La folie des séquestrés. - feat. Elena McWood.

Voilà deux semaines que les portes d’Haveirson restaient inlassablement bloquées, ne laissant aucune issue aux étudiants bloqués en son enceinte. Certains étaient en colère, d’autres tristes, désespérés, au bord de la folie comme Elena, mais tous partageaient un point commun. Leur envie de sortir de cet endroit. Le château que tout le monde avait auparavant adoré, ne laissant place qu’à l’envie d’y rester s’était maintenant transformé en véritable hantise pour ses lieux qui refusaient de les laisser s’échapper. Elena ne savait même pas si, en sortant un jour du château – si elle sortait - oserait revenir. Après tout, peut importe qui dirigeait cette folie, les langues de plombs, le Compte qui au final ne faisait plus partie de ce monde… À moins que le problème vienne encore d’ailleurs.
Novenka et la jeune femme devaient comme souvent, se retrouver dans la chambre qu’elles se partageaient en colocation dans cette dernière. Il était vingt et une heure moins de quarts, mais toujours aucune trace de la Yougoslave. Elena était en tailleur sur son lit.

Au moins, Mia avait, ne sait-elle comment, réussi à ne pas être prisonnière d’Haveirson. Depuis la bataille de Poudlard, la descendante des Mcwood n’avait point eu de nouvelles.
Fixant l’horloge, qui était maintenant à vingt et une heures précises, l’ancienne verte et argent décida de partir à la recherche de son amie. De toute façon, elle n’avait rien à perdre. Il n’y avait ni cours, ni examens, ni d’ailleurs professeurs. Du moins, il n’y avait plus celui qui avait donné ses cours à Elena. Quinlan. L’homme s’était suicidé. Tous avaient été sous le choc de cette nouvelle.
Même la sœur d’Alycia, qui pourtant ne le connaissait pas si bien.
Après avoir arpenté en long et en large le premier étage et la tour est, en entrant dans toutes les pièces, la sang-mêlé décida, avec un soupir las de passer au deuxième étage. La vue du ciel étoilé et des plaines herbeuses rendaient la brune complètement tarée. Encore plus qu’elle ne l’était depuis que ses pouvoirs avaient germé en elle comme une magnifique rose aux épines aussi coupantes que des rasoirs. Un courant d’air froid parcourait le couloir à ce moment-là. Elena poussa un grognement las. Certaines fois, elle se demandait si ses atouts n’avaient pas leurs propres personnalités.

Arrivée devant l’amphithéâtre Westminbrook, le cœur de l’adulte se serra. Rowan était un ami et quelqu’un d’agréable. Bien qu’Elena ait du mal à cautionner les actes des mangemorts, elle était certaine que le sang-pur n’était pas aussi impliqué qu’on pouvait le prétendre. L’élémentariste essaya d’ouvrir la porte, mais la poignée restait bloquée. Novenka ne devait pas se trouver là. Mais, certainement pour en avoir le cœur net, la sorcière lança un « Alohmora » sur la serrure qui cliqua avant de laisser le passage à la femme.
Cette dernière avait visiblement eut raison de vérifier. Novenka se tenait assise sur une chaise, au premier rang, les mains posées sur le pupitre en face d’elle. Si Elena ne la connaissait pas, elle aurait pu prendre peur de son état. L’apprentie fabricante de baguette avait le teint morne, les cheveux emmêlés et le regard éteint. Remarque, Elena n’avait pas spécialement prise soin d’elle en ce moment. Ses cheveux étaient détachés, sa peau pâle reflétait une sérieuse envie de prendre l’air. La sang mêlé ria un peu à la remarque de sa camarade.

-Ah, je te trouve. Il est dix heures moins de quarts Nov.’ . Que fais-tu là toute seule ?

Les mots de la Yougoslave sonnent comme cassés, offert d’une voix sensible aux rebords fluets. Comme toutes les autres personnes, elle devait souffrir de sa condition de séquestrée. Qui n’en faisait pas partie ? La brune eut un faible rire, peu convaincue, mais pour rassurer sa camarade.

-Il n’y a pas de problème, ne t’en fais pas. Crois-moi, cela n’a pas été si facile que ça de te dénicher. Surtout que la porte était fermée à clé.

Puis, la sorcière énonce la cadette Mcwood. Elena à cette appellation qui lui semble encore inappropriée, même quand elle était prononcée de sa propre bouche, leva la tête. La mort d’Alycia… Elle en avait entendu parler à la radio comme tout le monde. Honnêtement, l’Abraxane n’avait pas vraiment su quoi en penser. Certes, sa sœur ne méritait pas d’un point de vue logique son affection. Elle avait tenté de la tuer, et pas de la façon la plus douce, à peine s'était-elles rencontrées.
Mais, il n’empêche qu’elle partageât son sang, et que c’était la dernière famille qu’il lui restait, de son côté, paternel. Elle aurait tant aimé avoir une demi-sœur normale. Elle n’avait pas demandé l’amour parfait, mais pas une tentative de meurtre non plus… Tout cela resterait certainement une part d’ombre que personne ne viendra déterrer.

-Tu n’as pas à t’excuser Novenka. Je n’ai pas été là pour Rowan, Anton, pour toi. S’il y a bien une personne qui n’a pas à te reprocher ce genre de choses, c’est moi.

Face au calme et au signe que lui envoie sa camarade, l’ancienne verte et argent s’asseya sur une des chaises et observa le visage de son amie. Tant de souffrances avaient été faites, pour au final une infime part de bonté. La Yougoslave fait partie de cette bonté, et Elena sacrifierait nombre de choses pour qu’elle y reste.

-Je comprends… C’est ici que tu avais des cours avec lui. Je suis certaine qu’il pense à toi autant que tu penses à lui. Tout finira par s’arranger, les choses ne peuvent pas être mauvaises tout le temps. Ce n’est qu’une question de temps.

La culpabilité dans les mots de l’Abraxane gêne Elena. Après tout, ce n’est pas de la faute à la Yougoslave si l’hérédité de l’ancienne Serpentarde était ainsi formée. Les poings fermés, ses longs ongles quelque peu ancrés dans ses paumes, la sang-mêlé répliqua :

-C’est totalement faux. Tu ne m’as pas laissé de côté. Tu avais des problèmes de ton côté, comme tout le monde avait les siens. Et puis, je ne la connaissais pas vraiment… On ne peut pas dire que sa mort serait aussi importante que celle de ma mère, de toi ou de Mia.

L’ancienne verte et argent tentait de maitriser ses mots. Bien sûr que ce n’était pas de la faute à Novenka si cela s’était passé ainsi. C’est vrai qu’Elena aurait souhaité que ses amis soient un peu plus présents, mais que pouvait-on y faire ? Ça ne servait à rien de pleurer sur son sort, de crier à une certaine injustice dans le monde. C’était juste ainsi, et il fallait l’accepter.

-Et puis, tu avais aussi Rowan… Tandis que moi, je n’aie pas ce genre de problèmes, étant célibataire. Tu en as bavé quand ton couple a été déclaré dans la Gazette.

Encore un mensonge, mais cette fois-ci, à demi-voilé. Elena avait également eu des problèmes concernant ses relations de cœur, mais n’en avait parlé à personne. Au printemps, elle avait embrassé celui dont elle était amoureuse : Christophe Hamilton. Hélas, ce dernier ne ressentait que des sentiments amicaux envers sa camarade.

-Tu ne te plains pas. Tu m’expliques, nuance. Je comprends en quelque sorte ce que tu veux dire. Évidemment, je ne suis pas aussi proche de Rowan, que tu l’es toi, mais il me manque malgré tout. Un ami en reste un, n’est-ce pas ?

« Ne rajoute pas d’huile sur le feu Lena », pensa-t-elle. L’ancienne jaune et noir devait être assez attristé de la sorte.

-Eh bien… Comme tout le monde, je suppose. J’essaye de m’occuper l’esprit, mais je t’avoue que j’ai peur. Peur qu’on ne puisse jamais plus sortir. Je ne pensais pas que l’enfermement pouvait tant rendre dingue.