histoire, projets et discussions (premier post réservé à Amaranthe)

Anna n’avait jamais vraiment su si elle était autorisée ou non, mais elle l’avait toujours fait plus ou moins en cachette. Un étudiant n’avait normalement rien à y faire. Il semblait évident que n’importe ne puisse pas s’y promener comme bon lui semblait, pour des raisons d’hygiène et de sécurité au moins.

Quant au concierge elle l’avait croisé quelque fois dans les couloirs, mais il avait l’air si peu avenant que la française ne s’était pas risquée à faire quoique ce soit qui puisse attirer son attention en sa présence.

-Il a son bureau dans l’aile ouest où nous avons notre dortoir, je l’ai croisé parfois, jamais très longtemps.

Lorsqu’Amaranthe lui demanda de rappeler à ses souvenir sa région natale, une vague de nostalgie envahie la jeune femme. L’odeur des après-midis à la fois pluvieux et ensoleillés où, à 16h, elle courait jusque la cuisine pour sentir la tarte tout juste sortie du four. Ses joues rosies par la fraîcheur du temps normand et la course, elle pénétrait crotté dans la pièce sous les exclamations de sa mère qui ne se calmaient que lorsqu’elle avait enfin daigné enlever ses chaussures et lavé ses mains. Alors seulement après cela on installait devant elle une assiette remplie avec un verre de lait. Elle eut un demi-sourire face à ses pensées.

-Je viens de Normandie. C’est un fruit sucré, mais ça se marie très bien avec du boudin noir par exemple, ou bien du fromage. Avec le premier c’est plus une compote, le deuxième je préfère une pomme cuite à la cannelle. Sinon tu as aussi le chutnet aux pommes, c’est délicieux avec un bon foie gras. Tu peux en faire plein de choses en vrai.
Elle avait déjà l’eau à la bouche que d’en parler. Elle aurait bien dégusté l’un ou l’autre des plats qu’elle avait cités tout d’un coup, mais cela allait devoir attendre encore un peu car si elle pouvait trouver facilement des pommes, le foie gras ou le fromage n’étaient pas des aliments courants dans la région qu’elle occupait actuellement.

Les deux jeunes filles repassèrent ensuite à l’ancienne école d’Anna. Cette dernière, habituée à répondre à ces questions désormais, ne se fit pas prier.

-On est réparti en chambre, il y a un étage pour les filles, un pour les garçons. Ensuite ça s’organise par année et par filière une fois qu’on a choisi nos spécialisations. Il n’y a pas de maisons comme à Poudlard. Oui j’ai cette impression aussi, mais c’est une bonne chose, on ne devrait jamais oublier le passé. Après c’est vrai que j’aime les pièces moins… surchargées ? C’est comme ça qu’on dit ? Visiter Beauxbâtons ? J’imagine que oui, je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas si tu en as envie. Enfin c’est vrai que ce n’est pas très courant comme demande, mais rien ne l’en empêche dans le fond si ?

Tandis qu’elle tentait de se rappeler si elle avait déjà vu des visiteurs en dehors des parents à la rentrée des classes, Amaranthe lui parla de ses voyages.

-Tu aimes les animaux ? Je ne savais pas qu’on avait ce type de chevaux à Haveirson, je ne suis jamais allée dans les écuries pour toute te dire. J’ai un peu peur d’eux, ils sont si grands par rapport à moi…

Puis elle lui conta sa rencontre avec le reptile volant, Anna frémit à son évocation. Sa peur phobique de ses animaux refaisant soudainement surface à leur évocation.

-Rappelle-moi que ce genre d’animaux vit là-bas quand je voudrais y aller, dit-elle d’un ton qu’elle souhaitait détaché. Vous avez eu de la chance si je comprends bien ? Tu y as rencontré des populations indigènes ? Ça doit être fabuleux de voir comment ils vivent vraiment, je veux dire pas à travers les récits qu’on nous fait, mais raconté par eux. Comment vont-ils ? Je veux dire, on entend tellement de chose ici, qu’est-ce qui est vrai ?

La jeune française pensa à tous ses articles sur la déforestation, le déplacement des populations et tous les problèmes sociétaux que cela engendrait pour ces peuples. Comme à chaque fois quelque chose se tordit face à la violence que le monde portait en lui.

Anna s’étonna que l’irlandaise en connaisse si peu en matière de gastronomie française. Elle avait l’impression que tout le monde connaissait ces spécialités. On ne parlait que de la cuisine traditionnelle tricolore, de la richesse de ses plats, de sa diversité et de sa finesse. La jeune femme allait devoir revoir ses représentations des choses. Amaranthe remettait en perspective sa vision du monde et le fait que l’étranger n’avait pas le regard rivé vers sa nation même en la matière.

- Je suppose, je ne connais pas le Bonchester. Je ne crois pas en avoir encore mangé depuis que je suis ici. Vu la description que tu en fais sûrement. Je serais ravie que tu viennes y faire un tour, elle mérite d’être plus connue qu’elle ne l’est.

Décidément, sa camarade avait décidé de la bousculé dans ses croyances. Elle avait réellement imaginé qu’en évoquant le foie gras, elle parlait d’une chose connue de tous. Au vue de leur discussion elle se tint à une description sommaire du produit. On touchait aux animaux, le système de fabrication était déjà assez décrié dans son propre pays qui en était pourtant à l’origine qu’il ne lui sembla pas nécessaire de s’appesantir dessus.

- C’est quelque chose de particulier. C’est fait à base de foie d’oie ou de canard qu’on dénerve avant de le mélanger à des épices et du vin blanc pour former une sorte de terrine. C’est très fin et très cher. C’est assez connu, mais tout le monde n’aime pas.

Puis elles passèrent à son école et à son ancien camarade, Anna répondit de bonne grâce à ses questions.

- Les mêmes que chez vous je suppose. Etudes des moldus, cours de défense avancée, histoire sorcière de l’économie, ce genre de choses. Dean ? Je le connais de vu, oui. Il est plus âgé que moi, nous n’avons jamais été en cours ensemble. Je lui ai plus parlé depuis que je suis ici que durant toutes nos années à Beauxbâtons. L’éloignement doit jouer, j’apprécie de retrouver un côté français ici. J’étais étonnée quand je l’ai revu ici pour la première fois.
Avant de repasser au sujet qui l’intéressait depuis tout à l’heure la française prit le temps de répondre à Amaranthe sur son désir de visiter son ancienne école.

- Je n’en sais rien du tout, il faudrait se renseigner. S’il n’y a que ça et que tu tiens tant à la voir, je t’y accompagnerais avec joie. Pour les chevaux je t’accompagnerais volontiers. Par contre pour les dragons…. Brrr… ne compte pas sur moi. Je me garderais bien de sortir des chemins si j’y vais, sois en sûre.

Elle était prête à faire l’expérience de beaucoup de choses, mais se retrouver nez-à-nez avec un reptil ce n’était pas envisageable. Lorsque les doutes d’Anna furent confirmé, elle se désola encore une fois de voir où la bêtise humaine amenait les hommes. Sorcier, moldus ou autres il n’y avait bien aucune différence. Dire que certains s’orgueillaient d’être plus respectables que les autres, il n’y avait vraiment pas de quoi.

- J’ai entendu parler de tout ça, j’espérais qu’une partie ait été amplifiée. C’est dramatique d’entendre ça…. C’est là qu’on se rend compte de toute l’importance du journalisme, hein ?! Et surtout du reportage. Ce sont ces combats-là qui te poussent ?

La jeune fille se prit à rêver d’interviewer un jour Amaranthe sur le sujet, qu’elles discutent pour les auditeurs de ses problèmes du monde et qu’ensemble elle leur ouvre, ne serait-ce qu’un peu les yeux sur le monde qui les entourait. On ne pouvait pas toujours agir pour changer ce qui devait l’être, mais savoir que les choses existaient était déjà un premier pas. Personne ne lutterait pour quelque chose qu’il ignorait, on ne pouvait régler un problème que si on avait conscience de sa réalité.

Tandis qu’elle réfléchissait à ça, elle finit son cannelé. Elle réalisa alors qu’elles n’avaient pas avancé depuis plus longtemps qu’elles n’auraient dû. Elle sortit un paquet de mouchoir de sa poche en sorti un pour elle et tendit les autres à l’Abraxan.

- Bon on y retourne. Va falloir se partager le travail et faire des parties, tu ne crois pas ?

- Avec plaisir ! S’exclama la petite française. Je tenterais de te ramener quelques-uns de ceux qu’on a en France, mais j’éviterais le camembert, il n’est pas facile à transporter à point et sent un peu trop fort pour se mélanger à mes affaires dans la valise. Pour le pain, c’est moi qui m’en occupe ! Je suis désolée mais ceux que vous avez ici sont… Comment être polie ? Pas aussi bon que ceux que je mange habituellement ?

Anna rit, il n’y avait rien à faire mais le pain restait le meilleur à son goût. Ici il paraissait insipide, un genre de gros pain de mie à son palais.

- Pau. C’est dans le Sud-Ouest. C’est de là qu’il vient. Après je pense que tu peux en trouver du très bon un peu partout. Ma mère en fait, je le trouve très bon. Enfin tu peux aussi en profiter pour découvrir la région.

Lorsque la jeune fille évoqua ses anciens cours, elle remarqua que certains d’entre eux n’avait aucune résonnance chez sa camarade. Tout comme elle n’avait jamais eu de cours de soins au créature magique ou bien de botanique. Ce n’était pas considéré comme assez noble. Il existait des cours de biologie, mais ça s’arrêtait là. Si l’on voulait devenir éleveur ou botaniste on suivait généralement soit des voies en apprentissage, soit pour le second métier des cours de spécialisations.

- Je dirais que nous voyions l’histoire de l’économie magique internationale dans sa vision française. Comme ici en histoire on voit les choses du côté anglais. On nous fournit toujours la vision de notre propre pays. En fonction de notre culture une histoire peut différer d’un pays à l’autre. On va s’arrêter sur certains détails qui nous paraissent importants mais qui ne sont pas vu de la même façon à côté. Les choses ne sont pas analyser de la même façon. C’est comme prendre deux points de vue. C’est assez bizarre de se rendre compte que ce qu’on nous a appris dépend en réalité de qui nous l’a enseigné. Peut-être pourras-tu t’en rendre compte si tu viens à Beauxbâtons, mais il faudrait que tu puisses suivre un cours pour ça je le crains. Le français ça te fait peur ?

C’était l’une des choses qui avait le plus perturbé Anna à son arrivée, en plus du changement d’environnement il avait fallu s’habituer à une nouvelle façon de voir les choses. C’était particulièrement intéressant à observer mais parfois difficile à suivre. Ce qu’elle avait longtemps considéré comme une vérité absolue ne l’était pas tant que ça.

Elles échangèrent encore quelques phrases sur leur future descente aux écuries d’Haveirson et Anna lui confirma qu’effectivement c’était aussi la direction vers laquelle elle voulait tendre. Anna acquiesça. C’était peut-être le facteur commun de chaque journaliste au fond, chacun à sa façon cherchait à montrer les valeurs en lesquelles il croyait.

Puis elles revinrent à leur sujet de départ et raison de leur présence en ces lieux.

- Oui ça me parait bien. Peut-être devrions-nous nous séparer le travail et nous revoir ensuite pour l’assembler et rédiger la conclusion ensemble ? Nous sommes d’accord, il faut maintenant étoffer nos recherches et mettre tout ça en forme. Ça t’irait ?