Nylah Hel

Je vis dans un petit village dans le Nord, où il fait sombre et froid toute l’année. On finit par s’y habituer, paraît-il. Pour ma part, je ne m’y suis jamais habituée. Les rues sont si étroites et étranges que même la lumière n’ose s’y aventurer. Je faisais partie d’une famille heureuse et soudée. Oui, faisais, car c’est du passé maintenant. Mon père était un grand homme, intelligent, drôle et charismatique. Il était comme moi, ou plutôt, je suis comme lui. Nous sommes «différents» comme maman aimait nous qualifier. « Il y a peu de différence entre un Homme et un autre, mais c’est cette différence qui fait tout.» Notre différence à nous, est une différence d’ordre magique. Maman l’a toujours bien acceptée, jusqu’à ce jour. Ce jour où elle a vu son mari pour la toute dernière fois. C’était un matin comme les autres, où le gel s’emparait de tout ce qu’il trouvait sur son passage. Je le revois encore dans l’entrée, se battant avec le noeud de sa cravate bordeaux alors qu’il était en retard pour son travail. Il avait tout de même l’air paisible, et prenait évidemment le temps pour nous dire au revoir. Je n’avais que sept ans, et je n’avais pas encore compris que la vie était faite ainsi. Il a embrassé mon front et il est parti. Je le fais encore, huit ans plus tard. Tous les soirs, je m’installe sur le fauteuil dans le salon qui est tourné en direction de la porte d’entrée. Et j’attends. J’attends son retour, ses mots, une explication. On nous a dit qu’il avait été enlevé, maman s’est mit en tête qu’il avait une autre vie, une autre femme, un autre enfant. Depuis ce matin glacial de décembre, elle ne me fait plus de cake à l’orange. Elle ne me sourit plus, elle refuse de croire en cette chose qui me rendait tellement différente, en cette magie qui me liait à lui. «Tu es comme ton père, je ne veux plus de toi ici.» Ces mots m’avaient transpercée à la seconde où elle les avait prononcés. Je n’avais plus le droit de rien. Ni de parler de lui, ni de pratiquer de la magie ou même d’y penser ne serait-ce qu’un instant. J’étais destinée à la regarder se morfondre dans son canapé, toute la journée, une bouteille d’alcool à la main alors que son nouveau copain se faisait un plaisir de faire l’homme de la maison. Je n’existais plus, j’étais devenue invisible. C’est à ce moment là que j’ai compris qu’il était temps de partir, temps de trouver les réponses à mes questions. A onze ans j’étais déjà et enfin prête à prendre mon avenir en main. J’ai fais ma valise et je suis descendue dans l’entrée. Je me tenais là où mon père s’était tenu pour la dernière fois, et en me regardant dans le miroir, j’eu ce sourire qui me semblait tellement familier. Elle avait raison, je lui ressemblait tellement. Il était temps de mettre mon masque. Et par une certaine ironie, je quittait la maison pour la dernière fois, vêtue d’une cravate bordeaux.

Je vais entamer ma cinquième année au sein de Poudlard, et les quatre premières n’ont pas été de tout repos. Avant d’entrer dans cette école pour les personnes comme moi, qui n’avaient accès à aucun enseignement de ce genre dans l’univers qui était communément appelé «Le mondes des Moldus», j’en avais entendu parler par le biais de mon père, évidemment. Durant ces dernières années, j’étais membre de l’équipe de Quidditch, ce qui me permettait de continuer le sport, bien qu’il était complètement différent de celui que je pratiquais initialement. Mon aspect froid et apparemment hautain ne m’avait pas valu un grand nombre d’amis. A vrai dire, je ne m’en étais fait aucun. J’avais quelques connaissances, qui s’intéressaient à moi dans le cadre purement scolaire ou pour se donner bonne conscience, mais aucun ne s’était réellement rapproché de moi. J’étais, comme toujours, seule. Fort heureusement, la solitude était elle, ma véritable amie. Mon manque de concentration ne m’aidait pas a avoir de très bons résultats, malgré le potentiel qui était, d’après les professeurs, présent en moi. Je n’y croyais pas vraiment, mais je faisais mon possible au fil des années pour m’améliorer sur ce point là. Malgré ce défaut plus que gênant durant les études, j’avais toujours réussi à avoir mes examens, bien souvent de justesse. C’est tout ce qui m’importait, pour que je puisse rester dans l’établissement qui était à présent ma maison, n’ayant pas la force de rentrer chez moi. Depuis le début, je gardais mon objectif scolaire principal en tête : enseigner. Il fallait que je travaille davantage, et cette année allait peut-être être l’année du changement. «Déterminée, tu es déterminée», c’est la phrase que je prononçait tous les matins en me regardant dans le miroir.