Cours d'art de la magie offensive

30/03/2015

Le professeur mit enfin fin à la pagaille qui s'était emparée de son cours et enjoignit les élèves à se regrouper au centre de la pièce.
Elle remarqua Clemens qui avançait dans sa direction et s'approcha également, pour se glisser près de lui et de Rowan. Elle connaissait l'ancien Serpentard pour l'avoir déjà croisé à Poudlard, mais elle ne l'appréciait pas particulièrement, le trouvant un peu trop snob et prétentieux à son goût. Cependant elle savait que Clemens et lui étaient proches, et le jeune homme s'était de plus montré capable de sang-froid et d'un certain talent lors de l'exercice précédent. Dans la situation présente, Isolde était d'humeur pragmatique ; un coéquipier compétent ne serait pas de refus.

Le professeur enchaîna sur la suite du cours, et plongea la pièce dans l'obscurité. La main de Clemens effleura le bras d'Isolde et ce contact la rassura. Elle chercha Rowan à tâtons et attrapa un bout de sa robe. Ils se rapprochèrent pour réfléchir à une stratégie. La jeune fille était plus détendue et son esprit désormais plus clair. Elle n'était pas particulièrement habile en combat singulier, mais les énigmes de ce genre lui plaisaient et mettaient ses sens en éveil. Une idée lui traversa l'esprit comme une évidence. Elle constata avec plaisir que les deux garçons avaient conclu à la même solution qu'elle ; faire disparaître les fenêtres, puis souffler la poudre hors de la pièce. Ils s'organisèrent pour mettre immédiatement leur idée en pratique. Clemens, le plus doué pour le sortilège de disparition, se prépara à agir.

" Evanesco Fenestras !"

Un léger bruit leur indiqua que le sortilège avait fonctionné. Rowan et Isolde ne perdirent pas de temps et s'exécutèrent aussitôt.

"Ventus !" Deux puissantes rafales jaillirent de leurs baguettes. La pièce entière fut soufflée, et la bourrasque emporta au dehors l'épaisse fumée noire par les trous béants qui occupaient maintenant la place des fenêtres.

Les trois jeunes gens se regardèrent, satisfaits. Aux autres maintenant de trouver un moyen de dévérouiller les portes...

[HRP : Dammit Isolde ! J'étais en train de répondre, j'ai dû tout revoir à cause de ta précipitation ! D:]

Pendant que ses étudiants peinaient à trouver une solution, Jarod se glissa dans l'obscurité et commença à contourner ses élèves. Evidemment, il n'allait pas les laisser se sortir de cette situation si facilement quand même. La surprise, c'était théâtral, ça avait de la gueule, mais s'il n'y avait aucune difficulté, c'était inutile.
Il aperçu la brève lueur d'un Lumos s'allumer vaguement dans l'ombre et disparaître immédiatement, étouffée par la poudre. Il lança un Expelliarmus silencieux, et en même temps qu'il entendit quelqu'un s'exclamer "ma baguette !", il amplifia sa voix de façon impressionnante, dans le but de déstabiliser et d'empêcher qu'on le localise.

- Boom ! Vous êtes mort, fit-il en s'adressant à l'élève désarmé. Chaque sort que vous lancez produit une lumière suffisante pour vous localiser si on regarde dans votre direction.

Évidemment, il ne fallu pas beaucoup de temps pour que les étudiants agissent comme leur professeur l'avait anticipé. Il entendit l'incantation "Evanesco Fenestras", suivit d'un "Ventus". Jarod eut un sourire narquois et, sans prononcer un mot, fit tourner la bout de sa baguette en la dirigeant vers la fenêtre ouverte. Le vent tourna alors et la poudre d'obscurité revint en plein visage des étudiants. Il lança un sort de conjuration et fit réapparaître la fenêtre et, sans attendre, ajouta un Protego sur toutes les fenêtres de la salle. Il enchaîna enfin et se tourna vers les deux étudiants ayant agis ensemble.

- Flipendo duo !

Deux sorts fusèrent dans l'obscurité en direction de Clemens et Isolde.

-Prévisible ! Vous allez devoir faire mieux que ça, reprit-il avec sa voix assourdissante.

Ce défi mettait les étudiants à l'épreuve face à leur professeur. Ce dernier était habitué à ce genre de situation, mais il était seul contre tous. D'où la poudre d'obscurité, qui lui donnait l'avantage d'être difficile à localiser, et il n'allait pas les laisser s'en débarrasser si aisément. Il continua à contourner le groupe de jeunes gens, prêt à réagir. Il en profita pour réfléchir aux différentes méthodes qu'il pourrait utiliser pour les intimider. S'il fallait les pousser un peu pour qu'ils se défendent enfin correctement, ça ne devrait pas être bien difficile, et il avait déjà quelques idées derrière la tête.

Vela était gênée de voir Rowan chercher à garder contenance après s'être pris la table de plein fouet. Elle n'y avait pas été de main morte et espérait que le Sinistros ne lui en tiendrait pas rigueur... N'osant pas esquisser un geste envers lui, elle se contenta d'accepter la remarque du professeur avant d'observer les autres groupes qui se défoulaient tout autant.

Après un certain temps, ils se regroupèrent tous au centre de la salle à la demande du chasseur de prime qui semblait vouloir leur en faire voir encore des vertes et des pas mûres. Le nouveau défi était de taille : s'en sortir en pleine obscurité causée par la poudre d'obscurité. Qu'est-ce qu'il entendait par s'en sortir d'abord ? Devaient-ils restaurer l'éclairage ? Devaient-ils physiquement sortir de la pièce ? Devaient-il "survivre" à une espèce de traque ? Autour de la jeune Abraxans, les élèves remuaient. On pouvait entendre clairement le bruissement des étoffes, les pas, les souffles et autres exclamations de chacun. Gardant son calme, Vela réfléchissait à vivre allure. Que pouvait-elle donc faire ? Et qu'est-ce qu'on attendait d'elle tout simplement ?

Un élève sur sa droite avait tenté un simple Lumos qui ne fit que permettre à Lothbrok de l'attaquer afin de lui faire part des conséquences de son sortilège. La magie était donc à proscrire, sauf éclat de génie certain si elle ne voulait pas se faire piéger de la sorte. Elle n'eut pas le temps de mettre en place ses idées qu'il y eut du mouvement là où elle avait aperçu Rowan avant de disparaître dans le noir le plus total. Sans comprendre exactement ce qu'il se passait, elle retrouva l'espace d'une poignée de seconde la vue et put se renseigner un maximum sur son environnement avant que le professeur inverse la tendance les privant à nouveau de leur sens. Déjà qu'il avait fermé magiquement la porte, voilà que les fenêtres étaient condamnées. La situation empirée pour eux.

Analysons la situation : elle était au centre de la pièce, entourée de camarades. La seule voie libre pour elle était d'avancer, n'ayant personne devant elle. Un élève avait tenté un sortilège et leur prof avait répliqué. Encore une fois, un petit groupe de trois élèves avaient tenté de mettre en place une stratégie, et il avait à nouveau répliqué. Cependant, il l'avait fait JUSTE AVANT de les plonger dans le noir, permettant d'identifier plus ou moins sa position par rapport à elle. Il était sur sa gauche et à en croire le mouvement de sa voix, il se déplaçait autour d'eux de façon fluide décrivant un cercle plutôt large, sûrement dans l'optique de ne pas trouver un étudiant sur sa route tout en compliquant sa localisation.

Faisant abstraction des élèves qui commençaient à s'impatienter et chuchotaient dans son dos, elle décida de fermer les yeux pour gagner en concentration et essayer de percevoir ce qui devenait sa proie. D'un informulé, elle invoqua un bouclier qui, comme le reste des sortilèges basiques, ne parvint pas à dissiper la noirceur environnante. Avançant d'un pas, silencieuse comme une tombe, elle parvint à distinguer plus sur sa droite un mouvement régulier, celui d'une étoffe frottant certainement l'homme qui la portait dans un va et vient régulier. Son presque imperceptible qui démontrait la présence d'un intrus. Il fallait agir et vite car dans peu de temps, il serait passé derrière le groupe et elle pourrait ne pas retrouver sa trace. Et n'importe qui ici pouvait vouloir tenter une approche et, la devançant, soit trahir la présence de tous, soit réussir et l'empêcher de tenter sa chance. Or, elle avait grandement besoin de ce type d'entrainement vu les engagements qu'elle avait récemment pris.

L'étudiante réfléchissait à vitesse grand V. Elle ne pouvait décemment pas jeter un sortilège approximative car sa cible aurait bien vite esquiver l'attaque et aurait su où la trouver. Repensant alors à la table qu'elle avait expédié sur son ancien camarade de Serpentard, elle trouva l'idée alléchante, quoique peu innovante. Mais après tout, le but n'était pas d'être innovant lors d'une réelle confrontation, il était d'être supérieur, plus intelligent que son adversaire. Mais qu'aurait-elle bien eu à lui projeter ? Rien ne se trouvait entre eux, pas même le bureau professoral. Il lui fallait quelque chose de plus rapide, ne demandant l'usage que d'un sort. Car sans ça, il répliquerait à nouveau et peut-être plus violemment.

- Deprimo ! lança-t-elle en visant ce qu'elle imagina être le plancher sur lequel l'étoffe se mouvait. Ce dernier s'effondra dans une déflagration assourdissante, ouvrant une brèche suffisante pour disperser la poudre l'étage inférieur et leur permettre de recouvrir la vue bien qu'un peu éblouie par le changement de luminosité soudain.

Elle recula jusqu'au mur et s'y laissa tomber pour se retrouver assise par terre. Le noir ne l'effrayait pas, au contraire, mais il augmentait fortement son envie de s'assoupir. Elle entendit ses camarades autour d'elle tenter quelques sorts. Certains tentèrent un coup qu'elle jugea plus audacieux en tentant de supprimer les fenêtres et d'en faire sortir le nuage ténébreux qui trônait à présent dans la pièce. Leur espoir fut bien vite étouffé par M.Lothbrok qui s'empressa de faire réapparaître les vitres et de les bloquer définitivement.

Anna se demandait bien pourquoi il fallait absolument tenter de retrouver la lumière, elle se sentait bien plus en sécurité comme cela. Elle se dit d'ailleurs que si elle s'était retrouvée dans cette situation, la seule chose qu'elle aurait fait était de rester bien sage dans son coin et d'attendre qu'on l'oubli. Ce qui lui donna l'idée de renforcer ses protections au cas où. Néanmoins elle craignait de se faire repérer si elle tentait quoique ce soit.

Elle réfléchit intensément, pesant le pour et le contre. Elle finit par se décider et lança silencieusement un protecto, elle le rata la première fois, peu habituée à ce genre de magie, mais réussit la deuxième. Elle attendit ensuite, mais rien ne vint. Elle relâcha un peu le souffle qu'elle avait retenu en se demandant si on l'avait repérée. Maintenant qu'elle était protégée elle laissa son esprit vagabondé.

Elle se dit que chez elle, elle aurait simplement utilisé l’aspirateur. Ici ce n’était pas envisageable. Elle laissa son esprit vagabonder, lasse. Elle pensa à des solutions plus folles les unes que les autres. Elle était là, à attendre que le cours se termine quand elle sentit une chose poilue passer entre ses jambes, habituée à être ainsi surprise elle ne réagit pas mais saisi son chat qu’elle colla contre elle. Comment faisait-il pour savoir à chaque quand elle voulait qu’il soit là ? Et aussi comment était-il entré ? Elle aurait été bien incapable de répondre à cette question et présentement elle s’en moquait.

Petit à petit elle réalisa que Grumpy n’était absolument pas gêné par le noir environnant, sa vision nyctalope lui permettait de se repérer sans difficulté. Elle l’attrapa et le serra fort contre elle et lui glissa en chuchotant « sois mes yeux ». Le chat compris. Entre eux il n’y avait jamais besoin de plus de mots. Anna se releva, la bête dans ses pattes la guidant, l’arrêtant si besoin. Il lui évita ainsi de se cogner dans M.Lothbrok, ce qui lui aurait indéniablement indiqué sa présence, elle sut que c’était lui à son odeur de tabac froid qu’il dégageait. Puis ils continuèrent leur chemin, se frayant un passage à travers les élèves jusqu’à arriver à la grande table sur laquelle était toujours posé le sac. Silencieusement elle lança un sort d’attractivité pour réintégrer la poudre à sa place d’origine. La solution était simplette certes, mais elle n’avait pas d’autre idée. Au moins jusqu'à arriver au sac elle avait su être discrète et se jouer ainsi de la garde du professeur. Au même moment une partie du sol s’effondra embarquant une partie de la poudre et le professeur qui se trouvait à cet endroit précis. Elle distingua la jeune abraxan qui avait envoyé la table sur Rowan peu de temps avant. Elle la trouva particulièrement forte ! Sa magie avait quelque chose de brute mais de terriblement puissante pensa-t-elle. Anna avait toujours été dans la finesse, mais elle comprit que dans une situation de combat, la finesse ne lui servirait à rien, elle l’a freinerait. Le sort parfait n’avait alors plus d’importance, l’important était qu'il soit rapide et à la hauteur de son adversaire.

Jarod continuait à rôder dans l'obscurité, prêt à saisir la moindre occasion de se défendre, si nécessaire, ou de neutraliser un étudiant ayant révélé sa position. La méthode pouvait sembler dure, mais elle allait avec l'objectif de la leçon : savoir se défendre face à l'inattendu, savoir endurer les conditions d'une situation bien réelle. Et puis il évitait d'envoyer des sorts trop violent tout de même, l'objectif n'était pas de blesser.

"Deprimo !"

Jarod eut le réflexe de lever sa baguette pour lancer un Protego, mais le sort n'était finalement pas dirigé vers lui. Il réfléchit rapidement. Deprimo, deprimo... Un sort de pression ? Sur quoi ? En même temps qu'il pensait, il amorça un mouvement de baguette vers l'origine du sort lorsque subitement...

- WAAaa..!

A nouveau, ses réflexes prirent le dessus et il freina sa chute juste à temps. Il posa les pieds sur le sol et leva la tête vers le trou béant du plancher de la salle de classe, toussant sous la poussière soulevée par la destruction du sol. Une épaisse fumée noire se déversait d'abord lentement du trou, puis recula tout à coup, aspirée vers l'intérieur de la salle de travaux pratiques. Jarod épousseta rapidement ses vêtements et transplana à l'étage supérieur. La poudre réintégra le sac dont elle provenait et on pu à nouveau voir clair dans la salle de classe. A côté se tenait Anna, baguette dans une main, chat dans les bras. Elle souriait doucement, et semblait fière de son travail. Jarod essaya de reprendre contenance après sa chute face à ses étudiants.

- Euh.. Hum. Bien joué, vos solutions sont euhm.. Efficaces. Toutes les deux. Plus 15 points pour Abraxans, excellent effet de surprise ainsi que utilisation créative de la magie. Et 15 aussi pour Phoenix, pour la créativité aussi, et la réussite quant à l'épreuve. Félicitations.

A nouveau, il joignit ses mains et sourit à l'ensemble de la classe.

- Bien, cela clos ce premier cours d'art de la magie offensive ! N'hésitez pas à vous entraîner et à travailler vos sortilèges informulés, ainsi que votre inventivité quant à l'utilisation de ceux-ci. En tant que sorciers, nous n'avons probablement jamais été aussi menacés qu'aujourd'hui, et ces capacités pourront généralement vous permettre d'utiliser la magie sans éveiller les soupçons autour de vous. Sur ce, merci à vous tous, et passez bonne journée.

HORS-JEU

Merci à tous et toutes pour vos réponses et votre participation au cours, et félicitations aux gagnants des défis. J'espère que vous vous êtes autant amusés que moi ^.^ A bientôt pour un prochain cours !

Décompte des points :

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