Dégrisée. | Libre

29/07/2016

Le soleil et ses rayons étaient de la partie pour faire de cette journée un moment agréable et enchanteur. Tout allait pour le mieux, le vent ne soufflait que pour donner la fraicheur nécessaire à une vie paisible et les oiseaux chantaient à qui voulait bien les entendre. La peinture était parfaite, ou presque.

Sur les pavés gris et sales de la ville, elle marchait d’un pas lent et sans entrain. Son visage était particulièrement inexpressif et s’il se dirigeait vers l’avant, il ne fixait pas les gens, il passait à côté d’eux sans même les regarder. Ces gens bruyants et grossiers qui peuplaient les rues de Londres, cette ville maudite. Trainant des pieds, la jeune fille s’avançait, persuadée de l’itinéraire à suivre, sachant parfaitement où elle souhaitait aller. Cette morosité, c’était son réconfort, un des meilleurs moyens qu’elle avait de se sentir encore envie. Au détour d’une mal-politesse ou d’une priorité grillée, les passants grognaient, grommelaient et lui rappeler qu’au fond, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. L’insouciance régnait et c’est ce qui la berçait, calmant ses angoisses de plus en plus fortes. Pourtant, elle l’avait prédit tout cela.

Une bonne bière fraiche, c’est exactement ce qu’un homme à l’allure joyeuse commanda au bar du Chaudron baveur. La boisson si appréciée coulait à flot au grand plaisir des regards alléchés et des gorges asséchées. Quoi de mieux pour profiter de cette belle journée qu’une réunion entre amis autour d’un bon verre à parler bon temps et regarder les gens tant qu’il y en a. Même seul, c’était un trop beau temps pour rester cloitré chez soi et c’est de cette manière que le Chaudron baveur se retrouva plein à craquer. L’endroit idéal pour toute personne cherchant la discussion et l’euphorie d’une vie éphémère.

Pour elle, c’était juste un endroit sordide comme un autre. L’alcool, elle ne supportait pas cela et les éméchés de l’après-midi la dégoûtait au plus haut point, encore plus lorsqu’ils se permettaient des commentaires déplacés. Toutefois, elle savait à quoi s’attendre et eut exactement ce qu’elle recherchait. Son visage n’était même pas triste, juste perdu. Le souvenir de la bataille de Poudlard la hantait et même si elle se moquait finalement des conséquences, c’est cette idée-même que cela puisse arriver qui la bouleversait. Comment pouvait-on faire une chose pareille ? N’y a-t-il pas de meilleurs lieux pour faire la guerre qu’une école ? Ces egos si surdimensionnés ne pensaient qu’à eux-mêmes, cette affaire aurait dû être réglée autrement, il y a bien longtemps de cela. Le pire dans tout cela, c’est qu’ils allaient se gargariser de la victoire et boire à outrance pour profiter pleinement de l’euphorie des victorieux. Quelle chance. Une bêtise pareille devait être libérateur. Elle ne pouvait pas avoir l’esprit tranquille comme cela.

Des morts et des blessés, c’est tout ce qu’il restait de cette bataille, le reste n’avait aucune importance. Que ça soit l’armée de Dumbledore ou celle de Voldemort qui l’emporte, cela reviendra un jour ou un autre. Comment croire que les partisans abandonnent leur quête simplement par la mort de leur gourou ? Il est malheureusement plus facile de tuer des hommes que des idées. Y compris lorsque l’homme en question se nomme Voldemort. Les historiens noteront avec gourmandise tous les détails de cette histoire et les héros seront, comme d’habitude, les gagnants. Puis l’histoire se répètera encore et encore.

Guerre magique, guerre moldue, c’était toujours les mêmes événements qui revenaient et il n’y avait pas assez de lucides pour comprendre cela. Du moins, c’était l’avis d’Anastasiya qui se retrouvait dans un recoin du bar où, par chance, une table était libre. Difficile d’appeler cela une table tant elle était petite et en mauvaise état mais vu la situation, c’était déjà bien.

Perdue dans ses pensées, Anastasiya observait les différentes scénettes qui se déroulaient devant ses yeux, abandonnant sa vie un instant pour se distraire grâce au théâtre de la vie quotidienne.

Spoiler:

08/06/2015

Tôt, elle s’était levée, avait pris son porte-monnaie, duquel elle avait retiré les quelques noises qui lui restaient, pour n’y laisser que les livres nécessaires à ses courses matinales. Après un peignage rigoureux, elle enfila un simple t-shirt et sa jupe de jeans, des socquettes et ses mocassins clairs. Ainsi parée, sa baguette cachée dans une sacoche, elle quitta sa chambre, limita le grincement des vieilles planches faisant office d’escalier par des pas mesurés et s’échappa dans la rue avant que la faune n’ait eu le temps de s’agiter plus que de raison.

Il était impossible de quitter leur appartement sans aucun bruit : pour rejoindre la sortie de service, il était nécessaire de passer par le local – or, quand bien même les enfants Sharen avaient développé une vivacité hors du commun, les quelques secondes qui séparaient la dernière marche de l’escalier de la rue attiraient toujours l’attention d’une chouette au sommeil léger ou d’un chat affamé. Les animaux s’ébrouaient et glapissaient tandis qu’ils sortaient.
Même sans surveiller ses enfants, Anna Sharen, levée aux aurores pour préparer les onguents, nettoyer les cages, dans l’établi, savait toujours précisément combien des membres de sa progéniture se trouvaient sous son toit. En l’occurrence, plus qu’une. Sara et Will séjournaient toujours à l’hôpital, pour le moment.

Harmony, d’un pas preste, rejoint alors le Chaudron Baveur et l’agitation matinale des rues londoniennes. La journée serait belle et les Moldus toujours aussi bougons. Elle hocha la tête en direction de Tom : à cette heure-ci, ne se pressaient à son comptoir que ceux qui dégrisaient de la veille ou les voyageurs arrivés trop tôt à un rendez-vous et patientant avec une tasse de thé au lait. Plus tard, le pub se remplirait de sorciers en mal d’histoires à écouter, venus rincer des pintes et amener leur curiosité à satiété.

Et depuis la Bataille de Poudlard, ils ressassaient le même récit, dont la structure variait toujours, les détails glorifiés changeaient de nature, mais la conclusion restait semblable : leur monde était libre, libéré de l’ombre planante du mage le plus avide de ce siècle. Voldemort n’était plus.
Ces histoires, Harmony les écoutaient distraitement et inexorablement la colère sourdait, lui faisait presser ses jointures entre elles – car ils semblaient peindre le tableau d’un mythe, à la façon d’un conte héroïque, quand il ne s’agissait que d’une tragédie infamante, ayant entrainé de part et d’autre la mort et des corps adolescents éviscérés.

Surtout, surtout : ils étaient stupides.
Harmony Sharen, Partisane d’une Cause qui lui avait tant coûté, tant elle avait dévié de son idéal, cherchait à se concentrer. Elle s’enfuyait dans les rues de la capitale et contenait sa rage ; adressait son plus innocent sourire au vendeur de journaux du kiosque, deux rues plus loin. C’était toujours le même, sa cigarette roulée au coin des lèvres gercées, un pull léger et une casquette masquant ses mèches grisonnantes ; et toujours le même regard, il lui offrait, alors qu’elle lui tendait un exemplaire du BBC Focus, le jour de sa publication, assorti du change exact. Cette gamine blonde qui dévorait un magazine parlant d’internet et d’automobiles : ce monde ne filait plus droit, c’était certain.
Ce matin-là, elle poursuivit sa promenade dans les allées que les travailleurs, maintenant installés à leur bureau, avaient délaissées aux touristes. Elle les ignorait, marchait, imperturbable. Elle irait trouver un banc, à l’écart, pour lire l’éditorial et parcourir le sommaire de son acquisition mensuelle. Très certainement, ils reviendraient sur la revanche de Kasparov sur Deep Blue, l’ordinateur qui avait défrayé la chronique, lorsqu’il fit mat contre le champion du monde d’échecs moldus.

Lorsque la faim finit par tirailler son estomac, elle se releva et rejoint un diner où elle commanda un sandwich au bacon et à l’œuf. Alors, tranquillement, elle rejoignait le Chemin de Traverse, où elle boirait un jus de citrouille avant de rentrer. Mâchonnant le lard trop cuit, elle trouvait un peu d’apaisement dans le tourbillon de ses pensées ; le rythme lent de ses déglutitions, la surface râpeuse de la mie grillée qui absorbait tendrement le jaune d’œuf et collait à son palais, la saveur salée qui s’imprimait sur ses lèvres fines : la nourriture qu’elle réduisait en une pâte digeste lui procurait quelque réconfort. Elle l’anéantissait.
Lorsqu’elle irait au comptoir, elle aurait soif, la gorge sèche. Et la rasade de jus du légume automnal la libérerait de ce rituel consistent.

Mais elle râlait de voir le pub empli de badauds, leurs pintes tintant. Déjà ils célébraient.
Elle hésita un instant, prête à rejoindre le domicile familial plutôt que de s’installer là. Toutefois une silhouette la convainquit. Anastasiya, son amie – si elle acceptait néanmoins cette qualification, après le mois de juin et sa lettre écrite à la va-vite, au sommet de sa confusion – était installée à une table délabrée et minuscule. Elle la rejoignit, son verre à la main.

« Anastasyia, bonjour. Comment te portes-tu ? » demanda-t-elle poliment. Après une gorgée salvatrice elle désigna l’assemblée du menton : « Ils sont bien joyeux, tous. Tu es venue rejoindre quelqu’un ? » s’enquit-elle, prudente. Il était rare de voir des jeunes filles seules dans cet établissement : ce lieu peu chaleureux était souvent un point de rencontre pour une journée de shopping ou une balade.
La blonde tentait d’agir de la plus banale des façons, mais, la tension affleurerait bientôt. Ce n’étaient pas seulement deux camarades en vacances qui se croisaient, un jour de paix. Oh non.

29/07/2016

C’était à mourir de banalité, tout se passait exactement comme elle l’avait prévu. Les gens parlaient, se chamaillaient et ne faisaient rien d’extraordinaire. Pour beaucoup, tout ce remue-ménage pour pas grand-chose était pénible, voire agaçant, et à juste titre. Ces gens parlaient bien trop fort pour avoir des choses intéressantes à dire et leurs vulgaires accolades n’étaient là que pour créer un semblant d’amitié entre eux. Tout était superficiel et vain, ils n’étaient là que parce qu’ils n’avaient rien à faire ailleurs. C’était un peu comme le refuge de leur inexistence, ils venaient boire et rencontrer d’autres types dans leur genre pour oublier. Oublier qu’il n’était pas. L’ambition, on en revient toujours au même problème. Alors que d’autres se pavanent à des postes élevés qu’ils ne méritent pas, ces incapables se laissaient diriger et ils aimaient ça en plus ! On décidait pour eux, on choisissait pour eux, ils n’avaient plus besoin de se soucier de quoi que ce soit, juste d’oublier qu’ils n’étaient que des pions.

Tout cet univers était, étrangement, réconfortant pour la jeune Serpentard qui passait inaperçu dans toute cette liesse. Elle n’avait pas besoin de se montrer, elle, que personne ne lui parle était une aubaine. Cette banalité ennuyeuse l’aidait à moins penser, à moins réfléchir. Bien souvent, elle se perdait dans des tourbillons d’idées et de peurs qui la taraudaient jusqu’à ne plus pouvoir en dormir. La compagnie d’inconscients l’aidait à relativiser tous les problèmes du monde mais aussi, elle devait l’admettre, à se sentir supérieure à eux, ou du moins potentiellement supérieure. Anastasiya le savait, elle n’était pas à l’abri de retomber dans cette foule difforme et inintéressante. Si elle venait à abandonner ses objectifs et le travail nécessaire pour les atteindre, elle ne vaudrait pas mieux qu’eux. Voir ce que le sort peut lui réserver si elle baisse les bras était une sorte de motivation, plutôt démoralisant pour beaucoup de personnes, dans le cas d’Anastasiya, ça l’aidait à avoir les pieds sur terre.

Le destin.

Il ne pouvait en être autrement. Anastasiya s’aventurait rarement dans le Chaudron baveur et il suffit qu’elle le fasse une fois pour rencontrer Harmony. Harmony, c’est cette fille avec qui tout est si compliqué. Un doute vint la troubler dans sa tranquillité, elle ne savait pas vraiment comment réagir à cette arrivée. Quoiqu’elle pouvait en dire, elle tenait à cette fille. Elle ne saurait vraiment dire pourquoi, c’était comme ça. Peut-être parce qu’elles se ressemblaient toutes les deux, ambitieuses, travailleuses, elles s’entendaient drôlement bien. Anastasiya n’avait jamais connu de telle relation, c’était agréable et pertinent, les deux filles s’apportant mutuellement. Une relation d’égale à égale qu’Anastasiya connaissait rarement.

Et voilà qu’elle vint tout perturber, tout briser. C’était une déception énorme mais c’était encore plus dur pour Anastasiya qui vivait cette nouvelle comme une véritable trahison. Comment une fille aussi douée et maligne pouvait soudainement avoir des opinions aussi pitoyables ? Elle, une partisane ? Anastasiya avait douté longtemps, persuadée que son cerveau faisait tout pour détruire l’une des seules relations positives qu’elle maintenait en vie. Souvent, Anastasiya s’énervait d’avoir de tels doutes, c’était trahir la confiance d’Harmony que de la penser capable de telles choses.

Et pourtant.

Un secret finit toujours pas être révélé, c’est là sa nature. Il aurait mieux valu qu’elle n’en sache rien. Tout était vrai, tout ce qu’elle pouvait craindre était avéré. C’est un véritable coup de poignard dans le dos. Anastasiya s’était ouverte à Harmony, avait partagé avec elle plus qu’avec quiconque d’autres et depuis des années et là voilà dans les côtes des vulgaires moutons. Elle valait tellement mieux que cela mais elle avait choisi la mauvaise voie. La jeune Styrbjörn était littéralement dégoutée, elle ne savait comment vivre cette nouvelle. Deux options s’offraient à elle, soit elle oubliait tout ce qui la liait à Harmony et coupait les ponts, soit elle apprenait à vivre avec.
Contre toute attente, elle ne put se résoudre à effacer tout ce qu’elles avaient vécu. Elle restait persuadée qu’elle parviendrait à la faire changer d’avis, qu’elle retrouve sa raison et arrête de s’entêter dans de telles opinions. Voldemort ne lui apporterait rien, la puissant sorcière qu’elle comptait devenir serait tuée pour avoir servi un homme qui n’aimait que sa propre personne. Comment pouvait-elle tout gâcher pour lui ?

Anastasiya gardait donc contact mais ce n’était plus comme avant, elle était tourmentée par l’idée de voir Harmony enrôlée par les Mangemorts : pourquoi ? C’était cette question qui revenait en boucle dans sa tête. Pourquoi ?

Ce qu’Anastasiya craignait arriva bien plus tôt qu’elle n’aurait pu le craindre : la Bataille de Poudlard. Cet évènement avait tout changé dans le monde des sorciers en si peu de temps. Isolée dans sa famille moldue, Anastasiya n’avait que peu de nouvelles des conséquences de cette bataille mais reçut un jour une lettre confuse et inattendue. Ecrite de la main d’Harmony. Evidemment que cela changerait tout, elle ne pouvait que voir à quel point elle avait pu être sotte de suivre un tel homme. Ne sachant que répondre, cette lettre n’eut jamais de réponse. Toutefois, ça ne faisait pas de doute qu’elle en aurait une aujourd’hui, d’une bien différente manière : les yeux dans les yeux.

« Harmony. Je ne m’attendais pas à te voir là. Tu ne paieras pas plus cher si tu t’assoies, je t’en prie. Je me porte bien, comme toujours. Et toi ? »

C’était d’un formel déconcertant tant les jeunes femmes ne se parlaient que jamais de choses aussi banales, ces questions communes symbolisaient parfaitement le malaise qu’il y avait entre les deux jeunes filles qui n’avaient pas encore pu s’expliquer depuis la bataille.

« Je n’attends personne, je suis juste là pour me souvenir. »

Se souvenir ? De ce qu’il s’était passé mais aussi de ce qu’elle était, ce qu’elle ne voulait pas être. Et puis, peut-être qu'elle attendait finalement quelqu'un, peut-être que cette personne c'était Harmony.

08/06/2015

La finesse d'esprit était immanquable. Elle luisait au creux d'une phrase, dont le sous-texte révélait un trait d'humour, un reproche délicatement amené, un autre sens dont la compréhension permettait de jauger son interlocuteur. C'était comme un joyau qui attirait l'oeil de toute personne pour qui l'élévation d'esprit était attrayante.
Harmony était de ces personnes – comme une pie scrutant les environs et fondant droit sur un objet brillant. Elle avait naturellement estimé Anastasiya, dès sa première année dans les tréfonds du château millénaire. Par chance, le bijou n'était pas en toc, et c'est ainsi qu'elle découvrit en la Russe une jeune femme brillante, admirable. Et comme si du Felix felicis s'était mêlé au sang dans ses veines, Harmony fut acceptée dans le cercle restreint des amies de son aînée.

En quatrième année, la pression de la fin du Secret magique avait rendu plus anxieuse Harmony – elle ne pouvait pas rester inactive, elle ne pouvait pas laisser les choses se passer ainsi : il fallait absolument se protéger de la menace moldue. Même si cela signifiait aller à l'encontre d'un individualisme prôné par Anastasiya. Selon Harmony Sharen, on pouvait nourrir son ambition, au sein d'un système indésirable : au service des Partisans, elle gagnerait la reconnaissance de notables, de personnalités proches du pouvoir, et ainsi, elle pourrait s'élever.
Elle ne voyait pas le risque que cela pouvait lui faire courir : persuadée de la mort inéluctable de leur communauté si les Moldus et les Sorciers se mêlaient ouvertement, ou de leur asservissement, elle ne voyait pas d'autre choix pour sa survie que de rejoindre la Cause.

Elle avait tenté de sonder Ana. Puisqu'elle rejetait allègrement les moutons de Dumbledore, elle pensait avoir une chance de l'attirer à elle. En discutant distraitement des évolutions possibles pour leur société, pour la grandeur de la Magie, elle avait évoqué l'interdiction de la Magie noire. Elle avait marché sur la pointe des pieds pour la convaincre.
Mais cela ne fonctionnait pas. Pire, malgré sa prudence, elle s'était exposée. Par Merlin, ce qu'Ana était intelligente, pensait-elle encore. Son amie l'avait confrontée et Harmony, pour une raison qu'elle s'expliquait mal, avait confirmé son alignement. Elle avait ce jour manqué de perdre l'un des êtres les plus chers à ses yeux. Mais voilà, plutôt que couper les ponts, Ana avait tenté de ramener Harmony sur le droit chemin.
Le genre d'attitude détestable, n'est-ce pas... Cela aurait dû lui rappeler les tentatives de son grand-frère. Mais, alors qu'elle s'agaçait et s'éloignait, quelque part, elle trouvait un doux réconfort dans la persévérance de son amie.

Maintenant que Voldemort, ce fou à lier, dont la puissance n'était alimentée que par une ambition personnelle démesurée et l'asservissement de fidèles aveuglés, était tombé, Harmony, rongée par les remords, réalisait doucement son erreur.
Elle ne changeait aucunement d'avis au sujet de Moldus – leur intolérance et leurs capacités techniques extraordinaires seraient leur perte – mais questionnait son engagement hâtif auprès des Partisans.

Pour cela, la rencontre d'Ana, ce jour-ci, était une providence. Elle la remercia et s'installa sur la chaise désignée par son aînée, déposant sa coupe de jus de citrouille devant elle. « Je suis allée au kiosque à journaux et je me suis baladée : avec cette chaleur, ça m'a donné soif. » expliqua-t-elle pour justifier sa présence dans le pub. « Je vais plutôt bien, merci ! »
Elle lui demanda ce qu'elle faisait ici, si elle attendait quelqu'un, ce à quoi Ana répondit de façon énigmatique. Se souvenir ? Harmony prit silencieusement une gorgée de sa boisson et déglutit lentement. C'était précisément ce qu'elle cherchait à éviter, en s'occupant l'esprit : se souvenir. Embarrassée, Harmony atteint de son regard clair les yeux de son amie. Elle laissa flotter le silence avant d'ajouter, d'une voix faible : « Je suis contente de te voir... Je... T-Tu me manquais, Ana.»

Elle ne savait pas comment Ana avait vécu la Bataille, si elle avait été en contact avec d'autres camarades depuis... Elle ne l'avait pas croisée à Sainte-Mangouste et n'avait pas proposé à la jeune fille de se rencontrer. Elle réalisait qu'elle ne la connaissait pas tant que ça, qu'elle ne savait pas si elle avait perdu des proches, qui étaient ses amis et s'ils avaient été blessés. Même au-delà de cela, l'enchaînement des événements pouvait bouleverser n'importe qui.

29/07/2016

Ces mots si communs, que tant de gens se disent sans la moindre conscience de leur pouvoir, elle savait que ça avait une importance toute particulière à ce moment précis. Ils résonnaient dans son crâne, sans cesse, le temps paraissait une éternité tant elle était démunie. Aussi bête que cela puisse paraître, elle n’était pas habituée à entendre cela ou même ne serait-ce qu’être quelqu’un pour une autre personne qu’elle. Ce lien si particulier qu’elle avait noué avec Harmony au fil du temps était devenu un cas exceptionnel, le premier d’une vie. Et si elles prenaient du plaisir à parler de tout et de rien, jamais elles ne s’étaient dit de telles paroles. Anastasiya était préparée à tout, aucune joute verbale ne l’effrayait et jamais elle n’avait évité une confrontation directe avec qui que ce soit mais force est de constater qu’elle n’était pas douée pour encaisser de tels mots. Ce n’est peut-être rien pour beaucoup de personne mais pour elle cela voulait dire beaucoup : elle avait marqué la vie de quelqu’un d’autre et y était rentrée.

Elle ne s’attendait pas à ça, pas si vite. Naive qu’elle avait été de croire que la conversation allait rester formelle encore un bon moment, histoire qu’elle se prépare à rentrer dans le vif du sujet. Ca l’avait frappé, aussi violemment qu’une claque. L’intention n’était pourtant pas mauvaise, bien au contraire, et au fond, cela touchait profondément Anastasiya. C’est sans doute cela qui la troublait à ce point, ses sentiments n’étaient plus si froids et distants qu’ils l’étaient. Son cœur de pierre et son indifférence d’autrui avaient changé avec cette jeune fille qu’elle estimait beaucoup, peut-être trop même. Ce n’était pas bon, pas bon du tout. C’était une faiblesse, elle le savait mais ne pouvait se résoudre à l’abandonner, ça n’avait pas de sens : elle était loyale et surtout n’avait aucune raison de le faire.

Ses yeux étaient plongés dans ceux d’Harmony, elle se donnait l’air de réfléchir mais dans sa tête, c’était un bazar sans nom. Tout se bousculait dans sa tête et elle fut prise d’angoisse, comme un étau resserrant sa poitrine.
Elle réfléchit. Pris une grande respiration. Tout allait bien.

Elle n’était pas en danger et elle devait accepter les choses telles qu’elles étaient. Anastasiya se rassurait pendant ces quelques secondes qui paraissaient des heures dans son cerveau si perturbé. Quand elle pensait à la jeune fille les longs soirs qui se sont écoulés depuis la bataille, elle s’inquiétait, se morfondait presque. Elle n’avait confiance qu’en elle, une confiance relative mais pourtant certaine et indiscutable. Depuis la révélation de son affiliation avec les Mangemorts, Anastasiya s’attendait au pire. Elle la crut même morte. C’était tout sauf impossible avec ces fous. Parfois, tout se chamboulait dans ces moments, elle était triste, en colère, elle en voulait à Harmony mais espérait de tout cœur qui ne lui soit rien arrivé.

Et le temps était long, une éternité. Jusqu’à cette lettre.

Les cartes n’étaient plus les mêmes, il restait une lueur d’espoir de la retrouver.

« Tu n’as rien ? »

Anastasiya peinait à répondre à ses mots de tendresse que lui accordait Harmony. Cela devait être difficile pour elle aussi, Anastasiya s’en doutait. Ces mots ne devaient pas être faciles à prononcer pourtant elle faisait l’effort. Pour elle, simplement elle. Comme un signe de son engagement dans cette relation qui vivait sur le fil depuis un bon moment maintenant. Et Anastasiya ne pouvait pas lui en vouloir, elle n’y parvenait simplement pas. Elle la regardait et ne put se résoudre à avoir le regard dur qu’elle réservait à tous les autres.

Qu’elle aurait aimé être dans la tête de son amie, savoir si pour elle aussi tout se chamboulait et que chaque prise de parole était mesurée et difficile. Il y avait tant de choses à dire mais rien n’était suffisant pour exprimer le fond de sa pensée et de ce qu’elle ressentait. Le simple fait d’être là avec elle comme si rien ne s’était passé lui suffisait. Une vague de bien être vint calmer son angoisse et elle lui sourit enfin.

« C’était pas pareil sans toi. »

C’était son « Tu me manques » à elle, en quelque sorte. Ca n’en avait pas la même élégance mais elle savait qu’Harmony comprendrait toute la valeur de ces paroles si délicates à dire. Ce n’était pas vraiment le genre d’Anastasiya d’accorder de l’importance aux gens, encore moins d’être attendrie par eux.

Sauf que ce n’était pas les gens.

C’était Harmony.

08/08/2016

HRP:

Charles aimait se balader. C'était un moyen pour lui d'évacuer tout les tracas quotidiens et de plonger son regard dans autre chose. Aujourd'hui il avait décider de se promener sur le Chemin de Traverse sans aucun but, il voulait juste voir. Enfin, ça c'est des conneries bien sûr. Il était venu pour acheter divers objets de farce et attrape en prévision de la rentré mais il n'avait rien trouvé qui lui plaisait. Il se disait donc qu'il allait rentré, quand soudainement il croisa le regard d'un vendeur qu'il avait berné par le passé. C'est alors qu'une course poursuite à travers tout le chemin de traverse commença. Charles fessait des zigzags à travers les ruelles, décidé à semer le vendeur mais c'était quasi impossible, il fallait qu'il trouve une autre solution. Puis lui vain une de ses idée de génie, s'introduire dans un groupe ! Ca il savait faire.

Je suis dans la merde, il faut vite que je trouve un endroit où me planquer, parce que s'il me chope je suis finis. Réfléchie bordel... Le Chaudron Baveur, il doit être plein à craquer à l'heure actuelle.

Charles s'empressa alors de courir en direction du Chaudron Baveur, où tout les jour des centaines de personnes se rassemble pour boire une petite bière au beurre, histoire de faire passer le temps et de partager quelques histoire de la nuit passé. Ce n'était pas l'endroit préféré de Charles, mais il fallait l'avouer, il n'avait pas trop le choix au vue des circonstances. Après avoir réussie à tenir la distance avec le Vendeur. Il rentrait au Chaudron Baveur, agrippa la bière d'un homme un peu laid et qui ne fessait ni attention à sa bière ni à sa tenu vestimentaire et s'assaillait à la première table qu'il a vue. Tout essoufflé mais quand même gentlemen, Charles tenait à s'excuser de la gêne occasionné.

- Excusez-moi mesdames, j'espère ne pas trop vous déranger, j'ai un petit problème. Me feriez-vous l'honneur de rester seulement quelques instant à votre table ? Promis ça ne durera qu'une minute.

Eh bien, j'ai bien choisi ma table on dirait ! Deux jolie filles. Je devrais me tenir à carreau devant elles et ne surtout pas paraître ridicule. Elle ne m'ont pas l'air de filles qui rigolent facilement. Et j'ai pas trop envie qu'elle crie à l'aide...

Charles avait réussi à s'extirper du Vendeur, enfin pour le moment. Maintenant où était-il arrivé ? Qu'allait-il lui arrivé ? C'est un grand mystère. Il n'avait qu'à attendre qu'une des deux réagissent en espérant qu'elles soient clémente avec lui. Tout ce qu'il fallait c'est passer une minute.

08/06/2015

Que c'était étrange. Elles se retrouvaient là, comme deux figurines de papier. Leurs traits ciselés de la même manière, aucune modification notable dans leur apparence. Elles se faisaient face, comme elles l'avaient tant fait. Et pourtant.
Ce n'était qu'illusion, qu'une représentation en ombres chinoises d'une réalité ébranlée.
Elles se jaugeaient, se scrutaient. Timides. Craignant de découvrir à quel point tout était bouleversé.

Il était difficile pour Harmony de reconnaître ses torts. En ce cas précis, c'était même douloureux. Car, si elle avait suivi les conseils de son amie, elle aurait peut-être pu infléchir le cours des événements. Convaincre Yvain, après son retour, de tourner le dos plus tôt. Car la menace pesait sur eux qu'ils soient du côté du bourreau ou contre lui. Elle aurait pu jouer contre son camp.

Si elle était tout à fait honnête, voilà ce qu'elle aurait pu coucher sur le papier. Admettre son échec. Avouer que son acharnement, son idéalisme l'avait enchaînée à un gourou détestable et minable, un boulet qui en plongeant dans le Lac les avaient noyés avec lui.
Mais voilà, elle ne pouvait formuler nettement cette conclusion. C'était bien trop douloureux. Ça lui aurait broyé les organes. Aussi s'était-elle trouvé des prétextes, des excuses : ne recherchait-elle pas un but glorieux et honorable ? Comme elle l'avait expliqué à son amie, elle avait voulu, avec les Partisans, faire comprendre aux sorciers qu'il fallait s'unir et avancer, préparer le prochain siècle pour ne pas se faire écraser par la civilisation moldue. C'était bien, c'était bon. Elle avait d'ailleurs choisi de renouer avec sa famille. C'était un grand pas, un sacré effort qu'elle avait consenti sur son ego enflé par des années de rancoeur.

Alors voilà qu'elles se retrouvaient. Des amies autour de qui tout avait changé. Harmony ne savait pas elle-même de quelle façon les éboulements avaient piétiné son cœur. Elle ne croyait pas avoir changé. Elle ne le pensait pas.
Et elle se sentait coupable. Car, bizarrement, ses sentiments étaient ambivalents. Comme si elle avait parfaitement échouée et s'en voudrait éternellement et à la fois, comme si elle était libérée. Délivrée d'une dette. Elle ne comprenait pas ce qui se passait avec elle. Ce devait être magique.
Elle releva les yeux vers son amie. Si elles parvenaient à renouer, Ana serait peut-être intéressée par la résolution de ce mystère et l'aiderait à reprendre la maîtrise de sa magie.
« Je n'ai rien... Physiquement. J'ai été évacuée avec tout le monde. Mais... Comment dire. J'suis, perturbée. Mais enfin ce n'est rien comparé à ce que d'autres ont vécu. Et vivent encore. Ma sœur. Ma sœur a été blessée par un sort. On pourra pas la soigner complètement. » Sa voix était lasse. Auprès d'Ana, elle ne voulait pas se lamenter, toutefois, elle ne pouvait pas lui cacher ne pas être en forme.

Elle finit par prononcer ces quelques mots. Ces formules qui convoyaient des sentiments bien trop puissants pour être contrôlés par l'adolescente – elle ne savait pas gérer l'affection qu'elle portait aux autres, ne savait pas adopter la bonne distance, le bon vocabulaire. Et encore moins les bons gestes.
Les quelques mois passés auprès d'Yvain avaient été le lieu d'un apprivoisement doux et elle avait fini par être capable de lui apporter un peu de tendresse. Quand bien même, certainement, il avait eu besoin de beaucoup plus.
Mais au moins, aujourd'hui, elle pouvait dire sans trop bafouiller à Ana qu'elle lui avait manquée. Et Ana de lui répondre avec la même hésitation.
Ce qu'elles étaient drôles. Comme les goélands, encombrés par leurs ailes trop larges, elles ne pouvaient marcher. Leurs esprits survolaient la terre, les mers – mais atterries, aux choses purement humaines, elles s'handicapaient.

Et soudain, les sortant de ce flottement troublant, un jeune homme déboula à leur table. Harmony le dévisagea, l'évaluant de haut en bas, les sourcils froncés. Quel manque de savoir-vivre ! A sa silhouette, il devait avoir à peu près leur âge. Il était certainement à Poudlard, mais pas dans la promotion d'Harmony, ni à Serpentard, sinon, elle l'aurait reconnu.
« Un petit problème ? Nous étions en train de discuter. Qu'est-ce qui vous arrive et pourquoi ne pas aller ailleurs ? Vous ne vous êtes même pas présenté et nous ne nous connaissons pas, n'est-ce pas, Ana ? »
Ses questions étaient sèches et directes, mais également teintées de curiosité.

29/07/2016

Le moment était arrêté dans le temps, un instant arraché à l’histoire où les deux jeunes filles étaient maintenant bloquée, l’une avec l’autre. Leurs yeux ne se lâchaient que peu, elles s’exprimaient bien mieux avec, tout était plus simple et d’un seul coup d’œil, elle savait les difficultés de l’autre à dire ce qu’elles ressentaient. C’était difficile, gênant, la scène était figée, comme deux acteurs ayant oublié leur texte et se regardant, muets, cherchant de l’aide dans le regard de l’autre. Leurs mains ne savaient pas où se mettre, ce n’était pas mieux pour leurs pieds, leurs jambes. Deux éléphants dans un magasin de porcelaine.

Un soulagement, tout d’abord. Harmony n’avait rien et elle ne pouvait espérer de plus. Quel sentiment indescriptible que celui-là, la jeune Serpentard ne parvenait à le comprendre, ou même à le tolérer. Pourquoi cette vague de bonheur lorsqu’elle apprit qu’Harmony n’avait pas été blessée ? Ca n’avait aucun sens, elle n’avait pas été éduquée comme cela, elle n’avait pas voulu cela. C’était comme un légère brise par un temps chaud et étouffant. L’écoulement d’un cours d’eau dans le désert. Le soulagement. Quoiqu’elle pouvait en dire, elle se sentait mieux. Toutefois, comme beaucoup de moments dans la vie, le destin nous jouait un tour et vient briser tout instant agréable pour en faire un exécrable.

Harmony avait perdu bien plus qu’elle, beaucoup plus. Et pour cause, Anastasiya était peut-être l’une des seules à avoir gagné quelque chose, l’Histoire lui avait donné raison et soutenait sa cause. Elle aurait toutefois aimé que cela se prouve d’une manière plus douce, au moins pour la seule personne qu’elle estimait vraiment et portait dans son cœur. Une nouvelle gêne s’installait, elle ne savait pas quoi dire, si elle devait en parler ou ne pas en parler. Cela devait être quelque chose d’horrible. La seule famille qu’il restait à Anastasiya était ses deux parents moldus et il risquait bien moins leur vie que les autres sorciers. La seule idée de les imaginer blessés la mettait hors d’elle et la tourmentait au plus profond de son cœur. C’était comme perdre une partie de son être, déraciner un arbre, couper les ailes d’un oiseau. Elle ne pouvait pas imaginer à quel point son amie souffrait et au fond, elle ne voulait pas le ressentir.

« Si tu as besoin de moi, tu sais que je suis là pour toi. Je ne te laisserai pas tomber, pour le peu que ça vaut après ce que tu as vécu. »

Les mots étaient maladroits, les idées sincères. Anastasiya ne proposait pas son aide et sa présence au premier venu, ni même au deuxième. C’était peut-être même l’unique fois de sa vie qu’elle prononçait ce genre de paroles. C’était tout ce qu’elle avait à lui offrir, elle ne trouvait pas mieux alors elle lui donna.

« Tu sais, Harmony, je voulais aussi te dire que… »

Elle fut coupée net. Un intrus. Elle le détesta à la seconde où elle le vit. Encore un désaxé, sans doute doublé d’un pervers. Cet instant coupé de toute chronologie avait été brisé, ramené à la réalité par la simple présence de ce jeune homme qu’elle n’avait jamais vu. Anastasiya était tellement agacée qu’il gâche ce moment si important à ses yeux, elle ne put empêcher une certaine tristesse de monter en elle. C’était pas n’importe quoi ce qu’elle vivait avec Harmony, elle valait bien plus que tous les autres et ce moment de retrouvailles, de compassion mais aussi de tendresse n’était plus. Et ne serait plus jamais.

Le visage d’Anastasiya se referma instantanément, sa bouche se resserra, tout comme ses sourcils. Elle le toisa, le méprisa, elle ne voulait plus jamais le voir et lui en voudrait longtemps pour cet affront. Il y avait tant d’autres endroits où embêter le monde et il fallut que ça soit ici, à sa table. Un goût amer lui restait en bouche, ses sentiments étaient sensibilisés depuis tout à l’heure, cette situation et les mots d’Harmony n’entretenant que cette exacerbation et cette colère noire qui la saisit ne fut finalement que dans la continuité de ce qu’elle ressentait jusque-là.

Harmony avait répondu avant qu’elle puisse dire quoi que ce soit. Elle était trop douce, trop tendre, comparée à Anastasiya. Malgré la dureté de ses paroles, on ne pouvait pas la voir comme une vraie méchante, elle s’intéressait d’ailleurs bien trop au nouvel inconnu pour qu’il puisse sentir l’importance de son erreur. Anastasiya n’en voulait pas à Harmony, c’est comme ça qu’elle était, elle contrastait avec son ainée en étant moins radicale.

« Une minute, c’est déjà soixante secondes de trop. »

Elle ne pouvait pas rester sans rien dire, elle avait toujours quelque chose à exprimer de toute manière ! Alors pourquoi le garder pour elle ? Les choses devaient être très claires pour le jeune homme, s’il voulait rester à cette table une seconde plus, il allait devoir s’accrocher à la curiosité d’Harmony et évite les lances enflammées et mortelles que jetaient les yeux d’Anastasiya en sa direction.

08/08/2016

Alors qu'il venait d'arriver à peine à la table des deux jeunes femme. Charles se retrouva sous leurs regards de femme impassible et radicale. Il le savait. Il n'était pas le bienvenue. Sa seule solution était très claire pour lui, faire durer la conversation. Mais attention, il sentait qu'un faux pas aller l'emmené directement à la case de non retour, c'est à dire un crie farouche d'une femme mécontente. Ou du moins c'est ce qu'il interprété en voyant leurs simple regards.

Et la, sans la moindre seconde de pause l'une d'elles prit la parole. Elle voulait savoir, savoir qui il était et ce qu'il fessait ici. C'est légitime pensait t-il, après tout c'est lui qui est venu les importuner, c'était à lui de s'expliquer. Il fallait qu'il réagisse et qu'il trouve les bons mots, c'est certain, des mots direct qui toucherais la sensibilité d'une d'elle, enfin pas forcement sa sensibilité mais au moins qu'elle l'écoute.

Puis, à peine la première avait fini sa phrase que la seconde, beaucoup plus direct et seiche lui fît comprendre qu'il était de trop. Charles n'avait aucune chance avec elle. Elle ne le laissera pas en paix, ça il en était sûr, vue la teneur de ses propos et l'intonation froide qu'elle prît il était cuit et bien saignant.

Bordel, j'ai choisi la mauvaise table, j'aurais dû aller avec les alcooliques juste à coté au moins ils n'auraient même pas fait attention. Bon après je n'avais pas le choix finalement mais je sens que cette minute va être de trop. Enfin la première à l'air beaucoup plus réceptive que la seconde. J'ai bien intérêt à pas faire un pas de coté. Je dois rester honnête, les femmes ont du flair pour sentir les mensonges.

- Héhé... Oui j'ai un ptit' problème... On va dire qu'un homme veut ma peau, j'ai comme qui dirait volé quelque chose qui lui appartenais, rien de grave mais il l'a mauvaise depuis. Donc pour me cacher je suis venu vous tenir compagnie. Excusez-moi, j'ai pas réfléchie, j'ai foncé et vous êtes la première table que j'ai vue. Sinon bien sûr, j'aurais dû commencer par là avant. Je me présente, moi c'est Charles. Charles Impalium. Je suis actuellement élève à Poudlard.

Devrais-je dire ma maison ? Pour le moment évitons je pense, si elles sont de Serpentard, la Ana va me mettre à mal je le sens. Vue la rivalité qu'il y a entre les deux maisons la moindre confusion ça va être ma fête.

- Je connais déjà le nom de la blagueuse, Ana. Mais toi ma belle, c'est quoi ton ptit' nom ?

Charles ne pouvais s'empêché d'être ce qu'il est. Même dans les mauvaises situation il fallait qu'il joue, c'était son truc. Il n'arrivait pas à se retenir de chercher des noises à tout le monde et même s'il avait senti que la Ana était peu commode, il l'avait titillé.

08/06/2015

L’outrecuidant ne perdait rien pour attendre. Mais préalablement, Harmony souhaitait connaitre son identité et la raison de sa venue. Peut-être, si ses motivations étaient suffisamment urgentes aux yeux de la blonde, trouverait-elle justifiée le désagrément occasionné. Car alors, les Serpentardes pourraient prêter main forte au garçon et celui-ci ne manquerait pas de les remercier. Qui sait où cette première rencontre ennuyeuse pourrait les mener ? On n’avait jamais trop d’alliés.
A l’inverse, s’il démontrait définitivement son manque de jugeotte, il leur serait utile de connaître son nom. Harmony avait bonne mémoire et la rancune aisée. Là encore, toute information était bonne à prendre.

Anastasiya ajouta une remarque acerbe, en toute franchise. Oui, il les agaçait. Harmony détourna son regard du garçon pour adresser un sourire entendu à son amie. Elle ne comptait plus le nombre de fois où le verbiage cassant et froid de son ainée l’avait désarçonnée, au début de leur relation. A présent, cette marque du caractère fort de la Russe l’amusait et lui plaisait.
Les semaines sans avoir entendu une seule de ses piques lui parurent aussitôt avoir été d’une longueur insoutenable. D’où cette joie non feinte, détonant avec le masque de glace qu’elles offraient au nouvel arrivé.
Lequel leur exposa alors le tourment qui l’agitait.

A mesure qu’il leur racontait sa mésaventure, le regard d’Harmony se voilait. Avait-il simplement réfléchi à ce qu’il allait dire ? Nul doute que c’était la vérité. Mais dans ce genre de cas, l’honnêteté achetait rarement la sympathie des gens que l’on croisait. Pour quelle raison aideraient-elles un voleur ? Qui plus est, maintenant qu’elles le savaient auteur d’un larcin, elles risquaient d’être considérées complices, si elles lui portaient assistance !
Harmony porta ses yeux pâles et las sur son amie. Elles étaient tombées sur un sacré gnome, cette fois-ci.
Reportant son attention sur Charles Impalium, comme il venait de se présenter, Harmony évaluait la situation. Devaient-elles l’envoyer paître ? Ou bien lui faire comprendre, de manière très concrète et immédiate, qu’il venait de faire une erreur stupide ?
Pour cela, il fallait qu’elles se maîtrisent toutes les deux et qu’elles ne laissent rien paraître de leur colère. Art dans lequel Harmony se débrouillait de mieux en mieux.
« Très bien, Charles. J’espère pour toi que c’est un objet dont tu avais vraiment un besoin vital, sinon, il nous sera difficile de te laisser passer ça. Et, sois gentil, évite de te moquer de nous. Si nous t’acceptons à notre table, on te rend un sacré service. Et pas de bon cœur. »
Elle croisait les bras et le jaugeait. C’était à tous les coups un Gryffondor. Elle en était sûre.
« Moi c’est Kiara. » Elle utilisait rarement son deuxième prénom, mais ce serait plus pratique. Charles Impalium se trouvait donc face à une Anna et une Kiara. On pouvait commencer à s’amuser. Pour cela, cependant, il fallait qu’Anastasiya comprenne ce que son amie avait en tête.

29/07/2016

Qu’il paraissait stupide. Anastasiya était répugnée et chaque seconde qu’elle passait en sa compagnie confirmait un peu plus son sentiment. Même en mettant de côté sa colère, elle se croyait incapable de tolérer la présence d’un tel parasite, un voleur qui plus est ! Elle n’avait jamais eu le besoin, ni l’envie, de voler, c’était un des interdits de son éducation et rien ne pouvait la pousser à l’outrepasser. Et dire qu’il avait le culot de qualifier ce vol comme « rien de grave », n’ayant aucune conscience de la gravité de son acte. Ce n’est pas parce qu’elle était individualiste qu’Anastasiya ne respectait pas un semblant de justice, sans cela le monde s’effondrerait et chacun volerait, violerait, assassinerait comme bon lui semble sans avoir peur des représailles.
Elles allaient rétablir la justice, cela ne faisait aucun doute.

Harmony, elle en était persuadée, n’était pas du genre à cautionner ce genre d’actes et cette idée fut vite confirmée par son ton et les mots qu’elles utilisaient. La manière qu’elle avait de s’adresser au garçon était maîtrisée, elle se jouait de lui, Anastasiya le savait, lui sans doute pas. Sa complice aussi était agacée mais se retenait, impassible. Cela lui valu même l’esquisse d’un sourire d’Anastasiya qui s’amusait toujours de voir son amie dans des rôles malins comme celui-ci. Kiara. C’était le feu vert pour Anastasiya, la confirmation que le jeune Charles, comme il se faisait appeler, allait passer un mauvais quart d’heure en compagnie de ces jeunes Serpentards.

Discrètement, elle sortit la longue baguette d’if des poches de son vêtement et la glissa entre ses cuisses.
Sa manière de parler, son assurance (ou sa témérité selon le point de vue) ne faisait qu’empirer la situation. Jamais Anastasiya ne laisserait impuni la dernière question qu’il avait pu poser à Harmony. Il n’était pas sa belle, il n’allait pas connaître son prénom, ni quoi que ce soit d’autre. C’était même encore pire que son vol dans l’esprit d’Anastasiya. Le respect était primordial aux yeux d’Anastasiya et en plus de cela, il fallait le dire, elle était teintée d’une pointe de possessivité qui la rendait très susceptible.

Il fallait jouer le jeu. Un jeu qui la poussa à serrer un peu plus fort sa baguette.

Le cerveau d’Anastasiya était en ébullition, un peu plus qu’il ne l’était en temps normal. Elle cogitait, faisant appel à sa ruse pour trouver le meilleur moyen de châtier cet impudent qui allait rapidement devoir fermer cette bouche qui parlait bien trop aux goûts des deux amies. Anastasiya le savait, la confiance en soi était une arme redoutable mais en surdose, elle était fatale. Bien sûr, il ne pouvait pas s’attendre à tomber à la table de deux enfants de Serpentard qui auraient vite raison de lui. Encore moins qu’il tomberait au pire moment, en pleine retrouvailles entre les jeunes filles.

Elle se baissa, comme pour refaire les lacets de ses bottines, et profita du brouhaha du Chaudron Baveur pour murmurer le sortilège qui servira à arriver à ses fins.

La baguette, menée par une main gracieuse, tranchait le vent en vitesse pour exécuter son plan. Charles était sans aucun doute concentré sur la belle Harmony pour remarquer les manigances des deux jeunes filles. Elles se connaissaient assez pour savoir comment l’autre réagissait, elle comptait sur son amie pour capter l’attention du voleur. Anastasiya avait remarqué à la table d’à côté que les gens avaient laissé de côté un gros sac bien rempli qu’elle fit venir à elle en murmurant ses sorts, profitant du brouhaha du bar pour ne pas être entendue. Une fois le sac arrivé entre les jambes du jeune homme, elle y fait flotter son porte-monnaie jusqu’à l’y insérer bien profondément.

Le piège était en place. Anastasiya pouvait se redresser et rejoindre la table.

D’un geste de genou, elle vint frapper celui d’Harmony pour lui faire comprendre qu’il n’y avait plus qu’à passer au moment délicieux de l’humiliation du jeune homme. Elle se mit à les poches de son long manteau, comme recherchant quelque chose.

« Harmony, tu n’aurais pas vu mon porte-monnaie par hasard ? »

La fourberie était indiscutable mais la colère avait pris le pas sur la compassion, Anastasiya et Harmony s’étaient retrouvés, pour de bon.

08/08/2016

Charles se sentait mal à l'aise face à ces deux jeune femme. Il ne savait ni comment si prendre, ni comment sortir de pétrin dans lequel il était. Devait t-il fuir continuellement son passé afin d'oublier ? Ou alors commencer à l'affronter dans cette circonstance ? Nul doute qu'il fallait qu'il agisse. Parce qu'il sentait qu'il se tramé quelque chose. Quand deux jeunes femmes, assissent ensemble ne parle pas et ce même en présence d'un inconnu, nul doute qu'il y avait anguille sous-roche. En effet, jamais il n'avait vue ce genre de comportement. Des regards suspicieux, peu de mot et quand il sortent ils sont acerbe et dénoué de vie. Une tel situation ne pouvais que le mettre en danger il le savait.

Après la remarque de Kiara il en était sûr. Elle ne voulait pas de lui ici ! Mais que pouvais-t-il faire ? Il lui manquait encore du temps pour pouvoir partir en toute sécurité. Sauf que face à ces deux jeune femme il se sentait encore plus menacé.

Puis peu de temps après il l'avait sentit. Un léger brin d'air sous la table. Il n'était pas dupe et encore moins insoucieux. Elles ne le savaient pas mais Charles avait l'habitude de ce genre de comité peu scrupuleux. Ce genre de personne prête à jugé les gens pour un acte, sans connaitre les fondement même du pourquoi ? Serait-elle des Serpentarde alors ? Ce genre de personne sans aucun sens morale mais qui sont prête à tout pour punir les autres ? Surement. A ce moment là Charles savait qu'il ne devait pas rester une seconde de plus, sinon il allait avoir d'autres ennuies à l'horizon.

Mais il n'avait pas le temps de s'échapper que Ana le pris au dépourvue. Une question de porte monnaie. Il l'avait compris, elles le prennent pour un voleur. Savait-elle au moins ce qu'il avait volé et pourquoi ? Bien sûr que non ! Ce genre de personne qui n'aiment que juger les autres en ce prenant pour des personnes sainte. Charles haïssez ce genre de personne. Mais il n'était pas un voleur. Pas du tout.

Il décida alors de se lever doucement de la table en regardant les deux jeunes femme. Il lança quelques Mornilles sur la table, se tourna et il dit :

- Mesdames, ne jugez pas un homme avant de le connaitre. Tenez, ça suffira pour payer vos verres. Merci du temps accordé. J'espère vous revoir un jour chère Serpentarde mais la prochaine fois, essayez d'être plus rapide que ça si vous voulez m'entourlouper. N'oubliez pas que je suis un joueur, les joueurs ça n'aime pas perdre. Bye !

En faite Charles avait toujours subis ce genre d'attitude des autres. Ils ne comprenaient pas qu'il était près à tout pour résoudre le meurtre de sa sœur. Alors ce genre de situation bancale ça le connaissait bien. Il avait l'habitude. Charles espérait tout de même rencontré une nouvelle fois ces jeune filles afin de leurs régler leurs compte. La prochaine fois il savait qu'il ne serait pas seul.

Il partie alors dans la foule pour enfin disparaître du regards des jeune fille.

HS - Fin du RP pour moi:

08/06/2015

Curieuse rencontre que celle-ci. Drôle de façon de renouer avec une amie que de piéger un inconnu. En un sens, cette mésaventure devait bien aider la résurgence d’une complicité que des événements tragiques avaient ébranlée. Car, sans un mot, avec à peine plus qu’un regard, les deux adolescentes s’étaient entendues.

Elles avaient eu la même réaction outrée, aux boniments du garçon. « Ma belle », sérieusement ? Harmony n’avait rien d’un morceau de viande et s’il croyait l’emballer ainsi, à jouer les Gilderoy Lockhart, il allait vite déchanter. Elle était loin d’être niaise et elle était accompagnée d’une des jeunes filles les plus brillantes de l’académie sorcière. Malheureusement pour lui, aucune d’elles ne pouvait tolérer le vol ou l’arrogance qu’il leur avait témoignée.

Alors qu’Harmony répondait au dénommé Charles Impalium, elle sentait qu’Anastasiya avait saisi ses plans. La blonde se présenta sous son second prénom et son amie se pencha, faisant mine de lacer ses souliers… ou de chercher son portefeuille dans son sac. Au bout de quelques secondes, elle se redressa, et, inquiète se tourna vers son amie.

« Ton portefeuille ? Non. Tu es sûre qu’il n’est pas dans ton sac ? » mais alors que la souricière était installée, Charles se leva, en colère. Dans un geste théâtral, il lâcha quelques Noises sur leur petite table.
Et avec la prose de l’orgueil piqué, il les sermonna. Harmony ne pouvait cacher la petite déception que représentait cet échec, néanmoins il lui prenait également l’envie de rire. Car enfin, il les accusait de le juger, alors qu’il s’était d’emblée présenté comme un voleur, et voilà qu’il les associait à une maison de Poudlard, sans autre raison qu’une vague suspicion. Amusant.

« Avec plaisir » murmurait-elle alors qu’il prenait congé. Enfin, elle se tourna vers son amie. « Dommage qu’il ait remarqué quelque chose, c’était bien joué, Ana. » Elle-même n’aurait pu œuvrer à la réalisation de leur plan, car l’aubépine réagissait toujours aussi mal. A cette pensée, Harmony eut un léger rictus. Il lui fallait retrouver de l’assurance avant la rentrée, et comprendre pourquoi elle ne pouvait plus gérer et stabiliser le flux de magie. Elle leva les yeux vers son amie et tenta d’évacuer cette pensée.

« Charles Impalium… Le nom me dit quelque chose. Avec de la chance, il est dans ma promotion. » Elle retrouva bien vite le sourire « On n’a pas totalement raté notre coup : si on croise ce fameux boutiquier, on pourra lui donner le nom du coupable. » Et ses yeux clairs adressaient à ceux de sa douce amie la lueur d’une joie indicible et profondément aimante. Elle avait besoin d’Anastasiya. Et elle se rappelait les mots timides de son aînée, avant cette interruption grotesque.

Il lui vint à l’esprit l’image du roseau, qui se tord sous les bourrasques, jusqu’à frôler la terre, mais néanmoins ne cède pas. Un souffle tiède grisait ses sens, dans son sillage bourdonnant, bousculant les hésitations et renversant les doutes. Seul un subsistait, fragile, qu’un simple mot évacuerait. Pourtant, il était bien dangereux.
Malgré la démonstration de leur connivence, Anastasiya pouvait toujours la rejeter.

29/07/2016

Quelle théâtralité pour si peu de choses, c’était vraiment dans le seul but de masquer la honte à laquelle il échappait, fuyant avant de subir le plan machiavélique des deux jeunes filles qui s’étaient liguées contre lui sans la moindre pitié, ne cherchant aucunement à comprendre pour quelle raison ce cher Charles Impalium s’était retrouvé dans une situation si périlleuse, implacables et irritées d’avoir été dérangées dans un moment si privé, à la limite de l’intime. C’était d’un ridicule sans nom, Anastasiya était atterrée d’une telle attitude, s’il avait la bêtise de surnommer des inconnues « Ma belle » sans la moindre pudeur, il aurait au moins du avoir le courage de s’exprimer sans crainte et de répondre avec plus de malice, ou de témérité, au piège des deux amies.

Peu lui important, elle n’allait pas passer sa journée à s’apitoyer sur le sort d’un pauvre inconnu aux mœurs tout à fait relâchées, si elle avait pu le vexer, bien mal lui en fasse, elle n’irait pas lui courir après pour le rattraper. Il n’avait eu que ce qu’il méritait, ce n’était que justice de faite aux yeux d’Anastasiya, elle ne faisait pas forcément dans la dentelle lorsqu’on venait l’attaquer ou s’en prendre à son amie, car oui, le ton qu’il avait employé pour s’exprimer à ses interlocutrices était perçu comme une véritable offense, il avait fini par le payer.

Son intervention avait au moins permis aux deux jeunes filles de se retrouver. La gêne avait été mise de côté et leur complicité se ravivait à la moindre étincelle, sans même parler de la flamme dans le regard d’Anastasiya qui observait son amie avec tendresse. En voyant le jeune homme déguerpir, la Serpentard reprit sa longue baguette pour attirer le sac à ses pieds, avant de se mettre à rire. L’esclaffement était clair, discret, Anastasiya n’était pas vraiment du genre à se faire remarquer mais à ce moment précis, elle ne put s’empêcher d’exprimer ce signe de joie, la journée n’était peut-être pas si définitivement condamnée.

Ce bonheur instantané qui ne dura pas plus de quelques secondes n’était pas vraiment dû au départ du jeune homme, bien que cela apportait satisfaction à Anastasiya, non, c’était surtout cette connexion mentale qui était renouée entre elle et Harmony.

Le marbre reprit le pas sur la porcelaine et Anastasiya reprit ses esprits. Son amie parlait ou du moins évacuait des pensées, ce n’était pas particulièrement pertinent aux yeux de la jeune Styrbjörn mais ça montrait un certain besoin de parler, de ne pas laisser le silence s’installer. C’était tout à fait adorable, elle semblait craindre le moment où elle n’aurait plus rien à dire et où seule Anastasiya aurait quelque chose à rajouter, à répondre, et qu’allait-elle dire à cet instant-là ?

Anastasiya la regardait parler, sans l’interrompre. Cette euphorie ressentie plus tôt l’aidait à vivre cette relation dans ce moment si compliqué à gérer, encore plus pour elle qui n’avait pas pour habitude d’avoir des gens qui comptaient vraiment à ses yeux.

« J’ai eu peur pour toi. Je t’en ai voulu, je t’ai détesté et j’ai même cru te haïr pendant longtemps. Au fond de moi, je ne sais pas si je comprendrais un jour comment tu as pu croire à une telle cause. C’était pas pour toi tout ça, c’était pas ton combat, pas ta guerre. Tu t’es retrouvée là-dedans et j’ai bien failli te perdre. »

Au moins, le message était passé. C’était d’une transparence parfaite, c’était exactement ce qu’elle ressentait et elle se devait d’être honnête, c’est toujours comme cela qu’elle avait imaginé la moindre relation sérieuse entre deux personnes. C’était un poids dont elle se libérait, tout ce qu’elle n’avait pu dire à personne, elle l’avait enfin partagé avec Harmony, celle à qui elle aurait aimé le dire depuis tout ce temps.

« Et tu es là. Et je suis là, nous sommes là. Je pourrais jamais croire en la mort et la dévastation comme tu as pu le faire mais heureusement, je crois en la vie et c’est ce qu’il nous reste aujourd’hui. »

Elle n’avait pas lâchée son amie du regard, malgré l’importance de ses mots, leur impact éventuel sur Harmony serait inévitable et elle voulait voir comment la Sharen y répondrait. Et puis, non, ce n’était même pas cela qu’Anastasiya se disait au fond d’elle-même. Elle ne parlait même plus avec la tête mais avec le cœur et s’ouvrait réellement à Harmony, sans même se rendre compte de cette proximité qu’elle créait à mesure de ses mots.

Elle savait tout.

08/06/2015

La réplique de Charles Impalium s'acheva sur la mention de son caractère joueur. Eh bien il était tombé à pic. Les deux jeunes filles qui lui faisaient face l'étaient également, mais d'une autre façon. Elles étaient stratèges et rieraient de celui ou celle qui, n'ayant pas l'étoffe de mériter leur respect, le prouvait par son échec à un simple test. Finalement, le voleur avait acquis quelques notions en tour de passe-passe et avait compris qu'une manigance se prévoyait. A charge de revanche ! Elles finiraient bien, ensemble, par lui mettre la pâtée, si c'était ce qu'il recherchait.

Harmony se retournait vers son amie et concluait leur aventure anecdotique de quelques mots. Anastasiya ne répondait pas, mais écoutait. Et l'anxiété commençait à tendre la jeune sorcière. Sa lettre avait débroussaillé le terrain de la discussion, mais il restait tout à faire. Et si le retour si naturel de leur complicité était prometteur, Harmony n'avait aucune certitude quant à la suite. Elle pouvait encore la perdre. Tout restait à faire.
Et Ana n'attendit pas qu'elles soient en lieu isolé pour ouvrir les hostilités – quoiqu'avec l'ivresse aux relents d'ale ambiante, elles étaient plus seules qu'elles ne l'auraient jamais été dans la salle commune des Serpentards.

La franchise avec laquelle elle s'exprimait, clairement, sans aucune hésitation, saisit sa cadette à la gorge. Elle aurait voulu s'expliquer, se justifier. Face à d'autres elle se serait redressée, crachant à leur visage la stupidité de leurs propos. Mais Ana était loin d'être idiote. Elle avait tout deviné par elle-même, au gré des indices que laissait Harmony, tandis qu'elle cherchait à la recruter elle aussi. Elle ne pouvait lui mentir éhontément, comme elle l'avait fait face à sa sœur.
Oui, elle avait sombré. Elle s'était approchée de la doucereuse saveur de la cruauté, l'illusion d'un pouvoir glané auprès de sommités des ténèbres. Leur miasme ne l'en avait pas dégoûtée. Au contraire.

Elle aurait pu, bien sûr, dire qu'elle s'était soustraite à cette bataille abjecte, qu'elle ne l'avait jamais cautionnée. Elle n'avait fait que suivre ceux qui prônaient le même idéal qu'elle : un monde revenu au secret, où les sorciers, dans leur union, seraient protégés. Idiote, elle n'avait pas compris qu'ils n'étaient que des adolescents babillant dans une salle obscure et que les décideurs, les adultes, avaient l'âme corrompue au plus profond. Ils n'avaient pas pu redresser la barre et étaient morts en comprenant l'impossibilité de leur mission.

Alors Harmony tremblait. Elle lâcha le pied de sa coupe dont l'étain crissait douloureusement contre le bois émoussé, cachait ses mains. Anastasiya savait. Mais pour autant, ne la répudiait pas. Elle ne comprenait pas, mais usait du pronom « nous » pour elles deux.
La Néo-Zélandaise cherchait une ancre dans le regard de son amie. Une vague odeur de braise attisait son odorat, les images du château éboulé flattaient sa mémoire d'un reflux malsain. Contrairement au Banquet de Noël, elle n'était pas restée imperturbable – elle avait trépigné, son cœur battant à tout rompre, la nuque pleine de sueur, de savoir qu'Yvain était encore là-bas. Que bien d'autres de ses amis y resteraient peut-être.
Et cette fois, les larmes lui montaient aux yeux.

Elle ne pouvait rien dire. Elle aurait voulu se laisser tomber dans le coin poussiéreux de la pièce et qu'on l'ignore toujours.
Cette fois, cependant, elle n'était pas seule.
« Ana. Je... Merci, d'être là. D'être restée. » Elle bafouillait, dans une superbe démonstration de l'état de confusion qui ne lui laissait aucun repos. « Je me suis trop dévouée, j'ai perdu tout sens commun par... loyauté. Je voulais pas ça. Aucun de nous ne le voulait. Comme tu le disais, on s'est laissé... faire. On a été trop naïf, stupide. » Elle reniflait, empêchant toute larme de rouler sur ses joues, et saisit le regard de la brune. « J'aurais dû t'écouter bien plus tôt. Ça aurait... J'aurais pu convaincre... Yvain, il. »
Et comme l'allégorie d'une fin trop prompte, elle ne sut poursuivre sa phrase.