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MessageSujet: Going Under    Going Under  EmptyMer 17 Fév 2016 - 14:04




HRP:

28 mars nuit

Il n’avait pas eu le choix. Il n’avait pas vu d’autres alternatives. Sur les corps encore chauds de ses meilleurs amis, il ne voulait pas voir s’amonceler celui de ceux à qui il tenait. Son monde était trop sombre pour qu’il entraîne avec lui ceux qu’il considérait comme ses amis. Parce que ça ne faisait aucun doute : Crabbe & Goyle étaient morts par sa faute, ils avaient été pris pour cible parce qu’ils étaient ses proches et peut-être même que l’objectif premier de leur meurtre avait été de l’atteindre lui, de lui montrer que non, il n’était pas invincible. Merci, il était au courant. Mais il ne supporterait pas que l’on souffre et que l’on meurt pour lui. Alors il l’avait fait. Il avait coupé les ponts avec Blaise, Daphné & Yvain. Écrire ces lettres immondes avait arraché ce qui lui restait de cœur, mais il s’était soudainement trouvé au bord du gouffre et s’il devait tomber, alors il était déterminé à tomber seul.

Les vacances d’avril arrivaient à point nommé. Drago aurait voulu en profiter pour s’échapper, s’enfuir loin de Poudlard, chercher refuge loin du Royaume-Uni, mais ce serait condamner sa mère à une mort certaine. Et puis, le Danemark, c’était sûrement plus beau en hiver.

En vérité, Drago partait sans savoir où aller. Retrouver sa mère, essayer de monter un plan…? Jouer les laquais parfaits auprès de Voldemort pour mieux endormir les soupçons tout en enquêtant sur la mort de ses meilleurs amis ? Rien que d’y penser, il avait envie de vomir. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il voulait quitter le territoire de Poudlard le plus vite possible. Il réfléchirait au reste plus tard.

Il avait plié bagage et à son propre étonnement, il n’emportait pas grand-chose avec lui. Quelques vêtements, rien aux couleurs des vert & argent, juste de petites choses. Il laissait même son coffret derrière lui, n’emportant comme seul vrai souvenir une plume & un livre stupide que lui avaient offert Vincent & Gregory, et deux peluches patates sur un balai.

Peut-être qu’il pourrait partir dès ce soir, à la faveur de la nuit, et rejoindre le manoir familial en balai. Que sa mère y soit ou non ne changeait pas grand-chose : dans tous les cas, Drago n’y resterait pas plus de quelques heures. Ce serait le premier endroit où on les chercherait, lui et Narcissa. Il fallait qu’ils se trouvent un autre refuge, mais il ne pouvait pas faire ça sans prendre le risque de repasser par chez lui. Chez lui. Sa maison. Comme si ces mots avaient encore un quelconque sens…

Dans la nuit noire, sa silhouette se dirigeait d’un pas rapide et nerveux vers les vestiaires du stade de Quidditch. Il y avait laissé son balai lors de son dernier entraînement : il était obligé de passer par là avant de prendre les voiles. En entrant dans la pièce, il s’étouffa dans les souvenirs. Trop de choses s’étaient passées ici, trop de choses avaient été dites… Les images d’une discussion particulièrement désagréable lui revinrent en tête. Il dut la secouer pour s’en débarrasser et se concentrer sur ce qu’il était venu faire ici. Son balai.

Sans se préoccuper d’être discret, Drago ouvrit son casier et se décida à emporter ses lunettes de vol. Un pitoyable souvenir de sa courte carrière de joueur, mais qui revêtait une certaine importance pour lui. Il les regarda un moment, observant son reflet dans les verres. Le visage blême et émacié, il se dit qu’il était devenu un fantôme.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptyJeu 18 Fév 2016 - 9:55

Le froid était glaçant. Il s’infiltrait dans les manches trop larges du pull qu’elle avait emprunté à Blaise, mordait sa chair lorsque l’encolure glissait sur son épaule avant qu’elle ne la remette en place d’un mouvement impatient – si le froid était glaçant, ce n’était pas le cas de ce sentiment d’urgence qui croissait alors qu’ils cherchaient désespérément à mettre la main sur Drago avant qu’il ne fasse quelque chose de regrettable ; avant Yvain. Elle jeta une œillade encore incandescente de courroux dans la direction de Blaise à cette pensée, sans véritablement parvenir ni à s’apaiser, ni à se résoudre à lui en vouloir véritablement.

Si Drago leur filait entre les doigts – là, elle lui en voudrait véritablement.

Ils traversaient la pelouse du parc de Poudlard, noyée dans la pénombre, avec toujours cette impression de palpitation qui lui brûlait la pulpe de ses doigts, déjà lacérée une première fois ; sans prêter attention au risque qu’ils courraient à se trouver ainsi dehors, à la faveur de la nuit, violant sans le moindre remord le couvre-feu. Certaines choses valaient de prendre des risques insensés – comme voler des souvenirs, mentir à un interrogatoire officiel par omission ou simplement risquer un scandale en se promenant de nuit avec Blaise.

Lorsqu’ils atteignirent finalement le terrain de Quidditch, Daphné ne sut pas vraiment ce qu’elle avait espéré en venant ici – que Drago soit là, en train de voler ? – mais c’était le dernier endroit auquel elle pouvait penser, la seule option qui leur restait. Elle crut d’abord s’être trompée, avoir perdu un temps infiniment long à se faufiler hors des murs du Château pour rien – mais le bruit d’un casier qu’on ouvrait lui redonna espoir, brièvement. Faisant signe à Blaise de rester discret au cas où cela ne serait pas Drago, elle entrebâilla la porte et hésita presque à regarder pendant un instant.

Mais c’était Drago. Sa stature pâle, émaciée, se tenait devant son casier, perdu dans la contemplation de ses lunettes ; prêt à partir, à en juger par les bagages, le balai – son plan était décidément encore plus idiot que ce qu’elle avait pu croire, mais le soulagement qu’elle ressentit en le voyant encore apaisa sa peur presque bestiale d’avoir failli à ses devoirs d’amie en le laissant courir à une mort certaine.

« C’était donc cela, ton plan ? » fit-elle avec délicatesse en se glissant dans la pièce, tenant la porte pour que Blaise puisse s’y glisser à son tour. « Tu pensais vraiment qu’une lettre suffirait à nous empêcher de vouloir t’aider ? »

Prenant soin de laisser de l’espace à Drago, elle s’assit sur un des bancs avec précautions, déplaçant des gants en cuir vraisemblablement oubliés lors du dernier entraînement sans quitter son ami d’enfance du regard – ne pas le braquer. Surtout, ne pas le braquer. Comme un animal sauvage que l’on tentait d’approcher alors qu’il vous avait déjà mordu une première fois.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptyJeu 18 Fév 2016 - 12:33

Ils avaient parcouru avec empressement le labyrinthe du château. Dans le dédale nébuleux des couloirs s'empilaient des valises, à peine éclairées par les flambeaux ciselés qui jalonnaient la pierre ; quelques silhouettes drapées de robes de chambres, que la fièvre du départ maintenait éveillées et susurrantes ; sur le domaine du château, ce fief déliquescent, embrasé, l'air était électrisé.

C'était le début du printemps et les nuits demeuraient froides sans la chaleur paisible du soleil, plus douce qu'au sortir d'un long sommeil lors des jours du mois de mars. Le vent, glacé et impérieux, renflait les pelouses veloutées du parc ; mais leurs pas déchiraient la toile lisse et solennel du tableau et, dans un bruissement duveteux, disjoignait les nichées d'oiseaux ensommeillés. Drago ne se trouvait ni dans la salle commune, ni les dortoirs ; pas plus que dans la verrière ou au dans le secret de la tour d'astronomie.

Peut-être Yvain l'avait-il déjà extirpé du méandre de Poudlard ; c'était l'augure qu'ils ne formulaient pas, mais que l'on pouvait lire dans le frémissement des doigts de Daphné ; dans la tension de la mâchoire de Blaise ; dans le port de ses épaules. Drapés de cachemire, chaussés de mocassins de cuir onéreux, leur couple avait l'allure consciencieuse des adolescents de bonnes familles ; ou presque ; car leur mise était échevelée ; et leur allure était pressée, dans l'effervescence de la partie de chasse violente et tumultueuse qui se tissait confusément dans le château. L'architecture massive du terrain de Quidditch avait tout d'une arène ; sculptée dans le bois sombre, ceinturée de miradors alambiqués ; soudainement tout-à-fait morbide.  

Il suivait Daphné qui se glissait prudemment près des casiers. C'était une ironie terrible que d'y trouver Drago après les confessions ardentes qu'ils y avaient échangé ; l'estampille qui frappait la peau opalescente de son meilleur ami, il l'avait accusé avec la violence d'une morsure, à la lumière impudique du vestiaire ; un sceau lugubre, une condamnation implacable, aussi brutale qu'une maladie. De celles qui vous dévorent progressivement.

« Drago », offrit-il en guise de salut - étrangement austère alors qu'il avisait la silhouette dolente de l'héritier Malefoy. Et son visage était effectivement celui d'un garçon malade ; blême, marqué de cernes, et émacié à la façon des portraits lugubres des prisonniers qui estampillaient la couverture de La Gazette des Sorciers. De Lucius Malefoy, ce nom qui ne se murmurait plus qu'avec mépris.

Daphné se mouvait avec la prudence du charmeur de serpents. S'exprimait avec la prudence du charmeur de serpent. Elle s'était assise sur l'un des bancs, ce que Blaise ne fit pas. Debout près de la porte, il demeurait silencieux ; jeta brièvement un regard au travers de l'entrebâillement avant de tout à fait se détourner vers eux, à la façon d'une garde paisible - par le dessous de la fièvre.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptyJeu 18 Fév 2016 - 18:14

Ces lunettes avaient aspiré son attention comme le monde extérieur semblait aspirer son âme. En avait-il seulement encore une, alors qu’il s’était efforcé d’envoyer les pires lettres possibles à ceux à qui il tenait encore ? Le pire étant qu’elles étaient plutôt courtes, signe que malgré tout, il y avait des choses qu’il ne pouvait pas dire. Un dernier regard pour ce vestiaire, pour ces lunettes qu’il emporterait avec lui, et il disparaîtrait.

Mais c’était sans compter sur la détermination et la ténacité de ses amis. La voix de Daphné le fit sursauter, tant et si bien qu’il mit quelques secondes à se tourner tout à fait vers elle — et vers Blaise, qui, bien sûr, l’accompagnait. Ils restaient en retrait, dans l’expectative, et ils avaient raison. Drago ne comptait pas revenir aussi facilement sur sa décision, qu’il jugeait des plus justes. Vraiment, ce qu’il avait fait n’était pas seulement la meilleure chose à faire : c’était la seule chose à faire.

— M’aider ? Vous pensez vraiment être en mesure de m’aider !? Vous ne le pouvez pas ! Personne ne le peut !

D’un geste rageur, il mit les lunettes dans son sac, en s’emmêlant un peu les pinceaux au passage. Il avait envie de fuir cette pièce, de fuir ses amis, ceux à qui il avait menti pour mieux les protéger.

— Tout ce que vous réussirez à faire, c’est de vous faire tuer.

Vincent & Gregory, c’était de sa faute. C’était parce qu’il était mêlé jusqu’au cou dans les complots infâmes du Seigneur des Ténèbres, et qu’il n’arrivait pas à s’en dépêtrer. Il ne savait plus quoi faire pour protéger ceux qui lui étaient chers, si ce n’est couper les ponts, se débrouiller seul et surtout, revenir auprès de sa mère.

Non, il fallait qu’il enfonce le clou encore plus profondément. Il fallait qu’ils comprennent qu’il n’y avait plus rien à faire ou à dire, si ce n’était de le laisser seul face à son destin. Tout ça ne concernait que lui, ils n’avaient pas à s’en mêler.

— Et ne croyez pas que ce n’était qu’un ramassis de mensonges ! Vous me rendez vraiment malade, je ne veux plus vous voir, vous et votre sale pitié !

Il avait crié, ce qui n’était pas la chose la plus discrète à faire, mais tant pis. L’adrénaline faisait trembler ses membres, vaciller sa voix, et secouait son regard qui devenait de plus en plus fou avec les secondes. Que fallait-il donc faire pour qu’ils comprennent ? Pour qu’ils partent, pour qu’ils fuient pendant qu’il en était encore temps ?
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptyVen 19 Fév 2016 - 15:49

Le sursaut de Drago était quelque chose qui la peina ; car il lui donna brièvement l’impression de surprendre un animal traqué, quelqu’un qui craignait pour sa vie à chaque instant. Il ne s’avança pas vers eux, n’esquissa pas un geste de soulagement de les voir auprès de lui en dépit de ce qu’il avait bien pu leur écrire – il demeurait à l’écart, comme il l’avait fait toute cette année, en un sens.

Ses exclamations rageuses, en revanche, n’eurent aucun mal à traverser la pièce vide pour les atteindre. Les mains sagement posées sur ses genoux, Daphné les encaissa sans ciller, ne bougeant finalement qu’une fois qu’il eût fini de tenter de construire des barrières encore plus infranchissables que les précédentes, tout autour de lui. Elle se recoiffa calmement, cherchant le meilleur angle pour répondre aux accusations – aux tentatives désespérées de Drago de les préserver de quelque chose qui s’était pourtant décidé des mois, des années auparavant lorsqu’ils lui avaient tous deux offert leur amitié.

« Tu confonds pitié et loyauté, Drago » remarqua-t-elle, préférant commencer par le plus simple. « Et ne me parle pas d’honneur – nous sommes là par amitié. »

Ne pas abandonner les siens. C’était pourtant quelque chose de si évident pour elle qu’elle ne comprenait pas où pouvait se trouver la faille dans le raisonnement de Drago ; comment il avait pu penser, ne serait-ce qu’un instant, qu’ils le laisseraient seul. Les Serpentard étaient une deuxième famille, par beaucoup d’aspect ; pas plus choisie que celle de sang, mais qui requérait la même discipline, de faire front face à l’ennemi et de ne jamais, jamais laisser un de ses frères à l’arrière, à la merci d’un ennemi.

« Quant à me faire tuer... Le Sacrifié veut déjà ma tête, d’après la Gazette »
rétorqua-t-elle avec dédain. « Et je ne te parle pas de Carwood, des Moldus et de tous ceux qui veulent trancher les têtes de l’aristocratie. Comme si cela allait changer quoi que ce soit. »

Se relevant finalement, elle lissa le pull de Blaise, prenant garde à ne pas laisser sa bague se prendre dans le tissu. Drago n’était pas le seul à être en danger ; ils l’étaient tous. Il ne semblait pourtant pas s’en rendre compte, croire que tout était forcément de sa faute, que tout était lié à ses agissements ou à ses manquements à son devoir, à sa mission – car c’était bien le sujet, non ?

« En tous cas, fuir n’est sans doute pas la meilleure tactique de survie »
finit-elle par murmurer dans le silence des vestiaires désertés de tous – à part de trois représentants de la Maison Serpentard, aussi bouffis d’orgueil et de fierté que l’avait été son fondateur.

Et elle croisa le regard de son ami, enfin ; le visage grave et le port plus détendu qu’il ne l’était en présence des autres.

« En tous cas, pas seul. »
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptyVen 19 Fév 2016 - 18:37

Plus farouche qu'un animal blessé. Après avoir brièvement jeté un dernier coup d'oeil par son embrasure sur le lambeau de pénombre, Blaise fermait la lourde porte des vestiaires pour feutrer les rugissements de Drago, à la manière dont l'on étouffe des flammes sous un drap ; dont l'on tire les rideaux sur un corps souffrant -- un geste qui signifiait la pudicité et puis la défiance. Car dans le dédale tortueux du domaine, les élèves demeuraient frémissants et fiévreux, par le dessous de la toile fragile du sommeil.  

Il accueillit avec agacement ses arguments fiévreux ; mais s'il eût un geste d'impatience - levait les yeux au ciel, entamant déjà un mouvement de lassitude emprunt de l'arrogance que décriait la lettre -  Daphné se faisait implacable.

« Ouais », renchérit-il à sa suite ; un peu insolent, toujours ; c'était souvent le cas lorsqu'il existait une telle tension ; « Pour aller ? Sérieux, Drago, nous avons déjà eu ce genre de discussion - c'était ici. »

Il ne voulait pas s'encombrer de pitié, avait-il alors insisté ; et vraiment, il n'était pas question de pitié ; toujours pas. Les confessions brûlantes de Drago étaient demeurées secrètes - exhumées dans les profondeurs des cachots ; comme oubliées ; sans être oubliées, bien sûr ; il aurait été chimérique de prétendre avoir oublié l'éclat de la peau blême de Drago par le dessous de l'estampille noire qui la marquait.

« Écoute, Daphné doit passer les vacances chez moi », expliqua-t-il en glissant son regard sur elle - un projet qui était un secret, une architecture compliquée, échafaudée promptement au travers des solennelles lettres que s'étaient échangées leurs familles respectives lors des derniers jours du mois de mars ; après que la Gazette du Sorcier n'annonce avec emphase les dangers encourus par Cyril Evans et Daphné Greengrass, les prochaines cibles à purger après Vincent et Gregory, dont les lits vides demeuraient minutieusement tirés depuis le 24 mars ; et qu'il ne s'en déduise la nécessité pour l'héritière Greengrass de s'éloigner du Royaume-Uni.

«  Tu pourrais venir. C'est juste pour une semaine, d'accord ? Ça nous laissera le temps de réfléchir. »

Une invitation un peu audacieuse ; un peu présomptueuse -- car il s'agissait de tout-à-fait s'enchevêtrer au tissage chaotique dans lequel l'héritier Malefoy était étroitement emmêlé ; la toile d'une araignée démente, dont la bouche ruisselait de fiel acide. Il s'agissait de loyauté ; d'«amitié», - conformément à ce qu'avait formulé Daphné avec rigueur.

Il haussait les épaules - insistant ; « Ils ne viendront pas tout de suite te chercher au beau milieu de la Toscane, exact ? »

Ils ; la formule était empreinte de pudeur - un miasme confus, qui mêlait arbitrairement les noms de la liste que Daphné s'était consciencieusement attelée à réciter ; Carwood, le Sacrifié, les moldus -- et puis les mangemorts ; et Yvain Gallant.

Mais il ne devait pas parler d'Yvain Gallant, dont le regard froid, figé par le fiel, augurait des promesses sinistres.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptySam 20 Fév 2016 - 16:00

Drago avait bien conscience de ne pas être l’ami de l’année, ni même du siècle. Il avait un sale caractère, des idées bizarres, sans compter qu’il était sûrement à moitié fou. Mais ça n’empêchait pas Daphné et Blaise d’insister pour rester avec lui, à ses côtés, comme s’ils lui devaient quelque chose, alors que c’était bien l’inverse qui était vrai. Drago avait mis un mot sur ce sentiment. Pour lui, ce n’était que de la pitié, du genre qui lui donnait envie de gerber son quatre heures. Mais comme d’habitude, il fallait que Daphné conteste, et lui dise qu’il avait tort, et que ce n’était que de l’amitié et de la loyauté. C’était facile de présenter les choses sous cet angle, de leur rappeler qu’ils étaient tous dans le même bateau alors que ce n’était pas forcément le cas. Et que de s’acoquiner avec les Malefoy leur valait déjà beaucoup trop d’attention de la part de gens comme Carwood. Alors oui, peut-être qu’il était déjà trop tard pour faire marche arrière, mais si ça pouvait leur sauver la peau, alors Drago n’avait pas à hésiter.

— Tu me parles d’amitié maintenant ?

Il fallait qu’il frappe là où ça faisait mal, histoire qu’ils comprennent un peu leur douleur.

— Tu crois que je suis pas assez grand pour comprendre ce que c’est ? Je sais très bien ce que c’est, l’amitié. Et c’est pas ce que vous avez fait. Tout ce que vous avez trouvé à dire et à faire, c’est venir pleurer sur ma pseudo-innocence perdue tout en gardant bien vos distances parce qu’après tout, ce n’est pas votre père qui est passé du Ministère à Azkaban ! Vous voulez bien vous apitoyer sur moi en croyant que je ne suis pas capable d’assumer mes choix, que je suis trop faible pour…

Il serra le poing et jeta un œil à son avant-bras. Pas besoin de faire un dessin : ils avaient très bien compris de quoi il voulait parler, n’est-ce pas ?

— Mais vous refusez de voir la vérité en face ! Je n’ai pas besoin de vous ! Je ne veux pas de vous ! Dégagez de là !

Quant à la proposition de Blaise, Drago brûlait d’envie de la saisir, mais il ne rêvait pas de la douce tiédeur de la Toscane printanière. Les paysages qui se déroulaient dans son esprit étaient blancs, enneigés, bordés de lacs et de maisons de toutes les couleurs. Mais même ça, c’était un rêve trop fou pour être réalisé.

— Qu’est-ce que j’irais foutre en Italie ? Vous tenir la chandelle, pendant que ma mère reste ici, toujours en danger, si ce n’est davantage parce que j’aurais disparu !? Partez en lune de miel sans moi ! Et restez-y !

L’agressivité de Drago de plus en plus, sans qu’il puisse la contrôler. Il avait envoyé trois lettres bordel. Trois. Alors pourquoi est-ce qu’ils n’étaient que deux…?
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptySam 20 Fév 2016 - 19:39

Plus le temps passait, et plus Daphné se rendait compte que le Choixpeau n’avait peut-être pas eu tort lorsqu’il lui avait asséné qu’elle aurait tout autant sa place à Poufsouffle qu’à Serpentard – n’acceptant de l’y envoyer que parce qu’elle avait bataillé durant plus de cinq minutes pour ne pas porter le blason or et noir. C’était quelque chose qu’elle avait fini par accepter, après avoir lutté pendant longtemps comme cet aspect de sa personnalité ; mais il lui était intrinsèque, aussi indivisible qu’une âme. La nature profonde de quelqu’un ne pouvait être changée.

C’était sans aucun doute la raison de tous les actes qu’elle avait accomplis lors des quarante-huit heures qui avaient précédées ce moment. Risquer la vie de Blaise en modifiant sa mémoire, lui tisser des mensonges à la place de ce qu’ils avaient partagé le 14 février ; affronter la chasse aux Sang-Pur que Carwood avait initiée, dissimulant encore une vérité qui ne serait jamais bonne à révéler ; s’interposer entre deux belligérants pour réussir à sceller une alliance avec Yvain Gallant avant que Blaise ne la brise avec violence. Tous ces actes avaient un sens, lui permettaient de protéger des personnes si chères qu’elles avaient toujours eu une place qui ne pouvait être occupée par qui que ce soit d’autre – mais Drago était en train de leur ôter leur sens alors qu’il leur crachait son ingratitude comme s’il s’agissait d’un poison dont il tentait de se débarrasser.

Et son port se raidit ; et ses membres se crispèrent ; sa mâchoire devenait douloureuse de s’être serrée trop brusquement. Les rougeurs qui naquirent sur sa peau laiteuse étaient semblables à des écailles ; sa fureur embrasait tout – c’était une colère latente depuis qu’elle avait reçu cette lettre, qu’elle était parvenue à discipliner car elle comprenait pourquoi il faisait ça. Mais les paroles qu’il leur jetait au visage, ses tentatives de leur faire comprendre qu’il était le plus à plaindre comme s’il s’agissait d’un concours qu’il serait glorieux de remporter – elle ne le comprenait pas.

« Tu me crois donc assez stupide pour te proposer une échappatoire sans aucun plan pour la soutenir ? » feula-t-elle, indignée, embrasée par ce sentiment d’injustice. « Je pensais à un Fidelitas pour ta mère, et je sais déjà qui pourrait le jeter – et qui porterait le secret. »

Rowan le lancerait, bien sûr. C’était le seul en mesure de le faire, le seul en qui elle aurait confiance – une confiance aveugle, qui lui permettait d’envisager de lui confier sa propre vie. En un sens, elle l’avait déjà fait en lui confiant Astoria. Quant au gardien du secret… Une fois que, parmi les proches de Drago, on retirait de l’équation ceux qui étaient liés aux Mangemorts et ceux qui ne savaient pas se taire, il ne restait qu’une personne pour porter ce fardeau – toujours la même.

« Et sinon, explique-moi, car cela m’intéresse grandement »
reprit-elle d’une voix gagnée par l’acidité. « Tu pensais réussir à franchir les protections de Poudlard à balais ? Vraiment ? Car je t’aurais bien proposé de te faire échapper de l’école demain en profitant de la confusion du départ officiel en vacances, dissimulé sous ma cape d’invisibilité – mais je ne sais pas, peut-être qu’il s’agit encore de ma pitié envers toi. »

Les picotements – les picotements qui embrasaient la pulpe de ses doigts depuis qu’elle avait perdu le contrôle face à Blaise – ils devenaient douloureux. Elle sentait cette magie qu’elle avait toujours eu du mal à contrôler tenter de s’échapper, trop accumulée, trop malmenée depuis des mois – elle la sentait exsuder des pores de sa peau, profiter de l’armure qui se craquelait, s’engouffrer dans les fêlures qu’elle pouvait trouver. Sa magie lui échappait en vagues si brutes qu’ils devaient la ressentir, eux aussi – mais ce n’était pas important.

Ce qui était important – c’était qu’elle avait toujours tenté de satisfaire tout le monde avant elle-même, de se plier aux exigences qu’ils faisaient tous peser sur ses épaules, parfois sans s’en rendre compte. Même Blaise avait fini par lui en imposer, lui aussi, et qu’elle ne pouvait pas même lui en vouloir puisqu’il ne s’en souvenait pas, qu’il avait fait ça pour elle ; elle les avait toujours portées avec fierté, elle les avait toujours supportées avec la force qu’ils s’attendaient tous à voir.

Mais aujourd’hui – aujourd’hui, Daphné se rendait compte qu’elle ne pouvait plus porter tout cela. Qu’elle n’avait pas l’obligation de le faire.


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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptyDim 21 Fév 2016 - 23:27

Drago se braquait tout-à-fait à présent - il se trouvait acculé, après tout ; et, oh, ils avaient définitivement eu cette conversation, déjà. Courroucé, Blaise accueillait les saillies de son meilleur ami avec impatience ; et les muscles de sa mâchoire ondulaient, tendus, par le dessous de sa peau lisse alors qu'il accusait ses reproches ; c'était là l'effet d'une frustration lasse, d'un orgueil froissé. Et puis, peut-être, de la résignation - car il s'y était engagé, quelques semaines auparavant : il ne supplierait pas Drago Malefoy. Et Drago Malefoy ne désirait pas être supplié, pas même convaincu : car Drago Malefoy n'avait rien demandé à personne.

« Putain, Drago », feula-t-il alors dans un geste de contrariété - sa bouche ourlée dans un air d'impatience.

C'est parce qu'ils en avaient déjà parlé -- à l'occasion d'un échange un peu belliqueux, fielleux de rancoeur et étouffé par une pudeur curieuse -- que Blaise n'insistait pas davantage ; et si Daphné s'enfiévrait, impérieuse et empourpré, électrisée par la hargne, ce n'était plus son cas.  Offensé, il rejetait les épaules en arrière ; et son visage offrait l'expression de l'agacement ; et puis de l'arrogance, celle dont se drapent les adolescents crânes, pétris d'assurance, qui se trouvent soudain démunis de façon implacable.

La discussion était laborieuse, et gagnait en hystérie ; s'avivait, à la façon de ces feux de forêts qui dévorent frénétiquement les arbres lors des étés trop chauds - il suffit du crépitement d'une brindille, rien d'autre que ça ; et il avait vu parfois des forêts de châtaigniers embrasées, étouffées par les volutes noires et compacts d'un brasier, déchirées par des flammes pourpres et dorées, ondulantes, comme liquéfiées -- après quelques heures il n'en restait rien d'autre qu'une terre noire depuis laquelle s'extirpait les ramures défoncées des arbres noirs, disséminées comme les os brisés d'un squelette calciné.

Et les suggestions crachées par Daphné, l'architecture de son plan minutieux, ce projet alambiqué, tissé consciencieusement en secret, à l'insu du monde, semblait soudainement vain à Blaise, en dépit du sérieux avec lequel il semblait avoir été élaboré. Lui n'avait pas l'obstination indéfectible des poufsouffles ; son duveteux pull de vigogne offrait l'insigne ciselée de la maison Serpentard, dont l'argent moirait avec l'intensité d'une pierre humide dans la lumière crue des vestiaires.  

Oh ! L'alcôve souterraine de la maison Serpentard : décadente ; similaire à un foyer qui aurait été saccagé, ou en instance de l'être. Encombrée de valise, et vidée de ses occupants - à la façon dont certains animaux fuient la tempête ; de serpents qui se sauvent d'un nid que l'on cherche à étouffer depuis l'extérieur.  

«  C'est bon, Daphné », dit-il finalement ; « Laisse. »

Il avait posé son regard sur elle, d'une façon qui mâtinait la connivence à la prudence - ou bien était-ce la gravité ? (Car les yeux de l'héritière Greengrass flamboyaient, féroces et intenses; presque mystiques !)
L'expression impassible qu'il offrait à Drago alors qu'il se détournait vers lui n'était pas différente ; il s'agissait après tout de ses deux amis les plus proches ; leur peau nacrée et leurs chevelures opalines auraient pu être ceux de frères et soeurs.  

« Gallant te cherchait aussi, tout à l'heure », expliqua-t-il ; « Il était nerveux. » il feignait la désinvolture ; il s'agissait pourtant aussi bien d'une confession revêche que d'une question. Elle signifiait que comptes-tu faire seul ?
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptyLun 22 Fév 2016 - 12:20

Non, Drago ne pensait pas Daphné stupide. Il avait juste oublié qu’il l’était. Il se prit la violence de ses mots en pleine face, et il ne l’avait vraiment pas volé, il le savait. Il avait été infect et il l’avait fait exprès. Résultat : Daphné était réellement en mesure de l’aider, mais le ferait-elle seulement ? Drago avait particulièrement bien réussi son travail de sape.

Parce que non, il n’avait pas pensé au Fidelitas pour sa mère, même s’il refusait toujours de l’abandonner pour quitter le pays. Cela dit, profiter de la confusion du départ… Une cape d’invisibilité… Le plan de Daphné était bien pensé, contrairement au sien. C’est vrai qu’on pouvait oublier que Poudlard était toujours sous protection, malgré l’absence de Dumbledore, et qu’un balai seul ne suffirait pas à les traverser… La mine de Drago se vida de toute agressivité pour n’afficher que du remords. Il avait presque envie de lui avouer que tout ce qu’il avait dit n’était qu’un tissu de conneries, que son amitié était quelque chose de précieux — quoique dangereux vu les circonstances actuelles — et qu’au final, il avait bien besoin d’aide. De son aide.

Mais Drago était trop fier pour son propre bien.

Et Blaise… Blaise venait de faire exploser l’éléphant dans le salon. Yvain. Alors il n’avait pas accepté cette lettre injurieuse sans rien dire non plus. Il le cherchait, sans réussir à le trouver… Merde. Drago se sentait sourire, et ne se retint qu’un millième de seconde trop tard. Qu’est-ce qu’il foutait ? Qu’est-ce qu’il lui avait pris de faire ce qu’il avait fait ? Tiraillé entre la sagesse de Daphné qui commençait cruellement à l’atteindre et la culpabilité qui le rongeait et le poussait à continuer dans cette direction sûrement erronée comme un bélier psychotique, Drago eut un long moment de silence. Il était perdu. Totalement perdu. Cela dit, il savait une chose, c’était ce qu’il ne voulait pas.

— Je peux pas aller en Italie. Il faut que je rejoigne ma mère.

Il s’accrochait à cette idée comme si plus rien d’autre n’avait d’importance : peu importe où il serait, il fallait qu’il y soit avec elle. Drago faisait confiance à Rowan, bien sûr, mais pourrait-il lui confier sa mère, en sachant qu’elle serait la génitrice d’un déserteur, en plus d’être l’épouse d’un incapable ? Le poids serait si lourd qu’il risquait de l’emporter lui aussi… Non, il allait devoir s’en sortir seul, ou pas du tout.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptyMar 23 Fév 2016 - 4:29


Depuis qu’elle s’était mise à écrire à Siobhan, Aldabella avait eut l’impression de mieux dormir. Ne serait-ce que la veille, elle avait enfin réussi à ne pas se réveiller de la nuit, chose qu’elle n’avait pas fait depuis des semaines. Mais en cette soirée de fin mars, il fallait croire que sa bonne étoile l’avait délaissée. Elle s’était encore fait dérangé par ces horribles rêves, ces cauchemars qui la hantaient depuis quelques temps. Cependant, plutôt que de suffoquer au réveil comme elle le faisait normalement, son esprit avait semblé être vide. Vide d’anxiété, de craintes et de honte.

Malgré tout, la rouge et or n’avait plus aucune envie de fermer l’oeil. Assise dans son lit, éclairée par la simple lueur qui émanait de la lune, elle balayait le dortoir du regard. Son manuel de potions était posé sur sa table de chevet et, la sage décision aurait été d’en faire la lecture, en bas, dans sa salle commune. Mais la Gryffondor n’avait aucune envie d’être sage ce soir. Ainsi, elle s’enveloppa dans sa cape et, sans un bruit, quitta la tour des Lions et s’aventura dans la nuit, comme elle avait maintenant l’habitude de le faire.

C’était le printemps, désormais. Le temps devenait de plus en plus doux, les journées s’allongeaient et surtout, les vacances approchaient. Il était convenu qu’Aldabella retourne chez son grand-père durant cette période de repos et, malgré le fait que l’Irlande lui manquait énormément, il fallait dire que quitter Poudlard ne l’enchantait pas vraiment. Mais après tout, c’était une merveilleuse occasion pour s'entraîner au vol et aux sortilèges, avec son aîné comme mentor.

Le silence régnait dans toute la cour, du parc jusqu’au terrain de Quidditch, en survolant le lac et en s’infiltrant dans les arbres. Même le vent s’était tût. Il n’y avait que le bruit des pas de l’adolescente qui venait briser cette atmosphère tranquille. Aucun son, aucun mouvement. Rien que de la quiétude.

Profitant toujours de ce décor sans bruit, c’est avec surprise qu’Aldabella distingua deux ombres en mouvement, deux silhouettes humaines dans la nuit. Qui étaient-ils ? Que faisaient-ils dehors à cette heure de la nuit ? Sans savoir s’il s’agissait de la bonne ou de la mauvaise décision, la jeune préfète ne put s’empêcher des les suivre de loin, visiblement intriguée par ces inconnus. Lorsqu’elle les vit entrer dans les vestiaires du stade, après quelques minutes de poursuite, la rouge et or se cacha autant qu’elle le put en s’approchant à petits pas. Elle était suffisamment près d’eux pour reconnaître le visage de Daphnée Greengrass et celui de Blaise Zabini.

« Zabini… »

Ce garçon, bon sang, elle ne pouvait pas le sentir. Il avait cette manie de chercher des problèmes aux Gryffondors et, plus d’une fois au long de sa scolarité, Aldabella avait eu affaire à lui. Si le mot problème devait avoir une figure représentative, ce serait celle du vert et argent.

Lorsque les deux Serpentard furent à l’intérieur, l’adolescente fixa les vestiaires, se disant qu’au fond, il valait mieux pour elle de s’éloigner. Elle n’avait aucune idée de ce qu’ils comptaient faire là-dedans, mais elle n’avait certainement aucune envie de voir ça.
C’est lorsqu’une troisième voix s’éleva qu’elle changea d’avis. La voix enragée, tourmentée de Drago Malefoy explosa, voyageant de la petite pièce jusqu’aux oreilles d’Aldabella.

À cet instant, elle aurait dû partir, s’enfuir. Mais elle n’en fit rien, au contraire. À pas de loup, la jeune fille s’approcha ses vestiaires, jusqu’à être carrément collée contre le mur.

« Je vais avoir des ennuis. Tellement, tellement d’ennuis. »

Mais ses pieds refusaient de bouger. Elle écoutait sans vraiment comprendre, faisant des liens avec sa précédente conversation avec l’héritier Malefoy, quelques semaines plus tôt. Elle ne saisissait pas tout et n’était pas certaine si c’était une bonne chose, ou non. Mais les parcelles de conversation qu'elle discernait ne lui disait absolument rien de bien.

Lorsque Zabini ferma la porte, Aldabella crut qu’il s’agissait de sa chance. Elle pouvait déguerpir avant qu’il ne soit trop tard sans être vue, ni même entendue. C’était l’occasion parfaite pour partir de là.

Mais elle ne fit que s’approcher d’avantage.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptyMar 23 Fév 2016 - 21:34

Ce fut la voix de Blaise qui la força à s’extirper de cette brume qui l’avait habillée sans même qu’elle n’y prête véritablement attention. Car il lui demandait de laisser tomber – et, si elle n’avait jamais été capable de laisser tomber quoi que ce soit, l’expression défaite qui prenait le pas sur les traits de Drago la força à ne pas insister, à tenter de discipliner les tumultes que sa magie semblait subir, éprouvée par le manque de maîtrise qu’elle avait eu sur elle ces deux derniers mois.

Elle se détourna de lui, frustrée par l’impuissance qu’il lui faisait ressentir, agitée par le pressentiment qui commençait à s’infiltrer peu à peu en elle – qu’il ne les laisserait pas l’aider, qu’il porter son fardeau seul jusqu’au bout. Et c’était quelque chose qu’elle se trouvait forcée d’accepter, puisqu’elle n’aurait pas agi différemment – puisqu’elle ne le forcerait pas à accepter une protection qu’il ne désirait pas. L’enfermer d’une quelconque façon était impensable.

Les paroles de Blaise, évoquant Gallant sans la hargne qui l’habitait habituelle, et la réponse de Drago ne firent que conforter cette impression, la pousser à inspirer profondément – et, dans un sens, à accepter sa défaite. Enroulant nerveusement une mèche de cheveux autour de son doigt, la gonflant inutilement, détruisant la netteté des boucles, elle finit par soupirer en se retournant finalement vers son ami d’enfance, son visage figé dans une neutralité forcée, douloureuse.

« Je comprends. »


Et elle comprenait, finalement, la logique de Drago. La famille avant tout – et tous savaient à quel point c’était important pour les Malefoy. Sa main rejeta sa mèche en arrière, agacée, alors qu’elle traversait les quelques mètres qui les séparaient avec toute la dignité dont elle était capable ; et qu’elle enserra Drago de ses bras en dépit de son malaise à l’idée d’enlacer quelqu’un, d’avoir un de ces contacts affectueux qu’elle n’appréciait pas. Mais c’était une situation particulière, un au revoir. Il n’y avait pas besoin de posséder des dons en divination pour se douter qu’ils allaient sans doute être séparés pour la première fois depuis des années, qu’ils allaient prendre des chemins qu’ils ne pouvaient prédire, dont ils ne pouvaient savoir à l’avance s’ils se recouperaient un jour.

Car Daphné devait aller en Italie. C’était quelque chose qu’elle n’avait pas souhaité refuser à Blaise, et qu’elle ne pouvait refuser à son père, quelques semaines plus tard, alors que son nom était cité d’une funeste façon dans les colonnes de la Gazette et qu’il tentait par tous les moyens en sa possession de la protéger, de la tenir à l’écart de la guerre. En dépit de ces battements, pourtant, qu’elle entendait parfois – mais ce n’était pas important. Ce qui était important, songea-t-elle en rompant leur étreinte si gauche, son regard brun se liant avec insistance à celui de Drago, était la loyauté.

Elle s’apprêtait à lui faire jurer de la contacter en cas de problèmes, de lui donner des nouvelles, et encore beaucoup de choses pour tenter de se rassurer – mais elle savait qu’il ne le ferait pas. Elle se contenta donc de presser son épaule avec sa main gauche, crispant la mâchoire, et de briser définitivement leur proximité en se reculant, laissant la place à Blaise, se glissant à nouveau dans son port altier qu’elle n’aurait peut-être jamais dû abandonner.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptyJeu 25 Fév 2016 - 23:06

Drago cillait à la mention de Gallant - semblait-il. Blaise n'en était pas certain, malgré la lumière crue du vestiaire : éblouissante, elle était énervante comme l'insomnie. Au spectacle de son étreinte un peu maladroite avec Daphné, Blaise fronçait la courbe orgueilleuse de ses sourcils comme s'il eut été embarrassé par la solennité du geste ; un au revoir un peu sinistre.

La réalisation, plus perfide que la morsure du cobra, était celle-ci : le dortoir de sixième année allait être tout-à-fait vide, lors de la rentrée suivante. Vidée de ses affaires comme de ses occupants : car il ne s'y trouverait pas plus Drago Malefoy que Vincent Crabbe ou Gregory Goyle - ces butors frustres aux silhouettes épaisses et aux gestes lourds, obtus, qu'il aimait à railler.  

Il savait aussi que Daphné Greengrass ne devait pas revenir à Poudlard, après les vacances d'avril.

Tout ce vide : c'était une chose étourdissante.  

« Ça se passe comme ça, alors ? » s'enquit-il, et le sourire sur sa bouche était agacé alors qu'il pressait machinalement les paumes de ses mains contre ses paupières.

Il ne s'agissait pourtant pas d'un rêve en dépit de l'heure tardive, dans ce moment secret où ils auraient du s'endormir au sein de leurs dortoirs pour une fois ultime. Et s'offrir au sommeil avec la désinvolture de l'adolescence.

Mais une telle chose n'était pas arrivée depuis longtemps. A aucun d'entre eux. Il était minuit, une heure du matin, deux heures du matin parfois, et lorsqu'il se détournait, dans la pénombre émeraude que la profondeur du lac offrait au travers de ses ondoiements paisibles, semblables à des mosaïques, il semblait à Blaise qu'au travers du drapé des baldaquins, le lit de son meilleur ami était déjà vacant.    

Mais ils n'étaient plus des adolescents - des enfants rencontrés au détour d'une réception fastueuse, harponnés par leurs parents drapés de costume de laine vierge et de robes de soie. Difficile d'imaginer que cet homme altier à la chevelure nacrée qui se présentait comme Lucius Malefoy verrait estampillé sur la Gazette son visage émacié ; que le port rigoureux qu'offrait de son corps Scarlett Greengrass serait brutalement brisé sur le pavement enneigé d'une rue de Pré-au-Lard, dans le ruissellement poisseux de son sang.

(Parallèlement, Diane Zabini collectait les alliances à l'instar de la plus intrépide des pie voleuse. Drapée de vison duveteux. Lors de ces soirées mondaines elle était celle dont le sourire fardé de rouge-à-lèvre écarlate attirait les regards. Car elle était connue pour sa beauté, et puis pour toutes les autres choses.)

Il le considérait sans ciller alors que Daphné s'effaçait pour lui offrir la proximité de Drago : il s'y engouffrait avec résignation et puis même aisance, car il ne souffrait pas du maintien guindé que se devait d'observer l'héritière Greengrass ; et une telle étreinte était naturelle, facile, comme lui avait toujours semblé son amitié avec Drago --- avant que cela ne soit plus le cas et qu'il ne mûrisse des questions et puis des doutes et puis ça, le gâchis terrible de ce soir de mars. Et si leur précédent échange sur un sujet aussi éthéré que l'avenir et les responsabilités qu'aurait à y tenir Drago Malefoy s'était achevé sur une sentence désinvolte - fais ce que tu as à faire - Blaise avait compris le caractère implacable de son choix, contre lequel s'enfiévrer était vain.

(mais ce n'était pas tout-à-fait un choix.)  

« Fais attention à toi. » , offrit-il alors qu'il quittait sa proximité.



Dernière édition par Blaise Zabini le Mar 1 Mar 2016 - 21:00, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptySam 27 Fév 2016 - 7:19

Avait-il malgré lui déjà choisi son camp ? Avait-il inconsciemment rangé ses amis dans un ordre de préférence aussi inique qu’arbitraire ? Pourquoi ne pouvait-il pas accepter d’être aidé par Daphné & Blaise, tout en se languissant des plans retors mais pas forcément plus fins, subtils ou géniaux que ceux de Mademoiselle Greengrass ? Quelle était la faille dans son système ? Drago se détourna de ces questions, jouant nerveusement avec ses lunettes de protection qu’il tenait encore entre ses doigts. Il faisait peut-être une erreur aujourd’hui. Il en avait fait des tonnes, et il ne cesserait sûrement d’en faire avant longtemps, à moins que le jour ne vienne, plus tôt que tard, où il ferait l’erreur de trop. Cette nuit, finalement, ce n’était qu’un faux-pas de plus. Pas de quoi en faire une citrouille. C’est ce qu’il aurait aimé se dire, alors que Daphné jetait l’éponge. Son “Je comprends” n’était que la confirmation de son échec, de son impuissance à sortir Drago de l’océan de merde dans lequel il se noyait. Elle & Blaise étaient incapables de l’aider, incapables de le sauver, même de lui-même.

Qu’avait-elle d’autre à lui offrir qu’un câlin maladroit en forme d’adieu ? Pas grand-chose. Drago accepta cette étreinte qui lui nouait les entrailles et obstruait sa gorge, retenant du mieux qu’il put les larmes qui venaient cogner derrière ses pupilles d’acier. Ils ne se reverraient probablement pas, ou alors pas avant un très long moment. Drago n’y croyait plus vraiment. Son espérance de vie tendait dangereusement et surtout beaucoup trop vite vers le zéro, ses minutes s’égrenant comme les grains d’un sablier brisé qu’il ne servirait à rien de retourner une fois qu’il serait vide. Une larme renégate lui échappa, trahissant à la fois son cœur et sa raison : même lésés par une pyramide affective injuste, Daphné & Blaise restaient ses amis, et Drago se prit à regretter de ne pas leur avoir écrit la vérité.

Daphné se déroba à ses bras, laissant Blaise lui dire au revoir avec une aisance et une proximité qu’elle n’avait pas. Les deux meilleurs amis se tapèrent dans le dos, se serrèrent fort avant de se quitter définitivement. C’en était terminé.

— Vous aussi.

Quelques paroles étranglées pour répondre au souhait de Blaise, une consolation bien maigre quand on savait pertinemment que Drago était le moins doué du monde pour faire attention à lui, ou à qui que ce soit d’autre. Il allait seul porter le poids de son nom, de ses erreurs et de celles du reste de sa famille, en espérant que son sacrifice ne sera pas vain. C’était le seul souhait qu’il avait, alors qu’il restait près de son casier, immobile, attendant que Daphné & Blaise disparaissent de l’endroit.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  EmptyLun 29 Fév 2016 - 10:42


La conversation se faisait tellement pesante à l’intérieur, tellement lourde. Lourde, à cause du silence qui venait et partait comme bon lui semblait. Lourde, à cause de l’atmosphère de tristesse et de douleur qui régnait. Lourde, à cause des mots prononcés par Drago dans le parc, quelques semaines plus tôt, qui prenaient tout à coup tellement plus de sens. Lourde, dans tous les sens du terme.

Mais peu importait ce que signifiaient ses précédents dires ; les paroles qu’il échangeait à cet instant avec Daphné et Blaise étaient les seules qui comptaient vraiment. Qu’importait les raisons qui le poussaient à partir, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Au diable ceux qui le cherchaient. Que brûlent en Enfers ceux qui provoquaient cette séparation. Car, de l’autre côté de la porte, bien que cachée, Aldabella sentait toute la détresse de ces adieux. Elle ne connaissait pas vraiment ces Serpentards et le départ de l’héritier Malefoy ne la blessait assurément pas autant qu’elle pouvait détruire ses deux amis. Mais malgré tout, cette empathie maladive que possédait la rouge et or prit le contrôle de ses sentiments ; tranquillement, au rythme des mots qui s’ajoutaient, elle sentit son coeur se serrer. C’était d’abord un petit pincement mais, plus ils parlaient et plus elle avait cette douleur dans la poitrine.

Et peu à peu, ce fut la culpabilité qui emplit son corps. Elle n’avait rien à faire là. Ces adieux étaient réservsés au trio. Et elle, elle n’en faisait pas partie, et c’était tout à fait normal. Elle serra sa cape au niveau de sa poitrine, comme pour arracher son coeur douloureux et jeta un dernier regard à la porte fermée. Du bout des doigts, elle l’effleura doucement comme pour, elle aussi, offrir ses au revoirs à Drago.

« Bonne chance. Ça ira pour toi, j’en suis certaine. » souhaita t-elle en pensées.

Aldabella recula du vestiaire et l’observa un instant, d’un regard à la fois inquiet et triste, tellement triste. Puis, les lèvres pincées, elle tourna les talons, bien décidée à gagner le château avant les autres. Elle fit quelques pas rapides, accélérant de plus en plus pour ne pas se faire prendre mais, à peine avait-elle franchit quelques mètres qu’un obstacle vint se glisser sous ses pieds. Sa cape. Sa stupide cape.

La chute fut rapide, tellement rapide que la pauvre fille en cria de surprise. En un instant, elle se sentit glisser vers le sol. Elle tenta de reprendre son équilibre mais personne ne pouvait gagner contre la gravité. Elle atterrit donc durement sur son avant-bras et le choc traversa son corps en entier, jusqu’au bout des orteils. Mais la douleur n’était rien face à la frayeur qu’elle éprouvait désormais ; elle avait hurlé et Dieu savait qu’une telle exclamation n’était pas tout à fait discrète.

La Gryffondor se releva en frottant ton avant-bras de sa main valide et avança à reculont vers le château, ne pouvant décrocher son regard de la porte du vestiaire. La porte qui ne devait pas s’ouvrir.
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