Doors to the Unknown (ft. Nova)

Jeudi 14 Aout 1997,

Il y a de ces étés en Angleterre où la lourdeur des aléas météorologique dissimule à peine celle que l'on a sur le coeur. Cette sorte de mélancolie des jours à rallonge où il est juste important de se prélasser assez pour ne pas regretter que la journée ne soit déjà achevée. Anton regardait le coucher de soleil depuis sa chambre poussiéreuse au-dessus du Chaudron Baveur. Elle sentait l'humidité et la potion à l'écorce de pin moisie. Du moins, à son sens. Il était de retour depuis à présent deux jours et deux nuits. Revenu d'un voyage périlleux pour tenter de répondre à la quête des Mangemorts. Sa vie, depuis des semaines, ne tournait qu'autour de cela. Une quête sans fin. Et sans réponses.  
Ses pensées, au-delà de son envie irrépressible de mettre fin à ses tourments, ne voyageaient que rarement vers l'Académie d'Haveirson et ses occupants. Mais quand elles le faisait, il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi aucun de ses amis n'avait daigné lui écrire pendant l'été.

Les jointures de ses poings blanchirent à cette nouvelle pensée. Aucune lettre. Pas un hibou. Certes, son départ avait été précipité, juste après leur retour de week-end scolaire à la plage, Anton avait reçu une piste de l'un de ses anciens amis de Poudlard qui travaillait maintenant au Ministère. Il s'y était accroché comme son ultime chance et avait quitté le château, enlaçant ses amis à qui il avait dû mentir une énième fois, prétextant avoir trouvé un stage immanquable en Médicomagie. Mais malgré cela, il s'était attendu à recevoir un hibou de Mia ou Novenka... Rien.
Il senti une pointe de colère lui transpercer la poitrine, juste sous le coeur. Ou de ce qu'il en restait.

La noirceur s'était doucement infiltrée au cours de l'année scolaire passée mais il avait eu foi de la tenir à l'écart. Durant les dernières semaines, elle avait fait son bout de chemin, infectant peu à peu son coeur et sa tête. La solitude le rendait presque paranoïaque. La colère faisait naître l'amertume, enroulant son esprit dans un enchevêtrement de pensées négative et d'ombres planant sans cesse autour de lui. Cette noirceur, qui courait dans les veines de sa famille depuis des générations, qu'Anton avait si longtemps repoussé... A présent, il commençait à l'accepter. Elle était devenu un compagnon de route, toujours présente. Fidèle.

Vendredi 15 Aout 1997, 10h02

Le réveil fut douloureux, après une nuit ponctuée de mauvais rêves, Anton se leva, faisant grincer le parquet de sa chambre. Il se dirigea vers la cheminée où brulait encore quelques reliquats d'une buche de la veille. Plus pour l'atmosphère qu'autre chose se disait-il, puisque l'âtre ne diffusait pas de chaleur, mais un léger courant d'air frais, agréable par cette chaleur aoutienne.
Sa main se dirigea vers ses côtes, malmenées par les voyages et les duels. Seul moyen de soutirer des informations à ceux qui étaient censés en avoir. Pour rien. Toutes ses pistes étaient faussées, biaisées par de mauvais informateurs qui l'avaient fait tourner en rond à travers tout le pays.
La veille, à l'aube, il avait rendu visite à chacun d'entre eux et s'était fait un plaisir de leur rappeler qu'on ne dupe pas un Costello sans en payer le prix.

Mais le résultat restait le même. Trop peu d'informations. Un échec. Sa seule solution était de retourner à l'Académie et de trouver quelqu'un qui lui donnerait ce dont il avait besoin. Dont il devrait gagner la confiance pour qu'il le guide vers son objectif ultime. Vers l'Ordre.

Vendredi 15 Aout 1997, 12h35

La grille de l'entrée du parc crissa sur son passage et se referma dans un battement. Le grand brun sourit discrètement et avança vers l'entrée, son sac à dos sur l'épaule. Il ne regardait que la porte d'entrée qu'il avait franchis dans l'autre sens plusieurs semaines auparavant. Ce fut un autre homme qui la franchit, non sans avoir remis le masque qu'il portait à présent avec tellement d'aisance. Un masque de droiture et de bonté dissimulant ses traits noircis par d'autres porteurs de masques.

Depuis plusieurs jours, Novenka a retrouvé quelques couleurs malgré les inquiétudes qui tirent sur son visage innocent. Tout est éteint. La lumière de l'optimisme, la lumière de la bonté... Elle n'est plus qu'un spectre errant les couloirs de la vieille bâtisse que la jeune yougoslave commence à connaître trop bien.
Elle en est dégoutée et pourtant.
Ses habitudes prennent forme et logique dans son esprit qui commence doucement à côtoyer la démence. Souvent la belle se parle à elle-même ou à quelqu'un d'imaginaire. Elle s'adresse à Rowan comme ci ce dernier pouvait l'entendre. La comprendre. L'excuser.
Le poids de la culpabilité l'accable de bien des maux, tel qu'elle en perd facilement la raison. Se couchant au petit matin ou dans l'après-midi, vivant de quelques heures de sommeil, d'un repas par jour... Novenka maigrit, se transforme. Ses cheveux en bataille, le maquillage de la veille coule sur ses joues... Ses habits sentent le renfermer. Son teint est terne et ses cernes dessinent des arcs de cercle violacés sous ses yeux bleus profonds également éteint.
Mais sur ses joues, un léger rouge donne des couleurs à ce tableau macabre. Ash.

Elle est dans la salle de la cafétéria, le silence de plomb et les chuchotements des uns l'agacent. Plus rien n'est pareil, tout est à la médisance et à la méfiance. Les personnes du ministère, traitres et menteurs, cherchent à se faire entendre par les élèves qui n'écoutent rien si ce n'est leur folie.
Détestable sensation d'enfermement. Alors elle observe, en silence. Chauncey n'est pas là. Avec Evie surement. Chris et Isolde mangent à part, sans doute pour éviter les suspicions de leurs recherches. Ont-ils seulement trouver quelque chose ? Novenka ne leur a pas parlé depuis des jours. Elle n'en éprouve pas le besoin, leurs visages traduisent parfaitement leurs agacements.
Dans un soupire, Novenka abandonne le pain de viande et ses haricots dans son assiette. Une bouchée.
Son ventre gronde alors qu'elle sort de la salle. Elle s'essuie les lèvres avec le bout de sa manche violet clair quand un rai de lumière l’interpelle.
Le souffle du vent.
Elle court.
On aurait pu penser qu'elle aurait tout fait pour fuir à l'extérieur, mais résolue, elle s'attend à accueillir celui qui hante ses pensées depuis des semaines.
L'espoir. « Row... »

Le prénom reste en suspend quand le visage d'Anton se dessine. Ce n'est pas Rowan, mais c'est Anton. Les larmes coulent d'elles-même sur ses joues devenues plus pâles que jamais à l'apparition de ce fantôme. Le mélange de sentiments contradictoires en elle lui donne le tournis et la nausée.
Sans attendre un instant, Novenka se porte sur la pointe des pieds pour arracher l'étreinte à son ami. Elle se laisse aller aux larmes, à la libération.
Elle le sent, il sent le dehors, le soleil et la châleur, il sent la transpiration, le mal... L'air joue encore dans ses cheveux. Il est bien là.
Elle peine à trouver les mots mais elle le serre fort. Si fort qu'elle pourrait l'étouffer.
L'étreinte se relâche peu à peu et Novenka retombe sur la plante des pieds, elle lui attrape la main et enlace immédiatement ses doigts entre les siens. Elle le regarde sans un mot et s'évanouit un instant. L'espace de quelques secondes.
En elle, gronde un mal qui la tue.
La folie.
L'instant d'après Novenka ouvre les yeux et observe Anton. « Tu es prisonnier maintenant, Anton. »
Voilà tout ce qu'elle peut dire en guise de bienvenue. L'air désolé accable encore plus les mots de son sens dérisoire et impensable.

L'air est frais dans le Hall de l'Académie. Il l'avait toujours été ici. Anton laissa son regard parcourir cette pièce immense mais pourtant déserte. Les pas des quelques élèves, venus regarder ce qui se passait devant la porte, résonnèrent plus que d'habitude. Il regarda leur air bientôt soulagé puis déçus, avant de redevenir terne et éteins. Il posa finalement le regard sur celle qui se dirigeait vers lui, les larmes aux yeux. Nova glissa ses bras autour de lui comme s'il avait été l'ancre de la belle à la dérive.

Ses yeux noirs continuèrent de scanner la pièce alors que son amie l'étreignait. Il ne remarqua pas tout de suite ce qu'il trouvait changé au château. Puis...
Il était habituel que certains élèves restent au château pour les vacances. Mais pas en si grand nombre. Alors que Novenka se détachait lentement de lui, sans pour autant lâcher prise, sa voix perça le silence bientôt pesant du Hall.

« Tu es prisonnier maintenant, Anton. »

Il inspira brièvement, continuant de regarder autour de lui. Serrant les dents sur l'attitude presque zombienne des personnes se tenant non loin d'eux. Il baissa de nouveau le regard sur Nova qui semblait ailleurs. Le grand brun resta froid face à ce qu'il tentait de comprendre de la bouche de sa consoeur.

- Prisonnier du château...

Sa voix grave et profonde vint répondre en écho à Nova. Ce n'était pas tant une question plutôt qu'une demande à peine dissimulée d'une confirmation. Si le château était sous scellé, pourquoi personne n'avait profité de son arrivée pour sortir. Les élèves présents étaient à peu près tous retournés de leur côtés, certains trainant les pieds, d'autres marmonnant des paroles indistinctes. On se serait cru dans l'aile psychiatrique de Ste Mangouste.

Ces jeunes faisaient peine à voir. Se laisser aller de la sorte n'avait jamais rien engendré de bon, sinon la folie. Pour Anton, seul les esprits faibles étaient capables de se laisser berner par une manipulation telle que celle-ci. Clairement, si le château restait ainsi, c'est que bien des gens le souhaitaient. Et se laisser aller à une telle attitude de désolation ne changerait rien.

- Qui est à l'intérieur ?

La nouvelle ne le désarçonna pas plus que cela. Avec ce qui s'était passé ces derniers temps, être prisonnier du château ne sembla pas insurmontable. Peu importait pour combien de temps. L'étincelle de noirceur en lui grandissait au fur et à mesure qu'il se rendait compte du piège dans lequel il s'était engouffré.

Après avoir étudié la porte de haut en bas et de bas en haut, Anton reposa son attention sur sa présidente de confrérie. Il n'avait plus été capable de compassion pour qui que ce soit depuis plusieurs semaines et chez quelqu'un comme Anton, il était difficile de faire remonter tout cela à la surface. Il pressa sa main dans celle de Novenka en serrant les dents. Son attention toujours portée sur les autres élèves qui traversaient le Hall. Sa cible toujours en tête. Autant profiter de la situation non ?

- Depuis combien de temps ? Sa voix était presque un murmure tellement elle était basse et grave. Comme un grondement dont l'on tenterait d'extraire une phrase. Analyser pour mieux savoir. Puisqu'il avait bientôt falloir trouver un angle d'attaque...

Novenka percevait les inquiétudes des autres élèves. Pour tout le monde, le renouveau. Un changement. Certes ce n'était qu'un nouvel élève parmi un pèle mêle d'autres visages, mais c'était un nouveau visage. Un changement.
Elle l'observe longtemps, du moins, ce qui lui semble être une éternité quand ses yeux bleus scannent les traits changés d'Anton. Elle l'avait déjà remarqué en mars dernier, Anton n'était plus le même. Le sourire a véritablement disparu, bien qu'il eut été toujours rare, il n'existe plus. Son regard pénétrait chaque personne, chaque élément... Comme une machine, il emmagasinait les informations sans en éprouver le moindre sentiment... Ou alors c'était fort bien dissimulé. Elle lève doucement les yeux sur les yeux sombres de son camarade.
Qui est à l'intérieur ? Novenka détourne les yeux pour regarder les élèves s'enfuir, errer... Comme elle erre dans les couloirs à la recherche de quelques petites choses qui la tiennent encore lucide, en vie. Des habitudes.
Elle soupire en pressant plus fort les doigts d'Anton.
Par où commencer.
Le ministère, le service magique des mystères, le Comte, la trahison. Les professeurs, les élèves... Novenka s'essuie les larmes de sa main valide.

Sa réflexion est à nouveau coupée par une nouvelle question. Comment lui reprocher de s'en poser ?
Comment... fait-il pour rester si calme ?
Quand elle-même était rentrée en retard, les élèves lui avaient littéralement sauté à la gorge pour lui tirer des informations... L'acculant dans chez le professeur Fitzsimmons. Elle avait été anéantie. Pas parce qu'elle était bloquée mais parce qu'elle ne pouvait répondre à ses promesses. Cet été devait être heureux.
Après un léger moment de réfléxion, elle s'abandonne à une version courte et rapide. «  On s'est seulement jouer de nous. L'école n'existe pas vraiment... Le Comte est mort il y a des années. Le ministère et le service des mystère se sont servi de nous, jouant la comédie... Cette comédie. On ignore le but de cela. Et dès cette révélation, porte, fenêtre, passages secrets, volière... Tout a été condamné. L'école est devenue prison il y a plus d'un mois... Je suis ici depuis cinq semaines bientôt six. » Elle ne peut s'empêcher de fixer un point fixe sur le mur et quand elle bouge c'est pour passer ses bras autour de la taille d'Anton.
Ils n'ont jamais été si proches, jamais échangé des câlins, des baisers, des longues conversations... Pourtant ils s'aiment fort l'un l'autre.
Aujourd'hui, Novenka ressent le besoin de s'approprier l'odeur de ce dernier. De le savourer. Elle n'est plus seule.
Elle existe.

Après cette étreinte, Novenka relâche ce corps musclé et tire Anton vers la cafétéria pour s'y assoir. En s'installant devant une assiette de nouveau rempli, la belle a un haut le cœur et repousse violemment l'assiette, la faisant voler par dessus la table. Sa main tremble légèrement... Elle n'avait jamais fait preuve de violence. Mais tout changeait en elle, tout disparaissait... Elle se détruisait.
Un silence.
« Il y a quelques professeurs, des élèves de toutes les confréries... Elena, Chris, Isolde, Lanalia... Ash. » Sans s'en rendre compte, elle change de ton à la prononciation du nom d'Ash. « Mais même si nous avons organisé... elle chuchote alors, des groupes et des cartes pour trouver une sortie... Nous faisons chou blanc. »
Elle suit du regard quelques élèves qui continuent de la regarder après son acte de folie. Ce n'était pas le premier... Novenka n'est plus la même, et ils le savent. Seul Ash arrive à la canaliser suffisamment pour que la démence ne la dévore pas toute entière...
Maintenant, Anton. N'est-ce pas ?
Elle pose son regard vide de vie sur le visage encore chaud d'Anton. «  Tu as disparu longtemps. Je m'inquiétais de ne pas avoir de tes nouvelles mais vu que les communications sont ... impossibles, je ne pouvais pas savoir où tu étais. » Ils ne s'écrivaient que très peu et pourtant... Elle revoit les douces les lignes qu'il écrivait. Sa calligraphie, tout. Anton respire la vie, Novenka s'en inspire, s'en imprègne.
Elle aime toujours.
La noirceur soudaine dans le regard d'Anton donne à la folie de Novenka un renouveau. «  Quoi que tu veuilles faire. Je te suivrai. » Sa voix est mécanique, mais s'il fallait brûler l'école ou tuer des gens... A quoi bon s'en soucier ?
Elle n'existe plus. Si ?
Ses yeux ne quittent plus Anton, c'est sa bouée. Son ancre. Son ange gardien. Son fantôme. Sa vie.

Anton écoutait chaque mot. Intégrait chaque parole comme s'il prévoyait déjà d'en faire quelque chose. Plus il en savait, plus il saurait quoi faire en temps voulu. Et avec qui. Selon Novenka, l'école n'était qu'une façade pour un plan bien ficelé qui avait pour but, apparemment, d'attirer les élèves entre quatre murs. Mais pourquoi ? Telle persistait cette cruelle et dévorante questions.

Novenka semblait plus perdue que jamais éteinte et emprunte d'une lueur de folie. Pas la folie joyeuse et légère dont elle savait faire preuve lorsque les seuls problèmes qu'ils rencontraient était de réaliser à la perfection une potion qui pourrait les tuer par un simple grain de sable en trop. Une folie lourde et installée. Un regard éberlué par un nouvel arrivant qu'elle connait déjà. Un phare dans le lointain. Après six semaines d'absence, voilà ce à quoi est réduite la belle Académie d'Haveirson.

Il sentit la jeune femme s'ancrer autour de lui. Comme une enfant s'accrochant à un parent de peur qu'il ne l'abandonne au milieu d'une foule hostile. Mais ils n'étaient plus des enfants. Ce n'était pas un jeu. Et la foule hostile vivait ses journées et ses nuits ensemble, en huit clos. Le visage de marbre d'Anton ne laissait passer aucune peur, aucun doute. Derrière ce masque dur, il réfléchissait à une raison pour tout cela.

Novenka le tira vers la cafétéria parsemée d'élèves sur des bancs d'habitude vidés de leurs occupants. A leur tour ils prirent place, comme dans une pièce dont le script millimétré leur ordonnait d'agir de telle ou telle sorte. Sur cette pensée, Nova envoya valser une assiette à l'autre bout de la pièce, vers d'autres élèves qui ne réagirent qu'à peine. Anton scruta ces derniers, les dissuadant de bouger d'un orteil, avant de reporter son attention sur Novenka.

Elle étaya ses explications un peu plus. Ils étaient coupés de toute communication extérieure, coincés les uns avec les autres. Les uns contre les autres. Dans un jeu pervers où le but aurait été de trouver la sortie le plus vite possible. Mais était-ce réellement là tout l'intérêt ? Si le Ministère s'était attelé si durement à enfermer de jeunes sorciers dans l'enceinte du château, il fallait parier qu'ils n'avaient rien laisser au hasard. Surement pas, donc, un trou dans la sécurité des issues.

- Peu importe ou j'étais. Je suis là maintenant.

Sa voix coupa court aux laisser-aller de Novenka. Il ne voulait pas la voir comme ça. Il savait la force de caractère qu'elle possédait. La voir ainsi lavée de toute force de vaincre le mettait un peu plus en colère. Ash ? Inconnu au bataillon. Isolde, Chris, Elena... Peut-être pas la meilleur équipe de recherche. Pas des élèves en qui, en tous cas, il allait placer sa confiance et ses idées. Assis au bout de la table il les scruta à nouveau. L'ombre d'eux-mêmes. Pitoyable.

- Est-ce qu'il continue d'arriver des choses... étranges ?

Il repensa aux actes que le "Conte" avait orchestré lors de sa période de terreur. Viceux. Fourbes. Tout pour tenir les élèves à l'extérieur du château, les faire fuir. Et maintenant, ce même château les retenait prisonniers... Anton serra des dents machinalement. Il réfléchissait.

- Tiens, commence par manger quelque chose, tu es maigre comme un clou.

Il poussa devant elle une assiette déjà toute prête. Il l'avisa du regard de ne pas jeter celle-ci à travers la pièce. Il était là à présent. Et les choses allaient changer.

Le regard ne quitte plus celui de son ami. Il a raison. Peu importe où il était, il est là maintenant. Le seul. Enfin.
Elena, Chris, Ash, Isolde, Chaun... Certes.
Mais Anton respire la détermination, l'envie de vaincre. La même qu'elle avait au début de son emprisonnement. Mais contrairement à elle, Anton le serpentard n'est pas la guimauve qu'elle était... C'est un gagnant, un battant. La force dont elle a besoin pour remonter, respirer... Retrouver la surface.
Redevenir la lionne qui défend ses lionceaux.
L'air dur et difficile d'Anton la ramène doucement à la réalité. Sa rudesse et son calme accélère le rythme cardiaque de Novenka. Comment fait-il pour être si désinvolte dans une situation pareille ?
Un nerf juste sous son œil tressaute.
Elle ne relève pas la pointe d'agacement qui s'éveille doucement au creux de son ventre.

Son regard reste planté dans celui de son ami, aussi vide qu'une coquille sans vie contre le regard de braise, en feu, en vie de son Anton. Elle écoute la question mais n'y répond pas tout de suite. Elle continue de défier son regard.
Pas de sourire.
Le visage d'Anton est si harmonieux, si soigné, cette barbe lui donne l'air mature et viril. Un sourire rendrait le tout si lumineux.
Pourquoi n'a-t-il pas peur ? Pourquoi ne réagit-il pas ? Question sur question. Pointue. Évincent d'un revers de main ce qui ne l'intéresse pas... Le mal être de Novenka n'est-il pas une raison de s'inquiéter ? Apparemment plus. Ne l'aime-t-il plus ?
Non.
Elle n'existe peut-être plus.

L'assiette que pousse Anton devant elle reste un moment sans bouger. Novenka baisse les yeux vers la viande, son ventre gronde à nouveau... Elle sait qu'elle a faim. Mais n'y a-t-il pas plus urgent ?
Pardon ? Comme une révélation. Maigre.
Les mains occupées par les couverts, Novenka remonte rapidement le menton et tourne la tête vers une fenêtre... Maigre. Elle voit en effet son visage, ses joues creuses... Elle a perdu ses jolies petites joues. L'air soucieux lui donne des airs de spectre, ses cheveux sont dignes des plus grands films d'horreur.
Elle n'existe plus. Ce n'est pas Novenka.
Sa main serre le couteau de toutes ses forces sur le côté tranchant, le sang coule doucement le long de sa paume puis goute sur la table, tandis que les phalanges blanchissent de son autre main.
C'est impardonnable. Elle ne peut se laisser ainsi aller à la dépravation et au désespoir.
Novenka Sloane Cieslak est une gagnante.
« Sortons d'ici. »
Elle donne un coup de fourchette à sa viande et la mâche avec fureur. Ce n'est pas une faible...
Des images d'elle aidant ses amis, rassurant, pleine d'amour et d'empathie. Ses rires, ses sourires... Ses défis et son humeur frivole. Les boissons alcoolisés, les soirées arrosées, amusantes...
Non, Novenka n'est pas de l'aristocratie... Non, elle n'est pas faible.
Novenka est une artiste, une lionne, une enfant-adulte. Une femme ambitieuse.

Elle lève les yeux vers le plafond puis, la bouche à moitié pleine, crachote quelques mots sur la table : « On est allés dans le chouchol, elle avale, dans les geôles... On y a rencontré des fantômes, des chemins. Je suis persuadée qu'il y a quelque chose là dessous... Mais, le ministère est aussi désemparé que nous concernant ce soudain enfermement. Du moins, c'est ce qu'ils disent. »
Elle pioche des légumes et finit par tout manger très vite, sans se rendre compte qu'elle est véritablement affamée.
La lueur d'espoir et la flamme reprennent vie dans son regard alors que les couleurs prennent plus de place sur ses joues minces.
« Bottons le cul à ce château. Fais moi respirer l'air, Anton. » elle se met à rire, depuis si longtemps qu'il semble rouillé. Son accent roule ses r et son rire devient plus cristallin.
Elle se réveille.
Novenka n'est pas morte.
Ce qu'il était bon de retrouver Anton, pour elle, son âme, sa vie.
Sa roue de secours, son carrosse.
Sa force.

Les yeux d'Anton se mirent à scruter chaque geste, chaque expression de la Yougoslave, assise face à lui. Même si'l se rend compte que son ton est dur et sec, il sait que c'est ce qu'il faut à Novenka pour qu'elle sorte de cette torpeur dans laquelle est s'est engouffrée, enfoncée. Lorsque sa main se saisit du couteau par le mauvais côté, Anton ne put s'empêcher de souffler son nom avec un peu plus de douceur. Comme l'on soupir le nom d'un animal ayant fait une bêtise, mais que l'on pardonne immédiatement sous son air malheureux.

- Nova... Il prit alors sa main balafrée dans la sienne et vint refermer, d'un geste expert de baguette, la plaie à peine apparue, avant de la regarder manger à grande bouchées son assiette.

Le grand brun joignit ses mains contre son menton, regardant son amie manger et reprendre des forces. Reprendre ses esprits. Être là à nouveau. Avec lui. Il était trop protecteur pour laisser quoi que ce soit arriver à la belle jeune femme à nouveau. Même s'il avait oublié ce que c'était que de se soucier de quelqu'un d'autre que lui depuis plusieurs mois. En l'entendant parler la bouche pleine, Anton ne put s'empêcher de sourire. Il voyait là son ami comme il l'avait toujours connu et, même s'il ne le montrait pas dans de grandes démonstrations de sentiments, il était réchauffé de l'intérieur par sa présence. Et ce rire qu'il pensait ne plus pouvoir entendre, résonnai à ses oreilles comme une mélodie oubliée. Un sourire glissa brièvement sur les lèvres de l'Abraxan.

Son assiette dévorée, Anton plaça alors discrètement une part, gigantesque pour le gabarit de Novenka, de tarte sous sa fourchette vengeresse. Il l'écoute alors reprendre composition, l'oeil vif. Les cachots... Cet endroit était toujours source de beaucoup de choses lorsqu'il était à Poudlard. Une piste à parcourir.

- On y retourna alors. Si tu penses que quelque chose se passe là-bas on ira voir.

Son regard perçant ne quittait plus celui de Novenka. Il sentait bien que sa présence à ses côtés la ragaillardissait. Même s'il ne s'attendait pas à avoir à endosser ce rôle, il l'acceptait. Il serait le rocher sur laquelle son amie pourrait s'appuyer. Il n'avait que très peu confiance en les capacités de recherches ou magique de ses camarades restés à l'Académie. Sauf la Yougoslave. Elle excellait partout.

- Et les fantômes. Vous leur avez parlé ?

Par là, il pensait plus à un interrogatoire plutôt qu'à de simples questions banales sur une possible issue ou si quelqu'un avait vu ou entendu quelque chose. Anton voulait des réponses. Et il les obtiendrait.

Son estomac se remplit, son ventre s'alourdit, elle avait oublié ce qu'était un ventre bien rempli. Repu. Elle planta sa fourchette dans la part de tarte et continua de manger machinalement et le sourire d'Anton lui remplit le cœur d'amour. Ça y est, elle est belle et bien vivante... Ou alors la mort à une douce odeur de mâle mélangé à la tarte sucrée.
Novenka ne détacha pas ses yeux de son visage, comme si elle avait peur... Peur qu'il ne soit un fantôme, un passage, une hallucination.
Elle l'écoute attentivement répondre à ses affirmations par des plans qu'il monte plus vite que des briques de légo. Il se laisse à penser que la réponse est dans les geôles mais à part la mort, Novenka n'y avait rien trouvé. Evie était en proie au doute, appuyée à Chauncey comme une moule à son rocher.
Quand elle eut fini son assiette, elle reprend son port de dos droit, l'assurance revient doucement au galop. Un objectif. Un but.
Anton, le renouveau, a apporté dans son sac tout ce qu'il fallait pour faire agir la jeune demoiselle. Oui, les mots ont leur importance, les caresses et les gestes affectueux ne sont pas laisser pour compte... Mais une Abraxane, présidente de surcroit, ne doit pas se laisser démonter par une porte fermée.
Elle aurait du le savoir.
Mais sa véritable force, ce n'est pas elle : c'est eux.

Elle se lève de table et tend sa main à Anton. Elle lui attrape de nouveau la main, de celle qu'il a guéri de sa baguette experte, de ses mots silencieux et guérisseurs.
« Les fantômes ont demandé de l'aide, voilà bien la fin de l'aventure dans les geôles. Chaque fois que je m'enfonçais, quelque chose m'empêchait d'avancer... Le château ou autre chose. Cela ne me dérange pas que nous y retournions, mais avec précaution. En attendant, on devrait peut être déposer tes affaires dans ta chambre et ... Réfléchir à ce qui se passe ici. Tu arriveras peut-être à mieux réfléchir que moi. Je n'ai jamais été douée pour les énigmes. »

Elle le traine dans les couloirs et s'échine à ne pas lui lâcher la main, ce contact avec sa peau l'électrise. Elle est heureuse. De voir son ami, de le voir sourire, et retrouver son regard attendri quand il la regarde. Elle se doit d'être forte, parce qu'il l'aime comme ça.
Parce qu'elle s'aime comme ça.
Les portes de la confrérie se poussent et Novenka sent le doux parfum du feu.
« Je t'attends ici. Je vais prendre de quoi écrire. »
Elle commence à fouiller les tiroirs pour en sortir du parchemin, de l'encre et une plume. Elle pose le tout sur la table, sort une carafe d'eau qu'elle met sur la table et s'assoit face au feu.
Sur le parchemin, elle griffonne ce qu'elle sait déjà.
Le Comte : Mort.
Le ministère : Traître.
Geôle : Cache quelque chose.
Communication : Impossible.
Sortie : Inexistante.

Elle tapote la plume contre son menton et réfléchit. Il existe bien un moyen de sortir, oui, mais lequel ?
Le bureau du Comte ?

Le visage de Novenka reprenait des couleurs à la minute et Anton fut satisfait de voir que celle-ci reprenait du poil de la bête. Elle était son amie et il l'aimait trop pour la voir dépérir ainsi. Mais aussi, elle était son guide dans l'Académie. Son repère face à tous ces évènements. Elle était là depuis assez longtemps et avait vu assez de choses pour qu'ils puissent, à eux deux, trouver un moyen de sortir de cette Académie piégée.

L'Abraxan attrapa la main que la Yougoslave lui tendait et la suivit à travers le dédale de couloirs et de marches du château. Certains étudiants étaient en contemplation intense devant les fenêtre qui restaient indéfiniment fermées. Leurs yeux hagards et leur air perdu donnait au grand brun envie de les secouer. Les frapper. La faiblesse faisait peine à voir. Faisait pitié.

Ils arrivèrent enfin à leur confrérie où baignait un silence à peine brisé par les quelques chuchotements de certains élèves se dirigeant dans leur chambre. Anton les suivait du regard, secouant légèrement la tête de droite à gauche. Nova pensa tout haut et lui exprima ses idées quant à leur marche à suivre. Ce qui fit légèrement sourire Anton. Il était face à une toute autre personne.
Il se dirigea vers sa chambre. La sienne et celle de Mia. En poussa la porte, il eu un léger pincement au coeur. Son odeur emplissait encore les murs même si ses affaires n'étaient plus là. Il avança, laissant son regard parcourir les lieux. Il lâcha son sac au pied de son bureau, d'où il prit la carte de l'Académie, distribuée aux élèves lors de leur arrivée au château et un sac de bonbons que Mia lui avait ramené de chez Honeydukes lorsqu'elle y travaillait. Il fit le chemin inverse, vers la sortie. Il espérait que tout allait bien pour elle. Il savait qu'elle devait passer l'été avec sa famille à voyager. Mais elle ne lui avait pas écrit. Pas un mot. Pas une lettre. Rien.
Serrant les dents, il ferma la porte derrière lui et vint retrouver son amie près de la cheminée.

Il écouta son histoire et il lui apparu de plus en plus clair que des choses étranges continuaient de se passer dans l'Académie. Si les fantômes, des être morts à qui rien ne peut réellement arriver, demandaient de l'aide, alors il y avait là quelque chose à creuser. Il se doutait que le voyage dans les geôles n'avait pas dû être de tout repos, à en voir le regard légèrement inquiet de sa présidente lorsqu'elle en parla. Anton ouvrit le paquet de bonbons et mastiqua silencieusement, réfléchissant à un angle d'attaque. Avec les dernières semaines qu'il avait passé, il était habitué à planifier ses actes. Les préméditer...
Il regarda la liste que Novenka avait rédigé. Beaucoup de nouvelles informations.

- On est surs de tout ça ? Qui vous a raconté la "vérité" ?

Il fit un signe vers le parchemin griffonné et y ajouta 'Fantômes : effrayés, de quoi ?'. Avant de jeter un regard interrogateur à Nova. Il voulait savoir lui aussi ce qui s'était passé derrière la porte close du château. Mis à part l'enfermement, les élèves ne semblaient souffrir d'aucun manque. Alors pourquoi les garder ici ? Jusqu'à quand ?
En même temps que l'Abraxane lui répondait, il déplia le plan d'Haveirson, marquant à l'encre toute les sorties possible. Il faudrait vérifier chacune d'entre elle. Une par une. En commençant par les cachots.

La plume chatouille son menton quand elle décide de la reposer dans l'encrier. Sa main, dont le doigt avait été cassé un mois plus tôt dans les geôle avait été réparé avec maladresse par une élève qui étudiait en médicomage, caresse une mèche de cheveux pendant qu'elle réfléchit à ce qu'elle sait.
Elle devrait parler de son plan avec Isolde, Chris... Mais elle a peur qu'on l'écoute. Qu'on l'espionne. Cela devait rester secret, les écoutes ne sont pas à exclure. Ils la pensent sans doute inoffensive mais ... elle reste présidente. Alors qu'elle réfléchit à ce qu'elle doit faire, Anton réapparait. Son visage s'est à nouveau fermé : Mia.
Novenka n'a pas eu de ses nouvelles de toutes les vacances, mais elle la sait en sécurité dans sa famille. Peut-être que d'innombrable lettres lui sont parvenues en vain. Peut-être.
Alors la jeune yougoslave décide de ne pas aborder ce sujet pour se concentrer sur leur problème : retrouver la liberté.
Pour Anton, cela ne sera pas trop pesant, il sent encore le soleil. Mais Novenka, dont le teint est gris, ne rêve que de recevoir la vitamine D entrer par tous les pores de sa peau.

Il écrit en même temps qu'il pose des questions, Novenka pioche dans ses bonbons sans rien demander. Ils partagent tout, n'est-ce pas ? Et puis, c'est trop tard, en un geste rapide, elle engouffre la réglisse. « Et bien, je n'étais pas là, c'est le professeur Fitzsimmons... Neal. » Elle a un pincement au cœur quand elle pense à la mort de Quinlan appris seulement après la nouvelle de son enfermement... Elle ne reverra plus jamais son ami. « Il m'a dit que le Comte et pas mal d'élèves et professeurs se sont transformés. Le Comte est mort il y a quelques années, le château était à l'abandon, rénové par le département des mystères. On ignore seulement pourquoi et ceux qui sont impliqués semblent l'ignorer ou veulent garder cela bien caché. » Elle regarde Anton avec un nouvel éclat. « Mais quand tu  les regardes, ils sont aussi perdus et désemparés que nous. Je doute que cette fermeture est de leur du. Je pense que le château se défend. Un démon ? Un fantôme plus puissant ? Un vampire ? Je l'ignore. Mais le ministère cherche quelque chose ici... Nous avons été des pions. Mais j'aimerais que l'on trouve cette chose avant eux, et qu'on puisse... les libérer sans que le ministère n'en sache rien. »
Elle pose son doigt sur la geôle : « Ici. J'ai failli mourir. Evie, une jeune fille qui réside chez les Phénix mais qui est de Poudlard, a été traversé par un fantôme, celui d'une petite fille. Elle semblait triste, perdue... Effrayante mais sa voix était suppliante. Elle voulait de l'aide. J'ai voulu le retrouver et je suis tombée dans un trou. C'est là que j'ai trouvé un chemin, mais un mur invisible m'a empêché d'avancer... »

Un silence.
Elle pioche une nouvelle fois dans le paquet de bonbons, qu'est-ce que ça fait du bien de grignoter. Ses gâteaux tchèques doivent pourrir aux pieds du château dehors...
Puis elle reporte son attention sur Anton. « Quinlan est mort. »
Un silence.
Anton n'était pas très fan de Quinlan, mais il admettait l'efficacité de son professeur et acceptait parfaitement l'amitié qui liait Novenka à son professeur. « A la fin juin, bien après que tu sois parti. Je l'ai appris en revenant de l'hôpital où Rowan a été hospitalisé après la bataille de Poudlard. Tu es au courant de ça, n'est-ce pas ? »
Tout en parlant de cela, Novenka écrit sur une feuille blanche :
Isolde Mayer, présidente Phénix. Chris Hamilton, président Sinistros. Nous communiquons par cartes ensorcelées, elles s'illuminent quand une nouvelle information s'y ajoute. Elles ressemblent à n'importe quelle carte commune du château. Comme celle que tu tiens dans la main.
« Et Rowan y était impliqué. Il m'a appris un secret honteux pour lequel il a été jugé. Tu as du le lire ça aussi. Il était mangemort... Tu as du le lire dans la Gazette. Je reste néanmoins fière de lui, il a su reconnaître la vie. »
On note ce qui peut nous aider, Chris a trouvé une pièce secrète où il peut être téléporté mais il ignore encore si un hibou peut s'y enfuir, lui, ce qui est sûr ne peut pas transplaner. Il y a une porte qu'il doit absolument reprendre pour revenir.
« Et il a été blessé, mais rien de grave. Tu sais, la petite Alycia... Celle qui t'a fait beaucoup de mal est morte aussi. La malheureuse, elle s'est elle-même retournée contre Voldemort avec son amant... Un né-moldu que l'on dit. Leurs photos étaient adorables... Ils étaient si jeunes. Comme cette enfant... »
Du coup, c'est une sortie potentielle. Rien n'a été trouvé sans cela, pour le moment.
Cette carte et son existence n'est connu que d'une poignée d'élèves triés sur le volet et quelques professeurs. Cela doit rester secret.
« Onze ans seulement. Mais même si tu détestais cette enfant, Alycia... Elle a sauvé l'école, et ses camarades d'une bombe mangemort. Tu peux être fier d'elle, aujourd'hui. Je pense. Enfin tu en fais ce que tu veux. Tu as compris ? »
Cette dernière question ne concerne pas Alycia, mais bien son papier. Elle attend une seconde puis brûle le papier d'un coup de baguette et fait léviter le papier dans la cheminée.
« A nous de nous en sortir. Que faisons-nous pour nous sauver ? »

Elle se lève pour s'assoir près de lui, elle lui prend la main dans la sienne et serre fort. En apparence, on croit que Novenka se rapproche du petit-ami de sa meilleure amie par désespoir, amour... Or, dans sa main, la carte est pliée et cette carte reconnait l'adn d'Anton comme quelqu'un de confiance alors que Novenka murmure silencieusement. Il pourra utiliser la carte et y ajouter des informations.
Elle pose une bise sur la joue de son ami et pose sa tête sur son épaule, en silence. Les mains toujours liées.

Anton étudiait la carte posée devant lui, écoutant Novenka s'emballer dans une réponse ponctuée de nouvelles questions. Peut-être était-ce la première fois qu'elle exprimait ce genre de doutes et peurs à voix haute. Après tout, lorsque l'on ne savait réellement à qui on faisait face, il était difficile de savoir qui était de son côté ou non. Pas la peine de leur montrer la peur qui nous ronge intérieurement. Qui la rongeait actuellement. Il trouvait toujours aussi étrange que les professeurs ne fasse pas plus d'efforts pour trouver une solution à leur situation. Ils semblaient aussi incapables de toute volonté que leurs élèves. Tout comme les membres infiltrés du Ministère. Décidément... Anton ne parvenait pas à discerner la logique de leur situation. Il faudrait s'y pencher et poser les bonnes questions aux bonnes personnes, en temps voulu.

Le doigt de la Yougoslave se posa sur un point précis de la carte. Elle avait failli y rester, disait-elle sans un tressant dans la voix, même si son visage exprimait autre chose. Anton croisa son regard brièvement. Il sentait bien qu'elle reprenait contenance et ne voulait pas se laisser aller à nouveau. Du moins, pas devant lui.

Quinlan était mort.

- Oh...

Il soupira légèrement, tiraillé entre deux sentiments. Comme il l'était pour Alycia, dont il avait vu le nom dans la rubrique nécrologique de la Gazette du Sorcier. Il y avait cherché le nom de ses amis, mais ne connaissait qu'elle. A nouveau, soulagement et léger poids dans l'estomac. Son professeur n'était pas quelqu'un qu'il portait dans son coeur. Il n'avait que peu de respect pour lui étant donné son attitude plus que biaisée à son égard. Mais de là à souhaiter sa mort. Non plus. Sa mâchoire se serra de nouveau. Egoïstement, il pensa que mieux valait que ce soit lui plutôt qu'un de ses amis. Mais le suicide ? Il avait entendu cette information en traversant la cafétéria sur leur chemin ici. Soit il s'agissait d'une mise en scène, étant donné le timing. Soit le professeur avait décidé de partir en se faisant remarquer. D'une manière théâtrale.

Machinalement, son attention se reposa sur la carte, ainsi que sur la feuille de papier à côté, sur laquelle Novenka griffonnait à présent presque frénétiquement. Elle parlait en même temps, mais lui n'écoutait que d'une oreille, se concentrant sur les lignes et les courbes de l'écriture fluide et rapide de la jeune femme. De temps à autres, il posait un regard curieux sur celle-ci, regardant discrètement autour de lui s'il parvenait à desceller la source de l'inquiétude de sa consoeur. Le château était peut-être toujours sur écoute. Fort probable même. Elle était intelligente ainsi, Nova. Prévoyante. Il hochait la tête régulièrement, pour acquiescer à ses questions.

- Je comprends.

Son ton était net et clair. Comme à l'habituée. Il était satisfait de retrouver un compagnon de route dans ses projets. Elaborer des tactiques d'approche pouvait vite devenir usant lorsque l'on le faisait seul. A présent, il avait Nova avec lui et leur plan fonctionnerait. Il ne voyait pas d'autre alternative.
Elle s'approcha de lui et glissa la carte dans sa main, l'air de rien. Ils restèrent ainsi l'un contre l'autre, quelques instants.

- Les appartement du dit Comte, j'imagine que vous y être déjà allé ?

Anton releva le nez, se tournant vers Novenka pour lui parler à voix plus basse. Lui aurait commencer par là. Mais peut-être que tout le monde n'avait pas la même logique que lui. Si cette pièce avait déjà été visitée, il voulait en connaître les moindre détails. Ce lieu devait forcément renfermer un indice sur les raisons de leur enfermement, ou du ou des auteurs de celui-ci.

Novenka reste un moment stupéfaite devant le laxisme ou la nonchalance d'Anton vis-à-vis de Rowan et de son appartenance aux mangemorts. Intriguée.
Alors qu'il semble concentré sur le problème actuel, Novenka n'arrive pas à s'enlever de la tête qu'il ne s'inquiète pas plus que cela... Déjà au courant ? Ou Rowan ne signifie rien pour lui ? ... Elle se rappelle pourtant qu'ils avaient partagé la même maison.
Elle s'attendait à cette réaction vis-à-vis de Quinlan mais très certainement pas pour Rowan.
Malgré ce flux de questions qui vient la submerger de stress, Novenka se reconcentre sur le problème actuel. Comme si Anton lisait dans ses pensées, il cible immédiatement le bureau du comte. Elle se détache doucement de lui, récupère sa carte qu'elle glisse dans sa poche pour se concentrer sur la non magique posée sur la table à côté de leur parchemin de brainstorming.
Elle réfléchit.

Elle n'a pas souvenance qu'un des groupes ait demandé à visiter le bureau, ou alors ils l'ont fait sans rien en dire. Sur la carte, il n'y a rien qui indique une visite du bureau... D'ailleurs, où est-il ?
« Je pense que nous y avons tous pensé. Mais nous ignorons seulement où il se situe... Je n'y suis jamais allée, je n'ai parlé avec le Comte que par doléance sur le tableau d'affichage dans le hall. » Une peine supplémentaire lui pique le cœur et lui noue le ventre. « Enfin parlé avec l'un de ces... imposteurs. » Elle n'en reviendra jamais d'avoir été bernée par le ministère, utilisée et manipulée. Elle qui donnait raison et aide à ce Comte... Ignorant les peines de ses amis qui avaient subi le courroux de ces gens. Enfin... Était-ce bien eux ou était-ce plutôt ce qui les retient prisonnier ? « Si tu sais où se situe le bureau, je te suis, j'ai des réponses à y trouver également. »
Elle fronce les sourcils alors qu'elle remet doucement ses genoux où sont, le buste à demi allongé sur la table pour écrire une nouvelle note : Bureau du « Comte » -> Où ?

Un bruit dans le couloir retient son attention, elle sursaute avec la plume dans la main - manquant de se le mettre dans l’œil -. Un petit groupe d'élève, tout aussi éteints et fatigués, traverse le salon sans leur prêter d'attention. Quoi que ce château veuille faire, c'est réussi.
« Je pense que les geôles restent un bon endroit pour trouver ce ... cette chose. » Elle se tourne de moitié vers Anton, plongeant son regard bleu profond dans ses yeux si noirs. « Tu connais d'autres endroits mystérieux dans Haveirson qui pourraient répondre à nos questions ? J'avoue qu'à part le chemin bibliothèque - Confrérie et les classes... Je n'ai pas beaucoup visité le château. »
Si seulement Anton était arrivé plus tôt, ils auraient pu intercepter les derniers hiboux et lire les messages... peut-être que l'un d'eux était destiné à ses traîtres, langues de plomb. Mais même Novenka n'était pas là le premier jour que les portes se sont fermées. Elle n'aurait rien pu faire.
« Quoi qu'il arrive, il va falloir s'organiser pour bouger... Et vite. »
Elle se lève, pioche un bonbon qu'elle mastique en fixant une fenêtre. La liberté, Rowan... Ce dehors lui manque. Le choix aussi. Elle s'époussette les genoux et roule le parchemin.
« Are you ready to rock ? » Célèbre citation d'un groupe de rock dont le nom lui échappe soudainement. Le monde moldu est si simple... Et pourtant, au fond d'elle, elle sent que l'aventure est incroyable malgré la destruction psychologique.

Anton restait relativement surpris par les réactions et les attitudes changeantes de son amie. Tantôt stressée et interloquée puis soudainement pleine de confiance et de vigueur. Son visage reflétait le manque d'un environnement sain, de repère psychologique, d'une bonne goulée d'air frais. A nouveaux, ses pupilles sombres vinrent rencontrer celle de Novenka. Elle le fixait, l'analysait presque. A quel propos ? Les mangemorts ? Rowan ? Le Ministère ?

Ces derniers temps, le jeune homme était devenu plus renfermé, cachant, bien à l'abris, de nombreux secrets sur ses allers et venus, ses occupations et ses fréquentations. Il n'avait jamais considéré que Nova ou Mia le soupçonne de quoi que ce soit suite à ce qu'il s'était passé l'année dernière. Surtout pas de travailler pour les Mangemorts. Il la fixa à son tour un instant, froid et détaché de ses inquiétudes. Il soupçonnait Rowan d'avoir fait partir du petit groupe de sorciers masqués ayant participé, de près ou de loin, à son enlèvement et son interrogatoire. A présent, il en avait la confirmation. Mais s'en garderait bien de le dire, ou de le montrer.

Finalement, le visage de la yougoslave replongea vers la carte. Personne n'avait pensé à chercher le bureau du Comte. Protagoniste central de toute cette mascarade... Il soupira brièvement et posa lui aussi son doigt sur la carte.

- Il y a toute une partie du château que je n'ai jamais exploré. Les donjons en partie. Mais nous devons trouver le bureau du Comte. Peut-être que quelqu'un s'en sert, ou qu'il renferme des indices précieux.

Anton fronça de nouveau les sourcils. Il se souvenait avoir entendu parler d'élèves qui auraient tenter de suivre le Comte dans son bureau après le banquet. Mais il n'avait jamais su s'ils avaient atteint leur but... Une chose était sure, cette pièce existait. Et tout comme les geôles, elle semblait représenter les points centraux de leur recherche. C'était déjà un début. A nouveau la jeune femme changea d'attitude et se leva, le regard inquisiteur, quoi que voilé d'une peur presque palpable, bien qu'elle semblait décider à la vaincre.
Le grand brun la regarda de son poste et lui sourit légèrement.

- Pas de précipitation. Il faut garder l'avantage sur... le château. Si on décide de faire ça, il faut qu'on soit prêt à affronter toute sorte de choses. Et tu as peut-être besoin de repos avant qu'on s'y mette pour de bons. Et je le comprendrais.

Une fois leur plan mis en route, il fallait s'attendre à faire face aux représailles de ceux qui ne souhaitaient pas que l'on interfère avec leur plan. Des nuits sans sommeil et des journées bien chargées les attendrait. Il voulait que Novenka soit au maximum de ses capacités physiques, et mentales.

- Ce soir, je reste avec toi.

Son ton était sans appel. Il n'allait pas laisser les murs d'un château piégé la séparer de sa seule alliée ici. Il veillerait sur elle comme l'on veille sur un trésor. Personne ne toucherait à ses amis. Il ne laisserait rien lui arriver. De toute façons, il fallait qu'il étudie un peu mieux cette fameuse carte et ce qu'elle renfermait. La soif de savoir qui le dévorait parfois le guidait à ne laisser aucune lacune se mettre en travers de son chemin. Ce château lui livrerait ses secrets. Qu'il le veuille ou non.

Si la fatigue et l'angoisse ne l'accablaient pas de bien des maux, Novenka se poserait très certainement de très nombreuses questions. Lorsqu'elle regarde Anton, ce n'est pas son ami qu'elle voit, c'est un pilier. La force. Le courage. La volonté de fer.
Bien des qualités qui lui font perdre pieds et la tête, rapidement. Mais sa prison d'or a tendance à la rappeler à ses déboires, elle n'est pas lucide, pas à 100%. Sa liberté, son besoin de prendre ses marques... L'appareil photo moldu posé négligemment sur son lit n'attend que de goûter aux beautés du monde. Attendre le réveil de Novenka.
Elle ne peut pas rester enfermer ici indéfiniment. Elle doit être libre. Libre de voler, de parler... d'exulter.

La bouche pleine et le sentiment de volonté s'évanouissent en même temps quand Anton le preux décide de mettre fin aux investigations. La fatigue doit surement se lire sur son visage, dans son regard pourtant animé d'un nouvel espoir.
Comme en réponse à ses questions, Novenka se met à bailler. Depuis combien de temps n'avait-elle pas dormi correctement ? Trop longtemps. Elle se tourne doucement vers son ami, sur son visage se dessine doucement les traits de Mia. Ce qu'elle pouvait lui manquer.
Les rires, les blagues, les pleurs... Les diners, les moments de repos ensemble à jouer. Tous les quatre, cinq parfois. Azphel avait disparu depuis un moment déjà. Mia était en vacances... Seuls restaient Anton et Elena. Elena qui vadrouille plus qu'elle ne s'évade dans la folie. Elle est ambitieuse, Elena. Elle est forte, Elena.
Les larmes reviennent border ses yeux mal maquillés et alors qu'elle s'approche de quelques pas de son ami, elle lui reprend doucement la main, comme une enfant tiendrait un ballon gonflé à l’hélium, le tenant avec force pour ne pas qu'il s'envole. « Tu peux dormir avec moi, ce soir ? »

Elle n'est pas sûre qu'il lui propose de dormir dans la même chambre. Mais être auprès de lui, le sentir, le toucher... lui rappellera pourquoi elle doit se battre. Pour qui.
La voix de Rowan berce doucement les angoisses de la douce yougoslave. Elle le retrouvera bientôt, et ce sera dans ses bras qu'elle pourra se consoler.
Personne, plus personne du moins ne lui dira quoi faire. Si les jaloux veulent s'en prendre à Rowan pour son appartenance aux mangemorts, il faudra passer sur le corps de la douce Novenka.
Ce château qui tente de les détruire la rendra plus forte que jamais. Grâce à Anton, Novenka se sent pousser des ailes. L'espoir. La liberté à un doigt d'elle.
Ils ne resteront pas éternellement enfermés.

Novenka ouvre la porte de sa chambre et s'assoit sur son lit en regardant dehors. La nuit est déjà tombée. Depuis combien de temps discutent-ils au juste ? « Il faudrait peut être demander à se faire monter le dîner ? »
Après tout, si la nourriture pop de nul part, des elfes sont bien quelque part. « Je te laisse prendre tes affaires et ce dont tu as besoin pour la nuit, je vais m'occuper de ça. »
Elle disparait un moment. Arpentant les escaliers et les couloirs trop familier.
Touchant l'asphalt, Novenka laisse ses doigts courir dessus, un sourire aux lèvres. Je serai bientôt libre.
Après avoir tourné autour des cuisines, Novenka a fini par aller dans la grande salle et sur un plateau, elle se sert deux grandes assiettes de charcuterie, de légumes et des desserts. D'un coup de baguette, elle fait léviter les plateaux et elle s'enfuit jusque dans la confrérie des Abraxans.

Une fois dans sa chambre, elle s'attache les cheveux, défait ses vêtements et s'habille de son t-shirt trois fois trop grand et d'un short noir en coton.
Elle s'installe en tailleur sur son lit et attend le retour d'Anton.
Une douche lui ferait peut-être du bien ?

Anton regarda autour de lui, la pièce était toujours aussi déserte. Il se demanda un instant combien d'élèves peuplaient encore le château ? Combien d'Abraxans ? Peu importait au final. Celle qui se tenait en face de lui, les yeux lourds de de peine et de fatigue, elle était la seule sur qui il comptait se reposer. Sur qui il veillerait. Avec qui et pour qui il combattrait ce château. Il la regarda s'approcher de lui, le regard plein d'espoir.

Il serra sa main en retour de la pression qu'elle venait de lui donner. Bien sur qu'il resterait à ses côtés ce soir, son offre était claire dans son esprit. Il garderait un oeil sur la yougoslave autant de temps qu'il le faudrait. Il baissa légèrement les yeux vers Novenka qui lui paraissait plus frêle et fragile qu'auparavant.

- Je serai là.

Ils avaient eu du mal à se cerner l'un l'autre au début, quand ils s'étaient rencontrés. Plutôt distants et méfiants, Novenka lui avait rappelé à plusieurs reprises son passé avec les filles de Poudlard. Il l'avait rassuré sur ce point, Mia n'était pas n'importe quelle élève de l'école. Mia était leur point commun et ils gravitaient tout deux autour d'elle sans trop jamais parvenir à se connaître réellement. Mais depuis plusieurs mois, Anton avait appris à respecter sa consoeur, à l'apprécier de plus en plus. Jusqu'à la considérer comme son amie proche. A partir de là, il était près à tout pour ceux qu'il considérait comme tel.

Chacun se dirigea dans sa chambre. Anton soupira en prenant son sac qu'il posa sur son lit. La chambre sentait le renfermé, la pièce mal aérée. Les volets était fermés. Les lits faits au carré. Impersonnel au possible. Le grand brun fouilla quelques instant et sortis de son sac un pantalon et un t-shirt pour la nuit. Il les passa sous son bras, n'oubliant pas de ses saisir de la carte de l'académie, d'un calepin et de sa baguette.

Entrant dans la chambre voisine, il posa ses affaires sur le lit voisin de celui sur lequel Nova attendait tranquillement, en tailleur. Il s'assit quelques instants en face d'elle, la regardant avec plus d'intensité qu'il ne l'avait souhaité. Il voulait sonder son esprit, savoir ce qu'il se passait sous ces airs attristés et fatigués. Il aurait pu lui demander si ça allait, mais il ne le fit pas. Car cela aurait voulu dire qu'il aurait fallu qu'elle lui raconte en détails ces dernières semaines, hantée par la peur, la solitude et l'angoisse croissante de la claustrophobie qui avait dû lentement s'insinuer en chacun. Du moins, c'est ainsi qu'il l'envisageait.
Il posa sa main sur celle de Novenka, fraiche et douce et croisa a nouveau son regard fatigué.

- Je vais aller prendre une douche, d'accord ?

Il ne voulait pas la prendre chez lui. Pas dans un endroit qui lui rappelait aux fantômes des bons moments passés avec ses amis. Avec Mia. Il avait l'impression qu'il s'agissait alors d'une autre vie. Quand ses seules préoccupations étaient de pouvoir trouver une place à la bibliothèque, ou d'être à l'heure en potions. Il laissa ses vêtements tomber sur le sol froid, comme si chaque morceau de tissu pesait une tonne. Celle de chaque mouvement de baguette qu'il avait dû infliger à autrui pour obtenir des réponses au cours de l'été. Il laissa l'eau couler sur son corps abimé par la fatigue et les combats. Par le manque de confort et la course contre le temps. Par les déplacements incessants. Il lava ses idées noires, ses semaines de solitude où il n'entendait que rarement le son de sa propre voix, l'absence de ceux qu'il chérissait et le manque de nouvelles de leur part.
Il resta ainsi quelques minutes, regardant la vapeur d'eau monter vers le plafond. Profitant du confort que lui offrait ce château pourtant si peu familier à ses élèves.

Il essuya le miroir pour regarder son reflet. Ses yeux plus sombres que jamais, ses traits tirés. Il enfila son pantalon et sortit de la salle de bain en finissant de mettre son t-shirt. Il avança enfin vers le lit de Novenka, guidé par la bonne odeur qui se dégageait des assiettes. Il les installa devant eux, aménageant une petite table pour qu'ils soient à leur aise. Il sourit légèrement à la belle brune avant de soulever le couvercle.

- Bon appétit Nova.