[Médicomagie générale] Premiers soins, urgences et accidents domestiques

24/02/2007

Ses doigts tambourinaient avec régularité sur le bord de sa tasse tiède, à la recherche des dernières vagues de chaleur. Son expression interrogative s'éclaira alors, peu à peu, d'un sourire. Le professeur ne s'était pas laissé démonter par sa question et y avait réagit au quart de tour. Clemens était habitué à tester ses enseignants et à chercher le détail qui faisait mal. Le respect spontané qu'il avait ressenti pour Fitzsimmons se confirmait donc. L'étudiant hocha la tête tout en enregistrant les informations qui lui étaient fournies. La solution à son problème était somme toute banale, néanmoins il était bon de savoir dans quel ordre utiliser les sortilèges. Les brûlures étaient si courantes dans la vie quotidienne, sorcière ou moldue, qu'on tendait à les traîter avec beaucoup de négligence. En cela, personne ne pouvait contredire leur professeur. Satisfait, le Sinistros fouilla les profondeurs de sa manche pour sortir sa baguette, ensuite, il se mit à réfléchir. Il commençait à peine à chasser les dernières brumes de sommeil de son esprit et il ne se sentait vraiment pas de s'infliger de quelconques frissons. Sa main gauche toujours fermement arrimée à sa tasse, il tourna ses yeux bleus vers Rowan.

Depuis le bal, les deux colocataires n'avaient presque pas eu l'occasion de passer du temps ensemble. Outre leurs conversations nocturnes, évidemment. Cela faisait presque drôle à Clemens de détailler le visage de son ami à la lueur du jour, c'était comme le découvrir à nouveau. Tout son être respirait la concentration et nul n'aurait pu dire si le Calor Temper expérimenté par l'ancien Serpentard était une réussite. Comme d'habitude lorsqu'il se trouvait en public, son expression était maîtrisée, indéchiffrable. L'Allemand hésita un instant, puis grimaça. Il aurait probablement été déplacé, voire carrément malpoli d'utiliser spontanément son ami comme cobaye. Tanpis. Il reposa sa baguette et attendit la suite du cours d'un air désinvolte. Il aurait bien le temps, plus tard, avec plus de sommeil, de s'essayer à ce nouveau sortilège qui ne devait pas être bien difficile.

Quelques minutes plus tard, Fitzsimmons enchaîna sur les brûlures alchimiques et leurs traitements. Enfin, un seul, et une solution d'urgence. Clemens fit la moue à nouveau, alors qu'une sensation d'insatisfaction familière grimpait en lui. Il avait grandi dans un contexte moldu et l'Absorburn, bien que connu, n'entrait pas dans sa définition de la pharmacie de base. Ce genre de produits ne se trouvaient pas dans toutes les poches et même si c'était le cas... à quoi bon venir en cours pour apprendre à utiliser l'onguent de la ménagère lambda ? Le jeune homme étouffa un bâillement puis leva la main à nouveau.

" Excusez-moi Professeur, mais je ne comprends pas bien l'utilité de cette explication. L'Absorburn est un réflexe devenu commun pour la plupart d'entre nous, même ceux nés dans un contexte moldu. Du moins, je l'espère. Mais que faire pour les situations d'urgence ? Comment traiter une brûlure alchimique quand on n'a ni Absorburn, ni spécialiste compétent sous la main ? Y-a-t-il des plantes ou des substances du quotidien qui peuvent soulager le blessé ou repousser une échéance dramatique en attendant d'atteindre un produit ou une personne plus efficace ? "

Son ton trahissait à nouveau une certaine irritation et son regard droit et fier pouvait être interprété comme une forme d'insolence. Déjà à Poudlard, l'ancien Serdaigle avait agacé de nombreux professeurs tandis que d'autres commentaient simplement leur compréhension de sa répartition. Le jeune homme était curieux et exigeant avec son entourage. La réponse la plus évidente ne lui suffisait jamais.

18/12/2005

Le Calor Temper. Megan avait cessé de compter le nombre de fois ou elle l'avait utilisé auparavant. C'était un sort à priori simple, mais qui demander de la concentration contrairement à ce qu'on pouvait penser. Toutefois, il n'était pas forcément connu chez les sorciers qui n'avait pas de base de médicomagie ou n'avait pas été exposé à un sort de cette catégorie, contrairement au Frigor Vitalis.

Megan ne tenta pas de faire le Calor Temper, elle savait l'effectuée. En revanche, les brûlures de dragon l'intriguée et elle avait hâte d'arriver au sujet, surtout qu'il n'y avait pas que les dragons capable de cracher du feu. Elle attendrait le moment propice pour l'interroger. Elle était plutôt sceptique quant au déroulement du cours. Elle avait l'impression qu'il manquait une partie importante, surtout par les temps qui courrait.

-Excusez moi professeur, il me semble qu'il y a certains sorts qui cause des brûlures internes et sur lequelles le Frigor Vitalis et le Calor Temper ne fonctionnent pas. Y a-t-il une raison à cela? Je pense notamment à l'Ignesco Intereo, connu pour être un puissant sortilège de combustion spontanée.

Megan finit sa phrase sur un ton plus hésitant. Elle savait qu'il n'existait qu'un seul sort capable d'arrêter de combustion spontanée. Mais malgré des mois à tenter de le maîtriser, ce sort lui échappait totalement. Elle avait pensé, au début que ça dépendait de la classification de la magie, mais la magie en elle-même ne se classait pas. De plus L'ignesco Intereo n'était pas un sortilège très connus. Il existait moins de dix exemplaires du livre dans laquelle il figurait, ce qui était extrêmement rare. Toutefois, elle savait que le ministère de la magie en détenait un. D'ailleurs il avait été prêté à l'hopital de Ste Mangouste, ou des chercheurs travaillaient dessus.

Clemens semblait bien en forme aujourd'hui, puisque ses questions étaient d'une très bonne pertinence. Megan sourit légèrement en regardant son camarade qui était dos à elle. Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle, et s'aperçu de la présence d'Anna, non loin d'elle. Cette vision lui donna envie de pousser la chansonnette.

-Avada Kedavra, quelle mort fantastique, ce mot signifie que tu perdras ta vie,...

Doucement, dans un murmure, Megan chantonna cela sur le ton de la chanson d'Hakuna Matata... Elle s'arrêta aussitôt ne voulant pas se faire remarquer par le professeur, ni par ses camarades.

Tandis qu'il s’exerçait rigoureusement au sortilège, le jeune homme aperçut la silhouette de damoiselle Delflandre se glisser dans la salle de l'amphithéâtre. Il ne pouvait pas se permettre de perdre sa concentration, mais il nota l'arrivée tardive de sa camarade dans un coin de son esprit. D'une certaine manière, il lui plaisait de retenir ce genre d’éléments impromptus … Pourtant, aucun sourire ne vint trahir l'immuable indifférence de ses traits quant à cet égayement.

La médicomagie requérait l'ensemble de son attention. Infaillible. Persistante.

Lorsque le professeur reprit la parole, l'ancien Serpentard s'immobilisa instantanément pour écouter ce dernier. Il porta son regard d'un bleu pâle vers messire Fitzsimmons, s'instruisant avec une dévotion palpable de la moindre information lâchée. Il profita d'un temps de pause dans les allégations de leur enseignant pour esquisser quelques notes dans son cours, reprenant ce qu'il jugeait essentiel à savoir et à analyser ultérieurement.

Profondément attiré par les connaissances médicales qu'on lui livrait progressivement, Rowan ne remarqua pas l'intérêt éphémère de son colocataire, ni sa grimace. Seule la nouvelle question de son ami lui fît tourner le visage dans sa direction. Pertinent. En cas de situation urgente, il serait bon de connaître les alternatives.

Les brûlures alchimiques et l'Absorburn ? Il connaissait effectivement cet onguent et ses propriétés, sans en être un fervent utilisateur. Jusqu'à aujourd'hui, il avait eu la chance de ne pas connaître des désagréments nécessitants ce genre de pommade. A son grand soulagement.

Une autre interrogation fusa, d'une voix qui ne lui était pas inconnue. Une seconde donnée intéressante à éclaircir, sachant à quel point cela pourrait leur sauver la vie. Sans rien laisser transparaître, l'ancien Serpentard caressa d'une main invisible le souvenir impérissable du cimetière. Qui sait, sans les vives réactions de ses compagnons et l'intervention de Jarod, ce qui aurait pu leur arriver ?

Pour dissiper le malaise qui le frôlait, Rowan ancra son regard sur le visage du professeur. Dans une attente nonchalante, il guetta ses explications.

Rowan ignora les remarques de Juliet. Il devait apprécier le cours et être concentré, c'est pourquoi elle ne fit aucune réflexion quant à son silence. Pourtant, elle aurait pu très bien se vexer. Au lieu de quoi, elle décida de se concentrer sur ce que disait le professeur. Son effort fut de courte durée puisque ce dont parlait Mr. Fitzsimons était du charabia pour elle. Elle avait la tête ailleurs et était préoccupée par tout autre chose. C'est pourquoi, la jeune femme décida de ne pas s'éterniser et de quitter le cours. Elle espérait que cela ne serait pas trop mal prit. En effet, cela n'était pas très poli de quitter un cours en plein milieu et qui plus est alors qu'il venait tout juste de commencer. La sorcière se pencha en direction de son ami et lui chuchota :

- J'ai une affaire urgente à résoudre. A une prochaine fois.

Son excuse était totalement fausse, elle n'avait rien de particulier à faire, mais elle ne voulait pas mal se faire voir par son camarade.

L'Abraxan attrapa ses affaires et s'éclipsa discrètement sans un mot.

24/02/2007

Sans devoir se retourner, Clemens identifia immédiatement la voix de Megan dans son dos. Il ne l'avait pas vue quand il était arrivé, et en avait déduit qu'elle brosserait ce cours. Après tout, une introduction à la médicomagie générale ne devait pas contenir beaucoup d'informations qu'elle ne connaissait pas encore. Quoique. Elle avait visiblement trouvé un détail digne d'intérêt et, comme lui, elle s'y accrochait pour mettre au défi leur professeur. L'étudiant ne put s'empêcher de sourire. Derrière son caractère un peu délicat, l'Abraxan était de toute évidence passionnée par ce qu'elle faisait. Apprendre ne lui suffisait pas, il fallait faire, et faire bien. A la réflexion, ce n'était pas si étonnant qu'ils arrivent à s'entendre, malgré leur mauvais départ au cimetière.

La question de sa camarade était par contre plutôt osée. Ce sort était de toute évidence dangereux, puissant et peu commun. Le genre de sort qu'une élève de dix-huit n'était pas sensé connaître et encore moins maîtriser. Clemens pivota sur son siège et jeta un regard à Megan. Son visage était fermé et embêté. Son interrogation semblait lui tenir à cœur et ne pas avoir comme origine d'agacer son professeur. Il attendit de croiser ses yeux, puis hocha la tête et sourit. Impossible de dire ce qui allait suivre, mais ça promettait d'être très intéressant.

Entre les deux questions qui s'étaient enchaînées, Fitzsimmons n'avait pas eu le temps de trouver un créneau pour formuler une réponse. La situation en s'arrangea pas quand Juliet se leva pour quitter le cours. Le Sinistros l'observa avec une expression proprement choquée sur le visage. Il fallait être sacrément gonflé pour quitter un cours en plein milieu, sans rien dire, surtout qu'on ne pouvait pas le considérer inintéressant ! Le jeune homme secoua la tête en soupirant. Décidément, il ne comprendrait jamais ce qui se tramait à l'intérieur de cette fille... Pourtant, vu leurs nombreux points communs, il avait essayé. Cette association d'idée fit naître une nouvelle interrogation dans son esprit, et il se tourna de nouveau vers leur professeur. Avant que celui-ci n'ait pu saisir la chance d'en placer une, Clemens reprit la parole.

" Peut-être... Professeur, y-a-il une différence de traitement entre les brûlures internes et les brûlures externes ? Il me semble que les cas que nous avons évoqués jusqu'ici, ainsi que leurs traitements faisaient tous références à des brûlures externes. Par contre... " Il jeta un coup d'oeil vers Megan. " La combustion spontanée ne permet pas un ciblage en externe. En serait-il de même pour une brûlure alchimique dont la cause aurait été... ingurgitée ? "

HRP:

Un cours, quand on est professeur, c'était un peu comme une partie de jeu de rôle : rien ne se passait comme prévu. Il fallait seulement s'assurer que les 'joueurs' ne s'en rendent pas trop compte. Pour cette fois, c'était un peu grillé. Lui qui avait pris d'énormes raccourcis pour parler des trois grandes catégories de brûlures magiques, il se retrouvait à discuter des hybrides… Pas que ce soit inintéressant, mais c'était le début du coupage de cheveux en quatre. La médicomagie était souvent une histoire de cas par cas et on en apprenait beaucoup plus en travaillant sur le terrain plutôt qu'en cours théorique. Seulement, c'était là un cours magistral ouvert à tous, avec comme objectif de rester simple et efficace. Presque aucun des étudiants présents n'était spécialiste, et Quinn avait appris qu'il valait mieux être sûr de ce qu'on ne savait pas qu'être incertain de ce qu'on savait. Un trop-plein d'assurance en des capacités pourtant lacunaires était également une cause de mortalité non-négligeable chez les sorciers.

Évidemment, dans une partie bien réglée au millimètre près, il y a toujours ce joueur qui va décider d'aller dans le mauvais couloir qui va faire perdre deux heures au reste de l'équipe, ou qui, par le plus grand des hasards, fait un excellent jet de dés qui remet en cause tous les plans du MJ. Ce joueur aujourd'hui, c'était Clemens. À cause de lui, Quinlan avait dû anticiper sur la mention de brûlures hybrides, identifiables au cas par cas ou presque, et voilà que l'étudiant lui demandait maintenant ce qu'on pouvait faire si on n'avait pas d'Absorburn sous la main. Chose rare pour un sorcier, mais bon, pourquoi pas ? Cet Allemand n'était pas quelqu'un qui se satisfaisait de la simplicité. Mais d'abord, Quinlan allait soigner son ego blessé.

— Mon explication trouve son utilité dans le fait qu'on n'a pas forcément besoin d'aller chercher bien loin pour être efficace…

Prends-toi ça dans la face, tête d'ampoule ! Quinlan réprima un petit sourire avant de répondre véritablement à la question de Clemens. Même s'il n'y avait pas forcément mis les formes, elle restait intéressante.

— J'espère pour vous que cette situation ne se présentera jamais, alors. Dans 95% des cas, les brûlures alchimiques relèvent de l'accident domestique. 'Je préparais une potion quand tout à coup mon chat a décidé qu'il était temps que je m'occupe de lui et tout s'est renversé sur moi'. Cela dit, je ne dis pas qu'il est impossible de recevoir une brûlure alchimique en dehors d'un contexte domestique — ou simplement de se rendre compte que l'onguent est épuisé ou périmé. Dans ce cas, la meilleure chose à faire est de retirer le maximum de la substance alchimique avant de couvrir la plaie. Et de courir voir un médicomage. Par contre, il y a des chances que vous en gardiez une cicatrice.

Une partie de Quinlan espérait que ça répondrait aux interrogations de l'étudiant, mais l'autre partie était bien moins naïve. Dans le cas évoqué, Quinn était parti du principe que la brûlure était un accident. Et si ce n'en était pas un ?

— Je dois également préciser que si la brûlure n'est pas un accident mais une attaque, au Silvignis par exemple, il y a fort à parier que votre agresseur connaisse lui aussi l'existence de l'Absorburn. Il est malheureusement inefficace sur les substances qui laissent des brûlures très profondes et dans ce cas, il est peu probable de s'en sortir sans cicatrices ou séquelles, même quand on a un spécialiste sous la main.

La plupart du temps, la médicomagie limitait les dégâts plus qu'elle ne faisait de miracles. Pour ces potions confectionnées dans le seul but de brûler leur victime comme celle qu'il avait citée, il y avait peu de traitements efficaces. La médicomagie sauvait les meubles, évitait de perdre une main ou la vue, mais les chairs demeuraient meurtries et il fallait parfois intervenir chirurgicalement pour réparer les tissus. S'en suivait alors une longue rééducation.

Le visage de Quinn s'était soudain fermé. Il avait déjà vu les ravages de la potion Silvignis quand il était interne à Ste Mangouste. Il était resté plus qu'il n'aurait dû au chevet de ce patient, impuissant face à ce qui lui rongeait la peau. 'Il faut attendre que le feu s'épuise' lui avait froidement dit sa supérieure, mais ce feu magique semblait inextinguible. Le patient avait été atteint un peu au visage, à l'épaule mais surtout au bras qu'il avait levé pour se protéger. Le temps que le Silvignis ne fasse plus effet, les os étaient devenus visibles. Certains internes s'étaient demandé, presque comme si c'était une plaisanterie, pourquoi on n'amputait pas et basta. C'est vrai, pourquoi se casser la tête ? Mais Quinlan s'y était fermement opposé et avait demandé à ce qu'on lui laisse sa chance avec ce cas. Totalement désintéressée, sa supérieure avait accepté. Après un long traitement à base de repousse-chair et de rééducation, le patient avait retrouvé l'usage de son bras, même si ses mouvements étaient encore difficiles. Quinlan se souvenait encore de la lettre qu'il avait reçue quelques années plus tard. Une invitation à un concert. Le patient était pianiste, et avait recouvré assez de motricité pour jouer à nouveau, face au public. Il en gardait des cicatrices, bien sûr, mais ça aurait pu être tellement pire…
Tout ça parce que son père l'avait soupçonné loup-garou, ce qui n'avait même pas été le cas. Guérir la lycanthropie, hein ? C'était la bêtise humaine qu'il fallait soigner en priorité.

Quinn prit une grande inspiration et chassa cet épisode de son esprit. À la fois un des moments les plus éprouvants de sa carrière et un des plus gratifiants. Un peu comme ce cours, même s'il espérait en faire d'autres beaucoup mieux goupillés et plus intéressants pour tout le monde. Parce qu'apparemment, il n'y avait bien que Clemens qui participait… Ah, ou pas. Une jeune étudiante blonde, arrivée en retard — ou il confondait déjà ? Les étudiants, c'était un peu comme des moutons, tous les mêmes — leva la main pour poser une question étrange. Pas sur la forme, mais plutôt pour son exemple. Quinn haussa les sourcils, mais répondit tout de même.

— Calor Temper n'est pas un traitement efficace simplement parce qu'il n'est pas assez puissant. Il n'y a que deux choses à faire face à un Ignesco Intereo : lancer son contresort, ou mourir.

Et bravo à Megan pour avoir inauguré le premier 'point Quinlan' du cours : que faire ? Mourir. Il n'y avait pas beaucoup d'autres alternatives face à un tel sort. Et le professeur ne put s'empêcher de préciser, à ce propos :

— Je vais quand même nuancer : le sort que vous avez pris en exemple n'est pas 'très connu'… Il y a donc peu de chances d'y être confronté. Je ne veux pas être rabat-joie, mais c'est un cours pour non-spécialistes, alors autant se concentrer sur ce qui pourrait vous tomber dessus dans la vie quotidienne. De façon accidentelle.

Mais il notait intérieurement qu'un cours de magie blanche orienté sur les attaques personnelles pourrait intéresser pas mal d'étudiants. La situation politique actuelle était assez tendue pour justifier un tel cours, et puisque le domaine de Quinn était la guérison et non la prévention, il n'empièterait pas sur les plates-bandes d'un éventuel professeur de pseudo-Défense contre les pseudo-Forces du pseudo-Mal. Quinlan avait toujours détesté cette appellation. Plus orientée politiquement, tu meurs. M'enfin.

Il passa sur Megan qui sifflotait un Hakuna Matata un peu différent, souriant même. Il trouvait ça drôle. Après tout, ils étaient à l'université : Quinn faisait son cours et chacun y prenait ce qu'il voulait. Il y avait les silencieux hyper concentrés comme Rowan, qui buvaient littéralement les paroles du professeur, les joueurs comme Clemens et Megan qui cherchaient la petite bête presque par défi, et les touristes comme Juliet, qui s'en allaient avant la fin. Quinlan y était hautement indifférent. C'était un cours libre, et ça voulait dire aucune feuille de présence, et aucune obligation de rester jusqu'à la fin. Il la regarda donc partir avec sa plus belle pokerface, intérieurement amusé de voir la réaction de Clemens. Aussi soulagé qu'une Daenerys acculée, Quinn se dit qu'ils allaient enfin pouvoir passer aux brûlures draco…
Ah bah non. Pour filer la métaphore, il y avait toujours un joueur qui réclamait des précisions auxquelles le MJ n'avait même pas pensé. Quinlan soupira à nouveau, ne pouvant empêcher sa bouche de se tordre dans un sourire à moitié amusé. Merci Clemens.

— En réalité, nous avons déjà parlé de brûlures internes. C'est la différence majeure entre Frigor Vitalis et Calor Temper. Le Frigor Vitalis ne fait que souffler du froid, et c'est souvent efficace pour une brûlure externe. Calor Temper va venir baisser la température interne de la personne ou de l'objet : il est d'ailleurs utilisé comme sort offensif parfois, avec l'idée de mettre l'adversaire en hypothermie. Mais je vois bien que ce n'est pas ce que vous vouliez évoquer.

Quinlan hésita vraiment avant de poursuivre. On commençait vraiment à taper dans du cours de niveau spécialiste, et ça l'ennuyait un peu de parler de choses trop compliquées. Ce n'était pas une insulte à l'intelligence de ses étudiants, juste une volonté de ne pas trop s'éparpiller. Seulement, ses étudiants étaient bien trop rusés pour ne pas flairer le type de bullshit à base de fumée et de spéculoos que l'on sortait parfois quand on n'avait pas envie de parler de quelque chose. Il allait répondre, mais il allait aussi les prévenir, cela dit.

— Alors, entre parenthèses car on s'éloigne de plus en plus des brûlures domestiques accidentelles, tout dépend de la potion en elle-même. Comme on ne peut pas nettoyer directement, il faut tenter de diluer la substance tout en refroidissant au maximum le patient.
Je ne vais pas vous faire un cours de potions mais rappelez-vous que l'eau ne dilue que ce qui est à base d'eau et que parfois elle peut faire pire que mieux. Une bonne nouvelle : si la potion ingérée n'avait pas pour but final de brûler quelque chose, le patient s'en sortira sûrement avec une langue en feu et les effets secondaires des ingrédients de la potion.
Si la potion avait effectivement pour but de brûler, c'est plus compliqué. Il faut non seulement tenter d'annuler l'action de la substance, soit en la rendant inefficace soit en la nettoyant, tout en lançant des Calor Temper qui peuvent d'ailleurs s'avérer inefficaces.
Tout ça pour dire que la médicomagie, dans ce cas-là comme dans de nombreux autres, ne peut pas tout guérir. Faire tout ça dans l'immédiat permettra au mieux de sauver le patient et de le maintenir dans un état stable, mais il y aura des séquelles. Perte du goût, impossibilité de s'alimenter normalement, mutisme à cause des cordes vocales brûlées, problèmes respiratoires, et je passe sur le trauma psychologique d'une telle attaque qui demandera une thérapie. Soyons clair, si vous voyez un cas comme celui-là dans votre vie, et je ne vous le souhaite pas, c'est forcément une attaque… ou une tentative de suicide, ce qui vient plutôt confirmer la nécessité d'une aide psychiatrique.
Et j'ai dit 'au mieux'. Dans la majorité des cas, le patient décède.
D'autres questions ?

Et un deuxième point Quinlan pour Clemens, qui avait réussi à faire partir le professeur bien plus loin qu'il ne l'avait imaginé au départ. Ça promettait… Le pire étant qu'ils n'avaient fait que la moitié du cours, puisque les brûlures draconiques n'avaient même pas encore été évoquées. Et elles étaient encore plus complexes. Quinn n'allait peut-être pas leur dire qu'il avait initialement prévu de parler aussi des fractures et des coupures durant ce cours… Il faut voir le bon côté de choses : il avait deux autres cours libres de préparés, du coup. Ce moment quand un scénario sensé durer deux heures s'étale magiquement sur trois ou quatre séances juste parce que les joueurs sont vraiment impliqués…
À ce propos, ça faisait longtemps que Quinlan ne s'était pas fait un petit Donjons & Dragons.

Anna écouta avec attention les questions de Clemens et de Megan, saluant comme d'habitude leur perspicacité. Elle ne put s'empêcher d'entendre aussi la petite mélodie de cette dernière qu'elle ignora superbement. Elle avait un côté très puéril pour une fille qui se révélait généralement comme très mature, et voulait d'ailleurs assumer ce rôle. Enfin Megan pouvait bien la détester d'après ce qu'elle avait vu d'elle, Anna n'avait rien à craindre. La jeune blonde, bien qu'un brin agressive et quelque peu à fleur de peau, n'était pas du genre à tuer pour le plaisir, en tout cas pas de l'avis de la jeune française. Elle préférais une Megan qui la déteste mais qui le fait clairement savoir, qu'un de ses Velane Beauxbâtonienne à la noix qui s'empressaient d'aller raconter des horreurs dès que la personne avait le dos tourné mais qui vous servaient les plus grands sourires par devant. Elle ne pouvait pas plaire à tout le monde, elle comprenait parfaitement qu'elle ne plaise pas à l'Abraxan, leurs caractères n'étaient pas les plus compatibles.

Pendant ce temps le professeur, loin de se laisser perturbé par ses étudiants leur fourni globalement les réponses à leurs questions respectives. La studieuse jeune fille ne fût néanmoins pas bien sûre d'avoir tout saisie. Elle pensait assister à un cours relativement simple, elle avait des bases très sommaires en matière de médicomagie. Elle n'avait pas suivit la spécialité et n'avait jamais montré des talents particuliers en la matière. Elle connaissait les gestes basiques et les sorts de premières bases, ça s'arrêtait là. Elle était venu ici dans l'espoir de réviser ses fondamentaux et d'acquérir quelques bons gestes qui auraient pu servir plus tard. Quelque chose turlupinait Anna depuis quelques longues minutes déjà. Les deux étudiants étaient rapidement partis sur des points précis du cours, elle n'en était même pas là dans sa réflexion.

Quand M.Fitzsimmons offrit la possibilité de poser des questions, elle sauta dessus en levant timidement la main.

- Monsieur, peut être que vous l'avez déjà dit, dans ce cas pardon... Mais avant d'agir comment peut-on déterminer à quel type de blessure on a à faire? Depuis tout à l'heure on parle de blessures dont on connait l'origine, mais si ce n'était pas le cas? Je pense notamment si nous ne savons pas à quel sort ou produits on a à faire, soit parce que nous sommes blessé avec un flacon dont nous n'avons pas la composition, soit parce que le blessé ne peut nous expliquer exactement comment il s'est fait mal et avec quoi. Par exemple avec un enfant, c'est une situation commune. Je suppose alors qu'il serait aussi bête d'essayer une formule ou un onguent au hasard que de ne rien faire, voir même pire on pourrait risquer d’aggraver la situation non? Y a-t-il des sors-tests qui nous permettrais de faire une rapide hypothèse? Ou bien des indices?

Anna voulait du pratique. Elle se moquait un peu des situations qu'elle aurait très peu de chance de rencontrer, elle imaginait que dans le cas qu'avait exposé Megan, elle aurait dans tous les cas peu de chance de s'en sortir et son premier réflexe serait surtout de courir aux urgences magiques les plus proches et laisser faire des professionnels. Elle attendit patiemment la réponse, craignant un peu de passer pour une cruche s'il l'avait déjà fournie avant son arrivée. Tant pis elle préférait avoir l'air bête que de se retrouver dans la situation et de ne pas savoir réagir, là elle n'aurait pas seulement l'air, elle se serait, pire même si cela était juste dû à la honte de poser une question en cours alors qu'elle était là pour ça.

24/02/2007

Je suis le prof, j'ai raison, point. Clemens rendit son sourire à Fitzsimmons. Il avait eu conscience de tourner sa question avec une certaine insolence, et ce n'était pas passé inaperçu chez son interlocuteur. Néanmoins, l'étudiant était bon joueur et accepta la réprimande voilée avec un certain amusement, d'autant que le guérisseur enchaîna rapidement sur la réponse. Pendant un instant, il avait cru devoir se contenter de cette explication à la 'ta gueule, c'est magique', mais ce ne fut heureusement pas le cas. L'estime qu'il portait à son aîné en resta donc préservée.

Cependant, ça aurait été fort mal connaître l'ancien Serdaigle de croire qu'il allait se le tenir pour dit. Maintenant qu'il s'était lancé avec toutes les questions les plus capillotractées qui lui passait par la tête, il n'allait sûrement pas s'arrêter en si bon chemin. De toute façon, il ne les posait pas pour ennuyer son professeur, mais parce que les réponses l’intéressaient vraiment. Alors que pouvait-on lui reprocher ?

« Ca marche sur les chats, l'Absorburn ? »

Pour le coup, ça n'était pas une vraie question, mais il n'avait pu s'empêcher de la souffler. Clemens avait le don de réfléchir un peu tout haut quand ça lui prenait, mais comme il avait déjà attiré l'attention du professeur Fitzsimmons, il y avait fort à parier que son murmure ne resterait pas sans réponse. Ou du moins, sans réaction. Si l'étudiant n'avait pas trouvé l'interrogation tout à fait légitime – après tout, on n'allait pas le laisser crever dans d'atroces souffrances, ce chat – ça aurait pu être une pique.

La suite du cours se révéla plus intéressant, surtout à l'évocation des brûlures non plus accidentelles mais… criminelles ? La plupart des étudiants de l'amphithéâtre devait se demandait pourquoi on abordait un tel sujet dans un cours d'introduction pour non-spécialiste. Clemens aimait aller au bout des choses et ne pouvait donc être que ravi de se trouver face à un sujet si complexe. Surtout quand il avait un professeur face à lui qui semblait capable de fournir une réponse à n'importe quel cas de figure, même à ceux les plus tordus présentés par Megan. L'Allemand dut retenir un rire. Il n'arrivait pas à déterminer si l'Abraxan posait cette question par pur intérêt ou si elle cherchait elle aussi à mettre leur professeur au défi.

Finalement, Fitzsimmons apporta la réponse à la dernière de ses interrogations. De toute évidence, il avait compris que son public ne se comportait pas d'une bande d'abrutis désintéressés et les détails fournis furent même suffisant pour que Clemens n'y trouve rien à redire. Avec un sourire brillant, voire un peu insolent à nouveau, il se laissa à nouveau aller contre le dossier de sa chaise et resta silencieux. Après tout, les autres pouvaient bien trouver quelque chose à dire aussi.

Ce cours prenait une tournure inattendue, mais ce n'était pas forcément un mal. Au moins Quinlan ne s'ennuyait pas ! Après avoir répondu aux interrogations farfelues de ce Clemens et de blonde dont il n'avait pas retenu le nom, Quinn tenta de recentrer un peu son cours. Au passage, il demanda quand même si quelqu'un d'autre avait des questions, histoire d'en être débarrassé le plus vite possible. Quand il entendit celle de cette jeune fille brune, il faillit lever les yeux et les bras au ciel. Heureusement, il se retint. De justesse.

— Une excellente question ! Très pertinente.

Dans ta face, petit troll frisé des montagnes de l'est !

— Pour ce qui est des sorts, le Calor Temper est généralement efficace. Si ça ne marche pas, c'est que vous avez affaire à un sort un peu trop puissant ou complexe, et que donc vous ne serez pas d'une grande utilité de toute façon. Sans vouloir vexer personne, bien sûr.
Pour les brûlures alchimiques, c'est un poil plus compliqué. Si vous ignorez tout de la substance, essayez simplement de la retirer au maximum avec un linge. Dans le doute, utilisez toujours des matières naturelles pour ça : coton, lin, ou même peau de chamois. Ça ne va pas résoudre le problème mais ça vous permettra de gagner du temps pour chercher un spécialiste. La typologie des brûlures alchimiques est trop complexe pour qu'on l'aborde ici : un oeil exercé saura au premier regard ce qui a provoqué la brûlure et si elle menace d'être grave ou non.
Je vous donnerai quand même un petit indice : si la plaie semble s'étendre, devenir plus profonde, ou si vous entendez un sifflement — à travers les cris de la victime, bien sûr — c'est un très mauvais signe. Il faut que vous trouviez un guérisseur le plus rapidement possible, et si comme certains, vous êtes perdus au beau milieu de nulle part et que par le plus grand des hasards vous vous êtes retrouvé avec une blessure de ce type, isolez l'endroit touché. Figez-le dans le temps ou la glace, ou amputez.

Le sous-entendu de cette dernière phrase était bien sûr : 'si vous ne pouvez pas le faire, vous allez sûrement mourir d'une infection après avoir vu vos propres os'. Et bon appétit bien sûr. Évidemment, ce dernier cas de figure s'adressait directement à Clemens : il n'y avait eu que lui pour aller chercher la petite bête à ce point. D'ailleurs, Quinn avait entendu pour le chat. Il réservait juste ça pour plus tard.

— Bon, on va rapidement passer à la troisième catégorie de brûlures, beaucoup plus rares mais aussi plus dangereuses : les brûlures draconiques. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose, mais compte tenu que le feu d'un dragon brûle à une température extrêmement élevée, l'intervention d'un guérisseur est souvent inutile. Mais il y a quand même des cas où un dragon peut brûler sans tuer.
Aucun sort n'est efficace pour traiter ces brûlures : il faut attendre qu'elles guérissent à la façon moldue. Des groupes de recherches sont en train de travailler sur un traitement plus rapide, et je pense qu'on va finir par trouver quelque chose, mais pour l'instant, il faut attendre.
Un autre souci avec les brûlures draconiques, c'est qu'elles sont beaucoup plus profondes qu'elles n'en ont l'air. Dans tous les cas, il faut aller consulter un guérisseur qui vous dira si oui ou non vous avez besoin d'un traitement durable : la brûlure d'un dragon induit souvent ce qu'on appelle une flétrissure. Elle entraîne la perte de sensation de la zone, puisqu'elle attaque en premier les nerfs. Il faut la traiter tout de suite pour espérer la guérir. Si rien n'est fait, la flétrissure attaque les muscles et les os. À ce stade, il n'y a plus rien à faire si ce n'est amputer.

Il allait passer pour le professeur 'coupez lui le bras', mais il y avait forcément des choses contre lesquelles on ne pouvait rien faire. Il avait dû l'accepter, aussi difficile que cela puisse être. Il laissa un temps aux étudiants pour poser leurs questions, tout en précisant au passage :

— Ce cours est passé un peu plus vite que prévu, donc je propose aux étudiants intéressés de me laisser leur nom, leur confrérie et les sujets qu'ils souhaiteraient aborder dans un prochain cours libre. Ma boîte aux lettres et mon bureau restent ouverts aux curieux et aux zélés.

Des étudiants passionnés, même si de façon un peu chaotiques, c'était trop rare pour être abandonné sur le bord d'un amphi. Le Pr. Fitzsimmons eut un petit sourire, et s'adressa ensuite tour à tour à Clemens, Megan et Anna :

— J'aurais besoin de connaître vos noms et maisons.

Ah, la douce odeur des points au crépuscule d'un cours — presque — rondement mené…

HRP:

24/02/2007

Pour un peu, il se serait senti ridicule de ne pas avoir pensé à la question posée par Anna. C’était la première étape, la plus logique et surtout la plus importante. A force d’aller gratter dans les détails et à sursauter sur des raccourcis, Megan et lui en avait perdu de vue le but ultime de la médicomagie : soigner son patient. Et pour ça, il fallait savoir ce qu’il fallait soigner. Connaître des remèdes de sous les fagots, c’était bien, mais si on ne savait pas les appliquer au bon moment, sur le bon patient… Ca ne servait à rien. Néanmoins, ça n’inquiétait pas trop Clemens, ce n’était pas son domaine à lui, de toute façon. Pour une fois, il pouvait bien passer sur un coup de logique un peu défectueux. L’Allemand se tourna simplement vers Anna pour lui adresser un hochement de tête approbateur, puis il se concentra à nouveau sur leur professeur. Décidément, elle était diablement perspicace, cette petite Française.

Franchement intéressé pour une fois, l’étudiant en arriva même à regretter de ne pas avoir de matériel avec lui pour prendre des notes. Il avait escompté se planquer dans un coin de l’amphi et finir son café tranquillement, histoire d’être réveillé pour son premier cours important de la journée. Le guérisseur avait cependant suffisament éveillé sa curiosité pour qu’il se sente obligé de participer à la discussion et surtout, il y avait trouvé matière à faire fonctionner sa mémoire. Clemens jeta un oeil sur le côté et constata avec satisfaction — mais aucune surprise — que Rowan continuait à prendre note assidument. Une fois n’était pas coutume, il lui piquerait ses parchemins pour les recopier. L’essentiel du cours n’était peut-être pas constitué de connaissances dont il aurait besoin dans l’immédiat, mais il ne doutait pas que ça lui serait utile un jour.

Sourire en coin. La fin de l’explication lui était dirigée, il n’y avait aucun doute possible là dessus. Il lui paraissait peu vraisemblable que Fitzsimmons choisisse un exemple aussi parlant, qui finissait sur un “Ou amputez” dans un cours magistral où chacun se contente de ses petites notes, voire d’une partie de cartes au dernier rang. Clemens rit intérieurement. Si le cours avait été plus ennuyant, il l’aurait sans doute passé à perfectionner ses techniques de mélange. Pour un peu, il aurait presque essayé, là, spontanément, juste pour voir la réaction de leur professeur. A défaut, il se contenta d’une nouvelle remarque à mi-voix.

“Reste plus qu’à apprendre à amputer, quoi.”

Il se désintéressa un peu de la suite. Les brûlures draconiques ça n’arrivait pas tous les jours, et il fallait vraiment manquer de pot pour se retrouver dans une situation où ça pourrait arriver sans être dresseur de dragon. D’ailleurs, il s’étonnait un peu que Luuna ne soit pas là. Vu le cursus qu’elle suivait, un cours sur les brûlures ça paraissait être une des choses les plus importantes auxquelles elle devrait s’intéresser. C’était dommage, ils n’avaient pas eu l’occasion de se croiser ces derniers jours, et ce cours aurait pu être l’occasion. Clemens savait qu’il devrait mettre les choses au clair avec elle, tôt ou tard… mais il n’était pas sur d’en avoir envie, en réalité. Son attention se recentra sur le monde qui l’entourait quand Fitzsimmons annonça la fin du cours. L’Allemand s’étira un coup, salua Rowan d’un hochement de tête, puis se leva pour quitter la salle. Au passage, il s’arrêta auprès du professeur.

“Clemens Neubach, cursus de métamorphose.”

Puis il se souvint que son nom allemand était constamment écorché par tout le monde et que nul ne semblait capable de le retenir correctement. Il attrapa une plume sur le bureau, griffona son nom sur le premier coin de parchemin qui tomba sous ses mains, puis il quitta l’amphithéâtre sans un regard derrière lui.

Anna écouta attentivement la réponse que le professeur Fitzsimmons fournit. Dans le doute, il fallait donc lancer un calor temper si c’était un sort et éviter d’agir pour un produit chimique sans en connaître la teneur. Les consignes étaient simples au final, et dans tous les cas si c’était trop grave mieux valait consulter. Elle apprécia la logique et la tenue du cours. Finalement elle avait bien fait de venir, les conseils n’étaient certainement pas fait pour des médicomages en devenir, mais ce n’était pas son cas. Si Anna n’avait jamais su ce qu’elle voulait devenir, elle savait ce qu’elle ne voulait pas. Une carrière dans la médecine magique n’était pas envisageable. Elle était mal à l’aise devant les blessures importantes, incapable de réagir comme il se devait. Elle avait pourtant passé de longs mois dans les hôpitaux, rien n’y avait fait, ça c’était même accentué.

Elle croisa le regard de Clemens, visiblement satisfait de sa question. Au moins elle n’avait pas servi à rien. Elle lui sourit en retour, une manière de lui dire « de rien ». Puis se replongea dans ses notes. Il fallait absolument qu’elle coince Rowan à la sortie d’ailleurs pour avoir le début.

La leçon continua sur les brûlures par dragon. Bien qu’intéressant, c’était beaucoup moins utile pour la jeune française. Si un jour elle arrivait à se retrouver devant un dragon, elle ne donnait pas cher de sa peau. Rien que de penser au grand reptile, elle eut une sueur froide dans le dos et un frisson la parcouru.

Le cours arrivait à sa fin et M.Fitzsimmons leur demanda leur prénom. Elle s’étonna de voir le jeune allemand quitter la salle nonchalamment, elle l’aurait presque trouvé suffisant. Il avait l’air tout d’un coup de prendre de haut le cours avec son air détaché et la manière dont il inscrivit quelque chose, sûrement son nom, sur un parchemin dont elle n’eut même pas l’impression qu’il se préoccupa de regarder si c’était un document fait pour ça ou non. Il avait posé de bonnes questions en cours pourtant, bien qu’elle lui ait paru parfois limite impertinentes. Elle le regarda donc quitter la salle sans un regard pour personne d’un air surpris. Puis elle se reprit et répondit simplement à la question qui était posée.

-Anna Delflandre. D, E, L, F, L, A, N, D, R, E. Confrérie phénix, monsieur.

Elle s’était sentie obligée de l’épeler, sûrement comme Clemens. Quand on avait un nom étranger, les fautes et incompréhensions n’étaient pas rare. Puis comme le sinistros avait lancé le mouvement, elle se leva et descendit rejoindre son ami un peu plus bas que l’arrogant germanique avait laissé un peu plus tôt.

-Bonjour Rowan, comment vas-tu ? Dis-moi je pourrais te prendre le début de tes notes, s’il te plaît ? J’ai malheureusement loupé les premières minutes. Il faudrait vraiment que j’apprenne à être à l’heure et à m’orienter ici… Bon j’aimerais bien poser une ou deux questions au prof, c’est d’accord pour le cours ? Tu serais chic.

Tandis qu'elle prononçait sa dernière phrase elle s’était levée, n’attendant plus que sa réponse avant de filer voir le médicomage avant qu’il ne s’échappe. Elle avait un sujet qui la tourmentait depuis longtemps, mais elle n'avait jamais pu l'aborder jusque lors. Jamais elle n'aurait pu en parler avec les seuls personnes de son entourage qui aurait pu lui répondre. Néanmoins elle avait terriblement besoin de savoir.

L'ancien Serpentard perçut à peine le mouvement à sa gauche, tant il se plaisait à suivre le cours de médicomagie. Ce furent les quelques mots de Juliet qui attirèrent finalement son regard, provoquant en lui une vive surprise qu'il se garda bien d'afficher. Une affaire urgente à résoudre ? Il resta muet face au prompte départ de son amie, bien qu'il s'inquiéta intérieurement de ladite tâche.

Autant y revenir plus tard.

En un silence pieusement respecté, un brin trop aristocratique, Rowan continua à prendre des notes. Il retranscrivait autant les questions pertinentes formulées par ces camarades que les enseignements donnés par messire Fitzsimmons. Tout ce qui pouvait un jour lui être utile. Et lui sauver la vie.

Les échanges s'intensifièrent jusqu'à la fin, laissant tout le loisir au jeune homme de compléter ses réflexions sur le thème abordé. Une telle effervescence intellectuelle était jouissive au possible, surtout pour ceux qui s'y intéressaient. Non, vraiment, il ne regrettait pas de s'être déplacé jusqu'à l'amphithéâtre. Et que dire de la réussite d'y convier Clemens !

Sans aucun doute possible, son colocataire avait autant profité que lui de toutes ses précieuses informations.

Quand son ami se leva, le Sinistros lui adressa un bref regard, bien assez équivoque pour se faire suffisamment comprendre. Il escomptait également quitter la salle après les premiers départs, lorsque la petite Française entra dans son champs de vision. « Bonjour Anna, je me porte bien. » Il marqua une pause, le temps d'assimiler le flot presque continu de ses questions. « En effet, je pense que c'est dans mes cordes. Je te ferais parvenir mes notes. A plus tard. » Rowan inclina légèrement son visage vers elle, conscient du besoin de la Phénix vis-à-vis de leur enseignant, puis il gagna la sortie nonchalamment.

Lui-même devait prendre contact avec ce dernier. Cela dit, il préférait s'en occuper par missive. Plus tard.

Le professeur Fitzsimmons laissa les étudiants ranger leurs affaires et se retira derrière son bureau, où il nota les noms et les confréries des trois jeunes gens les plus actifs de son cours. Paraissant surpris, le premier d’entre eux, le seul dont Quinlan n’avait finalement pas besoin qu’on lui écrive son nom pour le retenir, le lui griffonna et sortit de son cours avant même que le guérisseur n’ait eu la chance de lui demander sa confrérie. Tant pis. Comment lui en vouloir ? Entre sa gueule d’ange, ses boucles aussi parfaites qu’elles étaient bordéliques, la lueur d’intelligence joueuse qui dansait dans ses grands yeux bleus et ce fessier particulièrement agréable à regarder, Quinn allait avoir du mal à lui faire un véritable reproche. Avec un sourire amusé face à la fougue de la jeunesse et à l’arrogance dont Clemens faisait preuve, Quinlan se tourna vers un autre étudiant pour avoir la réponse à sa question.

Parchemin déchiré a écrit:

Clemens Neubach
Sinistros — Absorburn sur un chat ?

Affichant toujours son petit sourire, Quinlan rangea le petit bout de parchemin dans sa poche, et se tourna vers la jeune femme qui attendait. Poliment, elle lui donna son nom, qu’elle épela avec prévenance, et sa confrérie.

— Très bien Mademoiselle Delflandre. Phénix gagne quinze points grâce à votre intervention.

Il avait décidé de valoriser le fait qu’Anna ait posé une question beaucoup plus réaliste et dans le sujet que ne l’avaient fait Clemens et Megan, qui feront tout de même gagner à leur confrérie respective une dizaine de points. Il ne regretta pas cette décision en entendant Anna dire à un de ses camarades de classe au physique plutôt ‘intéressant’ qu’elle allait lui poser une ou deux questions.

La foule des étudiants déserta l’amphithéâtre, laissant Anna et Quinlan quasiment seuls.

— J’ai entendu que vous vouliez me poser quelques questions, mais j’ai bien peur que cet amphithéâtre soit occupé pour un autre cours immédiatement après le mien. Que diriez-vous d’en parler dans mon bureau ? Il est tout près.

Il espérait vraiment qu’elle ne poserait pas de questions trop épineuses ou compliquées : ce n’était pas que Quinlan aurait forcément du mal à y répondre, mais en tant que professeur, il ne voulait surtout pas l’embrouiller, d’autant plus qu’elle n’était pas spécialiste.

HRP:

SUJET CLOS