De la rivière à la mer |Libre]

Terre! D'asile ou d'Edhen! Y a-t-il ici ou quelque part un ailleurs?

Par chance, plus de peur que de mal. La jeune femme que j’avais heurté n’avait pas été blessé. Je m’en serais voulu si ça avait été le cas.  Elle semblait avoir quasiment le même âge que moi, même si je ne parierais pas forcement dessus. Son ton était doux, à l’image de son visage aux traits fins et gracieux.  C’était une belle jeune femme, je devais le reconnaître, même si je devais reconnaître avoir du mal à oublier le visage de ma mystérieuse Hope.  Je la regardais l’air contrit, m’excusant une nouvelle fois, vraiment gêné de ne pas l’avoir vu arriver de derrière les arbres.

« -Vraiment, encore désolé… » Dis-je un peu dépité par cette inattention qui aurait pu s’avérer dramatique si je n’avais pas eu les réflexes de sportif. « Oui c’est vrai, ça aurait pu être plus dramatique sinon » dis-je un peu honteux. Heureusement, il en était rien. Je soupirais alors avant de reprendre un sourire normal. J’étais pas non plus du genre à me morfondre, j’étais de nature optimiste, et finalement tout allait bien alors pourquoi cogiter sur quelque chose qui aurait pu arriver ?

« -Je me promène ! J’suis nouveau donc je découvre un peu les alentours ! Comme la mer n’est pas loin, je suppose que la rivière qui descends doit y arriver, alors je longe le cours d’eau. Ça promène, et puis ça me permet de découvrir un peu l’environnement autour de l’académie ! C’est beau comme endroit, tu ne trouves pas ! » dis-je en montrant les alentours d’un geste des bras.

La mousse sur les rochers, les arbres encadrants la rivière ou le clapotis de l’eau donner le rythme musical à cet endroit enchanteur. J’appréciais, franchement l’endroit, et je devais admettre que  c’était aussi agréable qu’Ilvermorny, même si ici, il n’y avait pas de montagnes.

«-Oh oui bien sur ! Avec plaisir ! Tu allais quelque part en particulier peut-être ? Au fait, je m’appelle Leo ! » dis-je sur un ton enjoué, dévoilant de plus belle mon accent américain.

©junne.

Terre! D'asile ou d'Edhen! Y a-t-il ici ou quelque part un ailleurs?

L'adaptation à l'Angleterre n'est pas vraiment facile pour moi. J'ai toujours peur de dire quelque chose qui gênerait ou choquerait mon interlocuteur. Je pense que je n'aurai jamais du écouter les paroles de mes potes américains sur leurs préjugés envers les anglais. Ils m'ont tellement charier avec ça, que j'arrive pas à oublier et c'est pas forcément à mon avantage.
Elle se présente. Novenka? ça ne sonne pas très british il me semble. Je reste quelques secondes interloqué, me demandant si elle est vraiment anglaise. J'ai quelques doutes. Son accent n'a par l'air si prononcé que ça après réflexion. Et je profite qu'elle parle de mon joli-tout-mignon prénom que maman m'a fait la joie de me doter - Et heureusement, elle m'a pas appeler Leopold sinon je m'en serais jamais remis! - pour amener du coup le sujet qui m'intrigue.

"-Merci, ton prénom est joli aussi... Mais il sonne pas très... britannique, non?" Fis-je curieusement avec mon accent américain.

Nous nous mîmes en marche a peine quelques secondes qu'elle se retourna, comme si quelque chose avait attiré son attention. Je la regarde sans comprendre et regarde à mon tour par dessus mon épaule pour constater... qu'il n'y a rien, mis à part des arbres et la rivière qui se transforme en petits rapides à notre niveau. Je cherche une réponse à ce qu'elle a pu voir, mais rien ne se dévoile à mes yeux. Je tente alors de relativiser et de la rassurer.

"- Oh c'est probablement un petit lapin, ou une autre bestiole peureuse... C'est courant dans les forêts... enfin ici je sais pas, mais chez moi, y en a pas mal!" Dis-je en lui souriant.

Elle finit par se détendre, du moins je le pensais puisqu'elle s'intéressa à nouveau à notre discussion. Elle m'interrogea et je me contentais donc de lui répondre honnêtement, en espérant avoir à mon tour quelques réponses.

"- Je suis en première année dans la confrérie Phenix, Et toi? C'est ta première année? je suppose par déduction que t'es pas dans la confrérie Phenix! j'ai gagné?" m'amusais-je avant de me figer.

Novenka semblait à nouveau perdu dans une contemplation qui cette fois, l'effrayait. Elle se colla à mon flanc, et si je n'étais pas mécontent de cette situation - C'est pas tout les jours qu'une jolie fille se colle à moi -, j'en étais pas moins surpris et je la regardais avec incompréhension. Elle semblait terrifiée par quelque chose. Je regardai par dessus mon épaule, mais je ne voyais toujours rien et je me demandais à présent si Novenka avait bien toute sa tête.

"-Tu es sur que ça va? Je veux dire, y a personne d'autre que nous ici..." dis-je doucement. " Regarde " ajoutais-je en m'éloignant d'elle.

Je fis marche arrière et j'étais  à présent sur la terre à côté du cours d'eau, et j'écartais les mains en tournant sur moi même.

"-Ohééé y a quelqu'un?" Criais-je en attendant pas vraiment de réponse.

Seulement, dans ma stupide action, je me pris un pied dans un rocher sur le petit sentier, et je me retamais par conséquent de tout mon long par terre,  comme un vulgaire sac à patate.

"-Je vais bien!" M'exclamais-je aussitôt en relevant un peu la tête.

C'est moi ou le tronc vient de bouger? Et les deux cailloux par terre, cote à côte aussi? J'étais loin de me douter qu'il s'agissait de pieds et de jambes, mais je commençais à me dire que ma chute m'avait plus sonné que je le pensais.

"-Enfin, j'suis plus sur que ça va... J'ai l'impression de voir des trucs bouger..." dis-je avec un profond soupir de dépit.

Je me relevais avec difficulté, toujours à scrutter les deux rochers qui me paraissait trop identique pour être normal. on aurait dit des pieds, mais en relevant le visage et en jetant un coup d'oeil rapide autour de moi, je ne voyais rien. Probablement mon imagination. Je me frottais la nuque en me tournant vers Novenka.

"-Je crois que ça va aller, c'est juste mon imagination." dis-je prêt à repartir en aval vers la mer. " Rassurée?" ajoutai-je à la jeune femme à mes côtés.

©junne.

Terre! D'asile ou d'Edhen! Y a-t-il ici ou quelque part un ailleurs?

Mon manège n’a pas servi à grand-chose puisque Novenka n’est toujours pas rassurée. Tant pis, j’aurai fais ce que j’ai pu. Je la trouve un peu trop tendue et ça va finir par avoir des répercussions sur sa santé. Je pensais pas que c’était possible d’être autant paranoïaque que ça. Finalement, et malgré le fait que je commence aussi par me sentir épier, nous reprenons notre chemin. Je n’en parle pas à Novenka pour pas l’inquièter plus, mais j’en entendu des pierres s’entrechoquer et j’ai cette sensation qui ne me quitte pas et me bouffe le ventre. Comme si on nous surveillait dans nos moindres faits et gestes. Et j’étais tellement sur d’avoir vu des pieds. Ça ne pouvait pas être mon imagination tout ça quand même ? Par précaution, je ne dis rien en espérant que ce ressentiment s’envole comme il était arrivé.

« -Pourquoi changer de confrérie en fait ? C’est pas censé… » dis-je clairement en fronçant les sourcils. « C’est bête quand même, vous aviez vos habitudes, et j’en déduis aussi, des relations avec d’autres personnes. Changer de confrérie ca casse vos habitudes et peut un peu éloigner les gens qui avait pris l’habitude de se cotoyer… » dis-je sur un ton blasé.

J’étais loin d’être un adepte du changement, et j’aurai pas voulu qu’on me change comme ça, sans en donner de raison. Nous marchions sur la terre ferme en longeant la rivière. La balade en elle-même était agréable, c’était vraiment magnifique comme endroit et nos pas étaient bercés par le son de l’eau à côté de nous.

« - Je suis le cursus de vétérimagie ! et toi ? » L’interrogeais-je intriguée.

Je du enjamber un rocher sur notre chemin et je me tournais vers Novenka afin de l’aider à passer l’embuche. Je lui tendis la main pour l’aider, tout en ajoutant.

« - Quoique mon cursus, je vais pas te cacher que c’est par défaut que je le suis car c’est celui qui m’inspirait le plus… Disons qu’à 18 ans, ce n’est pas simple de savoir ce qu’on veut faire dans la vie ! » répondis-je en souriant, «  Peut-être que je changerai de cursus plus tard mais en attendant je… »

Je m’arrêtais en perdant mon sourire habituel et en regardant par-dessus l’épaule de Novenka. Il y avait quelque chose d’anormal. J’étais certain qu’une silhouette s’était faufiler là. Je plisse les yeux afin de me concentrer et tenter d’apercevoir quelque chose et effectivement, j’ai l’impression que… Désillusion ?

« -Novenka… je crois qu’il y a effectivement quelqu’un…. Désillusion je crois. » lui murmurais-je au creux de l’oreille. «  Derrière, entre les deux arbres  à côté du gros rocher biscornu à deux ou trois mètres de la rivière. Juste à côté de la ou je suis tombé… » la prévins-je à voix basse. « Enfin je suis pas sur mais… c’est clairement pas normal ce que j’ai vu et ça m’a fait penser à mon cours de défense… » ajoutai-je en fixant le point anormal que je voyais.  « Ma baguette est resté à l’académie… tu peux faire quelque chose ? » Terminais-je doucement.

Bon, certes, ne pas prendre sa baguette, c’était pas futé vu les temps qui courent en Angleterre, mais je suis américain et en Amérique, on se trimbale pas avec sa baguette partout ou on va !

©junne.