Quand les cerisiers sont en fleurs :D

Alors que Lekabel évaluait la puissance du sort nécessaire pour transformer le dragon en chiche-kebab, le nombre de victimes des dégâts collatéraux et la facture du pressing pour ravoir son costume maculé d’organes dracoïdes, la jeune fille passa à l’action.



« Hum ? »
« Ben partez-pas, c’est pas… »
« Trop tard… »

La jeune serpentarde transplana vers un endroit inconnu. Là, très vite, les évènements s'enchainèrent : un cri strident retentit au loin, ce hululement reconnaissable entre tous était le cri d’une femelle dragonne de Patagonie orientale en période des amours ; ce cri représentait la pointe de la séduction chez les dragons (et possédait plus ou moins la même sonorité qu’un chat qu’on aurait passé dans une moissonneuse-batteuse).
Le dragon en entendant cela se retourna sur ses p’tites pattes (p’tites pattes de la taille d’un 4x4 mais bon…) et s’envola vers l’origine du bruit.
Quelques secondes plus tard, la jeune fille réapparut en tenant dans sa main une bestiole, qui aurait pu provenir du croisement d’un crocodile et d’une mouette, et qui aurait eu toute sa place dans le laboratoire d’un savant fou.

Lekabel était assis sur un rocher non loin de là, en train de lire un livre, l’air décontracté, sirotant un jus d'orange dans un verre avec une paille sympa et un p'tit parasol.

Il tourna la tête vers la jeune fille lorsqu’il entendit les couinements de la bestiole.

« Oh, z’êtes revenu… »

Il jeta un rapide coup d’œil à sa montre.

« Z’en avez mis du temps ! »
« Enfin… vous avez mis de la bonne volonté, c’est pas si mal ! »
« Et pour cette fois je serais sympa, je fermerais les yeux sur ce transplanage illégal sans autorisation ministérielle, papiers en règle ou autorisation idoine. »

Lekabel referma son livre et se releva en époussetant légèrement son pantalon.

« Bon maintenant qu’on a fini de jouer les touristes, on pourrait p’têtre y allait non ? »

Le jeune homme repartit en direction du train puis s’arrêta et, sans se retourner, il reprit :

« Oh, et faites-moi plaisir… Laissez cette…chose, horreur, animal de compagnie ou peu importe comment vous l’appelez, ici, voulez-vous ? Je veux pas de ce machin dans mon compartiment. »

Puis il regagna le train.

Tout autour, les élèves abandonnaient leurs bronzettes, siestes, intenses révisions, chasses aux trésors, expériences illicites sur les animaux,… pour regagner le train.
Au loin, on entendait des rugissements qui étaient tout sauf amicaux ; le dragon avait très certainement peu apprécié que sa charmante conquête lui pose un lapin, et il allait sûrement cramer tout le périmètre façon Apocalypse Now juste pour montrer son mécontentement.
Il était donc de bon ton de faire repartir le train le plus tôt possible.

Jessica qui était revenue, soyons honnête, plutôt fière de son action fut douché par la froide réaction de Lekabel ! Pas même un merci ! Non que ça lui change la vie, & que c’était juste le manque de politesse qui la choquait (c’est une serpentarde) mais tout de même, elle avait faillit crever ! Enfin pas tant que ça mais elle avait pris des risques ! Quoi qu’il en soit, elle avait … les nerfs. Alors que l’homme se dirigeait vers le train, elle chopa la queue de sa mini bestiole & la fit tourner au dessus de sa tête, façon lasso de rodéo. Après avoir prit de l’élan, elle lança la bestiole dans les airs. Au cours du voyage, cette dernière eut à peine le temps d’éternuer, d’ouvrir grand les yeux, d’observer le paysage tourbillonnant qu’elle se cogna à ce qui semblait une masse noire plantée là à la verticale. Choquée, abasourdie, remuée, sur les nerfs (elle-aussi), elle planta ses minis griffes pointues dans la masse qui se révélait suffisamment tendre. Elle fit donc pénétrer ses crochets afin de trouver une certaine stabilité. Notons que la masse se trouvait en fait être le dos de Lekabel, naturellement. Seulement voilà, il était de dos justement, & Jess n’eut pas le plaisir de voir sa tête & elle devait être assez hilarante. Dommage que les griffes ne soient pas suffisamment longues, ça ne devait pas lui faire tant mal que ça. Peut être allait-il saigner, tant mieux ! Qu’il regrette au moins un peu ! La fameuse chose, horreur ainsi qu’il l’avait appelé commença son bonhomme de chemin sur le dos de Lekabel & se trouva tant bien que mal perchée sur son épaule. Elle semblait plutôt contente à entendre les petits cris qu’elle poussait, & qui devaient bien entendu percer les tympans de l’homme.

Sur ce, Jess commença à marcher en direction de la porte mais s’arrêta près de Lekabel. Sur son visage, en plus des traits teintés de colère/rage/indignation, se lisait aussi la douleur. La mini dragonne sauta sur l’épaule de Jess à contre cœur, jetant des regards embués de larmes vers l’homme qui ne savait pas quoi dire.

- C’est fou, elle a tellement été attiré par vous qu’elle a volé pour la première fois !

Jess reprit sa marche & monta dans son compartiment de tout à l’heure, s’installant à la même place & laissant Tsuki, c’est ainsi qu’elle nomma la dragonne, sur la table. Le temps qu’elle s’entrave dans ses pattes, Lekabel apparut enfin dans l’angle de la porte. Jess se tourna vers lui avec un air angélique tandis que la bestiole lança des cris plutôt joyeux sûrement, malgré la tonalité de sa voix.

- Vous avez de la chance, elle a l’air de vous apprécier !

(Je sais, mais c'est mieux que rien )

Alors que Lekabel retournait au train, plutôt fier de lui pour cette opération de sauvetage rondement menée, sans décès à déplorer, un OMNI (Oiseau Mutant Non Imaginé) prit son dos pour une piste d’atterrissage. Le petit volatile, grâce à un réflexe de survie longuement acquis au cours des générations, eut l’idée de planter ses petites griffes dans le dos du jeune homme (enfin « petites » comparées aux griffes de la taille d’un couteau de boucher d’un dragon adulte).
La p’tite bestiole laboura gaiement le costume du jeune homme pour atteindre son épaule.
Lekabel avait la larme à l’œil, douloureusement frappé par la perte de son costume et par les griffes du monstre ailé.
Avant que Lekabel n’ait eu le temps d’exprimer sa sensibilité et par la-même de réduire la bestiole en un amas gélatineux inerte, Jessica la reprit dans ses bras et l’amena dans le train.
Il était clair que la jeune effrontée était à l’origine de l’incident. Il allait falloir agir ; étouffer la rébellion dans l’œuf, et faire regretter à cette jeune impudente son geste abject.

Une fois remonté dans le train (et après avoir lancé un sort Reparo de rigueur, remis quelques mèches en place, dragué 2-3 étudiantes et sauvé la vendeuse de bonbons d’une mort certaine) Lekabel arriva au compartiment et vit que la jeune serpentarde s’était déjà réinstallée, sa bestiole posée à coté d’elle. Elle poussa des petits cris à l’arrivée du jeune homme (la bestiole, pas Jessica hein !).
Il se rassit face à la jeune fille, lui lançant un regard noir plein d’animosité. A ce moment là, l’animal eut la mauvaise idée de couiner, mettant fin au silence pesant et ainsi ruinant le magnifique plan de torture mentale élaboré par le jeune homme. Lekabel jeta un regard assassin à l’animal qui aurait suffi à le griller directement sur place façon toast. Créature qui alla, lâchement, se cacher dans le dos de Jessica.

« Bon c’est pas tout ça mais j’ai la dalle moi ! Va falloir que j’graille un bout si j’veux pas clamser ! »

Le jeune homme farfouilla dans les poches de son costume et en sortit successivement une bouteille d’eau, un sandwich, une pomme, un morceau de tarte et un œuf.
Il fit tourner l’œuf dans sa main quelques instants en le regardant fixement avant de s’exclamer :

« Faut toujours avoir un œuf sur soi ; on sait jamais quand on peut en avoir besoin… et c’est fou ce qu’on peut faire avec un œuf… »
« Ça me rappelle cette fois, où je poursuivais ces trois mages noirs… mon collègue était hors-jeu, j’étais là, sans baguette, acculé à un mur, les trois mages noires en face de moi, tous prêt à me tuer au moindre mouvement… »

Il marqua soudain une pause, l’air de réfléchir intensément.

« Non attend… C’était avec l’œuf ça ? Ou avec la brosse à dents ? »
« Enfin bon faut toujours avoir les deux sur soi… »
« Ainsi que ses papiers d’identités… »
« Et ça baguette évidemment… »
« Et aussi un peu d’argent, on sait jamais quand on peut en avoir besoin… »
« Un parapluie aussi ça peut être utile… »
« Et une carte. On se perd si facilement dans les petites rues… »
« Oh et bien sur une gousse d’ail, un couteau et un annuaire. »
« Enfin le matériel de survie de base quoi ! »


(Vous voyez pas où je veux en venir? Ça tombe bien, moi non plus!)

« Oui… J’ai effectivement dit qu’on risquait d’être en retard pour le goûter mais je n’ai jamais dit que je comptais le prendre à Poudlard ! Ceci… dit-il en indiquant le monticule de nourriture sur la frêle tablette, est mon goûter. »
« Et ne vous inquiétez pas pour moi ma ligne va très bien… »
« Vous, en revanche, c’est au sujet de votre éducation que vous devriez vous inquiéter ! »
« Mais je présume que vous êtes une orpheline ou une jeune adolescente en révolte contre la société et que, soit personne ne vous a appris les règles de base de la politesse, soit vous n’en avez tout simplement rien à faire, ce qui, dans les deux cas, reste navrant. »
« Et, soit dit en passant, c’est mon chat que vous êtes en train de boulotter ! »
« Il était des plus insupportable et je l’ai donc transformé en pomme pour le punir mais, compte tenu du traitement que vous lui avez fait subir, je doute que la métamorphose soit réversible… »
« Pauv’ minou… »

Le jeune homme tout en finissant de parler sorti sa baguette et en la pointant vers le mutant murmura un léger « Stupéfix ».

« Voilà, j’ai aucune envie que votre bestiole me boulotte mon repas donc je préfère prendre mes précautions. »
« Et je préfère vous prévenir que j’hésiterais pas à faire pareil sur vous si vous me piquez autre chose sans demander la permission ! »

Puis il se mit à manger son super sandwich tout en regardant le paysage défiler.
La campagne devenait peu à peu familière et ils n’allaient pas tarder à atteindre Poudlard. Finalement le voyage devrait se finir sans encombres.
Tout du moins espérons-le.
Ce serait vraiment la poisse si ce n’était pas le cas…