trouvaient bizarre, « mais comme je prends mes repères ici , je peux peut-être vous aider à trouver ce que vous voulez ? ça me permettra de découvrir Avalon et peut-être qu’à deux, nous trouverons plus vite ce que vous chercher ? » proposai-je aussitôt avec mon éternel sourire amical.

De ma grande taille, elle me paraissait petite, et je devais baisser la tête pour lui parler mais ce n’était pas tant que ça un problème. Et puis, depuis mon arrivée en Angleterre, on ne pouvait pas dire que j’avais beaucoup parlé aux gens d’ici, la plupart était en deuil à mon arrivé après l’attaque de l’école magique.

Adalina ne put s'empêcher de rire. Elle ne savait pas ce qui le captivait à ce point dans cette vitrine où elle n'avait rien noté d'exceptionnel, et imaginait qu'il n'y avait peut être aucun rapport avec ce qu'il voyait, qu'il s'était simplement perdu dans ses pensées. Mais où que soit son esprit, il lui fut visiblement difficile de revenir sur terre, puisqu'il ne parvint même pas à dissimuler sa surprise et lâcha un « hein » sonore, accompagné d'un air un peu hébété. On se retourna sur eux et la polonaise plaqua ses doigts sur ses lèvres, comme pour retenir son hilarité. Elle s'excusa doucement, pour qu'il ne s'offusque pas de ce qui pouvait passer pour une moquerie et tandis qu'il la dévisageait, s'apaisa un peu. Elle soutint son regard jusqu'à ce qu'enfin, il réponde. Oui. Oui quoi ? De nouveau, elle rit, plus doucement mais toujours aussi amusée par ce pauvre garçon qu'elle avait brusquement tiré de sa rêverie. Elle attendit, patiente, qu'il soit un peu plus loquace, qu'il s'éveille à la réalité.

Lorsqu'il se décida à parler un peu plus, elle nota son accent, sans pour autant parvenir à deviner d'où il pouvait provenir. Bien sûr, en Pologne aussi l'accent variait suivant la région, mais elle était toujours surprise de la diversité des intonations en grande Bretagne. La langue anglaise était parlée dans de nombreux pays, et en dehors de l'accent écossais qu'elle trouvait réellement singulier, elle ne différenciait pas un irlandais d'un gallois ou d'un américain.

Elle hocha la tête avec reconnaissance lorsqu'il lui expliqua que même s'il ne connaissait pas mieux la ville qu'elle, il acceptait de l'aider dans sa recherche. Au fond, une information rapide aurait été idéale, mais pour se sortir de ses craintes étouffantes, la compagnie d'un inconnu ne pouvait être qu'une bonne chose. Et puis s'il était assez aimable pour accepter de l'aider, elle n'allait pas rejeter sa proposition comme ça.

« C'est très gentil de votre part, merci. Je cherche une boutique d'objets magiques en tout genre, de babioles de protection, vous voyez le genre ? De ces boutiques où l'on trouve absolument tout et n'importe quoi. »

Elle observa un instant la boutique de la librairie, et montra le bouquin qu'elle avait cru à l'origine de la fascination du jeune homme.

« Vous aviez peut être besoin de quelque chose ici, d'abord ? »

Elle parcourut la couverture du livre de divination, et releva la tête vers l'inconnu, tâchant de capter son regard, puis lui tendit la main avant de se présenter.

« J'aurais peut être du commencer par me présenter. Adalina. Enchantée. Vous emménagez à Avalon ? Futur étudiant d'Haveirson peut être? »

Je mis quelques instants à retrouver l’usage de la parole, du moins, des paroles distinctes et cohérentes. Mon regard azuré restait fixé sur les traits fins et délicats de l’étrangère, et s’il ne faisait aucun doute qu’elle était bien plus âgée que moi, elle n’en était pas moins ravissante, comme si le temps n’avait aucune emprise sur elle. Mon côté un peu à l’ouest semblait l’amuser plus qu’autre chose. Je gardais bien pour moi l’expression bien connu à ce sujet : Femme qui rit, à moitié dans ton lit. Non seulement cela aurait été complètement déplacé, mais en plus, je lui donnais environ dix ans de plus que moi. Je me contentais donc de songer à cette expression, tout en priant qu’elle ne soit pas légilimens.

Je me concentrais donc sur ses paroles, lorsqu’elle m’expliquai quelle genre de boutique elle recherchait. Un bric à brac en gros. Bref, j’étais plus intéressé par son accent fort joli que par sa recherche en question – mais la encore, je me gardai bien de le lui dire – Je regardais la rue quelques instants, – ça m’empêcher ainsi de la dévisager un peu trop – et lui proposait de continuer vers la rue marchande « Par là, ça me paraît bien. En fait, je viens d'arriver de là, et j’ai rien vu de tel donc bon… » dis-je en pointant l’allée par laquelle j’étais arrivé.

Citation :

« Vous aviez peut être besoin de quelque chose ici, d'abord ? »

Je regardais la vitrine de la librairie et fit aussitôt non de la tête avec une demi grimace de dépit. J’étais loin d’adhérer à toutes ses histoires de divination et la seule raison pour laquelle j’aurai pu avoir ce livre était bien pour me moquer de mon ancien camarade. Heureusement, je n’avais pas du tout l’intention de dépenser de l’argent pour ça. « Oh non ça risque pas! je contemplais juste la bêtise humaine… Enfin c’est une longue histoire ! » lui répondis-je aussitôt. Lorsqu’elle me tendit la main, je failli la prendre pour y déposer un baiser, mais je me raviser aussitôt. J’allais passé pour un abruti si je faisais ça, et j’avais encore un peu d’amour propre - Mais juste un petit peu ! – et je finis par lui serré chaleureusement la main en lui répondant « Enchanté Adalina, euh… madame ! Vous permettez que je vous appelle par votre prénom ? Je m’appelle Leo et bonne déduction, j’entrerai à Haveirson à la rentrée et comme je ne connais rien en Angleterre, j’en profite pour faire un peu de tourisme avant » dis-je en souriant, l’accent américain toujours très fort dans la prononçiation de mes mots. « Et vous ? Je suppose que vous n’êtes pas d’Avalon, sinon vous me demanderez pas de l’aide, vous venez du nord du Royaume-Uni peut-être ? » proposai-je vaguement, sans grande conviction.

Je réalisais que nous étions restés planté devant la vitrine alors qu’elle avait un but en venant ici. Je lui proposais en pointant la grande rue « On peut commencer par là, qu’en dites-vous ? » proposai-je en montrant la rue commerçante de la main.