Marche, souris, oublie tout. - feat. Zahara ♥

En ce premier week-end de Septembre, après une rentrée mouvementée et un changement radical dans sa vie avec sa transition de confrérie, Novenka avait mis un point d'honneur à passer le plus clair de son temps en dehors du château. Faire comme si rien ne s'était passé, Novenka avait encore pris cela comme une trahison. Comment pouvait-on ignorer un tel changement dans la vie des étudiants restés bloqués dans le château ? Comment pouvait-on espérer qu'aucune séquelle n'était ancrée dans le sang de chacun ?
Novenka avait développé une légère claustrophobie en plus d'une paranoïa toute nouvelle. Pour la douce yougoslave, le monde entier lui en voulait... Elle se rendait compte qu'elle ne voyait que les surfaces des choses sans se soucier de creuser plus profondément... Et c'est alors qu'elle se mit en tête que personne ne l'aimait, surtout avec le peu de nouvelles et les éloignements du au stress et aux recherches au sein du château.
Novenka se sentait plus seule que jamais.
Mia et Anton étaient maintenant dans des confréries différentes de la sienne, seule Elena était encore présente auprès d'elle. Et cette année, Novenka partageait sa chambre avec un homme. Un jeune homme, poufsouffle et quelque peu timide, parfois dépassé par les excentricités de la jeune femme.

Elle descendit les marches du château et après être passé se changer dans sa chambre, les nuits redevenaient douces alors elle avait échangé le short contre un slim noir et troué, le débardeur rouge était maintenant habillé d'un gilet beige deux fois trop grand, et pour la première fois, elle marchait avec des talons compensés. Ce que ça pouvait être amusant d'être grande, elle qui n'était pas plus grande que trois pommes. C'est ce qui l'amusait quand elle était dans les bras de Rowan...
Rowan.
Elle chassa ses pensées d'un revers de main, et elle s'enfuit jusqu'à la rivière, la lanière de son appareil photo autour du cou. Elle n'avait plus rien à se reprocher, les lettres étaient envoyées aux deux Westminbrook qui tenaient une place énorme dans son coeur. Pas besoin d’envenimer les choses avec la paranoïa.

Une jeune femme du nom de Zahara avait croisé son chemin deux jours plus tôt, la beauté étrangère de la jeune femme avait interpellé Novenka, cette peau halée et ce regard noir et profond... Un excellent modèle. Après avoir échangé avec la jeune Phénix, ces dernières se sont trouvés des points communs comme le chant, et une amitié toute récente était née.
Novenka n'était plus seule.
Alors elles s'étaient donné rendez-vous le soir de samedi pour prendre des clichés avec le couché du soleil sur la rivière. Novenka lui avait demandé d'apporter trois tenu différentes : une robe très légère comme un voile autour du corps, une robe de soirée et une tenue décontractée.
Dans sa tête naquirent des milliers d'idées. Elle pouvait s'enfuir dans un nouvel univers, un monde bien à elle.
La photographie, le contact du monde moldu...
Elle avait écrit à sa mère qui était folle d'inquiétude, puis elle avait fini par ne plus répondre... Le monde magique était si différent de leur vie moldue, elle ne comprendrait pas, se ferait plus de soucis... Alors la dernière lettre était rassurante.

La jeune yougoslave s'assit sur le ponton, enleva ses chaussures et laissa le bout de ses orteils caresser la surface de l'eau calme.
La liberté est une denrée rare.

« Salem alaykome ! » tenta de répéter Novenka en voyant Zahara arriver près d'elle. Son accent de l'est avait un certain charme dans la langue orientale, mais la bizarrerie prenait largement le dessus.
Elle pouffa à la remarque de son amie en posant une main sur sa bouche pour éviter qu'elle ne croit se moquer d'elle. « Ce qui est parfaitement le contraire dans ma culture. »
Face à l'impatience de la jeune femme, Novenka se leva de son ponton pour s'épousseter le pantalon et sauta à pieds joints près de son amie de Phénix. « C'est parti, suis-moi. »
Elle s'avança un peu plus loin vers un grand arbre d'où luisaient quelques rayons de soleil qui transperçait les feuilles tombantes de saule pleureur. Elle prit une position, genoux à terre et cadra son environnement, une première prise sans rien pour d'éventuelles retouches.

Elle regarda la tenue de Zahara et sortit un foulard bleu azur de son sac. La brise le soulèverait dans les airs. « Tu as pensé à une robe ? »
Elle fouille dans son sac et sortit une petite trousse de maquillage, et commença à étaler un anti-brillant de la teinte de la peau halé de Zahara. Tout en retouchant rapidement son maquillage naturelle. Cette fille avait l'art de se sublimer sans qu'on ne touche à quoi que ce soit. Le modèle parfait.
« Bien, prends ce foulard et essaye de t'en inspirer. Tourne sur toi-même, fais le gonfler par la brise. Quand tu en auras marre, laisse le s'envoler. Sois naturelle mais regarde moi, toujours. »
Elle se repositionna et attendit que son ami se mette en position avant de commencer à la bombarder de photo. Les clics retentissants, Novenka se concentra avec une ingéniosité toute nouvelle. Concentrée, son visage se transforma, plus dur, plus sévère.

Après quelques intenses minutes, Novenka retrouva son doux sourires. « Parfait, j'ai de superbes photos ! peux-tu retrousser le bas de ton pantalon pour aller te mettre dans l'eau ? Nan, mieux, change toi, mets ta robe s'il-te-plaît. Ce sera plus romantique et romanesque. »
Elle changeait souvent d'idée, l'artiste en elle était en émoi, perdu dans des visions claires et précises des futurs clichés qu'elle souhaitait créer.
« Installe toi et tiens. » Elle lui tendit une bouteille d'eau pour reprendre des forces et se positionna le temps que son amie se change. Là, non. Là ? Non plus. Ici, parfait ! Elle prit un premier cliché sans Zahara puis attendit que cette dernière se positionne. « Oui là, c'est parfait, Zahara. Joue avec l'eau si tu peux. » Le ciel devenait rose-orangé, parfaitement en accord avec les photos bucoliques et mélancoliques qu'elle recherchait.
Puis Zahara se prêta au jeu à nouveau et Novenka retrouva son sérieux pour continuer ses prises uniques.
« Est-ce que tu as peur de mouiller ta robe ? J'aimerais faire un test... » Tout en enlevant son débardeur pour se retrouver en soutien gorge, elle déboutonna son pantalon pour se mettre dans l'eau légèrement fraîche et s'enfonça jusqu'à la taille.
Dans un sourire amusé et mystérieux, elle annonça : « On va prendre des photos sous l'eau. Ce n'est pas une pratique facile mais sois à l'aise, choisis un de mes foulards pour donner du volume sous l'eau, j'ai une lampe sur l'appareil. La photo sera ma plus belle. »

Zahara était véritablement facile à vivre. La modèle se prêtait facilement au jeu dans des positions adorables et abordables. Le tableau était à la fois pétillant et mélancolique, une réelle rareté dans le domaine de la photo. Les cheveux de jais de la jeune Phénix contrastaient avec la luminosité incroyable des lieux.  Les fleurs près de l'eau donnait un air candide alors que la réverbération de l'eau prodiguait un contraste sur la teinte du tableau global.
Sans autre forme de modestie, les photos étaient réussies et le modèle incroyable. Novenka ne regrettait pas de l'avoir prise sous son bras et d'avoir eu un véritable coup de cœur pour cette beauté orientale.
En plus, elle apprenait une nouvelle culture en restant à son contact, elle qui aimait tant voyager. Ce serait peut-être une bonne occasion pour visiter les pays d'Arabie.

Elles se dirigeaient toutes les deux dans l'eau. La robe de Zahara était magnifique et le tout rendrait magnifiquemetn bien sous l'eau, le foulard blanc qu'avait donner à Novenka à son modèle rendrait le tout magnifque. S'enfonçant dans une profondeur succincte, Novenka donna un coup de baguette pour que l'eau soit d'un noir profond. L'eau se colora et Les deux jeunes femmes plongèrent son l'eau, l'appareil photo enveloppé dans un plastique étanche, préalablement enfilé, elle bombarda son amie de clichés avant de revenir à la surface. Elle balança ses cheveux en arrière et ses sous vêtements lui collaient à la peau comme une seconde. Elle cliqua plusieurs fois sur l'appareil et montra le chef d'oeuvre à Zahara. « C'est tout simplement magnifique, regarde ! Tu portes bien ton nom, Beauté. »
Alors que les voiles s'élevait dans un espace semblant infini, le corps de Zahara semblait blanc comme la pureté. Cette photo était tout simplement magnifique, d'une candeur et d'une profondeur incroyable.
Novenka était fière. Plus que fière.
Alors qu'elle allait demandé à Zahara de prendre une robe plus foncé, d'un rouge plus vif... Un jeune homme approchait. Et quel jeune homme, quand Novenka se rappelait où elle l'avait vu. Cursus Fabrication de Baguettes Magiques, comme elle. Samaël, elle en avait été la présidente l'année précédente.
Un sourire amusé, elle répliqua : « Disons plutôt que nous côtoyons l'art et la délicatesse en cette belle soirée. » Elle soulevait l'appareil photo pour le lui montrer.

C'est vrai qu'en temps normal, n'importe qui aurait été gêné d'être surpris en sous vêtement dans l'eau mais pas Novenka. Non. Cette jeune femme sans tabou et au savoir vivre étrange se sentait parfaitement à l'aise avec son corps, sa nudité... La pudeur à son paroxysme. « Ça te dit de poser avec Zahara ? Je n'ai jamais fait de photos de couple. Juste torse nu. » Elle le regarde un instant et sourit : « Et enlève tes chaussures et chaussettes. »
Elle nagea le temps que tous s'apprêtent et attendit sagement.
Penser à autre chose, vivre dans un autre monde.
C'était bon d'oublier.