[EVENT] Le centre de traitement de la dragoncelle

Comme tous les matins, Mélina avait décidé de faire un petit footing matinal dans les environs de l’université afin de se réveiller. Cependant, la jeune étudiante avait passé une nuit difficile n’arrivant pas à dormir à cause de sa température corporelle qui s’était amusée à monter et baisser ne la laissant pas une minute de répit. La forme étant loin d’être au rendez-vous, elle espérait que son footing matinal la remettrait sur pieds avant d’attaquer son premier cours de la journée.

A peine était-elle sortie du bâtiment qu’elle eut les oreilles qui se mirent à siffler et sentit sa tête tourner. Elle s’assit un instant, le temps de récupérer le contrôle de son corps. Une fois qu’elle eut récupérée, elle se mit à courir en direction de la rivière. Habituée dès son plus jeune âge à travailler dans les champs même malade, ce n’est pas une petite fièvre qui allait la mettre KO.

Toutefois, en longeant la rivière, elle frissonna à plusieurs reprises et eut plusieurs fois envie de vomir. Voulant faire une pause pour récupérer un peu d’énergie, elle s’approcha de la rivière et s’aspergea le visage avec l’eau gelée qui en provenait en se tapotant les joues. La nausée ne passant pas, elle s’allongea sur l’herbe froide et humide pour se reposer quelques minutes avant de reprendre le chemin de l’université. Une fois couchée, elle eut l’impression que le ciel tournait autour de ses yeux. Plaçant son bras sur ces derniers dans le but de temporiser cette sensation, elle décida de s’endormir un bref instant avant de se remettre en route.

Apparemment sa mini sieste avait durée plus de temps qu’elle ne le pensait puisqu’à son réveil, elle fut complètement désorientée. L’herbe froide s’était matérialisée en un lit moelleux et le paysage en une pièce joliment décorée. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu’elle se trouvait dans un endroit inconnu. Ne sachant pas comment elle s’était retrouvée là, l’angoisse commença à l’envahir et elle se gratta machinalement le bras droit à présent bourré de petits boutons ce qui l’a dégoutta.

Voulant identifier plus sérieusement où elle se situait et comment elle était arrivée en ce lieu, l’étudiante entreprit de se redresser dans son lit. Or, son corps refusa de suivre et la rabattu contre le matelas. La pièce se mis à tournoyer une nouvelle fois devant ses yeux qu’elle ferma. Elle ferait son enquête plus tard. Pour l’instant, incapable de se lever, elle s’installa sur le ventre, laissant sortir une jambe de la couverture, plaça sa tête et ses bras sous l’oreiller. Il fallait qu’elle récupère avant  d’inspecter les lieux.

Préférant habituellement laisser son corps se soigner tout seul,  Mélina avait eu du mal à accepter de prendre le traitement préconisé. Ce n’est que le soir, après être sortie de sa énième sieste, qu’elle ne regrettait pas d’avoir pris les médocs. Se sentant apte à se lever et frustrée d’avoir passé une journée à dormir, l’étudiante sortie de son lit et appuya sa main contre le mur le plus proche pour se soutenir et estimer sa capacité à tenir sur ses jambes. Elle eut une sensation d’humidité dans sa main et tourna la tête vers le mur. Celui-ci était couvert de gouttelettes d’eau. Elle fit glisser sa main sur le mur comme pour l’essuyer avant de la retirer.

Elle tressailli de froid, la sortant ainsi de sa réflexion. Cherchant un moyen de se réchauffer, elle tira sur la couverture posée  sur le lit pour se couvrit les épaules et la tête avec. Déterminée à quitter cette chambre et arpenter les lieux, elle se dirigea d’un pas résolu vers la porte. Sa main sur la poignée, elle se stoppa dans son action. Des cris et lamentations avaient attisé son attention. Elle se précipita à la fenêtre pour en déduire la provenance. Écarquillant à présent les yeux de stupeur, elle observait un navire faire escale sur le rivage et en débarquer des individus plus ou moins étranges. Voulant être sûre de ne pas être victime de visions, elle s’éloigna de la fenêtre pour s’emparer une de ses chaussures posées non loin de son lit pour la lancer sur ces personnes. Mais lorsque elle prit de nouveau la direction de la fenêtre, les cris se furent plus intenses.

Partagée entre curiosité et angoisse, elle prit l’initiative de mettre ses chaussures plutôt que de les balancer par la fenêtre avant de sortir, toujours la couverture sur la tête, dans le couloir dans l’espoir de trouver d’autres personnes dans son cas.

Commençant à peine à errer dans les couloirs, en respirant bruyamment pour ne pas céder à la panique, elle sursauta en entendant un hurlement qui n’avait rien à voir avec les autres cris qui lui cassaient jusqu’alors les tympans. Elle fit retomber la couette sur ses épaules et chercha la force de courir en direction du cri. Peut-être que quelqu’un avait des problèmes ? Elle n’en savait rien, ni même si elle pourrait l’aider si ces trucs qui venaient de débarquer sur la rive attaquaient un patient.

Elle n’eut pas longtemps à chercher pour trouver l’origine du hurlement. Une autre étudiante avec les mains sur les oreilles traînait aussi dans les couloirs. S’approchant de l’étudiante bien qu’elle soit de dos, Mélina était persuadée d’avoir déjà croisé plusieurs fois la demoiselle dans la salle commune des phénix. - Bon, au moins on est deux dans cette galère. Pensa-t-elle - à présent à la hauteur de sa camarade, Mélina posa sa main sur l’épaule de l’étudiante pour lui signaler sa présence.

- Hé, cris pas comme ça, tu m’as fait peur. –Elle lui adressa un sourire amical puis tourna la tête vers le couloir qu’elle venait d’arpenter et poursuivi d’un air sévère – en plus tu risques de les attirer. 

Les braiements ne cessaient de s’amplifier. Ce qui fit frissonner Mélina. Mais il était hors de question de laisser la panique s’installer. Elle dévisagea la phénix en replaçant sa couette sur la tête comme pour avoir une protection psychologique.

- Je pense pas que c’est une bonne idée de rester dans le couloir. Tu as vu les gens qui ont débarquaient sur la rive ? Et puis ces cris… – elle se tue comme pour écouter les hurlements qui lui perçaient les oreilles. – Tu ne veux pas qu’on aille dans un endroit disons, moins à découvert?

Trop occupée à regarder autour d’elle, Mélina n’entendit pas les explications que la phénix lui donnait. Le mot « baguette » fut cependant un déclencheur qui attira l’attention de la brune. Lâchant brutalement sa couverture qui tomba au sol, elle tâta machinalement sa taille pour chercher sa baguette.

- Crotte de troll ! J’ai dû la laisser dans la chambre. Faudrait qu’on y repasse oui. 

Elle examina rapidement son accoutrement. Elle n’avait pas réfléchit avant de sortir de la chambre à son apparence.

- Avec toute l’agitation qui règne dans le coin, il est vrai que j’en ai oublié de mettre un pantalon. Et toi en chaussettes, tu ne veux pas mettre des chaussures ou quelque chose qui te protégera les pieds si on doit courir? 

Encore une vague de hurlements se fit entendre, sans relever la réflexion sur les anglais, Mélina commença à prendre le chemin qu’elle venait de parcourir afin de retourner vers sa chambre. Elle se retourna pour écouter les dernières paroles de l’étudiante.

- Le comte? Qu'est-ce-qu'il a fait? Quoi que, oublie ma question, on a pas le temps d'en parler je crois..

Ressentant la fatigue de sa course précédente, elle bailla en invitant l'étudiante par un geste de main à la suivre.

- Ma chambre est par là. Comme tu l’as dit, avant quoi que ce soit il me faut ma baguette - elle ajouta dans un murmure - et peut etre un pantalon aussi….  On a qu’à ouvrir les portes des chambres qui se trouvent sur notre route en y allant, comme ça s’il y a des étudiants on les embarque avec nous. 

Sur ces paroles, comme pour ajouter du poids à ses propos, elle ouvrit la porte d’une chambre qui était non loin d’elle.

Pas de réponse. Elle aurait aimé entendre rien d’autre qu’un oui ou juste le silence après sa question. Mais ces hurlements… Elle n’en pouvait plus d’énervement. Elle avait envie de foncer vers l’origine du bruit et de leur dire de se taire. Mais sans baguette c’était loin d’être une bonne idée. Sentant le froid sur ses épaules, elle s’emmitoufla à nouveau dans sa couverture. Un tressaillement d’anxiété la submergea, fermant brièvement les yeux, elle se mit en route avec l’autre étudiante en rigolant nerveusement.

- Ça se trouve on est victime d’une hallucination collective. Ou ils se sont trompés dans les médocs, et on est drogué. 

Elle avançait avec la phénix dans le couloir. Attendant une réponse de sa part, elle reprit son sérieux et son calme malgré ces saletés de cris qui lui explosaient les tympans.

-  En plus c’est bizarre, comme tu l’as relevé il n’y a pas un seul magicomage dans le coin. 

Tout en marchant, elle ouvrit une autre porte de chambre pour voir s’il y avait un étudiant de réfugier.

Agonie. mot faible qui désigne l’état dans lequel je suis arrivé. Le teint verdatre, comme un vert caca d’oie. Un vert moche, ponctué part des pustules rouges. J’étais vert à pois rouge. L’horreur. Pas besoin de me chercher un costume d’Halloween cet année, j’ai ce qui me faut, et c’est un format cent pour cent naturel ! J’ai envie de pleurer, j’ai peur de garder des marques sur mon beau visage.

Je suis couché dans ce lit, les draps remontés jusqu’au menton, somnolant la plupart du temps. Les médicomages veulent à nouveau me faire boire un truc horrible à l’aspect marron douteux et la simple vue de ce remède me donne la nausée. On me force à boire alors que je tente de refuser. On me le fait boire de force. Ignoble Je réclame ma mère aussitôt au médicomage qui s’occupe de moi, mais j’entends déjà plus sa réponse que je m’endors déjà, nauséeux.

Je fini par me réveiller un peu plus tard, j’ignore combien de temps j’ai dormi, mais je constate que ma peau est toujours verte. Peut-être moins vert caca d’oie. Je me redresse doucement dans mon lit, j’ai la tête qui tourne. La couverture tombe devoilant un T-shirt orange. Génial, j’suis un arc-en ciel à moi tout seul !enfin j’ai pas le temps d’y penser que je me prends la tête dans les mains. Je tremble un peu, je dois avoir p’tre de la fièvre. Je sens c’est foutu pustule sur mon front et je grimace d’horreur. Je dois ressembler a Frankenstein. Je tourne la tête, je suis rassuré, j’suis pas le seul à avoir une sale tronche. Enfin, je me sens quand même mieux que quand je suis arrivé. Je me lève et salue ma partenaire de chambrer. Je vérifie quand même vite fait, et j’ai un survêtement de jogging. Ça va, l’honneur et sauf. la fille blonde est toujours couchée, mais éveillée.

« -Salut, je m’appelle Leo tu vas mieux ? T’es là depuis qu…BWEEEURK » Bon, d’accord. Ce n’était franchement pas la meilleure approche pour faire connaissance de la jeune femme. Je lui avais littéralement vomi dessus. La grande classe quoi. Me rendant compte de ce que je viens de faire, j’écarquille les yeux et m’exclame « je suis désolééébeurkkk »
Rebelotte. Bon, je pense que je devrai m’éloigner un peu par précaution, j’suis pas encore mort mais je peux le devenir.

Je me sens tellement nauséeux, je l’étais pas avant d’arriver là, même malade. Je regarde ma table de nuit, voyant le reste d’une potion que j’ai certainement du boire. Merde, j’suis allergique aux yeux de scarabées et à la valériane & intolérants aux orties, j’espère qu’ils ont rien mis dedans !
Je frisonne. Il fait soudain froid. La fièvre doit revenir, mais je viens de vomir sur le lit de la fille qui ne semble pas avoir apprécié les relans de mon estomac. Je peux pas me recoucher quand même alors qu’elle a du quitter son lit.

« Euh, si tu veux tu peux te coucher à ma place, encore désolé pour le lit. » soufflais-je navré.

Je frisonne encore. Et cet odeur. Elle me pique presque les yeux. Je regarde autour de nous et je me rends comptes que des gouttes d’eaux perlent sur les murs, surtout celui d’en face. Je trouve rien d’autre à dire que :

« Il doit y avoir une fuite d’eau quelques parts… Faudrait leur dire d’aller chercher un plombier… » Pathétique Leo, vraiment pathétique.

Un peu de fièvre, ce n’était pas grave, si ? Elle était surmenée, voilà tout… Entre les cours, les options, les entraînements de Quidditch et son job au Parker’s, il y avait de quoi. Elle s’était réveillée un peu barbouillée ce matin-là, mais elle ne voulait pas croire que ce put être pathologique. Et puis, des cauchemars, elle en faisait souvent, depuis un an. Pas de quoi s’inquiéter, vraiment. Elle avait entendu parler de la dragoncelle, de la quarantaine, mais cela ne la concernait pas. L’idée même de se retrouver à nouveau enfermée lui donnait plus de boutons que n’importe quelle maladie. Avec les moyens du bord, elle prépara une infusion destinée à faire descendre la fièvre, et se prépara pour une journée estudiantine. Elle tiendrait le coup. Une petite fièvre ne l’abattrait pas.

Jusqu’à ce qu’elle manque de tomber évanouie dans les escaliers. Ok, c’était peut-être plus qu’une simple fièvre. A contreoeur, elle était allée voir le médicomage de l’école, qui avait posé le diagnostic tant redouté. Elle avait juste eu le temps de prévenir quelques amis, de fourrer des habits pour une semaine dans son sac (ainsi que son violon adoré, et quelques livres) et s’était rendue à reculon dans le centre de soin. A reculon, et avec peine, la fièvre s’aggravant à chaque pas ; elle s’écroula presque dans le hall, et fut aussitôt conduite dans une chambre où l’attendait un lit. Elle ne s’en releva pas avant le lendemain soir.

Il faisait nuit maintenant. La lumière de la lune dansait sur les murs blancs et aseptisés de la pièce plongée dans le silence, et le roulis des vagues chantait comme une berceuse. Isolde se sentait l’esprit plus alerte que la veille, bien que la brume couvrit toujours ses yeux et que le lit lui sembla un nuage de coton dont elle ne pourrait jamais se lever. Etre malade, aussi pénible que cela puisse être, avait quelque chose de réconfortant quand on l’était chez soi ; elle se souvenait de ses maladies d’enfance, entourée par ses parents qui chantaient ou racontaient des histoires pour la faire rire, tout en embaumant la maison de ses desserts préférés et de chocolat chaud. A Poudlard, lors de ses séjours à l’infirmerie après un match de Quidditch un peu trop violent, elle était rarement seule, et surtout loin de ses coéquipiers qui, tels une famille de subsitution, venaient lui raconter les derniers ragôts et recouvrir ses couvertures de bonbons. Ici, en plus du sentiment de solitude que lui conférait l’endroit neuf, froid et impersonnel, s’ajoutait la méfiance qui la quittait rarement depuis qu’elle avait reposé le pied à Haveirson, trois semaines auparavant. Se savoir enfermée l’oppressait, mettait tous ses sens en alerte. Elle jeta un regard anxieux à la porte fermée. Il faisait froid, soudainement. Elle resserra ses couvertures autour d’elle, ses yeux fixés au plafond, suivant la danse des reflets argentés sur la peinture blanche. Elle souffla profondément pour se calmer. Comme elle craignait ce silence… Le lit à ses côtés était encore inoccupé, et la solitude ne lui semblait que plus pesante. Alors, elle ferma les yeux, se concentrant sur le bruit de la mer pour se détendre un peu, et replonger dans un sommeil réparateur.

Etrange comme le bruit lui semblait proche, soudainement. Elle était pourtant certaine d’avoir fermé sa fenêtre… Elle rouvrit les yeux, tétanisée par l’impression que le bruit venait effectivement de trop près. Elle songea un instant à se blottir sous sa couette et à ignorer le sujet. A n’en plus bouger jusqu’au matin, laissant aux médicomages le soin de se charger du problème. Mais elle se ressaisit. Le peu de courage qu’elle avait gagné au fil de l’année passée la fit se redresser et s’asseoir sur le bord de son lit. Elle n’était plus une enfant.

Lentement, elle se leva, frissonnant au contact de ses pieds nus sur le sol froid. Sa tête tournait atrocement, et elle dut se cramponner à son chevet pour ne pas tomber. Tout aussi lentement, elle enserra sa couverture autour d’elle, et s’avança jusqu’à la fenêtre. Ses chaussons lui semblaient faits de plomb, et elle trotta avec peine jusqu’au rebord où elle s’appuya lourdement.

Un bateau… Sur la plage… Elle crut d’abord à une hallucination ; mais une hallucination tellement réaliste qu’elle lui coupa les jambes et la glaça sur place. Son esprit brouillé luttait avec force pour analyser la situation, mais elle se débattait en vain. Et les ombres disparurent, aussi vite qu’elles étaient arrivées. Elle secoua la tête en réflexe - ce qui eut pour effet de la désorienter encore plus - et retourna s’asseoir sur son lit.

Elle posa un regard horrifié sur la bouteille de potion posée sur son chevet. Est-ce qu’on les aurait… drogués ? Son corps fut parcouru d’un nouveau frisson, puis commença à trembler, sans qu’elle puisse lutter. Tous ses sens étaient réveillés maintenant, même si elle se sentait encore très fatiguée. Les lamentations résonnaient impitoyablement dans son crâne, et elle remarqua avec horreur les gouttes d’eau suintant du mur. Drogués ou pas, quelque chose n’allait pas. Il fallait sortir, sans hésiter. Au diable la quarantaine, la scène ressemblait beaucoup trop à un film d’horreur pour qu’elle y reste une seconde de plus.

Abandonnant sa couverture, elle enfila un pull et son manteau, ainsi que ses chaussures, et se leva, sa baguette serrée dans une main qui ne tremblait plus. Elle s’approcha de la porte à une vitesse infiniment lente, chaque muscle paraissant être fait de coton. Alors qu’elle posait sa main sur la poignée de la porte, un hurlement la glaça de nouveau. Et puis des voix. Des pas et des voix, qui se rapprochaient. Pétrifiée, Isolde vit la poignée de sa chambre tourner. Elle se recula d’un pas, sa baguette levée prête à attaquer.

- Mélina ! Mary !

Isolde lâcha un bruyant soupir de soulagement. Elle s’appuya au mur, reprit son souffle, et regarda les deux jeunes femmes droit dans les yeux.

- Vous savez ce qui se passe ? Vous avez vu quelqu’un ? Vous avez vu ces… ombres ? Sa voix était faible, mais ferme.

Une suite d'images sans son, de sons sans images, d'événements que je peine à décrire. J'alterne entre un état de veille et de sommeil depuis un temps qui me parait une éternité mais qui pourrait tout aussi bien n'avoir été que très court ; je n'ai plus aucune idée de ce qu'est même le temps. J'entends de drôles de choses. Comme s'il pleuvait contre les murs. Des lamentations, des sons bizarres... Un mec qui appelle sa mère à l'aide. Le goût âcre de ce qu'on verse dans ma gorge. La douleur aigüe, la peau qui brûle, chaque centimètre de mon corps qui semble vouloir s'enflammer.

J'ai passé de meilleures nuits.

Et finalement j'émerge. J'arrive à garder les yeux ouverts plus de quelques secondes. Je suis réveillée. Mon corps est poisseux, le drap est complètement trempé et j'ai encore des sueurs froides, mais j'ai l'impression d'avoir au moins retrouvé un peu mes esprits. Un peu.

Mes yeux de gemmes se tournent vers un jeune homme qui se rapproche de moi. Je pousse un cri d'horreur devant l'aspect horrible de son visage et j'essaie de me recroqueviller pour le fuir, sans succès. La douleur m'empêche de plier mes membres. Heureusement, quand il parle, je constate qu'il est humain, et j'essaie de me rassurer. Il n'a que la dragoncelle, comme moi. Et mon visage se décompose à l'idée que j'aie le même aspect monstrueux que lui.

Je m'apprête à le saluer et à lui répondre quand...

Oh mon dieu. Vient-il vraiment de me vomir dessus ? Le renvoi intestinal est bilieux, marron, liquide, et extrêmement malodorant. L'acidité de ses substances digestives brûle les pustules qui recouvrent mes jambes et je pousse un cri de surprise et de douleur. J'essaie de me reculer, de me lever, bref, de bouger, mais il vomit une deuxième fois.

Je suis répugnée à un point tel, à la fois par l'odeur, par l'aspect de ce que je vois et par le fais que mon corps entre en contact avec son vomi, que j'ai un haut le coeur à mon tour. Mais c'est la douleur causée par la brulure de l'acidité qui constitue la goutte qui fait déborder le vase, propulsant mes nausées au niveau maximal. Je vomis à mon tour, n'ayant que le temps de me pencher à côté du lit pour que ça tombe par terre. Mes organes se tordent et se tordent encore et quand les spasmes se calment, je relève un visage complètement déboussolé vers lui, les larmes roulant sur mes joues.

- Tu... Tu m'as vomi dessus. Tu m'as vomi dessus... Tu...

C'est con, c'est la seule chose que je parviens à dire. Je suis sous le choc. Je le répète comme une automate.

- C'est dégueulasse...

Et soudain, une première certitude : il est hors de question que je reste une minute de plus dans cette chambre pleine de souillures. Je dois me laver.

- Viens... Sortons d'ici avant de faire un concours vomi.

L'énergie du désespoir réussit à m'extirper du lit et vêtue d'un t-shirt trop grand et d'un short de pyjama, les cuisses encore couvertes de bile, j'attrape le bras du jeune homme et je le tire vers le couloir.

- Mais qu'est-ce que tu baragouinais à propos d'un plombier ? T'es vraiment atteint, toi.

Je pense que si j’avais eu l’intention de la draguer un jour, je venais de ruiner toutes mes chances avec cette fille. Je l’avais fais crié par deux fois en trois secondes ! Un exploit dont je me serais probablement vanté si ça n’avait pas été des cris d’horreurs ! Quoique, je ne pouvais pas dire que je la trouvais ravissante à l’heure actuelle. Sa couleur verdâtre ne lui siérait pas au teint. Nous aurions pu être identifiés à ces petits ogres verts qu’on trouvait dans les contes moldus. J’étais plus trop préoccupé par mon estomac qui faisait des loopings & des vrilles. Puis il faisait froid. L’odeur du sel marin me piquait les narines, comme si les vagues atteignaient la chambre. Sauf qu’il n’y avait pas de vagues ici. Juste l’horrifiante odeur perfide du sel et cette odeur d’humidité qui suintait de partout, comme si la maison avait été bâtie carrément sur l’eau.

Elle aussi vient de régurgiter son estomac sur ses propres draps, et sur elle. Elle est dans un sale était aussi, comme moi. Elle répète plusieurs fois ce que je viens de faire. Dégueuler salement sur elle. Je lui ai pourtant présenté mes excuses. Bon je suis d’accord ce n’est pas correct, mais j’y peux rien si je suis malade. Et puis si elle parle encore une fois de vomi je… BEURRRRRK… vomi. Et c’est horrible. Le contenu de nos estomacs est étalé partout dans la chambre et cette odeur intenable ! C’est juste pas possible. Je sens que je vais tombé dans les pommes. Vite je dois enlever ce T-shirt. Je me retrouve torse nu rapidement, mais je m’en fou. J’ai plus le contenu de mon estomac dessus et c’est toujours plus agréable. Je grelote quand même parce qu’il fait froid. Enfin je crois. C’est peut-être la fièvre qui veut ça.

Elle descend de son lit dévoilant ses petites jambes verdâtres recouvertes de pustules rouges. Définitivement, la dragoncelle ne lui allait pas ! Elle m’attrapa le bras et me traîna avec elle vers le couloir, et je la suivais, docile.

« -On a le droit de sortir tu crois ? » demandais-je d'une petite voix en me tenant le ventre de ma main libre.

J’avais toujours envie de rendre, mais mon estomac se tordait de douleur, vide. Savoir si on pouvait sortir m’importait peu en vrai. J’avais aussi envie de me laver pour ôter cette effroyable odeur.

« -T’as pas vu le mur ? y avait de l’eau sur la tapisserie » ajoutai-je perdu, « un plombier sa sert à gérer les fuites d’eau hein ! » soufflais-je doucement.

On arrive dans les douches. Simple, mais fonctionnelles. Le personnel a pensé à mettre des serviettes, et des savons à disposition ainsi que des pyjamas bleus clairs, de deux pièces, des changes appréciable compte tenu de l’odeur de nos vêtements. Ma camarade d’infortune et moi prenons place dans des douches mis à disposition. Heureusement les douches sont individuelles et isolée, c’est pas trop mal, même si on entends ce qui ce passe dans les autres cabines. Je me déshabille totalement et ouvre les robinets, savourant l’eau qui ruisselle sur mon corps grêlé par la maladie. L’eau me fait du bien, apaise les courbatures même si le bruit de la tuyauterie me dérange un peu. Je vais pas on plus trop faire mon difficile. Je mouille mes cheveux passant mes mains dans ceux-ci, comme pour m’enlever toute trace de souillures. C’est à ce moment la que je sens une différence. L’eau devint un peu compact, et alors que j’ai la tête baisser et les yeux fermés, je les rouvres pour apercevoir la rougeur de l’eau. J’ai un hoquet de surprise avant de regarder mes mains rougeâtres. Je reste quelques secondes interdit, peinant à réagir, puis je lève la tête et je réalise. J’hurle. Parce que y a rien d’autres qui me vient à l’esprit, enfin pas tout à fait. J’hurle et j’ouvre la porte brutalement sortant de la cabine toujours en hurlant. J’attrape aussitôt la serviette que j’avais préparée pour me sécher et enlever le plus rapidement possible le sang qui s’imprègne sur mon corps.

Frisson d’horreur. Je ne pense même pas que je suis nu. Je m’en fou complètement du moment que le sang disparaisse. C’est un vrai cauchemar, ou sommes nous exactement. Je finis par enrouler doucement une serviette autour de ma taille alors que je me tourne en direction de la cabine de douche de ma camarade. Si elle a eu la même chose que moi, et si elle a criait, je ne l’ai pas entendu. Je crois que j’étais trop occupé à hurler pour m’en soucier jusqu’ici…

« - C’était quoi ça ? C’était quoi ce truc ? C’était… C’était… C’est un cauchemar… » Dis-je ne me tournant seulement maintenant vers elle…

Écoutant Mary, un  rictus compétitif se dessina sur le visage de Mélina. Dans un tout autre contexte elle aurait bien défié l’autre phénix dans une course. Même si après réflexion, cette idée était loin d’être bonne, elle se serait certainement cassée la figure en courant connaissant sa maladresse.

Tout en songeant à cela, elle continua d’ouvrir machinalement les portes qui se trouvaient sur leur chemin. Commençant à s’interroger sur l’utilité de s’introduire dans des chambres qui au final étaient toutes plus vides les unes que les autres. Elle allait en faire part à sa camarade lorsqu’en entrant dans une piaule, elle se trouva encore une fois nez à nez à une baguette levée. Fixant cette dernière, le stress refit légèrement surface. Elle se figea un instant. Ce n’est que lorsque sa détentrice évoqua leurs noms que Mélina réalisa que ce n’était autre que leur présidente qui se trouvait en face d’elles. S’apprêtant à râler sur le fait que c’était la deuxième fois qu’elle s’était retrouvé avec une baguette pointée sur le visage aujourd’hui, elle resta muette écoutant la question de la jeune femme.

Sa crainte se dissipant, elle laissa Mary répondre à Isolde et alla à la fenêtre de la chambre pour voir si les embarcations et les ombres étaient toujours présentes. Le noir absolu avait envahi le paysage. Ne percevant plus rien, elle ouvrit brutalement la fenêtre, appuya ses mains sur son rebord et se pencha autant que possible en plissant les yeux cherchant désespérément à discerner une silhouette ou du moins quelque chose étranger au lieu. Décidément, l’obscurité ne lui aurait pas permis de remarquer une tête à un mètre de ses yeux.

Toujours courbée, en entendant d’abord un grognement venant de l’intérieur suivi de  coassements l’étudiante se redressa et tourna la tête vers la pièce. Les lumières qui éclairaient la pièce s’affolaient à présent.

Ecoutant les recommandations de Mary, qui dans sa phrase lui transmis son affolement. Mélina rabattue la vitre de la fenêtre aussi vite que possible et alla à la hâte rejoindre cette première et Isolde à présent en train de sortir de la pièce. Au final, elle espérait que les grenouilles n’aient envahi que les murs de la chambre où elles étaient.

La réalité l’a rattrapa une nouvelle fois trop rapidement. Le couloir n’était, hélas, pas plus sécurisant que la chambre d’où elles venaient de s’extirper. L’énervement et l’impatience commençaient à lui crisper les nerfs. Sans compter que la fatigue due à la fièvre n’ajoutait rien de bon à la situation. Résolue et voulant en finir, elle s’approcha d’un des murs, plaqua l’oreille contre et donna quelques coups de poings dedans. Il fallait peut être prendre le problème à la source pour se débarrasser de tout ce bordel.

Essayant de faire redescendre la pression qu’elle estimait trop pesante, elle décolla son oreille de ce mur plus que bruyant avant de proposer sur le ton de la plaisanterie