Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE

08/06/2015

Après le traumatisme du banquet de Noël, il régnait une atmosphère accablante dans le château. La maison Serpentard, touchée de plein fouet lors de l'attaque, et déjà rompue à l'exercice du drame au quotidien, partageait cette ambiance pesante, voire étouffante. Rarement l'emplacement de la Maison au sous-sol n'avait donné à ses ressortissants le sentiment d'une noyade sans fin.

Oh ! Quelque compassion avait pu être trouvée dans le regard des camarades, une forme de solidarité, presque, parfois, paraissait entre Serdaigles et Serpentards. Unis dans la perte de proches, d'amis. Mais la relative reconnaissance de leur tristesse n'effaçait pas la mauvaise fâme qui entourait les étudiants floqués de vert et argent.

Deux, trois jours après la douloureuse nuit, les habitudes reprenaient et chacun tentait, à son rythme, de cacher son inquiétude derrière les devoirs à préparer, les jeux dans la neige ou au coin du feu.

Pour tromper l'ennui de ces mornes vacances, une petite fête impromptue fut organisée au soir du 31 décembre. Les élèves les plus âgés firent les commissions à Pré-au-Lard et certains demandèrent aux cuisines que soient préparés des paniers-repas.
A 18h30, tout était prêt. Les biéraubeurres et autres rafraichissements étaient maintenus au frais près de la grande vitre, des paniers de confiseries de chez Honeydukes et d'autres mets délicieux recouvraient les tables basses. Par endroits, des branches de gui flottaient en l'air.

Harmony retourna au dortoir faire un brin de toilette avant de se rendre dans la salle. Elle attendait de cette soirée un brise d'air frais. Curieuse, elle se demandait si Yvain avait finalement réussi à faire chanter son Boursouflet. Elle avait surpris le sien, pas plus tard que la veille, en train de fredonner un semblant d'air connu.

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Mer 30 Sep 2015 - 19:14

ALLELUIA !

Au bout de cinq jours de répétitions intensives, sa petite boule poilue et violette parvenait enfin à maîtriser le rythme et l’intonation de la plus célèbre – à ses yeux – des chansons. Celle du groupe Queen. Évidemment. I want to break free. Rien que ça !

Alors, après avoir enfilé des vêtements propres, quoi qu’un peu usés sur les bords, Yvain avait quitté sa chambre en vitesse. Certes, il avait manqué de s’étaler plus d’une fois sur le chemin, mais en même temps... C’était tellement formidable, TOUT le monde devait en profiter ! Au passage, si cela pouvait bousculer la tranquillité dédaigneuse de ce cher Blaise... Il ne s’en priverait pas.

D’un pas pressé et endiablé, trop enjoué pour paraître pleinement honnête, le septième année gagna le milieu de la pièce. Un boursouflet sifflotant perché sur son épaule, dans l’attente de... De quoi, d’ailleurs ? La réponse ne tarda guère.

Le Serpentard fit quelques mouvements pour s’échauffer, permettant au doute de s’effacer dans l’esprit de tous les présents. Sa grande lubie pour la musique était aussi connue que déroutante. Si elle amusait les plus jeunes et ses proches, elle agaçait davantage les membres de l’aristocratie régnante. Tant mieux. Il les emmerdait.

Lorsqu’il s’immobilisa enfin, un étrange silence dominait l’ensemble de la salle commune. Bon. Heureusement que le ridicule ne tuait pas. Surtout pas chez lui.

Yvain fit un léger signe à KVS – le mignon diminutif de King Violet Simba – et ce dernier se mit immédiatement à fredonner une mélodie fébrile et enjouée. Celle qu’il s’était épuisé à lui apprendre pendant de longues heures. Celle qui explosait désormais sans retenue.

P-A-R-F-A-I-T.

La seconde d’après, il se mettait à chanter et à danser, accompagnant ainsi son adorable bestiole. C’est là que le jeune homme repéra la silhouette fluette de sa cadette. Harmony. Un large sourire gagna son visage. Oh, allez. On était la Saint-Sylvestre. Sans s’intéresser aux autres, ses doigts se tendirent dans sa direction.

Au pire. Il aurait juste l’air con à chanter tout seul.

08/06/2015

Dans la salle, une douzaine de personnes étaient déjà présentes, pour la plupart des promotions les plus jeunes. En général, les élèves plus âgés arrivaient plus tard, habitués des retards quand leurs cadets se pressaient encore pour être à l'heure. Pour les sixième et septième année, il convenait de faire belle impression, devant une petite foule amassée. De toute manière, ce ne seraient pas les deuxième année qui chiperaient toutes les Bièreaubeurre !

Harmony rejoignit ce petit groupe où elle retrouva Hope, et quelques autres camarades de quatrième année. Pour une fois, tout le monde discutait joyeusement. Les apprentis sorciers avaient convenu tacitement de mettre de côté leur ébranlement, au moins pour cette soirée.
La jeune fille blonde picorait des patacitrouilles - la seule friandise dont elle raffolait - quand elle aperçut Yvain arriver gaiement, son Boursouflet sur l'épaule. A la vue de son cadeau, elle sourit discrètement. Elle avait fini par se faire à l'idée qu'il l'arborerait toujours sur lui, vantant à tous les mérites de la boulette de poils - au point de rendre jaloux ce pauvre Hector, rat sournois désormais délaissé.

Puis le jeune homme fit quelques mouvements, comme pour... s'échauffer. Les discussions s'arrêtèrent spontanément, l'assistance était partagée entre l'amusement et la lassitude. Les plus jeunes avaient vite appris que la personnalité d'Yvain détonnait du reste de la maison, par son exubérance. Les héritiers de nobles familles réprouvaient ses accès de joie subite d'un dédain froid. Harmony, elle, était comme hébétée devant la scène qui suivit. Trop d'idées contraires se bousculaient dans son esprit. Et encore, elle ne perdait rien pour attendre !

Embarrassée de voir son ami se déhancher, accompagnant la peluche vivante qui chantait, elle l'était d'autant plus qu'elle se savait associée à ce "projet". Après tout, si elle n'avait pas offert la bestiole à Yvain, rien de tout cela ne serait arrivé. Elle y trouvait néanmoins une certaine fierté : qu'importe le moyen, il avait retrouvé le sourire, au moins pour un instant. Et puis, il fallait dire qu'il se débrouillait bien. Percluse au départ, elle commençait à se détendre, et à chercher du regard les réactions de ses camarades.

C'est alors qu'Yvain tendit la main vers elle, un large sourire étirant son visage. Evidemment, tous les regards se tournèrent vers elle.
Instinctivement, elle avait envie de fuir, de faire disparaître de l'espace-temps ce moment gênant. Mais si elle refusait de répondre à son invitation, quel message envoyait-elle à son ami ? Récemment, elle avait pu entrevoir l'étendue du mal-être d'Yvain. Elle avait eu du mal à se remettre de cette image. Être ainsi plongée dans la tristesse qu'il éprouvait avait été difficilement été supportable. Mais, il lui faisait confiance.

Résistant à son intuition misanthrope, elle attrapa ses doigts tendus et le laissa la guider tandis qu'elle lui accordait quelques pas de danse gauches. Elle espérait néanmoins que ça ne dure pas longtemps. Mais l'un ou l'autre élève de première année les ralliaient, gigotant au rythme de la mélodie sifflée par le Boursouflet. Bien vite, d'ailleurs, Plum, celui d'Harmony, avait retrouvé son compagnon et improvisait une seconde voix.

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Sam 3 Oct 2015 - 21:26

Debout devant le miroir de la salle de bains de son dortoir, les mains posées de chaque côté du lavabo, Daphné contemplait son reflet d’un œil critique. La fatigue lui donnait un teint maladif, accentué par la couleur sombre de ses iris et la lumière blanche blafarde. Le fond de teint qu’elle appliqua consciencieusement n’améliora qu’à grand-peine les choses, mais le blush sembla être un peu plus efficace déjà.

Sa tête bourdonnait d’une douleur sourde et agaçante, mais elle ne pouvait pas se permettre de ne pas apparaître à cette soirée. Même si cela sous-entendait de croiser Blaise et, dans une moindre mesure, tous ceux qui avaient été présents lors de ses accusations envers le père de Rowan.

Elle passa une main dans ses cheveux emmêlés, tentant de les rattraper sans utiliser sa baguette de noyer noir très peu docile, ces derniers jours. Soupirant de dépit, elle finit par opter pour un chignon qui aurait le mérite de dissimuler avantageusement le fait que ses boucles n’étaient pas aussi parfaites qu’habituellement.

Bien. Sa robe blanche était simple mais élégante, son teint s’était un peu amélioré, ses cheveux étaient domptés et l'expression qu'elle arborait était neutre et détendue. Il ne lui restait plus qu’à échanger quelques sourires et banalités, et tout irait bien. Elle quitta le dortoir pour monter les escaliers et rejoindre la salle commune, mais s’immobilisa sur la dernière marche, incapable de détacher son regard de la vision qui s’imposait à elle ; Yvain, qui dansait avec un boursouflet violet sur l’épaule. Jusque-là, c’était assez habituel – mais cette fois-ci, il avait réussi à entraîner Harmony dans ses danses ridicules sur une musique visiblement moldue.

Elle se déplaça vers la fenêtre où étaient entreposées les biéraubeurres, saluant d’un sourire ou de quelques mots tous ceux qui étaient sur sa route. Puis, une bouteille à la main, elle contemplait le spectacle qu’Yvain et Harmony offraient à la salle commune, une étrange sensation lui chatouillant la base de la nuque. Ils paraissaient si insouciants, et ce en dépit de tout ce qu’il s’était passé, en dépit des Moldus, des Mangemorts, des attaques, des morts, du Sacrifié, des conflits, de leur futur incertain qui ne faisait que vaciller un peu plus chaque jour.

En dépit du fait qu’une autre sixième année aurait dû être là, lorsqu’elle s’était maquillée. Lorsqu’elle ne parvenait pas à dormir la nuit. Lorsqu’elle avait la nausée à chaque fois qu’elle entrait dans la Grande Salle.

La jalousie lui empoigna brièvement le cœur, et elle prit une gorgée pour se donner une contenance. Comment faisaient-ils ?

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Sam 3 Oct 2015 - 22:41

Tout en observant sa blonde cadette tergiverser l’espace de quelques secondes, Yvain entama un long mouvement du bassin. Il aimait cette sensation inédite et ondulante, qui lui rappelait non sans un petit rire l’agitation d’une mer à l’aune d’une tempête hivernale. Cela dit, aux yeux de ses camarades, ce va et vient langoureux tenait davantage de la provocation que de la danse.

Ils ne comprenaient définitivement rien !

Dès lors que ses doigts se lièrent à ceux de la jeune Harmony, le septième année gagna un nouveau degrés de fébrilité. Non seulement il pouvait déployer l’étendu de son savoir faire en matière de swing, mais en plus il le faisait en compagnie de la meilleure cavalière possible ! Oh yeah. Quelle classe, franchement.

À voix basse, le Serpentard souffla un enchanté « Merci ! » à sa compagne de folie. Puis, il enchaîna des gestes vifs et enjoués pour la faire tournoyer sur elle-même. Ceci fait, il la récupéra aisément d’une main, se montrant aussi survolté que doux. Bon, certes, il chantait sans se retenir. Cependant, les paroles lui étaient si familières qu’il ne se trompa sur aucune.

Du coin de l’œil, Yvain repéra l’aînée Greengrass. Elle se tenait en retrait, jaugeant vraisemblablement son activité pour le moins... Délurée. Lorsqu’il se lança dans des pas furieux et cadencés, il s’octroya un court instant pour adresser une salutation doucereuse à Daphné. Allez, haut les cœurs ! Après tous ces dramatiques événements, ils méritaient mieux qu’une sombre nuit à déprimer et pleurer des morts qui ne reviendront de toute façon jamais.

Comme Margaret.

Son cœur se serra instantanément à cette seule pensée, le poussant à accélérer la cadence. Et à chercher le soutien de sa charmante cadette. Il dirigea ses iris vers elle, animé par une tendresse désespérée pour le coup.

Alors, ni une ni deux, le septième année l’attira au plus proche de lui. Et, à défaut de plus, il se perdit dans un mouvement endiablé propre aux mélodies de Queen. Un brin de sensualité en plus, compte tenu de la proximité de sa comparse. Hé. C’était réconfortant. Les ombres du malheur s'éloignèrent au profit d'un sourire d'autant plus franc et excité !

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Dim 4 Oct 2015 - 12:27

Daphné Greengrass lui avait laissé une bague, mais ce n'était pas un présent. « Ne m'adresse plus la parole » : sa froide adjuration avait heurté Blaise comme le miasme d'un fruit trop mur, déformé par le sucre, boursouflé d'acide – écoeurant à en être gagné par la nausée. & bien, je n'ai jamais rien pu te refuser, après tout, avait-il pensé; et cette pensée avait été terrible.

La pliure brisée de la main blanche d'Alicia, découpée dans le gâchis des corps, et le regard lugubre de Rowan Westminbrook, et le visage empourpré de Daphné comme une mixtion sale & abjecte dans son crâne; à l'instar de beaucoup de ses camarades, il n'avait pas dormi la nuit de Noël. Sa mère, qui revenait en urgence d'un séjour dans les îles Fidji – parée de ces pierres précieuses lumineuses, que les orfèvres peu scrupuleux extirpait des carapaces des Crabes de feu – lui avait trouvé « la mine froissée! - mais la mise charmante» alors qu'ils se rencontraient à Pré-au-Lard, ce dernier après-midi du mois de décembre. Diane Zabini avait écourté ses vacances lorsqu'elle avait appris l'incident : s'était offusquée de l'impéritie de Dumbledore, ce vieillard sénile et « infirme », et avait regretté - « profondément. Viscéralement. » - ne pas l'avoir emmené avec elle dans le Pacifique, où il aurait eu l'occasion de rencontrer son « nouvel ami », le merveilleux & « très compréhensif » Cecil, avec qui elle s'était absolument amusée. Elle s'était enquis, bien sûr, de la santé de ce « brave Drago » et de l'adorable Daphné, à qui il était « essentiel » de transmettre ses « meilleurs voeux », et de « chaleureuses félicitations » pour ses fiançailles avec l'héritier Westminbrook - « je suis certaine que leur mariage sera magnifique – mon chéri, tu sais à quel point je suis sensible à ces choses-là » ; car quoi d'autre que le présage d'un mariage pour apporter un peu de lumière à cette tragique situation ?

Ultimement, elle l'informa que ses grand-parents, furieux, se renseignaient sur les éventuelles possibilités de transférer son dossier scolaire à Durmstrang. À 19h, alors qu'il rejoignait le château, étourdi, vaguement, par le vent impétueux, ardent, qui se pressait contre lui, par la nuit compacte et glacée, déjà, Blaise était maussade; et lorsqu'il pénétra dans la salle commune, son expression perdit davantage encore en enthousiasme ; droit et altier dans l'épais pardessus au col bordé de fourrure de zibeline que sa mère lui avait offert à l'occasion de Noël, les sourcils froncés, l'expression dédaigneuse, le jeune homme paraissait tout à fait austère dans la chaleur de la fête. Si le regard réprobateur qu'il adressa à Yvain et à Harmony eut le mérite de faire pouffer de rire quelques élèves plus jeunes, amusés par son dégoût ostensible, il n'en était pas moins sévère. La perspective de s'attarder ici était insupportable; pourtant, son absence aurait été suspecte. Il n'avait jamais manqué l'occasion de s'amuser et il se savait curieusement observé depuis le banquet de Noël.

Il fallait qu'il trouve Drago. C'était la seule façon possible de rendre la soirée supportable. Mais alors qu'il balayait la pièce du regard, à la recherche de son meilleur ami, il ne put ignorer Daphné, seule, dont la présence le décontenança brièvement. Visiblement. Comment se portait Daphné Greengrass ? Allait-elle bien ? Son regard s'attarda sur elle l'espace de quelques secondes avant qu'il ne détourne les yeux - comme si sa vision eut suffit à brûler ses pupilles. ne m'adresse plus la parole. ; il s'en souvenait à présent.

Il fallait vraiment qu'il trouve Drago.

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Dim 4 Oct 2015 - 17:45

Il était bien connu qu’un véritable héros n’arrive jamais dans l’acte premier. Il se fait attendre, désirer, jusqu’à ce que sa présence soit remarquée de tous dans une entrée fracassante. Drago avait bien appris la leçon : après s’être paré d’un élégant costume noir et avoir refait sa coiffure, il monta dans la salle commune des Serpentards.

Il avait bien sûr entendu parler de l’initiative d’Harmony, et la soutenait entièrement. Personne n’aurait le cœur à faire la fête, mais il fallait quand même essayer. Ne pas se laisser abattre, jamais, même quand tout semblait perdu. Drago s’était laissé surprendre par l’enthousiasme de la jeune Sharen et s’en était inconsciemment nourri. La gaieté d’Yvain avait également su trouver un écho chez Drago, bien que cela soit encore une fois totalement involontaire. Pour lui et sûrement pour les autres, Drago était toujours aussi solennel et sombre qu’à son habitude.

Quelle autre attitude pouvait-il décemment afficher, alors que son père était toujours à Azkaban, que sa famille était moquée jusque dans les rangs du Seigneur des Ténèbres, que lui-même avait été affublé d’une mission à laquelle il ne réussirait qu’à échouer, et que des élèves avaient encore fait les frais de l’incompétence notoire d’Albus Dumbledore !? L’air grave, il fit son entrée dans la salle commune, accordant un regard à la danse d’Harmony et Yvain, avant de balayer la salle de son regard bleuté. Il repéra deux de ses meilleurs amis, qui se faisaient ostensiblement la tronche depuis Noël. Daphné et Blaise. La guerre de l’émotivité et de l’ego.

Avec un léger sourire en coin, Drago salua l’ensemble des Serpentards présents, avant de se diriger vers le buffet. Il n’était quand même pas là par hasard. Il avait peu mangé ces derniers jours, rechignant à rejoindre la Grande Salle pour s’y restaurer. C’était trop loin, trop bondé, trop… Ces derniers temps, Drago préférait largement les dortoirs de Serpentards, où il se sentait presque en sécurité. Presque, si ce n’était pour le pire directeur de l’histoire de Poudlard.

Se rapprochant de son meilleur ami, une biéraubeurre à la main, il reporta son attention sur la danse lascive et presque obscène que menait Yvain. Ce gars était-il seulement sérieux ? Drago laissa échapper un petit rire moqueur, avant de se tourner vers Blaise.

— Alors, tu ne fais pas montre de tes talents de danseur, toi aussi ? Quel dommage, moi qui était venu pour te voir te trémousser…

Il lui donna une petite tape sur l’épaule, et laissa son regard croiser le sien. Peut-être était-il plus doué pour le cacher, mais Drago aussi avait besoin de ses amis. Désespérément même.

08/06/2015

La salle commune était désormais animée d'une chaleur réconfortante - bien rare en la saison. Tous les étudiants qui passaient les vacances au château étaient présents, bavassant une Bièraubeurre à la main. La normalité de cette scène en faisant un tableau effroyablement singulier. Le même jour, on avait pu croiser tel visage, telle personne, un air morne ancré sur les traits usés par la peur.

Au milieu du petit attroupement, quelques élèves dansaient. Par le plus drôle des hasards, Harmony se trouvait parmi eux. Elle, l'adolescente sage, souvent assise en tailleur contre la vitre, une pile de bouquins à ses côtés ; elle, qui ne quittait jamais le confort de la routine, avait répondu à l'invitation du sulfureux Yvain Gallant.

Elle allait bien vite le regretter.

Si elle lui sourit joyeusement quand il la remercia, elle commençait déjà à chercher un soutien extérieur, une échappatoire, lorsque son cavalier se rapprocha d'elle. Elle tentait de faire bonne figure, dansant avec de petits mouvements timides et gauches. Elle se laissa faire quand il la fit tournoyer, sans toutefois l'encourager à continuer dans cette voie. Mais il fallait croire que sa maladresse n'était pas un signe suffisant pour l'en dissuader.

Chantant de plus belle, il enchaînait les pas survoltés. Etrangement, quand il salua Daphné Greengrass, quelque chose dans son regard changea. Il semblait alors s'accrocher aux iris pâles de sa cadette, le glacis protecteur proche de se briser, de révéler son tourment. Harmony le perçut et mit de côté son malaise pour lui offrir le sourire le plus doux dont elle était capable. L'image du garçon ne pouvant retenir ses larmes lui frappait douloureusement le crâne. Elle ne pouvait pas le lâcher.

Cette oeillade sensible fut brève. Dans la minute, Yvain attirait Harmony à lui pour des pas presque... sensuels ? L'adolescente suffoquait. Plus d'air. C'était terriblement gênant. Elle était incapable de répondre à ses mouvements. Déjà, parce qu'elle ne savait pas danser. Surtout, parce qu'elle ne pouvait plus bouger.
Son regard vers Yvain était terrifié.

Et quand elle reprit possession de ses moyens, elle se dégagea brutalement de son étreinte, fit quelques pas en arrière, bousculant l'un ou l'autre danseur. Elle voulait rester là et danser plus calmement. Mais elle ne pouvait pas le regarder dans les yeux. Que venait-il de faire ? Il ne l'avait jamais serrée dans ses bras. Et là, alors que tous les regards étaient braqués sur eux, il se permettait ces gestes ? Ne la connaissait-il ne serait-ce qu'un peu ? C'était tellement déplacé. Presque irrespectueux.

Elle esquissa un sourire désolé et quitta la piste pour se chercher une biéraubeurre. Sa peau lui brûlait, comme si le contact avec Yvain l'avait marquée au fer blanc.

09/04/2015

La veille de Noel avait fini en catastrophe, avec en prime un séjour à l’infirmerie pour la belle préfète des Serpentards. Angel avait fini par sortir de là, juste un peu avant la veille du Nouvel An. Pour l’occasion, rien d’officiel n’était prévu. Ce qui était normal vu les derniers évènements. La perte avait été dure pour les Verts et Argents, même s’il ne fallait pas oublier qu’il y avait eu d’autres morts aussi. Mais voilà, il régnait une ambiance étouffante dans la salle commune des sous-sols. La brunette regrettait d’avoir voulu passer ses vacances ici. Et de plus en plus. Elle avait plongé dans une sorte de dépression depuis l’attaque, et n’arrivait pas à en sortir. D’après Mme Pomfresh, il fallait relativiser et être entourée des gens qu’elle appréciait pour ne pas sombre dans un gouffre sans fin. C’était facile à dire !

Une fois sortie de l’infirmerie la jeune fille s’était beaucoup éloignée des autres. Outre le fait qu’elle avait perdu une amie, elle avait aussi été très proche de la mort et savait que ça aurait pu être elle. Alors que le 31 décembre approchait, une petite affiche avait été placardée sur le panneau d’affichage des Verts et Argents, indiquant une petite fête entre verts. Evidemment la jolie Préfète ne comptait pas y aller. Si c’était pour revivre ce qu’elle avait vécu une semaine auparavant, ce n’était pas la peine.

Il était environs 18 heures, Angel était installée sous sa couette dans son dortoir, regardant les autres filles se préparer. Tout le monde semblait s’être plus ou moins remis de cet évènement… Les filles lui proposèrent une dernière fois de venir, mais elle refusa. Bientôt elle était seule dans le dortoir, et entendant dans une sorte murmure qui venait de la salle commune.

Elle essaya de dormir tant bien que mal. Après tout n’y avait-il plus que cela à faire ? Mais ça faisait une semaine qu’elle ne dormait plus. Elle sombrait dans des demi-sommeils agités. Et la fatigue, commençait sérieusement à s’emparer d’elle. Se tournant et se retournant dans son lit, elle finit par le quitter. Elle avait besoin d’un remontant. Quelque chose qui l’empêche de trop réfléchir. De l’alcool par exemple. Et qui dit fête qui surement, de l’alcool apporté en douce ! Finalement elle allait y faire un petit tour à cette fête.

Elle repoussa sa grosse couette et en sorti. Un petit tour dans la salle de bain pour se rendre compte qu’elle avait une tête de mort vivant. Un petit coup histoire d’arranger un minimum son physique et elle descendit rejoindre les autres… enfin surtout rejoindre le bar prévu à cette occasion. Arrivée dans la salle commune, elle se déplaça discrètement vers là où était disposés les boissons. Mise à part des bouteilles de bierraubeurre, il n’y avait rien de plus fort… C’était donc déçue que personne n’ai osé amener autre chose, qu’elle s’empara d’une bierreaubeurre, histoire de dire qu’elle n’était pas descendu pour rien…

Voyant Drago et Blaise pas loin d'elle, elle décida de les rejoindre

- Vous n'avez rien prévu de plus fort que de la bierreaubeure ?

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Lun 5 Oct 2015 - 18:36

Le regard décontenancé que Blaise lui lança lui donna une sensation désagréable, presque irradiante de chaleur, qui ne fit que la mettre plus mal à l’aise encore. Un mélange écœurant de colère et de regrets lui serra la gorge, teintant sa biéraubeurre d’un arrière-goût d’amertume, la conduisant à détourner la tête vers Yvain et Harmony.

La vision qu’ils lui offraient n’était pas véritablement moins dérangeante que celle de Blaise – la salutation d’Yvain la laissa de marbre, et elle se contenta de lui répondre avec un sourire soigneusement poli, mais la « danse » dans laquelle il entraîna Harmony lui fit froncer les sourcils et serrer la mâchoire. Il jouait à quoi, au juste ?

Harmony, de façon prévisible, ne tarda pas à s’extirper des bras de son cavalier et à quitter la piste pour se diriger vers elle – ou plutôt, vers les bouteilles. Daphné la couva néanmoins du regard, alarmée par l’expression inhabituellement crue qu’elle affichait. Rechignant à lui toucher le bras pour attirer son attention, elle attendit qu’elle soit assez proche d’elle pour lui parler à mi-voix.

« Harmony ? Tu vas bien ? » demanda-t-elle tout en faisant tourner la bouteille entre ses doigts – bien sûr qu’elle n’allait pas bien. Echanger des banalités lui permettrait peut-être de s’accrocher à cette normalité pour mieux dissimuler son trouble, que Daphné ne pouvait que comprendre et approuver.

S’empêchant de jeter un regard de reproches vers Yvain pour ne pas nourrir de nouvelles et futiles dissensions au sein de leur Maison, elle remarqua néanmoins l’arrivée de Drago et Angel, un peu plus loin. Ils parlaient tous les deux – trois – près du buffet, séparés de sa protégée et elle par un groupe de plus jeunes Serpentard qui chahutaient, visiblement ravis d’avoir de nouvelles occasions de s’amuser depuis le repas de Noël.

La vision d’Angel la fit frissonner, lui rappelant insidieusement Alicia – la main d’Alicia. Les traits de son visage étaient brouillés depuis des jours déjà dans sa mémoire, évincés par la vision macabre du Banquet. Celle qui revenait le plus dans ses cauchemars.

Battant des cils pour reprendre pied avec la réalité, reportant son attention sur sa blonde cadette avant que les souvenirs ne refluent, Daphné prit une inspiration profonde pour chasser la nausée qui lui prenait la gorge.

« Je peux faire quelque chose pour toi ? »

Elle ne pouvait pas laisser tout ce qu'elle avait soigneusement enfermé au plus profond d'elle-même remonter à la surface, et ce même si la vision de son amie dans cet état faisait naître une colère sourde en elle.

Il n'était pas envisageable qu'elle se laisse submerger une fois de plus.

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Lun 5 Oct 2015 - 21:37

Lorsque son corps crispé par le désespoir et l’angoisse s’abandonnait à la puissante voix de Queen, des soubresauts électriques parcouraient tous ses membres. Ils accentuaient l’air survolté de son visage et de ses gestes, tout en estompant les bribes d’un malaise mordant. Le sport purifiait l’esprit. D’ordinaire, c’est ce qu’il se disait. C’est ce qu’il sentait.

Pas là.

Dès l’arrivée de Blaise, Yvain eut l’impression qu’on lui enfonçait progressivement des clous acérés dans la nuque. À chaque regard dédaigneux de son comparse. Et bien, qu’il grogne, putain. Il ne comptait pas se ranger derrière les mœurs frustrantes de l’aristocratie jusqu’à s’en pourrir le groove. Pas maintenant qu’il pouvait offrir un moment de gaieté à tous ces pauvres gosses déprimés par la tragédie sanglante du banquet. Et que lui-même avait enfin l’occasion de se changer les idées avec sa cadette.

Plus pour longtemps.

Le septième année leva les yeux au ciel l’espace de quelques secondes, vivement dépité par le jeune Zabini, avant de se perdre davantage dans la danse véhémente et cathartique qu’il menait. Aveugle au reste du monde, il n’eut pas l’occasion de s’intéresser aux déplacements des deux préfets à proximité du buffet. Ni de percevoir la gêne irrépressible de sa blonde alliée.

Tout ce qu’il voulait, s’était se laisser porter par la chanson et le mouvement fou qui l’animait. Quitte à s’en déchirer la voix sur les paroles. Loin de toutes les embrouilles des dernières semaines. Loin de la missive suicidaire de Margaret. Loin de la distance affolante qui se creusait entre l’homme qu’il devenait et l’adolescent qu’il était. Loin de cette main perdue et ensanglantée dans le flot gourmand du temps.

Bordel. Il voulait seulement un peu de repos. Un peu de répit. Pitié quoi. Une fois.

Elle brisa violemment leur proximité.

Immédiatement, Yvain s’immobilisa, arraché à son évadée sauvage avec une brutalité désagréable. Merde. Il la fixa. Sans bouger. Silencieux. Perdu au milieu des premières années qui s’amusaient encore à se trémousser. Ça ne le touchait plus. Il se sentait suffisamment con.

Putain de merde. Quand est-ce qu’il arrêterait de se torpiller tout seul ? Quand est-ce qu’il cesserait de la brusquer ? De lui faire du mal ? De la gêner au point qu'elle se barre en trombe ?

Il sa renfrogna pour de bon. Ce soir, ce serait orgie de biéraubeurre pour noyer la bêtise qu’était son impulsivité. Toutefois. Drago passait en priorité. Et Angel aussi. Avec Blaise. Bon ben. Soirée de merde. Définitivement.

Sans plus un regard pour la piste improvisée – et après avoir calmé son KVS – il se joignit à ses trois compères. « Ouais, bon. C’est pas ma meilleur performance. Au moins j’ai essayé. »

Objectif : déprime et alcool.
Qu'est-ce qu'il pouvait être con des fois.

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Mar 6 Oct 2015 - 7:53

La vision de Drago, souriant, lesté d'une chope de biéraubeurre, rasséréna Blaise ; à son contact, le port de ses épaules perdit légèrement en rigueur. La remarque de son ami lui arracha un sourire, et, dégrafant son lourd pardessus, il leva les yeux au ciel.

« Pas en public – combien de fois vais-je devoir te le rappeler ? »

Comme si celui-ci n'eut pas coûté une centaine de gallions d'or, il posa négligemment son manteau sur un sofa ; ôta, d'un mouvement machinal, l'écharpe nouée à sa nuque, offrant le col lisse de sa chemise blanche. Il portait, sans toutefois s'être embarrassé d'une cravate, un costume bleu nuit – ce genre de costume qui enchantait sa mère, et lui faisait omettre de poser les questions inquisitrices auxquelles, dans ce contexte chaotique, il redoutait de répondre, au profit d'une appréciation enthousiaste de la "coupe du tissu sur les épaules - très élégante, trésor".

« Au fait », observa-t-il distraitement, « ma mère te souhaite de bonnes fêtes. »

La perspective, pourtant, semblait pour beaucoup d'entre eux tout à fait chimérique ; Angel, qui s'avançait, affichait l'expression égarée d'un individu tourmenté. Blaise portait le souvenir de son cri d'horreur qui, lors du banquet de Noël, avait déchiré le silence avec la violence d'une morsure.

A présent, elle recherchait de l'alcool.

Jetant à sa montre onéreuse un bref regard, Blaise s'étonna dans un rictus, prenant le parti d'omettre tout ce qu'une telle démarche avait de tragique;

« A 19h ? » A Drago, il adressa un froncement de sourcil affligé; « les préfets de cette maison sont complètement irresponsables. » Pourtant, l'alcool lui semblait, à lui aussi, franchement salutaire ; et ils n'étaient pas les seuls. Harmony, à l'instant, venait d'éconduire Yvain qui se joignait à eux, tout-à-fait abattu. Une occurrence qui, quelques instants plus tôt, semblait impossible tant sa danse avait été enthousiaste ; aussi, Blaise accueillit son arrivée avec la froideur que l'on destine aux pestiférés, le visage pincé.

« Ne t'en enorgueilli pas trop. », suggéra-t-il, acrimonieux.

Mais, comme il observait Harmony s'éloigner, troublée, son regard, une nouvelle fois, heurta Daphné.

En parlant de se faire éconduire.

« OK, très bien. », décida-t-il brusquement, embrassant d'un oeil résolu sa compagnie ; « Je dois avoir deux bouteilles de whisky pur feu, aux dortoirs. Vous ? »

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Mar 6 Oct 2015 - 8:40

Le Nouvel An des déprimés, c’était un chouette concept. Au moins ils auraient le monopole là-dessus, pas de soucis à avoir. Entre Daphné et Blaise qui se faisaient la gueule, Yvain et Harmony qui jouaient les hérissons énamourés, lui qui se laissait bouffer par ses échecs et Angel qui comme le reste de la salle commune était en deuil, ça promettait une fiesta du tonnerre. Drago voyait d’ici la piste de danse enflammée, les corps s’embrasant et les voix s’élevant dans les airs… Sauf que c’était bien au sens propre qu’il visualisait tout ça.

Ouais, il n’allait pas super bien non plus. Il aurait bien voulu se détendre en regardant Blaise se dandiner, mais ce dernier était justement trop dandy pour jouer les dindes.

— Tu me feras une séance privée alors.

L’intonation de Drago ne permettait presque pas de savoir s’il s’agissait d’une plaisanterie ou d’une proposition sérieuse. Heureusement que son petit sourire en coin venait préciser la vanne, que son meilleur ami avait sûrement dû prendre en tant que telle de toute façon. Ils se connaissaient assez pour savoir quand chaque autre était sérieux ou non.

Le sourire de Drago s’estompa quand Blaise transmit les meilleurs vœux de sa mère. Si elle savait où elle pouvait se les mettre, sérieusement ! L’adolescent soupira, et détourna le regard.

— On va faire avec. Dis-lui merci, quand même.

Même si franchement, ça n’aidait pas vraiment. De bonnes fêtes ? De la gueule de qui se foutait-on là ? Un Noël endeuillé, un Nouvel An lugubre, et le reste de l’année ne s’annonçait pas beaucoup plus joyeux.

Du coup, préfet ou pas, il comprenait bien qu’Angel réclame autre chose que de la biéraubeurre. Lui aussi aurait voté pour quelque chose de plus fort, histoire de se noyer dedans et d’oublier, ne serait-ce que pour quelques heures.

— Compte tenu de ce qu’il se passe dans cette école de malheur, j’estime qu’un peu d’alcool ce n’est pas grand-chose. De toute façon, on est déjà derniers niveau points, alors…

Les Serpentards avaient beau être des élèves modèles — tout à fait ! — ils finissaient toujours derrière les Gryffondors, qui pourtant se torchaient avec le réglement intérieur. Alors à quoi bon ? Drago ne voyait pas pourquoi il devrait s’entêter à respecter à la lettre un système pourri et injuste.

Le groupe des futurs alcooliques anonymes fut grossi par l’arrivée d’Yvain. Apparemment, sa performance n’avait pas plu à tout le monde… À quoi pensait-il aussi, lui ? Il faudrait que Drago lui donne quelques cours de séduction, sérieusement. Là, il faisait pitié. Tellement que Blaise lâcha la bombe. Drago ne put réprimer un autre petit sourire en coin. Il reconnaissait bien là son meilleur ami.

— Je dois en avoir une qui traîne aussi.

Des préfets irresponsables ? Peut-être un peu oui. En même temps, on ne pouvait pas dire qu’ils n’avaient pas été poussés à bout ces derniers jours. À ce propos, Drago se rendit compte qu’il avait oublié de saluer Angel comme il se devait. Il lui posa une main sur l’épaule, n’osant quand même pas la prendre dans ses bras — fallait pas déconner non plus — et lui murmura :

— Désolé pour ce qu’il s’est passé.

En réalité, sa voix sonnait plus revancharde que vraiment désolée. Il ne comptait pas en rester là, sûrement pas. Peu importe les gens qui étaient derrière cette attaque, Drago était prêt à mettre tout ça sur le dos de la seule personne qui méritait qu’on s’attaque à elle : Dumbledore.

09/04/2015

Malgré la soirée, qui en toute logique signifie joie et bonne humeur, on ressentait une ambiance assez déprimante. Les élèves essayaient de faire bonne figure, mais l’on sentait bien que tout le monde n’était pas à l’aise au fond. D’où le besoin d’alcool selon la préfète. Bref, elle venait donc de rejoindre l’équipe de choc, à savoir Malefoy et Zabini. Ils faisaient bien la paire ces deux-là ! Pour une fois, pour ne pas dire la première fois, Angel était d’accord avec son Co-préfet.

- Ouais je pense que ça ne fera pas de mal et là je ne parle pas en tant que préfète mais simplement en tant qu’une élève qui a trop encaissé ces derniers jours !

Blaise et son éternel air sarcastique ! Il ne pouvait s’empêcher de la tacler à chacune des occasions qui se présentaient. Mais, autant d’habitude elle rentrait dans son petit jeu, autant aujourd’hui elle n’y fit même pas attention, tellement elle était ailleurs ! Il lui fallait de l’alcool, histoire de passer enfin une nuit potable. Elle commença donc à s’impatienter quand le Vert et Argent les informa qu’il devait bien avoir une ou deux bouteilles de Wishky Pur Feu dans son dortoir. En temps normal, elle se serait demandé comment il s’était procuré cela. Mais là, ça lui passait bien au-dessus de la tête, tant qu’elle pouvait en avoir un verre ou deux… ou plus …

- Et puis on est la veille du Nouvel An, donc les bonnes résolutions.. Ça serait à partir de demain ! Bon qu’est ce que vous attendez pour aller les chercher ces bouteilles ?!

Yvain venait de les rejoindre. Enfin un qu’elle appréciait vraiment dans ce groupe. Ce dernier semblait moins joyeux qu’il y a quelques minutes sur la piste de danse.

- Toi aussi tu as besoin d’un petit remontant ?

Lui dit-elle en guise de bonjour. Et là contre toute attente, elle sentit la main de Drago sur son épaule avant qu’il ne lui murmure qu’il était désolé pour ce qui s’était passé. Etonnant venant de sa part, tellement étonnant qu’elle se demanda ce qu’il cherchait exactement !

- Je me fiche de qui est derrière tout ça, mais je te jure qu’ils ne s’en tireront pas comme ça !

Bon d’accord ce n’était pas elle, un poids plume de cinquième année, qui allait faire quoi que ce soit ! Mais si elle avait l’occasion de venger la mort de son amie, d’une façon ou d’une autre, quitte à risquer sa vie, elle le fera sans une once d’hésitation !

08/06/2015

Instinctivement, Harmony avait rompu le lien qui l'unissait par une danse à Yvain. C'était trop tôt. Trop gênant. Etait-ce ce qu'il attendait d'elle ? En s'extirpant de la petite foule amusée, la jeune fille se retrouva face à la réserve de boissons. La suite logique n'était pas difficile à calculer et elle attrapa une biéraubeurre dont elle fit sauter le goulot.
C'est alors qu'elle remarqua Daphné.

Elle lui demandait d'une voix douce si elle allait bien. Drôle de comble. Son aînée ne semblait pas plus à son aise qu'elle. Une certaine dureté froissait ses traits si fins. Et Harmony doutait que ce soit seulement dû à son inquiétude envers elle. Autour de la bouteille humide et tiède, ses doigts tremblaient encore. Elle esquissa un pauvre sourire qui ne trompait personne.

- Je... Oui, oui, ça va.

Elle but une goulée de bière chaude dont l'effet rassérénant n'était pas aussi immédiat qu'escompté. Elle jeta un regard en coin à son aînée. Il fallait qu'elle se calme. En l'état, elle ne pouvait pas parler de banalités. Ni parler du tout en fait. Mais son enthousiasme premier pour cette fête, et son orgueil, l'empêchaient de quitter la pièce. Elle n'en avait pas envie. Elle souhaitait seulement remonter le temps quelques minutes auparavant. Ne pas avoir pris la main d'Yvain, s'être simplement rapprochée pour partager une danse. A bonne distance.

Son regard tomba à nouveau sur Yvain qui se dirigeait vers Drago, Zabini et Angel. Le trio portait l'air morne à la perfection. Et le nouvel arrivant n'allait pas réchauffer l'atmosphère. Son regard glissa sur les traits tirés du jeune homme. Il avait l'air mortifié.
Un frisson la parcourut. Qu'est-ce qu'elle avait fait ? Pourquoi n'avait-elle pas pu maîtriser sa crainte ? Pourquoi, même, avait-elle peur de lui ? De quoi était-elle effrayée ? Elle dut réprimer la panique qui grandissait en elle.
Comme venue d'une autre pièce, la voix de Daphné atteignit son oreille. D'un seul souffle, à voix basse, elle lâcha le flot de pensées qui l'affligeait.

- Tu crois que j'ai mal fait ? Yvain va vraiment pas bien... J'ai peur de l'avoir vraiment blessé. Mais qu'est-ce qu'il attend de moi ? Il me connait pourtant. Il sait que je suis pas... pas à l'aise. Est-ce que je me suis trompée en me rapprochant de lui ? Je lui avais dit qu'il passerait de belles vacances de Noël ici. J'aurais jamais dû dire ça. J'aurais jamais dû confondre...
Elle s'arrêta juste avant de lâcher la bombe. Et se reprit enfin.
- Excuse-moi. On a tous nos histoires sordides. Désolée, je ne veux pas t'embêter...

Une nouvelle lampée de bièraubeurre eut enfin un effet calmant. La douce sensation alcoolisée commençait à se faire sentir. En fait. C'était la première fois qu'elle buvait.