Arseni E. Selwyn ; never put your faith in a prince.

The tyranny of a prince in an oligarchy is not
so dangerous to the public welfare as the apathy of a
citizen in a democracy.

coeur de lion, coeur de roi. du moins, c'est ce que maman m'a répété tout au long de mon enfance. premier garçon de la famille, elle envisageait de grandes choses pour moi... un futur cousu sur mesure, une couronne, un titre, tout ce que je désirais, du moment où je suivais son enseignement à la lettre. mon père fut un homme longtemps admiré, apprécié, reconnu, par tous ces gens qui, à ce jour, m'échappent encore. je n'en connais pas la moitié, et n'en connaîtrai probablement jamais plus que ça. toute ma vie, on m'enseigna que le mal fut toujours supérieur au bien : qu'un jour ou l'autre, il régnerait, et qu'il était tout à mon honneur de faire les bons choix. sans quoi, de toute façon, on me déshériterait de la fortune de mon paternel. longtemps, les bons choix de mon existence se résumèrent à : écouter, ne parler que lorsqu'on me l'autorisait, et ne surtout, mais alors surtout pas fréquenter les gens de la basse classe. qui, eux, se trouvaient à être tous ceux qui ne possédaient pas le même sang que nous... pur, au nom des selwyn, qui tenaient tant à leur nom.

les aiguilles tournent, les secondes passent, et tic, et tac. au loin, il entend les jeunes de son âge s'amuser, s'égosiller, crier à la joie. sans trop savoir si toutes ces voix sont fruit de son imagination, il fixe la feuille, toujours blanche, que lui a posé sous le nez sa génitrice une bonne heure plus tôt. sans broncher, sans dire un mot, elle le fixe, les bras croisés, attendant patiemment que son fils ne rédige quelque chose. sévère, inébranlable, la tension est palpable dans l'atmosphère, mais il ose souffler avant de virer au bleu. « camilia... » elle grogne, puis frappe son poing sur la table du garçon, enragée, comme toutes les fois où son fils l'appelle par son prénom. « petit insolent, combien de fois devrais-je te le dire ? mère. MÈRE. » elle hausse le ton, serre les poings, puis souffle à son tour. un souffle emplit de ressentiments. arseni a toujours été plus près de son père que de sa mère, et cette dernière ne l'a jamais supporté. « mais n'as-tu donc rien dans la tête ?! même ta grande soeur ferait un meilleur héritier que toi ! » s'exclame-t-elle finalement devant le mutisme du petit, une pointe d'hystérie faisant trembler sa voix si faussement douce aux yeux des autres. il ravale sa salive, serrant ses petits doigts sur le crayon, la paume de sa main moite à force de le tenir. la mine se casse sous la pression qu'il exerce sur la feuille, et du haut de ses six années, il se lève, pousse sa génitrice, qui tombe sur son lit. non pas parce qu'elle ne peut soutenir la force du gamin, mais sous la surprise. les yeux dans les yeux, la haine teintant ses iris, il baisse le ton. « camilia... je n'écrirai jamais pour toi. » sa voix est douce, mais pourtant si violente. sans avoir besoin de dire un mot, il l'envoie valser, la fait taire. cette femme n'est rien de plus qu'une marâtre, une escroc portant le nom des selwyn à défaut de s'être mariée à un homme trop grand pour elle.  

écrire, écrire... j'ai toujours écrit. du plus loin que je me souviennes, du moins. dès l'instant où j'ai appris à colorer les pages blanches de mes crayons, dès l'instant où j'ai appris à enligner les mots les uns après les autres. mes sources d'inspiration étaient généralement chaotiques. la violence, le chaos, le désespoir, étaient tous des sentiments m'inspirant à écrire. ma mère, à la fois effrayée et impressionnée, ne cessait de tenter de me tirer mes plus beaux écrits, mais sans succès. mes plus beaux écrits furent pour scarlett, ma défunte tante, mon père, et, parfois, ma grande soeur, malgré les relations tendues que nous imposaient, volontairement ou non, nos parents. plus les ans passèrent, plus je m'éloignai de camilia, me rapprochant de scarlett ainsi que de mon père, sans jamais ne lui accorder ne serait-ce qu'un peu d'importance. lorsque je fis mon entrée à poudlard, les choses se corsèrent, et l'écart entre mes deux parents se creusa.

je suis un serpentard marmonne le garçon, les poings serrés et le coeur qui bat à vive allure. l'espace de quelques minutes, il s'était efforcé à respirer, à garder son calme, à ne pas se laisser emballer par l'ambiance de fête qui régnait tout autour de lui. normalement confiné, il n'avait pas l'habitude de subir tout ce brouhaha, d'être entouré de tous ces gens, et sa génitrice le lui avait dit : il devait faire attention, ne pas faire de crise. la maison qui le choisirait, même si elle n'était pas serpentard, l'accueillerait tout aussi bien que les autres. il ne devait pas porter trop d'attention à son père qui, pourtant, avait eut une réaction des plus violentes lorsque sa soeur avait proposé le fait de ne peut-être pas se sentir comme une verte, comme un serpent. lui, par contre, avait ricané au visage de sa mère. camilia, je suis serpentard. lui avait-il simplement offert, sous le regard fier de son père, qui pourtant n'avait pas dit un mot. comme à son habitude. il savait cependant, qu'un jour, il lui prouverait qu'il était ce garçon, le meilleur. meilleur que son père. meilleur que tout, ne serait-ce que pour obtenir son approbation, un commentaire positif à son égard, quelque chose. les voix se dissipèrent autour de lui, et il ferma les yeux. le choixpeau sembla lui souffler une berceuse macabre à l'oreille avant de prononcer sa sentence : serpentard.

finalement, tout s'était bien passé pour moi. j'eus la maison que je désirais, mon père ne fut pas déçu, et ma mère me félicita même, sans cacher ses éventuels remords, ses déceptios vis-à-vis de mes choix lorsque je lui annonçai officiellement vouloir suivre les pas de mon paternel. après avoir baigné dans cet univers près d'un an, je m'alliai à certaines personnes, en repoussai d'autre, jusqu'au jour où, fatalement, tout explosa. ou presque. certains diront que c'était prévisible, et d'autres diront que ce fut une catastrophe. dans tous les cas, si je devais recommencer.... je ne changerais rien de rien à cette soirée, ne serait-ce que pour le sentiment que m'apporta ce cataclysme intérieur, ce bordel chaotique sur le visage de ma mère, nourrissant mes envies de contrôle, de puissance.  

« il n'en est pas question, edward. » il écoutait sa mère parler, se disputer avec son père, agenouillé au mur. il ne voyait aucun autre futur, et elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait de sa fille, mais arseni ne brusquerait jamais le lord. il ferait comme lui, parce qu'il était loyal, parce qu'il n'y avait aucun autre chemin à prendre... et pour la première fois de sa vie, il aperçut sa mère lever la baguette, la pointer sur son père, sur l'homme qu'il admirait le plus au monde. lui qui tentait de la calmer, elle qui tentait de lui faire entendre sa raison. le chaos, encore, mais cette fois, il ne l'appréciait pas. le jeune homme, à présent âgé de douze ans, posait ses mains sur ses oreilles pour ne plus rien entendre. mais ce qu'il entendait, à présent, c'était les murmures. ceux qui lui disaient de mettre fin à ce carnage, de mettre fin à cette vie inutile qui ne faisait que lui mettre des bâtons dans les roues, l'empêcher de briller depuis le moment où elle lui avait donné naissance. le noir, le néant, plus rien. il ne se rappelle même pas avoir attrapé sa baguette, mais il se tient entre eux deux, les yeux exorbités, le souffle court, la rage au ventre, l'envie meurtrière le tailladant, lacérant ses entrailles. « ça suffit, camilia. » lui crachait-il au visage, les dents serrées, son teint écarlate sous la colère qu'il n'avait jamais contrôlé, ne contrôlerait probablement jamais d'ailleurs. « arseni, qu'est-ce que tu fais ? » pour une fois, son père se prononçait. mais il était trop tard, ou tout du moins, c'était ce qu'il pensait, sous-estimant le pouvoir de son paternel qui s'approchait tout doucement de lui. il lui demanda de reculer, mais il n'en fit rien. et bientôt, il leva la baguette vers le visage de cette pauvre, pathétique femme qu'il détestait du plus profond de son âme à présent, s'apprêtant à prononcer les paroles qu'on ne devait jamais prononcer. « AV... » un coup le happe, de toute violence. les bras de son père, forts, bien plus forts que les siens, serrant son corps de jeune garçon et l'empêchant de bouger. la crise, les hurlements, les coups. « si tu fais ça, tout ce que nous avons bâtit n'existe plus. notre famille est détruite. » ces paroles le calment. la léthargie, le vide. il fixe sa mère, lui lance une insulte des plus vulgaires. puis il fait la promesse à son paternel ; jamais, ô grand jamais cette idiote ne le ferait changer d'avis. il ne la laisserait jamais l'écraser à nouveau.

c'est à partir de ce moment que je cessai d'adresser la parole à camilia. je me concentrai plutôt sur mes études : avoir de bonnes notes, être un élève parfait, assister à mes cours, tout en me préparant à ce qui allait venir. on ne me refilait pas trop d'informations ; juste ce dont j'avais besoin, ce que je me devais de savoir afin de me préparer au coup final, comme aimait le dire mon père. ma seconde année à poudlard se déroula à merveille, sans plantes de camilia ni déceptions d'edward non plus, mes notes frôlant leur apogée, même si les professeurs, déjà, commençaient à questionner ma façon d'envisager le futur et de voir certaines choses. on me réprimanda ici et là pour mes comportements dits abnormaux et colériques, et malgré quelques retenues, je réussi à m'en sortir et passer à l'année suivante.

le monde tourne autour de lui. du moins, c'est ce qu'il souhaite. mais jamais ce n'est suffisant. dépasser la note de son pire ennemi ne suffisait pas. répandre la crainte d'une quelconque façon, que ce soit en effrayant un camarade ou en repoussant les pauvres demoiselles, non plus. puis il y eut adrasteia. cette beauté infiniment chaotique, infiniment bouleversée. elle était tout ce qu'il n'était pas, et tout ce qu'il voulait à la fois. le reflet de son regard admiratif, les yeux qu'elle posait sur lui. elle venait à lui à sa guise et le quittait lorsqu'il le souhaitait, mais ces moments étaient plutôt rares. il s’immisça d'abord dans sa vie, sans demander son avis à la jeune femme. puis l'attachement vint, malgré lui, le prendre aux trippes jusqu'à ne plus pouvoir se passer de sa présence. de l'amour ? de l'affection ? oui. non. peut-être. à ce jour encore, il avoue ne pas savoir faire la différence ; la ligne, mince, floue entre ses sentiments et ses désirs restant un mystère à tout jamais. mais quoiqu'il en soit, elle était là. pour lui... aimait-il penser. cette année-là, les choses changèrent à nouveau. il s'était trouvée une alliée, une amie, une fidèle pour si peu. une sang-mêlée. il ne l'aimerait jamais d'amour pur, il l'aimerait toujours d'amour propre. à ses côtés, il se valorisait.

adra, adra... elle était belle, elle était magnifique. j'adorais la tourmenter. encore à ce jour, j'aime imaginer sa peau sous mes doigts, sa peau violacée, sa peau lacérée. ce pur besoin de violence, ce pur besoin d'affection, ce pur besoin de la faire mienne, aussi fatal cela puisse être pour la belle. mais est-ce que ça m'importait, tout ça ? est-ce que j'en avais vraiment quelque chose à faire, de ce qu'elle ressentait, de ce qu'il en serait de nous ? c'était impossible et jamais je n'aurais accédé à de tels sentiments, qu'ils aient été réels ou non. nous n'avions aucun futur, aucun avenir promis, et je me plaisais à la garder à mes côtés, à la garder en haleine. ma petite chose, ma poupée, ma marionnette. égoïstement, je n'étais pas prêt à la laisser aller, même si cela signifiait de la sacrifier.

les élèves se poussent, se bousculent. d'un côté, de l'autre. il y a du sang, des cris, des hurlements. son sang coule si rapidement dans ses veines, l'adrénaline l'envahit. il joue le jeu jusqu'au bout, jusqu'à la fin, jusqu'au tout dernier moment. un coup de théâtre, un dernier mensonge pour se valoriser, le moment fatal, il y est presque. la bataille bat de son plein gré, et rien, rien ne pourrait battre ce moment. il attrape fébrilement la main de sa douce, la serrant une dernière fois. il entend des bruits, comme des coups de canon... des murs qui s'effritent autour d'eux. puis il la tire vers lui, l'étreignant, la tenant, la cajolant. il se sent prince, il se sent puissant, et il la serre tellement fort qu'il entend presque ses os craquer sous la force de sa pression. « adra, ne t'inquiète pas. tout ira comme prévu... » il le murmure au creux de son oreille, s'imprègne de son odeur une dernière fois, glisse ses lèvres le long de sa gorge. puis il vient lui voler un baiser, loin d'être chaste. il y met toute son âme. puis il ouvre les yeux avant même d'y mettre fin, sa baguette se pressant sur sa nuque, glissant jusqu'à sa jugulaire, la pressant là. puis il s'écarte tout doucement et ricane. elle ne pouvait être à lui. elle ne pouvait être à un autre non plus. il n'avait d'autre choix que d'obéir aux ordres et de mettre fin à sa vie. « ce n'est pas plus mal comme ça, poupée. tu seras à moi pour l'éternité... » il se recule et pointe sa baguette sur son joli visage de porcelaine. et il prononce les mots. mais elle lui échappe. elle disparaît dans la foule et le sort happe un des siens, son corps retombant lourdement à ses pieds... fatalité.