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 Dies Iræ [LIBRE]

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MessageSujet: Dies Iræ [LIBRE]   Dies Iræ [LIBRE] EmptyLun 9 Nov 2015 - 19:46



Dans la nuit du 29 au 30 janvier 1997

Les landes étranges dans lesquelles il évoluait étaient trop surréalistes pour être crédibles. Quinlan était dans un de ces rêves lucides dont il n’avait tout à fait le contrôle tout en sachant qu’ils n’étaient pas la réalité. Dans ces moments-là, tout pouvait arriver, il ne considérerait pas ça comme un cauchemar. Au pire, un film d’horreur interactif. Du ciel rougeoyant au-dessus de lui ne portant pourtant aucun nuage tomba une pluie chaude et sombre. En baissant les yeux sur ses mains goûtant la texture de l’eau, il réalisa que c’était un sang noir et poisseux qui descendait des cieux. Le liquide emplit bientôt tout le paysage, lui grimpant le long des jambes comme si les landes n’étaient rien de plus qu’un bocal géant au fond duquel Quinlan se tenait. Le sang noir du ciel atteignit bientôt son torse, son cou, avant de le submerger totalement. Alors qu’il se noyait en rêve, le guérisseur se réveilla.

Il soupira d’aise que ce soit enfin terminé, et se roula sur le côté pour prendre Clemens dans ses bras, comme il le faisait après chaque cauchemar. Finalement, il avait beau avoir eu conscience du fait que ce n’était pas la réalité, le rêve avait été assez réaliste pour qu’il ne se sente pas rassuré pour autant. Maintenant qu’il était revenu dans le triste monde du réel, il se sentait soulagé. Reserrant son étreinte sur Clemens, il nicha sa tête dans son cou et s’imprégna de son odeur boisée, musquée, cuivrée. Métallique. Clemens devait avoir froid et dormir comme une souche… Quinlan remonta la main qu’il avait posé sur ses abdos jusqu’à sa poitrine et son cou. Son index sombra, s’affaissa dans une entaille que Quinn eut du mal à identifier tout de suite. Paniqué, il s’éloigna et mit Clemens sur le dos.
Il était mort, la gorge tranchée, ses grands yeux bleus vides fixés sur lui, accusateurs.

Quinlan se réveilla une seconde fois. Épinglé au lit, il essaya de bouger, en vain. Hmpf. Encore un accès de paralysie du sommeil. Génial, il adorait ça ! Il se souvenait d’ailleurs que Clemens n’avait pas passé la soirée avec lui la veille, et qu’il était logique qu’il se réveille seul ce matin là. Bon, la paralysie finirait par passer… C’était ce que se disait le guérisseur quand il commençait à paniquer. Il n’avait pas encore ouvert les yeux, ne se rendant pas compte que c’était sûrement la seule chose qu’il pouvait encore faire. Lorsque ses paupières s’écartèrent, il hurla intérieurement.

Le miroir était revenu. Ce miroir qu’il avait tant apprécié et qu’il avait ensuite appris à haïr. Ce miroir n’était qu’un objet parmi tant d’autres, par lesquel le Comte espionnait et manipulait les étudiants et les professeurs d’Haveirson. Ce miroir dégoulinait du même liquide noir et poisseux que Quinlan avait vu en rêve, dans lequel il s’était même noyé. Les traînées, irréelles puisque restant circonscrites au monde du miroir, s’organisèrent en un sinistre message.

Osez seulement vous révolter…

Le Comte lisait aussi les courriers. Ou du moins, il était en mesure de savoir ce qu’il s’y disait. Quinn l’avait prévu. Cette lettre à Isolde, c’était un coup de poker, pour tenter le Diable. Et il avait mordu à l’hameçon. Seulement maintenant, Quinlan n’était plus certain de vouloir du poisson… Il aurait menti s’il avait dit qu’il n’était pas terrifié. Sa paralysie se leva presque aussitôt après que le message soit apparu, mais un frisson continuait de le parcourir.

Qu’est-ce que c’était que ce message, justement ? Une menace ? Le Comte avait beaucoup trop de pouvoirs sur ce qu’il se passait à Haveirson, et surtout, sur ses habitants, le tout alors même que personne n’avait aucune preuve de son existence réelle. Et si le Comte n’était qu’une fable ? Un personnage fictif inventé une organisation dans un but plus ou moins avouable ? Quinn coupa court à ces questionnements pour l’instant stériles. Il y avait plus urgent. Maintenant qu’il pouvait de nouveau bouger, il se sortit du lit et entreprit de retirer le miroir qui s’était de nouveau installé sur son lit.

— …Merde.

Après avoir cherché les attaches, Quinlan se rendit compte qu’il n’y en avait pas. Le miroir faisait désormais partie intégrante du lit, et il serait même difficile de le parer d’une tenture pour éviter de le voir.

— Merde merde merde…

Le message était resté inscrit aussi, histoire de bien lui rappeler à quel point son coup de poker avait été utile. Finalement, il n’était pas moins insouciant et imprudent que Clemens. Pas moins sensible non plus, alors qu’il paniquait en cherchant désespérément une idée pour mettre ce miroir hors de vue. Sans l’abîmer. C’était important ça. D’après ce que Quinlan avait compris, si le Comte avait brûlé Isolde et Clemens, c’est bien parce qu’ils avaient brûlé le règlement. Un objet du château, appartenant au Comte. Le miroir qu’avait amené Quinn en arrivant à Haveirson n’appartenait pas au directeur, mais celui qui avait fusionné avec son lit dans la nuit était sans aucun doute le sien, ou serait considéré comme tel. Dans le doute, il n’y toucherait pas. Et il ne toucherait plus non plus son lit.

Fermant les rideaux du baldaquin, Quinlan emporta seulement oreillers et couettes qu’il déposa dans son canapé avant de prendre sa douche. Il avait d’autres chats à fouetter aujourd’hui, d’autres questions autrement plus importantes que les caprices d’un connard sadique faisant un complexe de Dieu sur ses étudiants. Quinlan n’avait pas peur, et il n’avait pas changé d’avis à propos d’une résistance. Non, il se contentait seulement d’éviter de donner trop d’informations au Comte, de se mettre en danger et de dormir dans son propre lit. Tout allait pour le mieux, non ?

La preuve en était qu’il se décida, après qu’il aurait fait un saut à la cafétéria, d’aller piquer une tête à la piscine. Se défouler dans l’eau lui ferait sûrement du bien, et le laverait de toute cette merde métaphorique. Il aurait aimé en parler à Clemens ou Isolde, mais il ne se sentait pas de les accabler avec ça dès le matin. Une lettre — codée cette fois-ci — pouvait également remplir cet office. Aujourd’hui était son jour de repos, et il avait bien l’intention d’en profiter, Comte ou pas Comte.

Se changeant dans une des cabines de la piscine pour un maillot de bain façon boxer aux motifs abstraits rouge et argent, il déposa sa serviette sur une des chaises qui bordaient le bassin. La piscine était déserte, et il avait bien compté là-dessus. Entrant lentement dans l’eau, il se délecta de l’impression de troubler le calme de la surface. Puis, il s’immergea complètement et commença à nager, sa présence indétectable depuis l’air libre, si ce n’est cette masse sombre qui bougeait sous l’eau. Une quinzaine de mètres plus loin, quand ses poumons furent presque vides, il remonta à la surface pour respirer un grand coup.

Il aimait cette sensation de presque noyade et la grande inspiration qui venait juste après. C’était aussi pour ça qu’il nageait. Pour se sentir vivant.


Dernière édition par Quinlan C. Fitzsimmons le Mar 10 Nov 2015 - 19:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dies Iræ [LIBRE]   Dies Iræ [LIBRE] EmptyMar 10 Nov 2015 - 20:06

Apparemment, la nage silencieuse de Quinlan était assez furtive pour que sa collègue enseignante en potions ne le remarque pas. Il avait pris la ligne la plus éloignée de l’entrée de la piscine et il nageait à une allure mesurée, ceci expliquait peut-être cela. De longues brasses sous l’eau, quelques longueurs en utilisant seulement les jambes, le tout en revenant le moins possible à la surface pour respirer… Quinlan commençait sa séance de natation d’une façon qui contribuerait à le relaxer. Contrôler sa respiration sans faire d’efforts violents. Se focaliser sur le but à atteindre, la distance à parcourir, et oublier tout le reste. Oublier les miroirs, le Comte, ses cauchemars et l’omniprésence de Clemens dans sa vie, au point que Quinn le voyait partout. Absolument partout.

Même quand il voulait un peu décrocher, s’amuser comme il l’avait toujours fait, le spectre du Sinistros le poursuivait de ses yeux accusateurs. Il le blessait de par sa simple existence, il le mettait en danger inutilement en ayant eu l’idée folle de posséder un miroir au plafond de son lit à baldaquin, il avait outrepassé son rôle en le trahissant auprès de ses amis et des autres étudiants. Il le mettait encore plus en danger en lui racontant ses secrets et en l’encourageant à mener une révolte contre un directeur qui, dans un caprice, l’aurait brûlé vif.

Quinlan avait un besoin impérieux de se changer les idées. Oublier aussi Isolde sur laquelle il avait hurlé, Lanalia qu’il avait traité comme de la merde, Rowan… Les échecs semblaient l’entourer, l’encercler comme une armée ayant réussi son embuscade. Il se sentait piégé dans cette Académie, dans l’étreinte et les yeux de Clemens. Il était piégé, incapable de se défaire de liens qu’il avait appris à aimer. Et cette mission… Il espérait qu’elle n’allait pas capoter pour une raison x ou y.

Respirer, revenir à la surface pour mieux replonger, une longueur après l’autre, jusqu’à ce qu’il se sente de faire une pause avant d’entamer un petit sprint de 200m. C’est alors seulement qu’il la remarqua. En sous-vêtements, n’ayant pas pris le temps d’emporter un maillot de bains, ou étant tombée sur la piscine par hasard… Sa collègue, Pr. Miller.

Le guérisseur s’arrêta pour la regarder nager, espérant qu’elle ne l’avait pas encore remarqué. Elle était plutôt pas mal, même si avec son nouveau métier Quinlan s’était habituée à fréquenter des femmes beaucoup plus jeunes qu’Améthyste. Cela ne voulait pas dire qu’elle était totalement dépourvue de charme, même si sa façade glaciale n’était pas quelque chose que le très extraverti Quinlan appréciait.

Devait-il l’aborder ? Lui dire bonjour ? C’était la moindre des politesses, non ? Mais puisqu’elle n’avait pas de maillot de bain, il craignait un peu sa réaction… Son but n’était pas de l’effrayer et de la voir courir dans les couloirs, mouillée et à moitié nue, bien que ce fut une situation que beaucoup de femmes connurent avec lui. La pensée le fit sourire, avant que les chaînes ne se rappellent à lui. L’image de sa patate de frère lui apparut en pensée, avec un seul mot à la bouche. Un prénom. Inutile de préciser lequel.

Quinlan grogna et se racla la gorge pour annoncer sa présence.

— Bonjour, Pr. Miller ! lança-t-il finalement d’une voix forte mais qui se voulait accueillante.
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MessageSujet: Re: Dies Iræ [LIBRE]   Dies Iræ [LIBRE] EmptySam 14 Nov 2015 - 16:10

La solitude. Soit on l’accueillait comme une vieille amie, soit on la détestait. Pour Quinlan, c’était souvent un peu des deux. Il détestait se sentir totalement abandonné comme dans ses cauchemars récurrents, mais il savait aussi qu’il avait parfois besoin de temps pour lui. Ces dernières semaines, il avait été bien entouré, et ça ne s’était pas toujours bien passé. Se rapprocher des gens finissait tôt ou tard par blesser. Tel le hérisson métaphorique qu’il était, Quinn avait profité de cette journée un peu spéciale pour se défouler dans une longue séance de natation. Seul, évidemment, depuis que son compagnon avait développé une piscinophobie aiguë.

Se stoppant dans sa nage, il se rendit compte qu’il n’était pas aussi seul qu’il l’avait pensé. Sa collègue, enseignante en potions, était là elle aussi. Une rareté. Aujourd’hui était décidément un jour spécial.

— Oh, votre présence ne me dérange pas !

Après tout, ils pouvaient bien nager tranquillement en faisant semblant que l’autre n’était pas là, non ? Quinn aurait menti s’il avait affirmé ne pas être un peu blessé par le ton qu’avait employé Améthyste. Ne venait-elle pas de lui dire qu’elle souhaitait être seule ? Quinlan n’avait pas l’habitude de s’imposer sans avoir une bonne raison, et il songea sérieusement à s’éclipser.

Seulement, la nage était l’un de ses seuls vrais défouloirs, l’autre étant trop dangereux compte tenu de sa situation. Comment savoir s’il ne s’était pas brisé une cheville, s’il ne pouvait pas ressentir la douleur ? La malédiction qu’il avait contractée en décembre ne l’avait pas quitté, même s’il s’y était habitué. Ce qui était une mauvaise chose. Il le savait bien, il était guérisseur. Il essaya de ne pas y penser, et se remit à nager tranquillement la brasse, restant la tête hors de l’eau pour entendre Améthyste au cas où elle reprendrait la parole. Ce qui ne tarda pas.

— Non, je n’ai cours que l’après-midi, et quand je ne suis pas en cours je veille à l’infirmerie. C’est mon jour de repos aujourd’hui.

Quinlan était de ceux qui avaient un emploi du temps plutôt chargé, et ils étaient légion à Haveirson. Les étudiants cumulaient souvent les cours avec un petit boulot ou un stage, et les professeurs aussi avaient plusieurs casquettes. Quinn avait été vraiment soulagé quand Mia était venue lui prêter main forte à l’infirmerie, mais il y passait encore le plus clair de son temps. Quand il n’y avait pas d’urgences, il en profitait pour avancer sur ses recherches personnelles, mais il avait souvent besoin de revenir dessus le soir, dans ses appartements. Résultat : il ne lui restait pas beaucoup de temps pour danser, ou nager.
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MessageSujet: Re: Dies Iræ [LIBRE]   Dies Iræ [LIBRE] Empty

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