Our hearts were falling, now they are shattered.

Poudlard. Un simple mot qui lui donnait pourtant froid dans le dos. Depuis plusieurs jours elle en avait fait des cauchemars, appréhendant ce qu'il allait advenir de l'école de magie et ce qu'elle verrait à la rentrée de septembre. Allait-elle retrouver les murs comme ils l'étaient avant la bataille ? Sans doute pas. Des modifications seraient forcément effectuées. Pourtant, lorsque les calèches les avaient tous conduits jusqu'au château, Hope s'était rendue compte qu'il n'en était rien. Les personnes qui avaient travaillé sur ce chantier tout l'été s'étaient données bien du mal afin de redonner à la célèbre école de magie ses lettres de noblesse. Plus rien ne rappelait le désastre de la bataille du 25 juin 1997. Plus rien à part peut-être l'atmosphère triste et sombre qui régnait dans la Grande-Salle le soir du banquet de début d'année, l'absence d'Albus Dumbledore et de quelques autres professeurs... et puis surtout la disparition de plusieurs élèves. Dont Alycia McWood - et d'Aaron Powell, car l'un n'était plus dissociable de l'autre, tant leur mort avait été émouvante. Hope savait parfaitement qu'Alycia avait fait des choses horribles, qu'elle faisait partie des partisans et qu'elle avait aidé les forces du Seigneur des Ténèbres, celui-là même qui avait donné l'ordre d'exécuter Ranulf Westminbrook, son père, le soir de la Bataille.

Oh, sans doutes aurait-elle dû lui en vouloir - et en vérité, inconsciemment, elle lui en avait profondément voulu d'avoir choisi ce camp, et encore plus de ne lui avoir jamais rien dit sur ce qui se préparait. Mais plus encore elle lui en voulait de ne pas lui avoir permis de lui dire un dernier au revoir. La dernière fois qu'elle l'avait vue, c'était au matin du 25 juin, dans la salle commune. Elles s'étaient tout juste croisées, avaient échangé quelques mots. Et puis plus rien. Elle ne l'avait plus jamais revue. Alors, malgré toutes les choses qu'elle avait pu faire, Alycia avait été une très proche amie, et elle lui manquait atrocement. Ainsi, elle avait choisi de ne pas penser aux horreurs de la bataille, préférant se concentrer sur cette amitié perdue à jamais - après tout, à quoi servait-il d'en vouloir aux morts ? Et puis elle avait déjà bien du mal à oublier la mort de son père et celle de sa mère, ainsi que la mystérieuse disparition de Rowan. Il était alors inutile de rajouter encore plus de poids sur ses épaules. Alors elle avait décidé de penser à tout cela plus tard. Peut-être aussi avait-elle besoin de parler à quelqu'un, à une personne qui avait connu tout cela - qui était là, le soir de la bataille. Afin d'y voir plus clair.

La cérémonie d'hommage qui venait tout juste d'avoir lieu avait été des plus éprouvantes pour tout le monde, car cela avait une fois de plus ravivé de douloureux souvenirs. Les visages étaient tristes, les mines défaites... Gabrielle, Alycia, Aaron, Yvain, Gwen ou Cyril... tant de noms que personne n'entendrait plus. La douleur était bien visible sur les visages de chacun. Et puis Hope avait également pensé à ceux qui n'étaient pas présents pour d'autres raisons, comme Hestia - pauvre Hestia - qui se trouvait actuellement à Sainte Mangouste et qui y resterait sans doute plusieurs jours encore. Hope espérait de tout coeur qu'elle irait vite mieux et songea qu'il fallait absolument qu'elle lui écrive une missive, si toutefois elle était autorisée à recevoir du courrier - elle lui écrirait d'ici quelques heures. Pour le moment, Hope avait quelque chose d'autre à faire, quelque chose d'important mais qui, toutefois, lui remuait les tripes. Fort heureusement pour elle, Hope ne serait pas seule, car Charlie serait avec elle.

Charlie Grant. L'une des seules amies qu'il lui restait encore, et sur qui elle pouvait compter. Hope l'attendait alors, dans la salle commune de serpentard, assise dans l'un des fauteuils en velours vert sombre. Son regard se perdait au travers des vitraux qui donnaient directement sur le lac noir, tandis qu'elle attendait la jeune fille pour aller dans les dortoirs. Mais était-ce une bonne idée ? Hope n'aurait su le dire. Elles devaient aller trier les affaires d'Alycia, les regrouper... tout était sans doute resté en l'état, rien n'avait dû bouger depuis la dernière fois que la jeune fille avait rangé ses affaires. Tous ses effets personnels devaient être dans la malle de la jeune McWood. En fait, c'était très étrange, tout cela. Et cela lui donnait aussi un peu froid dans le dos, de prévoir ainsi d'aller mettre son nez dans les affaires de quelqu'un d'autre - cela ne lui ressemblait pas, mais il fallait le faire.

Our hearts were falling now they are shattered.

Elles n'étaient que peu nombreuses, les masses se déplaçant avec vivacité dans les couloirs, celles que l'on voyait auparavant se précipiter dans la Grande Salle afin d'y engloutir les plats minutieusement préparés par les elfes de maison. L'on avait l'impression que chaque personne souriante, resplendissante & amusée, demeurait dévisagée par les autres ; la joie n'avait pas sa place en cette funeste rentrée, et les visages étaient marqués par les nuits blanches et les corps par la maigreur des plats qui ne furent pas avalés.

La vérité était que Dumbledore était mort ; et Poudlard avec lui.

Elle laissait ses longs doigts vernies parcoururent les fissures des murs, comme si elles n'avaient jamais bougé. Rien n'avait changé, en apparence, pourtant, rien n'était pareil ; il y avait cette lourde ambiance, pesante & irritante, qui faisait que la salle commune des Serpentard lui parut tout d'abord étrangère. Charlie ne considérait plus vraiment Poudlard comme sa maison, parce qu'il y manquait des membres importants.

Essentiels.

Puis, dans la pénombre, elle y perçut Hope ; son prénom ne l'avait en rien épargnée du triste sort qui touchait encore tous les élèves de cette école de magie ; l'hommage de la Grande Salle fut étouffant.

Dans une allure contrôlée Charlie se déplaça jusqu'à son amie, qui se trouvait être confortablement installée dans l'un des fauteuil rembourré, alors que sa présence avait toujours suffi à apaiser n'importe quelle situation.
Hope, pleine de douceur et de bienveillance.
Hope, qui échoppa aussi d'un destin sinistre peu de temps après la bataille.

Et il était donc assez confus dans sa tête de choisir la bonne intention afin de la prévenir de son arrivée un peu tardive.

« Hope » la saluait-elle finalement, et sa voix était dorénavant assurée par la promesse d'un avenir brillant, distinct de ceux qui étaient ternis par un désespoir et une culpabilité qui les empêchaient tous d'aller de l'avant.

Elle lui avait promis. Et, Charlie avait toujours tenu ses promesses.

« On y va ? » reprit-elle, avec un sourire sincèrement encourageant ; ce n'était pas la peine de demander directement de ses nouvelles, car la réponse ne serait que mensonge & désillusion. Alors elle se souvint vaguement de l'appellation des sable & or reprise par Daphné à son encontre. « Effectivement, tu te ramollis dangereusement, fais attention » avait-elle pris le soin de lui faire remarquer à l'aide d'une écriture toujours aussi soignée. Elle n'avait pas tout-à-fait tord, maintenant qu'elle y repensait.

Suivie de près par la cadette Westminbrook, Charlie s'arrêta devant la porte des cinquième année ; et, un court instant, elle se souvint de la tranquillité qui avait régné dans la maison de Salazar, le temps d'une année. Elle regretta presque d'avoir grandi ; on l'avait obligée à le faire, d'une certaine manière.

« Tu es sûre ? » déclara-t-elle, d'un regard songeur, tandis que sa paume se posait sur l'épaule frêle de Hope.

Charlie ne regrettait pas vraiment la mort d'Alycia McWood; elle avait répandu son empire de manipulation à la manière qu'une vipère répand son venin dans vos veines ; la marionnettiste, un surnom bien faible face à la grandeur de ses actes, laissait une traînée de pantins derrière elle, et sa mort était davantage un soulagement pour Charlie. Mais elle savait aussi qu'elle était une amie proche de la brune à la douceur incomparable, alors elle faisait un effort.

Encore.

« Je veux dire ; on peut revenir demain, ou bien après-demain, peu importe. Il vaut mieux être prête pour ce genre de choses. » affirma-t-elle, car c'était comparable à une véritable corvée, pour elle ; une fois réalisée, elle n'en reparlerait pas, ce n'était qu'une simple obligation, sans réelle importance. De toutes façons, plus rien n'avait de réelle importance, après avoir échappé à la mort.

Hope attendait là, installée dans l'un des fauteuils de la salle commune de serpentard. Elle regardait au travers des grandes vitres, desquelles ont pouvait observer les habitants du lac noir. Elle tentait de faire le vide, de ne penser à rien, mais cela était plus facile à dire qu'à faire, tant ses pensées semblaient toujours s'orienter vers les mêmes choses. Sa famille - décimée -, son frère - absent - et sa vie - qui semblait s'effriter un peu plus chaque jour. Elle repensait également à la commémoration qui venait d'avoir lieu, il y avait de cela quelques minutes, dans le parc de l'école. Emouvante, touchante mais aussi atrocement douloureuse, la cérémonie d'hommage qui venait de se dérouler avait laissé à chacune des personnes présentes une mélancolie et une tristesse qu'il aurait été bien difficile de décrire.

Et c'est ainsi que, perdue dans ses pensées, plongée dans ses souvenirs, elle n'entendit même pas son amie arriver. Charlie Grant. La meilleure amie de Daphné, mais aussi et surtout l'épaule rassurante qui avait été présente tout l'été, qui s'était souciée d'elle. Hope sursauta légèrement en entendant sa voix prononcer son prénom, puis elle redressa rapidement la tête, souriant à son aînée autant qu'elle était capable de le faire - bien peu, donc, mais elle tentait cependant d'y mettre tout son coeur. « Oh, Charlie, je ne t'avais pas entendue arriver... ». Hope pouvait sentir l'espoir ressortir des paroles de Charlie, quelque chose de chaleureux et d'encourageant qui se dégageait d'elle. La jeune Westminbrook aurait tant aimé avoir cette force également, mais pour le moment ce n'était pas le cas.

« Oui, bien sûr, il nous faut y aller ». C'était l'heure. Et il ne servait absolument à rien de retarder indéfiniment l'échéance. Les affaires d'Alycia McWood devaient sans doute être toujours au même endroit, et il fallait absolument s'en occuper. Non pas que cela dérangerait quelqu'un de les laisser mais... il fallait le faire. Hope prit alors une grande inspiration. « Allons-y... », mumura-t-elle, plus pour se donner du courage qu'autre chose. Mais cela n'avait pas beaucoup d'effet, car elle pouvait presque sentir son teint pâlir à vue d'oeil. Encore une épreuve. Mais cette fois non plus, elle ne serait pas seule.

Mais toutefois, Charlie intervint bien vite. Posant sa main sur l'épaule de Hope, elle suggérait de reporter, de remettre les choses à plus tard, et la cinquième année lui sourit. « Tu es vraiment gentille, Charlie Grant », affirma-t-elle, sincère, du bout des lèvres. Oui, Hope aurait aimé reporter, mais elle savait également que cela ne reviendrait qu'à reculer pour mieux sauter par la suite. « Mais tu sais, je pense que je ne serai jamais prête à faire ça, de toutes façons. Alors je pense qu'il vaut mieux s'en occuper tout de suite ». Et c'est avec détermination qu'elle avança vers les escaliers qui conduisaient aux dortoirs de Serpentard. Hope posa le pied sur une marche, puis sur une deuxième et une troisième, pour enfin arriver devant la porte du dortoir des sixièmes années, celui qu'Alycia McWood aurait dû occuper. Elle se stoppa nette alors que la lourde porte de bois était close. « Cependant je... crois... que je préfèrerais que tu passes devant moi, si tu n'y vois pas d'inconvénient ? »

« Tu es vraiment gentille, Charlie Grant » la sincérité de la cadette Westminbrook était déconcertante, pourtant cette phrase eut le mérite de faire ressortir les prémisses d'un sourire de la part de Charlie, tant le choix d'adjectif était curieux. Attentionnée, soucieuse, prévoyante, peut-être, mais certainement pas gentille. « Je ne pense pas, Hope » répondit-elle alors, un simple murmure qui s'adressait davantage à sa propre personne, cependant. Délicatement, Charlie retira sa main de l'épaule recouverte de dentelles, laissant le soin à Hope de prendre sa décision. Elle ne la forcerait pas à revenir sur ses pas ni à monter les escaliers, mais Charlie savait que cette épreuve serait aussi désagréable pour Hope que pour elle. « Mais tu sais, je pense que je ne serai jamais prête à faire ça, de toutes façons. Alors je pense qu'il vaut mieux s'en occuper tout de suite » Sa voix était assurée, alors elle n'argumenta pas. « Je comprends » lui adressa-t-elle finalement dans un souffle, prouvant son soutien infaillible, et ce quelle qu'en fut la décision.

Suivant Hope de quelques marches d'écart, Charlie passait ses doigts fins sur les murs, comme pour s'assurer qu'ils ne céderaient pas sous leur passage. Vilaine manie. Elle n'y notait aucune différence, leurs emplacements étaient similaires à ceux précédent leur destruction. Evidemment. Mais elle n'était pas aussi confiante qu'elle ne le laissait paraître, et elle n'était pas à l'aise dans cet étroit escalier. Puis, elle arrêta lorsqu'elle se rendit compte de ce qu'elle faisait ; elles étaient arrivées devant la porte de bois massif, de toutes façons, et Charlie éprouva une sorte de soulagement intrigant. « Cependant je... crois... que je préfèrerais que tu passes devant moi, si tu n'y vois pas d'inconvénient ? » Elle demandait de l'aide, le cœur lourd, le corps immobile. Postée à ses côtés, Charlie se contenta d'hocher la tête et d'éviter le regard agité de Hope, puis elle saisit la poignée. Un grincement de porte accueilli leur arrivée, et le dortoir était vide, disposé de la même façon que tous les autres. Plongé dans la lumière aveuglante du soleil de septembre, la salle avait tout de même ce côté chaleureux que l'on ne pouvait retirer à Poudlard. Ils avaient déplacé les affaires des défunts dans leur valise, sûrement, en tout cas c'était ce qu'ils avaient fait pour Gabrielle & Yvain, dans celui des septième année. Alors elle tenta de déterminer celle de Alycia McWood ; quelque chose de sobre assurément, de noir à coup sûr, et d'impersonnel. Suintant l'obscurité. Elle tourna autour d'elle, puis tombait sur le regard désemparé de Hope qu'elle fuyait aussitôt. Finalement elle chercha un peu puis trouva la boîte à souvenirs de l'adolescente. Charlie s'en empara sans ménagements – elle pesait un peu, tout de même - et la posa sur un matelas qui n'était pas occupé.

Puis, un silence gênant s'installa dans la pièce, aucune des deux ne savait quoi faire – ou aucune ne voulait faire quoi que ce soit. Grant força alors un peu les choses ; elle posa sa main sur la malle dans la nette intention de l'ouvrir, mais s'arrêta rapidement. « Tu devrais l'ouvrir toi-même, je crois » lui dit-elle finalement, car elle avait su au moment ou elle avait déposé ses doigts insensibles sur le bout de la fermeture éclair que ce n'était pas à elle de faire ça. « Je peux te soutenir – mais je ne peux pas t'aider pour ça » sa voix demeurée posée & sa respiration détendue, et elle tentait d'encourager du mieux qu'elle le pouvait son amie. « Nous avons tout notre temps, ne te presse pas » Prends-le. Mais peut-être que Charlie mentait inconsciemment à Hope pour s'épargner égoïste qu'elle était – car elle doutait trop de la source de son indécision à ouvrir ce qui ne s'apparentait qu'à une vulgaire boîte à biens personnels – enfin, elle tentait de s'en persuader, car peut-être que c'était davantage parce qu'elle ne souhaitait pas s'introduire de cette façon dans la vie privée d'une femme qu'elle ne pouvait plus qu'admirer pour ses actes alors qu'elle n'avait jamais pu être sûre de ses ambitions, ni de ce qu'elle avait dans la tête, ni de l'image qu'elle souhaitait présenter au monde pour son existence.

Attendre ainsi devant la porte du dortoir des sixièmes années de Serpentard rendait Hope encore plus anxieuse qu'elle ne l'était d'habitude. Plus les secondes s'écoulaient et moins elle était certaine que cela soit une bonne idée, de s'occuper des affaires d'Alycia McWood. Mais quelque part, pour une étrange raison, Hope pensait sincèrement qu'elle devait le faire. « Pourquoi », ça, en revanche, elle n'aurait réellement su le dire. Peut-être avait-elle en vérité la volonté de comprendre, de recoller les morceaux, d'avoir une explication. Elle se trouvait bien naïve d'avoir ainsi été incapable d'observe ce qui, pourtant, se trouvait juste sous son nez. Alycia McWood avait fait partie des partisans ; elle avait choisi de suivre le Seigneur des Ténèbres, et Hope n'avait strictement rien vu. Pourtant, Alycia était si souvent avec elle... comment avait-elle pu être aussi aveugle ?

Qu'importe, à présent ? Hope soupira alors, soulagée que Charlie accepte de passer devant elle, d'entrer la première dans le dortoir. La cinquième année la suivit de près, gênée d'entrer ici sans y avoir été invitée par les occupantes du dortoir. Elle regarda tout autour d'elle, jusqu'à ce que son regard ne se pose sur ce qui aurait dû être le lit d'Alycia McWood. Le silence qui régnait à cet instant rendait l'atmosphère encore plus pesante, et Hope fut réellement soulagée lorsqu'elle s'aperçut que Charlie tentait de prendre les choses en main. Cette dernière s'approcha de la malle d'Alycia et entreprit de l'ouvrir... jusqu'à ce qu'elle ne s'arrête dans son élan. Et à ce moment là, Charlie suggéra qu'il serait plus judicieux que ce soit à Hope de l'ouvrir. « A moi ? », dit-elle dans un souffle. Elle sursauta presque et, tandis qu'elle était restée en retrait jusqu'à maintenant, Hope s'approcha à son tour de la malle. « Pour quelle raison pense-tu cela ? », demanda-t-elle d'une toute petite voix.

En vérité, Hope se doutait bien de la raison - ou du moins elle le pensait - ; elle savait pour quelle raison Charlie lui disait tout cela, et de ce fait, elle jugea bon de ne pas en parler plus que cela. « Je suppose que tu as raison, ce devrait être à moi de le faire, et non à toi. Par ailleurs, je te remercie d'être présente, Charlie. Cela compte beaucoup pour moi ». Hope lui sourit alors doucement, et elle s'approcha de ladite malle. Charlie lui assurait qu'elles avaient tout leur temps mais en vérité, Hope préférait ne pas laisser traîner les choses. A quoi bon, de toutes façons ? Il allait qu'elle s'en occupe, qu'elle ose l'ouvrir. Ce qui est fait n'est plus à faire.

Bien. Il était temps. Hope s'installa sur le sol, appuyée sur ses genoux, et elle posa à son tour les mains sur l'imposante malle qui se trouvait là. Le coeur battant indéniablement plus vite qu'il ne l'aurait dû, elle prit une profonde inspiration et posa ses doigts fins sur la serrure. Enfin, elle s'ouvrit, et Hope pu observer les affaires personnelles d'Alycia, celles qui étaient restées ici après la bataille. Hope resta alors silencieuse quelques instants, puis elle posa ses doigts sur les premières choses qu'elle trouvait, au hasard. Et c'est alors qu'elle remarqua quelque chose qui n'était pas normal. « Il n'y a pas ses vêtements ; quelqu'un a déjà dû fouiller sa malle ». C'était une évidence. Les sourcils froncés, elle réfléchi quelques instants, mais elle ne pourrait sans doute pas savoir qui cela pouvait être.

Hope la questionna sur la raison de sa pensée révélée, tentant de s'insinuer dans l'esprit de Charlie. Et c'était une chose qu'elle comprenait, après tout, mais qu'elle ne permettrait pas à la cadette Westminbrook. Ne serait-ce que la laisser percevoir l'ombre de ses motivations. Mais elle aussi était de ces personnes à ne pas vouloir – à ne pas pouvoir se contenter d'une simple affirmation tant qu'on ne lui donnait pas de raison valable, d'arguments lourds. Et, pourtant, face à la douce voix de Hope, elle hésita. Elle ne pouvait assurément pas lui dire qu'elle ne souhaitait pas rentrer dans l'intimité de Alycia McWood parce qu'elle ne voulait pas en apprendre davantage à son sujet et parce qu'elle doutait encore de la nature de la considération qu'elle lui offrait à présent. Et c'était bien la première fois que sa curiosité maladive n'altérait pas son jugement. Charlie n'avait jamais vraiment fait confiance à Alycia, car c'était une jeune femme imprévisible, et incomprise.

Mais elle doutait que fouiller dans ses affaires l'aiderait à comprendre ce personnage si singulier.

Le regard vague, elle fut tout de même soulagée de voir Hope changer de sujet – elle dut rapidement comprendre que Charlie n'était pas prête à lui donner une réponse concrète, et c'était mieux ainsi. « Je suppose que tu as raison, ce devrait être à moi de le faire, et non à toi. Par ailleurs, je te remercie d'être présente, Charlie. Cela compte beaucoup pour moi » étonnée, elle ancra son regard dans celui de son amie et lui rendit son sourire, mal à l'aise. Hope Westminbrook était définitivement beaucoup trop gentille pour elle. « Je t'en prie, c'est normal. » lui répondit-elle dans un amusement certain, s'extirpant finalement de la vue de la lourde malle, faisant quelques pas vers l'entrée tout en prenant soin de laisser à Hope son moment d'intimité. La couronnée d'or ressentit le léger choc des genoux de la brune contre le sol, et la serrure s'ouvrit. Au bout de quelques instants, soucieuse, elle ne put empêcher sa tête de pivoter dans sa direction et les yeux rivés sur la silhouette, elle ne comprit pas immédiatement pourquoi Hope s'était arrêtée.

« Il n'y a pas ses vêtements ; quelqu'un a déjà dû fouiller sa malle » les sourcils froncés, elle n'osa pas affirmer ses propos et resta sagement éloignée de la boîte. « Tu en es sûre ? » demanda-t-elle plus pour elle-même, inquiète. Hope était sûre, évidemment. On ne portait pas de telles accusations sans avoir de preuves concrètes. Mais de piquer les affaires d'une morte, demeurait vraiment culotté, il n'y avait pas d'autre mot. Charlie se mordit les lèvres, indécise. Était-ce vraiment si grave que cela ? Pour Westminbrook, certainement, mais Alycia McWood s'était faite tant d'ennemis lors de sa scolarité qu'il serait quasiment impossible de coincer le coupable, et ce serait pure calomnie de dire qu'elle ne le méritait pas un peu. Et, vraiment, Grant ne prendrait même pas la peine de le chercher, ce voleur. La défunte avait déjà probablement volé dans sa vie emplie de secrets, non ? Charlie haussa les épaules, puis éluda. « C'est certainement une fille de 6ème année ; je ne vois pas pourquoi un mec viendrait voler les vêtements d'une femme. » Pause, elle réfléchissait sans en avoir réellement envie. « Connais-tu les noms des 6ème année ? » A peine eut-elle posé la question qu'elle se rendit compte de sa stupidité ; elle connaissait les 6ème année, à la façon de l'emplacement de chaque salle de ce château vivant, et une en particulier lui vint à l'esprit, comme le venin d'un serpent venimeux parcourait vos veines à la moindre morsure. Et ce n'était pas tout-à-fait surprenant. « C'est elle, hein ? » siffla-t-elle, abasourdie par une telle nouvelle. Nullement étonnée, cependant ; ça ne faisait qu'enfoncer un peu plus les accusations qu'elle portait à Lilianor Zyskowski, la traîtresse des Serpentard.

« Je savais qu'elle était une traîtresse – mais une voleuse, c'est nouveau. » Un rictus mauvais s'échappa de ses lèvres, et elle planta son regard dans celui de Hope, qui s'adoucit presque immédiatement à sa vue. Charlie soupira. « Que veux-tu faire ? » offrit-elle finalement. Elle n'allait pas risquer d'avoir des ennuis en refaisant le portrait à l'autre blonde pour les affaires de Alycia, il en était hors de question. Aussi, elle préféra préciser sa question avant que Westminbrook ne se fasse de fausses idées. « Je veux dire, est-ce que tu veux les récupérer ? » Autant restée évasive quant aux méthodes qu'elle emploierait si Hope répondait par la positive.