histoire, projets et discussions (premier post réservé à Amaranthe)

La jeune fille passa la tête à travers la porte, personne, elle entra soulagée. Elle avait eu beau vérifier le planning avant de donner rendez-vous ici à Amaranthe, l'amphithéâtre aurait très bien pu être déjà occupé. Elle alla s'installer à une table, déposant dans un souffle de plaisir ses nombreux livres qu'elle avait embarqué avec elle. Elle s'assit et sorti ses notes qu'elle relut, profitant de son avance pour feuilleter les manuels et autres ouvrages qu'elle avait apporté. Les deux jeunes filles avait un devoir sur l'impact du mouvement indépendantiste écossais du 14ème siècle sur la création de l'Etat magique britannique.

Elle espérait que sa camarade soit plus inspirée qu'elle car elle avait peu de connaissance en la matière. Ce sujet était peu abordé en France puisqu'il concernait essentiellement l'histoire anglo-saxonne, elle aurait largement préféré qu'on aborde l'impact de la première révolution industrielle anglaise sur le monde des sorciers, sujet en grande partie anglais là-aussi mes ses répercusions internationales faisaient qu'elle l'avait au moins étudié. Enfin c'était ainsi, au moins cela lui permettait de découvrir des périodes qu'elle ne connaissait que peu. Elle appréciait changer de point de vue sur cette matière, voir comment était traité l'information d'un autre point de vu que celui qu'on leur donnait de l'autre côté de la Manche.

Comme à son habitude, elle avait d'abord choisi de travailler seulement sur des textes moldus. Elle s'imprégnait ainsi des faits historiques comme la majorité des gens sur terre les voyaient, étudiant les embroglios politiques, les enchaînements des faits, les répercussions politiques, sociales et économiques dans le monde commum. Puis dans un seconde temps elle abordait la vision sorcière des choses, qui venait ainsi lui révéler souvent les parts d'ombre laissées par ses premières recherches. Elle aimait sa double vision des choses, la chérissait. C'était elle. Elle était cette demi-moldue, demi-sorcière, et jusqu'à présent elle le portait plutôt fièrement. Désormais elle l'affichait moins par précaution, mais au fond elle aimait profondément ses racines. Certains s'étaient moqués de son père un peu bizarre quand elle était enfant, et d'autres de sa tendance à préférer utiliser ses mains plutôt que sa baguette à Beauxbâtons, mais elle les avait laissé dire, et les remarques s'étaient faites rares d'elles-même.

En tout cas aujourd'hui elle était là, à travailler de la même manière qu'elle l'avait toujours fait, plongée dans ses cahiers, regroupant les informations et rédigeant ses notes en français, par habitude là aussi. Amaranthe n'allait certainement pas tarder et elles pourraient commencer leur réunion. En attendant elle profitait de ce temps pour peaufiner.

La porte se fit entendre derrière elle, elle se retourna un sourire aux lèvres. C'était bien celle qu'elle attendait. Sa camarade ne mit pas longtemps à la rejoindre.

- Ah tu es là! Oh pas sûre que je sois plus avancée que toi. Attends, je te fais de la place.

Anna poussa ses livres du côté opposé à celui qu'Amaranthe avait choisi. La jolie rousse s'assit avec la même grâce que celle qu'elle avait utilisé dans ses paroles. Elle força ainsi l'admiration de la petite française qui malgré ses bonnes manières était loin de paraître aussi raffinée.

- Euh... j'ai l'habitude d'étudier l'histoire globale avant de me pencher sur la problématique. Du coup je suis encore en train de faire le point sur l'histoire moldue. J'avoue que c'est un sujet que je maîtrise mal, on ne parle pas vos guerres d'indépendance dans nos cours. On a déjà bien à faire avec notre histoire. Je ne savais même pas qu'il y avait eu deux guerres... J'ai découvert aussi des liens que je ne soupçonnais pas entre mon pays et l'Ecosse. Tu savais que Marie Ier avait été mariée au futur roi de France, François II pour protéger l'Ecosse des Anglais? C'est pas un sujet facile. J'espérais qu'il t'inspirerais. Tu connais un peu l'Ecosse? Tu as dû voir ça plus que moi quand même.

A l'observer Anna aurait rêver d'avoir ses cheveux, elle les trouvait si beau dans ce magnifique roux. Ils ne tiraient ni vers le brun, ni vert le blond, ils étaient flamboyants. En tout cas ils assurait à la française les origines de sa camarade, elle était anglaise c'était certain.

- Tu es rousse naturelle? Au faite tu sais que tu peux me tutoyer. Tu es peut être plus âgée que moi en plus. J'ai remarqué que peu de gens ici sortait de l'école et avait fait quelques années ailleurs avant de revenir sur les bancs de l'université. Comme pour mon origine je dois être une exception. Bon c'est définitif, ce prof est un vrai tyran n'empêche... On ne sera pas trop de deux!

Anna sourit à l'évocation des pratiques aristocratiques. En réalité si ces derniers se prenaient pour des exceptions, les mariages forcés étaient courant dans toutes les strates de la sociétés. Le tiers-état avaient juste eu la force de s'en libérer plus vite. Enfin la force, cela devenait une obligation puisque ces mariages les contraignaient à leur castes sans leur laisser l'espoir d'en sortir un jour, mais une fois ce tabou tombé, les nobles avaient petit à petit perdu du terrain.

- Malheureusement ce n'était pas le cas des seuls personnes bien nées... Mais oui tu as raison. Ce n'est pas seulement triste pour l'amour, je pense que certains ont dû s’accommoder de cette situation, voir être éperdument amoureux de celui ou celle qu'on leur avait choisi. Mais cela a indéniablement enlevé le côté aléatoire des rencontres amoureuses qui font tout leur charme.

Amaranthe désigna les deux ouvrages qu'elle avait apporté, promesse d'une chronologie parfaite, puis elle passa à sa chevelure.

- C'est sur qu'en dehors de l'Irlande et du Royaume-Uni c'est moins courant, mais c'est très joli! J'aurais aimé les avoir roux moi aussi, plutôt que châtain, mais bon on ne choisit pas. Je n'en ai que 18... J'ai enchaîné Beauxbâtons et Haveirson. Salem et l'Amérique latine? Wah! Deux berceaux de l'histoire sorcière. ça a du être passionnant, non? Je ne sais pas si je serais prête à partir à l'aventure comme ça, qu'est ce qui t'a décidé à partir?

La jeune Abraxan était enfin passé au tutoiement, Anna s'en réjouit. Elle avait eu peur que la timidité et les manières de sa rousse collègue les contraigne à un froid entre eux, elle fut heureuse de constater qu'elle est choisi de combler cette écart en acceptant la proposition de la Phénix. Puis vint une question épineuse pour Anna, en réalité elle était la première, bizarrement, à lui la poser depuis son arrivée. Elle ne put s'empêcher de lui être reconnaissante de lui permettre d'exprimer de vive-voix, et pas à demi-mots comme à son habitude, son mal du pays.

- Ils me manquent. Surtout en ce moment où on aurait tant besoin les uns des autres, mais c'est ça grandir non? Il faut bien partir à un moment ou un autre. On aurait pu croire qu'après l'école de sorcellerie je serais habituée, on ne revenait pas souvent non plus. Mais j'étais dans mon pays. C'est bizarre mais je sens vraiment la différence. Déjà la langue, puis la culture.... Mais j'ai rencontrer des gens adorables! Il faut juste du temps pour s'intégrer je suppose. Tu connaissais des gens ici avant d'arriver? Tout Poudlard ne fit pas à Haveirson si?

En entendant son petit rire aussi distingué que le reste, Anna éprouva une sympathie pour l'Abraxan. Sa douceur la toucha, elle pensa à ce qu'on disait d'elle et se dit que les gens posaient certainement la même question à la jeune femme :

- Pourquoi le journalisme?

En effet, en dehors de sa curiosité maladive, Anna n'était pas de celles qui partent à l'aventure, elle n'avait pas l'envergure d'un grand reporter. Pourtant quand elle s'était engagée dans cette voie elle s'était dit que c'était la seule capable de répondre à ses attentes. Elle avaient le besoin de comprendre et de faire comprendre. C'était important et aujourd'hui plus que jamais. Il fallait expliquer les autres, ce qu'ils étaient pour ne pas en avoir peur, pour ne pas laisser des horreurs ignobles se reproduire parce que personne n'aurait pris la peine d'informer les gens, de les sensibiliser. Les erreurs du passé devaient avoir pour utilité de prévenir celles futures. Là était l'âme d'Anna, là était son attachement à l'histoire. Elle était curieuse de voir celui de sa partenaire actuelle.

- Mon professeur était passionnant à Beauxbâtons, j'avais cette chance. Hum... pour résumer, que l'Ecosse aurait mieux fait de mettre son argent ailleurs. Mais je pense qu'on avait à l'époque un endroit florissant pour la magie, le pays avait l'air ouvert à notre culture. On en trouve beaucoup de traces dans les pratiques celtes. Beaucoup de ces histoires sont déformées, mais reste quand même que rien ne vient par hasard...

La jeune femme se perdit dans une reflexion intérieure. Anna eut presque l'impression que ces mots sur l'amour était plus pour elle que pour autre chose. Elle ne dit rien de plus sur le sujet. Elles ne se connaissaient pas assez, et elle n'était pas sûre qu'elles aient toutes deux la même vision de la chose. Les amants maudits, la destinée... De belles choses faîtes pour les autres. La phénix avait besoin d'autre chose, elle se moquait de l'amour passion, aimer à mourrir, aimer à vouloir mourrir, non définitvement elle passait son tour. Elle doutait qu'avec un tel état d'esprit elle laisse la porte ouverte pour le romantisme, voir même pour quoique ce soit. Tant pis le monde avait tant d'autre chose à offrir.

Elle eut presque la confirmation de ses pensées la minute qui suivit. Amaranthe évoque son périple sur le nouveau continent. Son ton nostalgique et doux laissa comme un goût de romance à Anna : la proximité de la tente, le voyage initiatique avec un homme plus expérimenté. De plus elle avait du mal à imaginer la jeune femme au teint porcelaine et à la fragile silhouette braver la jungle, la machette dans une main et un gros sac sur le dos. Enfin la nuature humaine ne cessait de l'étonner.

- Tu as l'air d'avoir appris beaucoup. Autant sur toi que sur le monde. Moi je ne sais pas trop ce dont j'ai envie ou besoin personnellement. Je crois que j'ai toujours aimé m'intéresser aux choses, mais plus particulièrement aux gens... En revanche je suis plus attirée par la radio que par l'écrit. Je ne me vois pas grand reporter, ni pigiste.. Les faits divers sur le chien du voisin qui s'est fait renverser, ça va un temps. En revanche recevoir un invité et discuter avec lui pendant une heure, tenter de le comprendre et de le faire comprendre ou organiser des débats passionnants autour de sujet de société... Je trouve ça plus intéressant. J'aimerais que les gens se rendent plus souvent compte qu'on peut voir les choses de différentes façons et que personne n'a totalement tord ou raison, sauf dans de très rares cas. Je pense que nous avons tous choisit cette voix dans un soucis d'objectivité. Si tu n'y aspires pas, alors ce métier n'est pas fait pour toi.

Anna avait dû mal à parler de ce qu'elle voulait ou pas. Elle se rendait bien compte que son discours était creux, il n'y avait pas de réelles idées, juste un rêve de petite fille irréfléchie. Mais à vrai dire elle ne voulait pas grand chose, elle souhaitait apprendre toujours plus, une vie sans trop de souci et des gens qui l'entourent. Pour le reste elle n'avait pas vraiment de passion, ou plutôt elle se passionnait de tout. Elle aurait pu discuter une heure du fonctionnement d'un nimbus 2000, chose qu'elle détestait, du moment que la personne avec qui elle en aurait parlé était lui passionné par la chose

Enfin elle se décida à revenir sur son éloignement familiale, bien sûr qu'elle aurait pu y retourner relativement facilement. Mais elle n'aimait pas particulièrement transplaner, elle avait un goût particulier pour les voyages, regarder filer les paysages et le temps, laisser son esprit vagabonder. Puis elle utilisait que rarement la magie quand elle était chez elle, question d'habitude.

- C'est vrai que je pourrais y retourner mais je ne le fais pas ou peu. Clemens t'a parlé de moi? C'est étonnant! Je le connais un peu, mais à vrai dire je suis plus proche de Rowan que de lui.

Elle gardait un bon souvenir de sa discussion avec le sinistros mais n'avait jamais oser aller plus au devant de lui suite à cela. Cela avait été un moment particulier, elle ne s'était pas sentie le droit de lui demander plus que ce qu'il ne lui avait offert ce jour-là. Mais des lettres de sa part étaient arrivées quelques jours plutôt, elle en avait été ravie. Au fond ce lien entre eux lui convenait bien, il ne l'obligeait à rien tout en lui permettant de rester en lien avec lui.

Quand elle entendit l'Abraxan lui expliquer les détails de l'histoire vision moldue, elle sut qu'elle ne l'avait pas comprise. Anna farfouilla dans les ouvrages qu'elle avait devant elle, une fois celui qu'elle souhaitait dans les mains, elle mit encore un peu de temps à trouver la page qu'elle souhaitait. Quand enfin elle mit la main dessus, elle se décala légèrement vers sa camarade :

- Non, regarde-là. Ils disent bien que l'Ecosse est un pays soumis aux religions païennes, c'est vrai. Mais les gobelins, les endroits sacrés... C'est les sorciers! C'est presque comme si nous avions pu vivre un plein jour. Dans le reste du Royaume-Uni tu trouves beaucoup moins de traces aussi visibles de notre présence. De plus on est bien longtemps avant la naissance de l'anglicanisme, tout le monde est Chrétien à l'époque. D'ailleurs ce ne sont pas des guerres de religions cette fois-ci mais de pouvoir et si l'Ecosse parait sortir de ces conflits avec ce qu'elle souhaitait ça a marqué la fin de notre âge d'or là-bas. Pourquoi? Ça m'intrigue.

Avait-on voulu les réduire au silence? C'était probable. Pourtant moldus et sorciers semblaient vivre plutôt en harmonie si on en croyait les textes. Qu'est-ce qui s'était joué?

Anna n'était pas particulièrement étonnée que la jeune femme n'ait jamais pensé à la radio. Ce n'était pas ce qu'on considérait de plus noble dans le journalisme. Elle s'en moquait, elle ne savait même pas si elle était douée pour ça. Parler dans un micro nécessitait un talent qu'elle ne possédait peut être pas, elle ne s'y était jamais essayé. Elle tenterait et aviserait à ce moment-là. Pour le moment il fallait surtout se concentrer sur l'instant présent et dans l'immédiat la jeune rousse venait visiblement de s'imaginer quelque chose.

- Il aurait eu bien du mal je pense! dit-elle en riant. Je te le dis : nous n'avons pas eu l'occasion d'aller aussi loin. Je suppose que tu le connais de Poudlard? Vous faisiez partie de la même bande avec Rowan et Clemens? Ils sont proches tous les deux j'ai l'impression. Mais Rowan n'est pas du genre à parler des autres en dehors de leur présence et j'avoue que je ne lui ai jamais posé la question.

Elle se nota dans un coin de sa tête qu'elle en parlerait la prochaine fois qu'ils se verraient. Il lui avait pourtant proposé plusieurs fois de lui présenter ses amis, mais ils n'en avaient jamais eu l'occasion. Elle avait eu l'occasion de rencontrer Clemens, Heath et maintenant Amaranthe et tous trois étaient bien différents. Elle était curieuse de savoir ce que le jeune sinistros pouvait apprécier chez chacun d'entre eux.
Elle sourit en pensant à la prochaine discussion qu'elle le forcerait à avoir avec elle. Il allait finir par lui en vouloir un jour.

Mais elles n’étaient pas là pour ça. Anna se reconcentra sur le livre et sur Amaranthe.

- Oui, tu as raison pour Merlin. Là c’était logique, tout coordonne. Tu crois que c’est la même histoire à ce moment-là ?

Anna n’avait pas fait le lien. Elle saisit un second livre et tourna les pages frénétiquement.

- Non, y a rien… Ici ?

Elle en prit un troisième. Rien, non plus. Elle n’avait pas axé ses recherches sur une période si lointaine. Mais Amaranthe avait raison, on avait peut être reproduit un schéma identique. Ce qui l’intriguait et qu’elle devait mettre au clair, quels étaient les liens entre les différents souverains de l’époque et la magie ?

- Tu crois que le Roi d’Angleterre ou d’Ecosse aurait été un défenseur de la magie et l’autre pas ? Le Roi d’Ecosse cela semblerait plus logique. Le Roi d’Angleterre aurait eu peur de cette force et aurait forcé les moldus à couper les ponts avec notre monde ? Il faut travailler un peu, mais c’est une bonne idée pour commencer nos recherches.

Anna secoua la tête en signe de compréhension et d'écoute.

- Je sais pas si c'est vraiment une bande. Comme tu avais l'air de connaître les deux j'ai pensé que vous faisiez parti du même groupe d'amis. Vous vous croisiez à la bibliothèque et jamais en dehors? Tu n'avais jamais discuté avec lui sinon? Il est pourtant très gentil, les gens ont l'air de s'arrêter à ses attitudes, mais dès qu'on lui parle c'est vraiment quelqu'un de serviable.

Puis elles se replongèrent dans leur sujet. Amaranthe semblait avoir plus de connaissance qu'elle ne l'avait dit au début. la jeune française fût heureuse de voir que sa partenaire serait capable de l'aider. Elle avait eu peur de tomber sur quelqu'un qui lui aurait laissé toutes les recherches. On ne savait jamais sur qui on allait tomber et elle ne connaissait pas encore assez ses camarades de classe pour savoir qui devait être éviter et qui ont devait avoir dans son équipe.

- Waouh! Finalement ça va être vite fait! Je croyais que tu ne savais pas comment aborder le sujet ? la taquina-t-elle. Finalement c'est moi qui suit à la traîne. Tu as d'autres talents cachés comme celui-ci? Bon alors baroudeuse, historienne et futur grand reporter. Que fais-tu de tes heures perdues? Tu inventes un moyen de transformer la terre en or? Je crois que c'est pas possible, certains s'y sont déjà essayé. Bon, attend je note tout ce que tu m'as dit.

Anna se mit à résumer toute les infos que la jeune rousse venait de lui donner.

- Edouard combien tu m'as dit ?

Quand elle eut finit, elle regarda sa feuille. Elle commençait à germer un plan dans son esprit. Mais présentement elle avait faim, et il fallait encore réfléchir un peu de toute façon.

- Tu aimes les gâteaux? J'en ai apporté que j'ai été faire aux cuisines, tu ne diras rien hein?! Je me suis arrangée avec les elfes pour qu'ils me laissent cuisiner, en échange je leur montre deux trois trucs. Tu connais les cannelées? C'est une recette français, j'adore personnellement. Il y a du rhum par contre dedans. Tiens, sers-toi!

Elle lui présenta la boite qu'elle venait d'extraire de son sac avant de l'ouvrir et de la tendre à l'irlandaise.

Anna secoua la tête et sourit ironiquement à la remarque de sa camarade. Encore une fois il était question de ces maisons et une fois encore elle semblait être le prétexte de la non-rencontre entre deux personnes. Cela semblait tellement étrange à la jeune française de s’arrêter sur de si simples détails. On avait déjà à plusieurs reprise expliqué à la phénix l’analogie de la famille, elle finissait effectivement par croire qu’elle n’était pas si éloignée. La famille était rassurante, formant un cocon de confort appréciable et salutaire certes, mais parfois elle devenait un poids, emprisonnant ses membres à l’intérieur d’un cercle. Les familles de Poudlard répondaient à la même logique, les indéniables avantages de ce système trouvaient visiblement leur limite dans les clans fermés qu’ils créaient. Néanmoins elle garda ses réflexions pour elle, la courte expérience d’haveirson avait appris à Anna que ce sujet pouvait être sensible, et s’attacha à rebondir sur le sujet bien plus politiquement correct de Rowan.

-Je suis persuadée que vous vous entendrez à merveille. En un sens tu me fais un peu penser à lui. On retrouve la même retenue. Mais ne le prend pas mal, hein ?! C’est appréciable.

Elle avait été un peu plus rapide sur la fin, histoire de ne pas laisser le temps à Amaranthe de penser que cela était une critique. Ce n’en était pas une, c’était un fait. Il n’y avait rien de bon ou de mauvais à être ainsi, on l’était voilà tout. Ensuite tout était question de dosage, de sensibilité de la personne face à vous. Anna appréciait réellement ce trait de caractère, elle y trouvait un calme rassurant et protecteur en somme. Elle aimait la folie, mais parfois elle s’y sentait un peu perdue, comme une foule qui l’aurait trop bousculée et l’aurait amenée à un sentiment de perte de repère. La retenu et la douceur apparente des deux êtres provoquaient une sensation de plénitude à la jeune femme.
Tandis que la rousse rougissait sous ses propos, visiblement gênée pour un compliment bien mérité. Anna avait pris note de ses propos, secouant la tête aux précisions que sa camarade apportaient à sa demande.

Désormais elles dégustaient les cannelés qu’elle avait préparé et la française en profita pour répondre à sa collègue.

-Tu y serais venue avec ou sans moi, à la rigueur je t’accorde que tu y es arrivée plus vite, mais c’est tout l’intérêt du travail en groupe. Moi ? Des choses et d’autres. J’aime énormément de chose, à beauxbâtons j’ai été dans le journal de mon école, c’était amusant. Je m’y suis fait de très bons amis. Je cuisine aussi, mais peu pour moi seule. C’est une chose qui se partage, je m’ennuie à le faire pour moi. Enfin depuis que je suis ici, il y a mon stage à la gazette mais j’ai pas mal de temps pour moi en dehors et puis comme je ne vois pas tant de monde que ça… Eh bien je descends régulièrement faire ce genre de choses, je discute avec les elfes et je m’entraîne. Je lis beaucoup aussi, et écoute pas mal de musique, ça n’a pas changé non plus. Pour le reste je passais le plus clair de mon temps en compagnie, nous avions la mer à côté, nous en profitions beaucoup. J’avais une vie de fille normale en fait, avec ses hauts et ses bas.

Elle croqua dans un de ses gâteaux, prit le temps de mâcher et de le déguster, réfléchissant à ce qu’elle faisait réellement avant. Elle avait une vie bien remplie, souvent de rires, parfois de larmes ou de lassitudes face à des cours, des embrouilles ou tout ce qui pouvait bien arriver dans une vie classique. Elle avait connu ici plus d’expériences hors du commun que durant toutes ses années à Beauxbâtons. Il y avait eu les cours de défense d’abord qui l’avait obligée à se dépasser, puis cette après-midi à Avalon, le plus effrayant de toute son existence. Elle chassa ces images de son esprit.

-Tu aimes ? Tant mieux ! Les cannelés sont effectivement des petites douceurs, c’est originaire de la ville de Bordeaux. Si tu aimes cuisiner, la France est quand même un paradis quand on y pense. Je ne crois pas qu’une seule ville n’est pas au moins une spécialité culinaire. Sinon oui j’ai un chat, il est comme moi, il adore manger. Je le soupçonne même de rester avec moi rien que parce qu’il est sûr qu’il aura toujours un truc à grignoter ainsi, ce qui fait qu’il est un peu gros je le crains…

Elle rit à l’évocation de son chat. La veille encore, il avait tenté de descendre prestement du lit et c’était royalement vautré, gêner par son ventre proéminent lorsqu’il avait voulu passer pardessus le bord du lit de sa maitresse. Vexé comme un pou, il avait filé et la jeune fille ne l’avait pas revu depuis, il finirait par réapparaitre, elle ne s’en inquiétait pas, il restait rarement très longtemps loin d’elle. Il aimait trop ses croquettes maisons et il savait qu’elle avait besoin de lui à ses côtés.

-Bon et qu’as-tu fait pendant tes périples alors ? Qu’as-tu vu d’exceptionnels ? Fais-moi rêver ! Raconte-moi tes plus jolies anecdotes de voyage, j’aime qu’on me conte les choses, un amour trop poussé pour les histoires merveilleuses sûrement.

Anna fut surprise par la proposition d'Amaranthe, l'accompagner pour faire la cuisine? Pourquoi pas, mais la jeune française allait devoir faire des efforts de pédagogie si elles voulaient partager cette activité. Elle avait l'habitude d'être un véritable maître d'orchestre dans ce domaine, si bien que généralement les gens la laissaient faire, ils préféraient s'asseoir et l'observer ou papoter, l'aidant parfois à couper un ingrédient ou deux. Dans ce cadre les personnes qu'Anna appréciaient le plus étaient encore ceux qui prenaient l'initiative de l'aider en faisant la vaisselle, chose qui ne lui déplaisait pas outre mesure mais dont elle se passait bien une fois passer une heure à cuisiner. Elle allait devoir laisser un peu de place à la jeune femme si elles devaient cuisiner ensemble et non séparément.

- Oh, pas vraiment... J'ai déjà eu l'occasion de passer pas mal de temps là-bas. Ça n'est pas vraiment un problème pour rentrer ou sortir. Il suffit juste de faire attention au concierge, pour le reste je m'entends avec les elfes, ou j'y vais quand ils sont absents.

Puis Anna prit quelques secondes pour réfléchir à la question suivante avant de reprendre à nouveau.

- J'ai beaucoup de recette avec la pomme, dans ma région on ne peut pas y échapper. Une tarte aux pommes avec une boule de glace vanille ou un peu de chantilly, c'est encore ce qu'il y a de meilleur. Après j'aime bien cuisiner un peu de tout, ça dépend de mes humeurs. Plutôt salé en général.

A l'évocation du journal de l'école, Anna repensa à ses amis et à leurs soirées, enfermés dans leur local à préparer la prochaine édition avec autour d'eux d'innombrables gâteaux et biscuits. C'était une tradition, chacun amenait quelque chose, cela réconfortait quant aux heures trop tardives pour être encore debout, ils travaillaient encore. Plus qu'une contrainte, c'était des moments d'entraide et de rire souvent, d'engueulade parfois. A la sortie elle se promettait que plus jamais et puis après avoir rattrapé ses heures de sommeil en retard il ne restait que le plaisir indéfectible d'avoir participer à ce moment.

- Les rubriques habituelles. Les articles étaient ceux d'un journal d'école, plus intéressés par les nouveaux plats de la cantine et l'effroyable injustice des cours placés tard le soir quand on avait rien au milieu de la journée, rit-elle. Nos propos ne volaient pas très hauts dira-t-on. Mais nous avions les problèmes de nos âges.

Beauxbâtons était situé au Sud de la France, magnifique bâtisse construite sur le modèle des châteaux vignobles. Beaucoup moins haute que Haveirson, elle avait un charme indéniable néanmoins. Ouvert sur la nature, tout était fait pour éliminer la barrière entre l'extérieur et l'intérieur. Seules les pièces des caves étaient protégées pour offrir une aura mystique.

- Ces particularités? Tout dépend de quoi tu parles. Nous étions dans le sud de la France, il faisait donc relativement beau toute l'année et chaud à partir d'avril, mai. Mais nous en souffrions jamais, un sort protégeait le bâtiment et les jardins qui l'entourait pour que la chaleur ne soit jamais étouffante. Je pense que c'est le genre de particularités dont tu veux parler? Après je ne sais pas quoi t'en dire... Bien entendu la décoration n'était pas la même qu'ici où on privilégie une ambiance chaleureuse avec des grandes cheminés, des couleurs chaudes, un mobilier chargé. Là-bas c'est aussi luxueux, peut-être plus, mais dans un style plus épuré, avec de grands voiles qui vole au vent, des matières plus froides tels que le marbre ou les pierres polies, les couleurs dominantes ne sont pas les mêmes non plus. Mais tout ça est dû plus à la région qu'au reste je pense.

« Cliodna.... » Son nom et son pédigrée était comme sa maîtresse : délicat et soigné. Anna sourit à l'image. Elle réfléchit rapidement à cette idée que les familiers ressemblaient généralement à leurs protecteurs. Elle se demanda si Grumpy lui ressemblait, il aimait manger c'était indéniable, pour le reste.... Mais leur rencontre et son arrivé n'étaient pas ordinaires. Il était apparu un jour pour ne plus jamais repartir. Peut-être la quitterait-il quand elle n'aurait plus besoin de lui, mais cela ne réglait pas la question de la

- Je veux tout savoir! S'exclama-t-elle dans un rire. Quel est ton souvenir le plus marquant alors? Commençons par ça.

Puis elle croqua de nouveau dans un cannelé, se promettant d'être raisonnable un jour, mais pas aujourd'hui. Le régime pouvait bien attendre le lendemain.