Rendez-vous avec une passionnée de botanique (1er post isolde)

17/03/2015

A la fin du cours de médicomagie, Amaranthe avait salué sa binôme et leur enseignant. Elle avait apprécié de travailler avec Megan et elle était impatiente de commencer les expériences pratiques avec elle sur ces trois plantes.

Elle était sortie de la serre et elle attendait Isolde, la meilleure amie de Clemens qui souhaitait lui parler. Elle se demandait quel sujet elle désirait aborder avec elle.
Plus elle y réfléchissait et plus elle se disait qu'elle voudrait peut-être lui poser des questions sur l'Art Onirique. Un mois plus tôt, elle en avait touché deux mots à son meilleur ami alors qu'ils partageait une boisson chaude à Avalon.

Elle ne pourrait, malheureusement, pas satisfaire sa curiosité car Christopher avait refusé qu'elle soit la dormeuse lors de cette cérémonie magique. Et il avait argumenté son refus en lui affirmant que cette magie exigeait une contre-partie pour l'enchanteur qui osait s'aventurer dans le monde de Nocte.

Et elle avait eu beau lire plusieurs grimoires, elle n'avait récolté que l'historique de sa création et les grandes lignes de ses effets. Et elle n'avait reconnu que l'odeur de la sauge quand elle était passée près de la salle où les rares élèves apprenaient cette magie à Salem.

Mais peut-être se trompait-elle ? Chaque confrérie devait travailler sur la Panacée du Nord et sur sa reproduction. Alors peut-être qu'elle voulait savoir si les abraxans avaient réussi à percer ce mystère. Elle ne pourrait trahir l'avancée des travaux de Bentley car il y mettait du cœur et il avait accepté son aide, la dernière fois qu'ils s'étaient croisés à la bibliothèque.

Et la neige se mit à tomber, elle mit sa capuche et elle observait les étudiants qui sortaient un à un de la salle de botanique.
Et elle ne fut pas étonnée que la phénix soit la dernière, elle devait certainement avoir posé d'autres questions pertinentes à leur professeur.

Quand elle fut proche d'elle, elle lui offrit un sourire avant de lui demander :

- Vous désiriez me parler, Isolde ? J'avoue être intriguée par cette demande.

30/03/2015

La fin du cours arriva, trop tôt au goût d’Isolde. Ces deux heures lui avaient rappelé ses premières amours, celles qui avaient fait naître son intérêt pour la botanique. Elle aimait l’observation, bien sûr, mais ce qui lui plaisait vraiment, c’était de savoir utiliser les plantes, de connaître leurs propriétés. Pas forcément pour une utilisation thérapeutique d’ailleurs, même si c’était son domaine de prédilection.

Alors que les autres étudiants quittaient la serre, elle continua quelques instants à feuilleter le livre que Rowan avait trouvé, ajoutant des notes dans son carnet. Elle demanda ensuite quelques précisions au professeur, avant d’enfin ranger ses affaires dans son sac et de s’emmitoufler chaudement pour affronter le froid extérieur. Enfin, affronter était un bien grand mot. Isolde n’était pas particulièrement frileuse, et elle aimait l’hiver. Car qui dit hiver, dit Noël, et c’était la fête préférée de la jeune bavaroise. L’hiver était pour elle plein de féérie ; les rues des villes se paraient de mille couleurs, rendues plus éclatantes que le reste de l’année par le contraste avec la neige. Sortant de la serre, elle inspira profondément l’air frais et clair du parc, et chercha du regard Amaranthe, qui avait accepté de lui parler à la fin du cours.

Cette dernière l’attendait, non loin de la porte, et Isolde lui rendit son sourire. Elle s’avança vers elle, enfonçant son bonnet sur sa tête pour se protéger de la neige qui semait de légers flocons sur ses boucles. Elle était très curieuse de discuter enfin avec la jeune Abraxans. Clemens avait été favorablement marqué par leur courte rencontre, et elle avait apprécié ses contributions aux derniers cours.

Le vouvoiement la prit de cours. Il lui semblait étrange de vouvoyer quelqu’un de son âge, et cela mettait entre les deux jeunes femme une distance qu’elle jugeait trop formelle. Elle eut un léger moment de flottement avant de se décider à lui répondre de la même façon. Pas la peine de risquer de la brusquer alors qu’elle voulait justement faire connaissance.

- Merci de m'avoir attendue. Vous vous souvenez de Clemens ? Vous lui avez parlé d’une chose qui m’a beaucoup intriguée, l’Art Onirique. Je n’ai jamais rien entendu à ce sujet, je voulais vous demander un peu plus de détails. D’après ce que vous lui avez dit, ça a un rapport avec la botanique, alors il s’est dit que je serais intéressée. Je comptais aller chercher des informations à la bibliothèque, mais je n’ai pas encore eu le temps. A vrai dire, je n’avais jamais vraiment réfléchi au fait que d’autres cultures utilisent des magies différentes de la nôtre.

Elle aurait peut-être mieux fait de garder pour elle sa dernière réflexion. Elle n’avait pas envie qu’Amaranthe la juge fermée d’esprit, mais c’était la stricte vérité. Isolde sortait tout juste de Poudlard, et il y avait là-bas suffisamment à apprendre pour que les professeurs ne jugent pas pertinent de s’intéresser à d’autres façons de faire. En un sens, c’était aussi l’intérêt d’aller à l’université. Machinalement, les deux jeunes femmes avaient fait quelques pas dans la neige, l’immobilité leur faisant ressentir plus cruellement la morsure du froid. Il était encore tôt, et la journée s’annonçait belle ; Isolde n’avait pas envie de rentrer s’enfermer tout de suite au château. La neige ne durait qu’un temps, alors autant en profiter, non ?

- Ça vous dit qu’on se balade un peu ? Si tu…euh pardon, vous n’avez pas trop froid bien sûr.

Bon, elle avait presque réussi à maintenir le vouvoiement. Question d’habitude.

17/03/2015

Amaranthe eut un petit sourire navré à sa demande car elle n'avait pas encore réussi à convaincre Chris de lui faire une démonstration de cet art magique. Elle espérait le faire changer d'avis durant les vacances de Noël qui approchaient à grands pas.

Elle espérait l'amadouer avec le présent qu'elle avait choisi pour lui. Il était aussi intéressé par les magies enseignées dans les autres pays. Alors elle avait débusqué un grimoire sur la magie des éléments et certains sortilèges pouvaient être lancés sans avoir été béni par Gaïa.

Elle écouta avec attention tous les paroles de la phénix et elle répondit d'une voix amicale :

- Je me souviens de votre meilleur ami et effectivement, j'ai évoqué cette magie qui est uniquement enseignée à l'école de Salem. Certaines plantes font parties du rituel amérindien mais je n'en ai reconnu qu'une à l'odeur, la sauge. Connaissez-vous les effets de cet Art ?

Elle eut un petit rire à sa dernière remarque et elle décida de lui dévoiler une autre magie :

- Vous qui êtes passionnée par la botanique, la magie des éléments enseignée à l'école péruvienne vous semblera encore plus intéressante. Mon amie Estrella a été bénie par Gaïa et elle est en communion avec l'élément Terre.

La neige tombait et un belle couche de poudreuse couvrait le bruit de leur pas. A la proposition de Isolde, elle acquiesça d'un petit signe de tête.

- Avec plaisir et je n'ai pas encore eu l'occasion de me balader dans la forêt proche de l'Académie. Est-ce que vous seriez tentée de découvrir des variétés de plantes et peut-être même rencontrer des créatures magiques ? Certaines ne s'épanouissent et ne fleurissent qu'en hivers.

L'irlandaise aimait la nature et elle se sentait revivre à son contact. Elle ne possédait pas les connaissance en herboristerie de sa condisciple alors elle était toute prête à bénéficier de ses conseils. Elle savait que les dryades, les ondines, les sylphides restaient invisibles aux yeux des non-élus mais peut-être que l'un de ses esprits viendrait à leur rencontre surtout qu'elle portait le collier offert par la Dame de l'eau.
Et son amie péruvienne lui avait confirmé qu'ils pouvaient lire dans le cœur de ceux qui s'aventuraient dans leur antre et si ils le jugeaient pur et bien, ils acceptaient de se montrer.

30/03/2015

Isolde réfléchit un instant, mais comme elle l’avait dit à Amaranthe, elle n’avait jamais entendu parler de cette magie auparavant.

- Je connais ce que Clemens m’a rapporté de votre discussion. Il m’a expliqué que le but était de tracer des runes sur le corps d’une personne, à l’aide de poudres de certaines plantes, de la plonger dans une sorte de transe et d’observer ses rêves. Ou d’influer sur eux ? Je ne me souviens plus. Il m’a parlé de la sauge aussi.

Sa curiosité fut exacerbée par la remarque suivante. Se pouvait-il que la magie soit radicalement différente sur d’autres continents ? Elle avait croisé au fil de ses lectures quelques indices allant dans ce sens, sans y prêter beaucoup d’attention. Ou disons plutôt que son attention était captée ailleurs et qu’elle avait oublié de s’y replonger ensuite. Ce dont parlait Amaranthe sonnait un peu ésothérique à ses oreilles de scientifique, mais elle n’était pas du genre à s’arrêter sur ce genre de jugements.

- Ma question va peut-être paraître stupide, mais que que signifie “être en communion avec l’élément Terre” ? J’ai du mal à imaginer, je suis totalement étrangère à ce type de magie. Mais ça m’intéresse beaucoup ! Les plantes ont une importance particulière dans cette magie ?

A son grand plaisir, Amaranthe accepta de rester encore un peu dehors. Le froid humide du Pays de Galles était, pour Isolde, moins supportable que celui plus sec de la Bavière. Mais ses 7 années à Poudlard l’y avaient habituée et, de toute façon, tant qu’il y avait un peu de neige, elle n’allait pas se plaindre. Elle accepta avec joie la proposition d’une balade dans le bois.

- Volontiers, allons-y ! Je m’y suis pas mal baladée cet automne, mais les bois en hiver ont quelque chose de plus magique encore. Tout semble si calme, avec cette neige qui absorbe tout les bruits. Et ils me rappellent toujours les contes que j’adorais, petite. En Allemagne, beaucoup de légendes se déroulent dans les forêts. Je les trouve presque féériques, dit-elle avec un grand sourire sur le visage. Je ne connais pas vraiment la faune magique de la région, mais la flore, c’est un peu plus mon domaine ! Je suis curieuse de voir ce que l’hiver récèle comme plantes ici. Il doit sûrement y avoir des baies. On trouvera peut-être même des roses de Noël sauvages !

Les deux jeunes femmes se dirigèrent vivement vers l’orée du bois, et Isolde laissa sa curiosité reprendre le dessus.

- Vous avez parlé de l’école de Salem, et du Pérou. Vous avez étudié là-bas ? Clemens m’a dit que vous étiez à Serdaigle pourtant.

17/03/2015

Amaranthe écouta Isolde évoquer l'Art Onirique et elle compléta ses propos :

- Le monde onirique est gouverné par le Dieu Nocte et cette cérémonie permet aux spécialistes de se rendre dans les rêves du dormeur et de le guérir de sa phobie par exemple. Afin de le protéger dans son sommeil, le chaman fait brûler plusieurs plantes et avec les cendres, il trace des runes sur le corps de l'endormi. Il y a aussi une potion que doit boire celui qui souhaite être rejoint dans ses songes et une incantation en langue amérindienne a récité jusqu'à ce que l'artiste de cette magie tombe en transe et que son esprit rejoigne l'endormi. Je ne connais que les grandes lignes. J'espérais que vous m'aidiez à trouver les trois autres plantes. Elles doivent avoir des effets protecteurs et d'autres qui permettent l'ouverture de l'esprit.

Elle tut le fait que ce voyage avait un prix que le chaman devrait payer à Nocte les nuits suivantes. Elle fit une pause avant de lui poser cette question :

- En connaissez-vous d'autres que la sauge ?

L'irlandaise savait que permettre à un sorcier de se rendre dans ce monde, mettait à nu la victime consentante et dévoilait tous ses secrets. Elle avait confiance en Chris et elle savait qu'il ne parlerait à personne de ce qu'il verrait dans ses songes si il acceptait bien entendu. Elle aimerait qu'il la guérisse de sa phobie du vide.

Elle s'était mal exprimée car la botanique ne jouait qu'un rôle très secondaire dans la magie des éléments. Elle réfléchit quelques instants avant de répondre à son interrogation :

- Cette magie n'a pas besoin de baguette. Et mon amie peut voir les esprits de la Terre comme les dryades et grâce à eux, elle peut exprimer la magie de cet élément. D'un geste, elle peut créer des plantes ou créer un éboulement ou un tremblement de terre. Son fils lui a été choisi par l'élément eau alors il peut créer des murs d'eau par exemple. Les plantes permettent d'initier les élèves qui ont été choisis par Gaïa afin qu'ils puissent contrôler leur don. Je ne sais pas si je suis claire.

Elle ne trahissait pas Estrella car de nombreux grimoires évoquaient leur particularité même si il étaient en langue espagnole ou en dialectes des peuples de l'Amazonie.

L'irlandaise était passionnée par les magies enseignées dans les autres pays et le Professeur Xi avait éveillé sa curiosité quand elle l'avait croisé à deux reprises. Même si la dernière fois, elle a cru qu'elle allait y rester et heureusement que Dolphin et Silène l'avaient aidé à combattre les squelettes guerriers. Elle frissonna, sa condisciple pouvait penser que ses frissons étaient dus au froid hivernal.

Elle ajouta d'une voix amicale :

- Haveirson vient d'accueillir un enseignant qui va nous apprendre la magie d'invocation et de convocation. Je compte assister à ses cours et vous ? Vous imaginez de la magie chinoise.

Et lorsque la phénix prononça le mot "légendes", sa curiosité s'éveilla alors elle lui demanda d'un ton intéressé :

- Pouvez-vous me parler des légendes allemandes ? Je méconnais votre pays. A mon grand regret, je n'ai pas encore eu l'occasion de m'y rendre.

Elle appréciait l'enthousiasme de la jeune femme et elle lui rendit son sourire. Des baies et des roses de Noël étaient un bon début mais elle espérait surtout faire la connaissance des créatures qui peuplaient ce bois.

Tandis qu'elles marchaient, Isolde lui demanda si elle avait étudié dans les deux écoles précitées. Elle tourna son visage vers elle et elle répondit avec franchise :

- J'ai découvert ces deux écoles lors de mon stage au journal de Salem. Et mon tuteur m'a permis de l'accompagner en Amérique Latine où il m'a présenté Estrella et Pablo qui sont tous deux professeurs dans l'école péruvienne. Et j'aurais aimé avoir étudié ces deux disciplines même si il y aurait eu peu de chance que je suive les cours de celle enseignée au Pérou.

Et elles entrèrent dans la forêt où le silence n'était troublé que par le bruit du vent. Elle regardait la magnificence de la nature qui avait perdu ses couleurs et qui semblait être en hibernation en attente du printemps pour se réveiller.

30/03/2015

Isolde écouta attentivement les explications d’Amaranthe, sa curiosité éveillé par la découverte d’un domaine inconnu. Pas Serdaigle pour rien, après tout ! Mais ce que lui expliquait Amaranthe la fit tiquer.

- Ça me semble un peu… agressif comme méthode. Le chaman entre dans l’inconscient de la personne, c’est un grand pouvoir ! Ce n’est pas possible de rater ? Ou d’aller trop profondément dans l’inconscient et de changer la personnalité du sujet ? Le principe est impressionnant tout de même.

Elle réfléchit un instant, fouillant son esprit à la recherche de plantes correspondant à la description d’Amaranthe.

- Je ne sais pas. Je ne connais pas vraiment cette partie de la botanique, pour être honnête. Je m’intéresse beaucoup aux propriétés thérapeutiques des plantes, mais pas aux propriétés plus… ésotériques. Je le dis sans aucun jugement, n’en doutez pas ! Je ferai des recherches si vous voulez. Vous en avez parlé avec le professeur Fitzsimmons ? Il aura peut-être une idée.

Les explications sur la magie des éléments l’émerveillèrent. De la magie sans baguette ? Cela se rapprochait un peu des runes, pour les occidentaux.

- Je ne savais même pas que ces esprits existaient… Vous êtes très claires, ne vous inquiétez pas. Mais je dois avouer que je suis stupéfaite. Peut-elle seulement voir les esprits, ou communiquer avec eux ? Ils existent aussi en Europe ? Le folklore moldu des pays d’Europe de l’est est plein d’esprits de ce genre, est-ce qu’à votre avis ces croyances pourraient venir de là ? C’est fascinant en tout cas. Votre amie est chanceuse, ou je devrais plutôt dire douée. J’ai entendu parler de ce professeur, mais je n’avais pas envisagé de suivre ces cours. Je vais reconsidérer mon avis.

Son regard se mit à briller lorsqu’Amaranthe lui demanda des précisions sur les légendes allemandes. Il ne fallait jamais beaucoup insister pour faire parler Isolde de sa culture natale. Etait-ce le fait d’être expatriée qui rendait plus important à ses yeux cet attachement aux folklore, aux traditions, pour ne pas les perdre de vue malgré l’éloignement physique ?

- La forêt a beaucoup d’importance dans la culture allemande. Presque tous les contes de Grimm, ou les légendes mythologiques, se passent dans la forêt, ou dans la montagne.

Elle s’arrêta soudain. Les contes de Grimm… Elle ne savait pas si ces contes étaient connus dans le monde sorcier. Elle venait encore de faire une gaffe qui risquait de trahir ses origines. Cependant, Amaranthe avait dit elle-même méconnaître la culture germanique ; avec un peu de chances, elle penserait qu’il s’agirait de contes sorciers. Essayant de ne pas laisser paraître son trouble, elle reprit la parole.

- Dans les contes, les forêts sont pleines de créatures magiques. Le folklore est très vieux et très riche, les légendes intègrent des éléments slaves et nordiques. Beaucoup d’histoires concernent une héroïne ou un héros qui doit traverser cette forêt pour atteindre son but, ou y trouver un trésor, ou des alliés inespérés. C’est un lieu sauvage où tout est possible, tout peut s’y passer, du bon comme du mauvais. Elle sourit tendrement. Avec tout ça en tête, à chaque fois que je marche dans une forêt, j’ai l’impression d’être entourée par un peuple invisible et merveilleux. Je leur trouve une beauté égale en toute saison, je ne pourrai jamais m’en lasser. Vous aimeriez que je vous raconte un conte ?

Les deux jeunes femmes avaient atteint l’orée du bois. Isolde respira à nouveau à plein poumons les senteurs qu’exaltaient la forêt. Des essences de conifères, de baies mûres et de bois mouillé vinrent flotter jusqu’à ses narines et elle se laissa envahir par ces odeurs si réconfortantes. En Allemagne ou au Pays de Galles, les forêts n’étaient pas si différentes après tout. Isolde avait déjà hâte de savoir quelles créatures pouvaient loger dans celui-ci.

Elles s’enfoncèrent un peu entre les arbres dénudés, leurs pieds faisant doucement crisser la neige. Quelques petits animaux fuirent à leur approche. Ce bois semblait peu visité, il dégageait une aura plutôt… sauvage. Pour le grand grand plaisir d’Isolde, évidemment. Un petit sentier s’ouvrait toutefois devant elles, et les deux étudiantes l’empruntèrent sans hésiter.

Salem, le Pérou,… Amaranthe avait déjà pas mal voyagé pour son jeune âge. Isolde ressentait une pointe d’envie en l’écoutant, elle qui rêvait de vadrouiller aussi, quand elle aurait fini ses études.

- Salem… c’est aux Etats-Unis je suppose ? C’est près de quelle ville ? Je suis allée aux Etats-Unis il y a un an, sur la côte est. Si j’avais su qu’il y avait une école, je serais allée la voir par curiosité. Est-elle très différente de Poudlard ?

17/03/2015

Amaranthe s'était posé les même questions et Chris l'avait rassuré en disant que ceux qui pratiquaient cet art devait prêter un serment qui les empêchaient de l'utiliser de façon intrusive.
La confiance liait les deux protagoniste. Elle répondit d'une voix convaincue :

- Ils prêtent serment. Et ils ne peuvent pas l'utiliser pour commettre des actes immoraux. Après, je me doute que certains ne se soumettent pas à ce pacte magique. Le chaman change forcément la personnalité de l'endormi quand il le guérit d'une phobie car cette peur joue sur elle.

L'irlandaise connaissait la force d'une telle peur qui rendait sa victime aussi fragile qu'un nouveau-né. Elle en avait vécu l'expérience lors de sa quête avec Flutis et heureusement, qu'il l'avait aidé en la portant pour la faire traverser ce gouffre. Rien que d'y repenser, elle frissonna.

Elle était déçue par la réponse de Isolde mais elle n'en laissa rien paraître. Elle arqua un sourcil quand elle évoqua Neal. Elle ne l'avait pas revu depuis la mission et elle se demandait si il était revenu à Haveirson. Elle répondit franchement :

- Je n'ai pas eu l'occasion d'en parler avec notre professeur de botanique et j'ignore si il connaît cette magie. En tant que spécialiste, vous pourriez lui en toucher deux mots à l'occasion.

Elle ignorait que Isolde et lui partageaient une relation amicale. Elle avait toujours créé une barrière insurmontable avec ses enseignants. Même si elle avait apprécié le caractère franc et naturel de Neal, elle aurait du mal à se montrer en sa compagnie dans un café d'Avalon par exemple.

Et de plus, elle ne voulait pas trahir l'Ordre. Heureusement la phénix changea de sujet et elle répondit avec plaisir à son interrogation :

- En fait, les élémentalistes ne communiquent pas seulement avec eux, ils vivent en osmose avec eux. Ils font partis d'eux. Je ne peux vous dire pour les origines car elle m'a parlé que ce lien avec Gaïa était très fort dans son ethnie et dans les tribus amérindiennes même si elle leur offre des dons différents. Les indiens communiquent avec elle et découvrent leur animal totem. Parlez-moi de ce folklore d’Europe de l'est et peut-être que vos propos me permettront d'essayer de lier les deux.

Elle eut un petit rire avant de poursuivre :

- Elle n'est ni chanceuse ni douée. Elle a été choisie et je ne saurai vous dire comment. Elle était petite fille quand son pouvoir lui est apparu.

Elle n'ajouta rien de plus sur le Professeur Xi, elle avait eu la chance de voir ses invocations et de discuter avec deux d'entre elles. Alors elle n'allait pas gâcher la surprise de son premier cours.

L'irlandaise vit que sa demande avait fait plaisir à sa condisciple et son intérêt était sincère.
Les Grimms, elle n'avait jamais entendu parler d'eux alors elle l'écouta avide d'en apprendre davantage sur leurs écrits.

Elle était surprise et elle lui demanda spontanément :

- Est-ce ces légendes ont une part de vérité ?

A sa proposition, un large sourire se dessina sur ses lèvres gourmandes et elle rétorqua :

- Avec plaisir mais attendez s'il vous plaît que nous soyons entrées dans la forêt comme ça je pourrai imaginer les protagonistes de votre histoire.

Elle observait la jeune femme qui respirait les senteurs de la nature environnante. Elle se dit qu'elle prendrait plaisir à se rendre dans la forêt amazonienne où les senteurs et les couleurs vives sont omniprésentes.

Elles marchèrent dans le sentier les menant au cœur de ces bois qu'elle méconnaissait.
Pour elle, Salem était une ville connue et elle pensait que tout le monde savait où elle était située. Elle répondit d'une voix un brin gênée de ne pas l'avoir dit plus tôt :

- C'est une ville des Etats-Unis et Boston est une ville proche de Salem. La plus grande différence est qu'il n'y a pas de maison. Les premières années suivent les cours tous ensembles dans des grands amphithéâtres. A la fin de leur année, ils passent des examens et ils intègrent des classes de niveau en deuxième année.

30/03/2015

Isolde hocha la tête.

- Je comprends. C'est une forme de thérapie comme une autre finalement. Elle réfléchit quelques instants. Je ne sais pas si le professeur Fitzsimmons saura quelque chose là-dessus, mais je crois qu'il a beaucoup voyagé, il a peut-être glané des informations. Je lui demanderai, bien sûr, ajouta-t-elle avec un sourire à l'intention d'Amaranthe.

Elle n'allait pas le dire à Amaranthe, mais elle savait que les voyages de Neal l'avaient amené jusqu'au Etats-Unis. Des détails sur cette magie étaient certainement parvenus jusqu'à ses oreilles là-bas. Une autre idée lui vint à l’esprit.

- Je n’ai pas suivi les cours de divination à Poudlard, mais l’année dernière, un centaure se chargeait de cet enseignement, et on m’a raconté qu’il brûlait des plantes pour avoir des visions du futur. Avez-vous l’occasion de retourner à Poudlard ? Lui pourrait sûrement vous en dire plus ! Mais il risque d’être difficile à contacter.

Amaranthe poursuivit ses explications sur les esprits amérindiens et demanda un peu plus d’informations à Isolde.

- Je risque de vous décevoir, mes connaissances sur ce folklore sont assez limitées malheureusement. Je sais que dans ces cultures, les rivières, les forêts, et sûrement d’autres éléments naturels ont leurs esprits. Les nymphes des rivières s’appellent les nixes. Ces esprits peuvent être bénéfiques ou jouer des tours aux humains. Cependant, c’est différent des esprits amérindiens. Je ne crois pas qu’il soit possible d’entrer en osmose avec ces esprits. Des humains peuvent leur parler, tomber amoureux d’eux même. Ils sont pour les humains ce que les centaures ou les fées sont pour les sorciers : ils vivent autour de nous, de façon distincte, avec quelques interactions de temps en temps. Ça me semble très différent de la vision amérindienne. Il n’y a pas d’animal totem dans ce folklore. Certaines créatures vivent seulement à un endroit précis. En Allemagne par exemple, il y a la Lorelei. C’est une nixe qui vit sur un rocher sur les rives du Rhin, et qui chante pour faire échouer les marins. Ce rocher est très connu chez moi, et c’est un endroit magnifique.

- Est-ce que ces légendes ont une part de vérité ?

Isolde secoua la tête.

- Non, ce sont des légendes moldues, personne n’a vraiment vu de nixes, ni aucun esprit de ce genre. Mais les gens sont attachés à ces histoires, elles font partie de leur culture. Je trouve que c’est une façon très belle et poétique de voir la nature. Au lieu de voir un arbre bouger, on y voit une nymphe. J’ai été tellement bercée par ces histoires que quand je vois cette rose par exemple, dit-elle en pointant une fleur non loin d’elle, je pense à l’histoire de Lenchen et Fundevogel qui s’aimaient tellement qu’ils ont préféré se transformer en rosier plutôt que d’être séparés. Les contes sont une façon d’enchanter la nature qui nous entoure, vous ne trouvez pas ? demanda-t-elle avec un sourire plein de douceur.

La grand-mère d’Isolde avait passé des heures à lui raconter ces contes, les mêlant aux paysages qui entouraient sa maison près de la frontière autrichienne. Penser à ces histoires faisait renaître une foule de sentiments chez la jeune femme. Mais elle regretta vite sa spontanéité. Amaranthe avait accepté sa proposition et elle était maintenant obligée de lui raconter un conte moldu, au risque de trahir ses origines. Elle réfléchit à toute vitesse à une pirouette pour éviter de trop se dévoiler.

- En Bavière, je vivais dans un quartier moldu. A l'école où j'allais, on nous racontait beaucoup de contes, et j'aimais beaucoup celui d'Hansel et Gretel. C'est une histoire très connue parmi les Moldus. Elle ne mentait pas après tout, elle omettait simplement quelques informations, espérant ainsi éloigner la curiosité d'Amaranthe sur l'origine de ses connaissances en histoires moldues. Je vais essayer de bien la raconter ! C'est l'histoire de deux enfants perdus en forêt qui y trouvent une sorcière. Le parallèle la fit rire.

Au précisions apportées sur l’école de Salem, Isolde hocha à nouveau la tête.

- Je crois que les maisons font partie d’une tradition typiquement anglaise. Il n’y en a pas non plus à Beauxbâtons, en France.

Les deux jeunes femmes firent encore quelques pas en silence, puis Isolde jugea que leur environnement était propice à son histoire, et commença à conter :

Hansel et Gretel

Elle parlait lentement, essayant de transmettre à Amaranthe la beauté qu’elle trouvait dans ces contes et de l’embarquer par sa voix dans cet univers. La fin était violente, mais le conte était assez représentatif de l’ambiance générale des histoires de ce genre. Son récit terminé, elle se tourna vers Amaranthe, un nouveau sourire sur les lèvres.

- Ça vous a plu ?

L’histoire les avait emmené aussi loin dans la forêt qu’Hansel et Gretel. Heureusement pour les jeunes femmes, leur bois était pourvu d’un sentier, à la différence de celui des enfants. Alors qu’Amaranthe lui répondait, un léger bruit attira son attention sur la gauche, à l’écart de la piste. Isolde plissa les yeux.

Des fées.

Quelques demoiselles des bois étaient penchées sur des fleurs, trop occupées pour avoir remarqué les deux étudiantes. Posant un doigt sur ses lèvres pour indiquer à Amaranthe de rester silencieuse, Isolde s’approcha d’un pas pour les observer. Les fées étaient couvertes du cou aux genoux d'une fine tenue aux couleurs d'automne, et, en plissant les yeux, Isolde vit qu'il s'agissait de feuilles mortes découpées en robes. La tenue de la fée la plus proche était d'un rouge flamboyant et s'enroulait autour de ses bras comme des volutes. Une autre était verte comme la mousse et remontait le long de son cou où elle s'enfonçait dans la chevelure noire de la fée, et se poursuivait dans son chignon par de fines branches de noisetier. Une autre encore était brune comme l’écorce d’un chêne et faisait ressortir son teint de porcelaine. Elles ressemblaient à des humains miniatures, avec pour seule différence leurs oreilles pointues. Elles ne parlaient pas, mais communiquaient entre elles grâce à des petits bruits stridents à peine audibles. Et bien sûr, elles volaient. Isolde savait que les fées du monde sorcier n’étaient pas celles des moldus, mais elle ne put retenir une expression émerveillée alors qu’elle les voyait pour la première fois. Elle avait véritablement l’impression de se trouver dans un de ses contes.

Voyant qu'Isolde la regardait, une des fées se tourna vers elle. Et lui tira la langue.

17/03/2015

Amaranthe écouta Isolde évoquer son professeur principal et elle n'ignorait pas qu'il s'était aventuré dans l’hémisphère nord pour ses recherches alors elle se doutait qu'il devait connaître les Etats-Unis et le Canada. Elle n'avait pas eu l'occasion de lui en parler lors de la mission. Elle répondit à son sourire et elle n'ajouta rien de plus sur l'Art onirique.

Un centaure donnait des cours à Pourdlard. Elle était étonnée que le troupeau ait accepté qu'ils transmettent leur magie à des jeunes sorciers. Elle arqua un sourcil et demanda étonnée :

- Son peuple a accepté qu'il enseigne leur Art divinatoire à des sorciers ? Je n'ai ni l'occasion ni la légitimité de m'y rendre. Il n'y a que les assistants des professeurs qui peuvent, non ?

Elle écouta avec attention les explications de la brunette et elle se dit qu'il y avait juste le terme qui était différent. Les nixes des rivières étaient les ondines et ces légendes évoquaient une vérité sur les esprits de la nature qui peuplaient le monde. "Tomber amoureux" d'une dryade ou d'un feu follet était une idée romantique. Mais quand elle repensa à Alraune, l'une des invocations du professeur Xi, elle fut écœurée car cette plante nymphomane ne voulait que des relations charnelles avec les sorciers.

Elle fut déçue quand elle affirma qu'il n'y avait aucune vérité dans ces contes moldus. Elle n'en était pas convaincue alors elle s'exclama :

- Je pense plutôt que les moldus ont toujours nié l'existence de la magie et des créatures fabuleuses. Il suffit d'avoir vu le film "coeur de dragon" pour se rendre compte de l'image faussée qu'ils ont d'eux.

Elle fit une légère pause avant de poursuivre :

Et ils n'acceptent d'évoquer ce qu'ils refusent d'accepter au quotidien que dans leurs écrits ou dans leurs peintures. Le poète William Butler Yeats évoque ce folklore et nous les sorciers nous savons que ces mythes existent.

L'irlandaise avait lu un de ses recueils quand elle était à Salem et elle avait été troublée par ses descriptions si réalistes. Elle ne voulait pas que sa condisciple pensa qu'elle les considérait comme des rustres obtus alors elle ajouta :

- Peut-être ont-ils seulement une imagination très fertile, me direz-vous... Et dans ce cas, je salue leur talent car certains se rapprochent de la vérité.

Son regard noisette se posa sur la rose qu'elle lui indiquait et l'histoire d'amour qu'elle lui conta était émouvante. Elle évoquait la métamorphose alors peut-être avait-elle eu lieu dans le passé ? Elle répondit d'une voix douce :

- Oui mais je pense également qu'ils peuvent avoir une part de vérité et si un non sorcier assiste à une manifestation magique et que les oubliators ne l'aient pas détecté. Ils peuvent évoquer leur expérience en la peignant, en la dessinant ou en l'écrivant et ainsi, ils ne passent pas pour un fou aux yeux de ses contemporains. Vous devez penser que je me fourvoie dans mes idées ou que j'ai une imagination galopante.

Elle crut lire sur son visage pendant un instant que sa demande l'avait ennuyé. Peut-être regrettait-elle sa proposition ? De quoi avait-elle peur ? Elle trouvait formidable qu'elle ait une telle culture des non-sorciers.
La rouquine n'avait jamais été scolarisée dans une école moldue, une préceptrice venait lui donner des cours de musique et d'histoire de la magie. Elle ne put s'empêcher de lui demander :

- Quels enseignements avez-vous suivi dans votre enfance ?

Et tandis qu'elles marchaient sur le chemin les menant au cœur de la forêt, la jeune femme lui contait le périple de "Hansel et Gretel". Et la sorcière avait le mauvais rôle, elle était présentée comme une mangeuse d'enfant. Elle comprenait mieux la méfiance des moldus depuis que le secret de leur existence était tombé.
Elle fit la grimace mais la conteuse ne pouvait s'en vouloir, elle avait mis les intonations là où il fallait et entretenu le suspense jusqu'au bout. Sa diction avait rendu l'histoire vivante et elle s'exclama :

- Croyez-vous que c'est l'image qu'ils aient de nous ? Des cannibales se nourrissant d'enfants innocents ?

Cette idée la rendit triste et elle comprit que leur peur était ancrée depuis de nombreuses années alors comment une médiation serait possible entre leurs deux sociétés ?

Et elle fit taire ses interrogations sombres au moment où Isolde lui fit signe de ne plus faire un bruit et lui indiqua du doigt les fées de toutes les couleurs qui dégustaient le nectar des fleurs. Elle les observait et elle ne fut pas surprise quand l'une d'entre elles tira la langue à sa compagne de promenade.

Elle fronça les sourcils car elles étaient nombreuses et elles avaient beau être minuscules, la malice et la cruauté coulaient dans leur veine. Elle murmura dans un souffle :

- Pour certains, elles sont nées des rires des enfants et saviez-vous qu'il y en a de sexe masculin ? Observez-les, ils ont un regard plus farouche et des petits dents pointues. Et pour d'autres qui me semblent plus proches de la vérité, ces petits êtres naîtraient de la violence, du sang et de la mort. Ils ont l'air inoffensifs mais ils peuvent s'avérer être très agressifs.

Son chuchotement était parvenu jusqu'à eux et des petits piaillements de mécontentement sifflèrent à leurs oreilles. Elle ne put poursuivre ses explications sur leur origine car une nuée fondit sur elles. Leurs petites mains griffues attrapèrent l'irlandaise et la soulevèrent. Elle se débattit mais l'une souffla de la poudre dorée sur son visage. Elle la respira et s'évanouit. Ils l'emportaient plus loin dans la forêt et leurs battements d'ailes étaient très rapides.

30/03/2015

Le sujet de l’Art Onirique se trouva vite épuisé, les deux jeunes femmes manquant toutes deux cruellement d’informations sur le sujet. Isolde se promit d’aller interroger Neal… s’il revenait. Personne ne l’avait vu depuis un bon moment, et elle commençait à s’inquiéter. Devait-elle lui écrire ? Elle s’était déjà posé la question mais se doutait que prévenir une de ses élèves devait être le dernier de ses soucis. Il réapparaîtrait bientôt… A moins que l’enseignement ne l’ai déjà lassé.

Amaranthe parut étonnée de savoir qu’un centaure était venu donner des cours à Poudlard. Quelques informations revinrent à la mémoire d’Isolde.

- Je n’ai pas suivi ces cours ; pour être honnête, la divination ne m’a jamais intéressée. Mais je crois avoir entendu que son peuple ne l’a pas vraiment accepté… Je me demande même s’il n’a pas été banni. Ombrage est bien connue pour mépriser les centaures, je comprends que travailler pour elle ait pu être vécu comme une trahison.

Ce qu’Isolde racontait des légendes intéressait beaucoup Amaranthe et la jeune allemande en était ravie. Elle n’avait pas vu le film dont l’ Abraxans parlait mais son éducation moldue avait compté nombre d’histoires de fantasy et de magie, et elle comprenait tout à fait sa camarade.

- Je ne dirais pas qu’il les ont niés. Aujourd’hui ils n’y croient plus, mais quand on remonte un peu dans le temps, on constate que ces mythes étaient bien vivaces. Au Moyen-Âge par exemple, ou même encore au XIXème siècle, les moldus croyaient vraiment à leur existence. Je pense aussi que les sciences ont affaibli ces croyances. Maintenant qu’on a des explications scientifiques sur les feux follets par exemple, il devient plus difficile de penser qu’il s’agit d’un esprit.

Amaranthe continua d’exposer son point de vue et Isolde ne put s’empêcher de sourire. Les deux jeunes femmes avaient eu une éducation si différente… Pour Amaranthe, l’existence des créatures magiques avait toujours été évidente, la magie présente tout autour d’elle. Pour Isolde, tout cela n’avait été que des contes, du folklore, auquel elle croyait plus ou moins, comme on croit au Père Noël. Apprendre que la magie était réelle avait été un bouleversement total de son univers. Elle avait, elle aussi, eu une imagination débordante en découvrant tout ce que la magie lui offrait. Et en cela, elle comprenait les moldus. Comment croire, alors qu’on sait que la magie rode, qu’un feu follet n’est qu’une simple lumière ?

- Je pense que les moldus ont toujours cru en la magie. Pas la même magie que la nôtre, assurément, mais est-elle moins valable pour autant ? Leurs dieux sont aussi une forme de magie après tout.

Elle commençait à se perdre sérieusement dans ses réflexions. La magie des moldus ?! Mais qu’est-ce qu’elle racontait… Peut-être que ses discussions avec Clemens et Neal l’avaient plus influencée qu’elle ne l’avait cru. La version d’Amaranthe était tout de même plus plausible.

- Non pas du tout, je trouve cette idée très pertinente au contraire. Il n’y a pas toujours eu d’oubliators, la baisse des croyances folkloriques des moldus est peut-être même due à la création de ce métier. Et ce n’est pas moi qui vous blâmerait pour avoir une imagination galopante, ajouta-t-elle avec un sourire espiègle.

Isolde frémit de nouveau, très légèrement, quand Amaranthe la questionna sur son école moldue. Elle en avait trop dit, encore… Pourquoi était-elle si peu douée pour rester un minimum discrète. Elle détestait mentir cependant, et préférait rester dans son flou artistique autour de son enfance. Avec un peu de chance, Amaranthe aurait le tact de ne pas chercher plus loin.

- A part apprendre à lire, à écrire et à compter, on faisait beaucoup d’activités artistiques. En Allemagne, l’école s’arrête tôt, vers 13h, on a plus de temps pour des activités extra-scolaires. Je faisais de la danse, et une ou deux fois par semaine, mon père me gardait et m’emmenait à ses répétitions. Il est concertiste, précisa-t-elle à Amaranthe. J’ai passé pas mal d’après-midi là-bas ! Et c’est aussi là que j’ai touché à mon premier violon.

Un grand sourire s’étalait sur son visage, témoin de sa joie passée. Elle adorait passer du temps avec les amis musiciens de son père. L’ambiance effervescente qui régnait dans leur petit groupe était exaltante et elle leur devait beaucoup de ses dons de violoniste.

- Il y avait aussi des cours d’histoire, de la géographie,… Vous avez été dans une école sorcière ? C’est différent de celles moldues ?

Les bois s’étendaient maintenant à perte de vue autour d’elle, et Isolde choisit ce moment pour raconter son histoire. Elle se concentra pour retrouver les intonations et les mots de sa grand-mère, qui savait rendre les contes si vivants. Elle eut l’air de réussir, mais la réaction d’Amaranthe ne fut pas celle qu’elle attendait. Le parallèle avec la sorcière l’avait amusée mais elle n’avait pas imaginé qu’il aurait pu blesser sa camarade.

- J’espère qu’il ne nous voient pas comme des tueurs d’enfants… Mais ils ont peur, oui. C’est compréhensible, non ? Ils ont été témoins de telles démonstrations de violence ces derniers mois… Le problème, c’est qu’ils réagissent avec la même violence. Un long frisson la parcourut. Ils me font peur aussi, parfois.

Alors qu’elle s’enfonçaient toujours plus dans le bois, les deux jeunes femmes s’immobilisèrent soudain pour observer les fées. Isolde écouta attentivement les explications d’Amaranthe, hochant la tête en voyant les petites dents pointues. L’histoire des fées était un peu glauque et elle allait le faire remarquer à sa camarade quand des petits cris s’élevèrent, la faisant sursauter. Puis, sans crier gare, les créatures foncèrent sur l’Abraxan et l’emportèrent dans les airs, réduisant toutes ses défenses grâce à une étrange poudre.

- AMARANTHE !

Isolde resta pétrifiée un instant. Comme au cimetière. Plus aucun membre ne lui répondait et ses réflexes étaient aux abonnés absent. Elle tomba en arrière, incapable de réagir.

Fais quelque chose. FAIS QUELQUE CHOSE.

Il fallait qu’elle aide Amaranthe. Cette fois, elle ne pouvait se reposer sur personne. Elles étaient seules dans la forêt. Loin de toute aide. Personne n’avait dû les les voir entrer dans le bois.

Bouge-toi ! Relève-toi !

Les rouages de son cerveau se remirent en place et elle se releva, tremblante. Quelques secondes s’étaient écoulées et les fées étaient encore en vue, volant de toutes leurs forces vers le coeur de la forêt. Isolde se rua sur elle, tentant d’attraper un bras ou une jambe d’Amaranthe mais les fées la repoussèrent, la griffant au passage. L’une d’elle souffla un peu de poudre dorée sur son visage, qu’Isolde esquiva en partie. Elle en reçut cependant assez pour embrouiller son esprit et elle tituba et s’appuya contre un arbre pour ne pas tomber.

Souffle un peu, calme-toi.

Que faire ? Quinlan était peut-être encore dans les serres, elle pouvait courir jusque là, aller le chercher et retrouver Amaranthe ! Mais non, elle serait déjà trop loin, et les fées ne laissaient aucune trace qui permette de les pister.

Laisse une trace toi-même.

Isolde se remit debout et expira profondément. Elle leva sa baguette vers le ciel et projeta une nuée d’étincelles rouges, brillantes sur le décor blanc, qui resta en l’air là où Amaranthe s’était faite enlever. La première personne qui lèverait la tête vers la forêt les verrait et, avec un peu de chance, viendrait à leur secours.

Puis Isolde se lança à la poursuite des fées, s’enfonçant toujours plus profondément dans la forêt, priant pour qu’elle ne se perde pas en route, s’interrompant seulement pour envoyer de nouvelles étincelles qui permettrait de la suivre à la trace.

Elle s’était endormie sur un traité de potions. Endormie.

Comment allait-elle trouver une excuse pour son absence en Médicomagie, au juste ? Elle ne pouvait tout de même pas se présenter devant Fitzsimmons et lui dire qu’elle avait loupé le cours car elle ronflait sur un livre, pourtant très intéressant, de Golpalott… Les excuses qui naissaient dans son esprit, impliquant des miroirs piégeurs ou des labyrinthes dans l’Académie, n’étaient pas plus glorieuses que la réalité. Non, clairement, elle allait devoir avouer à son professeur qu’elle avait fait une sieste – fort réparatrice, d’ailleurs – dans la bibliothèque.

Comme pour ne rien arranger, il se mit à neiger. Elle rabattit rageusement la capuche de sa cape sur ses cheveux, certaine que le brushing qu’elle s’était soigneusement appliqué ce matin-là était de toute façon déjà fichu en l’air par sa sieste, et accéléra le pas vers les serres. Elle toqua avec précipitation, le cœur battant, son esprit tournant à plein régime pour tenter de trouver une meilleure excuse sur le coup.

Silence.

Elle ouvrit timidement la porte, glissant à peine sa tête dans la salle, avant de finalement l’ouvrir en grand. Le cours était terminé depuis une bonne quinzaine de minutes déjà, et leur professeur était déjà parti. Elle jura de dépit, sa voix résonnant dans toute la pièce vide. Bon. Tant pis.

Freya fit volte-face, hésitant entre la déception de ne pas avoir croisé le professeur et le soulagement d’avoir un peu plus de temps pour trouver une meilleure excuse. Elle avait à peine fait quelques pas lorsque son regard fut attiré par un éclat rougeoyant dans le ciel blanc ; des étoiles rouges. Comme si quelqu’un les avait lancées comme signal d'alerte…

Elle fronça les sourcils, et hésita une fraction de seconde – elle avait tellement de travail en retard qui l’attendait dans le Donjon à cause de ses fréquentes escapades dans l’Allée des Embrumes... – mais l’apparition d’une nouvelle gerbe, un peu plus profondément dans la forêt, finit par la convaincre.

« Rah, et merde… »

Elle se mit à courir dans la direction des étoiles, tentant de ne pas se fouler une cheville en se prenant une racine. Ça serait vraiment con.

17/03/2015

Amaranthe était intriguée par les cours donnés par le centaure et son art divinatoire lui apparaissait plus crédible que les inepties des sorciers. Comme si des feuilles de thé pouvaient dévoiler ton avenir.
Elle fronça les sourcils quand Isolde parle de Ombrage. Ce crapaud avait des idées rétrogrades et sa mère avait dépeint un portrait peu reluisant sur elle.

- Elle n'aime pas les hybrides et elle pense à tort que les sorciers sont supérieurs aux autres créatures magiques.

La suite des propos de la jeune phénix la replongea dans son échange qu'elle avait eu avec Anna et elle répliqua spontanément :

- Je pense même qu'avant de le décret instaurant le secret magique, il existait des alliances entre les puissants et les sorciers. Il suffit de penser à l'alliance entre Merlin et Arthur par exemple. Les sciences, Megan m'a parlé d'anti-port non c'est pas le bon terme. Elle a évoqué la médecine chinoise, est-ce une science comparable à la médicomagie ?

Elle aimait l'échange qu'elle avait avec Isolde et elle trouvait qu'elle avait beaucoup de chance de connaître aussi bien les deux cultures. Elle ne s'interrogeait aucunement sur ses origines, elle n'avait jamais considéré que le sang était important.

- Les Dieux comme Gaïa, la mère nature ? Celle qui a créé la magie tout autours de nous et qui a permis que le bois de nos baguettes canalise notre pouvoir ?

Depuis qu'elle avait fait connaissance avec Estrella et Pablo, elle avait une vision différente de la magie car son amie pouvait l'utiliser sans avoir besoin d'une baguette. Elle rentrait simplement en communion avec les esprits de la Terre. Elle n'ajouta rien de plus et elle offrit le même sourire à sa comparse de balade.

Elle se demandait si la brunette avait froid car elle frissonna à nouveau. Elle l'écouta évoquer les disciplines qu'elle avait suivies dans son école moldue. Elle eut un petit rire gêné avant d'avouer :

- J'ai eu une préceptrice qui venait me donner des cours d'histoire de la magie, de musique et de dessin. Je joue également du violon. Je serais ravie que nous nous exercions ensembles à l'occasion.

Elle ne posa pas plus de questions et elle comptait bien se renseigner sur la géographie. Elle ne voulait pas paraître inculte à ses yeux. La peur avait envahi les deux sociétés. L'ignorance renforçait leur divergence.

Elle posa son regard noisette sur elle et elle répondit d'une voix déterminée :

- La violence n'a jamais été la solution, elle est celle des lâches. La peur incite à des relations agressives.

Quelques minutes plus tard, Amaranthe fut enlevée et emmenée endormie au cœur des bois.

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------

La rouquine avait sombré dans un sommeil féerique et au lieu d'être calme et paisible, il était troublé par des souvenirs douloureux. Elle revivait la découverte de la photographie vieillie de son géniteur. Sa mère avait les larmes aux yeux et elle finit par lui avouer qu'il était son père et qu'il était non sorcier. Il n'avait pas supporté de savoir que sa petite-amie était anormale, une sorcière. La petite fille avait vu la souffrance dans les yeux de sa maman adorée et elle n'avait pas osé poursuivre son questionnement.

Les fées volaient très vite et elles finirent par arriver dans leur antre, une charmante clairière où une fontaine avait été taillée dans un rocher. De nombreuses petites cabanes en feuilles et en brindilles étaient disposées dans les arbres qui en entourait un gigantesque et très vieux.
Elles laissèrent tomber la jeune femme à ses pieds comme si elle était une offrande.

Amaranthe ressentait l'abandon de son père comme si il l'avait quitté à cet age, elle s'imagina le revoir dans les rues de Dublin et elle se voyait lui courir après en pleurant et le supplier de revenir et de ne pas les abandonner. Dans son sommeil, elle se débattait et pleurer. Elle prononça à voix haute :

- Edward, Edward, ne m'abandonne pas....

Ses bras se tendirent dans le vide comme si elle pouvait l'attraper et le retenir. Et les larmes continuait de rouler sur ses joues :

- S'il te plaît, ne me quitte pas...

Elle répétait inlassablement le prénom de son père d'une voix suppliante :

- Edward, Edward, Edward.... Pourquoi ne veux-tu pas de moi dans ta vie ?

30/03/2015

Isolde s’enfonçait toujours plus profondément dans la forêt. Elle se laissait guider par les piaillement lointains des fées, toujours plus loin vers le cœur du bois. Le silence feutré offert par la neige étouffait tous les autres bruits, lui permettant de mieux suivre sa piste. Heureusement, ce dernier était bien moins sombre et menaçant que la Forêt Interdite de Poudlard. En apparence en tout cas… Et elle savait bien que les apparences étaient trompeuses dans ce château. Elle espérait juste qu’une acromantule ne lui tomberait pas sur le coin du nez avant qu’elle ne retrouve Amaranthe.

Le souffle court après une course de plusieurs minutes, elle céda et s’arrêta. Juste un instant, pour reprendre son souffle. Elle n’avait aucune idée de ce que les fées pourraient faire à Amaranthe, et c’était cela qui l’effrayait. Est-ce que la jeune Abraxans allait rester prisonnière de ce sommeil magique ?

Un craquement, trop proche, la fit sursauter. Sa baguette se leva en réflexe vers le lieu d’où provenait le bruit, prête à se défendre. Une seconde après, elle se souvint de ses étoiles lancées telles des balises Argos. Quelqu’un les avait peut-être vues ! Quinlan, ou un autre élève du cours ! Le souci avec l’hiver, c’était que les gens traînaient rarement dehors… Par précaution, elle se cacha tout de même derrière un arbre et attendit, silencieuse, que l’inconnu.e s’approche.

Et merde. Freya.

Si Isolde ne nourrissait pas une réelle antipathie à son égard, elle ne la comptait pas parmi ses meilleurs amis non plus. Elle l’évitait, tout simplement, ou plutôt elle évitait ses questions intrusives sur le mode de vie moldu. D’autant plus depuis qu’elle était à Haveirson et qu’elle tenait à cacher ses origines. Mais une fois la découverte de la jeune femme passée, Isolde réussit à mettre ce différent de côté. La Sinistros était venue l’aider, elle s'en doutait en la voyant arriver en courant, le regard levé vers les étoiles rouges d'Isolde, et c’était ce dont elle avait besoin maintenant. De plus, la situation se prêtait mal à une discussion sur les us et coutumes non-sorciers. Elle espérait juste qu’elle ne parlerait pas de ses origines moldues à Amaranthe.

Elle fit un pas de côté pour sortir de sa cachette et salua Freya d’un signe de tête.

- Salut, dit-elle, le souffle encore un peu court. C’est moi qui ai envoyé les étoiles rouges. Amaranthe a été enlevé par des sortes de fées, par là, ajouta-t-elle en pointant la direction des créatures à Freya. Tu m’aides ?

Les informations étaient lacunaires mais c’était tout ce que le stress et l’adrénaline lui permettaient de produire. Freya sur ses talons, elle fila de nouveau à la poursuite des fées. Les deux jeunes femmes continuèrent leur course quelques minutes encore, avant d’arriver à une clairière. Le plus discrètement possible, elles se placèrent à la lisière des arbres, invisibles aux yeux des fées, fouillant le décor à la recherche d’Amaranthe. Cette dernière était allongée, toujours endormie, au pied d’un énorme arbre planté au centre de la clairière. Les fées avaient disparu mais il ne faisait aucun doute que là était leur antre. Le sommeil de l’Abraxans était pourtant tout sauf paisible. Elle se débattait comme aux prises avec un cauchemard et appelait quelqu’un d’une voix désespérée. Edward… ? Un instant interdite, Isolde secoua la tête et se tourna vers Freya. Ses idées étaient un peu plus claires maintenant. D’une voix encore peu assurée, elle lui demanda :

- Qu’est-ce qu’on fait ? T’as une idée ? Tu crois que les fées vont nous attaquer si on essaie de récupérer Amaranthe ?

Il devenait urgent qu'elle se mette au sport.

C’était une des constatations récurrentes de Freya, et à presque chaque nouvel an elle se faisait la promesse solennelle de s’y mettre. Ce qu’elle ne faisait jamais. Son souffle court, son cœur qui battait si vite qu’elle sentait son sang pulser à peu près partout lui faisaient amèrement regretter son inconstance à ce niveau, mais hé, il n’y avait pas besoin d’être sportive pour faire des potions.

Elle s’arrêta quelques secondes, le temps de reprendre son souffle, cherchant les prochaines étoiles des yeux. Ce fut à ce moment qu’une personne apparut, auparavant dissimulée par le tronc épais et noueux d’un arbre. Freya leva sa baguette par réflexe – bien que son incapacité chronique en Défense lui aurait sans doute posé problème – mais ce n’était qu’Isolde. L’ancienne Serdaigle, joueuse de Quidditch et… née-moldue. Pas que ça la dérangeait, mais dans le contexte actuel, le regard sombre qu’Isolde lui adressait ne la vexa pas ; elle pouvait comprendre à quel point il devait être difficile pour elle, dans ce contexte particulier, de savoir qu'elle savait. Mais ce n'était pas le sujet.

« Salut » lâcha-t-elle entre deux inspirations, tentant de retrouver son souffle. « Sérieux ? Des fées ?! »

Elle eut à peine le temps d’acquiescer que déjà, Isolde s’était remise à courir. Suivre la Phénix tout en tentant d’éviter les racines traîtresses et de s’étouffer par manque d’air était un challenge qu’elle aurait préféré ne pas avoir à relever – après tout, sa camarade avait longtemps pratiqué le Quidditch et avait une bien meilleure forme physique qu’elle. Cette journée était catastrophique.

Alors qu’elle commençait à désespérer, elle ralentit enfin à proximité d’une clairière pour se dissimuler derrière un arbre. Freya l’imita, intriguée, et remarqua presque aussitôt la chevelure rousse d’Amaranthe, trouant l’étendue verte dans laquelle elle était étendue. Les fées n’étaient plus visibles, mais l’immense arbre qui se tenait à l’exact centre de la clairière était pour le moins suspect – et évidemment, la jeune femme était étendue juste devant lui, gesticulant et gémissant des phrases qu’elle ne comprenait pas et qu’elle aurait préféré ne jamais entendre.

La question d’Isolde eut le mérite de lui faire reprendre contact avec la réalité – l’émotion qui affectait sa voix était palpable, et l’empêchait de réfléchir correctement.

« J’en sais rien… » Que c’était un aveu difficile. « J’ai pas étudié les créatures magiques à Poudlard. »

Elle le regrettait presque. Les seules choses qu’elle connaissait étaient des bribes recueillies lors de lectures diverses, des informations qu’elles avaient entendu ici ou là… Rien de très utile. Bien sûr, si on lui avait demandé d’expliquer les lois de Damoclès quant aux effets de la poudre de fée sur les potions, elle aurait su quoi répondre. Mais la seule image qu’elle avait de fées vivantes, c’était lorsqu’on les utilisait comme décoration des arbres de Noël.

« Les fées sont assez prétentieuses, on pourrait peut-être tenter une diversion grâce à ça » s’hasarda-t-elle, peu convaincue par son idée.

Sauf qu’elle n’avait rien de mieux à proposer. Et Amaranthe continuait à gémir sous l’arbre…

« Bon. Je vais faire diversion, prépare toi à courir pour aller chercher ta pote. »

Entre anciennes camarades de Serdaigle, il fallait bien s’entraider un minimum, non ? Sa baguette bien en main, elle prit une inspiration profonde, tentant de juguler l’adrénaline qui commençait à lui tourner la tête. Allez. Elle avait déjà insulté les Serpentard pour tenter de les déstabiliser lors d'un match sans aucune honte, elle pouvait bien faire pareil avec des fées, quand même. Et elle n'avait même pas besoin d'être créative, cette fois-ci.

« HEY, LES FEES, VOUS ETES ENCORE PLUS MOCHES QUE DES TROLLS ! »

Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire... L’essaim de fées outrées par ses paroles ne tarda pas à apparaître, et Freya jeta un dernier regard paniqué à Isolde avant de se remettre courir, conjurant en même temps tout ce à quoi elle pouvait penser pour tenter de faire une diversion. De la diversion.

Le mur d'eau sembla en décourager quelques unes, mais elle manqua de s'étaler par terre lorsqu'elle se retourna pour vérifier où en étaient ses poursuivantes. Putain.

Sérieusement, Isolde et Amaranthe allaient lui en devoir une.

30/03/2015

Inquiète et soucieuse de retrouver Amaranthe au plus vite, Isolde ne remarqua pas la difficulté de Freya à la suivre. Ce ne fut que lorsque les deux jeunes femmes atteignirent la clairière qu’elle vit que sa camarade était à bout de souffle. Elle lui lança un petit regard d’excuse et se tourna à nouveau vers la clairière. Les fées n’étaient plus en vue mais Isolde se doutait qu’elles surgiraient dès qu’une des étudiantes poserait un pied hors de la couverture des arbres.

Isolde avait suivi les cours de soins aux créatures magiques mais les fées y avaient été à peine abordées. Et rien n’avait été dit sur cette étrange poudre dorée… Freya avait raison ; les fées étaient réputées pour leur vanité. Mais l’idée de la Sinistros l’étonna, et c’était peu de le dire. La surprise dura une seconde et après un coup d’oeil pour vérifier que toutes les fées étaient bien parties, elle courut rejoindre Amaranthe. L’Abraxan était toujours secouée de spasmes et marmonnait comme en proie à un cauchemar. Alors qu’Isolde s’approchait, elle se débattit de plus belle, empêchant la Phénix de la toucher. Il fallait la réveiller de toute façon. Ou au moins essayer… Isolde sortit aussitôt sa baguette.

- Revigor !

Amaranthe cessa de parler mais n’ouvrit pas les yeux. Isolde dut répéter le sort encore deux fois avant de réussir à tirer la jeune femme de son sommeil enchanté. Elle ouvrit péniblement les yeux et Isolde prit son bras pour l’aider à se redresser.

- Ça va, tu peux marcher ? demanda-t-elle avec inquiétude.

Tenant toujours fermement le bras d’Amaranthe, Isolde tenta de la relever. Mais ses jambes flageolantes peinaient à la porter. Il allait falloir la traîner un peu, ce qui n’était aisé car l’Abraxan dépassait sa camarade de presque 10 cm. Passant un bras d’Amaranthe autour de ses épaules et aggripant sa taille, Isolde retourna vers les arbres aussi vite qu’elle le put. Mais à mi-chemin, un nouveau bruit menaçant se fit entendre dans leur dos.

Quatre fées s’échappèrent de l’arbre au centre de la clairière et foncèrent droit sur les jeunes femmes. Paniquée, Isolde se retourna, manquant de lâcher Amaranthe. Les fées tenaient en main des épines pointues et avaient visiblement très envie de les utiliser. Un rapide coup d’oeil sur sa camarade lui indiqua qu’elle ne pouvait toujours pas fuir seule. D’un geste de la baguette, elle fit léviter Amaranthe devant elle alors qu’elle s’enfuyait en courant entre les arbres. Mais son coup d’oeil lui avait coûté une demi-seconde de trop.

Elle venait de dépasser le premier arbre lorsqu’une des épines se planta dans son dos. Le poison à l’intérieur se répandit aussitôt dans ses veines, la paralysant progressivement. Elle eut juste le temps d’envoyer voler Amaranthe hors de la vue des fées et de la cacher dans un bosquet, avant de tomber sur le sol, immobilisée. Aussitôt, une nouvelle nuée de fées la saisit et l’abandonna, impuissante, au sommet du grand arbre. Incapable de bouger, elle resta étendue là, alors que toutes les fées parties à la poursuite de Freya revenaient. L’arbre fut bientôt entouré d’un essaim de créatures dansantes et chantant de leurs voies stridentes. Comme un seul homme, elles soulevèrent le feuillage de l’arbre, simple assemblage de branchages posé sur le feuillage d’origine du chêne qui leur servait de maison, et l’emportèrent dans le bois, sous le couvert des arbres pour ne pas être repérées.

Ne resta plus que l’arbre, nu, au milieu d’une clairière maintenant semblable à toute les autres dans la forêt. Ainsi, si Amaranthe et Freya revenaient sur leurs pas, elles n’y trouveraient plus aucune trace des créatures volantes…