Lecture au grand air [Anna]

Anna eut un temps d'arrêt, elle était passé à côté de ce détail! Lui qui avait l'air si imprégné de magie, si naturel dans ce monde où elle naviguait encore entre les deux, tiraillée entre son plaisir à exercer la magie et celui de ne pas creuser le fossé entre elle et sa mère.

On pouvait remarquer qu'en dehors des cours elle utilisait assez peu ses pouvoir une vieille habitude qu'elle avait apprise très tôt, poussée par son père à expérimenter toutes les merveilleuses inventions du monde moldu qui apprenaient mieux que la facile utilisation de la magie ce qu'était la vie. Tous ces détails trahissaient souvent ce qu'elle était réellement, quelqu'un entre les deux. Elle avait longtemps rêvé que le monde entier découvre l'existence de la magie et qu'ainsi elle puisse vivre en harmonie avec ce qu'elle était vraiment, un mélange des deux. Mais quand son rêve s'était réalisé, il n'avait pas pris la forme qu'elle avait souhaité. Désormais elle, et ses parents, s'attendaient tous les jours à ce que leur bonheur qu'ils avaient développé tous les trois volent en éclat. Son père n'avait jamais caché son amour des moldus, il l'avait clamé haut et fort, revendiquant la beauté de leur monde... Elle repensa au cimetière et frémit. Ils étaient en première ligne si on voulait faire un exemple.

Elle leva la tête vers lui et laissa l'espace d'un instant les événements du week-end précédant et ses inquiétudes remonter à la surface et voiler son regard. Elle n'aimait pas mentir, elle était trop honnête et elle avait horreur de cacher des choses, cela lui pesait. Certains étaient maître dans l'art, elle au contraire avait fait de la vérité toute sa vie.

- Ma mère est moldue aussi, mais j'évite d'aborder ce sujet. Rowan et Isolde ne sont pas au courant, je ne tiens pas à ce qu'ils le sachent. Tu dois comprendre pourquoi. Ça n'a rien à voir avec ce que je pense d'eux, mais ces derniers temps les gens réagissent de manière excessive et imprévisibles.

Puis elle chassa ses idées noires et sourit à l'évocation que Clemens faisait de ses années de Poudlard. Elle aussi aurait aimé retrouver ses amis qu'elle avait quitté l'année précédente. Elle en avait revu certains, mais ils avaient tous suivi des chemins différents qui ne leur laissaient pas forcément le loisir de pouvoir se voir autant qu'elle l'aurait souhaité.

- Cela doit être sympa de se retrouver ! Comme un retour en arrière! Oui, Isolde est adorable.

Presque instantanément après avoir posé sa question, Anna sentit qu'elle avait encore gaffé. Elle avait été trop curieuse encore. Mais elle avait vu juste, et il évitait bien le sujet comme elle s'y était attendu.

- Quand on a fait du sport en haut niveau, le corps en garde des traces. Je suis désolée.

Instinctivement elle posa sa main sur son avant-bras pour essayer de combler un peu la plaie qu'elle semblait avoir rouverte.

- Tu sais la vie nous mène parfois à faire certains choix, comme si les choses nous disaient "ce n'est pas pour toi". C'est difficile, surtout quand on est pas prêt. Enfin tu peux être rassuré, je ne te parlerais pas Quidditch, comme tu l'auras sans doute remarqué, mon corps porte plutôt les signes inverses du tien, tenta-t-elle de plaisanter.

Elle suivit son regard et remarqua les arc de cercle si significatifs des terrains de jeu. Dans un élan, elle leva son deuxième bras et saisit l'épaule de Clemens le forçant à se tourner vers elle et à la regarder.

- Si on parlait de choses plus joyeuse ? Pour me faire pardonner, pose une question, n'importe laquelle et j'y répondrais le plus honnêtement possible. Choisis-là bien tu n'as le droit qu'à une seule!

Puis elle rit gaiement en attendant que cette dernière vienne.

24/02/2007

Clemens réfléchit un moment à ce que Anna venait de lui confier. Il parlait rarement de son ascendance parce qu'il avait un problème global avec l'histoire de sa famille. De plus, il avait toujours fortement détaché sa vie à Poudlard et sa vie à Londres, ne voyant pas ses camarades durant les vacances. Les seules personnes avec qui il avait finit par être suffisamment proche pour garder des contacts étroits en dehors des cours était Rowan et Isolde, mais il ne s'était lié d'amitié avec eux qu'en fin de sa scolarité. Il n'avait jamais perçu sa moitié de famille moldue comme un problème, même si évidemment, pour des raisons de commerce, ils ne s'étendaient pas sur leurs capacités en dehors de la très stricte sphère familiale. En somme, lui et sa mère. Toute leur maison était organisée de manière moldue afin de faciliter les contacts sociaux avec le reste du monde. Il était vrai que la situation politique actuelle depuis la "révélation" était plus délicate... Mais de nombreux autres sorciers connaissaient la famille Neubach et ses particularités.

" Tu sais, je suis certain que ni Rowan, ni Isolde n'aurait de problème avec ça. C'est ta décision évidemment, mais tu peux leur faire confiance. " avait-il dit en souriant, alors que Anna commentait la situation particulière qui reliait les étudiants de Haveirson.

Des idées noires en chassant des autres, Anna attrapa son bras en tenant une pirouette philosophique autour de sa blessure et de son avenir raté. Clemens dut se retenir de lui adresser un regard noir et se contenta de se détourner d'elle. Elle avait beau être sympathique, elle n'avait de toute évidence aucune idée de ce dont elle parlait. Ce n'était pas comme s'il s'était blessé par hasard, au milieu d'un entrainement, que son corps lui avait dit stop car il dépassait ses limites. Si elle l'avait vue sur un balai un jour, elle aurait compris.

Le Sinistros laissa échapper un petit ricanement dans un souffle quand Anna évoqua son propre corps et les traces qu'il portait. Non pas par moquerie envers elle, mais parce que la tentative d'humour lui semblait particulièrement déplacée. Ce n'était pas la blessure physique qui le travaillait le plus, mais bien l'amertume et la fureur envers lui-même qui le travaillait chaque jour et chaque nuit. Son coffre cadenassé en face de son lit, qu'il avait tenu à emmener à l'académie alors qu'il n'avait clairement pas le cran de l'ouvrir. Il soupira. Il ne souffrait plus, il était torturé, tourmenté. A la première main compatissante que la Française avait posé sur son bras, s'ajouta une deuxième qui le força à se tourner avec une fermeté qu'il n'aurait pas imaginé.

" N'importe laquelle ? C'est une drôle d'idée " dit-il, un sourcil levé. Mine de rien, elle avait réussi à réveiller sa curiosité et a soudainement lui changer les idées. Allait-elle être aussi honnête qu'elle le prétendait ? Se permettre soudainement de demander n'importe quoi, de manière brute et absolue, c'était tout de même une tâche délicate. Il dut réfléchir.

" Imagine le mois de décembre. Il a neigé toute la journée, tu as eu une rude journée et tu t'impatientes de pouvoir rentrer chez toi pour les vacances. Quand tu rentres au dortoir de Phoenix, ta colocataire est déjà là, seule, dans le noir. Tu penses qu'elle dort, mais tu finis par l'entendre pleurer et elle dit vouloir te parler. Elle te révèle un secret auquel tu ne te serais pas attendue de sa part, par exemple... qu'elle a eu une aventure avec ton petit ami. Elle te demande pardon, elle ne sait pas ce qui lui a pris et elle ne comprend pas les sentiments qui la traverse. Elle t'explique tout, dans les détails. Comment réagis-tu ? "

Anna entendit Clemens lorsqu'il lui parla de la confiance qu'elle pouvait accorder à leurs deux camarades mais ne dit pas un mot de plus. S'il avait été attentif, il avait remarqué le léger mordillement de la lèvre inférieure de la jeune fille, signe chez elle qu'elle aurait préféré ravaler ses mots. La confiance était une chose qu'elle tentait d'apprendre à offrir moins vite ces derniers temps. Clemens avait peut-être raison, mais peut être se trompait-il aussi, les gens avaient des réactions exceptionnelles dans des situations exceptionnelles. Elle ne pouvait pas prendre ce risque, pas maintenant. Les nouvelles dans les journaux, l'éloignement de certains de ses amis sorciers et même les événements du cimetière, tout l'engageait à être prudente. Elle n'était pas de tailler à affronter qui que ce soit, sa meilleur défense restait encore la dissimulation.

Alors qu'elle prononçait des mots qu'elle voulait réconfortants, elle sentit que ceux-ci n'eurent pas l'effet escompté, mais elle ne s'aventura pas à savoir pourquoi. Un rêve qui se brise pour devenir un cauchemar revêtait plus de passion qu'autre chose. Que pouvait-elle dire de plus de toute façon? Le prendre en pitié plus qu'elle ne le faisait déjà n'aurait servi à personne. Elle même aurait plutôt mal supporté qu'on agisse ainsi avec elle, alors que personne, en tout cas pas elle, ne pouvait quelque chose. Elle préféra changer de sujet, ce qu'elle fit.

Lorsqu'il prononça enfin sa question, Anna resta quelques secondes dans l'attente, puis elle réalisa que c'était réellement sa demande. Elle avait pensé à beaucoup de chose mais pas à ça. Elle se réjouit intérieurement de ne pas être plus embarrassée que ça pour y répondre.

- Je crois que je ne la laisserais pas finir ses explications, il y a des détails qu'il vaut mieux éviter de connaître. Je serais déçue et blessée certainement. Je lui demanderais de quitter notre chambre, ou bien je le ferais, je sais pas ce que je préférais. Mais si tu veux savoir si j'hurlerais, je ne pense pas. Qu'est que ça changerait? Si je peux, je ne pleurais pas devant elle et je sortirais de la pièce le plus vite possible. J'imagine que je réagirais comme ça, mais je n'ai jamais eu cette situation et si je pouvais éviter...

Elle relâcha enfin le sinistros qu'elle tenait toujours tout étonnée qu'elle avait été par son interrogation elle avait tout bonnement oublié la position dans laquelle ils étaient. Puis elle remis ses mains sur le bord du banc, laissant frotter ses pieds contre le sol.

- Bon tu avais une question! J'espère que tu es satisfait de la réponse.

Soudainement elle plongea son regard dans le sien :

- C'est bon? J'ai réussi le test?

24/02/2007

Clemens observait Anna en silence alors qu'elle réfléchissait à la question qu'il venait de poser, visiblement perplexe par cette interrogation qu'elle n'avait pas attendue. Il sourit intérieurement. Il s'était bien douté que la jeune femme serait légèrement déstabilisée par cette petite mise en situation et c'était précisément ce qu'il cherchait à appréhender chez elle. L'étudiante était la seule personne complètement inconnue dont il avait été amené à faire la connaissance depuis son arrivée à Haveirson. Il était dans le flou et intrigué face à elle, ce qui le rendait un peu plus joueur encore qu'à l'ordinaire. Ces temps troublés et les évènements du cimetière l'avait indéniablement changé et rendu plus méfiant. Si Anna en venait à faire partie de son entourage de manière régulière, il voulait savoir à quoi il pouvait s'attendre venant de sa part. Ce n'était pas à la veillée de Noël qu'il était nécessaire de réfléchir, mais bien aux situations inattendues et désagréables.

Finalement, la Française prit la parole, maintenant toujours Clemens face à elle. Il souriait intérieurement, rassuré qu'elle ne réponde pas de manière concise. Il avait voulu l'amener sur une piste qui lui permettrait lui, d'apporter satisfaction à ses propres interrogations. Malgré ce qu'on en disait, prétendre qu'on était honnête était quelque chose de presque impossible. Il lui avait donc fallu demander en apparence ce qu'il ne voulait pas spécialement savoir, afin de tirer les conclusions qui lui étaient nécessaires. Lorsqu'elle eut finit de parler, il sourit à nouveau, ouvertement cette fois. Bien entendu qui aurait voulu se trouver dans une telle situation ? Il hocha la tête en signe d'acquiescement et répondit d'une voix douce, alors qu'elle le lâchait et se détournait enfin de lui.

" Oui, je suis plutôt satisfait de ta réponse, je dois dire. "

Leurs positions s'inversèrent alors pour un court instant, alors qu'elle plongeait son regard dans le sien, de ces regards intenses et un peu inquisiteurs que le Sinistros avait volontiers utilisés pour tenter de déstabiliser sa camarade. Sa réplique déclencha chez lui, cependant, un rire franc mais à la fois menaçant de part son mystère. Il se pencha légèrement vers elle et soutint son menton avec deux doigts, d'un geste doux mais sans affection et profita de leur nouvelle proximité pour remonter d'un cran l'intensité de leur échange. Sa voix était douce et calme, à peine plus qu'un murmure, quand il répondit.

" Pas encore, très chère, pas encore... "

Clemens reprit alors sa position nonchalante, appuyé contre la colonne, comme si les dernières minutes n'avaient jamais existé. Son habituelle expression espiègle et joyeuse redevint maître de son visage. Ses yeux bleus se perdirent un instant dans les nuages, puis il sauta sur ses pieds et se planta devant Anna, soudainement lassé de rester immobile.

" Tu ne m'as pas dit ce que tu étais venue faire ici. " Son ton était celui de la constatation, bien que la question sous-jacente ne faisait aucun doute. Il avait de toute évidence une nouvelle idée derrière la tête, laquelle, cependant...

Effectivement il eut l'air satisfait, elle se demanda bien pourquoi, sa réponse n'avait rien d'exceptionnelle. Tout le monde aurait eu une réaction similaire lui semblait-il. Certes certains s'énerveraient sûrement, d'autres pleuraient à chaudes larmes en criant, mais Anna avait beau retournée la situation de Clemens. Même si on partait du principe qu'elle n'avait pas eu de sentiment fort pour la personne en question, elle n'aurait pas apprécié d'être traitée ainsi. Elle avait son amour-propre et elle estimait que ce genre de relation exigeait un minimum de respect envers l'autre. Dans le cadre de l'amitié cela était encore plus vrai!

Tandis qu'elle en était là, maintenant son regard dans le sien après avoir tenté, par amusement, de le pertuber un peu, Clemens s'approcha plus encore de la jeune fille. Il souleva légèrement sa tête avec deux de ses doigts pour lui promette que ce jeu entre eux n'était pas encore achevé. Anna fut subitement mal à l'aise face à cette proximité non voulue et bien qu'en apparence rien ne changea, pas même dans ses yeux, à l'intérieur elle sentit une chose se refermer. Elle bloqua brusquement toute entrée qu'il aurait pu avoir d'ouverte jusque lors et le rythme cardiaque de la jeune française, qui s'était affolé face à cette situation, ne se calma qu'une fois le jeune homme s'étant prestement relevé et mis face à elle. Elle doutait qu'il est consciemment senti son repli, mais peut-être son instinct lui avait-il indiqué qu'il valait mieux cesser ce rapprochement physique plus que psychique.

Lorsqu'elle entendit sa question, elle ne put néanmoins s'empêcher de rire, ce qui eut pour effet de l'apaiser instantanément.

- Tu veux dire maintenant? Lui demanda-t-elle. Ou tu parles de ma présence à Haveirson? Dans le premier cas j'allais à la bibliothèque pour un devoir en histoire. Dans le deuxième je t'ai déjà largement répondu.

Le regard joueur du sinistros ne l'avait que rarement quitté depuis le début de leur conversation, mais il sembla à Anna qu'il venait de gagner en intensité. La situation dans laquelle ils avaient trouvé Isolde et Clemens vendredi soir revint soudainement en mémoire à la jeune femme, comme si son instinct voulait la prévenir.

- Si tu penses à une seconde bataille dans la boue. Là, tout de suite, je te préviens que l'exercice sera dur avec la pierre qui recouvre la terre. Toi et Isolde faîtes la paire, ça c'est sûr! Vous ne vous arrêtez jamais?

24/02/2007

Clemens hocha la tête d'un air pensif tout en se grattant la barbe lorsque sa camarade apporta la réponse à sa question. Évidemment, il avait voulu savoir si elle avait eu une raison particulière de traverser la cour intérieure ou si elle s'était simplement promenée là en quête de quelques rayons de soleil. Anna semblait être une étudiant studieuse mais qui, comme lui, trouvait facilement des raisons pour se laisser distraire. Ou peut-être avait-elle été emmenée par la curiosité et n'avait pas pu laisser passer l'occasion de le questionner ? Il se demandait bien pourquoi, cependant. Lui ne s'était intéressée à elle que de par la proximité inhabituelle qu'elle semblait partager avec Rowan. Ses réflexions ne tardèrent pas à être coupées dans leur élan par une nouvelle remarque de la jeune Française, qu'il accueillit d'un rire allègre.

" Ne me sous-estime pas !" la taquina-t-il d'une voix amusée, alors qu'il dégainait sa baguette.

Le regard fixé sur celle-ci, il lança un sort d'Aguamenti informulé. Il savait qu'exécuté de cette façon, la puissance du sortilège ne serait que très faible, mais cela suffisait à rendre l'effet qu'il escomptait. Alors qu'il semblait être fasciné par la pointe de sa baguette, quelques gouttes d'eau commencèrent à en sortir, une par une. Il en cueillit une du doigt avec délicatesse, et l'observa rouler le long de sa main, comme si il avait purement et simplement oublié la présence de Anna. Soudainement, d'un geste brusque du poignet, il envoya la nouvelle goutte qui perlait tout juste hors du bois, en plein sur le front de sa camarade. Il se tourna alors vers elle, ses yeux bleus étaient brillants et joueurs.

" Les batailles d'eau sont tout à fait possibles, en revanche ! "

Clemens n'insista cependant pas et rangea rapidement sa baguette après l'avoir frottée sur sa manche, et il reprit son sérieux, un peu tout du moins. Ses pensées vagabondèrent vers Isolde et l'amitié qui les liait, un sourire affectueux se dessinant sur ses lèvres. Sa voix était douce et calme lorsqu'il reprit la parole.

" Isolde est quelqu'un d'exceptionnel. C'est une des rares personnes qui ne m'a jamais lâchée, même dans les moments les plus difficiles. A présent qu'ils sont derrière nous, on goute aux bonheurs de la vie sans retenue, oui. " Il fit une courte pause, afin de souligner son changement de sujet brutal. " Ton devoir d'histoire ne doit pas être urgent, j'imagine, si tu prends le temps de papoter avec un presqu'inconnu dans la cour. "

Il sourit, de manière simplement amicale cette fois, ne laissant cependant aucun doute sur la question sous-entendue dans sa phrase, mais laissant également à la jeune femme la possibilité de faire semblant de rien.

A la suite de sa remarque sur les jeux que lui et son amie pouvaient avoir, Anna vit Clemens sortir sa baguette et après quelques secondes des gouttes perlées. Un sort informulé, la jeune française s'amusa de voir si peu d'eau coulé de la baguette du jeune homme, voilà au moins une chose dont elle pouvait se tarir ici, Beauxbâtons obligeait ses élèves à exceller dans ce domaine, question de beauté d'application de la magie semblait-il. Alors qu'elle souriait de le voir observer ses gouttes de pluie, comme s'il n'arrivait pas à croire qu'il avait pu les créer, il profita de sa naïveté et lui lança une des gouttes à la figure, lui arrachant un petit cri de surprise.

- Tu ne vas pas vouloir jouer à ça ici quand même? Rit-elle.

Mais il rangea sagement sa baguette et son visage prit un air nostalgique et une jolie douceur qu'Anna apprécia sentant plus que dans ses propos tout l'amour qu'il pouvait porter à sa jeune amie. Isolde avait de la chance d'avoir quelqu'un d'aussi bienveillant avec elle, elle avait l'air de quelqu'un qui le méritait de ce qu'elle avait pu constater. Elle s'inquiéta en revanche des moments dures qu'elle avait pu traverser. Anna se promit d'offrir à la jeune femme toute l'écoute qu'elle pourrait si elle en avait besoin.

Lorsqu'il revient sur sa présence en ce lieu, Anna se fit la réflexion que sa nature de bavarde la rattrapait même ici, alors que la langue restait encore un frein pour elle, elle ne pouvait s'empêcher d'être poussée par irrépressible envie de parler avec les gens, d'apprendre d'eux et d'en découvrir toujours plus. Mais son devoir pouvait bien attendre, elle avait voulu s'avancer afin de ne pas être en retard pour le rendre, surtout qu'elle avait conscience qu'il allait lui falloir un peu plus de temps que ses camarades pour la rédiger.

- Non, pas vraiment. Je voulais prendre un peu d'avance. Quand tu m'as fait un signe, j'ai cru que tu voulais me saluer, simplement. Ensuite ma nature a fait le reste, mais je ne suis pas mécontente de m'être arrêtée. Tu es quelqu'un d'intéressant Clemens.

Elle tut qu'elle le trouvait à la fois joyeux et tortueux, bienveillant à certains moments comme tout de suite à propos d'Isolde, et pourtant se montrant incroyablement distant à d'autres. Elle admirait aussi la force qui se dégageait de lui, savait-il que malgré ce qu'il pouvait en penser, il était plus costaud qu'il ne le croyait. Elle ne dit rien non plus, mais elle était bien plus curieuse de le voir enseigner que de jouer sur un terrain de Quidditch, mais elle s'interdit même d'exprimer plus clairement ce point, elle avait déjà pu observé toute la sensibilité du sujet quelques minutes plus tôt. Sa vision de la magie offrirait pourtant aux élèves qu'il pourrait avoir en face de lui une ouverture que peu avait un jour la chance d'avoir. Alors, le plus prudemment possible et dans l'espoir que cela ne soit pas pris de la mauvaise façon, elle dit simplement :

- Tu es une belle personne de ce que je vois. Merci de nous avoir aidé l'autre jour, j'aurais été incapable de faire ce que tu as fait. J'étais trop apeurée et je n'ai pas la maîtrise de ces sorts.

Revenir sur ce moment lui fit mal, elle aurait souhaité qu'il reste enfouit, mais elle sentait qu'il était important qu'il comprenne ce qui voyait en lui. Puis une fois ces mots prononcés, elle refoula au fond d'elle la frayeur, les cris, l'odeur de boue mêlée à la fumer, la sensation de glissement dû au sol détrempé et à l'horreur dans laquelle ils étaient tombés. Elle poussa tout cela dans un endroit reculé de son esprit et réalisa toute l'utilité d'une pensine, mais cette chose pouvait-elle aussi emporté avec elle les souvenir sensoriels?

Puis de manière saugrenue, elle se questionna tout d'un coup sur les qualités du Sinistros et de l'Abraxan sur leur connaissance de tels sorts, dont elle avait au mieux entendu parler au détour d'un livre.

- D'ailleurs, comment connais-tu tout cela? J'ai remarqué qu'ici vous aviez tous l'air de savoir des sorts qui me sont absolument pas naturels. Vous a-t-on réellement appris tout cela en cours? Aujourd'hui je m'aperçois de leur utilité, c'est vrai, mais à Beauxbâtons ils sont considérés comme dangereux, surtout pour de jeunes sorciers!

24/02/2007

Clemens se laissa volontiers contaminer par le rire de la jeune femme lorsque celle-ci fut surprise par la goutte d'eau reçue en plein front. Il avait presque craint qu'elle prenne la mouche et soit offensée par son amusement enfantin, mais sa bonne humeur semblait intarissable. Il commençait à vraiment apprécier la Française, bavarde, sensible et d'une joie de vivre que rien ne semblait pouvoir ternir. Il se contenta d'un regard lourd de sous-entendu pour répondre à sa question; évidemment qu'il oserait lancer une bataille d'eau au milieu du cloître ! Il n'attendait d'ailleurs que l'arrivée de l'hiver pour commencer les batailles de boules de neige. Anna allait bientôt comprendre que son esprit joueur ne le quittait que dans les moments de danger et qu'aucune occasion n'était trop bonne pour la détourner vers une activité peu sérieuse. L'espièglerie n'était pas pour rien le mot qui convenait le mieux pour décrire le jeune homme.

Le Sinistros haussa un sourcil et redevint un peu plus sérieux quand Anna lui expliqua qu'elle s'était joint à lui après qu'il lui ait fait un signe. Ce n'était absolument pas son intention, puisqu'il ne l'avait reconnue que quand elle s'était approchée de lui, mais il n'était cependant pas fâché. Leur discussion s'était révélée fort intéressante, et de toute évidence, cela l'avait été surtout pour elle. L'Allemand la fixa, le regard brillant et sérieux à la fois quand elle évoqua l'intérêt qu'elle lui trouvait. Sans avoir une opinion médiocre de lui-même, il n'avait pas le sentiment d'être une personne extraordinaire et il ne pouvait pas franchement cerner quels points de sa vie et de sa personnalité il avait développé pour amener sa camarade à faire une pareille remarque. Clemens se contenta de ne pas lâcher la jeune femme des yeux, comme s'il essayait de percer ses pensées à jour à travers les détails de son attitude. Une réflexion silencieuse semblait avoir lieu chez elle, sans qu'il puisse déterminer à quel sujet.

A défaut de savoir que lui répondre, il se contenta d'un sourire et d'un hochement de tête pour accepter ses remerciements. Si il était honnête, il devait avouer que ses actions avaient surtout eu pour but de protéger Isolde et Rowan. Il n'était pas un combattant, ni un duelliste doué et la seule idée qui l'avait obsédé était que rien n'arrive à ses amis. Sans son idée tordue de bataille de boue, Isolde aurait été en sécurité dans l'église à l'arrivée de Megan, et Rowan ne les aurait même pas rejoint. Après coup, il ne se serait évidemment pas pardonné d'avoir causé le moindre tort à un autre étudiant, mais dans le feu de l'action, il devait avouer que ni Anna, ni Jade ne lui avait parues particulièrement importantes. Il parla d'une voix basse, soulignant le manque de fierté qu'il s'évoquait à lui même.

" J'ai agi par instinct, c'était presque animal. J'aimerais dire que je me suis mis en danger par altruisme, mais ce n'est pas le cas. "

Clemens retourna s'asseoir sur le banc aux côtés de Anna, sa conversation avec Megan lui revenant à nouveau en mémoire. Celle-ci prétendait qu'il avait fait preuve de sang-froid et avait pu prendre les bonnes décisions au bon moment. C'était probablement vrai, il n'avait en effet pas cédé à la panique. Il considérait cependant ses actions comme essentiellement pragmatiques, rien de quoi se vanter. La question d'Anna le tira de sa réflexion et il se tourna vers elle, un peu étonné.

" Oui, on apprend l'essentiel de ces sorts en classe, en Défense contre les Forces du Mal. Vous n'avez rien de semblable à Beauxbâtons ? "

Le jeune homme était presque choqué. Le Monde Magique n'était pas beaucoup moins dangereux que le monde moldu et il paraissait inconcevable que l'enseignement mette de côté les sorts de défense de base.

" J'en ai aussi appris par moi-même, c'est vrai. Notamment après Poudlard, une fois que j'ai pu utiliser la magie comme bon me semblait, mais il s'agit essentiellement de sortilèges liés à la métamorphose. " Clemens fixa Anna un court instant. " La maîtrise de ces sorts dépend cependant beaucoup du sang-froid, les appliquer en classe est beaucoup moins difficile que dans des situations d'urgence. Cela s'apprend, néanmoins. Pas plus tard que hier soir, Megan m'a provoqué en duel. " Il s'arrêta un instant face à l'expression de la jeune Française et rit. " Oui, c'est une longue histoire. Bref, un duel dont les seules règles étaient d'éviter les sorts illégaux. C'est un très bon exercice pour apprendre à réagir sous la pression. Megan est vraiment très capable. "

Le Sinistros repensa, un peu amusé, à la soirée de la veille où sa camarade d'Abraxan était parvenue à le suspendre par un pied juste avant qu'il ne réussisse son sortilège de confusion. Il sourit à nouveau à Anna.

" Ca te serait bénéfique, si tu veux apprendre à réagir vite et à garder l'esprit clair. "

A l'évocation du terme d'altruisme par son jeune camarade, Anna sourit intérieurement. le concept et la définition étaient des choses complexes selon l'esprit de la jeune fille.

- L'altruisme ne prend pas la forme que l'on croit. Une personne trop sûre de sa morale, l'est rarement. D'avance je m'excuse si mon idée ne te parait pas clair, mais c'est une notion que j'ai déjà dû mal à exprimer en français.

Elle s'arrêtat quelques instants pour réfléchir à la tournures des phrases qu'elle allait pouvoir utiliser.

- Dans le cas dont nous parlons, tu t'es mis en danger non seulement pour toit mais aussi pour tes amis. Tu aurais pu utiliser tes capacités à réagir pour autre chose : t'enfuir sans regarder derrière toi par exemple. Tu ne l'as pas fait. je comprends que tu n'ais pas agis pour moi ou pour Jade, mais dans ton action tu nous a donné à nous aussi la chance de nous échapper. Il vaut mieux considérer les actes que les paroles. Beaucoup parlent, peu agissent. Peut-on considérer une personne altruiste juste parce qu'elle affirme des idées en ce sens ? Je doute! Rien ne prouve qu'elle le soit. Regarde, je te tiens un beau discours sur mes réactions possibles envers quelqu'un qui m'aurait blessé, mes propos peuvent-ils être pris comme un fait? Non. Je ne dis pas que je n'ai pas été honnête avec toi, au moment où j'en ai parlé je ne pouvais l'être plus. Mais je ne serais jamais aussi honnête que dans l'action. Là on pourra juger de ce que je suis réellement. Beaucoup de philosophes accordent de l'importances aux intentions, mais elles sont vides de sens sans application.

Elle se tue enfin, passa ses doigts sur ses tempes, les massant légèrement. Elle aimait réellement réfléchir et débattre sur ces sujets mais ils lui demandaient trop d'effort dans le cas présent.

- Excuse-moi, je ne suis pas encore si familière avec la langue, pas assez...

Clemens, comme depuis le début, se montra poli comme il le devait avec elle et ses difficultés, ignorant sciemment les fautes qu'elle avait pu commettre et ayant pour elles la bienveillance qui leur été dues. D'un geste de la main qui devait donner l'impression de chasser un insecte, Anna repassa au sujet qu'elle avait elle-même lancé.

- Peu de sorts sont appris. Enfin je les ai vu en théorie, mais c'est tout. C'est trop dangereux. La base de l'enseignement dans mon école est : avant de faire, il faut savoir. Si vous savez, vous pourrez. Nous étudions les détails, je comprends la manière dont un sort fonctionne et quels impacts il y a. Je peux analyser les différents facteurs qui viennent le modifer mais cela fait une grande différence dans la pratique. Vous connaissez plus de choses, je les connais mieux j'ai l'impression, résuma-t-elle enfin.

Et dans une volonté de démontrer ses paroles, elle sortit sa baguette et exécuta le même sort que son camarade et de la même façon. Mais au lieu de voir perler quelques gouttes, jaillit de sa baguette de l'eau comme elle aurait jailli d'un arrosoir pour venir de perdre à quelques centimètres des pieds de Clemens.

- Tu peux donner de la force à un sortilège informulé, il ne faut pas se laisser perturber c'est tout. Pour ce qui est du combat, je n'ai aucun goût pour cela, bien que les événements récents m'obligent à revoir ma position.

Anna détestait la violence, celle-ci lui enlevait presque toute capacité lorsqu'elle en était la cible, ce qui était peu fréquent fort heureusement. Mais il avait raison, elle allait devoir changer. En l'entendant cité comme exemple un récent duel entre lui et Megan, elle lui jeta un oeil interrogateur, puis dit avec l'idée de le taquiner :

- un nez ne te suffisait pas? Enfin tu as raison, il est bon d'être préparé au pire actuellement, mais je t'avoue ni trouver qu'un intérêt pratique. Ce genre de sorts ne devraient pas avoir besoin d'être utilisés par des sorciers comme nous.

Elle savait que sa vision des choses était peu comprise ici, parfois jugée trop naïve mais elle devait avouer qu'elle comprenait en partie pourquoi son ancienne école française refusait d'enseigner la pratique des sorts de défense. L'utilisation de ceux-ci devait être restreinte, pourquoi mettre une arme dans les mains de tous?

24/02/2007

Clemens écouta Anna en silence, à la fois perplexe et intéressé par le discours philosophique qu'elle lui tenait. Ce genre de réflexions métaphysiques n'avaient jamais vraiment été son fort et il devait avouer qu'il ne s'attardait que rarement à questionner ses propres intentions. Il était plutôt du genre à agir et à réfléchir ensuite. Il devait cependant avouer que la jeune femme touchait quelques points centraux et que ce qu'elle disait faisait beaucoup de sens. Son regard se perdit dans les limbes, bien qu'il soit toujours concentré sur la voix douce et l'exposé qu'elle lui tenait. Se grattant distraitement la barbe il réfléchissait aux implications que ses actes avaient eux, ces derniers jours et ce qu'il en aurait été si il avait agi différemment. Il finit par simplement hausser les épaules avec un hochement de tête approbateur, il pensait bien avoir compris ce que Anna souhaitait exprimer, mais il n'avait rien à ajouter. Du moins, pas aujourd'hui. Dans quelques jours, quand il aurait eu le temps de véritablement se pencher sur le sujet, ils pourraient peut-être continuer cette discussion avec plus de profondeur.

Le sujet des sorts et de leur enseignement lui parlait soudainement beaucoup plus. Après tout, c'était un peu son domaine, et entendre la perspective de Anna sur les techniques de Beauxbâtons l'intéressait au plus haut point. Même si il doutait de leur efficacité, le Sinistros considérait qu'il était toujours utile de prendre d'autres méthodes en compte afin d'améliorer la sienne propre. Quand il pensait aux premiers cours de métamorphose qu'il comptait donner, il pensait à un cours très pratique, basé sur les sensations, le feeling avec la magie et la coopération entre élèves. Apprendre comment un sort fonctionnait et pas seulement son effet final était évidemment très important, se limiter à cette version lui semblait cependant complètement irréaliste.

" Pour ce qui est des sorts d'attaque, je suis bien d'accord avec ton point de vue. Les sorts de défense ne sont à eux seuls pas dangereux. Et que faites vous des sortilèges utilitaires ? Avez-vous une sorte de hiér... " Il s'interrompit pour regarder la mare qui se formait petit à petit à ses pieds et il ramena ses jambes sous lui, adressant un sourire à Anna. " de hiérarchie, je disais donc. Et je doute que tu aies autant apprécié cette version du sort, une fois redirigée vers toi. " lâcha-t-il, espiègle et amusé.

Il fit une courte pause pour réfléchir à ce que Anna venait de dire, puis reprit.

" Certes, mais comment peux tu rester froide et ne pas te laisser perturber dans une situation stressante, inconnue, et en plus, face à un sort que tu n'as jamais lancé ? Peu de nous ont un goût prononcé pour le combat, la soirée au cimetière ne m'a pas amusé, crois-moi. Je ne regrette cependant pas la façon dont j'ai agi, les Mangemorts n'ont pas tant de remords. "

Clemens devait avouer qu'il restait perplexe. Il maîtrisait avec brio un grand panel de sorts de métamorphose, et malgré sa connaissance approfondie en la matière - bien qu'il eut évidemment encore beaucoup à apprendre - il ne pouvait pas concevoir réussir certains sorts sans pratique. Les sorts d'Apparition par exemple, qui n'étaient enseigné que dans les classes d'ASPICS à Poudlard et qu'énormément d'élèves ne savaient toujours pas utiliser en quittant l'école. L'exercice était long et périlleux pour apprendre à les utiliser pour qui ne les sentaient pas au bout de sa baguette. Anna rebondit cependant rapidement sur l'anecdote du duel avec Megan, et il accepta volontiers le changement de sujet.

" Je n'ai pas véritablement choisi de me retrouver dans cette position ! Si on continue à se côtoyer, tu comprendras rapidement que si tu veux mener une vie tranquille, tu as plutôt intérêt à m'éviter. " Il lui fit un clin d'oeil, un sourire amusé sur les lèvres. " Je me suis retrouvé enfermé avec elle dans la salle des travaux pratiques et elle a proposé un duel pour passer le temps. Megan est une femme très intéressante, beaucoup plus complexe et réfléchie que ce qu'on pourrait penser de prime abord. Je suis convaincu qu'elle a beaucoup de choses à nous apprendre... Enfin, en quelque sorte, elle m'a aidé à grandir et à réfléchir correctement sur les évènements de vendredi. "

Sa voix avait pris un ton particulier, à la fois empreint de réflexion, d'affection et d'affectation. L'Abraxan l'avait poussé à faire un grand pas en avant et à ne pas se morfondre sur son sort, que ce soit à propos d'un passé très récent ou plus ancien. Ces trois derniers jours avaient décidément été très riches en évènements...

La réaction de Clemens face à son petit sort lui tira un petit rire claire et espiègle. Un rire qu'elle n'avait pas souvent ici. Elle aimait taquiner ses amis, mais il était dure de le faire dans une autre langue que la sienne. Là pas de mot, l'action en elle même avait suffit.

- Tu n'aurais reçu aucune goutte, juré! On pratique comme tu peux le voir, mais disons qu'elle vient ensuite. Nos premiers cours sont une explication de la magie, on tente de nous faire savoir ce qu'elle est. En réalité c'est assez intéressant, cela permet de mettre les choses dans le contexte et d'expliquer pas mal de rouages. Mais s'exercer permet d'acquérir une certaine aisance. Savoir comment nager ne nous apprends pas réellement comment le faire. Mais par contre je suis étonnée qu'on ne vous apprenne pas plus les techniques différentes pour pratiquer la magie. Je veux dire : on peut formuler un sort, on peut ne pas le dire aussi, mais on peut aussi trouver d'autres formes d'expression de celle-ci. Le quidditch par exemple fait un peu appel à la magie, tu peux révéler des choses dans l'action que tu ne ferais pas avec une simple baguette, tu vois? Comme quand nous sommes enfant, nous utilisons parfois la magie à l'état brute. Y avait-il d'autres club à Poudlard? Nous avions par exemple une chorale. Surtout occupée par des Velanes c'est vrai. Mais ça permettais aux élèves qui n'aimaient pas le quidditch de pratiquer une autre forme magie.

Anna pensa à ses propos et à l'exactitude des faits qu'il exposait. Il avait raison dans l'absolu, mais elle devait reconnaître que depuis qu'elle était ici, bien qu'elle se sentait souvent inférieure dans sa maîtrise des sorts, elle apprenait bien plus vite que d'autres.

- Je suis d'accord! Comme je te le dis, je considère que la pratique est nécessaire. Enfin je crois que la façon dont j'ai appris à un peu de bon, c'est un peu comme si j'avais des bases solides tu vois? Certains mettent des semaines à s'approprier un sors, j'ai l'impression de mettre un peu moins de temps.

Quand il évoqua Megan, elle secoua légèrement la tête. Elle avait l'air d'avoir beaucoup d'expérience, c'était sûre. Les quelques minutes passées en sa compagnie lui avait rapidement permis de comprendre que la jeune femme avait l'air d'être une habituée de ces situations. Au point même qu'Anna n'aurait pas été étonnée de savoir que la blonde Abraxan était à l'origine de la présence des mangemorts dans le cimetière.

- C'est sûr qu'elle est différente, lâcha-t-elle, elle donne presque l'impression d'avoir grandis trop vite.

En disant cela elle pensait à sa vive réaction face à Clemens, une personne normale n'aurait certainement pas éclaté le nez de quelqu'un pour si peu au final. Non elle avait réagis avec l'instinct, comme si chez elle il y avait un écart, un fossé entre deux choses, qu'est-ce qui avait bien pu engendrer cela? La jeune fille doutait de le savoir réellement un jour...

- Donc vous vous êtes battu en duel? Et qui a gagné?

24/02/2007

Son attention grandit au fur et à mesure que Anna lui décrivait les rouages de leur méthode d'enseignement. Son esprit de futur professeur intégrait et analysait ces nouvelles informations au fur et à mesure qu'elles lui parvenait afin d'en faire un tri : à garder / à modifier / à jeter. Clemens était impatient de se lancer dans la préparation de son premier cours et il avait conscience que son don naturel pour la métamorphose allait créer un fossé entre lui et ses élèves. Il avait prévu de se baser beaucoup sur la pratique afin d'aider les adolescents à sentir et à découvrir la magie par eux-même, mais le point de vue défendu par la jeune Française était également très intéressant. Certaines personnes avaient plus d'affinités avec l'étude et la recherche théorique des choses... Un autre angle de vue pourrait leur fournir une porte d'entrée dans l'étude de la métamorphose qui restait, malheureusement, un grand mystère pour de très nombreux sorciers. Son regard ne lâchait plus Anna, mais pour une raison différente cette fois. Dans ses yeux, son intérêt, plus tellement pour elle mais plutôt pour le sujet de la discussion, était à peine voilé. Le Sinistros l'écouta sagement, jusqu'au bout de sa tirade.

" Je dois avouer que j'aime assez cette perspective " acquiesça-t-il. " Non pas que je sois un grand partisan de la théorie, mais j'imagine que c'est un bon moyen d'amener la magie à de sorciers qui, comme toi, préfèrent prendre un peu de distance avec le feu de l'action. "

Clemens s'était exprimé d'une voix douce, afin de souligner qu'il ne souhaitait pas exprimer une quelconque critique. Même s'il n'était toujours pas entièrement d'accord avec Anna, il avait réussi à comprendre son raisonnement maintenant qu'elle le lui avait expliqué et illustré par son expérience. De nombreuses idées se cognaient à présent dans sa tête et il regrettait de ne pas avoir de quoi prendre des notes.

" On avait bien un club de duel et une chorale également... Et quelques trucs un peu différents, comme un club d'échecs de sorciers ou de Bavboules... "

Ses paroles, hésitantes, marquaient la réflexion qui se jouaient toujours chez l'Allemand alors qu'il essayait de continuer à prendre part à la discussion. Il était en train d'imaginer un moyen de mêler théorie et sens pratique à ses cours. En dehors des salles de classe, les élèves de Poudlard n'avaient pour ainsi dire par le droit d'utiliser la magie, ce qu'ils faisaient tout de même, mais de manière clandestine évidemment. Ses yeux brillaient de manière intense et il regretta un peu que l'étudiante de Phoenix dévie la conversation sur Megan. Il aurait volontiers continuer à échafauder des théories sur l'enseignement.

La courte analyse de Anna n'était pas entièrement fausse. Néanmoins, il ne se sentait pas le droit de parler des confidences auxquelles il avait eu droit la veille. Clemens se contenta donc de hocher la tête. Leur camarade d'Abraxan avait du faire face à un certain nombre d'obstacles qu'un adolescent ne devrait pas trouver sur son passage... et bien qu'il ne soit pas toujours ravi de sa manière de régler ses problèmes, il ne parvenait pas à lui en vouloir de réagir avec violence. La question sur le duel tomba donc à point nommé, et il lâcha un petit rire.

" Elle, évidemment ! Même si ce n'est pas passé loin. J'ai failli rétablir la situation en réussissant un sort de confusion, mais le temps que je me libère de mon Levicorpus, elle a réagit pas réflexe en me stupéfixant. Mon week-end a été rude du début à la fin, en somme. "

L'attaque des mangemorts le vendredi soir, la conversation de toutes les révélations avec Rowan le samedi soir, et le duel avec Megan le dimanche soir. Avoir une simple discussion amicale avec Anna, sous un soleil pâle et agréable, le lundi midi lui faisait le plus grand bien. Son imagination débordante revint soudainement sur le sujet de l'enseignement. Par une drôle d'association d'idées, il avait développé une ébauche de projet qu'il avait envie de suggérer à Anna.

" Je passe un peu du coq à l'âne, mais tout ce que tu m'as raconté à propos de Beauxbâtons me donne des idées. Je voulais voir mes cours comme une opportunité à donner aux élèves d'appréhender et de partager la magie, et pas seulement d'apprendre un sortilège. Je reste néanmoins convaincu que la théorie seule ne suffit pas... " Clemens fit une pause afin de choisir les mots les plus pertinents pour exprimer son idée. " Ne serait-il pas logique de sortir les élèves de leurs écoles ? De les emmener en excursion dans des lieux hautement magique, afin de leur faire sentir la magie dans leur environnement ? Ou de créer un club qui proposerait diverses activités pour faire corps avec la magie, sans forcément se limiter à lancer des sorts ? "

Tout une flopée de suggestions, de détails et de projets se développaient dans son esprit... Les yeux brillants d'enthousiasme, il attendait la réaction de sa camarade.

Anna rit quand elle entendit Clemens analyser sa méthode d'apprentissage. Elle aimait comprendre, c'était indéniable. une autre chose aussi l'était : quand elle avait compris parfaitement quelque chose, elle le maîtrisait généralement.

- Ce que je crois, c'est que théorie et pratique sont nécessaires, apprend l'un sans l'autre et tu ne pourras jamais maîtriser parfaitement ce que tu apprends. C'est comme faire de la voile, tu peux sentir et te déplacer sans connaître les vents, mais quand tu les connais tu te déplaces encore mieux. Ne penses-tu pas qu'on maîtrise mieux un jeu quand on en comprend la technique?

Par sa phrase elle tenta de faire appel aux souvenirs de Quidditch de l'ancien joueur. S'il avait su voler bien et rapidement, il avait aussi vite du se rendre compte que ça ne suffisait pas pour gagner un match.

- Tu ne pourras pas être parfait! Ta méthode pourra toujours être mieux, ou plus comme ci ou comme ça. Il y a des élèves avec qui ça marchera mieux que d'autre, mais si tu le sais, tu seras un excellent professeur!

Elle apprécia son oreille attentive qu'il lui avait accordé jusque là, et la réflexion qui se jouait en lui. Indéniablement savoir remettre en cause, comme il le faisait, ses croyances, certitudes et idées serait un atout dans son métier. Elle espérait d'ailleurs savoir à l'avenir faire preuve de la même ouverture d'esprit qu'il avait à ce moment-là.

- C'est bien si vous aviez une chorale, c'est une bonne chose.

Elle adorait le chant et trouvait que c'était l'une des plus belles formes d'expression de la magie. En l'entendant évoquer son duel avec l'Abraxan, elle secoua la tête en riant.

- Effectivement un véritable casse-coup !

De manière tout à fait spontanée elle cogna doucement sur le crâne de l'étudiant en lui disant :

- Tâche d'utiliser l'intérieur plutôt que l'extérieur de temps en temps!

Puis le jeune homme revint soudainement à leur premier sujet. Elle se réjouit de voir que leur discussion créait chez lui un tel intérêt. Elle avait eu si peur de passer pour une rabat-joie, ou bien de ne pas être comprise. Au contraire Clemens montrait un intérêt accru à ses propos. Il était clair que ce dernier n'avait pas fini d'étonner.

- Eh bien voilà! Elle fonctionne très bien cette tête quand elle veut! J'aime ton idée de les faire sortir des cours. La nature n'est-elle pas le plus bel exemple de métamorphose? Personnellement j'ai un goût pour les métamorphoses humaines, c'est toujours intéressant de regarder quelqu'un évoluer, mais les plantes et les animaux sont de magnifiques cas aussi.

Elle sentait qu'il avançait dans une bonne voix, il tenait une idée, maintenant restait à voir comment il l'a mettrait en pratique. Elle était curieuse de voir cela et fut déçue de savoir qu'elle n'aurait certainement jamais l'occasion d'assister à l'un de ses cours.

- Qu'est que tu aimes dans la métamorphose toi?

24/02/2007

Pertinent. C'était le premier mot qui était venu à l'esprit de Clemens lorsque Anna avait utilisé l'analogie des vents. Ses pensées avaient automatique dévié vers le Quidditch et c'était, sans nul doute, le but que sa camarade avait espéré atteindre. Décidément, pour quelqu'un qui prétendait peiner à exprimer ses idées en anglais, elle maniait plutôt bien le verbe ! En tant que batteur, il avait en effet appris à voler vite et avec agilité, tout en gardant une surveillance constante sur le jeu des deux équipes pour frapper vite et bien. Cependant, sans une connaissance approfondie de la stratégie de son équipe et une vive réflexion à propos de l'équipe adversaire, ses Cognards auraient pu avoir un effet plus néfaste qu'avantageux. Si la théorie pouvait être acquise par réflexes et exposition à une situation, l'apprentissage en restait néanmoins plus rapide quand il était le fruit d'un effort conscient. Clemens adressa donc un hochement de tête approbateur à Anna, encore une fois, elle touchait droit au bon endroit.

" L'analogie est très bien trouvée, en effet. " Un sourire illumina son visage face au commentaire enthousiaste de sa partenaire. " J'espère que tu as raison, et que mes élèves seront du même avis ! Il faudrait presque que tu assistes à un de mes cours pour pouvoir me donner un avis... Avec ton cursus, tu devrais pouvoir trouver une excuse, en plus !" ajouta-t-il avec un clin d'oeil.

A vrai dire, l'étudiant n'avait pas beaucoup de camarades avec qui il pouvait partager de telles discussions. Rowan était certes très réfléchi, mais Clemens n'était pas convaincu qu'il ait un sens de la pédagogie naturellement développé. Quant à Isolde, elle ne semblait pas intéressée par un avenir de professeur. Cette conversation avec Anna était en train d'acquérir beaucoup de valeur à ses yeux, d'autant qu'elle ne se gênait pas pour défendre un avis contraire au sien. Résultat, les deux étudiants semblaient réfléchir à parts égales et évoluer dans leur conception de la magie. L'étudiant en métamorphose serait à la fois ravi et curieux d'avoir un feedback de sa part sur un de ses premiers cours. Evidemment, McGonagall s'en chargerait également, mais son point de vue serait sans doute bien étranger à celui de leurs élèves...

" Hey ! "

Clemens protesta gentiment contre ce coup de percussions sur son crâne. D'un geste vif et précis, il attrapa le poignet de la jeune Française. C'était un vieux réflexe qu'il avait. Il avait pris l'habitude de neutraliser toute approche non-autorisée de son corps, comme si il essayait de chasser toute attaque potentielle. Il ne réalisa son action que par la force qu'il y avait mise. Avec un sourire d'excuse, il relâcha un peu sa pression, mais ne libéra pas Anna pour autant. Une lueur espiègle traversa ses yeux.

" J'ai été dressé à utiliser mon physique, que veux-tu. Je n'ai réalisé que plus tard qu'avoir de la jugeote était un avantage dans la vie. " expliqua-t-il avec un air docte, bien que son ton évoquait évidemment une vaste blague.

Ses yeux brillèrent avec encore plus d'intensité quand la Phoenix évoqua la métamorphose humaine. C'était son sujet de prédilection, des perspectives qui le faisaient frémir. Un frisson le traversa, d'ailleurs, et il lâcha enfin la main de sa camarade. Comment lui expliquer ce qu'il aimait dans la métamorphose ? Il avait presque l'impression que cette matière coulait dans son sang, à travers son âme. Avant de pratiquer cet art, il sentait son esprit s'enflammer et sa baguette chauffer dans sa main. Il pouvait se concentrer des heures entières sur un exercice ou une théorie sans que sa concentration ne s’émousse. Quelque chose en lui grondait d'excitation face aux nouvelles découvertes. Vraiment, était-il possible de mettre des mots sur un sentiment si pur et si animal qu'il peinait parfois à contrôler sa propre fascination ?

Clemens prit une grande inspiration et ferma les yeux un instant, avant de plonger son regard intense, brûlant, dans celui d'Anna.

" Imagine-toi que tu voles sur un Abraxan. Sa force généreuse t'emmène avec puissance mais bienfaisance. A toute vitesse vous frôlez les nuages et malgré le danger, tu te sens parfaitement en sécurité. C'est même l'exaltation qui naît en toi alors que tu réalises que le monde se trouve à tes pieds. Littéralement. Tu sens que tu fais partie d'un tout, infiniment plus grand que toi, mais dans lequel tu as cependant parfaitement ta place. Alors que tu sens les muscles de ta monture travailler avec ferveur, tu deviens plus consciente de ton propre corps. Une sensation nouvelle embrume ton esprit, tu prends conscience de l'immensité du monde autour de toi. Elle correspond à une infinité de nouvelles perspectives qui s'offrent à toi. L'adrénaline fait vibrer ton corps tout entier. Soudainement, tu bascules. L'émotion qui s'empare de toi est si forte qu'elle te coupe le souffle. Paradoxalement, elle est aussi douce et à la fois, aussi sauvage que l'étreinte. de ton amant. Ta perception est presque devenue animale, plus fine mais également plus indomptable. Le monde autour de toi a pris d'autres couleurs, une toute autre signification. "

Clemens avait fait une courte pause entre chacun des quatre derniers mots. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine après cette évocation très littérale de l'essence de son être. Il sourit doucement à sa camarade puis reprit, plus explicatif cette fois.

" J'ai l'impression qu'elle coule dans chaque goutte de mon sang, c'est presque inexplicable. Je la vois partout autour de moi. Faire un cocktail ? C'est une métamorphose. Un papillon qui sort de sa chrysalide ? Pareil. Deux inconnus chez qui nait l'amour l'un pour l'autre... n'est-ce pas aussi une métamorphose profonde chez chacun de ces deux êtres ? Je vois cet art comme l'explication ultime de notre monde. Cette fascination me dépasse presque. "

Ses derniers mots, il ne les avait prononcés que dans un souffle, un murmure. Il avait, pour quelques minutes, accueillit Anna dans les tréfonds de son être et soudain, il se referma. Ses yeux, défiants, attendait sa réaction.

Lorsqu’il évoqua l’idée qu’elle se joigne à lui, Anna fut ravie de réaliser à quel point leur conversation avait de l’importance pour Clemens. Elle accepterait avec joie de participer à l’un de ces cours si l’occasion se présentait et lui promit de venir si cela était possible.
Dans son emportement naturel elle avait oublié quelques instants le passé du jeune homme. Elle fut surprise de sa réactivité hors-norme dont il fit preuve pour un geste qu’elle avait jugé anodin. Sa main avait attrapé son poignet d’une manière qui ne laissait aucune chance à la jeune fille de lutter même si elle en avait eu envie, mais il ne lui fit pas mal pour autant. Rapidement, lorsqu’il eut fini de reprendre le contrôle de la situation, elle sentit sa prise se faire plus douce bien que toujours existante. Comme quelques minutes auparavant lorsqu’il lui avait saisi le menton elle se bloqua et son corps s’emballa de cette proximité soudaine. Pour lui cela devait être un mouvement insignifiant, instinctif, ce n’était pas le cas pour la jeune française peu habituée à des contacts de cette nature qui différaient d’un jeu entre amis qu’ils n’étaient d’ailleurs pas. Cela provoquait en elle une angoisse indistincte mais qui saisissait son corps entier, emprisonnant tout d’un coup son estomac dans une étau de vide dans lequel le reste de ses organes étaient irrésistiblement attirés. Dans un souffle et avec l’espoir qu’il s’éloigne qu’elle puisse ainsi retrouvé un peu de sérénité, elle céda :

- Les deux ensembles doivent être diablement efficaces.

La question qu’elle posa ensuite vint lui apporter l’éloignement qu’elle cherchait. Elle avait visiblement touché à ce qui faisait vibrer l’être du jeune homme. Elle eut du mal à se concentrer sur le début de sa tirade, tentant de retrouver un calme intérieur, mais elle s’efforça à se fixer sur ses paroles ce qui lui permit d’éloigner les sensations qui avaient surgi. En même temps que la réponse à sa question elle comprit en parti ce qui lui avait fait aimer le Quidditch, ses images étaient très aériennes. Elle-même fut incapable de saisir les sensations que lui évoquait l’étudiant, elle n’avait jamais particulièrement aimé voler, elle était de tout façon une piètre voleuse, ceci expliquant sûrement cela. Elle aurait pourtant aimé voir les choses de sa façon.
La suite fut pourtant limpide pour elle, bien qu’elle n’ait pas compris les images qu’il avait tenté de lui faire passer, elle rejoignait ces conclusions. La métamorphose était partout dans chaque chose.

- C’est la vie, dit-elle pour résumer. On est en constante transformation quoi qu’on fasse on change toujours. Nous sommes comme ça, ce qui ne bouge plus est mort.

Elle le comprenait mieux qu’elle l’aurait imaginé, il était pourtant si différents dans ses choix d’elle, mais à ce moment précis elle eut l’impression qu’ils allaient malgré tout dans la même direction, que leurs oppositions n’étaient pas contradictoires, au contraire quand on les mixait elles se mélangeaient pour former une nouvelle substance qui avait l’air de plutôt bien matcher. Puis elle sourit à l’évocation de l’amour.

- Tu me le décrirais comme un vol sur un sombral aussi ? le taquina-t-elle. As-tu aussi un goût pour les potions ?

Elle-même n'avait pas particulièrement d'atome crochu avec la matière, celle-ci demandant trop de précisions à son goût, elle lui préférait de loin la cuisine, proche voisine mais beaucoup moins capricieuse sur les mesures. Néanmoins elle n'aurait pas été étonnée d'apprendre que le sinistros si adepte des changements en soi aussi un adepte.