S'élever ou Déchoir [Libre]

Sujet: S'élever ou Déchoir [Libre] Sam 5 Mar 2016 - 12:48

Après les vacances d'avril.

Être un bon joueur de Quidditch ne se résumait pas à savoir tenir sur un balai et, dans le cas de William, savoir viser avec sa batte. C’était un sport complet et exigeant, où il fallait allier la puissance de ses muscles à une maîtrise sans failles. En tant que batteur, on aurait pu croire que Will se concentrait surtout sur le haut du corps, et qu’il s’acharnerait à faire gonfler des bras déjà bien fournis. Mais non. On est batteur avec tout son corps, on joue au Quidditch avec l’entièreté de sa machine anatomique. Le moindre grain de sable pouvait gripper ses délicats engrenages, provoquer des erreurs, pousser à la chute. Et il était hors de question que cela soit le cas.

Alors on pouvait bien se dire que c’était futile de penser au Quidditch alors que l’école était mise en quarantaine, que son directeur semblait vouloir jouer à cache-cache pendant que le pays entier partait à la dérive. Sauf que pour Will, ce sport était tout sauf futile : c’était son échappatoire, son petit instant de liberté et de gloire, et pour ça il ferait tout. Il acceptait aisément la défaite, mais il ne pouvait nier son goût pour la victoire.

Drogué à l’adrénaline qui lui coulait dans les veines dès qu’il mettait son corps en branle, Will courait de bonne heure dans les couloirs de Poudlard. C’était une routine qu’il aurait pu faire bien plus facilement dehors — d’autant plus que le climat s’était largement réchauffé — mais ça aurait été se passer des escaliers, chose à laquelle il tenait tout particulièrement. Il grimpa une volée, puis une autre, avant d’en redescendre une. Totalement concentré sur sa course, Will était hermétique au monde extérieur, ne le prenant en compte que lorsqu’il s’agissait de ne pas heurter quelqu’un qu’il croisait.

Il était bien incapable de dire combien de temps s’était écoulé depuis qu’il avait commencé ses montées et descentes d’escaliers, et surtout, avant qu’il ne se prenne les pieds dans une des marches et ne dévale toute une volée. Laissant échapper un cri, il roula, tourneboula jusqu’au prochain palier, manquant de peu de finir dans le gouffre de la cage aux escaliers mouvants. Dans un réflexe de survie, il se plaqua contre une des parois, essayant de ne pas écouter les cris de détresse des tableaux ayant été témoins de son impressionnante chute. La tête lui tournait, et il percevait les sons comme s’ils étaient déformés. Il n’avait pas l’impression de s’être fait bien mal pourtant, ce n’était quasiment rien… D’ailleurs il pouvait se lever, non ? Il essaya de se remettre sur pied, mais tomba presque aussitôt, incapable de garder l’équilibre plus de deux secondes. C’est alors qu’il le vit. Le sang, sur les dalles blanches du palier, sur ses vêtements, dans ses mains. Il avait l’impression d’en avoir partout, sans pour autant réussir à comprendre d’où il pouvait bien venir. Et pendant quelques secondes, il tomba inconscient.

16/02/2016

Depuis la mésaventure de la forêt, j'étais devenue amie, en quelque sorte, avec l'héritier Rosier. Amie était peut-être un grand mot mais il était vrai que nous nous entendions plutôt bien et que passer une ou deux heures avec lui de temps en temps ne me dérangeait pas. Tant qu'en retour je ne me faisais pas agresser par ce démon de Gabrielle, tout m'allait.
Aujourd'hui, nous avions décidé de profiter de la journée de congé pour nous promener dans le parc et pourquoi pas tenter une nouvelle excursion dans la forêt - il voulait apprendre à prendre des photos et quoi de mieux que la Forêt Interdite pour avoir des clichés magnifiques ? Même s'il n'y arrivait pas trop au début, ce qu'il obtiendrait serait toujours superbe. Un peu comme si la magie des bois imprégnait les images. Nous nous étions donc donné rendez-vous à la sortie de la Grande Salle après le petit déjeuner, assez tôt, pour pouvoir profiter pleinement de la journée.

Je dois avouer que j'étais un peu stressée de me retrouver toute seule avec lui encore une fois, non pas parce que j'avais peur qu'il me saute dessus - quoique - mais surtout parce que je craignais qu'on n'ait pas tant que ça à se raconter. Et s'il me trouvait ennuyante ? Après tout, Aly m'avait déjà dit plusieurs fois que je n'étais pas la plus intéressantes des filles qu'elle connaissait. Enfin bon, je verrais bien.
J'arrivai en avance au point de rendez-vous et me calai contre le mur extérieur, pour regarder passer les gens en attendant qu'il me rejoigne. Je vis alors débouler Will dans les escaliers, passer devant moi, faire demi-tour et remonter et le fixai quelques secondes, incrédule, avant de comprendre qu'il faisait juste son sport du matin. Eh ben. J'étais retournée à mes rêveries quand un bruit de chute résonna plus haut. Je me redressai, aux aguets, tentant d'entendre un son qui m'indiquerait que la victime n'allait pas si mal que ça mais seuls les échos des tableaux me parvenaient et je m'inquiétai. Fut un temps, je ne serais pas montée mais là, il s'agissait quand même peut-être de Will et je l'aimais bien, Will. Un peu beaucoup bien même.

Je n'hésitai pas beaucoup avant de me décider mais il fallait tout de même que je prévienne Orion si jamais il arrivait entre temps. Je fouillai donc mon sac pour dénicher parchemin, plume et encre et lui griffonnai un mot avant de plier le bout de papier et de l'enchanter pour qu'il arrive jusque lui, lui expliquant rapidement où j'étais. Quelque part dans les étages, dans les escaliers.
Je commençai alors à grimper les marches quatre à quatre et, faisant fi comme je le pouvais du manque d'exercice et du point de côté qui commençait à se former, montai, montai, montai... jusqu'à trouver Will étendu au sol, couvert de sang. Un cri m'échappa.

« WILL ! »

Je me précipitai à ses côtés et le retournai, prudemment. Je vis sa poitrine se soulever régulièrement et laissai échapper un soupir de soulagement. Merlin merci il n'est pas mort ! Je m'agenouillai et posai délicatement sa tête sur mes genoux pour la surélever, sans savoir quoi faire ensuite. Essayer de le réveiller ? J'avais trop peur de bafouiller l'incantation et de lui faire plus de mal que de bien... Mais je n'eus pas besoin de faire quoique ce soit puisqu'il se réveillait de lui-même, un petit gémissement lui échappant.

« Will ! » Je poussai une mèche de cheveux poisseuse de ses yeux, les mains tremblantes. « Comment te sens-tu ?! » Au même instant, des pas se firent entendre dans les escaliers et Orion apparut, l'air un peu alarmé. « Orion ! Viens vite ! »

21/02/2016

En cette journée de congé, Lucy ne m’avait pas laissé de répit en me faisant me réveiller aux aurores, prétextant que le lever de soleil prodiguait aux clichés une aura de lumière incomparable et qu’il serait bête de gâcher une telle occasion pour moi d’améliorer mes photographies. Certes. Je m’étais contenté d’accepter sans trop d’enthousiasme sa proposition, mais j’y étais, là, levé à une heure indécente et plutôt en forme, alors je regrettai un peu ne pas avoir montré plus d’entrain car je me sentais vraiment entraîné.

Ça aura mis un peu de temps, par contre, parce que je me retrouvais carrément en retard pour le rendez-vous que nous nous étions fixé. Malaise. Je sautai le petit-déjeuner – je n’étais même pas sûr qu’il soit déjà servi, à cette heure – et dévalai les marches pour me retrouver au lieu de rendez-vous. Malaise 2, Lucy n’y était pas. Deux hypothèses : soit elle en avait eu marre de m’attendre – très probable – et était partie, soit elle était encore plus en retard que moi – très improbable. Je m’adossai donc contre un mur pour observer les gens alentour, au cas où je la verrais, quand un papier flottant vint à ma rencontre. Perplexe, je l’ouvris ; ce qui y était griffonné à la hâte me rendit encore plus confus.

Je fronçai les sourcils et décidai de grimper les escaliers pour y trouver Lucy, mais priai intérieurement pour qu’elle ne se trouve pas au 7ème, d’où je venais de descendre. J’arpentai donc les couloirs en long et en large et empruntai tous les escaliers possibles, jusqu’à – enfin – tomber sur Lucy qui était agenouillée près d’un Will, mon binôme d’Astronomie et d’Etude des Runes, inconscient. Il y avait du sang autour et sur lui ; mon cœur manqua un battement quand Lucy m’appela d’une voix implorante.

Couché dans le palier, Will avait tout l’air d’être tombé dans les escaliers, et plutôt violemment, à en juger par les témoignages bousculés des tableaux. La pauvre Lucy avait l’air toute retournée, et je mentirais si je disais que je ne l’étais pas, moi aussi, mais je ne voulais pas l’inquiéter plus en lui montrant que je n’étais pas capable de me contrôler. Je m’approchai de Will et m’agenouillai à côté, observant son corps.

« Lucy, nous devons trouver d’où il saigne et où il s’est cogné le plus fort. Il faut regarder sa tête en premier. Je te laisse la soulever doucement. »

A ces mots, je pris la main de Will et fis comme dans les cours d’assistance aux blessés que mes parents nous avaient forcés, Gabrielle et moi, à suivre. Je lui dis assez fort et intelligiblement :
« Will, c’est Orion. Si tu m’entends, serre une fois la main. »

24/02/2016

Il était parfois difficile d’avoir le sommeil aussi léger. C’est ce qu’Elo s’était répété une bonne partie de la nuit. Avec les pluies régulières d’avril, le nez de Molly était particulièrement pris en ce moment. Les ronflements n’étaient pas plus gênants que d’habitude, mais plus réguliers. Et avec le niveau de stress actuel d’Eleonora, il était plus difficile de se rendormir.
Cela ne posa cependant pas trop de problèmes à la jeune fille, qui avait besoin de peu de sommeil. Par contre, cela eut des conséquences inattendues sur sa matinée.

Lorsqu’elle se réveilla une énième fois vers 5:15 AM, elle décida qu’elle était assez reposée. Elle sauta donc au pied de son lit et s’habilla dans la pénombre. Elle prit ensuite son dernier livre, un roman racontant les aventures d’un sorcier du XIXè siècle, qui pistaient les géants dans le Caucase. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle n’avait pas choisi de suivre le cursus de Soin aux Créatures Magiques de Poudlard. Cela restait l’un de ses plus grands regrets. Non pas qu’elle n’aimait pas l’arithmancie et les runes. C’était même très utile dans son travail sur les balais magiques, mais il manquait quelque chose, dans l’éducation au monde magique, d’Elo.
Elle quitta son dortoir puis la Salle Commune, pour monter les escaliers, en direction de la verrière du 6ème étage. Il était un peu tôt pour trainer dans les couloirs, mais elle comptait sur sa bonne étoile et l’heure plus que matinale pour être tranquille et éviter de croiser un adulte ou Miss Teigne. Elle se réjouissait d'avance de voir le soleil se lever depuis la tour et de profiter du calme pour lire paisiblement son livre.
Sept étages à gravir, cela réveillait les muscles de la jeune fille et elle était complètement réveillée, en poussant la porte de la salle. Elle s’installa à une table proche des baies vitrées et laissa Roquefort, sa souris, descendre de sa poche pour se balader autour d’elle. Après quelques instants à regarder son animal, un sourire attendri aux lèvres, elle ouvrit son livre et poursuivit sa lecture. Régulièrement, elle s’interrompait pour étudier le paysage. Le ciel s’éclaircissait et virait lentement au rose et à l’orange. Sur le côté, la lune gibbeuse descendait lentement vers les sommets écossais. Dans le lac, elle pouvait voir le calmar géant étirer un tentacule hors de l’eau. Cette bestiole lui avait toujours fait peur. Elle s’était demandé pendant des mois comment les élèves de Durmstrang pouvaient supporter de passer du temps dans leur bateau.
Cela avait du bon, de se lever tôt et de rompre le couvre-feu du matin. Il ne manquait que quelques centaures à la lisière de la Forêt Interdite et le tableau serait complet.

Elo avait posé son livre et profitait pleinement du paysage, calmement. Elle n’avait plus aucune conscience de l’heure, lorsqu’elle fut alertée par des cris. Dans le couloir, elle reconnut sans problème la voix de Peeves, qui passait en hurlant.
Du sang ! Du sang dans les escaliers ! Agirez-vous assez vite ou la trop longue série se poursuivra-t-elle ?
Elo avait sorti sa baguette et rempoché Roquefort. Elle hésitait. Un agresseur était-il présent dans les couloirs ? Qui était réveillé à cette heure et pourrait agir ? Elle hésitait entre rester à l’abri et faire son devoir quand elle entendit à nouveau Peeves.
Le blaireau s’est écroulé, saura-t-il se relever ?
Un blaireau ? C’était un de ses amis de Poufsouffle qui était en danger ? Elle ne réfléchissait déjà plus et oubliait toute prudence en quittant la verrière et en courant dans le couloir du sixième étage. En arrivant dans la cage d’escalier elle entendit un nouveau cri, venant des étages inférieures.
Orion ! Viens vite !
Elle commença à dévaler les escaliers, sautant les marches 3 par 3, espérant qu’ils ne changeraient pas de position. Elle regrettait de ne pas avoir son balai pour descendre en piqué au milieu de la cage d’escalier. C’est dans un dérapage plus ou moins contrôlé et le souffle court qu’elle arriva en vue de la scène. Un Gryffondor, sans doute Orion, était agenouillé devant quelqu’un. Elo ne voyait pas qui était blessé, mais elle cru reconnaître la silhouette de Lucy, qui le tenait appuyé contre elle. Il y avait du sang. Beaucoup trop. Les larmes montaient déjà aux yeux d’Eleonora. Elle fit les derniers pas vers le blessé, en demandant des informations.
Qui c’est ? Est ce que je peux faire quelque chose pour vous aider ? Aller chercher du secours ?
Elle reconnut les chaussures de la victime avant d’identifier le visage rougit par l’hémorragie. Will… et elle fut prise de deux sentiments contradictoires. Une peur terrible de perdre quelqu’un qui lui était proche et l’assurance que tout allait bien se passer. Il était costaud et résistant. Ce n’est pas une perte de sang qui viendrait à bout du batteur. D’ailleurs, il revenait déjà à lui.
Elo resta debout près d’eux, tâchant de sourire à Will pour le rassurer et attendant les instructions de ses aînés. Qu’est ce qu’elle se sentait incompétente ! Heureusement, Orion avait l’air de prendre les choses en main.

EDIT HRP:

Sujet: Re: S'élever ou Déchoir [Libre] Ven 11 Mar 2016 - 16:53

HRP:
Oh putain c’était quoi tout ces gens ? La tête de William tournait, mais en partie seulement à cause du choc. Il était bien entouré et franchement, ça lui donnait presque le vertige. Il gémit de douleur, n’essayant même pas de se redresser un peu. Il imaginait qu’il avait l’air passablement pitoyable à être là, allongé sur le sol. Et en plus, on lui prenait la main. La honte internationale. La main, quoi ! Will suivit des yeux cette main, remontant le bras lentement jusqu’à tomber sur le visage de…

— Oh… Orion…?

Merde, il fallait pas qu’il reste comme ça, qu’allait penser le Gryffondor après ? Putain, ce que ça pouvait être gênant ! C’était son binôme quoi… Will se sentit rougir — tiens, c’était pas mauvais pour son hémorragie ça — avant de se tourner rapidement vers un autre visage dont il espérait que la vision serait moins… embarrassante.

Perdu. C’était Lucy. La Lucy. Celle qu’il se prenait à regarder parfois en se demandant comment il pourrait l’aborder, ce qui lui plairait, ce qu’elle aimait dans la vie. Il l’admirait de loin sans trop oser lui parler, lui adressant au mieux un sourire niais et débile. Et là, elle était là. Juste là, devant son nez, à s’inquiéter pour lui. P’tain il allait crever de honte.

Il devait bouger. Il ne pouvait pas rester comme ça à les regarder dans les yeux comme un merlan frit. Il fallait qu’il se redresse, au moins, mais sa conscience à peine regagnée ne lui donnait pas encore la force de se mouvoir. Le pire dans tout ça, c’est qu’il se paralysa lui-même en reconnaissant une troisième voix. Elo. Oh non pitié pas elle… Elle allait encore l’agresser avec son énergie débordante, lui dire quoi faire et quoi penser, comme s’il était trop jeune ou trop stupide pour le savoir lui-même. Oh, Will se détestait, mais ça ne voulait pas dire qu’il n’avait pas sa petite fierté.

Détournant les yeux, les fermant même un petit instant, il fit un nouvel effort pour se redresser. Effort cette fois payant, puisqu’il réussit au moins à s’asseoir sur le sol. Il y avait du sang partout sur ses vêtements, et vu la gueule que tiraient ses camarades et les tableaux derrière eux, ça ne devait pas être beau à voir. Sa tête lui lançait, pulsait comme un fruit trop mûr, prêt à éclater. Le sang lui battait dans le cou, les oreilles et les tempes, comme s’il en avait soudainement beaucoup trop et qu’il fallait vider le trop-plein. Will porta une main à sa tête, avant de rapidement baisser le bras : il n’arriverait pas à le maintenir en l’air de toute façon. Merde, depuis quand était-il devenu si faible ?

— Ça va aller…

Un murmure, à peine bredouillé et du coup, pas vraiment crédible. Il était dans un état un peu plus grave qu’il ne l’aurait cru, et l’intervention de quelqu’un de qualifié ne serait sûrement pas de refus.

16/02/2016

Les mains tremblantes, j'essayai un maximum de ne pas trop bouger Will, de peur d'agrandir quelques unes de ses blessures ou je ne sais trop quoi. Quand Orion me demanda de soulever sa tête, je passai la main derrière la nuque du Poufsouffle et le redressai doucement, comme s'il risquait de se briser au moindre choc. Pendant ce temps, le Gryffondor lui prit la main et lui demanda de la lui serrer, s'il l'entendait ; j'attendais anxieusement de voir les doigts réagir quand il ouvrit les yeux. Il avait clairement l'air sonné mais au moins, il était conscient... Sur ces entrefaites, McPhee fit son apparition, demandant si elle pouvait être d'une quelconque aide - honnêtement, je ne savais même pas si moi-même je pouvais être utile alors comment le savoir pour elle ? Je ne répondis rien, Will ayant choisi ce moment pour se redresser, tant bien que mal et son Ça va aller… murmuré ne me rassura en rien. Je me sentais tellement inutile !
Il vacilla un peu, bien qu'assis et je parvins à le retenir avant qu'il ne s'effondre de nouveau. Je me rapprochai donc, de sorte qu'il puisse s'appuyer contre moi pour se soutenir et lançai un regard inquiet à Orion par-dessus son épaule. Que faire ?

« McPhee ? » appelai-je et la préfète s'approcha. « Peut-être devrais-tu aller chercher quelqu'un à l'infirmerie pendant qu'Orion et moi restons avec lui pour le surveiller ? »

Je crois qu'elle acquiesça, mon attention étant de nouveau retournée vers Will qui venait de gémir contre mon épaule. Doucement, je le plaçai de façon à ce qu'il soit plus à l'aise et sortis un mouchoir en tissu - propre bien entendu - de ma poche et l'humidifiai d'un Aguamenti avant de commencer à le lui passer sur le visage. J'espérai que l'eau fraîche lui fasse du bien parce que je n'avais pas d'autre idée.

21/02/2016

Ca va aller…

Euh, non, je ne crois pas, non…

La façon dont Will avait soufflé ces trois mots aurait été la même s’il avait été sur son lit de mort et qu’il tentait, en vain, de rassurer ses proches. Je levai un regard circonspect vers Lucy, mais elle était penchée près de lui, permettant à mon binôme de se reposer sur elle pour s’asseoir malgré son air sonné. Mes yeux se reposèrent sur Will – au moins, il était assis et ne gisait plus, inconscient, sur le sol.

Lucy m’apostropha d’un regard que notre ami ne pouvait intercepter, signe qu’elle ne savait que faire. Néanmoins, elle envoya la fille arrivée un peu plus tôt sur les lieux de l’accident chercher le personnel de l’infirmerie pour le transporter, signe qu’elle n’avait pas complètement cédé à la panique et qu’elle avait été capable de prendre une bonne décision par elle-même, contrairement à la Poufsouffle, qui répondait à la simple dénomination « McPhee », qui n’avait fait que nous demander quoi faire pour nous être utile. Si les circonstances n’avaient pas été aussi graves, je lui aurais probablement aboyé de se rendre utile en la fermant ; à ce moment précis, il aurait été très malvenu de lui dire une telle chose, ne serait-ce que par respect pour Will qui n’avait sûrement pas envie d’entendre une amie se faire rabattre le caquet alors qu’il peinait à reprendre conscience.

Alors que McPhee acquiesçait et tournait les talons pour partir, Lucy humidifia un linge et tamponna le visage de Will avec. Dans son geste, je ne vis que douceur infinie, bienveillance d’une mère, attachement d’une grande amie. Dans son regard, j’observai soulagement incroyable, espoir à ne pas décevoir, mais également une sorte de confusion. Je repensai à Will qui avait visiblement rougi lorsqu’il avait posé les yeux sur Lucy, la première personne qu’il a regardé lorsqu’il avait repris conscience. J’esquissai un sourire en coin irrépressible en me demandant sérieusement si je n’étais pas en train de tenir la chandelle entre ces deux-là et si je ne ferais pas mieux d’accompagner McPhee à l’infirmerie.

Et puis, quelque chose attira mon attention sur le crâne de Will – heureusement qu’il avait l’air plutôt préoccupé par les soins et la présence de Lucy et que je pouvais profiter pleinement de la vue imprenable sur son dos. Visiblement, le coin d’une marche avait tapé fort contre l’arrière de sa tête et, en plus d’y avoir laissé une méchante bosse de la taille d’un œuf, avait entaillé son cuir chevelu sur plusieurs centimètres. La plaie avait l’air profond, en tout cas, le sang s’écoulait à intervalles réguliers.

« Oh, Lucy, je vois enfin d’où tout ce sang sort, je vais appliquer un tissu sur la plaie pour essayer d’arrêter l’écoulement en attendant l’infirmière, » m’exclamai-je.

Ne sachant trop quel tissu utiliser, en l’absence de compresse, j’attrapai l’extrémité de la cape de Lucy, qui gisait derrière elle, et d’un air désolé pour elle, appliquai quelques épaisseurs d’une pression ferme sur la plaie, priant pour que ça ne fasse pas trop mal à mon binôme.

« Avec Will, euh… essayez de ne pas trop bouger, » me sentis-je obligé de les prévenir, malgré l’envie visible de mon ami de ne pas esquisser un seul geste.

24/02/2016

Décidément, Will n’avait pas l’air au meilleur de sa forme. Il était sûrement assez urgent de trouver du secours pour mieux prendre en charge le blessé. Il ne réussissait pas à se tenir bien droit. Elo ne voyait pas bien ce qu’elle pouvait faire pour assister ses aînés. Lorsque Lucy proposa qu’elle aille chercher du secours, elle ne se fit pas prier. Ça, au moins, elle le ferait vite et bien. Elle faisait déjà demi-tour et commençait à remonter les escaliers en direction de l’infirmerie.
En arrivant sur le palier, elle s’arrêta net en face d’un tableau. Elle avait en effet reconnu la femme que l’on voyait habituellement dans le bureau de Mme Pomfresh. La préfète la connaissait pour avoir longuement discuté avec elle, quand elle avait eu la grippe, lors de sa deuxième année. C’est elle qui visitait les malades qui se reposaient dans leurs dortoirs, à la place de l’infirmière. Eleonora lui fit face et se redressa.
Bonjour Madame. Pourriez-vous s’il vous plait m’aider ? J’aurais besoin que vous préveniez Mme Pomfresh ou son assistante que nous avons un blessé, au niveau inférieur, au pied de l’escalier. Il a perdu beaucoup de sang et a besoin d’une aide rapide. Dîtes lui que c’est la préfète de Poufsouffle qui vous l'a demandé. Faîtes vite, s’il vous plait, c’est un ami qui est blessé !
Il était parfois bon d’avoir un statut à faire valoir dans l’école, pour obtenir des résultats rapides.
Le tableau l’écoutait avec attention et hochait la tête, prenant bonne note de ce qu’Elo lui expliquait et lui demandait.
Très bien, mademoiselle. Je vais faire mon possible pour que vous obteniez de l’aide sans tarder.
Elle retourna au fond du tableau pour le quitter. Elo la vit dans le tableau d’à côté, continuant son chemin vers l’infirmerie.

Une fois rassurée d’être écoutée, elle redescendit vers les secoursites improvisés. Elle arrivait quand Orion essayait de comprimer une plaie sur le crâne de Will, avec un morceau de tissu. Elo était revenu dans le dos d’Orion, toujours en courant. Elle avait le souffle un peu court, mais put expliquer ce qu’elle avait fait.
Ça devrait être rapide. J’ai envoyé un tableau à l’infirmerie. J’ai bien montré mon badge, pour être respectée, écoutée et obéie. Tiens le coup, Will.
Elle sourit à son coéquipier et analysa la situation. Elle avait un peu réussi à se calmer et si la sorcière ne voyait pas comment user de sa baguette, la moldue en elle se réveillait. Pour avoir accompagné son père quelques fois sur son bateau, Elo avait déjà vu des belles blessures. Il y avait souvent des accidents, sur un chalutier de pêche. Elle se rappela d’une fois où son père avait dû réaliser une forte compression, sur la jambe de son associé. Il avait utilisé ce qu’il avait sous la main et avait expliqué à sa fille ce qu’il avait réalisé. Ce sont les mots de son père qui revinrent à sa bouche lorsqu’elle sortit un paquet de mouchoirs moldus de sa poche.
Orion ? Prend ça ! C’est une astuce de moldus. A l’intérieur de l’emballage, il y a des mouchoirs propres. Et tu peux utiliser l’emballage lui même, pour appuyer sur la plaie. Il est en plastique et est imperméable. Ce sera sûrement mieux que ces morceaux de tissu. C’est une astuce de moldu. C’est mon père qui me l’a apprise.
C’était souvent le premier pas qui coûtait, quand il fallait s’investir auprès d’un blessé. Une fois que l’on se responsabilisait, on rationalisait la situation et on trouvait des idées.
Tu préfères que je m’en charge pendant que tu vérifies, s’il n’y a pas d’autre problème ?
Elle remontait déjà ses manches et attendait la réponse du 7ème année. Son cœur accélérait son rythme. La situation de Will l’inquiétait toujours et la présence d’Orion à ses côtés n’arrangeait rien.

Sujet: Re: S'élever ou Déchoir [Libre] Lun 21 Mar 2016 - 5:03

C’était vraiment très étrange d’être entouré d’autant de monde, tous aux petits soins pour vous. William n’en avait clairement pas l’habitude, lui qui était bien trop souvent dans la position de celui qui aide. Quelque part, il comprenait pourquoi Orion, Lucy & Elo s’agitaient, mais il avait toujours du mal à réaliser qu’ils le faisaient pour lui, qu’ils s’inquiétaient réellement. Si on le lui avait demandé, Will aurait sûrement répondu qu’il n’en valait tout simplement pas la peine et qu’il leur faisait perdre leur temps. Une vérité crue, difficile à entendre mais qu’il avait si bien intégrée qu’il pouvait l’énoncer sans sourciller. À quel point était-ce triste d’en arriver là ? Will ne s’en rendait même pas compte.

Il avait voulu se relever, les rassurer, mais ça n’avait pas marché. Ils n’étaient pas stupides, et lui avait vraiment besoin d’une aide médicale. Mme Pomfresh ou Mlle O’Neill, son assistante, n’allaient sûrement pas tarder à débarquer, chassant ses trois amis qui l’avaient aidé comme on éloignerait d’un mouvement de la main une volée de moucherons.

Merde, il commençait à délirer ou quoi ? Il vit Elo s’éloigner, ne comprenant pas vraiment ce qu’elle faisait, avant de la voir revenir en donnant d’autres conseils. Orion avait trouvé la plaie et faisait en sorte que Will ne saigne pas plus — d’ailleurs, merci frère, ça fait super mal… — sauf qu’Elo avait une autre méthode, sûrement mieux. William ne comprenait pas tout, et il eut tôt fait de fermer les yeux de nouveau.

— Laissez… Vous avez… d’autres trucs à faire… Non ?

Les mots lui avaient échappé sans qu’il s’en aperçoive. Non pas qu’il ne les pensait pas — il les pensait même très fort — mais il n’était pas encore assez stupide pour ne pas comprendre que personne ne voulait entendre ça. Surtout pas de la bouche de quelqu’un qu’on considère comme un ami. Il aurait mieux fait de juste la fermer, en fait. Meh.

16/02/2016

HRP:

Orion semblait avoir trouvé la blessure et ma préfète revint rapidement, nous annonçant qu'elle avait envoyé un tableau à l'infirmerie avant de s'affairer presque immédiatement aux côtés du Gryffondor. Moi, je restais assise, à soutenir Will. A lui passer un linge humide sur le visage. Je ne savais pas vraiment si j'étais utile, au final, mais je ne pouvais rien faire d'autre... Ou je me mettrais à paniquer.

Will laissa échapper quelques mots - je ne sais pas si les deux autres entendirent mais ils furent très clairs pour moi. Mon coeur se serra tandis que je posai les yeux sur lui ; les siens étaient fermés et ses sourcils légèrement froncés laissaient transparaître sa douleur. Le pense-t-il vraiment ? On aurait dit moi. Sans que je ne puisse vraiment m'en empêcher, je caressai délicatement sa joue, du bout des doigts. Je crois que je m'en fichais que les deux derrière voient mon geste, tout ce que je voulais c'était que Will comprenne que non, je n'avais rien d'aussi important que d'être à ses côtés alors qu'il était très mal en point. Alors qu'il était là, tout simplement. Il frémit un peu, à mon contact - ou n'était-ce qu'un sursaut de douleur ?

Je remouillai encore un peu le mouchoir et essuyai les dernières traces de sang sur son visage, faisant apparaître les petites égratignures. Quand je fus sûre que rien ne saignait, je descendis au niveau de son cou et recommençai à nettoyer comme je le pouvais. Je ne voulais pas lui faire mal.

21/02/2016

Lorsque la préfète revint, elle annonça avoir prévenu un tableau qui se chargerait de ramener du personnel de l’infirmerie. Je fis la grimace : ne pouvait-elle pas prévenir le personnel en personne ? Comment savait-elle que le tableau accomplirait sa mission ? Beaucoup d’entre eux n’étaient que trop heureux de batifoler toute la journée dans leur décor, ce que je comprenais ; j’espérai de tout mon cœur que la Poufsouffle en avait choisi un qui serait content de se charger d’une tâche importante.

Néanmoins, elle avait une meilleure solution que moi pour arrêter l’hémorragie ; je lui laissai alors précautionneusement la place mais restai volontiers juste à côté pour vérifier qu’elle s’y prenait bien et que sa technique marchait. Une fois que je constatai que oui, je respirai mieux et m’en éloignai avec un petit sourire, pour ne pas la gêner. Au passage, je me permis juste de la déranger pour enfin pouvoir l’appeler autrement que « toi » ou « McPhee » :

« Excuse-moi pour mon manque de tact, mais… Comment tu t’appelles ? » lui murmurai-je pour que cet aparté reste entre nous deux.

Will nous congédia alors et mon sang se glaça. Il en était hors de question. A ma grande fureur, je remarquai que Lucy ne dit rien. Elle continuait de le panser doucement, pleine de bonnes attentions pour lui, lui caressa même la joue, mais ne dit rien. Profondément déçu d’elle et irrité, je m’étais suffisamment emporté dans moi-même pour ne pas faire éclater mon ressenti, et que Will soit blessé ou non n’y changerait rien.

« William Sharen ! » commençai-je, grondant. « Non. Non, je n’ai rien de mieux à faire – vu l’heure, que pourrais-je faire d’autre, de toute façon ? Et pour qui te prends-tu, à nous congédier comme ça ? Je conçois que la situation doit être désagréable et gênante mais on est là pour toi et tu devrais plutôt apprécier le moment et l’attention qu’on te donne – et tu as de quoi faire, » ajoutai-je en visant délibérément Lucy. « Figure-toi que je n’ai fait que de repenser à ce cours de Runes où j’étais trop endormi pour demander à la personne à côté de moi de partir parce que tu allais arriver. Je n’ai fait que me dire que je me rattraperai au prochain cours de Martinelli, que j’écrirai sur un grand panneau « PLACE DE WILLIAM SHAREN » et que je le collerai sur ta chaise pour que personne n’empiète dessus. Mais voilà, je ne te l’apprends pas, tu es gravement blessé, et la perspective d’un nouveau cours de Runes à tes côtés n’est plus sûre, et s’évanouira peut-être même complètement si tu nous chasses. Donc non, je ne partirai pas. Tu peux m’envoyer un sortilège Doloris que je ne partirai pas, et je me fiche complètement que tu veuilles rester seul ou que notre présence te soit embarrassante. »

Je m’arrêtai pour respirer lentement, sous le feu des regards de Lucy et McPhee, avant de reprendre beaucoup plus calmement, d’une voix presque suppliante.

« J’ai besoin d’au moins un autre cours de Runes avec toi. »

24/02/2016

Elo était donc debout au côté de William, sa main appuyant le mieux possible la compresse improvisée contre la plaie.
Orion surveillait chacun de ses gestes, ce qui était à la fois rassurant et vexant. Lorsqu'il se pencha vers la préfète, elle se demanda si c'était pour l'engueuler ou pour lui donner des conseils. Mais c'était encore pire.
Excuse-moi pour mon manque de tact, mais… Comment tu t’appelles ?
Tout le monde connaissait Orion, comme tout le monde connaissait Alycia, Gabrielle ou Aldabella. Mais la préfète de Poufsouffle, non. Le Gryffondor ne la connaissait pas. L'avait-il seulement remarquée, auparavant? Il fallait bien admettre qu'Elo était un peu amoureuse d'Orion (comme la moitié de l'école, d'après elle) et elle aurait préférée exister aux yeux du 7ème année.
Elle se tendit et appuya davantage sur la tête de William, sans savoir s'il grimaça sous la pression et lança un regard noir à Orion.
Je m'appelle Elo. Euh... Eleonora. Mais si tu préfères m'appeler McPhee, ça m'ira très bien. C'est comme ça que m'appelle ta soeur.
Le ton et les propos étaient plus froids et blessants, qu'elle l'aurait souhaités.

Heureusement pour Elo, Will prit la parole, pour dire encore une fois quelque chose de saugrenu.
Laissez… Vous avez… d’autres trucs à faire… Non ?
Bien sûr, Will. Ils avaient d'autres choses à faire. Elle pouvait continuer à regarder la brume se lever ou lire son livre. Mais ils n'avaient rien de plus important à faire.
D'ailleurs, Orion lui répondit brusquement. Elo n'en retenait que la dernière phrase.
[...]Et je me fiche complètement que tu veuilles rester seul ou que notre présence te soit embarrassante.
Ça, elle pouvait bien l'imaginer. Elle savait, qu'elle avait tendance à perturber Will. Et encore plus, maintenant qu'elle avait la main plaquée contre son crâne et qu'elle restait aussi près de lui. Une bise passait déjà difficilement, alors ça... Elle se surprit à sourire, en imaginant le visage du batteur, qu'elle ne pouvait voir de sa position. Puis elle s'en voulut un peu. Si Orion avait été aussi virulent, c'était peut être aussi parce qu'elle avait été désagréable avec lui.
Elle se sentit quand même obligée de dire quelque mots également.
Ne t'inquiètes pas Will. On avait sûrement prévu autre chose. Mais rien de plus important que de prendre soin de toi. J'ai besoin de mon batteur préféré. Sinon, qui couvrira mes arrières sur le terrain ? Et je suis certaine que tu aurais fait beaucoup plus pour nous, si la situation était inversée. Pouffy Team...
Le ton était doux cette fois. Elle posa une main sur l'épaule de Lucy. Les trois jaunes se soutenaient l'un, l'autre, avec un lion à côté.

Elle regardait les escaliers, attendant avec une inquiétude croissante les secours. Le tableau avait-il trouvé quelqu'un ? Pourquoi n'était-elle pas allée jusqu'au 3ème étage elle même...

Il arrive parfois, ce n’est pas systématique, qu’on dise quelque chose qui nous paraisse totalement anodin, trivial & sans importance. Une petite phrase lâchée du coin des lèvres, sans vraiment y réfléchir. On n’y pense pas, parce que ça nous semble si évident que ça doit forcément l’être pour tout le monde. Et cette phrase, ces quelques petits mots, déclenchent l’apocalypse chez quelqu’un d’autre.

C’est exactement ce qui arriva à William et Orion ce jour-là, sur un des paliers des escaliers de Poudlard. Le Poufsouffle avait seulement dit ce qui lui paraissait normal, qu’il pouvait se débrouiller seul et qu’il devait les retenir alors qu’ils devaient être ailleurs, mais le Gryffondor ne l’entendait vraiment pas de cette oreille. Il partit alors dans une tirade, un discours enflammé qui réussit à faire oublier à William tout l’inconfort qu’il avait à se retrouver dans une telle position de faiblesse, aidé par Eleonora et sous les yeux de Lucy. Le visage aux traits parfaits d’Orion dansait devant le sien, sa voix clamant avec une ardeur non feinte à quel point il tenait à lui en tant qu’ami.

Sincèrement, Will avait du mal à le croire. Ce n’était pas pour faire chier le monde, non, il était réellement convaincu qu’il n’en valait pas la peine et que ni Lucy, ni Elo, ni Orion ne devraient perdre leur temps à s’occuper de lui. Will n’avait jamais su apprécier l’attention des autres : il la fuyait. C’était un réflexe, pour lui qui avait grandi en apprenant qu’avoir l’attention des autres était souvent un pré-requis pour être moqué ou rabaissé. S’il passait inaperçu, alors il esquiverait les blessures. Mais ces amis là étaient tenaces, surtout le Gryffondor qui partit bien loin dans ses envolées lyriques. La dernière phrase arracha même un rire à William.

— Ça va je vais pas mourir, Orion…

Mais il avait ri et ça allait mieux. Un peu. Il est clair que là, il allait falloir attendre que Mme Pomfresh arrive et ne l’emmène à l’infirmerie. Sa tête saignait et tournait, il avait même perdu connaissance… Peut-être que c’était grave, effectivement. Et puis, Elo avait raison : les rôles auraient été inversés que Will ne serait pas parti comme ça, sans rien dire ou faire. Alors il ne dit plus rien et attendit. Après quelques minutes seulement, une silhouette familière se dessina en haut des escaliers, et descendit jusqu’à eux.

— Ouste ! Poussez-vous !

Mme Pomfresh. Enfin ! Elle examina d’abord William, lui lançant un sort pour sa blessure à la tête, et s’assura ensuite qu’il fut transportable. Cependant, elle ne prit pas le risque de le faire marcher et lui lança un autre sort pour qu’il lévite jusqu’à l’infirmerie.

— Ce jeune homme a besoin de repos ! Vous pourrez lui rendre visite tout à l’heure ! Circulez !

D’une voix autoritaire mais tout de même bienveillante, l’infirmière en chef de Poudlard dissipa le nuage d’élèves qui s’étaient regroupés autour du Poufsouffle maladroit, désormais hors de danger.

William se laissa porter jusqu’à l’infirmerie sans rien dire, mais il ne pouvait s’empêcher de songer à ce qu’il venait de se passer. Lui qui était si aisément convaincu de ne rien valoir, il avait vu la détresse et l’inquiétude dans le regard de ses amis. Il avait des amis, des vrais… Il se demanda un temps si Abby ou, soyons fous, Harmony passeraient le voir à l’infirmerie. Si elles étaient mises au courant, bien sûr. Mais même en le sachant, rien n’était dit. Il avait des amis, mais avait-il encore une famille ?

HRP:

16/02/2016

La tirade enflammée d'Orion me surprit. Je n'aurais jamais cru qu'il puisse s'énerver comme ça, lui qui était toujours posé et serein, même lors de notre mésaventure dans la forêt où il avait pourtant failli se noyer - à cause de moi, ne l'oublions pas - et le voir ainsi perdre son sang-froid me fit presque peur. S'il s'énervait à ce point pour un de ses amis... Qu'est-ce que ça donnerait s'il s'agissait de l'une de ses sœurs ? Je l'écoutais attentivement tout le long de son monologue, touchée par ce qu'il disait et un peu envieuse - existait-il une personne autre que mon père qui pourrait s'adresser à moi de cette manière ? Quand McPhee posa sa main sur mon épaule, je ne dis rien et la laissai faire, pour montrer que j'étais d'accord avec elle, avant de faire comme tout le monde et d'attendre. Madame Pomfresh ne tarda pas et elle s'occupa de notre ami, avant de l'emporter avec elle à l'infirmerie. Ne restèrent plus que nous trois.

Toujours accroupie, je levai les yeux vers Orion et la préfète, l'air à la fois soulagé et un peu peiné. J'étais soulagée parce que Will était enfin entre de bonnes mains et peinée parce que... Bonne question. Enfin bref. Le Gryffondor me tendit la main pour m'aider à me relever et je l'attrapai volontiers, tirant un peu dessus mais pas trop non plus, le but n'étant pas qu'il tombe lui aussi. Une fois debout, j'époussetai ma jupe et, remarquant quelques taches de sang, les nettoyai d'un coup de baguette. Un petit silence gêné s'installa, personne ne sachant quoi dire et je remarquai enfin que mon comportement avec le Poufsouffle n'avait pas été des plus... normaux. Le rouge me monta un peu aux joues et je me tournai vers Orion, avec qui j'avais rendez-vous à l'origine.

« Bon, on va se faire cette séance photo ou pas ? » demandai-je, d'un air plus brave que je ne l'étais réellement, un peu trop consciente du fait que j'avais amoureusement nettoyé le sang du visage de Will sous leurs regards. Je me tournai vers ma camarade de Maison. « Merci d'être venue nous aider et d'avoir appelé l'infirmière à l'aide, on serait sûrement encore coincés sur le palier avec un Will se vidant de son sang si tu n'avais pas été là. » Je lui offris un petit sourire, si rares sur mes lèvres, avant de commencer à descendre les escaliers, mon sac sur l'épaule et décidai de ne repenser à ce qu'il s'était passé qu'une fois au calme dans mon dortoir. En attendant, photos !

21/02/2016

« Je ne suis pas ma sœur, répondis-je à Eleonora sur le même ton qu’elle, quoiqu’un peu plus grave et presque sinistre, blessé, acculé. Tu ne tarderas pas à le découvrir, d’ailleurs, j’espère », me repris-je sur un ton bien plus orionesque et léger que quelques secondes plus tôt.

Enfin, l’infirmière arriva et nous poussâmes tous un soupir de soulagement que j’aurais voulu expirer longtemps avant. Même si elle avait tardé, Will était désormais entre de bonnes – quoique brutales – mains et je savais le revoir en pleine forme physique d’ici peu. Je tirai Lucy doucement pour la remettre debout et après quelques instants, elle me rappela le but initial de notre sortie aurorale. Je n’avais plus du tout le cœur à prendre des photos, mais peut-être que Lucy saurait me remettre de bonne humeur, avec sa maladresse et son naturel parfois déroutants.

Avant de partir, Lucy prit quelques secondes pour remercier Eleonora pour son aide ; je restai silencieux le temps de son petit discours, observant la jeune préfète, puis acquiesçai en lui souriant lorsque mon amie se retourna en direction du rez-de-chaussée. Alors que j’allai rejoindre Lucy, j’ajoutai, sur un ton doux et sincère, à l’attention de McPhee :

« A bientôt, Eleonora. »

Je talonnai aussitôt Lucy pour l’accompagner à notre séance de photographie. Alors que nous marchions dans le couloir, au même rythme l’un et l’autre, je passai un bras autour des épaules de Lucy – ce qui se révéla être plus compliqué que ce que je pensais, à cause de son sac à dos – avant de faire les derniers commentaires que je ne dirai jamais sur cet incident. Oui, car je n’étais pas vraiment de ceux qui ruminent le passé pendant des jours entiers – si on l’appelle le passé, c’est justement parce que ce qui est fait, ce qui est dit et ce qui est vu ne peuvent plus être changés ; pourquoi le ressasser en se demandant si on n’aurait pas mieux fait de dire telle phrase à la place de telle réplique ?

« Quelle frayeur, hein ? dis-je à Lucy. Tu as intérêt à me trouver la plus mignonne des petites plantes à macrophotographier pour me redonner le sourire. »

Piètre tentative d’humour s’il en était, je crois que j’avais réellement besoin de la plus mignonne des petites plantes pour aller mieux. Le chamboulement de l’accident, la perte de mon sang-froid – suffisamment rare pour être citée –, la tenue de la chandelle entre Will et Lucy et la réplique cinglante d’Eleonora m’avaient bouleversé. L’air frais et, pour la troisième fois, la plus mignonne des petites plantes ne pouvaient me faire que du bien. J’inspirai et expirai tout l’air de mes poumons, prêt à recommencer la journée mieux qu’avec ce faux-départ.