Beware of the angry and lone death eater | Libre

Doucement, Cian tira sur sa clope, appréciant la nicotine sur son palais tandis qu'il se détendait un peu plus. Ou du moins, essayait de se détendre. Le vacarme autour de lui n'aidait en rien à calmer ses nerfs et l'agitation qui régnait dans l'allée des Embrumes lui faisait penser à ces moments où tout semble perdu et où il ne reste plus qu'à courir dans tous les sens pour échapper au pire. L'Irlandais ne savait pas ce qui les mettait dans cet état-là et, honnêtement, il n'en avait strictement rien à carrer. Il était bien au-dessus de ces choses, bien au-dessus d'eux et de leurs problèmes insignifiants. Pourtant, il partageait un petit souci avec la plupart de ces êtres : la disparition du Seigneur des Ténèbres. Cela faisait déjà un mois et demi que Lord Voldemort lui-même était reparti nourrir les vers mais pourtant, il n'arrivait pas à ressentir de panique comme ces vermines qui se sentaient à présent menacés par les chiens du Ministère. Et pourquoi en ressentirait-il, après tout ? Tom Jedusor - il avait appris le vrai nom du Maître dans la Gazette - n'avait été qu'une sorte de guide, un moyen de canaliser ses pulsions et de devenir plus efficace ; maintenant qu'il était parti, Cian pouvait lui dire Au revoir et merci pour tout sans aucun regret et vaquer à ses propres occupations. Alors pourquoi n'arrivait-il pas à se détendre et à profiter de la panique environnante ? Peut-être parce qu'il était déçu que Lord Voldemort, l'homme - ou la chose, plutôt - qu'il s'était forcé à encenser et qu'il avait fini par apprécier, ait échoué. Merlin sait comment il punissait le moindre échec. Peut-être parce que, maintenant, il serait plus compliqué de distiller terreur et souffrance au commun des sorciers. Même si ça ne m'arrête pas. Peut-être parce que des camarades à lui, des hommes et des femmes qu'il n'aimait pas forcément (chose quasi impossible de sa part de toute façon), étaient tombés au combat. Je leur obtiendrai vengeance. Le mangemort tira une dernière fois sur la cigarette et jeta le mégot dans le caniveau, avant de se pousser du mur auquel il était adossé et de marcher dans la rue, les mains dans les poches et les pensées ailleurs.

Quiconque qui ne le connaissait pas le croisait à cet instant aurait pu croire que tout allait bien pour lui. Le visage calme, les épaules relâchées et une ombre de sourire satisfait au coin des lèvres, il déambulait tranquillement, complètement étranger à l'affairement de ce qui l'entourait. A l'intérieur, il bouillonnait. Un brouillard rouge emplissait le bord extérieur de son regard et une rage telle qu'il n'avait plus connue depuis de nombreuses années avait remplacé le sang dans ses veines. Et il priait, il priait pour que quelqu'un lui donne l'occasion de déverser sa rage pour qu'enfin, il ait l'esprit clair. Il n'était pas de la catégorie des agresseurs mais de celle des agressés et faisait toujours tout ce qu'il fallait pour que les tables tournent comme il le voulait alors il avançait paisiblement, ne cherchant pas à éviter ceux qui se précipitaient devant lui. Toutefois, il était connu par ici et chaque fois que quelqu'un s'approchait un peu trop près de lui, la personne s'écartait d'un mouvement brusque, un air horrifié sur le visage, avant de repartir de l'autre côté. En temps normal, il en aurait été satisfait. Aujourd'hui, ça le frustrait. Et un Ó Mordha frustré n'était jamais quelque chose à prendre à la légère. Encore moins quand il s'agissait du Scarecrow.
Allez, venez... priait-il, n'ayez pas peur... Laissez-moi m'amuser, laissez-moi me défouler... Quelques longues minutes passèrent tandis qu'il se répétait cette litanie, ses pas le menant au hasard de l'allée principale et des petites ruelles qui s'en détachaient tandis qu'ils parvenaient à l'éviter à chaque fois. Et à chaque fois qu'une potentielle victime lui échappait, sa fureur montait d'un cran, sa mâchoire se crispait et son regard glacé se durcissait. Il n'allait pas tarder à exploser et s'il ne trouvait pas rapidement un point de décompression, ce serait la rue entière qui subirait le pire. Non pas que ça le dérange mais il ne tenait pas non plus spécialement à attirer les aurors dans un de ses rares refuges. Jusqu'à ce qu'enfin, on le percute de plein fouet. Laissant échapper un petit soupir tremblant qu'il retenait sans s'en rendre compte, la tension dans son dos se relâcha enfin tandis que son sourire s'agrandit légèrement et se fit un peu plus mauvais. « Eh bien, eh bien..., murmura-t-il, le regard posé sur l'inconnue. Il faut faire attention où on met les pieds, ce n'est pas très poli de rentrer ainsi dans les gens... » Let the games begin.

HRP: