Et pourtant, je tenais à toi, un peu. A ma façon certes, mais quand même.

18/12/2005

17h15 – Amphithéâtre Grindelwald

La porte en bois s’ouvrit doucement alors que je la poussais d’une main. Une fois suffisamment ouverte, je poussais mon fauteuil à l’aide seul de mes bras et pénétrais dans l’amphithéâtre en silence.
Il était désert. Le silence qui y régnait été un peu pesant voir lugubre. Je laissais les roues de mon fauteuil glisser jusque devant le bureau qui trônait devant le grand tableau noir. Je restais silencieuse à fixer ce dernier, un mélange de nostalgie et de colère travaillant mon esprit.

Quinlan Fitzsimmons était mort. mort. Le choc que j’avais reçu en apprenant la nouvelle m’avait laissé amorphe de stupeur. Il s’était donné la mort, le lâche. Il n’avait pas eu le cran d’aller se battre au moment fatidique. Il s’était tout simplement laissé emporter par un sommeil éternel dans sa salle de bain. Cet enfoiré était mort. Des heures perdues avec lui afin de lui apprendre les affres de la magie noire aussi sombre que tentante. Des heures perdues à lui enseigner cet art des plus difficiles en promesse d’un apprentissage de magie blanche. Sauf qu’il n’avait pas honoré son contrat. J’étais en colère de le savoir parti. Un peu déçue aussi, mais surtout triste. J’avais trop de fierté pour l’admettre mais j’avais fini par m’attacher à lui, malgré moi. Et oui mec! pourtant, je tenais à toi, un peu. A ma façon certes, mais quand même.

C’est d’ailleurs pour ça que j’étais là. J’étais venu ici pour réfléchir, en espérant trouver des réponses à mes questions. Pourquoi ? Comment avait-il pu en arriver là ? Il était loin d’être parfait, mais nous avions passé du temps ensemble, que ce soit pour les cours ou pour les missions de l’Ordre. Comment avait-il pu nous abandonner le jour de la bataille. Que lui était-il passé par la tête en faisant ce qu’il avait fait ? S’il avait été malheureux, je n’avais rien vu… C’était bien ça le problème. J’avais beau avoir fini par m’attacher à lui, je ne le connaissais pas. C’était un triste constat.

Mes mains était posé sur les accoudoirs de mon fauteuil roulant, ma petite veste sur les épaules alors que mon jean recouvrait mes jambes fébriles pour me tenir chaud. Mes cheveux tombaient en cascade le long de mon dos, je me tenais assise à défaut de pouvoir tenir debout depuis quelques mois et je regardais le bureau d’un air pensif. Je me demandais si un jour, j’aurai l’occasion de comprendre son geste…

13/06/2016

Les cours allaient bientôt reprendre et Magnus ne savait toujours pas comment il s’y prendrait. Il avait bien une liste de thèmes à aborder, mais il allait lui falloir du matériel pour certains, et il n’était pas sûr d’y avoir accès. Sa nouvelle charge de prof et d’infirmier semblait le submerger, mais il ne regrettait pas pour autant d’être resté. Si son ex avait fui, ce n’était pas son genre.

L’été sans nouvelles de sa Stockholm (presque) natale avait été long, mais depuis que le mystérieux Comte avait annoncé que tout était redevenu normal, Magnus avait effectivement reçu plusieurs lettres de Matteus et Jesper. Le premier s’inquiétait outre mesure, comme d’habitude, tandis que l’autre l’avait noyé de détails sur sa vie privée. À l’extérieur d’Haveirson, rien n’avait changé, et cela avait mis un peu de baume au cœur malmené de Magnus. Si malmené que certains pensent même qu’il n’en avait plus. Il n’y avait bien que Mattie pour comprendre. Allez savoir.

Magnus leur avait répondu, mais il n’avait pas pu satisfaire les attentes de son meilleur ami. Ce dernier, prévenant et curieux — aussi curieux qu’un chef des Aurors puisse l’être — avait demandé à de nombreuses reprises si Magnus en savait davantage sur les raisons du geste de son ex. Le médicomage avait dû se rendre à l’évidence : il avait fait l’autruche tout ce temps, et n’avait pas adressé la parole aux proches de son ex. Il n’arrivait même pas à prononcer son nom.

Comme on aurait pu s’y attendre, Magnus avait esquivé les questions gênantes et avait tenté de rassurer ses amis du mieux qu’il le pouvait. Maintenant, il avait d’autres chats à fouetter : les cours avaient repris, et lui traînait. Ce jour-là, il souhaitait juste jeter un coup d’œil aux amphis, sans savoir que le premier qu’il visiterait était le préféré de son prédécesseur. Il ne s’attendait pas non plus à ce qu’il soit déjà occupé.

— Oh, pardon, je pensais que l’amphi était vide… Vous avez cours ici ?

Nerveux, Magnus se gratta la nuque, avant de balayer la salle du regard. Simple et fonctionnelle, elle était pratique pour les cours magistraux, mais il lui faudrait un autre endroit pour la pratique… Dommage. Il soupira, avant de se tourner de nouveau vers la jeune femme en lui tendant la main.

— Professeur Alexandersson, infirmier. J’enseigne aussi la médicomagie cette année.

Ou comment balancer son Mentos dans le Coca l’air de rien.
HRP:

18/12/2005

Je reste pensive. Les souvenirs que j’ai de Quinlan m’assaillent. Je m’en veux de ne pas avoir vu qu’il allait mal. Je pourrais trouver toutes les excuses à mon aveuglement, mais rien n’est vraiment justifiable. Je culpabilise tout en reprochant cet acte au défunt. J’aimerai comprendre comment il en est arrivé à ce stade ? Comment a-t-il pu franchir ce cap ? Des questions qui demeureront probablement à jamais sans réponse.

Je tourne la tête vers l’entrée de l’amphi ou un homme d’un certain âge se tient. L’inconnu s’avance alors que je tourne mon fauteuil dans sa direction tout en recomposant mon masque impassible et dur. Personne n’a besoin de savoir que je suis affecté par quelque chose, surtout un inconnu. Ses premières paroles me font arquer un sourcil interrogateur et je balaye la salle déserte du regard. L’envie de lui répondre avec sarcasme me traverse l’esprit. Il y a foule pour un cours, n’est-ce pas ? Au lieu de ça, je tourne deux fois ma langue dans ma bouche avant de dire sur un ton qui se veut neutre pour ne pas trahir les sentiments que j’éprouve en ce moment.

-Je pense que les cours sont terminés… Et… Je ne sais pas si cet amphi resservira cette année…

La fin de ma phrase s’accorde avec une pointe d’amertume et de tristesse mêlées entre elle alors que je repense à ce nom qui m’insupportait pourtant. Qui voudrait enseigner dans un amphi ou le prédécesseur s’est suicidé ? L’homme me tend la main que je regarde un court moment avec hésitation avant de la saisir. Il se présente et je reste quelques instants silencieuse, un peu choquée de découvrir qu’un remplaçant à déjà été trouvé. Enfin un peu... Le mot est faible en fait... Pourtant, rien de plus anormal en vrai, mais ça reste assez bouleversant quand même. Je laisse ma main retombée sur l’accoudoir de mon fauteuil roulant ou je suis clouée depuis deux bons mois et je me présente à mon tour, comme il vient de le faire.

-Megan O’Neill, étudiante en médicomagie… Donc votre élève visiblement.

J’avais toujours été très méfiante envers les professeurs. Je ne supportais que très peu leur autorité et je me souviens malgré moi de ma première rencontre avec Quinlan. L’envie de rire me traverse l’esprit alors que je me rappelle comment je l’avais traité. Le pauvre… J’avais fais du chemin depuis, et pour le moment, je n’avais toujours pas agressé le professeur Alexandersson.

Je constate qu’il n’a pas un nom facile à retenir lui non plus, ça promet d’être joyeux !

-J’ignorais que le comte avait déjà trouvé un remplaçant…

D’un côté, qui pouvait savoir ce que le comte trafiquait ? Personne et encore moins moi qui avait passé mes deux derniers mois aux Etats-Unis à tenter de me défaire de se fauteuil.

13/06/2016

La jeune femme en fauteuil roulant se tourne vers toi et tu la sens te jauger du regard. Tu ne peux pas lui en vouloir, tu dois sûrement avoir l’air un peu paumé. Elle t’a peut-être déjà vu à l’infirmerie, qui sait ? T’arrives pas à te souvenir de tout le monde malgré ta bonne mémoire. À croire que l’endroit se prêtait trop à l’oubli sélectif. Quel dommage que tu ne puisses pas oublier certaines images, cela dit…

Elle te dit qu’il y a des chances que l’amphi ne serve pas cette année, ce à quoi tu réponds avec un haussement de sourcils. L’endroit est plutôt sympa, même si la disposition n’est pas idéale pour les cours pratiques. C’est le nom peut-être ? Le fait que ce fut son amphi préféré ne pouvait pas être la seule raison, si ?

Peu importe, tu te présentes et elle fait de même. Megan… Tu connais ce nom, il en parlait dans… Bref, tu connais son nom. Tu souris doucement. Quel hasard, vraiment…

— On dirait. Vous étiez proche de l’ancien prof, non ? Mes condoléances.

Tu hésites un peu à dire que toi aussi t’étais proche de lui, enfin que tu l’avais été. Ces dernières années, vous n’aviez eu quasi aucun contact, sauf à la fin. Quand c’était trop tard. Sauf qu’elle parle du Comte et de toi comme ‘remplaçant’ — mot que tu as du mal à ne pas prendre comme une insulte, mais les circonstances restent un peu spéciales, alors tu fais taire ton ego. Miracle.

— Le Comte n’y est pas pour grand-chose, à vrai dire. C’est plutôt moi qui ait demandé à rester, je ne sais toujours pas vraiment pourquoi.

Tu devrais peut-être cracher le morceau, non ? Le lui dire, de but en blanc, quitte à la choquer. Peut-être qu’elle comprendrait ? Ce serait sûrement plus simple pour tout le monde, et vous pourriez discuter sans avoir l’air d’avoir des épingles et du verre pilé sur la langue.

— J’ai fait mes études avec le Dr Quinlan Fitzsimmons…

Prononcer son nom est moins difficile que ce que tu pensais. T’en es presque déçu.

— …et on était plutôt proches aussi…

Le connaissant, il avait sûrement couché avec un nombre incalculable de ses étudiants et de ses collègues, Megan en faisait peut-être partie. C’est pas comme s’il pouvait se contrôler en toutes circonstances. C’est pas comme si c’était pas ça qui l’avait tué.

18/12/2005

Je n’aime pas particulièrement la nostalgie, mais je suis toujours sous l’effet du choc. J’ignorai que Quinlan était mort jusqu’à récemment. Je pensais qu’il avait volontairement fuit la Grande Bataille, par lâcheté. C’était pas tout à fait vrai, bien que ça n’était pas non plus totalement faux. Alexandersson me demande si j’étais proche de Quinlan. J’arque un sourcil interrogateur à mon tour, me demandant ce qu’il sous-entend par-là. Ma méfiance n’arrange rien et j’analyse les moindres mots qui peuvent sortir de la bouche du nouveau professeur, comme si tout était sujet à double-sens. Et je me demande si ça question est sérieuse ? Son visage ne me donne pas l’impression du contraire, alors je lui réponds.

-Proches ? Ce n’est pas vraiment le mot que j’emploierai non… Disons qu’on avait… des intérêts communs ? Dis-je d’une voix teinté d’amertume. On était censé s’entraider… Marmonais-je entre mes dents serrées de colère.

Je n’avais rien vu de sa détresse et je culpabilisais. C’était plus fort que moi, même si je savais que je n’avais rien à me reprocher. Nous n’étions pas des amis. Du moins je n’avais pas avec lui les mêmes liens que j’avais avec Clemens ou Amaranthe. Il était mon professeur. Il était mon coéquipier dans l’Ordre du Phenix. Il était mon mentor dans la magie blanche et mon apprenti dans la magie noire…. Il avait été malgré lui, un peu mon psy, mon confident… Il était tout ça, oui, mais était-on pour autant proches ?

Alexandersson m’annonce qu’il est là de son propre chef, ce qui me surprend encore plus. Quel fou accepterait de venir à Haveirson après les annonces ayant eu lieu au sujet de ce lieu ? Visiblement, tout les étudiants ! et des nouveaux professeurs…. Même moi j’étais revenu… Après réflexion, c’était peut-être pas une question à se poser. Mais alors qu’il m’avouait qu’il ne savait pas pourquoi il était resté là, je répondis à mes propres questions internes en prononçant malgré moi à voix haute au lieu de garder ça dans ma tête :

-Par excès de masochisme peut-être ?

Surprise d’entendre ma propre voix, je regarde le professeur en fronçant les sourcils.

-J’ai pensé à voix haute, non ?

Et là, il m’avoue qu’il a fait ses études avec Quinlan. Je le dévisage un peu, voir même beaucoup avant de lui demander, un peu dubitative.

-Vraiment ? Vous paraissez… plus vieux… Enfin je veux dire plus âgé… Non en fait c’est parfaitement ce que je veux dire…

A mettre les pieds dans le plat, je ne voyais pas comment rattraper ça. Et il m’avouait alors qu’il était proche de Quin. Je restais silencieuse un moment face à cet aveu, me demandant comment je devais le comprendre. Proche ami ? ou Proche au point de partager un lit ? Je n’étais pas franchement sur de vouloir le savoir, déjà parce que ça me regardait pas, et… surtout parce que ça me regardait pas.
Mais même si je me faisais des films, j’étais persuadée d’avoir parfaitement compris ou il voulait en venir.

-Je vois… dans ce cas c’est plutôt à moi de vous présenter mes condoléances…

Je ne comprenais pas vraiment tout, mais s’il y avait une chose qui me tenais à cœur, c’était bien Clemens. Et son silence depuis juin m’apparaissait comme inquiétant. Et si Alexandersson était là, c’était très probablement parce que ce qu’il y avait entre Fitzsimmons et lui n’était pas fini. Et la seule chose que je me demandais c’était : Et Clemens ? le savait-il ? Quinlan avait-il trompé Clemens avec cet homme. Mon regard restait fixé dans celui de l’homme, alors que j’hésitais à utilisé la légilimencie sur lui. Le problème, c’était que j’étais encore en plein apprentissage de cette compétence, et que je n’avais aucune garantie de lire ses pensées sans qu’il ne s’en aperçoive, sans compter que ce n’était pas le meilleur moyen de partir sur des bonnes bases…

13/06/2016

T’as vu son nom dans sa lettre, à cette Megan. Tu ne sais pas trop quelle relation il avait entretnu avec son étudiante, mais t’as ta petite idée. Tu ne la juges pas, bien sûr. Tu es un des premiers à avoir succombé au charme, et t’en as fait les frais. Quelque part, tu t’estimes heureux que votre relation à vous se soit éteinte lentement, s’effritant avec le temps et la distance. Il avait dû en larguer des tonnes et pas forcément de façon douce et subtile. Quand il s’y mettait, c’était un connard. Il t’avait sorti des horreurs dont tu te souviens parfaitement, mais à quoi ça te servirait de rager maintenant ? C’est trop tard.

Apparemment, Megan et lui, ce n’était pas ce que tu crois. Ok. Tu ne vas pas remettre sa parole en doute ni lui tirer les vers du nez. Tu t’en fous de ce qu’il a fait pendant qu’il était ici. Tu te demandes juste comment ça se fait que personne n’ait rien vu venir. Il devait être sacrément désespéré pour t’écrire, à toi.

— Je vois.

T’hésites à parler de la lettre, parce que tu l’as égoïstement gardée. Il y avait tellement de noms dedans qu’il aurait fallu la publier pour que tout le monde puisse en prendre connaissance, mais tu doutes que ce fut là son intention. Ça ressemble plus à une longue liste de remerciements et d’excuses balancés au pif. T’aurais pu la remettre à son frère mais t’as joué les connards et tu l’as volée. Aucun regret.

Tu dis rien. Tu sais pas comment on va prendre ta présence ici, tu connais pas l’entourage qu’il avait ici, alors tu gardes tes lèvres bien scellées histoire de ne pas t’en prendre plein la gueule pour — presque — pas un rond.

Par contre, tu veux bien lui dire que t’es là parce que tu le veux bien, même si tu sais pas bien pourquoi. Elle, elle a une idée sur la question, et sa réponse te fait rire. Ça part tout seul, c’est de bon cœur parce que… C’est tellement vrai ! Ah, si elle savait…

— Peut-être, peut-être…

Tu gardes ton sourire et tu hoches la tête quand elle te demande si elle a vraiment dit ça. Et puis elle te fait remarquer que t’as l’air quand même moins frais que lui, en bredouillant comme si elle avait dit une bêtise. Ok, c’était pas trop le genre de trucs qu’on balance comme ça, mais c’était pas non plus la fin du monde.

— Je suis plus vieux ouais, mais pas de beaucoup. C’est la barbe, les cheveux, et tous ces poils blancs qui doivent jouer. 37 ans, c’est quand même pas si vieux, si ?

T’en joues, t’en ris parce que t’as pas envie qu’elle creuse et qu’elle découvre que tu prends régulièrement un truc qui te bousille à petit feu pour empêcher de te faire bousiller à petit feu par un autre truc pire. Vive ta vie, hein.

Et puis c’est là qu’elle te présente aussi ses condoléances. C’est con, mais ça te touche beaucoup. Les lettres de Jesper et Matteus avaient fait leur effet, mais d’avoir ces quelques mots en live, de la bouche de quelqu’un qui l’avait connu en 1996 et pas il y a dix ans, ça te foutait presque les larmes aux yeux.

— Merci.

Tu détournes soudain les yeux, t’attardant sur un détail stupide de l’amphi. Une multitude de choses et de mots te reviennent en mémoire, et tu te sens le besoin d’en parler. Seulement, cette jeune femme n’a pas l’air spécialement chaleureuse et tu sais pas si c’est vraiment une bonne idée de taper la discute avec elle. T’as un peu peur de sa réaction. Et puis, avant que tu ne puisses retenir ta langue, ça part tout seul.

— Il m’avait écrit, mais je suis arrivé trop tard.

T’as envie de t’excuser mais tu peux pas. Si tu le fais, tu repartirais sur cette litanie sans fin de ‘c’est ma faute’ et t’as pas envie de le faire devant quelqu’un. C’est déjà bien assez éprouvant de parler de lui avec elle, quand bien même ça te permet de commencer à crever l’abcès.

18/12/2005

Alexandersson me paraît très évasif. Autant que moi en fait, et je ne sais pas trop comment réagir. Le fait qu’il connaissait Quinlan me paraissait étrange, j’étais pourtant sur qu’il y avait eu entre eux, quelque chose de plus… charnel. Je me gardais bien de lui demander confirmation, mais c’était bien ce qu’il avait sous-entendu.
Il m’avoue son âge, et je le regarde un instant, silencieuse. Il a le même âge que Severus, mais il paraît plus vieux. Il a peut-être raison, c’est la barbe et les poils blancs qui veulent ça. Il paraît plus âgé, ça doit être dans ses gênes… Il n’a pas de chance le pauvre.

-Non, c’est vrai. Excusez mon commentaire. Dis-je non sans un fin sourire un peu moqueur.

Rien de bien méchant, mais j’avais quand même insinué qu’il était vieux et mon but n’était pas de le vexer non plus ! J’avais tendance à dire ce que je pensais, sans vraiment penser au fait que ca pouvait être déplacé. J’étais un peu de ce genre là.

Quand il m’annonce que Quinlan lui a écrit peu avant, je le regarde complètement estomaquée. Pourquoi ? Pourquoi lui ? Pourquoi n’était-il pas venu en parler à ceux qui était là et qui l’entouré ? Bon, je me leurrais pas non plus, Quinlan n’avait jamais été suffisament proche de moi pour me confier ses problèmes, ni son mal être, mais il y avait d’autres personnes vers qui il se serait tourné non ? Son frère ? Clemens ?

-Pourquoi ? Demandai-je alors sur un ton plein d’incompréhension.

Pourquoi lui ? Pourquoi avoir écrit ? Pourquoi avait-il fait ce geste désespéré ? C’était des questions logiques, des questions ou les réponses semblaient s’être fait la maille avec lui… Alors si Alexandersson avait des réponses, pouvait-il seulement les dévoiler ?

-J’étais loin d’être proche de lui et… je n’ai rien vu venir… Je me suis demandé pourquoi il ne nous avait pas rejoints à la bataille de Poudlard, lorsque l’alerte a été donnée… Et je lui en ai particulièrement voulu avant que j’apprenne qu’il était mort…

Pour moi, il avait déserté les rangs par lâcheté, par peur de ne pas être à la hauteur. J’avais ruminé contre lui pendant un moment, jusqu’à ce que j’apprenne sa mort en fait…

-Vous savez pourquoi il a fait ça ? lui demandai-je de but en blanc.

Après tout, s’il avait une lettre, c’est qu’il avait peut-être des réponses…

13/06/2016

Cette jeune femme te fait remarquer ton âge, et tu le lui dis clairement, plaisantant sur la couleur poivre et sel de ta pilosité faciale. Cette petite boutade semble détendre un peu l’atmosphère qui s’était nettement alourdie avec la présence fantomatique de ton ex. Megan s’excuse, et tu secoues légèrement la tête.

— Vous êtes toute excusée.

Ton sourire s’efface lentement, comme si toi-même rechignait à le laisser partir aussi facilement. Et pourtant, tu ne peux pas t’empêcher d’évoquer cette lettre que tu n’as pas su prendre au sérieux de suite, celle que tu n’as pas décodé assez vite, et tu précises que tu étais arrivé trop tard, malheureusement. Megan te demande pourquoi, et tu te sens pris au dépourvu pendant un instant. Il y a des questions qui n’auront jamais de réponses, et tu te dis qu’il vaut mieux accepter ce fait le plus tôt possible. Mais avant que tu ne puisses lui répondre, elle continue à parler. Elle te dit qu’elle lui en a voulu de ne pas avoir participé à la bataille de Poudlard, un affrontement meurtrier dont les échos ont fait trembler le reste de l’Europe. Tu l’écoutes sans mot dire, attendant qu’elle ait fini pour essayer de dégager quelques pistes sur le comment du pourquoi.

— Je ne sais pas trop. Disons que les informations sont fragmentées, et que je ne peux faire que des hypothèses. Il m’a clairement dit qu’il craignait que son entourage ne soit déjà trop accablé. Je pense qu’avec des soucis comme les siens, il avait besoin d’une aide professionnelle et qu’il l’a toujours refusé. Alors, quand il avait des moments de rechute, il s’appuyait sur son frère, ses amis, et beaucoup sur lui-même. Sauf qu’il arrive toujours un moment où on ne peut plus faire grand-chose… Pas sans un psy.

Tu soupires. Tu ignores certaines choses à propos de ton ex, mais tu te souviens de sa capacité étonnante à tout nier, à garder ses blessures secrètes. Et tu te souviens aussi des bases sur lesquelles vous aviez construit votre couple, à l’époque.

— Je pense qu’il ne m’en voudra pas si je le dis, mais il avait un problème avec le sexe. Il vous a sûrement fait des avances, et il a probablement couché avec la moitié de l’Académie.

Tes lèvres s’étirent en un fin rictus alors que tu te souviens de tes années d’internat. Il avait été insatiable, et même toi tu ne savais pas comment il faisait pour dormir si peu et être aussi concentré en cours.

— C’était sa drogue, et comme tous les drogués il pensait avoir le contrôle là-dessus. Pour peu qu’il ait eu un coup de stress ou autre, un événement un peu spécial, il aurait pu retomber dans ses travers, et il se détestait d’être comme ça. En tous cas quand je l’ai connu, mais je doute que ça ait changé entre temps.

Tu prends à nouveau une longue respiration avant d’observer la salle. Ouais, tu allais faire cours ici, c’était pas forcément une mauvaise idée, au moins pour la première séance.

— Vous n’êtes pas coupable. Il pensait pouvoir s’en sortir seul, mais non. C’est tout.

En vérité, c’était toi qu’il avait appelé à l’aide, et toi qui n’avait pas su décoder son S.O.S. En toute logique, c’était de ta faute, plus que celle de quiconque à Haveirson.

18/12/2005

Et pourtant, je tenais à toi, un peu. A ma façon certes, mais quand même. 182798tumblrlnw1ikmsgy1qjawluo1500

"Que font ceux qui restent
Quand leur peine est plus forte que tout,
Quand ils se détestent
D'être ceux qui restent,
Ceux qui doivent aller jusqu'au bout ? "

Damien Sargue - Un jour.

Le professeur Alexandersson me fait quelques confidences au sujet de Quinlan. Il avait visiblement des soucis et je n’ai rien vu. Pourtant, nous avons passé beaucoup de temps ensemble lui et moi, entre les missions et nos entraînements communs, il n’a jamais rien laissé paraître, ou alors, j’étais trop aveuglé par mes propres problèmes pour me rendre compte qu’il en avait des graves. Mais dans ce cas, pourquoi Clemens lui-même n’avait rien remarqué ? Il aurait jamais laissé Quinlan mourir, n’est-ce pas ? Quinlan devait être particulièrement désespéré pour quémander de l’aide à une personne qui ne vivait même pas dans le même pays.

J’étais de nature curieuse, et je regardais attentivement le professeur Alexandersson, en me demandant quels soucis pouvaient avoir accablé Quinlan. J’en avais aucune idée, et ma curiosité était piquée au vif. Toutefois, j’étais mal à l’aise. C’était déplacé de lui en demander plus alors que Quinlan et moi n’avions jamais été suffisamment proches pour faire ce genre de confidences.

«- Et Fitzsimmons n’est pas du genre à demander de l’aide… » Constatais-je après quelques secondes de silence. Quinlan avait trop de fierté pour ça, non ? C’était du moins l’impression qu’il me donnait.

Je regarde le professeur un peu surprise de ses confidences sur Quinlan. J’aurais pas forcément voulu savoir ce genre de détails sur lui. C’était tellement personnel que je ne suis pas sur qu’il aurait voulu que je sache. Et puis, doucement je réalise la suite de ses paroles, et je laisse échapper un petit rire. Quinlan me faire des avances ? ça aurait été tellement risible et irréaliste surtout vue notre première rencontre ! Et puis, Quinlan était gay non ? Enfin, il doit bien le savoir ça !

« - Aucun risque non ! Il n’avait d’ailleurs plutôt pas intérêt à essayé ! » pouffais-je malgré moi. « Et puis je crois pas du tout que j’étais son genre et… il était déjà en couple… » ajoutais-je plus sérieuse. « pour le reste j’en sais rien, il fréquentait un de mes amis, mais je me mêlais pas du tout de leur vie alors j’en sais pas plus… et à vrai dire, je ne préfère ne pas le savoir… Je ne suis pas sur qu’il aurait aimé que je sache certains détails de sa vie privée et de comment il était… bien que je ne doutes pas de ses possibles exploits sexuels hein » Dis-je en passant une main dans ma chevelure, un peu gênée avant de terminée par une note un peu humoristique.

J’ignorais pourquoi il avait pensé une seule seconde que Quinlan aurait pu me faire des avances, il ne le connaissait peut-être pas si bien que ça, ou sinon, Quinlan avait bien caché son jeu. Mais pour la mémoire de Quinlan et malgré ma curiosité qui me tiraillée, je ne souhaitais pas en savoir trop sur sa vie privée. Peut-être parce que j’avais peur de ce que j’apprendrais ? Ou tout simplement parce que Quinlan aurait peut-être aimé que ses secrets restent secret ?

Je n’étais pas coupable certes, mais si j’avais fais plus attention, j’aurai peut-être pu voir qu’il allait mal, et ça, c’était là le point de culpabilité qui me ronger. Je soupirai doucement, avant de regarder Magnus. Il était… totalement différent de Quinlan, enfin en façade du moins. Et il était à première vue, plus agréable que lui, du moins pour tenir une conversation. Il m’apparaissait bien plus agréable que Quinlan au premier contact ; bien que la rencontre avec Quinlan n’était pas du tout comparable.

« -Pourquoi être resté ? Par plaisir de l’enseignement ? Ou par rapport à Fitzsimmons ? » demandais-je par curiosité en le regardant droit dans les yeux.

13/06/2016

Tu parles un peu trop, mais une fois le flot de paroles débloqué, tu ne sais plus comment l’arrêter. Tu ne te pensais pas si bavard, à vrai dire, et si Matteus te voyait, il n’en aurait sûrement pas cru ses yeux. Toi aussi, tu avais eu ton lot de merdes qui t’avait nettement assagi. Refroidi serait même un terme plus approprié. Enfin, on ne parlait pas de toi, mais d’un mec qui n’avait pas pu retenir sa main, et qui n’avait laissé derrière lui que des lettres laconiques.

— Non, c’est pour ça que je n’ai pas compris de suite. J’étais en colère aussi. Je n’avais pas eu de nouvelles depuis des années…

Tu hausses les épaules : toi aussi tu te sens coupable, mais tout comme Megan, tu ne peux rien faire. Rien ne changera ce qu’il s’était passé, et il valait mieux que tout le monde fasse son deuil. Les choses changent, et pas forcément comme on l’entend. D’autres, par contre, ne changent pas, ou seulement dans le sens où elles empirent. C’était le cas des travers de ton ex, que tu n’avais aucun problème à exposer à Megan. Quinn aurait voulu en parler, tu en étais sûr. C’est juste qu’il n’avait jamais su comment le faire.

Apparemment, il n’avait jamais fait un pas vers cette étudiante, qui ne tarda pas à rejeter cette idée en prétextant qu’elle n’était pas le genre de ton ex, et qu’en plus il était en couple. Le rire te monta avant même que tu ne puisses l’en empêcher.

— D’après mes souvenirs, il avait un faible pour les jolies blondes et puis être en couple ne suffisait pas à l’arrêter. C’est pas quelque chose qu’il arrivait à maîtriser assez bien pour soumettre aux dures lois de la fidélité.

Tu ris encore un peu, avant de lever doucement les mains en l’air, paumes ouvertes.

— Oh et avant que vous ne pensiez que moi aussi j’en veux à vos fesses, le fait est que vous êtes absolument charmante et que vous avez sûrement une personnalité des plus intéressantes, mais contrairement à Quinn qui sautait tout ce qui bougeait, je suis gay.

Tu ne peux t’empêcher de rire à nouveau, te disant que tu pouvais parfaitement remplir le rôle du pote gay sarcastique, sauf que tu parlais à une de tes futures étudiantes. Ça l’aurait quand même fait moyen.

— Pardon… Enfin, je ne savais pas qu’il était en couple.

Maintenant que t’y penses, tu te dis que ça n’avait pas dû être facile de trouver quelqu’un d’aussi ouvert sur la question, quelqu’un qui lui laisse assez de marge de manœuvre pour ne pas l’étouffer totalement. Même toi, tu n’avais pas toujours été très compréhensif avec ta sale tendance à le paterner dès qu’il était un peu trop imprudent. Résultat des courses : c’est toi qui payait ton imprudence.

Un sursaut de colère monte alors en direction de cet ami que tu ne connais pas, et dont Quinlan n’avait même pas parlé dans sa lettre. Mais justement. Il n’avait rien dit, alors tu ne sais rien, et tu lui laisses le bénéfice du doute. Quinlan était du genre à se torturer tout seul, même quand toi, tu ne lui avais fait aucun reproche. Il n’est pas du tout impossible que ce soit ça qu’il se soit passé. Le ton d’excuses plus que de reproches de son ultime lettre va d’ailleurs dans ce sens.

Tu te perds dans tes pensées, mais Megan te ramène à la réalité en te demandant clairement pourquoi tu es resté. La réponse est simplissime, même si tu as encore du mal à t’y faire.

— Je n’ai jamais enseigné avant, alors je suppose que c’est par rapport à lui oui. Une façon de me racheter ?

Tu parles, pour un mec qui n’arrête pas de dire qu’il n’a pas à se sentir coupable… De quoi tu veux te racheter ? Paie ta contradiction.

18/12/2005

Et pourtant, je tenais à toi, un peu. A ma façon certes, mais quand même. 607407tumblrlnw1ikmsgy1qjawluo1500

Où vont ceux qu'on aime
Quand ils disparaissent,
Tout à coup ?
Quelqu'un qui nous laisse,
Quelqu'un qui vous blesse
Quand il s'en va trop loin de nous.

Un jour - Damien Sargue

Il était donc du genre à disparaitre comme ça, sans prévenir et sans donner de nouvelles. Je suppose que je ne devrais pas être surprise vue ce qu’il avait fait. C’est un peu son genre de disparaître sans un mot visiblement. Je comprends Alexandersson et je compatis.

« -Visiblement, il est doué pour disparaître sans prévenir… » commentais-je sarcastique.

Une fois encore, je n’avais mesuré mes paroles qu’au moment ou elles avaient étés prononcées et je laissais échapper une légère grimace. Je devais apprendre à arrêter de penser à voix haute, ce qui était devenu récurrent depuis un mois.
J’eus droit à une description des types de filles de Quinlan. Non seulement j’ignorais qu’il était bi, mais en plus je ne savais pas comment je devais prendre cette confidence. Bien que j’étais contente qu’il ne m’avait jamais fait d’avance, je me demandais du coup si c’était parce que j’étais moche à ses yeux. Sympathique pensée et si je ressuscitais Quin pour le tuer de mes mains, juste pour le plaisir de me venger ? Bon après, vue la relation tendue qu’on avait, je peux comprendre qu’il n’est jamais rien tenté au début, et après il était avec Clemens…

« - Je devais être moche à son goût… » fis-je sur un ton aussi sarcastique que ma première phrase. Mais j’allais pas m’en plaindre, j’aurai probablement pas aimé qu’il me fasse des avances de tout façon, c’était mieux comme ça.

Mais Quoi ? Il était du genre infidèle ? Sérieusement ? J’entrouvris la bouche, mais aucun mot n’en sortit. Il n’avait quand même pas trompé Clemens, n’est-ce pas ? Le doute m’assaillit. Je ne savais plus comment prendre toutes ses informations.

« -Non, vous déconnez… infidéle ? »

Putain. J’en revenais pas. Clemens le savait-il ? Non probablement pas. Je devais lui dire ? Pourquoi remuer le couteau dans la plaie ? Mieux valait se taire et garder ça pour moi, n’est-ce pas ? Je ne me posais pas plus longtemps la question que je fus estomaqué par la prise de paroles d’Alexandersson. Bon il était pas intéresser par mes fesses, tant mieux, j’en étais soulagée, non ? Bon il avait mis des formes, et acheva sur le fait qu’il était gay. Ce qui était logique puisqu’il se serait pas taper Quinlan sinon. Bien que connaître l’orientation sexuelle de mon prof était fort intéressant, je voyais pas non plus pourquoi il me parlait de ça, mais ça avait eu le don de m’amuser.

« - Et bien vous m’en voyez ravie, je m’en serai voulu de devoir vous dire non… » Outre le fait que j’étais déjà en couple, j’avais eu mon lot de professeur, même si ce n’était pas non plus totalement volontaire. Dans tout les cas, je ne me voyais pas vivre une histoire avec un professeur, alors nous n’avions aucune inquiétude à avoir

«- Et si nous pouvions éviter de parler de la possible vie sexuelle de Fitzsimmons… c’est clairement… gênant… Dans mon esprit, je risque de l’imaginer avec un déguisement de lapin » Dis-je sur un ton plaisantin. Lapin = Chaud Lapin… ouais ça vole pas haut dans ma tête !

J’étais désolé pour lui, visiblement, il y avait des choses qu’il ignorait sur Quin et il semblait en être touché. J’aurai voulu le réconforter, mais… Ce n’est clairement pas mon fort. Je me contente de lui faire un sourire compatissant et ça s’arrête là, du moins je le crois. Il me confie pourquoi il pense être resté.

« -Vous n’avez aucun reproche à vous faire vous savez. Et en tout honnêteté, je ne vois pas en quoi vous voulez vous racheter… Vous n’avez rien fait de répréhensible… Et puis, si c'est la première fois que vous enseignez... je pense que vous allez souffrir! » dis-je doucement avec un sourire encourageant.

13/06/2016

La remarque de l’étudiante te fait sourire malgré la gravité de la situation. Tu dois admettre qu’elle a raison : il avait toujours fait ça. Ce mec était une vraie plaie pendant les soirées de beuverie, on ne savait jamais où il était passé. Mais comme un chat, il finissait par revenir la bouche en cœur le lendemain – voire le surlendemain – comme si rien ne s’était passé. Si seulement ça pouvait encore être le cas…

Tu ne réponds rien, parce que tu ne vois pas quoi dire. Megan enchaîne sur le fait qu’elle n’avait pas dû lui plaire, ce qui t’étonnerait, mais là aussi, tu préfères ne pas faire de commentaires. Peut-être qu’il avait réussi à changer, au moins un peu… La suite finit de te convaincre. L’étudiante a l’air suffisamment surprise pour que tu songes à la possibilité qu’il ait pu réussir à se contrôler. Au moins un temps.

— En tout cas quand je l’ai connu. Ça m’a jamais posé problème, mais faut dire que je suis un peu spécial aussi…

Tu ricanes à ta propre vanne, avant de rassurer tout de suite la jeune étudiante que, contrairement à son ancien prof, tu ne risques pas d’en vouloir à son postérieur. C’est toujours ça de pris.

— Loin de moi l’idée de me vanter, mais c’est vrai qu’on ne me dit pas souvent non.

Faut dire aussi que t’as arrêté de demander depuis un petit moment. Pas la peine de s’attacher, et c’est trop dangereux de batifoler avec ce que tu te traînes. Vivre seul, c’est parfois la meilleure solution pour tout le monde.

La remarque de Megan concernant la vie sexuelle de Quinn te fait de nouveau marrer. Elle a de l’humour, c’est plutôt cool. Enfin, elle a surtout raison : parler de cul avec un prof, à propos d’un autre prof, ça devait être vraiment bizarre. Tu hoches la tête pour lui dire que tu as compris, même si cette histoire de déguisement de lapin t’intrigue pas mal.

— Un lapin… ? Non, oubliez ça, ce n’est rien, je ne veux pas savoir à quoi vous pensiez.

Tu avais vu ton ex dans des tenues bien pire que celle d’un bunny boy, et certaines images de soirées bien funky que tu pensais oubliées refirent surface. Mais voilà, tu reviens à la dure réalité en te rappelant que tu es ici pour enseigner, chose que tu n’as jamais faite encore. Tu ne sais pas comment ça va se passer, et il faut dire que ton étudiante n’est pas très rassurante, malgré ses tentatives de réconfort.

— Merci, c’est toujours agréable de se sentir soutenu…

Tu souris un peu, profitant de cette vanne pour détendre un peu l’atmosphère.

— J’espère que vous n’allez pas le faire exprès et pourrir mon premier cours, hein ? Je suis trop vieux pour le bizutage.

Un nouveau sourire, un peu plus franc. Elle a raison : tu n’as pas besoin de te racheter. Cependant, tu t’es engagé auprès du reste d’Haveirson, et tu ne peux pas repartir comme ça en Suède sans rien dire. Toi, tu peux tenir le coup. Et puis, ce sera sûrement une expérience intéressante, non ?

18/12/2005

Je ne pouvais que constater qu’il était un homme agréable à regarder pour son âge, alors je comprenais aisément qu’il avait pu plaire facilement à d’autres hommes. Je n’ajoutais rien de plus à ce sujet, estimant que les relations intimes, autant de Quinlan que du professeur Alexandersson ne me regardait absolument pas.

Je ne savais pas si c’était ce qu’on pouvait appeler du soutien, mais j’avais beaucoup de compassion pour lui, et s’il y avait bien quelque chose dont il ne manquait pas, c’était bien de courage, quoiqu’il en dise. Il en fallait beaucoup pour abandonner sa vie pour aller enseigner dans une académie, loin de son pays natal.

Et puis, je me mis simplement à rire. Je n’avais vraiment pas pensé au bizutage, mais maintenant qu’il en parlait, ça pourrait être marrant, non ?

-Oh, à vrai dire, ça ne m’a même pas effleuré l’esprit jusqu’ici… Mais maintenant que vous en parlez… Fis-je en faisant mine de réfléchir.

A vrai dire, j’avais beau avoir un caractère difficile, je n’en étais pas moins calme et réfléchie lorsque j’étais en cours et qu’on ne me poussait pas dans mes retranchements. Et puis, l’idée de perturber un cours dans cette académie ne me disait rien qui vaille. Mais l’entendre dire qu’il était trop vieux était surréaliste. Je le regardai quelques secondes avant de laisser un sourire narquois s’étirer sur mon visage.

-Faut vous appelez grand-père alors ? J’y manquerai pas ! Grand-père ! Si ça porte à confusion ce sera pas de ma faute hein !

Je ne savais pas trop ce qui me prenait, je n’étais rarement aussi sujette à ce genre de plaisanterie mais pourtant aujourd’hui, je me laissais un peu aller avec cet inconnu, et j’ignorais pourquoi. C’était tellement déstabilisant et puis… j’espérais qu’il ne le prendrait pas mal, l’idée de partir sur de mauvaises bases avec lui ne m’enchantait guère.

-D’ailleurs grand-père, je peux vous poser une question ? Vous vous y connaissez un peu en poisons et antidotes ? Enfin plutôt de la recherche médicale axé sur les poisons ?

Oui, tant qu’à faire, autant savoir s’il pourrait m’être utile à un moment donné ou si je devais abandonné toute idée d’aide maintenant.

13/06/2016

Quelle bêtise n’as-tu pas dite là ! C’est toi qui a amené le sujet du bizutage sur la table, alors tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même si Megan a de mauvaises idées. Tu ne te penses pas du genre à parler sans réfléchir, mais il faut croire que ce sont des circonstances étranges. La compagnie de l’étudiante ne te gêne pas, tu le remarques enfin. Tu espères même que ça se passe aussi cordialement avec le reste de tes chers étudiants. Alors tu souris, et tu prends un faux air paniqué.

— Oh non, pas le bizutage ! J’ai déjà donné !

Tu ris doucement, prenant un autre faux air outré en l’entendant t’appeler « Grand-père ». C’est d’autant plus tragicomique que tu ne le seras jamais, justement. Ni même oncle, d’ailleurs. Tor Alexandersson avait fait un tiercé de la loose avec ses jumeaux et sa fille, ou alors c’était sa faute pour les avoir élevés si mal ? Birgit refusait catégoriquement d’avoir des gamins, toi c’était déjà pas gagné d’avance mais depuis que ta maladie s’était déclarée, c’était encore plus hors de question… Quant à Regnus, il est habité d’un tout autre mal, mais le résultat est le même que pour toi. Isolement, solitude, et refus presque phobique de transmettre ce qu’il a. Tu gardes tout ça derrière une façade imperturbable, et tu reprends un sourire cache-misère

— Appelez-moi comme vous le voulez, c’est vous que ça embarrassera je pense !

Tu t’apprêtes à tourner les talons pour quitter l’amphithéâtre, quand la jeune Megan t’interpelles avec ton nouveau surnom. Charmant, vraiment. Tu ne fais aucun commentaire, tentant de garder ton sérieux, et tu écoutes sa question. Les poisons et antidotes… Hmpf.

— C’est pas du tout ma spécialité… J’en connais quelques uns, ne serait-ce que pour les reconnaître quand on m’envoie un corps avec suspicion d’empoisonnement. Enfin, quand on m’en envoyait. Vous travaillez là-dessus ?

Ce serait bien dommage si c’était le cas, car tu n’y connaissais presque rien, juste comment les repérer une fois que c’était trop tard. Généralement, dans ta branche, on se foutait un peu des antidotes…