Vivre et laisser vivre (libre)

Meolian avait ressenti le besoin de s'isoler au lendemain du banquet, seule. Il y avait un endroit qu'elle affectionnait plus particulièrement c'était le lac qui regorgeait de créatures magiques. Elle avait choisi le soin de ces créatures comme matière pour sa prochaine année. Mais là elle avait besoin de se retrouver seule, de réfléchir à son avenir et de profiter de la nature.

Depuis la fin de l'année dernière tout semblait lui sourire, les buses s'étaient bien passées, l'été aussi sans problème particulier à noter. Lors d'une de ces rares incursions, elle avait rencontré Joon et ils avaient débuté une relation quelque peu timide mais semblable à son image.

Elle était vêtue d'une robe sombre, en hommage aux victimes de la bataille de Poudlard lorsqu'elle se dirigea vers le lac. Elle avait amené une petite serviette sur laquelle elle pouvait s'allonger tranquillement. Arrivée au bord du lac, elle s'allongea tranquillement et laissa vagabonder ses pensées une jambe repliée, l'autre allongée.

Elle était en communion avec la nature quand soudain elle entendit un bruit mat à moins de 20 m d'elle. Allongée au milieu des herbes, elle ne l'avait pas vu arriver. C'était un jeune homme de Gryffondor, probablement un de dernière année. Il semblait porter sur les épaules tout le mal de son existence. Quand elle le vit tomber plus que s'accroupir elle eut le coeur serré ; que pouvait il lui arriver pour qu'il se laisse choir comme ça.

Elle était seule, jeune, que pouvait elle faire pour lui et surtout accepterait il de l'aide. Un bruit un peu plus loin lui fit lever les yeux. Elle l'aurait reconnut aussitôt. C'était Joon, un joon fatigué également qui s'était arrêté pour contempler son copain peut être de chambrée accroupi.

Elle était comme scotchée au sol ; elle s'imaginait la scène ; elle allongée au milieu des grandes herbes cherchant à s'isoler pour se ressourcer, le premier gryffondor accroupi par terre probablement en train de pleurer, elle était trop loin pour savoir, et son Joon plus loin affaibli et merveilleusement beau malgré une profonde douleur...

Elle ne put rester immobile trop longtemps, elle se leva en douceur et les regarda en toute compassion. Elle ne savait pas vers qui aller Joon qu'elle avait envie de serrer dans ses bras pour lui répéter qu'elle était là où le plus âgé qui semblait avoir besoin d'amis. Perdue elle les regardait aléatoirement l'un et l'autre en ne sachant que faire.

Lorsque le garçon plus âgé leur adressa la parole en leur proposant de le rejoindre au bord du lac avant de se rallonger, Meolian eut un instant d'hésitation. Peut être voulaient ils discuter entre eux les deux Gryffondor. Il ne s'était pas retourné et n'avait probablement pas remarqué qu'elle n'était pas de la même famille qu'eux. Néanmoins, elle avança d'un pas dans sa direction. Il s'était rallongé en attendant qu'ils n'arrivent à sa proximité.

Elle vit le petit geste de la main de Joon auquel elle répondit par un hochement de tête avec un timide sourire.

Elle avait oté ses chaussures, toutes neuves à l'occasion de la rentrée scolaire. Elle les prit à la main ainsi que sa petite serviette et entreprit de se rapprocher un peu plus des deux hommes. Ses cheveux détachés étaient quelque peu emmêlés après l'instant qu'elle avait passé allongée par terre au milieu des herbes hautes.

Quand elle arriva à leur proximité, elle remarqua que Joon s'asseyait avec difficulté et qu'il grimaçait. Elle se fit une réflexion intérieure qu'il avait probablement encore reçu des coups de son bourreau. Elle crispa sa main droite qui se trouvait sous la serviette. Elle passa à distance raisonnable de Joon mais suffisante pour effleurer discrètement saans que l'autre ne voit la nuque de Joon du bout des doigts.

Par ce geste simple, elle lui signifiait qu'elle était à ses côtés. En revanche, ils n'avaient pas encore eu l'occasion d'annoncer à leurs proches amis leur relation c'est pourquoi elle choisit de s'installer du côté opposé de l'autre jeune homme. En s'approchant, elle remarqua son visage fatigué, ses cernes. Il était plus âgé qu'eux deux.

Elle n'était pas assise quand Joon rompit le premier le silence en lui demandant ce qu'il était arrivé à son camarade. Avant que ce dernier ait le temps de répondre, elle s'allongea à ses côtés sur le ventre pour maintenir la tête au dessus d'eux deux, les coudes sur la serviette. les mollets repliés, la robe remontait jusqu'aux genoux.

Elle s'adressa timidement au plus âgé merci de ton invitation à te rejoindre, j'étais allongée au bord du lac un peu plus loiin quand je t'ai entendu arriver. Je m'appelle Meolian et toi ? tu es de Gryffondor vraisemblablement non ? .

Ainsi à côté d'elle, se trouvait Andrew, le Andrew qui selon les dires avait rejoint les partisans.... Il était allongé, le visage marqué, fatigué visiblement rempli de remords. Il devait probablement avoir des nuits d'insomnie depuis cette bataille. Les cernes étaient marquées sous ses yeux.

Durant l'été, elle avait tenter d'en savoir plus sur ce qu'il s'était réellement passé, elle faisait peu confiance aux médias, une mauvaise habitude son père. Mais jamais elle n'avait pu rencontrer des survivants et des participants de la bataille. Maintenant Andrew était là à son côté. Elle se releva sur un bras pour le regarder plus distinctement, comprendre comment il avait pu agir de la force.

Alors qu'elle allait pour lui demander des explications et les raisons de son choix, Joon la coupa. Un seul mot qui ne se voulait pas forcément cinglant mais qui selon l'état dans lequel se trouvait Andrew pouvait l'anéantir. Mais quel autre mot aurait pu être utile ici afin de connaître les raisons de son positionnement.

Il était revenu à l'école, avait repris le train avec ses camarades, tête haute mais sa conscience devait le tourmenter.

Elle n'était pas froide par ailleurs, gardait un visage détendu ; elle regarda Joon qui lui aussi semblait épuisé. Les deux Gryffondor lui faisaient mal ; ils souffraient les deux l'un dans sa tête, l'autre dans son physique ou peut être souffraient il les deux autant physiquement que mentalement.

Frêle jeune fille à leur côté elle était perdue ; pouvait elle faire quelque chose elle même pour les aider ? aurait-elle tout simplement la force de les aider.

Elle se rapprocha d'Andrew et lui murmura Joon m'a devancé mais si tu as du mal à expliquer directement, parles nous, racontes nous ; ça fait du bien de parler des fois

Meolian restait sans voix ; les paroles d’Andrew résonnaient dans sa tête, les mots suicide, mort n’arrêtaient pas de tourner en boucle dans sa tête. Elle-même rentrait dans un désespoir profond à se demander quelle était sa place ici. Il était bien plus que tourmenté, il était vide, dénué de motivation, n’avait plus goût à la vie. Le destin avait fait que ses pas l’avaient conduit au bord du lac là même ou Meolian se reposait ; elle croyait dans les signes du destin et elle pouvait forcément faire quelque chose.

Des larmes lui vinrent aux yeux, elle si jeune que pouvait-elle faire pour l’aider, surtout accepterait il son aide ? aussi mineure était-elle ? Il avait passé ses vacances dans une maison de fou et cela n’avait apparemment eu peu de conséquences positives pour sa personne. Mais en même temps quelle était l’utilité de les enfermer ; ces maisons étaient comparable à une culture, un entretien de la folie. Du moins c’était son opinion personnelle.

Meolian fut soudainement ramenée sur terre et au moment présent quand Joon se mit à beugler sur Andrew. Lui aussi n’était plus maître de lui-même. Ca elle le savait, ce qu’il vivait au niveau familial le traumatisait grandement ; elle lui avait déjà confié qu’elle serait à ses côtés, qu’elle ne dépasserait pas son rôle et qu’elle aspirait avant tout à un rôle de petite amie, confidente et protectrice. Le voir ainsi hurler, elle ne put s’empêcher de se demander s’il n’hurlait pas non plus après lui-même.

Des larmes coulaient sur les joues de Meolian ; des larmes de détresse, de peur ; elle voulait aider, elle se sentait seule et dépourvue de la moindre force. Puis une idée lui vint. Elle essuya ses yeux, son maquillage avait coulé mais c’était peu important par rapport à ce qu’elle voulait faire. Elle ne l’avait jamais tenté ce sort, mais elle savait oh combien il était utile pour remonter le moral et ramener du positif et de l’espoir. Avec la force de volonté, là avec son chéri Joon, Andrew un ancien, la mission qu’elle se confiait elle se disait que le sort ne pouvait que réussir.

Elle se leva en silence ; se déplaça entre les deux jeunes hommes. Au passage, elle enleva l’herbe que Joon avait mis sur le torse d’Andrew et elle s’accroupit entre eux deux.

Elle leur demanda simplement « vous me faites confiance ? » les deux étaient allongés, les yeux fermés. Elle pria, elle se concentra sur des instants heureux ; des brefs instants de vie qui avaient amené la joie et le bonheur dans sa vie : récupérer la baguette d’Eleonora, des instants de musique avec son papa quand elle était enfant, ce baiser si intense à Kingcross avec Joon. Elle sortit sa baguette. Son geste eut la conséquence de faire ouvrir les yeux d’Andrew qui semblait la regarder interrogatif, Joon quant à lui la regardait aussi en silence.

Elle mit sa baguette devant, pensa à ses instants de bonheur et prononça distinctement Spero Patronum…

Initialement rien ne se passa mais elle resta concentrée, ce sort devait réussir forcément, elle n’avait pas le choix. Puis doucement une forme se mouva sur leurs yeux, une biche venait leur faire face dans toute sa splendeur. Elle en pleura de joie, prit la main d’Andrew, celle de Joon et leur dit entre deux sanglots « c’est pour vous mes amis, prenez cette force positive je ne peux vous offrir que ça ; aucun discours ne sera suffisant pour soulager vos peines et blessures ; je ne vous juge pas, cessez de vous jugez et allez de l’avant, ensemble, avec vos amis »

Meolian ne pleurait plus, elle écoutait Andrew, lui expliquer la perte de sa baguette ; quand elle avait choisi la sienne, le vendeur lui avait dit que chaque baguette est unique, que la baguette faisait partie du sorcier comme un membre de son corps. En cas de perte ou de casse de ces baguettes rien n'était irréparable. La perte de la baguette d'Andrew se dit ellle était probablement la goutte d'eau qui faisait déborder la rivière ; elle savait que quand elle était fragile il lui suffisait de peu de chose pour pleurer.

Ses larmes qu'elle avait réussit à tarir en voyant la biche devant eux était venue en raison de cet instant de tension électrique palpable depuis la rentrée à Poudlard; Des élèves meurtris comme Andrew et d'autres qu'elle n'avait pas encore croisé erraient dans les couloirs les pensées perdues. Mais ils étaient revenus car ils espéraient probablement retrouver un brin d'humanité dans les murs. Le retour dans le château devait sans nulle doute remuer des souvenirs malheureusement très frais qu'ils auraient préféré oublier mais avec le temps, entouré de leurs amis et à force de persévérance ils s'en sortiraient tous, toujours ensemble face à l'adversité.

Elle avait sentit la main de Joon se resserrer puis quand il lui lacha la main, son coeur se brisa un instant ; il était dur dans ses propos mais elle ne lui en voulait pas, ne lui en tenait pas rigueur ; elle aurait son moment pour discuter avec lui comprendre pourquoi autant de froideur dans ses paroles, dans son regard quelques fois. Là ce soir ce n'était pas le moment. Elle lacha délicatement la main d'Andrew et s'accroupit pour les regarder les deux de face.

Andrew pleurait, elle ne savait pas s'il avait pleura depuis la bataille ; elle lui dit simplement tu es fort et tu es un bon sorcier je suis sûr ; je sais o combien la perte de la baguette doit être une déchirure. Mais ta capacité de faire d'autres patronus est en toi sois en sûr ne te laisse pas abbattre. puis elle enchaina ton amie d'enfance te regarde de là haut, bats toi pour elle, sois fort pour elle ; elle ne voudrait certainement pas te voir comme ça .

Elle ne savait pas si ses mots atteindraient la volonté d'Andrew, s'il aurait assez de force pour se reprendre en main mais elle voulait essayer de l'aider.

Elle se tourna vers Joon et lui adressa un regard tendre ; elle essaya de se plonger dans ses yeux pour comprendre, elle voulait tellement l'aider, lui donner des solutions. Mais ce n'était ni le lieu ni l'endroit pour en parler.