Melancoly Is the pleasure to be sad

Le silence écrasait Ryan et en une somation inutile, ce dernier releva les yeux vers le ciel. Il tendit l'oreille. Les gouttes de pluie s'écrasaient contre les fenêtres du dortoir des Serpentard avec une violence inouïe. Il se releva et avec une souplesse limpide s'approcha de la fenêtre. Collant son front contre celle-ci, il s'y laissa aller de très longs instants avant de se retourner vivement, peut-être même trop, et se diriger d'un pas précipité vers son armoire. Il en sortit une grande cape noire qu'il revêtit. Avec un sourire amusé, il s'empara aussi de son chapeau haut de forme et quitta la pièce. Il grimpa les étages comme si les marches n'avaient pas été faîtes de pierre, mais glissantes, elles le portaient. Sa silhouette s'effacait dans la sombre clarté des paliers d'escaliers, éclairés seulement ce soir là par la lumière tanguante de quelques torches. Il grimpa sans s'arrêter, jusqu'à l'épuisement peut-être, jusqu'à emprunter un passage secret complètement désert qui le mena à la tour la plus haute. Il y entra un intense sourire apparut sur ses lèvres, et découvrant une pièce circulaire, il y vit des souvenirs, les souvenirs de milliers d'élèves entassés là, et il se sentit comme encerclé par ses mémoires qui le guettaient. Il avisa la porte du fond, et s'élanca vers elle. Pénètrant dans la petite cour qui surplombait tout le château, il ressentit à peine l'intensité de la pluie qui lui tombait dessus. Se placant au centre, il écarta les bras et fit très simplement:

"Il pleut."
Avant de fermer les paupières et d'éclater de rire à gorge déployée.

Premier post réservé

Ce soir-là, c'est de mauvaise humeur que Malva apparut au-travers des flammes vertes de la cheminée dont elle s'était servie un peu plus tôt pour se rendre à Sainte Mangouste. Elle portait une aversion toute particulière à la poudre de cheminette dont elle avait eu à se servir lors de l'expédition, et c'est en époussetant ses vêtements avec des gestes pressés qu'elle traversa la salle de classe où elle avait occasionnellement transporté tout le mobilier de son bureau, histoire de s'y sentir à l'aise.
Ce soir, sa manigance lui avait prit un temps plus long qu'elle ne l'aurait pensé, mais pire encore, elle n'avait aboutit à rien. Et elle eut beau jeter tous les sortilèges qui lui passèrent à l'esprit pour que la pièce révèle le moindre acte étrange qui se serait produit, elle fut obligée d'admettre que l'élève qu'elle avait consigné s'était contenté de finir son travail, et de s'arrêter à l'heure dite. D'ailleurs, tous les dossiers completés étaient sagement empilés les uns sur les autres sur son bureau, parfaitement faits. Trop parfaitement même aux yeux de l'animagus, et cette sagesse, cette perfection tellement imprévisible pour la jeune femme ne firent qu'augmenter sa suspicion, si bien qu'elle se promit de tirer cette affaire au clair... Plus tard. Il était trop tard pour interroger qui que ce soit, elle verrait ça le lendemain, probablement.
D'un coup de baguette sur son bureau, toutes la décoration mobilère qui composait la pièce disparut, pour laisser place à une salle de classe vide, humide, triste et morne à en mourir. Une moue se laissa dessiner sur le visage de la jeune ministre. Plus tôt elle aurait quitté cette pièce, mieux elle se porterait. Quand à son mobilier, elle ne s'en faisait guère, sachant qu'il était simplement allé se remettre à son emplacement habituel.
Montant les escaliers d'un pas souple, elle s'apprêta à rejoindre sa salle commune, dans la Tour Nord, quand elle sursauta, entendant un brusque éclat de rire. Etrange bruit qui venait tirer le château de son étrange et silencieuse torpeur nocturne. Intriguée, elle décida qu'elle rejoindrait sa salle commune plus tard, et monta sur le haut de la Tour pour voir.
Là, une jeune homme riait à gorge déployée, sous la pluit. Que faire ? En coller un de plus ? Bon Dieu, elle venait déjà d'en coller un, elle avait eu sa dose de consignes pour la journée, il fallait avouer que ce système devenait rapidement lassant... Et puis si elle continuait, ce ne serait pas une réputation de directrice sévère qu'elle se ferait, mais de vieille chouette braillarde. Se tenant derrière l'élève, elle sourcilla en constatant qu'il ne semblait pas avoir remarqué sa présence. Finalement, à voix basse, juste assez pour couper son éclat de rire, elle lâcha d'un ton parfaitement naturel, comme pour parler de la pluie et du beau temps :

- Tiens, nous avons un nouveau professeur d'astronomie ?... On ne m'avait pas prévenue qu'il était aussi jeune...

Comme pour illustrer ses pensées, elle leva les yeux au ciel. Avec la pluie, on ne voyait aucune étoiles ce soir. Au fond, c'était pas plus mal... Malva aimait les étoiles, mais détestait l'astronomie. Pour elle, les étoiles n'étaient pas une science à expliquer. Elle ne voyait pas l'utilité de déterminer pourquoi telle ou telle astéroïde se trouvait ici, comment tournait-elle, comment s'appelait-elle, et surtout, pourquoi existait-elle... Selon la jeune femme, les étoiles existaient, et étaient faites pour être contemplées et apaiser les moeurs. Par pour que l'on explique en des cours de trois pages la raison de leurs présences dans les cieux.

Le jeune homme s'était immobilisé. Il ne se retourna même pas. N'ayant aucun autre élèment sur la personne qui se trouvait derrière lui qu'à sa voix, elle devait être une femme, ou tout du moins, une jeune fille agée de plus de 16 ans, il sourit. Sa réponse fut souple et limpide: évidente.

"Comment l'avez vous deviné? Très jeune n'est ce pas? C'est motif à compliment génèralement, vous manquez à vos magnières..."

Il pivota sur ses talons et se trouva devant une jeune femme gracieuse aux longs cheveux noirs trempés en cet instant et à la peau agréablement pâle et lisse. Il s'empara de sa main et vit briller à son doigt une alliance en or. Il sourit d'un air amusé et y déposant un léger baiser tout en poursuivant:

"Madame."
Il se redressa alors avec une légèreté toute propre à lui et lanca joyeusement:
"Vous êtes bien jeune pour être mariée... Mes compliments?"

A peine se fut-il retourné que Malva eut la certitude que ce n'était pas un élève comme les autres, loin de là. Le Serpentard (au vu de l'insigne soigneusement cousu sur son uniforme) avait un style et une façon de parler qui n'était pas sans rappeller l'ancienne bourgeoisie des années folles, que sûrement aucun des élèves de cette école qu'elle avait l'habitude de côtoyer ne possédait. Ni les professeurs en général. Ou plutôt si, un seul, avec qui cet élève aurait pû s'entendre à merveille : Golden Royal, un ancien professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Elle se souvenait de l'avoir rencontré une fois chez Barjow & Beurk, dans l'Allée des Embrumes. Endroit peu commun pour faire connaissance, pas vrai ? Mais ils avaient parlé, et la jeune femme l'avait d'ailleurs mis en garde sur la nature du poste qu'il occupait à Poudlard. Mais le gentilhomme avait répliqué d'un ton détaché qu'il aimait l'aventure et que ce genre d'histoire avait peu de chances de lui arriver. Et un court instant, l'animagus s'était même fait l'illusion qu'il disait vrai. Mais hélàs, il avait subit le même sort que les collègues l'ayant précédé à ce poste...
Avec un léger sourire, elle haussa les épaules, comme pour laisser de côté sa remarque. Et ne put contenir un haussement de sourcils surpris lorsqu'il lui fit un baisemain. Ce n'était donc vraiment, vraiment pas un élève comme les autres. Et pis encore, elle ne put s'empêcher de rire lorsqu'il lui retourna la remarque par laquelle elle avait engagé la conversation avec une habilité remarquable.
L'oeil amusé, elle répondit d'un ton léger :

- Ma foi, je ferais bien avec, je pense ! N'ayez donc aucun souci là-dessus, cher professeur d'astronomie !

Le jeune homme esquissa un sourire amusé tout en rendant sa chère main à sa propriétaire légitime. Mariée à cet âge...Hum après tout, de son âge, Ryan n'en avait aucune idée. Il détourna ses pensées de la jeune femme sans réellement le vouloir, un coup d'oeil sur le ciel suffit. Il continuait de pleuvoir à torrent, et dans un réflexe tout à fait étrange, il se tourna vers la jeune femme et déclara d'une voix lente:

"Tiens. Vous semblez ne pas être sensible à la morsure de la pluie qui ce soir est glaciale il faut l'avouer. Ou alors est ce simplement une poussée suicidaire qui vous mêne à rester ici en ma compagnie, attendre que la maladie vous prenne pour mieux vous emporter quelques jours plus tard?"

Il éclata d'un rire étrange, un léger rictus accompagnant ce dernier.

Laissant retomber sa main sur long de son flanc d'un mouvement souple, elle ne pû s'empêcher de porter sa main droite à la bague qu'affichait son annulaire gauche. Oui, c'était vrai, elle était assez jeune pour être mariée... mais au fond, ce qui comptait c'était son propre bonheur, non ? Et quand l'on songeait que sa mère l'avait eue à quinze ans, Malva paraissait beaucoup moins jeune d'un seul coup, étrangement...
Elle accueillit sa remarque avec un haussement de sourcil étonné. En effet, il faisait froid, mais Malva paraissait-elle tant que ça de sucre ? Elle était habituée, elle avait baigné dans ce climat toute son enfance... et quoi qu'étrangement, et contrairement au reste de sa famille, elle préférât le soleil, elle faisait très bien avec un peu de froid et de pluie. Mais au fond, il était vrai que c'était loin d'être commun, car elle n'était vêtue que d'une cape pour lui tenir chaud...
A voix basse, elle répliqua :

- Mais savez-vous seulement que je pourrais vous retourner la même question... êtes-vous aussi suicidaire que je peux paraître l'être, monsieur ?

Ryan afficha un petit sourire en coin, amusé.

"Oh très chère, ca ne serait représenter qu'une infîme partie de ma personalité hèlas. Mais suicidaire, je n'irai pas jusque là. A tendances? Pourquoi pas! J'ai toujours trouvé ca follement amusant de m'élancer vers le vide. Et une façon très romantique de finir ma vie. Tomber malade pour mourir au lit? Quel fin affreuse."

Il secoua la tête, très animé, et reprit:

"Mais rassurez vous, je ne suis pas là ce soir pour mourir. J'ai encore des tas de choses à faire, des tas, des tas!"
Il parlait par geste, remuant les mains, et ne regardant déjà plus la jeune femme.
Il s'approcha de la rembarde, sans prêter plus attention que ça au vent, à la pluie, ou quoi que ce fut d'autre et s'assit sur le petit mur trempé. Un sourire aux lèvres.

"J'ai toujours été fasciné par les élèments. En plus particulier par les astres."
Reprit il en tournant les yeux vers la jeune femme à nouveau.

A sa réponse, Malva serra violement l'emprise de sa main autour de la barre de fer qui empêchait les personnes de tomber, si fort que ses jointures en blanchirent. Elle ne parvint qu'à avoir un sourire crispé. Sauter de la Tour Nord pour aller s'écraser "quelques" mètres plus bas, hein ? Elle avait déjà entendu ça quelque part. Etrange...
Brandon. Cette phrase semblait avoir toujours été faîte pour murir à la bouche de son cousin. Et voilà qu'à présent un jeune homme différent en tout point de ce dernier se mettait à la proférer, lui aussi. Combien de fois avait-elle avertit Bran ? Et combien de fois l'avait-il écoutée ? A chaque fois qu'elle soulevait le problème, il lui caressait affectueusement les cheveux, en lui susurrant d'un ton affectueux :
" Ne t'en fais pas cousinette adorée, le nombre de fois où il s'en est fallu de peu que je perde ma vie est incalculable. A chaque fois, la mort m'a repoussé. A croire qu'elle ne m'aime pas beaucoup... Mais mon heure n'est pas venue. Je ne mourrais pas par ma propre faute. Toute forme de suicide chez moi, plus ou moins volontaire, m'est tout bonnement impossible."
Et pourtant, l'inquiètude de Malva n'avait jamais faiblit. Brandon était la définition même du salopard né. Toujours était-il qu'elle l'aimait comme son propre frère, et qu'elle tenait à lui bien plus fort que son cousin ne semblait vouloir le croire.
Ce fut la deuxième remarque du jeune homme qui la coupa de ses pensées. Instinctivement, elle relâcha la barre, et grimaça en sentant sa main être parcourue de fourmillements désagréables lorsque son sang afflua de nouveau à cet endroit.
Elle resta silencieuse. Il l'avait rassurée, certes, mais... le sujet du suicide avait toujours été un sujet difficile à aborder avec Malva, et elle n'avait jamais sû qu'en penser. Son oncle s'était plus ou moins suicidé. Une de ses meilleures amies aussi. Et elle n'avait jamais été capable de dire si ça avait été mieux pour eux ou non.
Ainsi, elle fut soulagée lorsqu'ils changèrent de conversation. S'appuyant contre la ballustrade, elle regarda le ciel. Avec toute cette pluie, le ciel était noir, rempli de nuages. Pas une seule étoile à l'horizon. Elle murmura, plus pour elle-même que pour lui :

- En ce cas, pourquoi être venu alors qu'il n'y a rien à observer par ce temps ?...

Ryan tourna un regard amusé vers la jeune femme. Elle venait de lui poser une question, il fallait l'avouer, assez ridicule. Détournant les yeux, il choisit de ne pas y répondre pour le moment. Il appréçiait la pluie qui déferlait sur ses épaules, ses mains glacées qui rencontraient la pierre sous leur paume, chaque détail rendait Ryan heureux au possible. Finalement, il se tourna vers la jeune femme et déclara, un immense sourire aux lèvres:

"Croyez vous que la pluie, l'orage, l'éclair, ne fassent pas parti des élèments?"
Il s'était levé à présent, et écartait les bras.

"Plus que jamais, ils en font parti."
Soudain, il s'approcha d'elle beaucoup plus rapidement qu'elle n'aurait pu le penser de lui, et la saisissant par la taille, la raprocha de lui pour mieux l'attirer vers l'abri de la petite salle circulaire de la tour nord.
"Il ne faudrait pas attrapper froid."
Se contenta t'il de souffler tout en se détachant d'elle après quelques instants.
"Chaque plaisir a une fin."
Il s'empara à nouveau de sa main fine et frèle et la baisant, reprit:
"Au plaisir de vous revoir...Mademoiselle."

Il se détourna alors, et passa à pas rapides et souples par la porte qui menait aux escaliers.

- Cela ne fait aucun doute, toutefois un bon feu de cheminée dans une salle commune n'est-il pas un élément, lui aussi ?

Malva eut un léger sourire en se tournant vers lui. Il aurait beau répliquer que c'était loin d'être comparable à la pluiie etc, n'empêche que ça demeurait un élément, en "captivité" ou pas.
Elle le vit se tourner vers elle, et avant qu'elle ait pû réagir, il l'entraînait par la taille vers l'abri. Elle tressaillit, surprise. Auparavant, jamais quelqu'un n'aurait osé... ou traversé l'esprit de...
Trop héberluée pour parler, elle le regarda faire tout son manège, et le temps qu'elle retrouve ses esprits, il était déjà repartit. Alors lui revinrent en mémoire ces dernières paroles "Au plaisir de vous revoir...Mademoiselle." Et sur ce dernier mot, une insistance qui ne manqua pas de faire frissonner Malva.
Elle n'avait rien comprit. Une rencontre de quelques secondes, et dont elle n'aurait été guère étonnée s'il s'était agit d'un rêve. Une personne trop irréelle pour exister... En fin de compte, allait-elle se réveiller au coeur de son lit, les yeux dans le vague ? Ceci aurait eû cependant un aspect bien décevant, il fallait l'avouer...