Dans un placard à balais 2

A son tour, Carole s'était retrouvée en culotte. Cruel, mais pas si stupide de la part de Frank. En entendant la préfète prononcer la sentence, Clara fit la moue. Trois heures de retenue n'étaient rien par rapport à un renvoi de l'école, mais c'était quand même un lourd prix à payer. Le pire était cependant encore à venir.

"Carole, je t'en prie, ne crie pas, ok ?" prévint-elle. Elle n'était pas sûre qu'apprendre que c'était elle qui se trouvait nue dans ce placard avec Frank lui ferait énormément plaisir. "C'est absolument pas ce que tu crois... Frank et moi..."

Clara se rendit compte à quel point ce qui leur était arrivé semblerait absurde. Carole n'y croirait jamais.

"Ecoute, c'est Clara. Il y a un gros gros malentendu..." s'empressa-t-elle d'ajouter avant que Carole ait eu le temps de hurler.

Comme prévu, Carole ne crut pas un mot de leur histoire, et Clara leva les yeux au ciel. Malgré le côté grotesque de ce qui leur était arrivé, Frank et Clara, Clara et Frank, ça semblait plus grotesque encore, Carole aurait dû le savoir. Mais celle-ci, non contente de les avoir déja collés, leur enleva 5 points à chacun. Si Clara ne protesta pas, ce fut uniquement parce que Carole avait fait preuve d'une juste impartialité en enlevant des points à sa propre maison.

"On ne va PAS se faire prendre, ok ?" dit Clara, avec toute la détermination dont elle était capable.

Il n'en était pas question. Ils avaient juste à attendre que le couloir soit tranquille, se désillusionner, et rentrer prudemment dans leurs salles communes, en espérant ne pas faire de mauvaises rencontres. Clara colla un oeil au trou de la serrure du placard. Son visage prit une expression de pur effroi. Mais ce n'était rien comparé à ce qui attendait Frank.

"Euuh... Frank... Je voudrais pas t'effrayer" chuchota-t-elle. "Mais..."

Malheureusement, Carole n'avait pas décidé de secourir Frank comme il l'aurait souhaité, et elle ouvrit en grand la porte du placard à balais avant d'annuler le sortilège de Désillusion. Les bras croisés devant sa poitrine, Clara fusilla Carole du regard, et se promit de se venger un jour, n'importe comment, de ce qu'elle leur faisait subir en cet instant.

A la grande surprise de Clara, Sélène, qu'elle connaissait plus ou moins vu qu'elle était dans sa classe, ne semblait pas prendre la nouvelle comme on l'aurait pensé. Durant quelques secondes encore, Clara attendit les hurlements, les gifles à Frank, les insultes, les gesticulations furibondes - bref, la réaction que Clara aurait eue face à une telle situation. Mais Sélène semblait plutôt... amusée. Etait-ce un moyen de cacher sa peine de voir Frank dans cet état, ou bien avait-elle une confiance si inouïe en lui qu'elle le croyait innocent, avant même d'avoir entendu des explications ? Quoi qu'il en soit, il était grand temps de lui en donner, et vu que Frank semblait avoir perdu sa langue pour toujours, Clara prit les devants.

"Hem... Ce que tu vois là..." commença-t-elle, jetant un regard en biais à Frank. Mais il ne semblait toujours pas décidé à prononcer un mot. Clara continua donc et, peu à peu, sa langue habituellement bavarde se délia. "J'ai provoqué Frank en duel, parce que c'est un insupportable Poufsouffle qui s'est fait un malin plaisir de me bousculer à Pré-au-Lard cet après-midi, et qui de toute façon méritait une bonne leçon depuis longtemps... Seulement voilà... Sort après sort, nos vêtements ont fini par se déchirer, et en tentant de rentrer dans nos salles communes, on a entendu Carole et on s'est jetés ici..." termina-t-elle d'un trait en poussant un soupir, car décidément, cette histoire était trop absurde pour être croyable.