[Botanique générale] Botanique, billes et bleusaille [Complet][En cours]

Il était encore tôt lorsque Bentley se réveilla ce matin-là. Il avait pris une longue douche avant de filer prendre un petit déjeuner copieux comme il les aimait. Vu l’heure matinale la salle était encore à moitié vide et d’un calme apaisant. Ce matin il devait commencer les cours par la botanique ce qui l’enchantait par avance. L’espoir de découvrir de nouvelles plantes et utilisation le stimulait grandement. Après toutes ces années à Poudlard, dont le cursus restait tout de même très sage, il avait le fol espoir qu’ici les étudiants pourraient aborder des plantes un peu plus…intéressantes dirions-nous. Voyant qu’après le petit déjeuner il lui restait encore du temps, il attrapa un de ces délicieux petits pains au lait que faisaient les elfes de maison avant de sortir du château pour se rendre dans les jardins. Un peu d’air frais lui ferait le plus grand bien après tout ce qu’il venait d’engloutir comme un morfal. Il alla donc se poser sur un banc dans un petit bosquet tranquille et sortit un petit livre de botanique qu’il avait trouvé à la bibliothèque la veille.

Le nez plongé dans son bouquin, il occulta totalement l’heure qui passait tant et si bien que lorsqu’il s’en rendit compte il ne lui restait plus que 5 minutes pour rejoindre son cours. Bentley fourra son livre dans sa besace et pris la direction des serres. Bien que sachant qu’il n’était pas en avance il ne pressa pas le pas pour autant. Le début des cours étaient toujours d’un ennui mortel surtout que là il s’agissait d’un nouveau professeur. Ils allaient sans doute avoir droit au petit discours classique de chaque début d’année : qui êtes-vous, quel cursus, pourquoi celui-là et pas un autre… Bref rien de bien passionnant qui méritait de ne pas être loupé et puis il n’aimait pas particulièrement parler de lui, encore moins devant toute une classe.

Il arriva enfin à la serre et remarqua en poussant la porte qu’un nombre d’élèves étaient déjà présents. Le cours lui ne semblait pas avoir commencé en revanche. L’odeur de la jusquiame dorée vint agréablement lui chatouiller les narines et il ne put s’empêcher de fermer les yeux quelques micros-secondes inspirant profondément le mélange des odeurs qui émanaient de toute la salle. La terre, les fleurs, les plantes… de vraies petites madeleines de Proust qui le ramenait à chaque fois dans son Middlesex natal. Avec une certaine nonchalance il se dirigea vers un établi libre non sans avoir salué le professeur d’un petit signe poli de la tête. Ce dernier semblait bien plus jeune que le précédent professeur qu’ils avaient eu jusque-là. Bentley espérait que cela soit un bon point, peut-être que les cours allaient devenir un peu plus dynamique. Son regard fut rapidement attiré par les billes bleus posés sur les palliasses. Il arqua un sourcil à moitié surpris et curieux à la fois. Il lui semblait déjà avoir aperçu ce genre de graine dans l’atelier, ou plutôt le foutoir, de son grand-père mais n’y avait jamais touché n’y accordant pas grande importance. Les yeux rivés sur les petites graines il tentait vainement de se souvenir du nom marqué sur le bocal en verre les contenants tout en prenant place à un établi libre.

Le professeur démarra finalement le cours et Bentley leva brièvement les yeux avant de reporter son regard sur les graines devant lui. Il passa un des gants pour se protéger. C’était l’une des conditions indispensables lorsque l’on faisait de la botanique et encore plus dans le monde magique où certaines plantes avaient le pouvoir de vous infliger de douloureuses blessures. Il toucha du bout des doigts la graine qui ne bougea pas d’un pouce. Surpris par cette résistance il tenta de la prendre directement dans le creux de sa paume et s’aperçut rapidement que ce n’était pas aussi simple que ça le paraissait. La petite graine pesait bien plus lourd qu’elle ne semblait l’être. La reposant avec attention il prêta une oreille attentive à ce que disait le professeur.

Ainsi donc cette petite graine d’un joli bleu était la base d’une fleur. Bentley se demandait bien qu’elle était son utilisation et ses propriétés. Alors qu’il observait la splendide fleur posée sur le bureau du professeur, il entendit ce dernier parler de les mettre en binôme. Bentley ne put s’empêcher d’arquer un sourcil blasé lorsque Neal leur déclara qu’il constituerait lui-même lesdits binômes. « bah tiens…il manquait plus que cela. On se croirait à Poudlard… » songea t-il. Mais son expression changea rapidement lorsqu’il entendit le premier prénom prononcé par le professeur. Il ne s’était pas attendu une seule seconde à l’entendre à nouveau un jour. Combien de chance y avait-il pour qu’une autre fille que celle qu’il connaissait porte ce prénom ? Bentley tourna lentement la tête parcourant la salle du regard à la recherche d’une chevelure rousse. Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsqu’il aperçut Amaranthe qui semblait faire de son mieux pour ne pas croiser le regard du jeune homme. Elle ne pouvait pas ignorer qu’il était là puisqu’il était rentré après elle. Pourquoi ne s’était-elle pas manifestée ? Comment avait-il pu ne pas la voir ? Depuis combien de temps était-elle à Haveirson ? Toutes ces questions devraient attendre car à présent les élèves commençaient à changer de place afin de constituer les binômes pour le cours.

Se reconstituant un visage impassible, il attendit que Luuna vienne près de lui. Il connaissait déjà la jeune femme puisqu’ils avaient été ensemble à Poudlard. Elle faisait partie de la maison Gryffondor à l’époque. Bentley ne les portait pas spécialement dans son cœur car pour lui les gryffondor n’était qu’un tas  d’inconscient qui prenait leur imprudence démesurée pour du courage. Mais l’attitude de Luuna envers lui l’amusait quelque peu. Il était sorti avec l’une de ses amies et son comportement envers elle avait passablement agacée la jeune gryffondor qui ne supportait pas les hommes infidèles. Autant dire qu’avec Bentley elle était servie, lui qui papillonnait à droite et à gauche…
Si sa mémoire était bonne Luuna était plutôt douée en botanique à Poudlard, il espérait donc qu’elle le soit toujours d’autant plus que le professeur venait de révéler qu’une récompense serait en jeu. Bon il pourrait toujours revenir de nuit pour tenter de piquer une graine ou deux mais il préférait nettement la gagner c’était plus amusant que d’avoir à se faufiler dans la serre en pleine nuit et de prendre le risque de se faire mordre par la tentacula vénéneuse. Il reporta son regard vers Luuna qui s’installait à coté de lui.

- Salut Luuna. J’ai de la chance aujourd’hui on dirait. L’une des filles les plus sexy de l’académie rien que pour moi… Espérons que la chance me suive jusqu’au bout et qu’on remporte la récompense.

Il lui décocha un petit sourire mi charmeur mi moqueur sachant pertinemment que la jeune femme n’allait pas rester là sans rien répliquer.

Tandis que le jeune homme surveillait du coup de l’œil son partenaire de cursus, très loin d'être dans un état stable, mademoiselle Greenleaf entra dans la salle. Son objectif du jour. Il laissa s'échapper un bref soupir, soulagé de constater que sa mission ne serait pas vaine. Il devait s'enquérir de quelques vagues informations sur un point méconnu, qui attisait son inquiétude depuis plusieurs nuits.

L'occasion était trop belle.

Rowan inclina légèrement le visage vers sa camarade de Sinistros, un fin sourire venant accompagner cette salutation qu'il espérait sympathique. « Bonjour Luuna. La botanique me manquait depuis Poudlard, je suis ravi de pouvoir en étudier ici aussi. » Cependant, il nota vivement qu'une gêne singulière existait entre elle et Gareth. Soit.

Tandis que Luuna s'installait convenablement à ses côtés, l'ancien Serpentard lança un bref regard vers sire Frost. Toujours entier. Bien. Il porta de nouveau son attention sur son interlocutrice, se laissant gagner par une certaine fierté, qu'il se garda bien d'afficher. « Je te remercie Luuna, j'espère que nous aurons d'autres occasions de festoyer. » Et de la voir virevolter entre les bras de Clemens.

Intérieurement, il avait une terrible envie de s'en réjouir et d'en sourire. Néanmoins, il devait se contenir et paraître nonchalant au possible. Il s'agissait de ne pas trahir les ardeurs brumeuses de son colocataire...

Après ces quelques instants distrayants, le jeune homme se concentra sur les allégations de l'enseignant. Il perçut sa prévenance à l'égard de Gareth, ce qui le rassura suffisamment pour détendre ses membres. Du moins, jusqu'à la répartition des élèves en différents groupes. Bon sang. Pas si facile que prévue, sa mission. Tant pis.

Avant qu'il ne puisse réagir, Luuna quitta son champs de vision pour laisser place à Nathanael. Avec une quiétude toute aristocratique, il acquiesça aux propos de son ancien partenaire de chambrée. Autant lui laisser grappiller quelques honneurs dans ses joutes mesquines. Cela ne le préoccupait que peu, ni ne l'affectait.

Sans rien laisser transparaître, il céda sa position à l'Abraxan puis se dirigea vers la table d'Amaranthe. Non sans la saluer avec une courtoise toute délicate et prévenante, il prit place en sa compagnie. Sans tarder, ils commencèrent à converser et réfléchir sur ce qu'il convenait de faire au mieux...

Alors que Gareth comatait tranquillement à côté de Rowan, ne demandant rien à personne, tout le monde s'agitait autour de lui. A commencer par l'arrivée de Luuna, s'adressant à son voisin d'un ton si enthousiaste, alors que lui n'avait droit au plus glacial des silences, l'ignorance comme pire souffrance. Qu'est-ce qu'il avait fait encore pour mériter ça ? Ah les filles... M'enfin, ça serait pas une fille si elle était pas chiante hein. Le truc, c'était que dans son état de délabrement physique actuel, il avait tout sauf la force de se plier en quatre pour que madame veuille bien arrêter de le bouder comme une gamine de six ans. Et pis bon, elle était bien mignonne, l'autre, mais si elle savait que s'il s'était barré comme un sagouin au bord de la rivière, c'était pour préserver leur amitié naissante d'un secret qui les aurait indubitablement éloigné l'un de l'autre. Non mais sérieusement, c'était pas de gaieté de cœur qu'il avait abandonné Luuna seule ! Il avait sacrifié sa compagnie pour sauver leur amitié ! Franchement, elle devrait même le remercier mais non même pas ! Elle préférait lui tirer la gueule, l'ingrate ! Comme assez souvent en ce moment,  la voix de la raison s'éleva dans un recoin de la tête de Gareth, s'adressant à lui avec son franc-parler qui allait devenir récurrent : « Arrête ton char boulet, t'as juste joué au connard avec elle et voilà le résultat, assume, enflure ». Pfff, quel rabat-joie celui-là. Alors qu'il venait juste de se trouver une bonne excuse à lui baratiner.

Sans qu'il ait eu le temps de réagir et de parler à Luuna, le professeur commença le cours, commençant par les répartir en binômes. Allez là, mets-moi avec Luuna prof' ! Faut que je lui parle ! Allez là, sois chic un peu prof ! Et... Non. Luuna se retrouvait avec Bentley. D'ailleurs c'était qui lui encore ? Mais le pire restait à venir. Déjà qu'il était « réparti » en dernier (un peu comme le petit gros à l'école quand on faisait un foot, ne put s'empêcher de penser Gareth), mais en plus il était CONFIE à Nathanael ! Clairement, il venait de lui coller l'étiquette de boulet du cours ! Non mais c'était qui ce prof' là ! Neal Fitz...Saumon là. Non mais de quoi j'me mêle quoi ! Gareth allait lui envoyer ses graines dans la face, ça allait être vite vu cette histoire !

A la fin de cette annonce, il y eut un mouvement de foule, tout le monde se lever, faisant racler les chaines sur le sol, tapant du talon en allant rejoindre son binôme attitré. Ohlala, trop de bruits, des marteaux-piqueurs dans sa tête. Par pitié que ça s'arrête ! Finalement, la salle se calma, et Nathanael vint directement à lui pour lui éviter de se bouger, brave garçon.

_ Merci.

Ça lui faisait pas de mal de respecter les gens un peu de temps en temps. Bref, il ne fallait pas oublier qu'il était en cours, un peu de sérieux s'imposait. Ce serait vraiment connard de sa part que de laisser Nathanael s'occuper de tout pendant qu'il s'endormait dans son coin. Alors Gareth se redressa et se donna une claque sur chaque joue histoire de se réveiller un coup. Allez, pour faire preuve de bonne foi, il allait s'intéresser un peu à cette plante. Comment amener cette plante à lui dévoiler ses secrets ? Ben voyons, la réponse était simple, comment il faisait lui quand il voulait qu'une fille lui parle d'elle ? Alors, après avoir enfilé ses gants, Gareth se rapprocha tout doucement de la plante, la tapotant délicatement de l'index, et lui chuchotant des mots doux.

_ Heyyyyy cutie... T'es accompagnée dans la vie ?

Pas de réaction. Bon, ce n'était que l'échauffement de toute façon.

_ T'as pas mal aux pieds ? … A force de me trotter dans la tête.

Toujours rien. Mais à force d'essayer de charmer la plante, Gareth se sentait de mieux en mieux.

_ Ça va tu t'es pas fait mal ? Pourtant j'aurais juré que t'étais tombée du ciel, mon ange...

Ca ne lui faisait ni chaud ni froid. Mais Gareth reprenait vie petit à petit. Il était clairement dans son élément.

_ J'ai demandé à Dieu un arbre, Dieu m'a donné une forêt. J'ai demandé à Dieu un verre d'eau, il m'a donné un océan. J'ai demandé à Dieu de l'amour, et tu es apparue.

Bon bah si elle voulait toujours pas, soit elle était lesbienne, soit elle était frigide cette satanée plante ! Finalement, Gareth se détourna de la capricieuse plante et jeta un coup d'oeil à la salle de classe. Chaque binôme semblait absorbé dans son étude de cette plante incompréhensible. Son regard tomba alors sur Luuna et Bentley. L'ambiance n'avait pas l'air des plus cordiales. Peut-être que s'il attirait son attention, elle daignerait lui parler... De toute façon, il n'arriverait rien avec ce machin frigide, alors autant que ce cours lui serve à quelque chose, si possible à se réconcilier avec Luuna. Oui, ça semblait une bonne idée. Alors Gareth attrapa le premier projectile qui lui passa sous la main et le jeta sans ménagement sur Luuna. Sauf que la petite sphère qu'il avait jetée sur la demoiselle se trouvait être une graine. Sauf qu'à en juger par la réaction de Luuna, ces graines étaient plus compactes et faisaient donc plus mal que Gareth ne le pensait. Vu le choc que ça avait provoqué sur la jeune Sinistros, elle aurait sûrement un sacré bleu à l'endroit où elle avait reçu la graine.

Le premier réflexe de Gareth fut de soudainement se plonger de façon absolument pas crédible dans l'examen de la plante, l'air faussement innocent. Et merde... Y'a des jours comme ça. Quand ça veut pas, ça veut pas.

Bentley lui adressa un sourire amusé, il adorait la taquiner et en général Luuna tombait toujours dans le panneau. Même si il aimait la charrier sur sa naïveté c’était un coté qui la rendait attachante.

- Les classiques sont toujours les meilleurs. Lui répondit-il. Indémodables ils font toujours mouches, la preuve pour une fois que tu me crois sincère ! C’est à marquer d’une pierre blanche !

Il jeta rapidement un coup d’œil à Gareth qui ne laissait aucun doute sur la gueule de bois qu’il devait se taper et fit un sourire compatissant à Nathanael qui lui devait se le coltiner. Il reporta son attention sur les graines et la fleur devant eux. Bien Luuna semblait aussi déterminée que lui à remporter la récompense. A eux deux ils arriveraient bien à quelque chose. Il mit son autre gant et commença à inspecter la fleur sous toutes ses coutures. Il n’avait jamais vu une telle plante, sa tige en forme de tresse lui donnait un petit air enfantin tandis que la blancheur de ses pétales lui conférait un air virginal. On avait presque peur de lui faire mal tant elle était belle. Mais Bentley ne s’y fiait pas. Avec le temps et l’expérience il avait appris que la plus belle des fleurs pouvait se révéler d’une dangerosité mortelle. Bon il doutait fortement qu’elle puisse détenir ce pouvoir mais elle devait, à n’en pas douter, détenir des propriétés impressionnantes. Il tenta de se remémorer les paroles du professeur la concernant.

- Bon si on tient compte des dires du professeur, cette fleur ne pousse que dans un environnement polaire donc  extrême et rarement peuplé. On pourrait partir de là… Je ne pense pas qu’elle ait besoin de la main de l’homme pour se développer. Question conditions climatiques dans cette partie du monde y a pas tellement de diversité, hormis le vent et la neige je ne vois pas d’autres possibilités.  Tentons avec un courant d’air froid pour voir si elle aime ça cette petite beauté.

Il sortit sa baguette de sa poche,  la pointa sur la fleur et prononça d’une voix sûr de lui.

- Aera frigus !

Aussitôt un courant d’air froid sortit de la baguette qu’il dirigea en direction des pétales espérant que cela la fasse réagir. Le but était de lui faire croire qu’elle se trouvait dans son environnement naturel et qu’elle pouvait donc s’épanouir sans inquiétude.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le grand blond s'était muré dans un silence qui lui allait si bien dès l'instant que son postérieur avait touché le banc. Loin de l'image du dadais bruyant et malhabile, le jeune homme était, comme souvent, discret et concentré sur le travail qui se trouvait devant lui, et encore plus déterminé lorsque celui ci piquait sa curiosité d'une pointe assassine. Et … Quelle pointe.

Observant malgré tout le flux d'étudiants entrant dans la serre, l'Abraxan ne pût s'empêcher de retenir par moment quelques réactions, son visage figé dans une bonhomie qui lui était coutumière, accrochant son regard à certains visages qu'il reconnaissait... En bien, ou en mal. Sa mémoire, affûtée, lui rappellait ça et la les frasques de certains qu'il connaissait de nom – ou de réputation – alors qu'elle lui permettait également de se rappeller les « bons moments » passés avec d'autres.

Theodore avait machinalement enfilé son gant de cuir usé, écoutant d'une oreille attentive leur nouveau professeur sans quitter des yeux les précieux végétaux posés sur la table, pinçant les lèvres au fur et à mesure des propos de celui qui devait leur offrir ces cours, arquant un sourcil interrogatif. Une plante rare, sans le moindre doute, dont la forme et la nature semblaient corroborer les affirmations de leur tuteur...

Relevant le nez vivement, celui ci cligna des yeux avant de hausser les sourcils, ne parvenant pas à retenir l'ourlement du coin gauche de ses lèvres au son du nom que le professeur venait de prononcer. Il avisa alors la jeune fille – femme – qu'il connaissait bien, poussant d'un geste lent les affaires qu'il avait posé sur le banc à ses côtés pour lui faire place, expirant dans un reflexe qui aurait pu passer pour un bref rire attendri, penchant la tête sur le côté. Drôle de bonhomme, indubitablement, aux réactions que même lui ne comprenait pas toujours.

Isolde Mayer. Leur première rencontre remontait à cinq ans. Et quelle rencontre. Un des rares moments de l'époque de Poudlard ou même lui avait eu un léger frisson le long de son dos, face à cette créature. Pas Isolde. L'autre. Ramenant son attention, il la détailla à nouveau, laissant glisser son regard bleu sur elle, observant les changements qui avaient eu lieu depuis son départ de sa première école de sorcellerie. Elle n'avait pas beaucoup grandi, mais ses traits s'étaient affinés, et une certaine maturité se dégageait d'elle, à présent.

Lui, à l'opposé, n'avait pas réellement changé. Pour lui, du moins. Toujours grand. Toujours costaud, et … toujours aussi décalé.

Une pointe de chaleur perçait dans sa voix, alors qu'il ramenait son attention sur l'exotique sujet d'étude qui se retrouvait devant eux, se grattant le menton dans un geste mécanique, plissant un peu plus les yeux.

Penchés sur la plante, et sur les graines, les deux élèves semblaient concentrés et affairés, réfléchissant à voix basse sur un quelconque moyen de faire réagir la plante. Un environnement extrème, difficile, ou une plante devait subsister sur des moyens détournés pour parvenir à éclore …

Il n'en fallu guère plus pour que le grand blond sorte de son sac une pelle de petite taille qu'il posa sur la table, avant de saisir sa baguette entre ses doigts, expirant en touchant l'outil du bout de sa baguette de chêne, alors qu'un léger mouvement argenté prit place, changeant la pelle en diapason argenté, que l'ancien gryffondor présenta à sa comparse, se tournant à demi pour qu'elle soit la seule à voir son sourire.