Ceci sera l'histoire de votre personnage. Origines familiales, enfance, scolarité, soyez le plus précis possible ! Conseil aux nouveaux joueurs : une histoire très travaillée donnera un personnage plus intéressant pour les autres joueurs, mais aussi pour vous ! Réfléchissez-y bien.
Son reflet dans le miroir était une inconnue, un visage qui ne lui était pas familier depuis longtemps, avant même que son âge n'atteigne les deux chiffres, et elle devait admettre que même si elle s'était habitué, la sensation de brûlure qui lui remplissait le thorax à chaque fois qu'elle posait les yeux sur la surface réfléchissante lui coupait le souffle. Son estomac se nouait dès qu'elle voyait un morceau de verre teinté, et son regard n'osait pas se lever lorsqu'elle entrait dans une salle d'eau. Ça avait été le premier symptôme apparent, le premier problème qui ne pouvait pas être ignoré comme les autres. Mais qui voudrait réellement admettre que leur fillette, qui n'avait même pas encore franchi les portes de l'adolescence, souffrait de dépression anxieuse chronique, en plus . Comment expliquer cela aux autres, à la famille, aux amis, à l'entourage ? Les Selwyn n'étaient pas des faibles, n'étaient pas fragiles, n'étaient pas malade dans la tête. Mais il était clair que repousser le problème n'allait plus le faire partir, par lorsque l'enfant ne pouvait même plus se voir dans un reflet sans se mettre à hurler et à pleurer, incapable de comprendre pourquoi quelqu'un, de l'autre côté du miroir, la suivait partout où elle allait, à la maison comme à l'école, dans les rues de la ville, chez les membres de sa famille, et personne n'était en mesure de la convaincre que c'était -elle-, que c'était son image, son reflet. Comment pouvait-elle s'associer à cette personne ? Son cerveau ne pouvait pas faire le lien, ne pouvait pas raisonner de manière à accepter cette vérité. La pression énorme et la quantité de stresse que le symptôme produisit était phénoménal chez la pauvre enfant, et il fut bientôt clair qu'elle n'était plus capable de continuer ainsi, plus capable de vivre par elle-même sans l'aide de spécialiste. Mais l'image était importante, et ses parents ne pouvaient se permettre de ternir leur réputation. Mais même avec tous leurs efforts, les spécialistes à l'extérieur du pays furent inaptes à leur fournir une explication, un remède.
Son enfance n'avait pas été une terrible épreuve, mais la vision des choses qu'elle en avait n'était pas des plus positives. Elle n'était pas maltraitée, ni ignorée, du moins pas totalement. Pas comme on aurait pu croire en voyant son état, pas comment on aurait pu en déduire en jaugeant de sa mentalité. Elle était une enfant brillante, talentueuse. Terriblement brillante, malheureusement. Ce n'était pas difficile de comprendre que même si on lui caressait la tête gentiment, on n'attendait rien d'elle. On ne la voyait pas comme un élément clé de la famille, on n'attendait rien de son intelligence, on ne la poussait pas à l'utiliser, à la développer. On la laissait s'amuser, on la laissait sortir, on la laissait oublier ses devoirs et ses études de temps en temps. Elle était tout de même une sang-pur, une Selwyn, mais tant qu'elle était meilleure que les autres, on ne cherchait rien d'elle. Alors que son petit frère... l'hériter. Le descendant, le futur de la famille. Elle voyait ses parents s'inquiéter, se fâcher, l'encadrer, le pousser encore et toujours plus. Beaucoup aurait été soulagé de ne pas subir la même chose, mais nous pouvons imaginer que son cerveau avait déjà une certaine sensibilité que les autres enfants n'avaient pas, et que sa vision des choses ne pouvait corréler avec la réalité normale de quelqu'un de son âge. Elle se sentait abandonnée, négligée. Elle ne se sentait pas importante, pas voulue. Les terreurs nocturnes qui découlèrent de cet état constant d'insécurité et d'incertitude n'aidèrent certes pas son cas, et elle fut alors catégorisée comme faible.
Elle n'avait pas encore 10 ans lorsqu'elle cessa, sans réellement s'en rendre compte, de faire attention à elle. Elle oubliait de manger, oubliait de se laver, oubliait de se brosser les cheveux. Elle ne prenait pas soins d'elle parce qu'elle n'en ressentait plus le besoin, ne comprenait plus pourquoi c'était nécessaire, n'avait plus réellement la conscience d'elle-même. Et c'est à ce moment que ses parents comprirent que le problème n'allait pas partir, mais grandir. Son père s'éloigna d'autant plus d'elle, l'ignorant ou la regardant avec un dédain qui lui fit mal. Il se moquait de son apparence, commentant sans cesse ses faux pas et ses erreurs, et l'attention, même si désirée, n'aidait certainement pas ses dépressions chroniques. C'est probablement dans cette courte période de sa vie qu'elle se rapprocha le plus de son petit frère. Loin de suivre l'exemple de son père, ce dernier commençait probablement à comprendre qu'elle surmontait continuellement les épreuves que son propre cerveau lui imposait, et à chaque fois qu'elle était sur le point de céder face au mépris de son père, il la ramenait à la réalité, lui brossait parfois les cheveux. Ils ne parlaient pas beaucoup, peu de points communs à l'époque, probablement, mais c'était plus que ce que n'importe qui faisait pour elle. Bien sûr, les domestiques s'assuraient toujours qu'elle mange même si elle se dissociait de la sensation que la faim lui procurait, et sa mère la forçait toujours dans le bain lorsqu'elle oubliait, mais ce n'était pas la même chose. Il n'avait pas besoin de faire cela, n'était pas obligé, et pourtant, il le faisait. C'était suffisant pour lui permettre de se recentrer, et c'était ce dont elle avait besoin.
C'était sa première année à Poudlard que tout chavira. Tout allait bien à l'école, elle avait réapprit à prendre soins d'elle, ne serait-ce que part obligation. Elle avait été envoyée à Serdaigle, à son plus grand bonheur, et elle s'entendait exceptionnellement bien avec les jeunes filles qui occupaient le dortoir avec elle. Elles discutaient à tous les soirs, de tout et de rien, et elle se sentait enfin normale. Elle n'avait pas besoin de se soucier de décevoir quelqu'un, parce que non seulement personne n'était au courant de sa maladie, mais en plus, elle était particulièrement bien intégrée, les autres jeunes sorciers la supportant et la poussant à faire mieux, comme elle l'avait toujours désiré, comme elle en avait toujours eut besoin pour se sentir appréciée. Elle avait échangé des lettres avec ses parents, et malgré leur froideur, elle n'avait pas décelé de mauvaises ondes. Son frère avait semblé un peu plus inquiet, un peu plus alerte, mais elle avait simplement cru que c'était parce qu'elle était loin de la maison, et qu'il avait peur qu'elle ne soit pas bien. Mais elle comprit rapidement lorsque vint le temps des fêtes, et qu'elle fit son retour à la maison pour les célébrations. Jamais elle n'avait été traitée ainsi. Les mots étaient dit d'un ton doucereux, les insultes camouflées sous de beaux mots, mais les termes disgraces et déception étaient encore plus douloureux que toutes les injures existantes. Tout ça pour quoi ? Pour une maison. Il n'était pas suffisant qu'elle soit brillante, qu'elle soit en haut de toutes ses classes, qu'elle paraissait bien et que ses professeurs étaient impressionnés. Elle n'était pas une Serpentard, elle n'était pas une verte et argent, elle n'était pas des leurs. Son coeur battait à tout rompre, la peur, la terreur était si forte qu'elle ne pouvait plus respirer. Un froid glacial semblait s'être installé dans ses poumons, dans et autours, et bientôt, la sensation d'étouffement se fit plus extrême. Dans sa panique, elle ne réalisa pas qu'elle manquait littéralement d'air, que son thorax ne se soulevait plus. Elle ne voyait rien, ne sentait rien d'autre que ses poumons de feu et de glace, vides, durs, impossibles à remplir. Elle ne réalisait pas que, devant les yeux effarés et terrorisés de sa famille, elle commençait à enfoncer ses ongles dans sa gorge, le long de ses clavicules, au centre de son thorax, désespérée de sentir l'air passer, de respirer, respirer, respirer.
C'était son premier voyage en urgence à Ste-Mangouste, et malheureusement pas le dernier. Même si ce genre de grosse crise était rare, très rare, il n'était pas rare pour elle d'agir inconsciemment, de s'auto-détruire. C'était pendant les vacances scolaires de sa première année qu'on réalisa que c'était plus mental que physique, et que le chemin de la guérison était loin d'être facile. Le syndrome de Cotard, disait-on. Une maladie horrible, dérivée de l'hypocondrie, qui faisait littéralement halluciner la pauvre victime. On avait décelé assez facilement que ses poumons étaient visés. Les terreurs nocturnes, l'anxiété, le reflet dans le miroir, tout ça n'étaient que des signes précurseurs à quelque chose de bien plus terrible. Mais elle réapprenait à vivre, parce que s'il y avait bien une chose qu'on lui accordait, c'était qu'elle était raisonnable, logique et particulièrement vive d'esprit. Elle apprenait donc à se contrôler, à enchaîner ses émotions et ses doutes pour éviter à son esprit de sombrer dans ce qui pouvait entraîner une crise quelconque. À l'école, c'était plus facile. Il était bien plus facile pour elle d'ignorer les problèmes lorsqu'elle avait des millions d'autre chose à songer. Mais c'était aussi bien plus difficile de trouver de l'aide, puisque personne ne pouvait être mis au courant. Ses parents avaient été bien clairs à ce sujet, il était primordial pour elle de se taire, de ne dire mot, si elle ne voulait pas qu'ils la retirent de l'école et ce, pour de bon. C'était ces mots qu'elle tournait et retournait dans sa tête lorsque cela devenait plus difficile, lorsque ses cauchemars la faisaient s'éveiller en sueur et en pleurs. Elle eut de la chance, par contre, parce que rien n'était arrivé suite à sa première crise de folie. À sa seconde année, Arseni la rejoignait à Poudlard, sur les bancs des Serpentards si chéris aux yeux de son père. Elle ne pouvait s'empêcher d'être particulièrement heureuse pour lui, sachant qu'il n'aurait pas à subir les mêmes commentaires que son père ne cessait de lui siffler à l'oreille à chaque occasion.
Ce n'est pas avant les examens de la seconde année que la panique reprit. La sensation était différente, son estomac étrangement creux, et sa gorge bizarrement serrée. Elle savait que ça n'allait pas, mais elle était en classe, et sa tête lui tournait, et elle ne pouvait rien dire. Elle ne pouvait pas demander de l'aide sans attirer l'attention, elle ne pouvait pas parler de son malaise, elle devait simplement s'asseoir et attendre, laisser passer sans parler. Et elle pouvait presque le sentir, cette incapacité à parler. Elle passait ses mains sur son cou le plus discrètement possible, massant les tendons crispés, gardant une respiration calme et régulière. Elle n'ouvrit pas la bouche jusqu'à rejoindre sa chambre, s'enfermant dans la salle de bain et se laissant tomber sur le sol, haletante. Elle ne pouvait plus émettre un son, littéralement. Elle palpait sa gorge frénétiquement, essayant tant bien que mal de parler, gémir, crier, mais elle ne pouvait même plus sentir ses cordes vocales. Elle paniqua, ses yeux fous parcourant désespérément la pièce, cherchant une solution à son malaise. Elle pensait, croyait réellement que d'une façon ou d'une autre, ses cordes vocales avaient disparues, étaient absentes de son corps. Elle n'était pas stupide pourtant, et la partie logique de son esprit tentait de la raisonner, mais la panique l'emportait, et elle passa les heures suivantes à sangloter dans la salle de bain, les lumières closes, le tout dans un silence seulement brisé par sa respiration hachée.
Avec le temps, elle s'était habituée. L'état intermédiaire, qu'elle appelait, était plus fréquent mais bien moins dangereux que les crises extrêmes. Bien sûr, elle ne pouvait pas articuler un mot durant celle-ci, mais c'était un moindre mal, si on faisait la comparaison. Elle avait essayé plusieurs techniques; la douleur parvenait plus souvent qu'autrement à la ramener, mais les fines cicatrices sur ses bras et ses cuisses devenaient gênantes, et plus difficiles à cacher. Le froid intense était un réel tueur, terminant ses crises intermédiaires de manière immédiate, mais provoquant automatiquement son état extrême, ce qui faisait de cette idée un problème plus qu'une solution. Mais malgré tout, elle arrivait à garder une vie plus ou moins normale, ponctuée de bas et de hauts. Elle terminait toujours ses cours avec de très hauts scores, et passait ses étés à étudier et à faire ses devoirs, des recherches, à visiter les librairies et les bibliothèques magiques pour en savoir encore et toujours plus, buvant les connaissances comme on boit un remède. Faire travailler son cerveau la maintenant à flot, et lorsqu'elle n'y arrivait plus, lorsque les symptômes s'aggravaient, elle revenait toujours vers la maison, vers son frère, sans insister et sans s'imposer, ne voulant tout de même pas devenir un fardeau pour lui. Personne n'était au courant, aucun professeur, aucun élève, et c'était ce qui était attendu d'elle, maintenir l'apparence parfaite de la famille et ne pas attirer la honte. En vieillissant elle était devenue ce que certains appelaient une beauté, et bien que son reflet dans le miroir était toujours un visage grotesque qui lui renvoyait une horreur de ce qu'elle aurait pu être, elle avait prit soin d'être capable de répondre aux attentes, d'offrir visuellement ce que l'on attendait d'elle. C'était comme un spectacle continue, un costume qu'elle enfilait jour après jour pour ne laisser paraître que ce qu'elle avait besoin de montrer.
Poudlard fut une grande étape de sa vie, mais elle parvint à passer au travers plutôt facilement, tout compte fait. Lorsque fut le temps pour elle de poursuivre ses études, elle fit face à un mur. Un très large, très haut mur. Malgré tout ses connaissances, malgré toutes les possibilités qu'elle pouvait avoir, elle ne savait que faire. Elle ne savait pas ce qu'elle devait étudier, ce qu'elle voulait étudier. Et ses parents, toujours pour aider, la laissait aller sans vraiment l'encadrer, sans poser de questions. Elle était libre, bien sûr, mais tellement libre qu'elle ne savait plus que faire de cette liberté. Après un été à ne savoir que faire, à s'affairer sans but, à errer dans le manoir comme un fantôme, elle fit ses valises. Ses parents ne pipèrent mots, et c'est avec une lettre pour son frère qu'elle prit un portoloin pour la France. Elle s'était trouvé des correspondants aux quatre coins du monde, et après une planification vague de quelques jours et des vêtements lancés de manière hasardeuse dans un coffre, elle était sur son chemin. Sans doute était-ce une mauvaise idée, de quitter le confort et la sécurité dans son état, mais c'était sans doute ce dont elle avait besoin pour passer à une nouvelle étape dans sa vie. Du renouveau, avant de décider de ce que serait son futur, sa vie, et elle prit cela très au sérieux. Tout du moins, pendant un moment.
Oh bien sûr elle ne perdit pas une miette du savoir qu'elle amassa dans ses expériences, dans ses recherches, et elle ne put qu'assouvir sa soif infinie de connaissance dans les livres et les écrits de tous ces pays qu'elle visita. Son séjour le plus long fut en Asie, dont la culture si différente et la magie si raffinée attira son attention et sa pratique. Elle apprit la magie comme on apprend l'art, testant et pratiquant de nouvelles techniques jusqu'à ce qu'elle trouve la sienne, sa propre magie, ses propres forces. Elle apprit les potions comme elle ne les avait jamais vu, à un point où elle n'avait qu'une étape à faire avant d'être apte à créer ses propres potions. Un talent, probablement, mais aussi un grand savoir des techniques, une connaissance plutôt unique des ingrédients, et c'est probablement ce pourquoi sa passion s'enroula lentement mais sûrement autours de cette matière qui ne l'avait pourtant pas tant charmée lors de ses études. Après un court retour à la maison après l'Asie du sud, c'est les grands maîtres de la Russie qui menèrent ses pas jusqu'à ce pays extraordinaire. Et cette fois, ce n'était pas seule qu'elle partit. Pour les vacances scolaires, avant sa dernière année d'étude, Arseni fit le voyage avec elle. Elle sentait que l'expérience les rapprochait, même si la distance entre eux semblait parfois infranchissable. Si elle n'était pas partit, seraient-ils plus proches ? Plus ouverts l'un à l'autre ? Elle n'était pas une personne de regrets, mais quelque fois le doute la taraudait, et elle n'aimait pas cette impression, ce sentiment qu'elle abandonnait son frère pour profiter de sa liberté. Mais jamais il ne la confronta à ce sujet, et elle pouvait parfois croire qu'il ne lui reprochait pas cette folle envie de s'éloigner de la famille, cette famille qui était pour elle un poison.
Avec le retour d'Arseni à Poudlard, elle repartit de bon pas, mais cette fois pour échapper à la noirceur qui s'accrochait à tous les toits de Londres, à l'ambiance étouffante du mal. Elle pouvait le sentir, et la crainte la fit partir sans plus attendre. Elle savait l'allégeance de ses parents, elle comprenait l'éducation d'Arseni, mais elle ne pouvait empêcher son coeur de se fendre, alors qu'il suivait les directives d'un homme foncièrement mauvais comme un aveugle. Elle comprenait beaucoup de chose, mais la compréhension et l'acceptance ne vont pas toujours de pair. Elle ne pouvait être qu'en désaccord, et comme elle était d'un total désintérêt pour la cause, elle fut facilement ignorée, et son opinion ne valait rien pour eux. Elle n'était qu'une femme, de toute façon, elle n'était pas l'héritier, elle n'était pas forte, elle n'était que cette chose fragile et déséquilibrée. Mais son retour fut tout de même obligatoire, et c'est une lettre de ses parents qui la fit revenir de toute urgence, le coeur dans la gorge et l'estomac en feu. On lui annonçait ses propres fiançailles avec le fils d'un mangemort, une jeune homme fort arrogant qui ne lui avait jamais plu, et qui faisait courir des frissons d'horreur le long de son échine à chaque fois que son nom était prononcé dans une conversation. On lui disait d'être bonne, d'être sage, on lui disait que c'était son devoir. Qu'elle avait été demandée en dû et bonne forme, que son père avait accepté sans l'once d'une hésitation. Que c'était ça, son futur, son destin. Et bien qu'elle était tout à fait incapable de l'accepter, le choix lui était retiré, et elle ne pouvait rien dire, rien faire. S'asseoir et accepter. Se taire. La crise intermédiaire que provoqua son retour et cette annonce dura plusieurs jours, l'empêchant de parler et d'émettre la moindre protestation, comme si son corps avait décidé qu'il valait mieux se taire que protester.
La bataille de Poudlard avait été une délivrance. Elle pleurait les morts, elle aussi, et elle avait accourue dès que les plus grandes batailles s'étaient éteintes, aidant les blessés, portant secours et offrant son assistance aux médicomages ne savaient plus où donner de la tête. Elle se tuait de l'intérieur en parcourant des yeux chaque mourant, chaque cadavre, chaque blessé, à la recherche des membres de sa famille qu'elle savait présents sur les lieux. Elle ne disait rien par contre, sachant très bien que les Selwyn n'étaient pas particulièrement reconnus pour être du côté de la lumière, mais elle n'était pas sa famille, et la marque n'ornait pas son bras, et elle n'avait jamais participé à une attaque. Elle n'était qu'une femme faible, et personne n'avait tenté de la mettre sur un champs de bataille, ce qui était très bien pour elle. Elle ne pouvait être plus soulagée lorsqu'elle retrouva finalement son frère, le seul qui lui importait vraiment. Son fiancé avait disparu sans laisser de trace, ce qui lui enlevait un poids terrible des épaules, et la guerre était terminée, du moins pour le moment. Le plus gros était fait. Le plus dangereux. Elle se sentait étrangement libérée d'un fardeau qui pourtant ne lui avait jamais semblé être le sien.
Sa décision de continuer ses études ne fut pas immédiate. Un long moment fut alloué pour se remettre, pour les trop nombreux procès, pour les accusations et les regards, mais toute la famille fut déclarée innocente, au final, et bien qu'elle savait pertinemment que les Selwyn n'avait rien d'innocent, elle ne pouvait qu'en être soulagée. Son frère et elle pourraient continuer à vivre, grandir dans un environnement moins sombre, continuer leurs études, se remettre de tous ces mauvais choix et ces erreurs stupides. Elle savait bien que cela prendrait du temps, et que les valeurs inculquées auraient du mal à être changées, mais elle avait espoir. Et c'est dans cet espoir qu'elle reprit une certaine ambition, qu'elle vit les portes de son futur s'ouvrir, maintenant qu'elle était libre pour de bon. Libre de son futur, celui qu'elle ne croyait plus avoir, celui qu'elle voyait autrefois noir comme la nuit, mais qui lui semblait maintenant resplendissant avec toutes les possibilités s'offrant à elle. Rien n'était totalement réglé; elle était toujours malade, anxieuse et possédée par ses peurs et ses doutes. Elle était toujours faible, et elle était toujours aux prises avec d'énormes problèmes. Elle avait toujours un frère aveuglé par quelque chose qui embrumait son cerveau, bien qu'elle se refusait à mettre un mot dessus, et elle était toujours à part de sa famille, toujours recluse. Mais elle refusait de continuer à se cacher et à fuir.
Et même si son reflet dans le miroir recommençait à lui dire qu'elle en était incapable, elle le ferait taire.
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