Douloureuses retrouvailles [ Réservé à Amaranthe]

Bentley avait rangé ses affaires aussi rapidement que possible à la fin du cours de botanique pour pouvoir poursuivre Amaranthe. Il avait rapidement dit au revoir à son binôme, fait un petit signe à Nathanael signifiant qu’ils se verraient plus tard et avait pris le même chemin que la jeune femme. Il avait été tellement surpris de la voir ici mais après réflexion se trouvait totalement stupide de ne pas l’avoir envisagé auparavant. Tous les élèves de Poudlard avaient reçus l’invitation à venir rejoindre l’académie alors pourquoi pas elle ? A grande enjambées il se lança derrière la rouquine qui semblait très pressée de quitter les lieux si bien qu’il lui fallut tout de même quelques mètres pour la rejoindre. Cette dernière était déjà sortie des serres et arrivait à présent aux abords du jardin anglais. Arrivé derrière elle, Bentley attrapa la jeune femme par le bras la forçant à s’arrêter et à se tourner vers lui. Il était évident qu’elle cherchait à l’éviter mais c’était sans compter la détermination de Bentley. Peut-être avait elle oublié qu’il pouvait être têtu…voir complétement borné lorsqu’il voulait quelque chose. Hors ce qu’il voulait là tout de suite maintenant c’était lui parler, savoir comment elle allait mais aussi mesurer le degré de dégâts encore présent dans leur relation de par ses actes passés. Si tant est qu’ils en aient encore une… ne pu t-il s’empêcher de penser.

- Amy attends…dit-il doucement en la relâchant.

Il plongea son regard bleu profonds dans les yeux noisette de la jeune femme. C’était fou ce qu’il la trouvait belle même après ces années passées. Mais maintenant qu’il était devant elle, il ne savait pas quoi dire, ni même par où commencer. Qu’était-on censé dire à une jeune femme dont on avait brisé le cœur de la pire manière qu’il soit ? Bentley n’était pas vraiment fier de la façon dont il avait mis fin à leur relation mais c’était alors la seule qu’il connaissait à cette époque. Avant Amaranthe il ne lui avait jamais été pénible de mettre fin à une histoire. Il y avait deux cas en général : soit la fille se mettait à pleurer, lui en voulait et le traitait de tous les noms, soit elle tentait de faire bonne figure et ne bronchait pas. Dans tous les cas cela ne l’avait jamais empêché de dormir pour autant. Avec Amy en revanche cela avait été plus complexe… d’une parce qu’il n’avait pas eu pour habitude de regretter ses actes, et de deux parce que malgré ce qu’il pensait il avait été totalement fou d’elle.

- Je suis content de te revoir... Comment va tu ?

C’était sans aucun doute la phrase d’accroche la plus pourrie de toute l’histoire songea t-il, bien qu’elle fut vraie. Bentley était réellement content de la revoir. Il s’était de nombreuse fois demandé comment pouvait aller la jeune femme, ce qu’elle faisait à présent, si elle avait refait sa vie et l’avait oublié, ce qui ne l’aurait pas étonné par ailleurs et il lui arrivait même de le souhaiter.

17/03/2015

Quand le professeur avait annoncé la fin du cours, elle avait salué avec courtoisie Rowan et le professeur avant de quitter la serre d'un pas très rapide. Elle avait attrapé sa besace et portait toujours ses gants.
Elle les retira tout en marchant, elle voulait s'éloigner de lui. "Par Morgane, pourquoi était-il à l'Académie ? " pensa t'elle énervée. Et elle ne savait pas encore qu'il était lui aussi à Abraxan comme elle se rendait très rarement à la salle commune.

Elle venait d'arriver à l'entrée du jardin anglais quand une main saisit son bras. Elle sut avant même qu'il l'oblige à se retourner qu'il s'agissait de Ben... Quand il l'appela par ce petit surnom, elle sentit sa colère grandir en elle. Comment osait-il l'utiliser ? Il en avait perdu le droit le jour où il l'avait détruite alors qu'il lui avait susurré des mots doux quelques jours avant lors de cette inoubliable nuit.
Quand il la relâcha, elle croisa les bras d'un air déterminé pour bien lui faire comprendre qu'elle n'était pas du tout consentante à une éventuelle discussion et encore moins à une réconciliation.
Elle parla d'une voix glaciale :

- Comment oses-tu m'appeler ainsi, Cricklewood ?

Elle soutint son regard azur sans ciller, ses yeux noisettes lançaient des éclairs. Il était content de la revoir mais elle était en plein cauchemars. Comment pouvait-il supposer qu'elle pourrait penser la même chose que lui ? Il était loin d'être naïf pourtant.

Elle était troublée d'être face à lui mais elle ne lui ferait pas le plaisir de le montrer. Ses yeux glissèrent sur les lèvres du serpent et elle se souvint des baisers qu'ils avaient échangés. Elle secoua la tête et détourna son regard pour ne plus contempler son visage.
Elle finit par répondre :

- Cette question, tu aurais du me la poser, il y a quelques années... Elle demanda brutalement sans tourner autour du chaudron: Qu'est-ce que tu veux ?

Elle n'allait pas lui faciliter les choses et il avait plutôt intérêt d'exprimer plus que ces quelques paroles vides de sens. Ne pouvait-il pas l'ignorer et faire comme si ce qu'ils avaient vécu n'avait jamais existé ? Personne n'était au courant de leur histoire alors à quoi bon vouloir remuer le passé.
A cause de lui, elle avait refusé les rares demandes de rendez-vous qu'elle avait reçues à Salem. Et pourtant, elle avait fait des connaissances intéressantes.
Il était cruel de penser que la seule intimité qu'elle avait partagée avec un homme, c'était avec un beau parleur manipulateur.
Elle avait envie de lui faire mal, mais elle savait qu'aucune de ses paroles ne pourrait l'atteindre alors elle ne prononça plus un seul mot.

Bentley ne s’attendait pas à ce qu’elle lui tombe dans les bras comme une vieille amie contente de le revoir mais il n’avait pas imaginé qu’elle fut encore si en colère. Après toutes ces années elle lui en voulait encore. En même temps il ne pouvait pas le lui reprocher… Il était conscient d’avoir totalement merder avec elle. Amaranthe avait l’air réfractaire à toute discussion et ses paroles le lui confirmèrent rapidement. « Qu’es ce que tu veux ? » Bentley n’en était pas certain lui-même pour dire vrai. Il savait juste qu’il ne pouvait pas faire comme si elle n’était pas là, comme si rien ne s’était jamais produit, comme si ils pouvaient se retrouver au même endroit sans que cela est de l’importance. Non cela n’était pas possible pour lui. Des excuses auraient certainement été les bienvenues mais il avait tellement peu l’habitude d’en faire qu’il ne savait pas comment s’y prendre et il n’avait aucune envie qu’elle les lui balance au visage une fois formulé. Il aurait l’air bien con dans ce cas-là et c’était quelque chose qu’il détestait. Malgré la froideur de la jeune femme, Bentley ne se démonta pas. Il lui en fallait bien plus pour l’offusquer ou prendre la mouche.

- Tu seras toujours Amy pour moi. Répondit-il avec sincérité. Je vois bien que tu n’es pas ravie de me voir…même après toutes ces années. Mais ne peut-on pas laisser le passé derrière nous ? Nous avons grandi et changé depuis cette époque non ?

C’était certes plus facile à dire qu’à faire mais il espérait réellement qu’elle pourrait mettre sa rancune de côté. Jamais il n’avait rencontré une femme comme elle auparavant. Elle avait su l’apprivoiser et lui faire ressentir des sentiments dont il ne soupçonnait même pas l’existence en son cœur. La retrouver ici alors qu’il avait été persuadé de ne plus jamais la revoir était pour lui comme un signe du destin. Combien de fois avait-il eu le secret espoir de la retrouver ? C’était trop fou pour penser qu’il ne s’agissait que d’une de ces coïncidences étranges que la vie nous apporte par moment.

Bentley cherchait à capter le regard d’Amaranthe pour y lire un signe qui lui donnerait raison d’insister de la sorte. Il avait toujours su lire dans son regard ce qu'elle ressentait ou espérait. Dans un sens il était rassuré de voir qu’elle ressentait toujours quelque chose pour lui-même si c’était de la colère. L’indifférence totale aurait été bien pire et aurait signifié qu’elle l’avait mis au placard une bonne fois pour toute. Là, il se disait qu’il y avait peut-être une chance pour qu’elle lui pardonne son comportement d’autrefois et qu’ils tentent de reprendre une relation normale… ou tout du moins qu’elle accepte de lui parler, le temps ferait certainement le reste.

17/03/2015

Amaranthe aurait du le haïr mais un adage avait toujours dit que "l'amour était proche de la haine." Elle ressentait toujours des sentiments forts à son égard car sinon elle pourrait se montrer indifférente. Et cette colère ne réussirait pas à l'embraser de cette manière et pourtant son cœur s'affolait rien qu'à l'idée d'être si près de lui.

Elle ressentait des émotions contradictoires et peu de personne réussissait à la mettre dans un tel état.
Et ce destin cruel qui les remettaient en présence par hasard comme si il souhaitait leurs donner une nouvelle chance.
"Quelle nouvelle chance ?" pensa t'elle. Une autre occasion pour qu'il la manipula et qu'il lui fasse croire à nouveau qu'elle était importante à ses yeux. Et après, qu'est-ce qui se passerait si elle décidait de le côtoyer à nouveau ? Elle risquait juste que les barrières qu'elle avait érigées autour de son cœur se brisent, la laissant vulnérable face à lui qu'elle avait aimé éperdument.
Quand il avoua sincère qu'elle serait Amy à jamais pour lui et ce simple aveu pouvait la faire vaciller.
Elle murmura d'une voix étrange :

- Tu ne seras plus jamais Ben car il n'a jamais existé....

Elle écouta la suite de ses paroles et elles étaient sages et matures. Mais pour lui, c'était facile de laisser ce passé derrière lui vu qu'il n'était qu'une farce et n'avait pas compté. Comment pourrait-il comprendre ce qu'elle avait ressenti ? Lui qui ne savait pas ce qu'était que l'amour. Leur relation n'avait été qu'un jeu pour mettre un autre nom sur son tableau de chasse.

Elle posa son regard noisette à nouveau sur lui et elle hésita quelques instant avant de répondre.

- Faire table rase, dis-tu ? C'est si simple pour toi...

Elle s'approcha de lui et posa sa main droite sur le cœur du jeune homme. Elle leva son visage vers lui pour plonger son regard dans le sien.
Et elle prononça ses mots froidement :

- Tu es vide, tu ne ressens rien... Je te plains car tu ne vis pas, tu survis simplement...

De toute évidence Bentley avait fait bien plus de dégâts qu’il ne se l’était imaginé. Bien qu’il n’en montra rien, il fut peiné d’entendre qu’elle estimait que l’homme qu’il avait été pendant leur relation n’avait en réalité jamais existé. Comme elle se trompait… c’était avec Amaranthe qu’il avait été le plus sincère. C’est dire à quel point il avait traité les autres femmes avant et après elle… Du baratin pur et simple juste assez pour les attirer dans son lit et une fois lassé c’était la rupture sans autre forme de procès. Avec Amaranthe il avait pris son temps pour la connaitre, pour lui faire plaisir sans rien attendre en retour et n’avait d’ailleurs jamais eu pour objectif de lui prendre sa féminité. Il avait essayé de résister, de se contrôler sachant pertinemment ce que cela représentait pour une jeune femme, encore plus pour quelqu’un comme elle. Il fallait croire qu’il était faible au final puisqu’il s’était laissé emporter par les sentiments et avait fini par lui faire l’amour sans même penser aux répercussions. Amy lui fit la réflexion que pour lui les choses étaient faciles.

- Cela n’a pas toujours été aussi simple… répondit-il avec évasion.

Non c’était le moins que l’on puisse dire en fait. Pendant des semaines après leur rupture il s’était torturé l’esprit nuit et jour. Il se souvenait encore de Nathanael tentant de comprendre pourquoi son ami d’enfance semblait à coté de ses pompes, lui demandant sans cesse ce qu’il avait et pourquoi il refusait d’en parler même à lui alors que les deux jeunes hommes n’avaient, d’ordinaire, aucun secret l’un pour l’autre. Bien évidemment il aurait fallu que Bentley avoue qu’il était tombé amoureux, ce qu’il voyait comme une immense faiblesse à cette époque. Encore maintenant la force des sentiments amoureux l’effrayait quelque peu et il avait du mal à s’avouer que malgré les années il ressentait encore des sentiments vivaces pour la jeune rouquine.

Lorsqu’elle posa la main sur son cœur il sentit ce dernier s’emballer soudainement. Juste de sentir la chaleur de sa peau à travers l’étoffe de sa chemise le mettait dans un état second. C’était comme si son corps avait gardé le souvenir de son contact et Bentley du réprimer une violente envie d’étreindre la jeune femme comme il le faisait jadis. La froideur dans la voix d’Amaranthe contrastait tellement avec ce qu’elle disait et ce qu’elle lui faisait ressentir qu’il ne savait plus quoi penser. Elle n’avait pas tort dans le fonds, il s’était forcé à ne plus rien ressentir avec le temps. C’était bien trop douloureux de repenser à elle et à la façon dont il avait gâché leur histoire. Mais aussi stupide que cela paraissait il n’était pas encore prêt à le reconnaitre de vive voix.

- Je ne suis pas le monstre que tu imagines Amy.

Il posa sa main sur celle de la jeune femme. Le contact de sa peau contre la sienne accéléra un peu plus son pouls mais il ne montrait rien du trouble qui l’habitait. Il n’était pas de ceux qui laissent transparaitre leurs émotions facilement et avec les années ce bouclier n’avait fait que s’intensifier.

- J’aimerais juste qu’on tourne cette page pour prendre un nouveau départ. Tu es quelqu’un que j’apprécie vraiment et j’ai envie d’apprendre à connaitre la femme que tu es devenue aujourd’hui. Je n’attends rien de plus de toi si cela peut te rassurer.

Son regard accroché à celui d’Amaranthe il attendait qu’elle lui réponde. Il craignait un refus vu les paroles qu’elle tenait à son égard mais ne pouvait imaginer ne pas tout tenter pour qu’elle lui laisse une chance de l’approcher et de la redécouvrir. Qu’importe si ce n’était que de l’amitié il avait juste envie de passer du temps avec elle.

17/03/2015

Amaranthe secoua la tête à sa réponse plus que brève. Il sous-entendait quoi exactement ? Ne pouvait-il pas se montrer plus bavard ? Après tout, c'était lui qui avait provoqué cette rencontre, il aurait pu se contenter de rejoindre son meilleur ami qui était en cours avec eux.
Car même si tous leurs proches ignoraient leur pseudo histoire, ils avaient évoqué leur cercle d'amis.

Aussi simple que quoi ? Que de pleurer pendant des heures et être incapable d'avaler quoi que ce soit. Au point où ta famille face à ton silence ne sache plus quoi dire ou quoi faire pour te redonner goût à la vie. Et pourtant au bout de deux semaine, sa mère trouva une solution, la faire quitter l'Irlande pour Salem pour lui permettre de se retrouver et se construire une nouvelle vie.

La rouquine accepta ce stage et elle apprit à cacher sa tristesse en se plongeant dans le travail. Sa rencontre avec son mentor, Christopher, qui lui permit de venir avec lui en Amérique latine où il devait interviewer certains sorciers, leurs aventures et leurs discussions avaient tout doucement endormi sa souffrance. Mais elle ne l'avait jamais oublié et ses nuits étaient très souvent peuplées par Bentley, qui revenait la hanter, la narguer dans le monde de Nocte.

Elle ne le quittait pas des yeux, se noyant et espérant pouvoir lire ce qu'il ressentait mais elle n'y arrivait plus. Mais avait-elle réussi à le faire dans le passé ? Car elle avait eu le sentiment qu'il l'aimait et pourtant, elle s'était trompée.
Elle murmura dans un souffle :

- Dis-moi, qui es-tu dans ce cas ? Et pourquoi ?

Derrière ce pourquoi se cachait une multitude de questions qu'elle refusait de prononcer qui traitaient aussi bien de leur rupture que de leur pseudo histoire. Elle savait qu'elle aurait du se méfier car il était un serpentard. Comme elle s'était montrée confiante quand son cœur s'était ouvert et elle, comme une idiote, lui avait offert sur un plateau d'argent. A croire qu'elle ne méritait pas d'être à Serdaigle pour son manque de jugeote.
Quand il posa sa main sur la sienne, elle sentit ses jambes flageller. "Par Morgane, il suffisait qu'il la touche pour qu'elle redevienne cette fragile adolescente."
Quand il lui demanda à nouveau de tourner la page, elle savait qu'elle devrait se montrer adulte mais en aurait-elle la force ?
Alors elle finit par dire d'un ton pas vraiment convaincu :

- Si tu arrives à me prouver ta sincérité, peut-être qu'une nouvelle page pourra se créer, Bentley.

Mais elle en doutait fortement, elle lui laissait cependant une petite chance car elle ne pouvait nier les sentiments qu'il faisait naître en elle. Sa raison lui disait qu'elle était folle à lier de laisser une porte entrouverte à ce jeune homme. Mais il avait su éveiller sa curiosité et elle avait constaté que cette académie permettait que d'anciennes rivalités de Poudlard s'amenuisent.
Elle recula d'un pas, elle ne supportait plus de sentir sa main sur la sienne, ce geste était trop intime et lui rappelait trop d'étreintes passionnées comme seuls de jeunes fous peuvent se donner.
La tension était toujours présente et en bonne journaliste qu'elle était, elle choisit de l'interroger pour retrouver une prestance et un recul professionnel :

- Qu'as-tu fait après Poudlard ?

Bentley ne répondit pas à sa question. Elle savait qui il était. Peut être l’avait elle oubliée, peut être avait elle préférée faire comme si l’homme qu’elle avait connue n’avait pas existé mais elle savait qui il était et comment il pouvait être. Il n’était pas un monstre, il avait juste agit comme un gamin pris à son propre piège et qui ne savait pas comment réagir face à une situation qui lui échappait. Lorsqu’elle déclara enfin qu’elle lui laissait une chance de prouver sa sincérité Bentley eu la sensation qu’on lui enlevait un grand poids de la poitrine et semblait mieux respirer. Tout n’était finalement pas perdu. Il allait pouvoir se racheter de ses erreurs passées, lui faire comprendre que son but n’avait jamais été de la blesser et qui sait...

- Je t’assure que tu n’auras pas à le regretter.

Amaranthe recula et retira sa main de la sienne mettant fin à ce contact si délicat que Bentley appréciait grandement. Après des années sans la voir, sans la toucher, le simple fait de lui tenir la main était aussi agréable que lorsqu’il la serrait à l’en étouffer dans ses bras autrefois. Mais il était conscient qu’il faudrait du temps à la jeune femme pour qu’il puisse de nouveau l’approcher. Cela ne le dérangeait pas outre mesure. Passionné de potion la patience était une chose qu’il avait acquise avec le temps. Aucun maitre des potions ne pouvait réussir sans ce trait de caractère indispensable. Certaines potions prenaient des mois entiers pour être fabriqué. Rien que le felix felicis, potion ô combien rare et convoitée, mettait pas moins de 6 mois pour être correctement préparée. Sans compter les nombreuses étapes très précises entre temps et les ingrédients plutôt rares qui la composait. Quoi qu’il en fût Bentley était prêt à attendre qu’Amy est de nouveau confiance en lui et cette fois ci il était déterminé à ne pas laisser passer sa chance une deuxième fois.

La jeune femme lui demanda alors ce qu’il avait fait après Poudlard. Un sourire éclaira le visage de Bentley en repensant à ces aventures.

- Je suis parti voyager à travers le monde, j’avais besoin de bouger, de voir autre chose. J’ai été en Amérique, visiter une bonne partie de l’Europe mais ce que j’ai préféré c’était être en Afrique bien évidement…

Lorsqu’il était enfant son grand-père l’avait emmené avec lui lors d’un voyage en Afrique. Bentley avait été totalement fasciné par ce continent et les ressources qu’il renfermait. La vie était si différente de ce qu’il avait alors vécu jusque-là. Que ce soit le climat, les habitants, les coutumes, même la magie y était différente. Tout juste âgé de 13 ans il était tombé sous le charme de ce continent si riche et si pauvre à la fois paradoxalement. Il avait découvert de nombreuses espèces de végétaux et potions qu’on ne trouvait pas en Angleterre ou en Europe, à moins de casser son compte à Gringotts et de trouver la boutique adéquate bien évidemment, ce qui n’était pas si simple.

- Je ne suis rentré qu’à la fin de l’été dernier. Ma mère s’inquiétait trop avec tout ce qui se passe ces derniers temps… De plus un de mes oncles a disparu en juillet apparemment alors elle avait besoin que je sois auprès d’elle ou tout du moins dans le même pays. Ça la rassure de savoir que je ne suis pas loin je suppose.

Sélia n’avait pas été très emballée lorsqu’il lui avait dit vouloir rejoindre l’académie. Elle pensait, en tout cas espérait, que son fils resterait auprès d’elle après être partie 2 ans du domaine familial. Il avait fallu toute la diplomatie du père de Bentley et la promesse de ce dernier de ne pas se mettre en danger inutilement pour qu’elle « accepte » que son fils unique quitte une nouvelle fois la maison. Mais elle lui écrivait toutes les semaines et attendait de lui qu’il fasse de même.

- Et toi ? Qu’a tu fais pendant ces années ? Toujours passionné d’écriture ?

17/03/2015

Et bien entendu, il esquiva ses questions. L'irlandaise s'y attendait mais elle avait espéré qu'il commencerait à lui donner un début d'explication. Au lieu de ça, il lui fit un semblant de promesse. Et la méfiance qu'elle ressentait à son égard restait vivace et il lui sera difficile de la faire disparaître.

Une partie d'elle avait envie qu'il lui prouva qu'elle pouvait lui faire confiance à nouveau. Elle maudit son côté fleur bleue qui ne se réveillait qu'en sa présence.
Malheureusement, un premier et unique amour vous marquait pour la vie entière et vous empêchez de commencer une nouvelle relation.

Elle plongea son regard noisette dans celui azur de son ancien petit-ami et il pouvait y lire un mélange de doutes et de défi. Elle l'invitait à le relever et il faudra qu'il s'en montre digne. Même si c'était folie que de le croire à nouveau, une once d'espoir venait de l'envahir. Elle ne répondit rien, son regard était assez éloquent.

Quand elle rompit leur chaste lien, elle se sentit à nouveau en sécurité et l'affolement de son cœur s'apaisa. Il était complètement insensé qu'un simple contact, après plusieurs années, réveilla en elle de telles émotions. Elle était pathétique car elle se doutait qu'un tel séducteur avait du rencontrer des tas de femmes sublimes et bien plus sophistiquées qu'elle. Et rien qu'à cette idée, elle sentit son cœur se serrait douloureusement.

Mais par le caleçon de Merlin, si une pseudo relation cordiale s'instaurait, il risquait de la saouler avec ses nombreuses liaisons et elle savait qu'elle ne pourrait pas le supporter.
Quand il lui offrit son éternel sourire ravageur qui accentuait la fossette adorable qu'il avait sur la joue, elle fut convaincue qu'elle venait elle-même de se fourrer dans un nid d'acromentules qui allait lui être fatal.

Et quand il évoqua l'Afrique, elle visualisa la petite potion qu'il avait fait monter en collier avant de lui offrir et qu'elle conservait précieusement dans une petite boite en bois dans un tiroir de sa commode. Et lui avait du jeter le grimoire ancien et rare qu'elle lui avait offert sur son thème de prédilection.
Elle lui demanda simplement d'une voix neutre :

- Qu'as-tu appris lors de tes nombreux voyages ?

Il avait du en rencontrer des sorcières avec qui il avait partagé des jeux de séduction et bien plus.
Quand il dit qu'un ses oncles avait disparu. Elle ne put s'empêcher de demander inquiète :

- Vous n'avez pas eu de nouvelles depuis ?

Elle connaissait déjà la réponse au vu des événements sombres qu'ils vivaient. Mais elle ne pouvait imaginer perdre un de ses proches. Elle en aurait été bouleversée et elle aurait remué ciel et terre pour la retrouver.
Quand il demande ce qu'elle avait fait et si elle était toujours passionnée par l'écriture, elle ne put retenir un sourire qui se dessina sur ses lèvres gourmandes :

- Je suis allée à Salem pour suivre un stage dans leur journal et avec Christopher, nous sommes allés en Amérique latine pour une série d'articles. Je suppose que tu suis le cursus de maître des potions, non ?

En repensant à ces périples avec son ami Nathanael, Bentley ressentit une petite forme de nostalgie. Bien sûr il était heureux d’être rentré au pays, d’avoir retrouvé les siens et le domaine de son enfance mais la liberté qu’il avait eu lors de ces deux années lui manquait quelque peu. Il avait toujours été conscient qu’il lui faudrait un jour revenir et reprendre un chemin plus sérieux que celui de l’aventure et pourtant il ne pouvait s’empêcher de regretter cette époque où Nathanael et lui allaient au gré de leur envie sur les continents.

- J’ai découvert beaucoup de nouvelles plantes, pas mal de poisons intéressants aussi. C’est fou ce que la nature peut apporter à celui qui cherche bien. En Namibie j’ai découvert une plante du nom de Hoodia gordonii. Une plante rare qui permet de tenir 24 heures sans manger et sans sensation de faim. Même certains moldus l’utilisent !

Cela l’avait grandement étonné par ailleurs. Bentley n’avait pas d’opinion vraiment arrêtée sur les moldus. Pour dire vrai il se fichait d’eux comme d’une guigne la plupart du temps. A ses yeux ils étaient tous aussi inutile qu’un basilic sans venin – encore était-il possible de faire une potion avec certaine partie du corps de l’animal. Si la famille de sa mère avait fait fortune en commerçant avec eux, la famille de son père l’avait tenu aussi éloigné que possible de ces étranges êtres qui pensaient que ce qu’ils ne voyaient ou ne maitrisaient pas, n’existaient tout simplement que dans l’imaginaire des enfants. Non pour Bentley ils étaient avant tout stupide et d’une naïveté à faire dresser les cheveux sur la tête. Mais de temps à autre l’un d’eux sortaient du lot et se révélait surprenant.

- J’ai aussi trouvé de minuscules araignées phosphorescentes qui ne vivent que dans une partie reculée de la jungle. J’essaye d’exploiter leurs propriétés mais ce n’est pas évident vu leur taille et leur toxicité. En plus elles sont petites mais voraces, j’ai eu du mal à en ramener jusqu’ici sans qu’elle ne se dévore entre elles ces idiotes. J’espère arriver à les inclure dans deux ou trois potions mais ce n’est pas encore au point…

Le cobaye à qui il avait fait tester sa potion était passée à deux doigts de la mort et s’était mis à briller d’une étrange et intense lueur jaunâtre pendant 3 jours. Bentley avait été obligé de le garder en sous-sol pour que personne ne pose de question.

Amaranthe demanda depuis quand son oncle avait disparu. Pour la plupart des gens une disparition était quelque chose d’inquiétant mais Bentley ne semblait pas plus affolé que cela. En fait il tentait lui-même de se rassurer et de se dire que tout irait bien. Le monde autour d’eux semblait s’effondrer un peu plus chaque année. Leur enfance avaient été douce et paisible dans un monde sans menace et soudain les choses prenaient une tournure dérangeante. On parlait de plus en plus des mangemorts et de leurs actions à peine cachées par moment et pour couronner le tout voilà qu’à présent les moldus connaissaient leur existence et que certains s’étaient autoproclamés « chasseurs de sorciers ». Cela avait quelques relents d’une ancienne époque que personne n’avait envie de revivre ou de découvrir.

- Ma mère dit qu’il a disparu vers fin juillet sans laisser de trace. J’ai beau lui dire qu’il pourrait très bien s’être absenté pour affaire ça passait au début mais maintenant…

Maintenant cette thèse était de plus en plus improbable. Gary Bentley ne serait jamais parti aussi longtemps sans en informer ses proches pour une histoire de business. Le jeune homme s’était également fait la réflexion que son oncle était tout simplement peut être parti se planquer comme quelques-uns des sorciers face à aux récentes menaces.

- Je continue de croire qu’il finira bien par réapparaitre. Il esquissa un petit sourire amusé. Quoi que pour sa propre sécurité je lui conseille d’avoir une bonne histoire à raconter à ma mère qui n’hésitera pas à lui arracher la tête dans le cas contraire.

Il écouta la jeune femme lui parler à son tour de ce qu’elle avait fait en quittant Poudlard. Elle aussi avait voyagé. L’attention de Bentley se focalisa sur un prénom masculin qu’il ne connaissait pas. Qui était ce Christopher ? Si Amaranthe était allée seule avec lui en voyage cela signifiait-il qu’ils avaient été amant ? Ou pire encore…qu’ils l’étaient toujours ? Rien que d’imaginer un autre homme poser ses mains sur le corps de la jeune femme lui vrillait l’estomac. Un étrange éclat passa brièvement dans les yeux du jeune homme mais il ne fit aucun commentaire sur la vraie nature de ses pensées. Il savait qu’il avait perdu le droit de poser des questions indiscrètes, tout du moins pour le moment. Son but n’était pas de braquer la jeune femme et lui qui se vantait de ne jamais éprouver de la jalousie n’allait pas commencer à en montrer.

- Vraiment… répondit-il simplement. Je suppose que tu as du faire des rencontres intéressantes là-bas. Comptes-tu y retourner ? Voyager est tellement stimulant.

Il hocha doucement la tête à sa dernière question.

- En effet. Je ne me voyais pas faire autre chose de toute manière. J’espère en apprendre bien plus qu’à Poudlard où toutes nos potions étaient relativement enfantines dans l’ensemble. Rien qu’à la bibliothèque j’ai trouvé un petit recueil de potion que Mme Pince aurait certainement mis sous clef dans la réserve. Ce château cache pas mal de petit bijoux et secret… D’ailleurs en tant que petite fouineuse de journaliste tu as appris quelque chose sur le comte d’Haveirson ? Tout le monde en parle mais personne ne sait qui il est apparement.

17/03/2015

HJ=Christopher:

Amaranthe vit son air songeur pour ne pas dire rêveur quand elle lui posa sa première question. Peut-être repensait-il à une voir des femmes qui avaient eu le malheur de croiser sa route. Elle ressentit encore cette petite pointe de jalousie qui avait le don de la fragiliser face à lui. Mais elle essaya de la cacher du mieux qu'elle pouvait. Elle pouvait lui apparaître crispée mais rien de plus normal vu leur passé commun.
Quand il finit par lui répondre, elle put lire le plaisir qu'il avait pris à débusquer des nouvelles plantes et quand il en évoqua une en particulier, elle mémorisa son nom car elle pourrait être utile au cas où une de ses missions pour l'ordre la conduisit en Namibie.

- Les moldus peuvent être surprenants et nous pouvons apprendre à leurs contacts.

En prononçant ses paroles, elle le testait car même si il croyait qu'elle était une sang-pure car elle ne lui avait jamais parlé d'Edward. Il savait seulement que sa mère était une langue-de-plomb et que celui qui l'avait élevé et chéri comme un père était auror.
Elle l'écouta évoquer ses découvertes toujours passionné :

- Et quels effets pourraient avoir une potion si tu y ajoutes leur venin ?

Du venin d'une araignée très colorée, elle ne pouvait qu'imaginer une potion avec des effets dangereux. Car plus la couleur était vive dans la nature plus la faune était dangereuse.
Elle ne pensait pas qu'il répondrait à son interrogation sur sa famille. Après tout, il s'agissait d'un sujet personnel et ils étaient loin d'avoir des relations amicales. D'ailleurs comment imaginer qu'une pseudo amitié pourrait s'instaurer entre eux ?
Quand il évoqua sa mère qu'il présenta comme une ogresse, elle ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire en coin :

- J'espère pour lui car son sort sera peu enviable si il tombe entre les mains de ta mère, selon tes dires...

A sa question, elle repensa à Pablo et Estrella, le couple adorable de sorciers péruviens. Et les autres membres de l'équipe de rédaction mais il fallait qu'elle se montra honnête, la rencontre la plus marquante avait été avec Christopher qui avait beau avoir 33 ans, il ne l'avait jamais considéré comme une petite nymphette sans cervelle. Et il lui manquait avec lui tout avait été simple sauf à sa soirée d'adieux, il l'avait serré très fort contre lui et lui avait demandé dans un souffle si elle ne voulait pas rester et accepter le poste de journaliste qu'il lui proposait.
Elle avait hésité mais elle voulait rejoindre sa famille et elle ne pouvait pas être éloignée d'eux vu les événements sombres qu'ils vivaient au Royaume-Uni. Elle ne répondit qu'à sa seconde question.

- Je ne sais pas trop encore peut-être pendant les vacances de Noël... Livia, Lizbeth, Aleksander et Christopher m'ont invité à passer la nouvelle année avec eux.

Quand il lui demanda si elle avait des pistes sur l'identité du comte et qu'il la traita de petite fouineuse. Elle lui tira la langue sans réfléchir comme lorsqu'ils étaient à Poudlard.
Elle fit une petite moue désabusée avant de répondre :

- Je n'ai aucune piste et c'est tellement frustrant de ne trouver aucune indice. J'ai pensé à me rendre au Ministre pour regarder l'acte de propriété de l'Académie... J'ai peu d'espoir d'y voir un nom... Et toi, as-tu des idées ?

Bentley n’en avait jamais vraiment parlé non plus mais sa famille maternelle n’était pas de sang-pur. Il était quasiment certain que la branche Bentley ai été mélangée avec des moldus. Rien que leur fortune provenait du commerce avec eux et ses oncles qui dirigeaient l’entreprise était eux même mariés avec des femmes moldus. Le jeune homme ne les voyait pas souvent, la famille de son père étant assez stricte avec ça. Ses grands-parents paternels méprisaient totalement les moldus et leur ignorance du monde, ils avaient tout fait pour que Bentley reste loin d’eux. Cela avait été sans compter la curiosité infinie de leur petit fils… Quoi qu’il en était Bentley ne détestait pas les moldus en général. Il les trouvait simplement bête à manger du foin et ça s’arrêtait là.

Lorsqu’Amy lui demanda ce qu’il comptait faire comme potion avec leur venin, Bentley répondit avec évasion.

- Oh j’aimerai me servir de leur propriété paralysante notamment. Mais comme je te l’ai dit je n’en suis encore qu’aux recherches. Il me reste pas mal de chemin avant d’obtenir quoi que ce soit de vraiment potable.

Amaranthe lui confia qu’elle avait d’ores et déjà reçu une invitation à passer la nouvelle année avec ses nouveaux amis. Bentley ne put s’empêcher de repenser au réveillon qu’ils avaient passé ensemble à Poudlard. Ni elle ni lui n’avait souhaité rentrer chez eux cette année-là pour pouvoir rester ensemble. La plupart des élèves de Poudlard était eux rentrés chez eux et il flottait sur le château une ambiance paisible et intimiste qui leur convenait parfaitement. Amy et lui avait passé la soirée dans la salle sur demande qui avait revêtue un air d’apparat pour l’occasion. Bentley avait été cherché à manger directement dans les cuisines avec la complicité des elfes de maison hautement serviable à Poudlard. La soirée avait été magique. Ils avaient passé leur temps à grignoter, discuter, se câliner et avait même dansé sous le superbe lustre en cristal suspendu par magie au-dessus d’eux. Un vrai conte de fée avec des baisers passionnés à minuit. Jamais Bentley n’avait autant aimé un réveillon de fin d’année et jamais il n’en avait vécu un aussi intense par la suite.

Il quitta ses pensées à la fois agréable et douloureuse. Il se rendait compte combien il avait gâché quelque chose de beau et de pur. Mais il ne pouvait se résoudre à penser qu’il ne revivrai plus jamais ces instants de bonheur. Amaranthe lui demanda si lui avait quelques indices sur le fameux comte d’Haveirson. Il secoua la tête en signe de négation.

- Malheureusement non. J’ai demandé à mes grands-parents mais ils n’avaient jamais entendus parler de lui. En fait il donne l’impression d’être apparu tout d’un coup comme par magie. Personne ne sait rien sur lui, pas même son nom complet ! C’est très étrange… je t’avoue que je me suis demandé qu’elles étaient ses motivations pour tous nous accueillir ainsi dans sa propriété.

Avec toutes les rumeurs qui couraient ces derniers temps il était impossible de ne pas penser à une éventuelle manipulation de la part de personne peu recommandable comme des mangemorts par exemple. La mère de Bentley l’avait évoqué lorsqu’il lui avait parlé de la lettre. Malgré ces doutes il avait tout de même choisis de venir et puis Nathanael était également partant alors la décision n’avait pas été très difficile à prendre.

- Soit nous avons à faire à quelqu’un de très généreux et altruiste. Soit…on est dans la merde. J’espère encore qu’il s’agit de la premier option et non pas d’un traquenard destiné à nous jauger et à séparer le mauvais grain du bon…

17/03/2015

Amaranthe observait Bentley quand il répondit vaguement à sa question sur l'effet de la potion. Il avait toujours été très secret sur ses recherches mais quoi de plus normal quand la créativité t'envahissait. Tu ne savais jamais les effets de ton invention avant de la tester. Elle était encore étonnée que son mélange improbable en cours de botanique puisse avoir des vertus médicinales.
Elle répliqua curieuse :

- Et qui sera le cobaye quand tu passeras à l'expérimentation ?

Elle s'était toujours demandée qui était assez inconscient pour se prêter à de telles expériences car il ne pouvait heureusement pas la tester en utilisant des animaux de compagnie sinon les résultats seraient faussées.
Elle savait que les avancées dans ce domaine supposaient des tests sur d'autres sorciers mais ils devaient y avoir des ratés et même parfois des morts, non ?

Ses réveillons de la Saint-Sylvestre avaient toujours été très festifs mais le plus inoubliable restait celui qu'elle avait vécu avec l'ancien serpentard. Une soirée où elle avait eu le sentiment qu'ils étaient en osmose où ils avaient partagé un repas, des danses et des étreintes passionnées. Elle avait cru naïvement que leur "couple" venait de passer à une autre étape et qu'ils avaient la vie devant eux pour entretenir et faire grandir cette flamme.
Comme elle s'était trompée, elle n'était à l'époque qu'une jeune fille amoureuse, romantique et naïve.
Elle qui avait réussi à enterrer ses souvenirs se retrouvaient submergée. Elle se souvint des nombreux parchemins qu'ils s'envoyaient pour se retrouver. Il la surnommait son feu follet et elle... Non elle ne voulait plus y songer, c'était trop douloureux.
Et rien que d'y repenser, elle sentit ses pommettes se coloraient légèrement, elle détourna les yeux, le temps de retrouver ses esprits.
Elle reposa son regard sur lui et elle vit son signe de tête :

- Mes parents n'ont pas pu m'aider non plus car chez les sorciers, il n'y a pas de titre de noblesse. Alors "le comte" doit être un surnom et ils n'ont jamais côtoyé de condisciple qui le portait.

La suite de ses propos l'inquiétèrent car il était vrai que seul un philanthrope pouvait offrir sa demeure pour que des jeunes sorciers reprennent leurs études pour se spécialiser.
Et il devait être immensément riche pour avoir fait de telles transformations dans son manoir.
Elle dit simplement :

- Les deux hypothèses sont plausibles malheureusement et sans indice, nous pouvons juste être sur nos gardes. Et rendre hommage à Grindelwald en donnant son nom à un amphi, c'est étrange, non ? Connaît-tu le nom des familles sorcières les plus riches ?

Le besoin de gallion était toujours un moteur pour la plupart des gens qui étaient alors capable de faire bien des choses dangereuses ou immorales. Bentley en avait pris conscience très rapidement et savait jouer de l’avantage de disposer d’une petite fortune pour parvenir à ses fins.

- J’aviserais en temps voulu... Se contenta-t-il de répondre.

Il ne doutait pas une seconde de trouver un cobaye volontaire et docile. Il n’avait encore jamais tué personne – même si par moment cela n’était pas passé loin – et avait toujours sous la main un plan B ainsi que des bézoards juste au cas où.

Bien que Bentley ne fût pas du genre couard il n’était pas non plus une tête brûlé et restait constamment sur ses gardes depuis son arrivée à Haveirson. Rien n’avait été laissé au hasard et aucun indice ne filtrait sur ce prétendu comte si généreux. Cela en était presque flippant par moment. Peut-être que le comte était quelqu’un de joueur et qu’il avait tout simplement envie que les étudiants se lance dans un grand jeu de piste afin de découvrir son identité. Ou peut-être que c’était un grand malade et qu’ils allaient tous mourir à la manière d’Agatha Christie et de ses 10 petits nègres…Dans tous les cas son attitude était étrange et un franchement anxiogène.

Amaranthe souleva un point intéressant. Il était en effet très incongru de donner le nom de Grindelwald à un amphithéâtre au vu des méfaits qu’il avait pu commettre. Se pouvait-il que ce fameux « comte » est un lien avec ce dernier ? L’avait il connu ? Dumbledore avait plus de 150 ans alors qui savait quel âge avait le propriétaire d’Haveirson et quelles fréquentations il avait pu avoir.

- J’en connais quelques-uns mais aucun n’aurait été prêt à mettre à disposition tout un domaine et à y faire des travaux faramineux sans chercher à en tirer une quelconque célébrité. La plupart des sorciers friqués font les choses pour qu’on les remarques et récoltés des lauriers de leur sois disant bonne action.

Le jeune homme ne croyait que très peu en l’altruisme. Il y avait bien souvent des idées cachées et des motivations purement personnelles derrière les gestes les plus généreux. Le dicton qui disait que l’enfer était pavé de bonnes intentions était en exemple criant de la véritable nature humaine.

- Dans tous les cas je te fais confiance pour réussir à percer le mystère de ce château. Tu as toujours été très intelligente et perspicace. Nul doute que tu parviendras à trouver des indices. N’hésite pas à me demander de l’aide si tu as besoin.

Il esquissa un léger sourire.

- Même si je me doute que tu y réfléchiras à deux fois avant de me demander quoi que ce soit…

Une petite brise balaya le jardin et une mèche de cheveux de la rouquine vint virevolter devant son visage. Bentley tendis spontanément la main et remit doucement la mèche derrière l’oreille de la jeune femme. Il n’avait pas réfléchis et avait fait ce geste si souvent au temps de leur relation que cela était presque automatique. Un doux sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il plongeait son regard dans celui d’Amy.

- Je ne réalisais pas à quel point ton joli visage m’avait manqué…

17/03/2015

Amaranthe n'ajouta rien de plus à ses expérimentations car elle ne voulait pas connaître les sorciers désespérés qui acceptaient de se mettre en danger pour quelques gallions. Et l'image de Bentley en prenait un coup car elle savait que sa famille possédait une très grande richesse alors il pouvait facilement corrompre n'importe qui dans le besoin.

Bentley savait que la rouquine s'enflammait assez facilement quand un sujet éveillait sa curiosité et elle avait tendance à se lancer dans des investigations qui pouvait se révéler dangereuses.
Heureusement, elle aimait concocter des plans et elle essayait d'obtenir un maximum d'informations avant de se lancer dans l'action.

La meilleure des préparations n'empêchait pas le danger et les imprévus mais elle avait en main des moyens pour se préserver un minimum. Quand Christopher lui avait proposé de venir avec lui en Argentine et au Pérou, elle avait dévoré plein de grimoires pour connaître leur politique, leur faune et flore et leur us et coutumes. Et elle avait appris l'espagnol pour pouvoir les comprendre sans avoir besoin d'un traducteur qui aurait pu se révéler mal intentionné.

Quand il affirma qu'aucune famille bien nantie n'aurait accepté d'offrir une de leur propriété sans recueillir les fruits d'une telle publicité et que l'Académie porte leur patronyme.

- Tu as raison, rien ne se donne sans contre-partie dans cette société.

Quand il commença à lui faire des compliments sur son esprit acéré, elle arqua un sourcil amusée. Essayait-il de l'amadouer ?"Résoudre ce mystère" lui paraissait impossible à moins que tous les étudiants s'allient dans ses recherches.

- Inutile de me flatter, Bentley. Il me faudra beaucoup de chance aussi car vu l'étendu de son domaine, les indices, si il y en a, peuvent être disséminer n'importe où.

Et que pouvait-elle répondre à sa dernière remarque ? Elle n'aurait pas hésité une seconde à Poudlard mais aujourd'hui, si elle acceptait sa proposition, ils passeraient beaucoup de temps ensemble et elle avait peur pour son pauvre petit cœur.
Elle dit simplement :

- Je vais y réfléchir...

Et même les éléments semblaient vouloir qu'ils se rapprochent à nouveau comme si le temps s'était arrêté. Quand il remit sa mèche de cheveux derrière son oreille et qu'il plongea son regard azur dans le sien, elle sentit son cœur s'affoler.
Par Morgane et ce sourire qui l'avait toujours charmé, elle se sentit à nouveau fondre comme dans sa jeunesse.
Cet aveu la fit rougir car il était le seul à lui avoir dit qu'elle était jolie et elle laissa échapper dans un souffle avant de détourner les yeux :

- Ben...

Il savait que la jeune femme n’accepterait pas si facilement son aide. C’est pourquoi il avait préféré lui laisser le choix de décider elle-même du moment où elle se sentirait prête. Passer du temps en sa compagnie était ce qu’il souhaitait le plus et il était certain d’arriver à ses fins tôt ou tard. Le professeur Fitzsimmons lui avait d’ailleurs donné un avantage non négligeable en lui confiant l’Ilma dédié aux Abraxans. Il ne comptait pas en parler et laisser Amaranthe venir tout doucement lui proposer de bosser avec lui. Quelque chose lui disait que la jeune femme ne résisterait pas à l’envie de poursuivre son étude de la plante surtout après avoir gagné le prix en botanique. Il fallait qu’il soit patient…

Il perçut son trouble lorsqu’il passa sa main derrière son oreille et même si il ne l’avait pas fait exprès il fut soulagé de sa réaction. Elle aurait très bien pu le repousser avec véhémence ou pire encore lui coller une gifle. Mais elle avait laissé faire et l’avait même appelé par son diminutif comme à l’époque des jours heureux. Son cœur se remplit d’une douce chaleur rien qu’en entendant ce petit murmure qu’il n’avait jamais osé espérer entendre de nouveau un jour. Son pouce vint tendrement caresser la joue d’Amaranthe et il esquissa un petit sourire désabusé.

- Oui je sais…murmura-t-il

Oui, il savait qu’il ne devait pas faire ce genre de chose mais il n’avait pu se contrôler ; il savait qu’il était risqué de s’approcher si près d’elle mais comment résister face à une opportunité inopinée. Bentley savait aussi que le chemin serait long avant qu’elle ne lui accorde de nouveau sa confiance pleine et entière mais il voulait garder espoir que tout n’était pas perdu. A contrecœur il retira sa main rompant ce contact si agréable à son être. Ne pas aller trop vite, lui laisser du temps…

- Excuse moi je ne voulais pas te mettre mal à l’aise. J’essayerais de mieux me contrôler à l’avenir.

Refoulant l’envie de la prendre dans ses bras qui ne cessait de le tourmenter, il jeta un coup d’œil sur le côté où quelques silhouettes se dirigeaient vers eux. La petite parenthèse était sur le point de se terminer bien qu’il n’en ait aucune envie. Mais il devait être raisonnable et s’estimer heureux d’avoir pu renouer le contact. C’était déjà un grand pas en avant. Pour le reste…il verrait bien.

- Quel est ton prochain cours ?