Don't let me down. - feat. Anton Costello & Libre.

       

Le soleil s'était levé tôt mais, pour autant, n'avait pas percé à travers la couche nuageuse qui planait au dessus de l'Académie. Le ciel était brumeux et incertain. Tout comme leur plan pour cette journée. Anton ouvrit doucement les yeux, plus très sur de l'endroit où il se trouvait. Il parvint à faire la mise au point sur le bureau, la fenêtre et enfin, Novenka. Elle dormait encore profondément et lui, peinait à se réveiller. Depuis combien de temps n'avait pas dormi ainsi ? D'un sommeil profond et de plus de deux heures à la suite. Il faisait souvent le même rêve. Plongé au coeur d'une foret qui lui était inconnue, il cherchait quelque chose, sans savoir quoi. Ou peut-être quelqu'un, sans savoir qui ? Il tournait en rond pendant des heures sans jamais toucher au but. Son regard se posa sur son bras posé sur la corps délicat de la jeune femme. Il n'osa bouger, de peur de réveiller. Et elle semblait avoir tout autant besoin de sommeil que lui. Il fit un bref signe de la main à la colocataire de la Yougoslave et replongea sa tête sur l'oreiller, regardant la cage thoracique de Nova se soulever et s'abaisser paisiblement.

Quelques minutes plus tard, alors qu'Anton somnolait toujours, Novenka se réveilla et paru soudainement inquiète de la situation dans laquelle ils étaient. Lui, ne s'était jamais soucié de ce que quiconque pouvait penser de sa personne et de ce qu'il faisait au sein du château. Il sourit doucement à la jeune femme lorsque celle-ci tenta de se justifier. Il n'intervint pas, et la laissa filer dans la douche, le teint cramoisi.

Le grand brun se redressa finalement et passa la main dans ses cheveux puis sa barbe, plus épaisse qu'à l'habituée. Il s'assit au bord du lit et ramassa toutes les affaires qu'il avait laissé trainer. Il hésita à les mettre dans son sac mais les laissa finalement sur la table basse. Il y avait de fortes chances qu'il dorme de nouveau ici ce soir. Si cela ne plaisait pas à Elena, il lui prêtait volontiers sa chambre, vide, froide et désertée.

Novenka sortit finalement de la salle de bain alors qu'Anton finissait d'enfiler un t-shirt noir qu'il laissa reposer sur un jean sombre, usé à certains endroits. Assis au bout du lit, il faisait ses lacets. La belle brune alla chercher des vêtements dans sa commode, enroulée dans sa serviette, avant de laisser tomber le linge par terre pour se vêtir. Anton reporta son attention sur ses chaussures, par respect pour son amie. Sa famille lui avait toujours appris à respecter les codes de conduite, et le respect de l'intimité de l'autre faisait partie de ces règles. Anton releva la tête, vérifiant que la jeune femme était dans une tenue plus descente. Il ne pu s'empêcher de laisser son regard parcourir ses courbes gracile, sa peau pâle au grain fin. Cette femme était magnifique, nul de pouvait l'ignorer.

Elle finit finalement de s'habiller et ils partirent vers leur destination. Les geôles du château. L'atmosphère changea des que les grilles s'ouvrirent. Un vent frais, voir glacial à certains moments venait les saluer. Ils échangèrent un regard entendu et avancèrent vers les couloirs poisseux et sombres.

- Lumos.

Anton laissa sa baguette le guider. Il attendit que Novenka ramasse la sienne et passa devant elle. Il ne voulait pas lui laisser courir le moindre risque et la mettre à l'abris derrière lui semblait être le minimum envers elle. Le bruit de leur pas résonnait dans cet espace confiné et froid. A glacer le sang selon certains élèves. L'Abraxan lui, était plus décidé que jamais. Il voulait voir, voulait entendre. Il voulait savoir. Sa carte à la main, Anton s'arrêta, ils étaient face à une intersection. Les deux couloirs étaient identiques. La même odeur d'humidité et de moisi leur prenait les narines. Il se tourna vers son acolyte.

- Droite ou gauche ?

Le nez baissé sur la carte, son regard allait de l'allée de droite à celle de gauche, puis à Nova. Elle était déjà venue et savait mieux que lui qu'elle direction prendre. Il la suivrait sans poser la moindre question. Sans opposer le moindre jugement.  

Anton regarda Novenka le temps qu'elle se décide de la direction à emprunter. Il pouvait sentir les onces de panique s'infiltrer en elle. Il la voyait les combattre un peu plus et s'empêcher de se laisser embarquer dans cette peur que lui jugeait inutile. Ils n'avaient pas le choix. Leur liberté dépendait de l'épilogue de cette aventure souterraine.

Nova bifurqua finalement à gauche, la baguette tendue vers sa destination. Il suivit la jeune femme brune et ils s'enfoncèrent dans un couloir encore plus humide que le précédent. Plus sombre. Plus froid. Il entendait les murmures inquiets de la Yougoslave se répercuter sur les parois fraiche du corridor. Pourquoi parlait-elle ainsi ? Il lui avait promis qu'il ne lui arriverait rien. La dernière fois elle avait risqué sa vie. Mais cette fois-ci, Anton ne laisserait pas qui que ce soit la toucher. Ne serait-ce même que la frôler. Fantômes ou quelconque créature hantait ces geôles.

- Nova, tout va bien se passer. Sa voix se fit calme et plus douce.

Il faisait des efforts pour ne pas s'impatienter d'entendre son amie plonger dans le sentimental. Ils devaient rester concentrés sur leur but. Le bruit de leur pas changea soudain. Une nouvelle pièce se dessinait devant eux. A la faible lueur de leur baguette, Anton parvenait mal à discerner les reliefs qui se dressaient devant lui. Son amie émit un petit cri, signe que finalement, il commençaient peut-être à se diriger vers leur but. Il la sentit se rapprocher de lui mais resta droit, le regard vissé sur les escaliers qu'il commençait à percevoir. Novenka pris les devant, les présentant et établissant le motif de leur présence.

Rien.
Silence.

Anton avança à son tour et, devant le regard inquiet de la jeune femme, il pris les devant. Sa main droite caressant chaque pierre, tantôt poreuse tantôt lisse, pour le guider vers les dernières marches à descendre. Ils arrivèrent finalement vers un autre couloir.
Le regard interrogateur de Nova le fit douter un instant. Il ne voulait pas lui faire courir de risque mais, d'un autre côté, ils ne pouvaient rester dans la situation qui s'était installée à l'académie. Il s'arrêta un instant et laissa sa main trouver l'avant-bras de la belle brune.

- Si tu veux qu'on reparte, on repart.

Son regard si déterminé quelques secondes au paravant était à présent protecteur et plus chaleureux, vissé dans les pupilles claires de Novenka. La noirceur qui enveloppait peu à peu son âme depuis ces dernier mois lui avait laisser un instant de répit et il laissa l'ami prendre le dessus sur l'homme froid et insensible qu'il redevenait peu à peu.
C'était à présent à elle de décider. Il ne la forcerait à rien. Il serait là pour elle, peu importe son choix. Sans la juger. Même si au fond de lui, la curiosité de découvrir ce que le château renfermait en ses combles le titillait insatiablement.

       

Comment se faisait-il qu’un endroit tel que celui-ci, aussi peu fréquenté soit-il, mais dangereux à souhaits, soit si facilement accessible à n’importe quel membre du château. Anton laissa sa baguette scintillante courir sur les murs du couloir où il se trouvaient. Le bruit des gouttes d’humidité tombant sur la pierre froide semblait être un vieux disque raillé. Il regarda un instant où il mettait les pieds avant de sentir les doigts fins de Novenka se glisser entre les siens.

La pression de sa main dans la sienne lui rappelait du danger qu’ils couraient potentiellement. Et que, même si la Yougoslave avait failli risquer sa vie lors de sa dernière mésaventure ici, elle avait délibérément choisi de revenir pour l’aider à percer le mystère des donjons de l’Académie. C’était dire à quel point elle voulait passer outre sa peur. Il la regarda brièvement et continua d’avancer à ses côtés. Il continuèrent sur quelques mètres, leur avancée accompagnée d’un silence de mort.

Puis, sa comparse s’arrêta net. Comme foudroyée. Le regard dans le vide devant elle. Sa baguette au niveau de ses yeux, elle sondait le couloir qui s’étendait devant elle, comme à la recherche de quelque chose. Il l’entendait marmonner, de brefs phrases expirée à coup de peur et d’angoisse. Anton fit quelques pas en arrière pour revenir à ses côtés, ses yeux se posèrent sur les pupilles de Nova, dilatée par la crainte. Elle vint se blottir contre lui, tremblante.

- Nova... calme toi, il n’y a personne.

Finalement, elle se calma et repris son chemin. L’enfermement ne lui réussissait vraiment pas. Elle passait d’une humeur à l’autre comme on aurait claquer des doigts. Des réponses. C’est effectivement ce qu’il était venu chercher. Mais à voir son amie si perturbée, il se demandait si c’était une bonne idée qu’elle continue avec lui. La baguette pointée vers le couloir sombre, Anton suivit les pas de la jeune femme. Le bruit des gouttes devenait de plus en plus important et il pouvait sentir - au sens propre comme au figuré - l’humidité lui coller un peu plus à la peau à chaque pas. Il avancèrent encore quelques minutes, le seul bruit de leur respiration brisant le clapot de leurs chaussures dans les flaques. Bientôt, il passèrent devant un gouffre important, dont le fond était imperceptible. Y en avait-il réellement un ? Novenka le design comme le gouffre ayant failli l’avaler. Anton serra les dents et s’apprêta à avancer un peu plus quand la voix de la Yougoslave brisa à nouveau le silence.

Lui, n’entendait rien. Il s’approcha de son amie qui faisait de grands gestes à présent. Leur taux de discrétion s’envolant un peu plus. A présent, n’importe qu’elle créature se trouvant dans ces tunnels savait qu’ils étaient là. Et ce n’était pas forcément une bonne nouvelle. Anton posa sa main sur le bras de Novenka, pour la faire revenir avec lui.
Il n’entendait rien.
Ne voyait rien.

- Non... je n’entends rien.

Il croisa le regard paniqué de la belle brune et ses yeux se plissèrent. Derrière lui, il sentait un souffle frais venir lui frôler le dos. Ses sens se firent plus alertes. Un murmure vint sonner au creux de son oreille. « Ta famille n’est plus. Par ta faute. Toi comme responsable ». Anton regarda autour de lui, incapable de discerner la provenance des paroles. Devant lui, a quelques mètres, la silhouette floue de son père le toisait, les bras le long du corps. Le regard vide et froid.

- Papa...? Souffla Anton, faisant un pas vers l’avant. Il s’arrêta net lorsque la voix vint s’adresser à lui de nouveau. Et la silhouette s’était évaporée. « Tu es seul. Et tu vas échouer. Elle n’est pas celle que tu crois. » Le grand brun se retourna avec rapidité, sondant les alentours. Clairement, quelqu’un leur jouait un tour. Il se concentra sur le chemin devant eux et tenta d’ignorer les murmures, en vain. « Le monde te ment. Et tu ment à tout le monde. Même elle te trahira. »

Il se tourna vers Novenka et posa son regard dans le siens, tentant d’ignorer ces affirmations. Ne voulant réfléchir à la véracité de celles-ci. Il secoua légèrement la tête et vint s’accroupir non loin du bord du gouffre. Il agita sa baguette et une corde vint en sortir. Telle un serpent s'enfonçant dans la noirceur du gouffre. Une odeur nauséabonde vint le faire vaciller avant un dernier écho dans son esprit. «  Elle ne sera jamais tienne. Ses liens sont avec le mauvais mangemort. » . Il regarda Novenka brièvement, serra les dents et leva sa baguette. La corde ayant atteint le fond du trou.

- Je pense que c’est le seul chemin. dit-il doucement, sa baguette éclairant le bout de corde qui descendait dans les tréfonds d’un danger qu’ils commençaient à peine à soupçonner.

A son tour, Anton descendit le chemin guidé par la corde. Il se laissa glisser vers le paroi sur lequel Nova semblait s’être positionnée, quelques mètres plus bas. Ses chaussures frottaient les parois glissante dans un son rocailleux. L’humidité et la pénombre les avalait tout entiers. La voix ne l’avait laissé tranquille que quelques instants. Le temps qu’il se soit retrouver à mi-chemin entre son point de départ et son point de chute. La corde lui brûlait les mains et il ne voyait rien à un mètre devant lui.

Mais il entendait parfaitement.
Cette voix railleuse qui venait lui retourner l’esprit. Qui tentait de le détourner de sa route.
« MANGEMORT ! » criait-elle à présent. Tournoyant comme un vautour autour de sa proie, elle suivait l’Abraxan dans sa descente. Il serra les dents, tentant en vain de discerner quelqu’un, quelque chose, dans la pénombre. « Ton amie, hein ? Qui crois-tu berner ? ». Anton grogna subrepticement, ne voulant éveiller les inquiétudes déjà bien présente de la Yougoslave qui se tenait non loin de lui. Il fixa son regard sur la paroi rocheuse et y focalisa son attention, tentant d’ignorer les paroles assénées par la présence.

En vain.

« C’est le moment où jamais. Regarde la. Elle a besoin de toi. De tes bras autour de son corps délicat. » Plus que quelques mètres à franchir et ses semelles rencontreraient le sol, rejoignant la sécurité d’une plateforme peu chaleureuse au milieu de leur trajet vers la pénombre. « Ses doigts parcourant ton visage... de MANGEMORT ! Comment oses-tu ! ASSASSIN ! ». Son genou vint heurter la paroi rocheuse dans un bruit sourd. Il avait perdu son attention. Il inspira un grand coup.
Enfin, ses pieds entrèrent en contact avec la roche. Il fut déstabilisé l’espace d’un instant par un cri strident qui, il l’aurait juré, lui perçait les tympans. Il releva les yeux devant lui, où se trouvait son acolyte, enfin habitué à la luminosité.

Puis le choc. Il vit Novenka partir en arrière, tentant de se rattraper à la roche hostile, ses yeux bleus appelant silencieusement au secours. La main d'Anton serrant toujours la corde, il se pencha dans le vide à sa suite.

Le bras d’Anton vint s’enrouler in extremis autour de la taille de Novenka et il échappa un soupir de soulagement, la ramenant vers lui. Il bascula le poids de leur corps sur la plateforme et repris son souffle, court. La voix ricanait dans son dos. Mi-déçue de son coup, mi-satisfaite de leur proximité. Son bras était toujours enroulé dans le dos de la jeune femme, qu’il n’osait plus lâcher à présent.

Le silence fut bref. « Embrasse la ! Tu en meurs d’envie ! » La voix était pressante. A certain moment trop grave pour être féminine. Mais il ne bougea pas, scrutant par dessus l’épaule de Novenka le reste du gouffre qui s’ouvrait devant eux. Ils devaient y aller et n’avaient pas fait tout ce chemin pour rien. Il s’écarta lentement de Nova, sans rompre le contact, et posa son regard dans le sien.

- Ca va ? Lui avait-il soufflé. Il se doutait que sa réponse ne serait pas positive, mais il voulait s’assurer qu’elle était toujours décidée à continuer leur périple, a prendre de tels risques pour enfin parvenir à avancer de leurs recherches. Il ne ferait rien sans avoir eu confirmation que la Yougoslave le suivrait.
Il n’avancerait pas sans elle.

Son regard azur, bercé de larmes, croisa celui d’Anton. Il savait que sa question n’avait aucun sens, mais il devait briser le silence de la mort qui planait au-dessus d’eux comme un nuage trop bas dans le ciel. Les larmes colères sur ses joues fraiches. Il passa son pouce là où la goutte avait fait son chemin, tentant d’éradiquer la peine qu’il lui avait causé.
Qu’il lui causait.
Puis, elle vint s’amarre à son cou, comme un navire perdu dans la tempête. Il lâcha la corde qu’il serrait toujours, avec tant de vigueur que ses jointures en blanchissaient. Sa seconde main vint se poser sur le bras de la belle brune. Son front contre le sien, il pouvait entendre sa respiration, brève et saccadée. Lui aussi peinait à faire face à ce qu’il venait de se passer. Mais il ne le montrerait pas. On n’expose pas ses faiblesses. Jamais.
La main de la Yougoslave dans sa nuque laissait derrière elle une légère trainée de décharges électriques. L’émotion ici était palpable. La peur. L’angoisse. La mort...

La voix s’était tut. Celle de Nova se fit entendre. Ils devaient continuer.
Il la laissa s’éloigner de lui, presque à contre-coeur. Incapable de dire quoi que ce soit. Il serra les dents et laissa son regard l’accompagner alors qu’elle reprenait le chemin. Il fit de nouveau scintiller sa baguette et la tendit devant lui, paré à toute éventualité. Derrière elle, Anton observa Novenka vaciller légèrement, se rapprochant de la paroi par moment. Sans cesser de progresser vers leur destination, qui leur demeurait inconnue.

Devant eux, se dressait une pièce circulaire dont chaque entrée était barrée par une grille. Infranchissables. Sauf une. Il sembla à l’Abraxan que le passage y avait été forcé. Un trou de taille suffisante pour laisser passer un adulte perçait la grille. Il jeta un coup d’oeil à Novenka avant d’analyser la situation. Le seul passage possible était celui-ci.

Trop évident.

Il laissa son esprit sonder la pièce se perdant en théories et autres possibles issues. Et à nouveau, le contact de la Yougoslave. Ses yeux brillaient d’une lueur qui lui était inconnue. Il la laissa parcourir son dos des ses doigts fins et délicats avant qu’ils ne finissent leur course dans le cou du grand brun, s’attardant sur la ligne de sa mâchoire serrée. Il inspira et cala son bras dans le dos de Novenka.

Perdus. Deux âmes déboussolées se cherchant. Sans pour autant se trouver. Son regard sombre observa la Yougoslave se mordre la lèvre, ses pupilles vissées dans les siennes. La voix ricana derrière lui alors qu’il sentait le souffle chaud de l’étudiante sur ses lèvres, à quelques millimètres seulement de leur voisines. Il releva le nez et Novenka s’éloigna, un sourire en coin.
Ce n’était pas la Novenka qu’il connaissait et, n’entendant plus la présence autour de lui, les choses se mirent en place. Il avança rapidement, s’enfonçant vers le chemin qu’ils auraient dû éviter. A tous prix. Mais il ne pouvait pas la laisser ainsi. Et l’appeler ne servirait à rien.
Il accéléra le pas et rejoignit la belle brune dans un nouveau couloir, celui-ci faiblement éclairé par quelques torches qui s’allumaient sur leur passage.

- Nova, attends-moi.

Il lui saisit la main et la força à se tourner vers lui. Il passa sa main dans ses cheveux fins et éloigna une mèche de son visage. Proche du sien.

La voix ricana de nouveau.

Anton se pencha vers le visage de la belle brune, ses lèvres effleurant presque les siennes. Il les laissa divaguer jusqu’au creux de son cou, près de son oreille.

- Je ne joue pas à ton petit jeu. Sors d’ici. glissa t-il d’une voix grave et posée. S’adressant à l’ombre qui avait pris possession de son alliée. Il recula son visage pour faire face à celui de Novenka, scrutant un changement dans son attitude. Dans ce regard si bleu. Une main posée dans son cou tandis que l’autre la retenait toujours par la main.
Il se tut, ne disant un mot de plus, la laissant revenir vers lui. Il espérait que la présence la libérerait, quitte à ce qu’elle vienne le déranger lui.

Pourvu qu’il la laisse en paix.
Elle avait assez souffert.

La paroi de pierre vint heurter le dos d’Anton avec une force insoupçonnée pour un aussi petit gabarit que Novenka. Elle souriait, maîtresse auto-proclamée de la situation. Mais ses yeux disaient tout autre chose. Ils ne souriaient pas, il toisaient juste, simple outils d’un spectateur réduit au silence. Nova...
Une voix presque d’outre-tombe se fit entendre de ses lèvres délicates. Une menace. Un avertissement. Puis un rire aux allures démoniaques.

« Je sais que tu m'as toujours voulue. »

Il serra les dents, conscient que la présence jouait avec lui. L’Abraxan n’avait jamais considéré Novenka que comme son amie. Pendant l’enfermement, elle était devenait son allié, celle qui possédait le savoir dont il avait besoin pour progresser dans sa quête. Elle était belle à l’intérieur comme à l'extérieur et il voulait la protéger. La préserver. Son regard croisa à nouveau le sien alors que les mains baladeuses de la jeune femme continuaient leur chemin sur le corps deux grand brun. Délicates. Lui, impatient.

Elle l’embrassa. Timide mais chaleureuse. Délicate mais vigoureuse. Un geste presque déplacé dans un tel contexte. Dans un tel lieu.

C’était trop.

Il allait se débarrasser de ce contact devenu gênant lorsque sa comparse décida de planter ses ongles dans sa chair. Lui mordant la lèvre dans un souvenir douloureux de ce qui n’aurait pas dû arriver. Anton porta sa main à sa bouche, un goût métallique sur les lèvres. Sur ses doigts, des perles d’un rouge sombre brillaient légèrement à la lumière toujours vacillante des torches. Il regarda devant lui, suivant le ricanement intempestif de leur bourreau. Ses pas résonnèrent contre la paroi luisante d’une eau probablement croupie par la roche poreuse.

Au sol, il trouva le pull de la Yougoslave, jeté sans vergogne au milieu de ce corridor qui s’enfonçait toujours plus loin sous l’Académie. Mais aucun signe de Novenka. Juste ce rire. La voix ne s’adressait plus à lui, elle était trop occupée à tourmenter la belle brune.
Et puis, il entendit sa voix.

Frêle, incertaine, perdue.

Il n’entendit pas la conversation qu’elle avait engagé avec la voix. Juste quelques mots, marmonnés au loin, presque étouffés. Il se dirigea vers elle, sans se précipité, toujours méfiant de ce que pouvait décider d’entreprendre la possédée.
Sa voix se fit plus forte, l’appelant non loin de là. Etait-ce encore un jeu ? Une manière de le faire tomber un peu plus loin dans l’extravagance de la situation ?

Il la trouva recroquevillée contre un mur, des larmes luisant encore sur ses joues rougies. Il la sonda du regard, histoire de tenter de percevoir si Novenka était toujours prisonnière et si tout ceci n’était qu’un acte.
Il s’approcha lentement d’elle et vint déposer une main sur son bras, gelé. Le regard suppliant. Il ne dit rien, lui tendant son pull pour qu’elle l’enfile rapidement. Il l’observa alors que la lumière des torches dansait sur son visage creusé par la peur et l’angoisse. Différente de ce qu’éprouvait la présence.
Il s’approcha doucement d’elle et vint l’envelopper de ses bras, posant son menton sur ses cheveux légèrement ébouriffés. Il ne savait quoi dire ? Demander si ça allait ? Toujours pas une solution envisageable. Ils avançaient dans un dédale de mystère, allant au devant des problèmes. Mais ils passaient les étapes. Repoussant toujours un eu plus leurs limites, plus loin. Ils resteraient plus marqués de ce qui arriverait. Mais pour le moment l’objectif était plus loin dans les geôles du château. Rien ne servait de penser à l’après.

Anton serra les dents. Ne sachant quoi dire, il préféra rester silencieux.