[Aléas] Il n'y a pas que les humains qui tombent en amour, les niffleurs aussi... ~ [Libre]

La rentrée approchait à grands pas et le chemin de traverse était une fois de plus bondé par des petites têtes dures en tout genre, qui ne parvenaient plus à contenir leurs joies - à la fois débordantes et épuisantes - à l'idée de fouler le seuil de Poudlard à la fin du mois. William ; à peine revenu de son exténuant voyage en Norvège ; se retrouvait déjà, manches retroussées, à conseiller son onzième client de la matinée, un large et commercial sourire sur les lèvres. Pour la plupart, bien heureusement, il ne s'agissait que d'un achat classique d'animal de compagnie, William pu d'ailleurs ainsi se rendre compte que la mode était cette année aux chats... D'autres clients malheureusement, venaient pour demander des conseils légèrement plus spécifiques à sa mère, quant à certaines maladies rencontrées durant l'été par exemple. Et c'est vrai qu'avec toute cette foule grouillante dans la petite boutique, l'aîné Sharen n'avait pas vu le désastre arriver. Des jeunes, sans doute inscrit pour leur première année, venaient tout juste de jouer avec la cage des Niffleurs. En moins de quelques minutes, les petites créatures couleur charbon s'agitaient entre les jambes alarmées des clients. Au nombre de quatre, elles se ruèrent de leur long nez vers la sortie, bien décidées à profiter de leur liberté fugace pour semer la discorde aux alentours de la boutique. Un seau d'eau glacé aurait eu exactement le même effet sur William qui sentait son visage se décomposer devant un tel spectacle. Sa mère elle, semblait tout aussi débordée que lui à la caisse de la petite boutique et d'un rapide regard panoramique, William tenta désespérément de débusquer l'une de ses petites sœurs pour lui déléguer quelques tâches ingrates mais, rien. Aucune trace des jumelles. Putain. Il lui avait pourtant semblé avoir entrevu la lisse chevelure blonde de sa petite boudeuse préféré mais, qu'il en soit ainsi... « Je m'en occupe. » lança-t-il d'une voix calme et tout particulièrement énergique à l'égard de sa mère qui arrivait toujours aussi bien à gérer leurs clientèles malgré la petite panique provoquée par les Niffleurs. « Si vous voulez bien m'excuser. Je suis à vous dans quelques instants. N'hésitez pas à faire le tour du magasin. » Alors qu'il abandonnait un couple et leur jeune enfant à proximité des cages à crapauds, il fit un dernier détour par l'arrière boutique pour en extirper une cage de transport, futur domicile de ces Niffleurs vivaces.

Il ne lui fallut d'ailleurs pas bien longtemps pour mettre la main sur les créatures en cavale. Les insultes fusaient et leur victime – une charmante demoiselle – ne tarda pas à tomber à la renverse, se débattant avec tant de bien que de mal contre ses assaillants. « Ne vous inquiétez pas, ils ne sont pas agressifs ! I-Ils en ont juste après votre richesse ! » Tenta-t-il de la rassurer le souffle court alors qu'il dégainait d'un geste vif sa baguette coincé à la lisière de sa ceinture. Ok, après réflexion, sa deuxième phrase était terriblement maladroite et sonnait plus comme une réplique burlesque qu'autre chose, mais sous la panique William n'avait pas tellement réfléchi. A s'agiter de la sorte, elle risquait de blesser ses Niffleurs en plus de se faire mal elle, il devait donc agir et vite. « Immobulus ! » tonna-t-il d'une voix résonnante en exécutant avec une facilité déconcertante la gestuelle accompagnant le sortilège de blocage de créatures vivantes. Cela n'était pas la première fois qu'il utilisait ce sort et cela pouvait clairement se ressentir devant l'efficacité avec laquelle il venait de s'en servir. Malgré la proximité des petits êtres poilus et de la jeune femme en détresse, jamais le sort n'aurait pu la toucher elle. « E-Est-ce que tout va bien ? » S'inquiéta-t-il en lui proposant d'une main maladroite de l'aide pour se relever si elle le souhaitait. Le teint hâlé, le visage typé, l'accent chantant, les bijoux et ornements divers et luxueux : cette fille transpirait l'opulence et William lui, sentit une boule d'angoisse se former dans sa gorge. Il s'attendait à ce que leurs Niffleurs prennent pour cible une bourse de galions, pas une personne visiblement très riche, voire même influente... Merde. Déglutissant silencieusement, il s’efforça de garder un air amical malgré la crainte qui lui retournait à proprement parler l'estomac. « N-Nous sommes profondément navrés pour ce désagrément... Veuillez nous excuser pour la gêne o-occasionnée par nos Niffleurs. C'est bien la première fois qu'ils s'échappent de la sorte... » Continua-t-il en reculant d'un pas, lui laissant un peu plus d'espace avant de capturer en douceur l'un des Niffleurs encore sous l'effet du sortilège d'immobulus dans le creux de ses paumes. Ses gestes étaient lents et terriblement méticuleux. Les pauvres venaient de subir un stress si intense qu'il ne voulait pas en plus les brusquer une nouvelle fois en les enfermant sans compassion dans la cage de voyage qu'il avait porté jusque dans l'allée.

Le client était roi. Cette règle, sa mère lui avait répété des dizaines et des dizaines de fois depuis qu'il avait commencé à l'aider dans la boutique. Car c'était grâce à cette dite clientèle -parfois exigeante, parfois conciliante- qu'ils parvenaient à vivre et s'il fallait baisser l'échine devant certaines personnes au porte-monnaie bien garni pour assurer à la boutique une certaine réputation, alors qu'il en soit ainsi. Ça ne serait pas la première fois que William se rabaisse au statut de simple employé pour satisfaire la suprématie d'un aristocrate maniéré. Esquissant à son tour un sourire forcé à la jeune femme qui venait indirectement de menacer leur enseigne en soulignant le fait que si les choses s'étaient passées différemment, elle ne se serait pas montrée aussi souple, William se faisait violence pour ne pas tourner de l’œil. Mais tout se passerait bien, car à présent les Niffleurs étaient tous dans la cage. Il ne restait plus qu'à tous, les ramener en sécurité à l'intérieur de la boutique. Autant dire que William avait la mauvaise impression d'avoir frôlé l'incident diplomatique.

Il avait également pu remarquer la façon dont l'homme qui s'était joint à eux, un dénommé Skyler, détaillait Zahara du regard. Face à ce simple spectacle pourtant anodin, un maigre sourire en coin égaya ses lèvres, sourire qu'il tenta de cacher en baissant subtilement la tête. Il est vrai que la teinte ambré de la peau de cette demoiselle aux origines marocaine était vraisemblablement exquis pour les yeux, mais cela n’intéressait en rien William qui avait déjà suffisamment de soucis à ce niveau là. Aussi, ne comptait-il pas se mettre entre eux d'une quelconque façon. Ces deux là s'étaient d'ailleurs déjà lancés dans quelques échanges pour le moins intimes qui ne faisaient que renforcer le malaise grandissant en lui. Quand le jeune homme s'adressa à lui pour le remercier de son efficacité à intervenir face aux Niffleurs, William le remercia d'un nouveau sourire franc : « C'est tout à fait normal. Merci à vous. » Il aurait été embêtant que les bijoux de Zahara aient subi des impacts, nul doute que le remboursement se serait révélé être chose compliquée. « William, enchanté. » S'était-il contenté de dire à son tour, ne ressentant pas le besoin de mentionner son nom de famille tant celui-ci n'avait rien d'exceptionnel comparé au leur. Étrangement, il avait l'habitude de se sentir ainsi inférieur. La plupart de ses connaissances proches étaient des gens aisés, reconnus dans le monde magique. Mara, Sio, Orion, Hestia, Alda... Malgré cette habitude à côtoyer de telles figures, un pincement au cœur se faisait à chaque fois ressentir, même s'il savait que se comparer ainsi aux autres était stupide, enfantin. Même si ses amis ne prêtaient jamais attention à la richesse moindre de sa famille. Le malaise restait le même et à ce moment précis, William ne se sentait clairement pas à sa place. Rangeant de nouveau sa baguette à l'arrière de son jean, il attrapa la poignée de la cage d'un geste doux pour la ramener vers lui. « Au plaisir de vous croiser à la rentrée prochaine. » Affirma-t-il tout en laissant sous-entendre que lui aussi, rentrerait à Haveirson à la rentrée, trouvant cela assez déconcertant de mélanger vie sociale et travail dans la même conversation.

Reportant son attention sur la jeune femme qui avait été victime de l'attaque des Niffleurs, il marqua une nouvelle pause avant de reprendre, une fois les mots bien organisés dans son esprit : « La moindre des amabilités serait de vous offrir des compléments alimentaires pour vos animaux, si vous en possédez, ou une réduction sur certains produits médicaux, ou consultation. Sachez que vous serez toujours la bienvenue dans la boutique, si le besoin s'en fait un jour ressentir. » Comme elle venait de le souligner par ses origines, elle n'était pas du coin ce qui sous-entendait très clairement qu'elle ne connaissait peut-être pas forcément d'endroit où se rendre en cas de soucis de santé de ses animaux. Un détail, qui ne passa pas à coté du professionnalisme de William qui voyait déjà en Zahara une potentielle cliente en or. « Si vous voulez bien m'excuser... » Termina-t-il, baissant légèrement la tête en signe de salut, pour leur demander une autorisation silencieuse de les abandonner afin de retoruner prêter main forte à sa mère qui devait gérer les animaux à l'intérieur de la boutique.