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 Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini

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Charlie K. Grant
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Serpentard
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MessageSujet: Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini   Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini EmptyDim 24 Jan 2016 - 14:47

Le 9 mars 1997
à 3h29


Plus elle avançait, plus elle avait l'impression que le couloir s'étirait, prenait de la profondeur & était incontestablement infini. Puis ; un nouveau fou rire, interminable. Depuis déjà quelques temps ─ elle n'était pas en état de savoir depuis combien de temps, elle en avait un à chaque fois qu'elle voyait quelque chose de nouveau en réalité, ou de totalement inutile plutôt. Comme le fait que plusieurs fenêtres manquaient à cet étage du château ─ explosées quelques instants auparavant avec son poing ─ où elle se trouvait, ou qu'elle manquait de trébucher à chaque tentative de rapprochement des escaliers. Encore un, incontrôlable, rien qu'à cette pensée sa voix s'éleva, rauque & asséchée, dans le long couloir.

Rusard n'allait certainement pas tarder à arriver. L'adolescente le voyait déjà, enthousiaste à l'idée d'enfin la coincer après le couvre-feu. Mais, franchement, elle s'en foutait comme de sa première couche. Parce qu'elle s'amusait comme une petite gamine ; dans une main, une cigarette à peine consumée, remplie de choses pas forcément très légales, et dans l'autre une bouteille, remplie de la même façon, sûrement. Elle ne savait plus vraiment pourquoi elle était dans cette état-là. Si ; Blaise l'avait abandonnée. Lâche qu'il était. Habituellement, c'était lui qui lui indiqué la limite pour justement éviter ce genre d'incident, fâcheux. « Juste une dernière, après j'arrête. » Avait-elle annoncé, regardant d'un air envieux le fils Zabini monter les escaliers, las. La sorcière ne savait même pas lequel des deux verts & argents était le moins apte à croire ces mots insensés. La Serpentard ne se rappelait même plus de ce qu'elle avait eu derrière la tête en prononçant ces paroles imbibées de whisky ; si elle parlait d'une dernière gorgée, d'une dernière clope, ou d'une dernière bouteille.
Apparemment, c'était plutôt les trois.

Prenant maintenant appui sur le mur le plus proche, elle fit une pause ; comment était-elle arrivée jusqu'ici, par Merlin ? Elle fixa ses mains, plus précisément celle appuyée contre les énormes pierres du château. Ensanglantée. Pourtant, aucune douleur. Aucun ressenti. Sûrement trop bourrée pour s'en rendre compte. Elle rigola. Même si elle ne savait pas ce qu'il y avait de marrant dans le fait d'avoir à justifier prochainement l'état pitoyable de sa main, en évitant d'évoquer un quelconque lien avec les fenêtres éclatées, qui seraient certainement assez vite remarquées.

Mais un bruit la tira quelques instants de son évasion. Merde. Quelqu'un venait. Elle n'avait pas la force de bouger. Ni d'utiliser sa baguette. Il faisait légèrement noir, et elle ne voyait rien. Ho. Le noir. Prise d'une soudaine excitation, elle prit la pose. C'était carrément stupide, mais c'était tout ce qu'elle avait. Alors, elle fit la statue. Attendant celui ou celle qui l'aiderait à se sortir de cette situation embarrassante, ou qui causerait sa perte.
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MessageSujet: Re: Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini   Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini EmptyLun 25 Jan 2016 - 22:22

Lorsque tout est flou et languissant. Et votre vue : un peu trouble. Un kaléidoscope par le dessous de vos paupières lourdes.

Il avait quitté Charlie Grant en riant un peu bêtement - elle était définitivement déchirée, c'était une chose terrible et un peu drôle ; mais lorsqu'il lui avait suggéré de rejoindre les dortoirs des filles, vaguement moqueur, elle avait secoué la tête avec résolution. L'idée semblait tenir de l'hérésie et, vraiment, si les samedis soirs passés en compagnie de Charlie Grant, à se partager secrètement des bouteilles de whisky pur feu dans le dédale nébuleux de Poudlard lui avaient enseigné une chose, c'était la suivante ; il était inutile, vain et un peu dangereux de la raisonner.

Non pas que l'héritier Zabini soit lui même exactement  raisonné ; ou raisonnable ; seulement, il était à peu près certain d'être lucide & maître de lui même. Cette conviction - un peu arrogante, peut-être ; absolument présomptueuse - s'étiola promptement lorsqu'il prit conscience, alors qu'il se tenait devant la lourde porte de la salle commune, dans l'obscurité du sous-sol, qu'il avait oublié le mot de passe qui lui aurait permis de rejoindre les dortoirs.
Où se trouvait sa baguette, bien entendu - sur sa table de nuit, près d'un coffre a bijou dans lequel s'empilaient ses bagues.

C'était stupide - oh; c'était vraiment stupide - le mot de passe changeait tous les quinze jours. Et il semblait avoir changé ; et peut-être Blaise aurait-il du écouter au moment où cela lui avait été indiqué - car cela devait lui avoir été indiqué, probablement - parce qu'il ne parvenait pas à s'en souvenir.

S'il n'avait pas été quatre heures du matin, cela n'aurait pas été un problème - mais il était quatre heures du matin et il y avait le goût amer du whisky dans sa bouche et l'odeur du tabac sur ses vêtements, par le dessus du parfum sirupeux du karité qu'exhalait sa peau brûlante ; il n'avait aucune excuse, vraiment, si Rusard (car Rusard ne dormait jamais, exact ? Son chat, en tout cas, ne le faisait pas ; Blaise en était presque certain.), a l'occasion de ses rondes méthodiques, celles d'un seigneur foulant son fief d'un air belliqueux, s'enfonçait dans les cachots tentaculaires du château.

Il lui fallait trouver Charlie Grant, réalisa-t-il avec la résolution sereine des esprits ivres - lorsque tout apparaît de manière limpide, épurée de danger. En l'occurrence : les couloirs étaient plongés dans l'ombre - à peine rehaussés des chandeliers aux lueurs émeraudes. Au travers des fenêtres, l'eau du lac était aussi noir et compact que de la pierre.
Il abordait les escaliers du rez-de-chaussée avec prudence, pressant machinalement ses doigts sur ses yeux.

« Charlie », murmura-t-il lorsqu'il lui sembla effectivement discerner dans l'obscurité la chevelure opaline de l'aînée Grant, (ou bien était-ce la cadette…? Le sujet semblait être une source de désaccord.) « Charlie, c'est moi. J'ai un problème. Putain, Charlie, qu'est-ce que tu fais

Figée dans le couloir comme une statue défoncée et blonde ; s'il n'y avait pas eu le vacillement languissant que l'alcool arrache au corps, il aurait pu s'agir d'un stupefix consciencieusement exécuté. Il étouffa dans la paume de sa main un éclat de rire rauque.

« Grant, sérieux, tu as l'air vraiment stupide. »
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Charlie K. Grant
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MessageSujet: Re: Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini   Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini EmptySam 30 Jan 2016 - 12:30

« Je fais la statue, abruti ! », cracha-t-elle, au fils Zabini quand ce dernier fit irruption dans le long couloir quasiment plongé dans l'obscurité. Car elle était certaine que quelqu'un arrivait. Et qu'il allait sûrement causer sa perte, s'il restait planté là à parler aussi fort. « J'ai pas besoin de tes commentaires, donc boucle-la. Tu sais à quel point c'est compliqué de tenir debout ? »

La Serpentard resta ainsi un long moment, convaincue que sa décision était la meilleure possible ; avec sa chevelure blonde, impossible de se faire repérer. Mais ; comme si un moment de lucidité était parvenu jusqu'à son cerveau, la faisant intensément réfléchir ─ ce qui n'était pas chose facile, déchirée, ou non ─ Charlie comprit. Enfin. C'était Blaise, cette personne. Les lourds pas, presque traînés, étaient ceux de son cher camarade de maison. Et accessoirement copain de bourrage de gueule ce soir-là.

Tout ce qu'elle trouva à faire était évidemment d'éclater de rire ; un véritable rire, différent de ceux que Grant utilisait occasionnellement pour se faire remarquer ; ou pour faire comprendre que cette blague n'était pas amusante. Car ; il fallait savoir une chose, lorsque Charlie Grant était bourrée, souvent elle se trouvait prise d'une véritable crise de colère ─ dans ce cas-là, mieux valait ne pas être dans les alentours ─ ou bien elle devenait totalement irresponsable & une grande bavarde ─ enfin, encore plus qu'à son habitude. Plus rarement, ses ricanements incessants duraient toute la soirée, faisant fuir les éventuels prétendants présents. Les larmes aux yeux, s'étant finalement presque calmée, elle regarda Blaise qui essayait tant bien que mal d'étouffer un rictus ; puis repartit dans son délire. Son ventre la faisait souffrir, ainsi que ses pommettes rosées. Elle dut même s'asseoir à même le sol froid du château ; elle n'en pouvait plus.

Il était impossible de lui parler sérieusement dans cet état ; pourtant, l'impatience de l'hommes aux tresses la fit redescendre sur Terre. Légèrement.

« Quoi ? » dit-elle, sans aucune retenue, fixant son ami, « T'étais pas censé aller te coucher, toi ? » demanda-t-elle, tirant finalement sur sa cigarette, fumante & diffusant l'odeur de tabac dans le château.

Ho, elle avait compris ! Il voulait continuer à se déchirer au whisky ─ ou avec ce qu'il voulait, tant qu'il restait avec elle pour s'amuser ─ car il n'en avait pas eu assez. Un sourire aux lèvres, Charlie regarda le plafond, qui semblait bouger tout seul. Ce qui était carrément amusant.

« Désolée, je pensais pas que t'en voudrais encore du coup j'ai quasiment fini la bouteille. » avoua-t-elle, les larmes aux yeux, léchant machinalement ses lèvres recouvertes de whisky. « Mais il m'en reste encore un peu. Je veux bien partager avec toi, si tu me fais un gros câlin. » dit-elle, essayant en vain de se lever, mais tendant quand même la bouteille à Blaise.

Parce que être raisonnable n'était pas vraiment dans ses cordes en ce moment ; ça ne l'avait jamais été, en réalité. Mais elle n'oubliait pas pour autant un léger détail : Blaise était avec Daphné.

« Je rigole, hein. » dit-elle, regardant d'un air amusé sa main ensanglantée, qui commençait à piquer.
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MessageSujet: Re: Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini   Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini EmptyDim 31 Jan 2016 - 10:04

La réaction de Charlie fut ardente - suffisamment pour que le visage de Blaise, au travers de l'obscurité, ne se froisse de perplexité.

Avant de se rasséréner, tout-à-fait moqueur. La statue ; évidemment. Elle était vraiment ivre ; et se glissait à présent sur les dalles glacées du château, animée par un rire frénétique qui secouait son corps frêle. Exhalant avec désinvolture le miasme amer du tabac au travers des couloirs feutrés, la mise dépenaillée et la bouche brillante de whisky, ourlée et obscène comme un fruit boursouflé de sucre. Si Charlie Kristen Grant était nimbée de l'arrogance matinée de désinvolture des Serpentards, de leur ambition foudroyante et de leur fourberie insidieuse, elle était différente des créatures éthérées et altières qui hantaient la maison - plus impulsive, spontanée, animée, semblait-il, par une énergie instable et brûlante. A cet égard, l'étroite amitié qu'elle entretenait avec Daphné Greengrass, emprunte de pudeur et d'élégance guindée, relevait presque de l'occulte, comme si elle eut dissimulé un secret mystérieux, une connivence obscure. Il s'avérait que Blaise appréciait beaucoup la farouche Charlie Grant, lorsqu'elle ne le menaçait pas d'empoisonnement.

(Cette fois-là, il lui était effectivement arrivé de terminer ses cigarettes. Mais pourquoi se trouvait-elle en possession de venin d'Acromentule ? Sérieusement ?)

« Si. Je me fais tresser les cheveux, tout à l'heure », expliqua-t-il - il accordait beaucoup d'importance à l'exercice, qui nécessitait d'être éveillé à 11h, l'heure à laquelle il était convenu que Daphné Greengrass procède au consciencieux rituel. « Mais, tu vois,  j'ai un problème » , répéta-t-il.

Réalisant vaguement que Charlie ne pourrait vraisemblablement pas résoudre ce problème ; et qu'arracher son attention à la bouteille de whisky qu'elle tenait obstinément entre ses doigts serait une entreprise périlleuse. Oh ; il aurait du se trouver plus soucieux, assurément - mais l'héritier Zabini était déchiré, et lénifié par la fumée laiteuse du tabac qui ondulait dans le dédale lugubre du château.
Et puis, il n'était pas une personne très soucieuse.

« Laisse tomber, Grant. Tu es folle de moi. », affirma-t-il, en lui ôtant la flasque des mains : bientôt, il se penchait paresseusement pour l'aider à se relever, portant une prise distraite à sa taille étroite ; « Et ne t'en fais pas. Je le comprends. Je le comprends vraiment. Toutes les filles de cette école - tu sais ce qu'elles veulent ? Elles veulent ma -  Grant, Charlie, putain, tu saignes.»
 
Il le réalisait subitement, alors qu'il s'efforçait de draper sur ses épaules le bras lâche de sa camarade - une entreprise audacieuse, justifiée par la précarité de leurs équilibres respectifs et handicapée par la langueur du corps de la jeune fille, ainsi que par la haute taille de Blaise, qui admettait difficilement de se courber alors que la gravité devenait une notion abstraite et un peu confuse. Pourpre et poisseux sur ses doigts blêmes, quoique dans l'obscurité déchirée par les chandeliers aux lueurs dorées, le sang paraissait noir. Et, à la manière du son d'un trille morbide dans ses oreilles, la vision extirpait de sa mémoire indolente des souvenirs nébuleux. Astoria Greengrass, lorsqu'elle était apparue hagarde et vacillante sur le pavement de Pré-au-Lard, une silhouette funeste dans l'unforme laiteux qu'offrait la neige aux rues obscures.  

« Putain, qu'est-ce qui t'es arrivé ? » S'enquit-il alors - une préoccupation forait au travers de sa voix rauque et perplexe. Il avait ancré à la taille de la jeune fille sa main libre et, de celle qui tenait la bouteille, s'efforçait de porter ses doigts à la lumière pour en discerner les plaies ; son propre sweatshirt, déjà, était marquée de sanglantes estampilles.
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MessageSujet: Re: Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini   Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini EmptySam 13 Fév 2016 - 12:37

« A jamais, Zabichou. » chuchota-t-elle, amusée mais distraite ─ presque déçue ─ par la bouteille de whisky ôtée de ses mains par son camarade de maison qui, bientôt, s'expérimentait à la relever alors qu'il semblait à peine plus équilibré.

Essayant tant bien que mal d'aider Blaise à porter son bras sur ses épaules, elle se rendit soudain compte à quel point elle était mal ; frêle & désorientée maintenant debout. Aussi, la hauteur du fils Zabini ne l'aidait guère ; elle sentit ses pieds se décoller du sol presque, pendant un court instant où elle crut vraiment que le tout allait remonter & se déverser sur l'italien. Et il ne serait certainement pas très content. Mais bientôt la Serpentard repartit dans un fou rire inexplicable ; ho, sa main. Ensanglantée, par la fureur engendrée par les ─ nombreux ─ verres. Elle avait carrément frappé dedans, se sentant réellement observée. Mais ; dans l'état dans lequel elle était, la blonde fut incapable de discerner son simple reflet dans les carreaux.

Regardant vaguement les fenêtres, explosées par endroit, elle reposa sa tête sur son sauveur, qui semblait vraisemblablement se faire du soucis, relevant bientôt sa main à la lumière. Ho. Que c'était mignon. Après Blaise le sauveur, elle avait le droit à Blaise le docteur. C'était réellement inquiétant.

« Cris pas comme ça, putain », annonça-t-elle, fronçant les sourcils, énervée, « C'est rien. Ils sont partis. », l'observant tripoter ses doigts, Charlie essayait du mieux qu'elle le pouvait pour ne pas s'évanouir, sentant la fatigue mêlée à l'alcool. « Bon, par contre si tu bois pas, tu me la rends, merci. »

Le problème c'était que Blaise tenait fermement sa main, et la source de ses ennuis ; décidé à établir la gravité des dégâts. Charlie s'étonna à penser qu'il était plus agréable à vivre une fois ivre que lorsqu'il était sobre ─ en revanche, elle s'impatientait réellement de ne pas pouvoir reprendre son bien. C'était même déstabilisant, de le voir aussi attentionné. Comme si Grant ne s'était jamais doutée de ce côté de la personnalité de son camarade de maison. En homme obligeant & attentif. Il cachait terriblement bien son jeu, le fourbe !

« Attends ─ tu t'inquiètes là ? Sérieux, on dirait un Poufsouffle. » demanda-t-elle, soucieuse & désarçonnée par la situation loufoque, plongeant ses iris dans les yeux de son ami, « Soit je suis vraiment, vraiment atteinte, soit tu me dis tout de suite ce que tu as fait du véritable Blaise. » continua-t-elle, en gesticulant et en souriant, tout de même touchée par ce surplus inhabituel de gentillesse.

Pendant un moment elle faillit s'éloigner de lui, apeurée, pensant réellement que celui qui se tenait à ses côtés était un imposteur ; puis comme si elle était tout à coup anormalement raisonnable, elle ne bougea pas d'un pouce ; elle n'irait pas très loin, c'était un fait non négligeable. Elle se résigna donc ; la Serpentard était totalement partie. Il fallait absolument qu'elle se reprenne, parce qu'actuellement, c'était elle la folle.

« Alors, c'est quoi ton problème ? » demanda-t-elle, essayant difficilement de poser un pied après l'autre, n'ayant pas pour autant passé sous silence la raison principale de sa venue.
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MessageSujet: Re: Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini   Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini EmptyMar 16 Fév 2016 - 9:27

« Ouais, c'est ça » acquiesça-t-il distraitement en affirmant sa prise sur la bouteille. Un sourire moqueur étiré sur sa bouche.  Au travers de la narcose cotonneux de l'alcool, brûlante et duveteuse, il lui semblait difficile de distinguer les plaies mouillées qui déchiraient la peau opaline de Charlie Grant ; mais dans la lumière, le jeu de ses tendons était presque sinistre. Et parce qu'elle l'observait d'un air rêveur, il lui apparu bientôt le gâchis des fenêtres fendues, poisseuses de sang ; des éclaboussures pourpres marquées sur les remplages.

(& le sang il l'avait vu récemment, imprimé sur le pavement enneigé d'une rue paisible, dans une nuit plus silencieuse que le sommeil ; le corps de Scarlett Greengrass brisé contre le trottoir comme le sont ceux des trophées de chasse aux nerfs tendus par la course, des biches pétrifiées à la robe sanglante.)

« Un poufsouffle ? Putain, va te faire foutre, Grant », feula-t-il en secouant la tête ; tout-à-fait offensé ; s'expliquant ; « Si je te laisse ici, Daphné me défonce. »

Le murmure de leurs voix comme des échos insidieux, au sein de l'alcôve du couloir. Ils exhalaient le miasme amer de l'alcool ; et puis celui du tabac ; Charlie fumait, et les volutes laiteux de ses exhalations hantaient le couloir à la façon de spectres incandescents, dont le parfum était celui du papier brûlé. Sur son sweatshirt, elle avait imprimé l'empreinte ensanglantée de ses doigts ; et ils avaient l'allure lugubre et charmante d'un couple de vampire.

«  Tu es mon putain de problème, sérieux », railla-t-il. Une bienveillance curieuse dans sa voix, au travers de son sourire moqueur.  « Regarde-toi »

Il lui fut nécessaire d'interrompre leur errance et de se résigner à se délester de la bouteille de whisky, qu'il posa sur le pavement dans le tintement sec du verre qui s'entrechoque ; puis il ôta enfin de sa poche un mouchoir de soie -- une étoffe consciencieusement brodé de ses initiales, dont les fils d'or scintillèrent brièvement dans la lumière tarie des flambeaux qui jalonnaient les murs de pierre.

« OK, t'inquiète, je gère. Ma cousine est infirmière. Plus ou moins. Presque. » , précisa-t-il, en feignant d'emprunter un air docte. La façon dont il fallait procéder pour désinfecter des plaies n'avait pas été abordée lors du bref échange qu'il avait partagé avec Megan, quelques jours auparavant, dans la quiétude solennel de l'infirmerie de Poudlard ; mais cet entretien demeurait le plus solide de ses arguments.  
 
Il imbibait l'onéreux brocart de la liqueur acide du whisky, qui ruisselait alors sur le pavement ; une éclaboussure mouillée, étouffée par l'épais duvet du tapis. Car ses gestes étaient frémissants ; embarrassés par l'alcool et la fatigue.

 « C'est pour éviter que tu meurs et tout », expliqua-t-il distraitement, en ôtant de la bouche ourlée de Charlie sa cigarette pour la porter à la sienne après avoir précisé dans un murmure ; « Ne crie pas, d'accord ? »

Il existe de nombreuses choses que tu puisses faire avec du whisky, lui avait confié Diane ; car la veuve noire, ainsi qu'il l'était susurré avec une déférence mêlée d'inquiétude dans son sillage altier, dans le dos de sa silhouette drapée de fourrure de vison, s'y connaissait aussi bien en liqueur qu'en sang.

Sur ses doigts, il pressait alors l'étoffe humide.
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MessageSujet: Re: Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini   Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini EmptyJeu 25 Fév 2016 - 21:07

Patrouiller dans les couloirs était quelque chose d’harassant, de désagréable, et bien trop souvent d’inutile. Habituellement, les élèves étaient suffisamment intelligents pour savoir qu’il n’était pas sage de traîner hors de leurs dortoirs après le couvre-feu – tous, sauf Potter et sa bande, évidemment. Ils avaient cette arrogance qui leur collait à la peau, les conduisait à se faire un devoir de braver le plus d’interdits durant la même année scolaire comme s’il s’agissait d’un concours qu’il serait honorable de remporter.

Heureusement que ses élèves étaient généralement bien plus subtils que les Hippogriffes insultés que pouvaient être les Gryffondor, et qu’ils ne se faisaient presque jamais prendre lorsqu’ils accomplissaient leurs méfaits. Un rictus fier étira brièvement les lèvres de Severus, avant qu’il ne soit avalé par les éclats de voix qu’il entendait résonner dans les couloirs. Cela ne pouvait, à son plus grand désespoir, pas être Potter – et c’était bien dommage. La satisfaction de lui donner des crapauds à éviscérer aurait sans doute détendu la tension qui crispaient ses épaules depuis quelques jours, aggravée par les nuits sans sommeils qu’il passaient à arpenter le Château. Il se dirigea donc vers les élèves, espérant sincèrement qu’ils ne seraient pas de sa maison.

« Grant et Zabini » lâcha-t-il en arrivant sur les lieux du crime, soudainement las. « Evidemment. »

Ce n’était pas vraiment la première fois que ces deux-là s’illustraient par leur manque total d’élégance lorsqu’ils brisaient le règlement. A croire qu’ils tentaient, eux aussi, de se faire passer pour des Hippogriffes.

« Ivres dans les couloirs de Poudlard, en pleine nuit » résuma-t-il, parfaitement conscient que la lueur de sa baguette devait les aveugler. Tant pis pour eux. « D’une façon si peu discrète que la moitié du Château a sans doute été réveillée par vos gloussements. »

Les saisissant tous les deux, enfonçant ses doigts dans leurs épaules à la façon d’un sombre vautour, il les força à avancer en direction de l’Infirmerie tout en les soutenant à moitié – et ce n’était pas quelque chose qu’il appréciait devoir faire.

« Ne vous en faites pas, vous allez passer quelques soirées à nettoyer la Salle des Trophées et la Grande Salle – en espérant que cela vous permette de vous remémorer que la Maison Serpentard mérite bien mieux qu’un comportement aussi dégradant et peu discret de votre part » jeta-t-il. « Mais avant cela, gardez votre main dans ce tissu, Grant. Je serais extrêmement contrarié de voir mes vêtements être tâchés. »


HRP:
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MessageSujet: Re: Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini   Juste une dernière, après j'arrête | Blaise Zabini EmptyVen 4 Mar 2016 - 19:31

Évidemment, les insultes crachées par son camarade de maison l'amusèrent encore plus ; jusqu'à ce que ce dernier la mette en garde sur son état. Quoi ? Elle n'était pas si délabrée que ça enfin ! Si l'on retirait l'odeur suffocante d'alcool et de cigarette fumée précédemment dans l'immense et long couloir du vieux château, la blonde se sentait parfaitement potable. Enfin, elle le pensait. Parce que bien sûr, elle ne pouvait pas avoir une vue d'ensemble.

« Arrêtes, tu m'as déjà vu dans un état pire que ça, enfin. » répliqua-t-elle en soufflant, désespérée par l'attitude occupée de son ami.

Mais bientôt son air amusé disparaissait ; Blaise, tout à fait inquiet, lui retirait son jouet attaché à ses lèvres asséchées auparavant. Elle le regarda distraitement, une soudain envie de meurtre ; car Zabini était totalement ennuyeux, en agissant ainsi. Et Charlie n'avait pas envie d'un être barbant comme compagnie. Surtout un qui l'empêchait volontairement de continuer son délire.

Obstiné ; il commença alors à déverser son stock sur les pavés. Outrée, Charlie ouvrit de grands yeux, à deux doigts de l'étrangler. Véritablement.

« Non mais ça va pas la tête ? » Cria-t-elle presque, tout proche des oreilles de son camarade.

Mais elle n'eut pas vraiment le temps de s’apitoyer sur son sort ; car son ami commença volontairement à la torturer, déposant son fichu torchon mouillé d'alcool sur sa main ensanglantée. Instinctivement, la blonde ouvra la bouche, ayant bien l'intention de lui exploser les tympans. Pour finalement s'activer à la refermer. Elle réveillerai tout le château de toutes façons, et en plus ce serait carrément la honte de crier pour cette simple égratignure. Elle en entendrait parler jusqu'à la fin de sa scolarité, et commettre un meurtre n'était pas encore dans ses plans futurs.

Alors la Serpentard fit la chose qui lui sembla être la plus logique : elle serra les dents. En jurant intérieurement. Et en foudroyant du regard l'italien.

Malgré son intention d'être plus calme et la noirceur des lieux, ayant plus à gagner à rentrer saine et sauve, qu'à se faire coller, une lueur intense parvint à ses yeux à moitié ouverts. Merde. Un prof. Peut-être un Préfet ─ ce qui leur aurait certainement sauvé la peau, à tous les deux. Elle se figea instantanément, incapable de faire le moindre mouvement. Tout à coup inquiète. Et plus la lumière s'approchait, plus la Serpentard stressait. Ces pas... Trop réguliers. Beaucoup trop réguliers. Putain. Oh, Putain. C'était lui. Pendant un court instant, Charlie voulut même fuir, se rendant à peine compte que cette décision était définitivement erronée, et qu'elle ne pouvait pas courir actuellement.

« Désolée d'avance, mec. » annonça-t-elle, carrément honteuse de l'avoir entraîné là-dedans.

Rogue. Ces reproches un peu trop sifflantes pour la blonde ─ elle aimerait vraiment lui répondre franchement. Violemment. Pourtant, elle se contenta de rouler des yeux, discrètement. Autant ne pas agraver leur cas. Puis ; Blaise était dans cette situation à cause d'elle. Cette idée de lui lancer un maximum d'insultes en un temps record s'intensifia lorsque son directeur de maison planta ses doigts dans son épaule. Vieille habitude. Désagréable.

Subissant silencieusement le courroux de son professeur, elle regarda Zabini d'un air navré, avant de se reconcentrer à ne pas trébucher, appliquant soigneusement les consignes de leur tortionnaire. Des colles. Ce sera pas la première, ni la dernière d'ailleurs. En revanche, la nuit allait être longue.
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