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 L'hypothèse du bout de cerveau manquant

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MessageSujet: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyLun 12 Sep 2016 - 23:01

Je dépose la tasse devant moi et, distrait, je ne réalise pas que je viens de la poser sur mes feuilles et qu'elle laissera un cercle brun tout à fait disgracieux sur mon manuscrit. Mes doigts appuient sur les touches de ma machine à écrire dans un fracas satisfaisant alors que les phrases se suivent les unes les autres dans un regain d'inspiration dont j'ai l'intention de profiter. Une fille plutôt mignonne vient me proposer un réchaud de café et je lui offre un sourire timide avant de lui tendre ma tasse (remarquant au passage le fameux cerne) afin qu'elle la remplisse. Je crois qu'elle me trouve un peu bizarre de venir dans un bar pour commander du café, mais il est bon, leur café, et moi, j'ai besoin de bruit pour pouvoir écrire. Un bruit ambiant, un bruit indistinct, un fond de musique qui superpose un flot de paroles inintelligibles parsemé de quelques rires et d'éclats de ponctuation. Un endroit où y a de la vie, mais qui me sollicite pas.

Et tous les endroits ne sont pas comme ça. J'essaie le Morrigan's depuis quelques jours déjà, afin de voir s'il peut remplir le contrat. Jusqu'à maintenant, les soirs où y a du monde, c'est agréable d'environ 18h à 22h. Après ça devient vraiment bruyant et l'ambiance n'est plus propice. Là, à à peine 20h passées, c'est parfait. Le Parker's demeure mon endroit préféré. J'y ai passé plusieurs après-midi, mais c'est en matinée qu'il est le plus agréable. J'aime voir ces gens pressés qui passent sur leur pause café et qui, le temps d'une dizaine de minutes, font un pas hors de leur vie stressante pour entrer dans l'univers apaisant du salon de thé. Leurs rires sont agréables à l'oreille.

Tous les endroits extérieurs sont moins propices pour moi. Trop de belles choses à voir. Trop de nature, trop de monuments, trop de petits animaux qui passent en sautillant... Je me perds vite dans la contemplation des paysages, alors c'est pas efficace.

Tout un art, le set-up de travail. Apprendre à connaître nos meilleures conditions d'efficacité et s'obliger à les mettre en place pour forcer un rendement supérieur. Telle luminosité est plus profitable. Telle musique attire trop mon attention, telle autre n'est pas bonne pour mon humeur... Parfois j'ai l'impression de passer plus de temps à créer les conditions optimales pour écrire qu'à écrire effectivement.

Mais pas en ce moment. Ces jours-ci, je veux dire. Pendant plusieurs semaines ça a été très difficile pour moi, parce que je ne savais pas ce qu'il adviendrait de moi. Le Ministère de la Magie, qui avait accepté d'endosser mon projet d'écriture via l'Initiative pour la Concorde qui, elle, sponsorisait ma présence à Avalon, a décidé de revenir au Secret, comme ils disent. Ça a été très dur à vivre pour moi. D'abord, j'ai cru que j'allais moi aussi y passer et qu'une partie de ma mémoire allait être effacée. Ça n'a pas été le cas, car le Ministère a accepté de continuer de financer la rédaction de mon livre, pour des raisons politiques. Ils m'ont expliqué qu'ils voulaient que les sorciers soient mieux vus par les sans-magie et que mon livre était un pas dans la bonne direction, pour les prochaines décennies. Mais après, j'ai regretté de ne pas y être passé moi aussi. Garder le secret envers tous les gens que je connais (ma mère, notamment), ne pas pouvoir partager toutes ces découvertes avec le monde entier alors qu'au départ c'était ce pourquoi j'étais ici et c'était ce qui m'enthousiasmait autant, ça a été un véritable deuil. Moi qui me sentait déjà seul dans la communauté magique, voila que je me sentais maintenant aussi très seul vis-à-vis les gens comme moi, les sans-magie, qui n'étaient d'ailleurs plus tout à fait comme moi depuis qu'un bout de leur cerveau s'était évaporé dans la nature, le bout qui contenait la véritable raison de ma présence ici. Il m'arrivait de me demander si cette magie qui pouvait effacer la mémoire de milliards de personnes avait effectivement retranché un bout du cerveau de mes congénères. Cela les rendait-ils plus légers?

Mais une fois tous les détails réglés et une fois que j'ai été légalement admis à Avalon en tant que moldu au courant de l'existence de la magie, mon inspiration a fini par revenir, graduellement. Le jeu de la mise en place des conditions optimale a recommencé, d'abord comme une forme d'évitement, ensuite comme un défi, puis comme une nécessité. Et j'ai repris l'écriture. Mon histoire est plus sombre qu'elle ne l'était au départ. Plus profonde aussi. Peut-être qu'à mon arrivée ici je ne voyais que le beau dans la magie. Peut-être qu'après tout ce qui s'est passé je réalise qu'elle a ses sombres côtés aussi. Et que la vie des sorciers n'est pas que vol sur balais et plumes qui lévitent.
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Clemens Neubach
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MessageSujet: Re: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyMer 14 Sep 2016 - 17:35

Lorsqu’il avait postulé comme serveur au Parker’s, il était un détail de taille que Clemens avait oublié de prendre en compte ; les soirées de libre. Elles n’étaient d’ordinaire pas nombreuses lorsqu’on travaillait dans ce domaine, c’était probablement pour ça que cela lui avait échappé. Pourtant, cela ne réduisait pas leur importance. En un an passé à Haveirson, l’étudiant avait perdu le compte des heures qu’il avait passé dans le salon de thé, installé derrière un cappuccino, passionné par une conversation captivante. Isolde, Anna, Amaranthe, tous les autres qui n’avaient été qu’une rencontre rapide, une image floue dans un souvenir consacré à quelqu’un d’autre. Mais à présent, ce refuge était devenu son lieu de travail. Tout avait changé. Même ça.

Esseulé dans son appartement vide, l’Allemand était parti en quête d’un peu de compagnie, ses pas l’amenant par réflexe devant le Parker’s avant de s’en détourner. Il lui fallait trouver un autre repère, un endroit qui conviendrait mieux à l’homme qu’il était à présent. Alors, sans trop savoir pourquoi, et surtout, à défaut d’autres alternatives qui ne l’obligeait pas à quitter la côte galloise, Clemens avait poussé la porte du Morrigan’s Perch. Le bar avait un côté attirant, une convivialité et une animation qui lui rappelait le Cloud Atlas des vendredis, juste avant que le groupe de jazz n’entame son set. Il n’y était pourtant jamais entré auparavant, comme si l’étudiant qu’il était cherchait ainsi à se détacher de son héritage familial, à se différencier de ses parents. A être quelqu’un d’autre.

Involontairement, il sentit un sourire ironique étirer ses lèvres alors qu’il détaillait la salle du regard. Sa destination importait peu, depuis deux mois, il se heurtait toujours à la même conclusion ; il s’était menti, avait fait des erreurs et avait été puni pour elles. Toujours plus avait-il la certitude qu’il n’existait pour lui qu’une seule et unique destinée, celle que Anton avait tracé pour lui des années plus tôt en immigrant en Angleterre. Il reprendrait ainsi le Cloud dans quelques années,  aurait des enfants d’une femme encore anonyme, vivrait vieux et longtemps dans une routine placide. Clemens n’avait pas rêvé de cette vie-là, mais peut-être les rêves ne savaient ils pas vraiment ce qu’un homme attendait de sa vie.

Il s’approcha du bar et commanda une simple bière, avant de s’appuyer contre le comptoir en bois et de prendre la première gorgée du breuvage amer. L’Allemand – tout paradoxal que ce fut-ce – n’aimait pas tellement la bière, tout comme il ne savait pas vraiment de ce qu’il attendait de sa sortie au Morrigan. Probablement un peu de compagnie, après ces mois passés à veiller sur la demeure de Rowan, à espérer le retour de Hope ou un contact de Isolde. Encore un autre paradoxe, pour le Serdaigle qu’il était au coeur, lui qui avait passé une adolescence superficielle et sans jamais se plaindre d’être une âme solitaire.

Au moins pouvait-il avoir le réconfort de n’être pas la seule à Avalon. A quelques pas de lui, un homme semblait partagé entre sa machine à écrire et sa tasse de café, faisant irrémédiablement tâche dans l’atmosphère enthousiasme du Morrigan, où l’on sentait déjà pousser les germes d’une soirée arrosée. Clemens l’observa pendant quelques minutes, curieux de ce qu’il écrivait sans oser néanmoins demander, sentant son besoin de savoir peu à peu dominer sa tendance à la morosité. On voyait rarement les sorciers utiliser une machine à écrire ; la plume à papote convenant tellement mieux à la fainéantise caractéristique de la race humaine – sur ce point au moins, ne pouvait-on différencier sorciers et moldus.

« C’est un drôle d’endroit pour écrire, qui plus est à la machine. »

Sa voix s’inscrit naturellement parmi les accents bon enfant du bar, mais son regard était vrillé sur l’écrivain, ne faisant aucun doute que c’était à lui qu’il s’adressait. Le jeune homme ne s’approcha pas, cependant, comprenant sans peine que même assis au milieu d’un bar, l’inconnu pouvait vouloir passer sa soirée en tête-à-tête avec ses mots.

« Pardonnez-moi l’intrusion, mais je vous avoue que je suis venu ici sans but, mais ma curiosité vient de m’en donnez-un. Vous écrivez un roman ? »


Il en avait vu quelques uns, des romanciers, s’installer au Cloud Atlas pour rédiger quelques chapitres. Son propre père avait, après tout, l’habitude de consigner ses journées dans un carnet qu’il lui avait promis de lui léguer un jour. La plupart d’entre eux cherchaient néanmoins le calme, et un café de qualité qui ne requérait pas de quitter les yeux du papier pour être produit. Le Morrigan’s Perch ne s’inscrivait pas dans cette image, et c’était assez pour que Clemens ne puisse se tenir à l’écart.
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MessageSujet: Re: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyVen 23 Sep 2016 - 3:38

J'approche de la fin du chapitre. Mes doigts écrasent les touches dans un rythme soutenu et encore une fois, la frustration que me cause le délais entre ma pensée et ma vitesse de dactylographie m'envahit. Je préfère encore la dactylographie à l'écriture manuelle, même si je trouve que celle-ci a suffisamment de charme pour que j'aie rempli plusieurs cahiers d'idées et de bouts d'histoires sur mon roman, mais parfois, je me surprends à rêver que mes pensées puissent tout simplement se traduire en mots sur une page sans que j'aie à lever le petit doigt. Je m'arrête un instant pour boire une gorgée de café et je grimace ; il est trop chaud. Ah, oui, elle vient à peine de le remplir. Normal. Je dépose ma tasse et je  tourne la roulette pour extirper ma feuille, avant d'en insérer une autre autour du cylindre.

C'est là que dans le brouhaha assourdissant et reposant, une voix se détache des autres. Les mots qui s'empilent sur ceux du fond s'alignent pour former une phrase qui, sans nul doute, s'adresse à moi ; je suis bien le seul ici à écrire à la machine. Je lève automatiquement la tête afin de localiser la source du son et mon regard tombe sur un jeune homme au visage avenant et amical. Il est brun, porte une légère barbe et ses sourcils plutôt épais accentuent un regard qui, ainsi posé directement sur moi, me fait légèrement perdre mes moyens. Écrire me demande une concentration particulière et quand je suis dans un élan d'inspiration, il se forme autour de moi une bulle à l'étanchéité certaine. Mais il s'est adressé à moi entre deux pages et maintenant qu'il a ses yeux dans les miens, le contact ne peut plus être évité. La bulle est percée. Et j'avoue que ce n'est pas pour me déplaire. Après tout, si je voulais vraiment être seul, j'écrirais dans ma chambre au Moonlight. Mon coeur bat tout de même plus vite ; je suis toujours intimidé par les nouvelles rencontres et il y a quelque chose dans son attitude - peut-être dans sa nonchalance? - qui m'intimide encore davantage.

Sans savoir quoi faire ou quoi répondre, donc, je lui souris juste.

Il ne bouge pas, mais continue, me demandant si c'est un roman que j'écris.

- Euh... Oui, oui c'est... ça, un roman...
Je m'éclaircis la gorge, cherchant dans ma tasse de café un peu de contenance. J'en ai trop bu aujourd'hui. J'ai les mains qui tremblent. Ou alors c'est la nervosité?

Je repose la tasse sans même y avoir bu et je relève les yeux vers lui, inspirant profondément. Je passe une main dans mes cheveux et j'esquisse un sourire nerveux en essayant de ne pas céder à cette envie de me traiter intérieurement de tous les noms. Mon psy me l'a souvent dit, ça sert à rien de m'acharner contre moi-même. Mettre davantage d'énergie à me botter les fesses qu'à me taper sur la tête. Changement de mouvement, changement de direction. Et je suis écrivain, bordel, je suis tout de même capable de faire des phrases complètes.

- Ce n'est pas un endroit si étrange pour écrire... j'aime bien l'ambiance.
Je regarde autour de moi en souriant toujours. Quand toutes les voix se mélangent elles forment une espèce de trame de fond aux notes joyeuses et enthousiastes, animée d'éclats de rire et de chansons grivoises. C'est... plaisant. Et j'y vois toutes sortes de sorciers et de sorcières venus d'un peu partout, c'est inspirant aussi pour... eh bien pour le roman que j'écris effectivement !

Mon visage se retourne vers le sien et je souris à nouveau, d'un sourire nerveux, avec cet air de gamin désolé que j'affiche tout le temps quand j'ai l'impression de dire des bêtises. Je ne veux pas qu'il croit que je le contredis, ou que... Enfin, il disait sans doute que c'était un drôle d'endroit juste pour entamer la conversation, c'est pas qu'il voulait vraiment savoir ce que je pensais de l'endroit, si? Je me dépêche d'ajouter quelque chose, juste pour être certain qu'on se comprend bien.

- Enfin c'est vrai qu'à cette heure-ci ça devient de moins en moins propice...


Bon, et je rougis.
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Clemens Neubach
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MessageSujet: Re: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyVen 7 Oct 2016 - 21:40

Face à l'hésitation de son interlocuteur, Clemens ressentit une sorte de gêne. Il n'avait jamais eu de problèmes pour aborder les inconnus ; se jetant dans la gueule du loup avec assurance et l'arrogance de ne pas être rejeté. Pour une raison étrange, ses souvenirs volèrent vers le premier cours de médicomagie, cette fameuse leçon sur les brûlures où ils avaient été deux à se brûler les ailes. Il avait souvent regretté l'attitude avec laquelle il s'était présenté à Quinlan, le jeu dangereux dans lequel il avait poussé le médicomage, plus fragile qu'il n'avait jamais voulu l'admettre. D'une certaine manière, il devait avoir joué un rôle dans son suicide. Automatiquement, comme un mécanisme de défense, une autre question se jeta entre lui et l’inconnu, réduisant en cendres son instant d'introspection dévastatrice.

Pourtant, il était une situation qu'il n'avait jamais su trop gérer ; c'était la gêne d'autrui. En un tour de main, avec une blague ou un comportement dédaigneux, il avait su réagir à ceux qui voulaient le nier. A ceux qui, impressionnés, étaient flattés que le fameux Neubach vienne leur adresser la parole. Ou encore, à ceux, malheureusement plus rares que les deux premiers, ne pensaient simplement rien de la situation et se contentaient de le traiter lui comme le plus banal des adolescents. Ces situations étaient habituelles, normales, conventionnelles. Mais comment devait-on traiter celui qui, comme l'écrivain devant lui, semblait à la fois se réjouir et se désespérer de l'interaction sociale ? L'Allemand fit l'effort de ne pas se départir de son sourire, de garder ses yeux bleus fixés dans ceux de son vis-à-vis. Et il attendit.

« Je… vois. »

Le problème, quand on n'était pas artiste, c'était cette incapacité pathologique à imaginer quelles situations pouvaient se révéler propice à l'exercice de l'art. Clemens se sentait parfaitement à son aise dans l'atmosphère du Morrigan ; d'abord parce qu'il avait grandi dans un bar londonien, ensuite parce qu'il s'était réalisé, un temps, en tant que sportif de haut niveau. Son essence, c'était de se laisser porter par les cris, la foule et les exultations ; mais de tout cela, jamais n'avait-il créé quelque chose – à l'exception de côtes cassées.

L'écrivain semblait cependant s'être ouvert, enfin. Ses épaules s'étaient écartées, son regard avait balayé la foule, un sourire confiant était venu éclairer son visage. La pression céda un peu chez l'Allemand, rassuré quant à son droit d'avoir donné la direction à sa curiosité pour engager cette conversation. Enfin, jusqu'à ce que l'autre rougisse, et que lui-même ne doive retenir un rire. Alors, sans demander l'autorisation, ni de poser n'importe quel geste préalable, il s'installa de l'autre côté de la machine à écrire, accompagné de sa boisson.

« Non, en vrai, je ne vois rien. Enfin, je n'en sais rien. J'ai grandi dans un bar, et je n'ai jamais été très studieux, ni très artistique, donc je n'y connais rien d'autres que les stéréotypes en matière d'écriture. Mais comme mon entourage essaie désespérément de me mettre à la lecture, j'essaie vraiment de comprendre tout… ça. »


Clemens accompagna son dernier mot d'un geste parabolique de la main, englobant tant le Morrigan's Perch que l'écrivain et sa machine. Il sourit à nouveau, pour adoucir la possibilité que son interlocuteur ne voie comme une attaque son manque de finesse littéraire. L'ancien étudiant n'était peut-être guère studieux, mais il avait toujours été irrémédiablement curieux et avide de connaissances.

« Clemens Neubach, je suis serveur au Parker's Coffee. »

Et il tendit une main accueillante. Généreuse.
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MessageSujet: Re: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyVen 21 Oct 2016 - 2:39

Mon nouvel interlocuteur ne me lâche pas du regard et moi, les joues rougies par la gêne et l'embarras, je n'ose pas lever les yeux vers lui. J'esquisse un sourire un peu contrit en me demandant si je dois ajouter quelque chose ou s'il a vraiment compris ce que je voulais dire. Et veut-il poursuivre la conversation ou lui ai-je ôté l'envie d'approfondir ? Heureusement, un mouvement de sa part me tire de mes questionnements. En fait, il vient carrément me rejoindre à ma table, emportant son verre, son sourire et son assurance avec lui. J'ai peut-être piqué sa curiosité finalement ? Ou alors il a juste besoin d'un peu de compagnie? Il prend place en face alors que rapidement je fais de la place, empilant mes feuilles en prenant soin de numéroter la dernière et rangeant le tout dans mon satchel. Je range également ma machine à écrire dans l'étui de plastique fourni avec et soudainement ne se retrouve plus aucune frontière entre nous. Je n'ai plus d'autre choix que de lui offrir toute mon attention, ce que je fais avec plaisir, en fin de compte. J'admire la fluidité avec laquelle il s'exprime et sa capacité à rapidement nouer le contact avec moi ; je me sens tout de suite plus à l'aise maintenant qu'il me fait part du fait qu'il a un peu de mal à saisir ce que je veux dire. C'est bizarre parce que j'aurais normalement été du genre à me taper sur la tête pour avoir parlé d'une manière incompréhensible, mais sa sincérité me fait du bien. Je me sens bien plus à l'aise devant son intérêt, sa curiosité et sa sincère naïveté que devant le semblant de compréhension d'il y a quelques instants.

Avant que je rétorque, il me tend une main chaude et assumée que je serre de la mienne, moite mais non moins sûre. Je trouve qu'il a un très joli nom et pendant que je me présente à mon tour, une part de mon esprit s'affaire déjà à lui imaginer toute une vie, colligeant les minces informations que je possède déjà et les plaçant savamment aux côtés de l'origine étrangère que je lui soupçonne.

- Eh bien je tenterai au mieux d'éclairer votre lanterne si tel est votre désir ! Jude Whitmore, je suis... Eh bien je suis écrivain, fais-je en souriant devant l'évidence. Je ne vous ai jamais vu au Parker's et pourtant j'y vais plutôt souvent, nous n'avons pas dû nous croiser !  Parce que si je l'avais croisé, je l'aurais remarqué je pense. Vous connaissez peut-être Isolde Mayer ?

La jeune femme est très certainement non seulement la serveuse que je préfère dans ce café, mais aussi l'une des personnes les plus sympathiques que j'ai rencontrées depuis mon arrivée à Avalon. Je ne peux tout simplement pas oublier la partie de Quidditch dont elle m'a fait la démonstration avec des ustensiles et des salières... Y repenser me fait sourire, sourire qui est quelque peu voilé par la pensée que j'ai alors pour Quinlan, mon premier allier rencontré ici à Avalon. Aussitôt qu'elle est remontée à ma conscience, je repousse cette pensée jusqu'au tréfonds de mon être. Pas le moment de repenser aux circonstances de son absence.

L'heure avançant, je profite d'un passage de la serveuse pour lui commander une "Vivet doré" et laisser tomber le café pour la soirée. J'ai essayé cette bière artisanale l'autre jour et comme je l'ai aimée, j'ose pas en essayer d'autre. Ça viendra sans doute, mais pour le moment, j'ai envie d'opter pour une valeur sûre... Garder le contrôle là où je peux l'avoir dans une situation qui comprend beaucoup d'inconnu : une tactique qui a souvent prouvé ses bienfaits !
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MessageSujet: Re: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyVen 21 Oct 2016 - 22:23

Clemens observa d'un œil intéressé l'écrivain rassembler ses écrits, presque un peu peiné que son intrusion ait mis fin à une forme de ferveur créatrice. Il n'était en effet pas compliqué de remarquer que l'homme avait été productif, ou du moins, ses réflexions l'avaient poussé assez loin pour qu'il occupe une partie raisonnable de la table. Suffisamment, pour que, au fil des heures, personne n'ait apparemment eu l'envie de le déranger. Pourtant, au-delà de sa gêne, sa curiosité grandissait toujours, et il ne put s'empêcher de laisser ses yeux bleus et pétillants sauter de page en page, sur le rouleau de la machine à écrire, saisissant quelques mots au passage. Il ne s'en cacha pas, comme il ne se cachait de rien quand il était lui-même. Si son vis-à-vis désapprouvait son intérêt, il pourrait ainsi honnêtement le lui signaler, sinon… Sinon peut-être se sentirait-il plus à l'aise de savoir qu'il avait face à lui un véritable intéressé.

Et au bout de son geste, une main vint à sa rencontre, différente, mais néanmoins toute aussi sincère. Cette rencontre le troubla plus qu'il n'aurait pu s'en douter, et il perdit deux secondes à visiblement reprendre contenance. Depuis plus d'un an, Clemens n'avait pas fait de rencontre si simple ; les nouveaux étudiants, les nouveaux professeurs, tous avaient eu une sorte d'aura d'étrangeté et de danger. Il ne savait pas si c'était dû au contexte – Haveirson était forcément un endroit peu approprié aux rencontres légères – mais les circonstances avaient toujours été troublantes. Pendant ces deux secondes, plusieurs visages lui revinrent en mémoire, des débuts d'amitié perdus de vue ; Jade et Anna, rencontrées lors d'un combat de boue qui avait viré au drame, ses retrouvailles avec Rowan dans la pénombre de leurs confidences, Megan, dans une salle qui les retenait prisonniers… Et Quinlan, Quinlan encore, dans le ring d'un cours de médicomagie, puis d'une nuit endiablée, terrifiante, passionnante et passionnée.

L'Allemand se rattrapa avec un sourire ; décidément, une conversation simple et honnête, autour d'une bière, était peut-être tout ce dont il avait eu besoin depuis tous ces mois. Il reçut avec un hochement de tête les paroles de Jude, réalisant que selon le taux de confiance qu'il décidait de lui accorder, la discussion pourrait rapidement devenir épineuse.

« Oui, je la connais. Elle est comme une sœur pour moi, et une des raisons qui m'ont fait débarquer au Parker's, d'ailleurs. » Il fit une courte-pause, un léger rire faisant frémir ses lèvres. Le salon de thé n'était pas l'endroit qu'il aurait le plus spontanément choisi pour aller boire un verre, si ça n'avait été pour la présence d'Isolde. Le Morrigan lui correspondait beaucoup mieux, en termes d'ambiance. « J'y passais à l'occasion, avant d'y travailler, mais j'y ai été embauché il y a quelques jours seulement. »

Peut-être aussi s'étaient-ils croisés sans qu'ils ne le remarquent. Ces derniers mois, Clemens ne s'était rendus au Parker's que pour des raisons bien précises, et jamais, comme ce soir, dans le but un peu désabusé de passer quelques heures en compagnie d'anonymes – qui se révélaient, par ailleurs, ne plus être complètement anonymes. Il n'était même pas sur qu'il aurait remarqué un écrivain et sa machine à écrire, alors.

« Si ça ne vous fait rien d'expliquer votre métier à un novice tel que moi, alors je suis curieux, oui. Je n'ai jamais lu que… ben pour étudier, en fait. Et ça ne me pose pas de problèmes, loin de là, mais ça me semble bien loin de ce que produit un écrivain. La seule forme d'art, si on peut la considérer comme telle, avec laquelle j'ai un peu d'affinité, c'est la danse. Mais on est loin du compte. »


L'Allemand afficha un sourire un peu contrit ; il dansait plus par amour des moments ainsi passés avec son père, puis pour le plaisir de se défouler à un loisir qui n'exigeait pas autant de son corps que ne l'avait fait le Quidditch. Il porta son verre à ses lèvres, sans jamais quitter des yeux l'écrivain de plus de quelques secondes, juste assez pour ne pas donner l'impression de le fixer d'un air affamé. Mais c'était un air travaillé, car ce soir, il avait soif de nouvelles connaissances.
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MessageSujet: Re: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyDim 23 Oct 2016 - 8:59

Comme une soeur ! La proximité qui lie mon interlocuteur et la serveuse au Parker's que j'ai fini par considérer comme une amie me surprend et me fait encore une fois réaliser à quel point c'est un petit monde que celui dans lequel nous vivons. Je me dis non sans sourire intérieurement que ce n'était donc qu'une question de temps avant que je rencontre ce Clemens Neubach ; le hasard a peut-être simplement juste devancé l'inévitable. Mes sourcils se sont probablement un peu levés d'étonnement quand il a évoqué son lien avec la pétillante jeune femme mais je ne relève pas, me laissant emporter par ses mots et hochant la tête quand il m'indique qu'il n'a commencé à travailler au café que quelques jours auparavant. Ceci explique cela.

N'ayant encore que ma tasse de café devant moi, je tripote l'anse, je caresse la céramique polie. J'essaie d'occuper mes doigts, d'occuper mes mains alors que son regard bleu ne me lâche pas une seconde, me donnant cette impression de pied du mur qui m'intimide plus que je ne saurais le dire ou même le conscientiser, et me décontenançant davantage que ne le font les nouvelles rencontres en général, ce qui n'est pas peu dire. Mes yeux à moi ont du mal à soutenir son regard mais ne se gênent pas pour l'observer à la dérobée. Des mains qui gesticulent de manière assumée même dans leurs plus petits gestes, des épaules qui, tenues en arrière, donnent une impression d'ouverture à un corps bien dessiné, et ce sourire discret qui glisse sur ses lèvres de temps à autre. Un sourire qui, au final, s'exprime presque davantage par son regard que par sa bouche.

Il y a un petit trou ici, tout au dessus de l'anse de ma tasse. Une bulle d'air probablement. Elle a éclaté, elle a séché, elle a créé cette anfractuosité qui occupe mes ongles, qui occupe le bout de mes doigts et qui permet à mon regard de se reposer quelque part. C'est le puis d'arrêt, c'est l'endroit où je peux me réfugier entre deux sourires, entre deux croisements de regards, entre deux moments où ce sentiment d'intrusion me traverse et m'habite et où l'étonnement du bien-être qu'il me procure me décontenance encore trop.

Heureusement, Clemens m'emmène sur une terre connue. Mon métier, bien que source de multiples tracas et remises en question, n'en demeure pas moins ma passion. La fin de sa requête me fait cependant souffler un petit rire par le nez, alors que je baisse la tête avant de relever mon regard vers le sien.

- La danse ! fais-je avec une joie non feinte, surpris d'entendre que c'est avec cet art qu'il a le plus d'affinités et amusé par les images qui se mettent à défiler alors dans ma tête. Je crains malheureusement de ne pas avoir ce talent, en ce qui me concerne... Mais l'écriture, j'avoue...

...Et c'est là que la serveuse nous interrompt le temps de poser ma commande devant moi. Je la remercie en lui souriant d'un air légèrement pénitent. C'est presque comme si je m'excusais à elle de l'avoir dérangée dans son service. N'importe quoi. Je recentre mon attention sur Clemens.

- ... L'écriture, dis-je, n'est pas si éloignée de la danse que ça. On y retrouve le même laisser-aller, mais aussi le même côté technique. Il y a des gens qui dansent uniquement pour se laisser aller mais qui le font bien parce qu'ils ont ça dans le sang. C'est brut, mais c'est beau. Et il y a les autres qui passent leur vie à apprendre comment danser, à comprendre la technique qu'il y a derrière, et qui finissent par tellement la posséder qu'un jour ils peuvent juste lâcher prise et se laisser porter par elle. J'imagine que c'est un peu là que tous les artistes rêvent d'aller. Moi... J'essaie juste de créer des personnages que je trouve intéressants et crédibles et de les poser dans un univers qui les met au défi.

Et aussitôt que mon discours se rapproche de moi, de mon art, de ma réalité, je pique un fard. Mon échec. Tout ce qui s'est dit sur moi. L'absence de talent, les raccourcis faciles, le marketing. Je ne suis pas un artiste, je suis un produit. Je porte mon verre à mes lèvres et j'avale une gorgée de cette bière que je sais être fortement alcoolisée.

- Enfin, l'art est subjectif, aussi.

Je réalise alors le discours négatif qui est peu à peu en train de prendre toute la place dans ma tête et je lui souris, mal à l'aise. Moi qui pensait que parler de mon métier était une "safe zone" dans laquelle je me sentirais confortable. La bonne blague.

- Je suis désolé, je ne réponds pas du tout à votre curiosité j'en ai bien peur... Peut-être qu'il faudrait me montrer comment danser pour que je vous montre comment écrire ! Fais-je, rieur, en m'appuyant sur le dossier de ma chaise avant de boire une nouvelle gorgée, essayant de dissiper mon malaise par l'humour.
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MessageSujet: Re: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyDim 23 Oct 2016 - 11:29

Au fur et à mesure de ses réponses, Jude sembla s'animer d'une énergie qu'il ne parvenait pas vraiment à cerner. Auparavant refermé sur lui-même, ouvertement timide, peut-être même dans l'expectative, le flot des mots semblaient à présent lui donner une sorte d'aise. Son attitude paraissait plus fébrile, à l'image de ses mains qui tripotaient sa tasse vide sans discontinuer, comme s'il exprimait de la sorte chaque rebond de son cerveau, au rythme des informations révélées par l'Allemand. Il tenta de ne pas trop s'en laisser désarçonner, concentré sur son discours, mais néanmoins distrait par la possibilité que, comme lorsqu'il écrivait, le mouvement des mains trahissaient une réflexion intense. Et, au vu de la banalité et de la naïveté dont il faisait l'étalage, Clemens se questionnait intérieurement de ce qui pouvait tant travailler l'esprit de l'auteur.

Enfin, il rebondit avec empressement sur les révélations, et l'ancien étudiant manque d'en sursauter. Il aime danser, bien sur, et ne s'en passerait pour rien au monde, mais il est toujours surpris de l'intérêt que cette activité suscite chez ses interlocuteurs. Tous s'en enchantent et s'en étonnent, comme s'il s'agissait là du loisir le plus fantastique qu'un humain puisse pratiquer. Pour Clemens, la danse n'était jamais qu'un train-train quotidien, le mouvement naturel d'un corps sur un rythme de jazz, la réaction la plus essentielle que l'on pouvait avoir à la musique. Il avait grandit dans l'animation, le mouvement, quel qu'il soit, était devenu sa raison d'être.

Il sourit alors, encore, et se força au silence, s'interdit les justifications pour laisser à Jude l'opportunité de s'étendre lui aussi sur ce qui l'animait. Après tout, il était plus là pour entendre parler quelqu'un d'autre que pour s'étaler sur lui-même ; les confidences ne lui réussissaient que rarement, sauf avec les Westminbrook qui avaient tous un moyen étrange de lui faire lâcher les secrets les plus lourds comme s'il s'était agit des nouvelles du matin. Il plongea donc toute son attention dans les paroles de l'écrivain, relevant à peine le regard quand la serveuse interrompit leur conversation. Il hochait la tête au rythme des détails, des explications, un peu étonnés de découvrir à quel point cette vision de la création lui parlait. Il resta néanmoins encore silencieux quelques secondes, avant d'avoir démêlé assez sa propre vision pour pouvoir l'exposer en réponse.

« Non non, c'est très intéressant. Je m'étais déjà demandé comme un écrivain pouvait avoir tant d'idées assez bien assemblées pour pouvoir en écrire un roman entier avec... »

Il s'interrompit avec un geste des mains qui trahissaient une forme d'impuissance. Clemens avait beau être assuré dans l'emploi de la parole, ses qualités d'expression n'étaient pas toujours des plus fines.

« Enfin, pas que je doute qu'un écrivain puisse penser à beaucoup de choses à la fois. Je veux dire, c'est étonnant quand on regarde la taille d'un livre et la quantité d'informations qui s'y entremêlent… Je me demandais comment on pouvait tout écrire de bout en bout sans s'y perdre. Mais avec ce que vous me dites je suppose que... »

L'Allemand baissa la tête, frustré de ne pas réussir à partager avec autant de clarté la réflexion parfaitement transparente dans son esprit. Avec les années, il avait été de plus en plus rare qu'il se heurte ainsi à la barrière de la langue, ne parvenant pas à traduire en mots anglais les circonvolutions d'un esprit qui ronronnait bien plus avec la langue de Goethe.

« Es ist halt alles freigesetzt. »
murmura-t-il, avant de reprendre. « Vous lâchez tout à partir d'un début quoi. Ca se construit tout seul ? »

Il leva son verre, mais le reposa avant d'atteindre ses lèvres, le regard soudainement illuminé d'une compréhension venue d'il ne savait trop où.

« C'est un peu comme la danse, en fait. On écoute la musique, on choisit ses premiers pas, mais ensuite, il faut adapter sa chorégraphie à ce que la musique offre, il faut construire jusqu'à la fin du morceau. On ne connaît pas la fin avant d'y être arrivés. » Il se passa une main dans les cheveux, visiblement en pleine introspection, avant que son regard ne s'éclaire à nouveau et qu'il reprenne avec une voix plus claire, plus enthousiaste. « A cet égard, je suppose que je pourrais vous montrer comment on danse… Mais je suis un terrible professeur, soyez prévenus. »
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MessageSujet: Re: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyDim 23 Oct 2016 - 22:12

Je le trouve généreux avec moi dans sa façon de s'intéresser à ce que je dis. Alors que j'ai l'impression de passer complètement à côté du sujet en ne lui expliquant pas concrètement en quoi consiste mon métier, il me relance, approfondit la réflexion et nomme tout simplement ce qui semble se passer dans son esprit sans trop faire le tri. J'admire sa spontanéité. J'ignore si c'est vraiment ce qui est en train de se passer, mais j'ai vraiment l'impression qu'il pense tout haut. C'est peut-être cette hésitation qui s'empare de ses mots, sa façon de s'emmêler un peu les pinceaux qui nourrit mon impression ? Comme si sa réflexion n'était pas aboutie avant de franchir ses lèvres, ce qui la rendait un peu plus confuse ?

La phrase qu'il marmonne - en allemand je crois - me fait cependant douter de mon hypothèse. Est-ce simplement qu'il n'arrive pas à formuler une pensée pourtant bien ficelée ? C'est peut-être étrange mais cette simple idée provoque en moi un soulagement difficile à décrire. Comme si un noeud se dénouait. Parce que ça fait tellement écho à ce que je ressens presque tout le temps... À ce désir que j'ai de pouvoir coucher mon imagination, mes pensées, mes histoires sur papier d'une façon qui rendrait justice à ce qu'elles suscitent en moi, à cette envie d'exprimer de manière intelligible le flot d'idées qui se bousculent dans mon esprit et qui se retrouve voilé par l'angoisse qui m'assaille beaucoup trop souvent... Et la simple idée que d'autres, enfin... la simple idée qu'un homme comme lui, aussi assuré, assumé et spontané, puisse vivre le même genre de frustration, ça me fait du bien. Même si c'est pour des raisons différentes.

J'essaie néanmoins de ne pas me laisser distraire par ce que l'écouter me fait ressentir, et de me concentrer plutôt sur ses paroles. Un sourire ne quitte plus mes lèvres depuis que j'ai compris d'où venait son accent, mais c'est surtout son enthousiasme qui me rend joyeux. Ce n'est pas du tout comme ça que je construit mes livres ou que j'exerce mon "art" mais je n'ai pas le coeur de le contredire pour le moment. Il y a un côté un peu attendrissant dans sa façon de se laisser emporter par ses réflexions ; ça me rappelle un peu le plaisir pur qu'ont les enfants qui poussent leurs fantaisies jusqu'au bout. J'avais une amie à Londres qui avait un fils d'environ 4 ans et je me souviens d'avoir eu une discussion avec lui sur ce qu'il faudrait faire pour pouvoir aller vivre sous l'eau. Il était tellement émerveillé par le monde sous-marin et la beauté sauvage de la nature que c'était pour lui une évidence que se réveiller tous les matins dans cet environnement magnifique, c'était la clé du bonheur. Bien sûr, aucun de ses plans ne tenait la route, mais son enthousiasme était tellement beau à voir que je l'avais accompagné dans sa fantaisie, me laissant moi-même aller à imaginer ce que serait la vie avec les poissons et les coraux.

Et au bout de sa dernière phrase, je laisse un silence s'installer et, le sourire aux lèvres, pour la première fois, je soutiens son regard sans me sentir mal à l'aise. Ça ne dure pas longtemps, quelques secondes à peine avant que je baisse les yeux, sans toutefois perdre mon sourire.

- Votre façon de voir les choses a un côté très vivifiant, dis-je avant de tremper mes lèvres dans le liquide ambré qui pétille contre le verre. Vous me donnez l'impression d'un esprit libre qui se plait à ne pas savoir ce qui se trouvera au prochain chapitre ou à la prochaine mesure.

Je pique un fard, me rendant compte que c'est probablement très déplacé de faire des suppositions sur la personne qu'il est alors qu'on vient tout juste de faire connaissance. Je me racle légèrement la gorge pour me redonner contenance et j'essaie de retrouver un terrain un peu plus neutre.

- Tous les écrivains ne fonctionnent pas de la même manière, mais en ce qui me concerne, je fais un peu l'inverse ; je détermine la fin et je construis les choses à rebours. En sachant comment ça se termine, je me demande alors ce qui a pu mener là mes personnages, puis ce qui a pu les mener à l'étape d'avant, puis à l'étape d'avant... et quand j'ai un résumé linéaire de ce qui est censé se passer, je rajoute la chair autour de l'os. Évidemment, rien ne se passe jamais comme j'avais prévu au départ et je peux modifier, jeter et refaire cet axe linéaire plusieurs fois pendant que j'écris... Mais le tout demeure quand même assez "cadré", justement pour éviter qu'il n'y ait trop d'informations qui ne soient pas utilisées... Enfin... pour donner leur pertinence à toutes les informations qui sont contenues dans l'histoire.

Mon dieu, je parle trop. Je baisse les yeux et j'avale une gorgée de bière, ne comprenant pas trop pourquoi je me sens aussi à l'aise de prendre autant de place dans ma discussion avec lui.
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MessageSujet: Re: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyDim 30 Oct 2016 - 22:28

Le silence qui s’installa à la fin de sa réflexion le fit un instant douter de la justesse de son esprit. Clemens n’était pas nécessairement aussi assuré que sa vitesse de parole ne voulait le faire croire ; souvent, même, il s’exprimait plus rapidement que ne s’installait les biais et les stéréotypes, et n’en subissaient qu’à rebours les conséquences. Dans nombre de situations, il les déjouait au moyen d’un regard espiègle et d’un sourire en coin, manœuvre qui avait fait ses preuves pour mettre dans son camp son interlocuteur. Mais parfois, comme maintenant, les mots qu’il avait jeté sur la table l’avait mis à nu et le mutisme qui s’était installé de l’autre côté de la table le fit douter plus que de raison.

Vivifiant. L’Allemand fit la moue et but une gorgée de bière avec un haussement d’épaules. Le terme était à double tranchant, et il se demanda pendant une seconde quelle connotation l’écrivain avait voulu y mettre. Il avait souvent entendu ce type de remarques au long de son adolescence, souvent ponctuées d’un sourire bienveillant ou d’un ébouriffement de cheveux par un adulte trop nostalgique de son propre enthousiasme d’enfance. Le monde était, après tout, un endroit dur et réaliste, où il fallait se conformer et où l’originalité et les rêves n’avaient guère leur place. La remarque eut-elle été prononcée avec plus de sarcasme, il aurait sans doute rabroué Jude avec un étalage de son arrogance narquoise, mais la suite de la phrase parvint à l’adoucir un peu.

Clemens se revendiquait en effet esprit libre, même si ces derniers mois, son indépendance avait été mise à mal par une loyauté grandissante envers ses proches. D’électrons libres, que beaucoup avaient admiré sans pouvoir atteindre, il avait peu à peu découvert la force des amitiés sincères et des regards sans jugements. Le droit à la faiblesse et à l’échec aussi, qu’il s’était interdit durant toutes ses années à Poudlard, préférant fuir que de reconnaître une erreur. Si cela n’avait pas tout à fait changé, il était néanmoins devenu plus honnête avec lui-même. Heureusement, l’auteur reprenait déjà le fil de son explication, et il put s’abstenir d’apporter une réponse spontanée à une remarque qui avait eu quelque chose de désarçonnant.

« Comment ça, tout ne se passe jamais comme prévu ? C’est vous qui contrôlez l’histoire, non ? »

Il croisa les bras, avec une perplexité étonnée qui, le temps d’une seconde, aurait pu lui donner l’aura d’un gamin boudeur face à une pièce de puzzle qui refuse d’entrer dans le trou qui semblait pourtant parfaitement lui convenir. Clemens ne vivait guère dans un monde bien rangé ; il se complaisait dans l’imprévu et les décisions inattendues – ce en quoi, Jude l’avait parfaitement bien cerné, bien qu’il se refusait à la reconnaître à voix haute – mais il avait toujours considéré la littérature comme la part bien rangée d’un univers qui ne faisait que virevolter aux frontières du sien. Les gens comme Rowan lisaient. Des aristocrates, carrés et prévoyants, qui ne laissaient guère de place au hasard dans leur quotidien et pour qui l’imprévu ne semblait même pas exister. La simple possibilité qu’un écrivain puisse ne pas avoir parfaitement prise sur son roman venait catapulter l’ordre au milieu de son chaos. Or, l’ancien étudiant avait bien plus eu l’habitude de l’inverse.

« Attendez, vous voulez donc dire que vous connaissez la fin avant de connaître le début. Mais, c’est-à-dire que... » Il s’interrompit brusquement, le regard soudain un peu perdu dans le vide, se grattant distraitement la barbe naissante autour de ses mâchoires, lui rappelant par la même qu’il devait reprendre l’habitude de se raser. « Non c’est… sensé. Inattendu, mais sensé. »

Il se tut à nouveau quelques secondes, avant de redresser le regard, dans lequel brillait une lueur intense, souhait brûlant de compréhension.
« Ca ne vous pose pas de problèmes, quand vous lisez vous-même un livre ? De constamment vous demander quelle fin serait la plus logique, sur base de tout ce que vous avez déjà lu ? Ou de vous dire qu’il est impossible de le savoir, parce que cet auteur-là écrit peut-être d’une façon tout à fait différente de la vôtre ? »

Longtemps, Clemens avait repoussé loin de lui la possibilité de s’adonner à la lecture per se. Il avait lu, évidemment, et même des classiques. Les métamorphoses d’Ovide, la métamorphose de Kafka, Aldabra la tortue qui aimait Shakespeare, et tout ce qui, de près ou de loin, avait pu nourrir sa fascination pour les transformations de toutes sortes. Mais toutes ces lectures avaient eu un but très pragmatique, lui avait permis de sauter de son lit, saisir sa baguette et s’exercer à une expérimentation désordonnée sur son encrier ou son écharpe de Serdaigle. Lire pour lire ne lui avait jamais offert l’exaltation qui entourait la frappe sourde dans un cognard ou la joie satisfaite d’une énigme résolue. Face à Jude, il réalisait pourtant que si la lecture n’en devenait pas plus fascinante, l’écriture pouvait receler des trésors insoupçonnés.
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MessageSujet: Re: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyVen 11 Nov 2016 - 22:07

Eh bien. Cette impression de confort, ce fait d'être à l'aise de prendre ma place dans cette discussion n'aura pas duré très longtemps, même si le fait qu'il ait même été présent demeure assez surprenant pour moi. Le regard interrogateur, la curiosité sincère et l'intérêt que je sens de la part de mon interlocuteur par rapport à ce que je fais, à mon art et par extension, à moi, commence à me troubler. J'ai souvent eu à expliquer la manière dont je m'y prenais pour écrire à travers les entrevues que j'ai faites suite à la publication de mes romans et à chaque fois j'éprouve un certain plaisir à partager ma passion, mais j'ai l'impression de n'avoir jamais été face à quelqu'un qui s'y intéressait de cette façon-là. Souvent les gens le font un peu par obligation, un peu pour faire la conversation, un peu parce que ça leur est mystérieux et un peu parce qu'ils ne s'intéressent pas spécialement à moi pour la personne que je suis, mais bien seulement pour les choses que j'ai faites. Et généralement, après deux trois explications de ma part, ils se lassent ou ils se contentent. Clemens ne semble ni se lasser, ni se contenter. C'est peut-être ça qui me rend moins à l'aise. J'ai jamais été à l'aise avec l'attention qu'on me donne, alors l'attention sincère, c'est même pas la peine.

Je me racle à nouveau légèrement la gorge, le temps de reprendre contenance. Car en même temps, ça fait du bien de parler à quelqu'un qui écoute vraiment. Et je n'ai pas envie de laisser passer l'occasion. La bière que j'ai commandée est fortement alcoolisée et j'en ressens déjà les effets, ce qui me calme un peu par ailleurs.

- C'est moi qui contrôle l'histoire, certes, mais parfois pendant que je l'écris, je me rends compte que c'est pas très bon et j'ai des idées qui naissent, et qui stimulent mon inspiration et auxquelles j'ai pas le choix de faire de la place,
je lui réponds en souriant nerveusement. Les gens pensent que les écrivains définissent tout dans leur tête avant de coucher sur papier, et souvent ceux qui souhaitent écrire attendent d'avoir une idée de génie et d'avoir tout déterminé avant de se lancer. Mais il faut écrire pour écrire. C'est un parcours d'essais et d'erreurs, de changements, de bonnes et de mauvaises idées. Un bon roman est rarement écrit d'un seul coup et dans l'ordre.

Je me tais quelques secondes, histoire de réfléchir un peu à ses questions suivantes.

- Ça peut m'arriver, oui, qu'en lisant un livre je me questionne sur la fin ou me laisse aller à imaginer une autre finalité. Mais je suis assez mal placé pour critiquer, vu toutes les critiques que j'ai moi-même reçues. Je baisse les yeux et en grattant le vernis sur la table. Elles m'ont rendu un peu plus indulgent à l'égard de mes collègues. L'art est quelque chose de bien personnel et tous ceux qui perçoivent l'écriture comme tel ont droit à leur liberté d'interprétation et de choix.

Je ne peux pas m'empêcher d'esquisser un sourire un peu triste en glissant un regard vers lui. À chaque fois que je pense à la façon dont mon talent a été nié, dont mes efforts et mes choix ont été démolis par la critique, je ne peux pas m'empêcher de me considérer comme un imposteur. Et je suis là, à expliquer mon approche, à parler de mon Art avec un grand "A" alors que tant de gens me considèrent comme un technicien, comme un vendeur, comme un opportuniste qui n'a cherché qu'à faire de l'argent en proposant un semblant de littérature à un public cible en mal de fantasmes. Ai-je réellement le droit de me considérer comme un artiste? Ai-je la légitimité de partager ma passion avec autrui? Je ne le sais même plus.

Avant que la conversation glisse vers les aspects plus personnels de mon histoire et que je ne puisse plus tolérer l'inconfort que cela créera nécessairement chez moi, je décide de tenter une nouvelle approche et de dévier la conversation.

- Et vous Clemens, dites-moi, qu'est-ce qui vous passionne vraiment dans ce monde?
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MessageSujet: Re: L'hypothèse du bout de cerveau manquant   L'hypothèse du bout de cerveau manquant EmptyDim 13 Nov 2016 - 21:40

Il attendait, le regard pétillant et ouvert, disponible, fasciné par cette plongée que Jude lui offrait dans un monde qu'il n'avait auparavant jamais considéré. Il avait délaissé sa bière, dont le contenu n'était plus d'aucun intérêt maintenant que la stimulation intellectuelle de la conversation avait outrepassé les espoirs qu'il avait investi dans sa soirée. Clemens s'était rendu au Morrigan's dans l'idée de se détendre un peu, de se saouler peut-être, d'observer les gens et d'essayer de s'imaginer à quoi ressemblait la vie simple et naturelle d'un adulte sorcier. Il ne l'avait jamais su – la situation de sa mère était tout, sauf celle d'une jeune sorcière qui se fondait dans la masse – et il avait bâti son adolescence sur l'extraordinaire.

L'Allemand buvait les paroles de son interlocuteur, sans aucune gêne ni retenue face à l'étrangeté de la situation. Les réponses et les évocations faisaient danser de multiples images dans son esprit, qui se faisait peu à peu imperméable à la personne de Jude, en face de lui. Il essayait d'établir un schéma, une compréhension rapide et complète afin de pouvoir prendre pleinement part à cette conversation qui, il devait se l'avouer, le dépassait toujours un peu. Jusqu'à, là où il ne s'y attendait pas, leurs vies se heurtèrent soudainement et violemment, dans un point commun qu'il n'aurait pas soupçonné.

« Être critiqué ne vous retire pas le droit de le faire. » Clemens se pencha vers la tête, plongeant un regard tout aussi intense, mais entièrement différent, sur l'écrivain. Pour la première fois peut-être, troublé par ses paroles, il observa vraiment un œil sur l'homme. « Vous le dites vous-même, l'art est quelque chose de personnel. » Il s'interrompit net en recueillant la lueur de tristesse dans les yeux de Jude. Perplexe, hésitant, il se demanda dans quelle mesure il pouvait commenter une telle révélation.

Avant qu'il ne puisse enchaîner néanmoins, ou du moins, qu'il ne trouve les mots pour expliciter sa pensée, l'écrivain relança la discussion sur un sujet plus simple pour lui, pas pour l'Allemand néanmoins. Alors il cilla, hésita, se demanda dans quelle mesure il avait poussé l'écrivain dans l'inconfort, et combien il était près à risquer pour relancer sa curiosité sur l'écriture. Enfin, il céda.

« Ce qui me passionne… » Un rire sec et hésitant lui échappa. « Le Quidditch et la métamorphose. J'ai commencé par le premier, je suis devenu joueur professionnel, j'ai jamais été aussi heureux de ma vie, à peu de choses près. J'ai joué dans une équipe allemande, ça me faisait vibrer, me donnait une raison… électrique de me lever le matin. » Sa voix s'emballait, chaude et enthousiasmée. « Et Merlin sait que je suis pas vraiment du genre à me lever le matin. »

Son sourire s'effaça quand il chercha les mots pour évoquer sa deuxième raison de vivre. Clemens reprit enfin une gorgée de bière, réprimant ainsi le geste désabusé qu'il aurait voulu balayer au dessus de la table. La métamorphose. Il soupira.

« La métamorphose c'est.. compliqué. J'ai réalisé que ça me faisait me sentir vivant, encore plus que le Quidditch. C'est fascinant et terrible à la fois, mais ça ne mène nulle part alors… voilà. » Il haussa les épaules, un brin de sourire revenant sur son visage. « Par contre, ce que j'ai appris, et même face au succès, c'est qu'il faut toujours faire face aux critiques. » Il se passa les mains dans les cheveux. « Je peux vous faire une confidence ? J'ai interrompu ma carrière de Quidditch après une blessure grave. Un de mes critiques les plus terribles a annoncé dans le presse que ça devait arriver un jour où l'autre, car je suis un traître à mon sang. »

Il sourit à Jude.

« C'était peut-être un bon analyste de Quidditch. Mais il était tout de même un sacré con. »
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