Le Creuset. (PV Amaranthe)

Sujet: Le Creuset. (PV Amaranthe) Jeu 24 Sep 2015 - 20:06

Le dimanche 5 janvier 1997, au soir.

Depuis la veille, un grand nombre d’étudiants étaient rentrés à Haveirson. Certains avaient l’espoir fou de s’atteler aux révisions de dernières minutes, tandis que d’autres escomptaient plutôt reprendre un rythme de vie plus sain. Loin des festivités de Noël et de la Saint Sylvestre. Loin des réjouissances réconfortantes et aimantes.

Ils retournaient tous à la cruelle réalité du monde. Aux gros titres sur l’attaque à Poudlard. Aux tensions entre les sorciers et les moldus. Tout ce qui avait rendu ces précédents jours si appréciables. Hors du temps. Hors de la violence.

Après avoir été récupérer plusieurs ouvrages à la volière, ceux qu’il avait récemment commandé à un libraire néerlandais, Rowan se permit un vif détour par la bibliothèque de l’académie. Il y emprunta trois livres dont il connaissait déjà plus ou moins le contenu. L’un d’eux était un essai très approximatif sur les miroirs et leurs usages. Le second, s’apparentait davantage à un recueil de contes et fables associant ce même élément.

La dernière reliure, décrépite et surannée, traitait de l’occlumancie. En une théorie barbante et exécrable au possible. Mais il n’avait pas le choix d’y venir.

Les bras chargés à l’excès – ne portait-il pas sept opuscules ? – l’ancien Serpentard s’aventura dans l’aile Est à la recherche d’un lieu quelconque ou se poser. Ses pas nonchalants finirent par s’arrêter devant la salle des travaux pratiques, dont les rumeurs vantaient la porte indélicate et imprévisible. Celle qui, assurément, piégeait les impertinents dans une quiétude affolante. Parfait. Il allait être tranquille.

Tout du moins, les fêtards et les énergumènes déplorables se tiendraient aux antipodes d’un tel endroit. Les autres individus... Il y survivrait.

Sans perdre de temps, le Sinistros entra dans la pièce et installa ses ouvrages sur la première table à sa portée. Il attrapa lentement une chaise au sommet d’une des piles, puis après l’avoir légèrement secoué – diantre, toute cette poussière ! – il la plaça devant ce qui lui servirait de bureau. Une fois sereinement posé, ses doigts partirent en quête des pages inconnues des nouveaux livres français et allemands.

Ce que les écrits anglais de Haveirson se refusaient à lui dire, les autres langues finiraient bien par le lui avouer.
Il était hors de question que ces satanés miroirs restent une énigme.

17/03/2015

Amaranthe était rentrée à l'Académie le 2 janvier 1997 car elle avait reçu une convocation pour une réunion et qu'elle ne voulait pas que ses parents lui posèrent des questions si elle sortait. Sa mère lui en voulait de fréquenter Bentley et plusieurs discussions houleuses étaient venues ternir les fêtes suite à sa visite le jour de Noël. Elle l'avait prévenu que sa relation avec lui serait un échec car jamais sa famille ne l'accepterait. Elle avait défié sa mère et elle lui avait dit qu'elle était assez grande pour mener sa vie comme elle l'entendait.

Heureusement, elle était partie quelques jours se ressourcer chez Christopher à Salem.
Et elle qui pensait, qu'elle ne reverrait pas un de ses compatriotes pendant son escapade loin des événements funestes qui avaient endeuillé le Royaume-Uni, avait eu l'agréable surprise de voir sortir de la cheminée de l'américain son professeur de botanique.
Elle n'aurait jamais imaginé qu'il osa venir chez un quasi inconnu juste pour lui parler et s'excuser de ne pas l'avoir prévenu de son absence. Neal était brillant et elle avait le sentiment qu'une relation de confiance pourrait s'instaurer entre eux.

Estrella lui avait offert un grimoire de sortilèges péruviens en langue espagnol pour Noël et elle avait pris le temps de le parcourir pendant ses vacances. Elle mourrait d'envie de s'exercer à ces nouveaux sorts alors elle décida de se rendre à la salle de travaux pratiques et d'en essayer certains.

Elle mit ce grimoire dans sa besace, elle ajouta sa fiole d'essence de dictame et une bouteille de jus de citrouille. Cette salle était proche de sa confrérie alors elle ne mit quelques minutes pour la rejoindre. Elle était sure qu'aucun de ses condisciples ne s'y trouveraient car les rares qui étaient déjà rentrés devaient se reposer des excès des fêtes.

Elle entra et son regard noisette se posa sur le jeune homme qui était déjà présent. Devant lui, une pile de grimoires poussiéreux et elle esquissa un petit sourire quand elle reconnut Rowan. Sa présence dans ces lieux la ramena plusieurs années en arrière, ils avaient l'habitude de se croiser par hasard.
Elle referma la porte avant de le saluer poliment gênée par l'audace dont elle avait fait preuve en lui envoyant un présent pour Noël :

- Bonsoir Monsieur Westminbrook. Je vous souhaite une bonne année. Pardonnez-moi de troubler votre soirée studieuse. J'ai pensé à tort, j'en ai peur, pouvoir m'exercer dans cette salle.

En lui souhaitant que cette année soit meilleure que la précédente, elle voulait lui signifier qu'elle avait été présente au banquet de Noël meurtrier de Poudlard. Peut-être ne l'avait-il pas remarqué ?

Sujet: Re: Le Creuset. (PV Amaranthe) Jeu 24 Sep 2015 - 23:11

L’une après l’autre, les pages s’immobilisèrent brièvement sous ses gestes lents et guindés. Le temps que ses yeux inquisiteurs glissent sur les phrases alambiquées et les gravures, sans perdre une seule fois le fil de ses réflexions. Ni s’emmêler les pensées. Ce qu’il faisait nécessitait toute son ardente attention.

Les miroirs magiques. Un sujet aussi large que délicat à aborder. Et une piquante hypothèse à étayer.

De toute façon, c’était sa première piste. Celle qui impliquait que toutes les glaces réflectives soient enchantées à Haveirson. Selon divers degrés. Était-ce rassurant ? Non. Définitivement. Toutefois, cela permettait d’écarter l’idée saugrenue – quoi que toujours effrayante – que lui-même et Clemens aient été directement visés. Personnellement.

Rowan se pencha sur la gauche, vers le recueil de contes. L’histoire de Blanche-Neige avait été la première chose à laquelle son anxiété s’était attachée. Et ce, en dépit de l’absence notoire de paroles dans son souvenir. Pouvait-il se fourvoyer par le biais de ses propres connaissances ? Il pinça les lèvres.

Miroir parlant. Miroir de visions. Miroir de désir ? Bon sang. Il ne savait même par contre quoi ils luttaient. Toutes les potentialités devaient être considérées.

Tandis que le Sinistros lâchait un long soupir exaspéré, un mouvement attira son attention à l’entrée de la pièce. Une jeune femme à la chevelure rousse se présenta à lui. Amaranthe. Une surprise attrayante. Son visage pâle et concentré se pencha sur le côté, trahissant une curiosité aussi vive qu’énigmatique.

« Bonsoir, mademoiselle Aislinn. » À ces mots, il inclina sobrement le menton. Tout en veillant à ne pas la lâcher du regard. « Je vous souhaite également une bonne année. » Meilleure que celle que nous venons de clôturer. Il l’espérait. Tant bien même que tous les pronostiques indiquaient le contraire. Entre le mariage, sa nouvelle allégeance, la déchéance du monde...

Une image fugace du banquet lui revint en mémoire. Douloureuse. Éreintante. Il l’évita avec un frémissement presque ostensible.

Rowan se redressa ensuite avec nonchalance. « N’ayez crainte, vous ne me dérangez pas. » Ses iris céruléennes se dirigèrent vers le reste de la salle, quiète et toute disposée à accueillir quelques sortilèges. « Il y a assez de place pour que vous puissiez vous exercer, sans que cela soit gênant pour mon étude. »

Il attira à lui un autre opuscule. Dans la langue de Goethe cette fois-ci. « Néanmoins, si je peux me permettre... » Ses doigts cherchèrent distraitement le sommaire dudit livre, sans qu’il éprouve le besoin d’y baisser ses yeux. L’habitude ? « … Je voulais vous remercier encore une fois pour votre présent. Vous n’étiez pas obligée de penser à ma personne pour les festivités de Noël. » Il marqua une courte pause. Douce. Autant que le ton de sa voix. « Je regrette vraiment de ne pas pouvoir vous rendre la pareille dans l'immédiat. »

17/03/2015

L'irlandaise restait là prostrée à l'idée d'avoir troublé par sa présence la quiétude de l'antre de la réflexion, de la connaissance de cet ancien serpentard. Il lui avait permis d'exprimer toutes ses idées à Poudlard quand ils se croisaient à la bibliothèque. Ils se confrontaient sur le moindre point obscur historique et si elle y repensait, elle pourrait avouer qu'elle n'avait jamais eu de discussions si enrichissantes.

Bentley lui avait fait découvrir les sensations qu'elle avait ignorées jusqu'à leur rencontre et Rowan avait titillé son esprit, le poussant dans ses retranchements et l'inspirant dans ses idées même les plus loufoques quand ils débattaient sur le passé.
Il ne l'avait jamais jugé du moins le pensait-elle ?

Il lui avait donné envie de se dépasser et de toujours donner le meilleure d'elle même. De le voir ainsi, plongé dans des grimoires obscures lui faisait prendre conscience qu'elle devait se replonger dans ses révisions. Elle avait pris tellement de retard dans ses études et recherches que la pile d'ouvrages qu'elle conservait dans sa chambre était démesurée.

Et en diplomate, il la rassura et elle l'observait perdu au milieu de tous ses écrits.
Elle revit un souvenir d'enfance où une amie de sa mère et son fils venaient leurs rendre visite et ce jeune garçon lui avait conté de sa voix calme et flegmatique des histoires qui lui donnaient envie de revivre ces aventures interdites.

Et tandis que son regard se perdait en le contemplant, elle revivait son passé.
Et le vouvoiement était de circonstance mais il semblait désuet et mettre une distance entre eux qui n'avait pas lieu d'exister.

Ses yeux noisettes se plissèrent quand elle fit le lien avec le petit garçon qui lui rendait visite avec sa mère. Jessica était une amie très proche de sa mère.
Et lorsque le jeune homme l'appela "Miss Aislinn", elle sut qu'il n'avait pas envie de se rappeler et que son enfance était devenu un songe pour lui.

Elle l'écouta avec attention car son éducation lui avait appris à être ainsi, elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils et de dire spontanément :

- Monsieur, vous n'aviez pas à répondre car j'ai choisi ce présent en me disant qu'il vous plairait. Peut-être me suis-je fourvoyée dans mon choix ? Et j'ai su à l'instant où je vous ai vu, j'ai su que votre galanterie me permettrait de m'exercer sans que vous n'en preniez ombrage.

Elle fit une légère pause se mordillant les lèvres avant de poursuivre :

- Il serait quand même temps que nous reconnaissions que nous nous sommes connus enfants et que nos mères sont amies, non ? Nous avons joué un rôle plaisant à Poudlard mais à présent, nous sommes adultes. Le destin nous offre l'opportunité de faire connaissance alors nous pouvons la saisir, Rowan ?

Sujet: Re: Le Creuset. (PV Amaranthe) Ven 25 Sep 2015 - 10:42

Sa main s’immobilisa sur une page bondée de schèmes mathématiques et incantatoires, en lien avec le questionnement houleux d’un chercheur Allemand. Das Malusius-Theorem. Du coin de l’œil, Rowan considéra les élucubrations de ce dernier quant à l’éventuelle existence d’une caisse de résonance, partagée entre les miroirs liés par un seul et même sortilège. De la vieille magie. Très germanique, selon le cas d’école abordé.

L’idée ne le lui déplaisait pas, quoi qu’elle tenait encore à sa propre théorie : que toutes les glaces de l’académie soient ensorcelées. Si l’une d’elles venait à démentir ce fait... Bon sang. Et si ce n’était ni un sortilège ni un enchantement ? Mais autre chose ?

La voix d’Amaranthe le tira de ses vives réflexions. « Non. Vous avez fait un choix avisé. » Ses yeux pâles et inquisiteurs glissèrent sur son visage à elle. Avait-il piqué son orgueil ? Son agacement ? « S’il vous plaît, ne vous offusquez pas de mes propos. » Son ton trahissait une prudence muselée. « Ce n’est guère mon souhait. » Ça ne l’était définitivement pas.

Amaranthe était une des rares élues – féminine qui plus est ! – à ne pas l’encombrer avec des inepties sordides et indélicates. Au contraire. Le jeune homme avait toujours apprécié la concordance malicieuse de leurs esprits, du temps de Poudlard. Autant que la quiétude doucereuse de leurs travaux, lorsqu’ils ne débattaient pas énergiquement d’un sujet ou d’un autre.

« Bien. » Rowan acquiesça lentement, s’apprêtant à reprendre le fil exaspéré de son étude. Arriverait-il à obtenir quelque chose de concret ? Où s’échinait-il à courir derrière des chimères ? C’est à cet instant, que son interlocutrice attira une nouvelle fois son regard.

Il serait temps.

Son corps, si bien ancré dans une nonchalance aristocratique, ne perdit pas sa contenance. Et si la surprise d’une telle approche secoua légèrement son esprit, l’ancien Serpentard ne laissa rien transparaître. Anna l’avait suffisamment entraîné à ce genre de situation, pour qu’il soit armé et prêt à se défendre dès lors qu’un individu titillerait les protections de son armature. Que ce soit par inadvertance ou par espoir.

Dissimulé derrière une indifférence maîtrisée, sa conscience s’agita et s’interrogea. Pourquoi maintenant ? « Je n’ai jamais eu l’audace d’indiquer le contraire. » Certes, il se comportait avec elle en usant d’une distance respectable et pleine de politesse... Cela dit, ne le faisait-il pas avec tout le monde ? En dehors de ses rares amis ? De la Française ? « Je dois avouer que vous me perdez, Amaranthe. » Il marqua une pause, abandonnant son ouvrage pour croiser les mains tout en appuyant ses coudes sur la table. « Il ne me semble pas vous avoir rejeté de ma proximité. Jamais. » En comparaison d’autres... Elle avait eu de la chance. « Étayez votre pensée. Que voulez-vous ? »

Ses iris brillèrent d’une interrogation énigmatique et obscure, dans laquelle pointait un vacillement si éphémère qu’on put même douter de son existence. « Me suis-je mal comporté à votre égard ? »

17/03/2015

Amaranthe se décida à entrer dans la pièce et elle se dirigea vers le fond de la salle où il y avait assez d'espace pour qu'elle s’entraîna à ses nouvelles incantations. Elle était impatiente d'en essayer une en particulier et il lui faudrait simplement une chaise pour représenter celui qui la recevrait.

Elle arqua un sourcil quand il lui demanda de ne pas s'offusquer de ses propos. Il lui avait toujours accordé une attention polie sans la regarder de haut alors qu'il faisait parti d'une lignée de sang-pur. Peut-être faisait-il allusion au fait qu'elle pensait s'être certainement trompée dans son choix ? Le terme qu'elle avait employé était certainement trop intense pour une simple cadeau, il n'était en rien un choix existentiel. Elle eut un petit sourire en coin tandis qu'elle marchait tranquillement.

- Ne vous inquiétez pas, vous vous êtes, toujours, bien comporté à mon égard. Et vous n'avez pas à vous sentir concerné par mon inquiétude de m'être montrée trop familière.

A la suite de ses paroles, elle s'arrêta interdite. Ainsi il se souvenait des moments qu'ils avaient partagés enfants. Et elle, qui venait juste d'en prendre conscience, sentit ses pommettes se colorer. Elle était gênée et elle ne comprenait pas comment elle n'avait pas fait le lien plutôt. Peut-être parce que les visites de Jessica s'étaient fait très rares après son entrée à Poudlard et sa mère préférait se rendre en France pour la voir.

Elle répondit embarrassée :

- Pardonnez-moi car j'avais oublié que vous étiez ce petit garçon qui me contait des histoires.

Elle ne lui reprochait rien et le ton de sa voix n'insinuait pas le contraire. Elle-même était perdue de ne pas s'être rendue compte durant leur scolarité à Poudlard qu'il connaissait le secret de sa famille. Il avait assisté au mariage de sa mère avec Billius et il devait savoir qu'il n'était que son beau-père. Sa mère était la confidente de la sienne alors peut-être savait-il que son géniteur avait abandonné sa petite-amie enceinte ? Peut-être avait-il préféré ne pas lui en reparler pour ne pas réveiller sa souffrance ?
Elle était sur ses gardes, ne sachant pas ce que Rowan savait réellement. Elle répondit simplement :

- Vous vous méprenez, je n'attends rien de vous de plus que nos échanges habituels.

Elle se mentait à elle-même. Elle s'approcha d'une table et sortit son grimoire de sortilèges péruviens et la bouteille de jus de citrouille. Elle prit une des chaises et elle la plaça de façon à ce qu'elle puisse s'entraîner. Elle feuilleta l'ouvrage, le temps de retrouver le sort qu'elle convoitait d'apprendre. Elle ne réussirait pas à se concentrer et à le lancer si elle n'exposait pas sa requête. Elle tourna son visage vers lui et elle dit dans un souffle :

- Pour être honnête, j'aimerai que vous ne parliez pas de mon beau-père aux autres étudiants. Il est celui qui m'a élevé comme sa fille et je n'aurais pu rêver de meilleur père.

Elle reporta son attention sur la page qu'elle essayait de lire et sa peau opaline était devenue cramoisie. Elle pouvait expliquer aux curieux pourquoi son frère ne portait pas le même nom de famille qu'elle par l'histoire de sa famille et ainsi protéger le secret de sa naissance.

Sujet: Re: Le Creuset. (PV Amaranthe) Ven 2 Oct 2015 - 20:47

Immobilisé dans une posture quiète, quoi qu’un brin expectative, le jeune homme observa le long déplacement de son interlocutrice. L’étrange comportement de cette dernière titillait à la fois son inquiétude et sa curiosité, pondérée par la décence aristocratique qui le caractérisait si bien. Selon les faits, il n’était guère concerné par les infimes détails qu’il relevait sur son visage et dans le ton conciliant de sa voix... Toutefois, il ne parvenait pas à en faire pleinement abstraction.

Tout en guettant précautionneusement les gestes de sa camarade, Rowan acquiesça à ses propos rassurants. Il préférait que les choses soient clarifiées de cette manière, plutôt que d’évoluer dans le doute vis-à-vis de ses relations. Surtout celles ayant des liens dépassant de loin ses années passées à Serpentard.

C’est à cet instant que le Sinistros remarqua le vif changement dans la démarche de la rouquine. Et la pourpre éclatante qui gagna son visage. Était-ce de la confusion ? De la gêne ? Bon sang. Venait-il de l’indisposer ? Il ne laissa rien transparaître de son agacement, se concentrant plutôt sur les paroles déconcertées qu’elle lui adressait alors avec embarras. « Soyez assurée, Amaranthe, que je ne prendrais pas ombrage d’un tel oubli. »

En un sens, lui-même se sentait impliqué dans ce manquement indélicat. Après tout, n’avait-il pas conservé les souvenirs fragmentés de leur enfance loin de leurs conversations vives et intellectuelles ? Si. Le jeune homme avait eu l’audace de conserver leurs liens à l’abri des impertinents. Non pas pour la blesser – loin de lui la moindre idée de ce genre – mais pour préserver ces éclats de bonheur et de partage au-delà des rivalités sordides entre les maisons de Poudlard. Et de la sottise éloquente de l’adolescence. Celle qui, par exemple, brûlait trop ardemment chez Blaise à son goût.

À la phrase qu’elle céda par la suite, il inclina une nouvelle fois le menton. « Ma foi, en ce cas, permettez-moi de retourner à mon étude. » Un sourire aussi éphémère que rare gagna ses lèvres, se voulant affable et doux. Puis, il porta ses iris pâles vers les ouvrages empilés devant-lui. Et son sujet de recherche du jour. Les miroirs. Ces satanés miroirs.

Il compulsa quelques pages, notant les différents intitulés. Les dangers insoupçonnés des reflets magiques. L’aspect protecteur du stratagème de Persée. Trop de données. Trop de possibilités.

Rowan se pinça les lèvres tout en continuant sa lecture. Relier les thèmes. Comment ? Pourquoi ? Il n’avait rien de tangible. Seulement une intuition pernicieuse et un malaise indéfinissable. Rien de plus. Rien. L’interpellation brusquement orchestrée par l’Abraxan le fit presque sursauter, tant elle revint à la charge avec une brutalité impromptue.

Cette fois-ci, une ombre soucieuse et perplexe dans le regard, il se mouva complètement dans la direction de sa rousse comparse. Sérieusement. Se permettait-elle vraiment de douter de lui ? Certes, toutes ces histoires lui semblaient complexes, torves et obscures, et ce, malgré qu’il en connaissait quelques pans. Cela dit, il n’avait aucune utilité à en ébruiter les détails. « Vous ai-je déjà donné une occasion de craindre de tels égarements de ma part ? » Son ton trahissait une langueur plus affectée qu’il ne voulait réellement le montrer. « Amaranthe. Je ne me permettrais jamais de distiller des informations sur votre famille. » Le Sinistros croisa les mains sur ses genoux, engoncé dans une nonchalance vacillante. Froissée ? Il détestait la seule idée qu’on puisse le croire déloyal.

Du moins... Avec ses proches. Ses alliés. Et, d’une certaine manière, son interlocutrice et la génitrice de cette dernière en faisaient parties. La seconde connaissait assurément le secret de Jessica. Son inclination délurée et inspirante pour les moldus.

« Ni sur votre personne. » Vendre la bâtardise d’Amaranthe ? Ce serait un suicide social. Compte tenu des circonstances périlleuses des derniers mois... Il s’en passerait volontiers. « Je n’ai aucune raison de vous vouloir du mal. En doutez-vous ? »

17/03/2015

Amaranthe n'ajouta rien de plus à ses premières paroles et elle avait bien l'intention de le laisser continuer ses recherches du moins le croyait-elle ? Elle répondit d'un petit geste de tête.

Elle venait d'ouvrir sa boite de Pandore et elle revivait certains de ses souvenirs d'enfance. Elle s'était toujours demandée pourquoi son père ne venait jamais avec eux ? Il n'avait même pas accompagné sa femme à la cérémonie du mariage alors qu'elle était témoin. Elle avait posé la question à sa mère et elle lui avait simplement répondu qu'il préférait les laisser entre elles pour qu'elles puissent discuter tranquillement sans être gênées par la présence d'un homme. Elle avait su la vérité quand Jessica avait quitté son mari, sa mère avait fini par avouer qu'elle ne portait pas dans son cœur le géniteur de Rowan.

Et la pensée du mariage la fit interpeller l'ancien vert et argent et elle vit à sa réaction que son impétuosité l'avait surpris ou effrayé ? Elle n'aurait su le dire, les émotions du jeune homme étaient difficiles à lire.

Elle posa son regard sur lui et le ton de sa voix trahissait son apathie face aux doutes qu'elle venait d'exprimer sur sa loyauté. Il ne pouvait lui reprocher cette requête après tout ils n'étaient pas amis. Ils n'étaient que de simples amateurs historiens qui aimaient argumenter leurs idées afin de terrasser celles de l'autre.

Elle comprit qu'elle l'avait blessé avec son insinuation à peine déguisée. Elle le connaissait à peine et elle se rappela des paroles de Anna qui l'invitait à dépasser son apparence aristocratique. Sa brusquerie n'allait pas l'inciter à se dévoiler et à se départir de son indifférence polie. Elle répondit d'un ton navré :

- Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous blesser. Vous êtes le deuxième personne à connaître mon passé et vous étiez présent quand le professeur de droit a fait une gaffe monumentale à son cours.

Elle écouta la suite de ses paroles et ses yeux se voilèrent de tristesse, de honte, peut-être un peu des deux. Elle esquissa un pâle sourire et elle ajouta :

- Vous n'y êtes pour rien et jamais, je ne remettrais en doute votre grandeur d'âme. Je suis sur mes gardes depuis la révélation de Wenlock-Larkin et je n'aurais pas du faire un amalgame avec vous.

Elle fit une légère pause avant de poursuivre et de répondre à sa question :

- Je ne doute pas de vous, Rowan. Je vous laisse retourner à vos recherches et je vais essayer de ne pas trop troubler vos réflexions.

Elle ne l'avait ni félicité pour ses fiançailles ni avoué qu'elle l'avait vu au banquet de Noël de Poudlard. Sa lignée était adepte des unions arrangées, elle l'avait su par sa mère qui avait parlé des idées dépassées de Ranulf avec mépris. Elle ne supportait pas que les enfants de sa meilleure amie soient considérés comme des pions dans un jeu d'alliances politiques.

Elle reporta son attention sur l'enchantement péruvien et elle lut avec attention l'incantation. Elle la répéta plusieurs fois dans sa tête. Pour le lancer, il fallait qu'elle dessina en plus la rune symbolisant l'élément terre.

Elle se déplaça jusqu'à être à deux mètres de la chaise. Elle brandit sa baguette et s'entraîna à esquisser cette rune. Elle avait retrouvé sa concentration et sa détermination. Elle ferma un instant les yeux pour visualiser ce symbole mystique.
Au même moment où elle le reproduisit, elle prononça d'une voix claire :

-¡ Poderosa Gaïa encarcela !

Des ronces fusèrent pour emprisonner le siège. Elles étaient vivantes et elles serrèrent le bois fragile qui sous la pression explosa. Des petits éclats volèrent et l'un d'entre eux vint entailler sa joue.

Sujet: Re: Le Creuset. (PV Amaranthe) Mer 7 Oct 2015 - 22:02

Face à l’impromptue intervention de sa rousse interlocutrice, le jeune homme dut quitter des yeux les précieux ouvrages empruntés et commandés pour l’occasion. En l’état, il pouvait s’octroyer une brève pause si cela lui permettait de tirer au clair – de façon définitive, cette fois-ci – la situation pour le moins épineuse dans laquelle il se trouvait. Malgré lui.

N’était-il pas venu quérir un semblant de quiétude en ces lieux ? À l’évidence, le destin en avait décidé tout autrement. Quelle attrayante perspective... Il allait faire avec, en puisant dans son indifférence coutumière. Légendaire.

Le rouage si bien huilé de sa contenance se crispa, encore, à cette seule pensée. Non. Elle ne l’était plus. Plus depuis hier soir. Tant bien même qu’il essayait de s’en convaincre vainement, se parant des atours de l’aristocrate guindé qu’il avait été pendant vingt longues années. Certes. Il parviendrait à tromper son monde sans grande difficulté – dans le fond, les couleurs de Salazar ne lui avaient pas été attribuées par mégarde – ni innovation particulière. Toutefois... Sa propre conscience ne pouvait guère se mentir.

Finalement, s’enorgueillir de l’endurcissement acquis auprès d’Anna, s’apparentait davantage à une triste illusion plutôt qu’une vérité protectrice.

Tandis que l’Abraxan s’osait enfin à lui répondre, Rowan se pencha vers l’avant, ses mains quittant la chaleur de ses cuisses au profit de la froideur rude et tendue de son menton. Sans ciller, en dépit d’une agitation diffuse et latente dans un coin de son esprit, il l’écouta s’excuser platement et nommer le cœur du problème. Rupert Wenlock.

Une once de contrariété vint titiller ses veines. Ainsi donc, elle se permettait de rejeter sur lui l’égarement de leur enseignant ? Et bien, la surpris se révélait de taille. Désagréable. Offensante. Bon sang. Pourquoi s’en formalisait-il ? Il avait déjà entendu des allégations et des accusations diablement pires. De la bouche même de ses plus proches amis. De sa dévouée.

À défaut de cibler l’origine de son agacement, le Sinistros veilla scrupuleusement à respirer plus profondément. Se calmer. Se maîtriser. Cette épreuve, qui n’en possédait pas le nom, n’étant en rien différente des précédentes. Il devait se le répéter fermement. Rien ne justifiait de prendre ombrage pour quelques inquiétudes aisément compréhensibles.

D’autant plus qu’Amaranthe s’évertuait à détailler le filigrane conciliant de ses pensées, avant de retourner à son propre travail. « Bien. »

Et pourtant. Il devait s’avouer que dans les tréfonds de son âme... Un feu couvait. Une flamme que la justification apportée ne parvenait pas à modérer. Une étincelle grandiloquente et brûlante. Celle attisée la veille ? Par tous les dieux. Le verrou. Un vif effroi s’anima en lui, le poussant à se raidir. Tout en étouffant les dangereux prémices de ce qui avait manqué de le menacer.

Loin du regard de sa camarade, l’effroi se mua en une angoisse presque déraisonnée. Doucement. Ce n’était qu’un ridicule écart. Tu n’as pas besoin de t’en affliger. Ingrate humanité. Tes idées doivent rester limpides. Fais le vide. Folie sous-jacente de la punition. Oui. Garde le contrôle. Tout se déroule parfaitement.

Ses iris, tourmentées, restèrent un long moment à fixer le dos de la rouquine. Jusqu’à ce que l’ancien Serpentard, singulièrement éprouvé par la manœuvre, parvint à stabiliser sa conscience. Soulagé d’avoir vaincu sa faiblesse, il se permit un court soupir. Il allait devoir rester sur ses gardes. Ou renforcer – était-ce seulement possible ? – les armatures de sa contenance. Encore. Et toujours.

Son étude sur les miroirs. Il ne pouvait guère y couper, au risque de s’entortiller les pensées dans des théories aussi farfelues que dérangeantes. Qui tournaient sur du vide. Alors, plus vite une piste se dégagerait des opuscules, plus...

Une phrase prononcée à voix haute, suivie d’une volée d’éclats sombres et brunâtres, piqua soudainement son intérêt. Et l’arracha définitivement à son bureau improvisé. Quel était ce maléfice ? Cette magie non occidentale ?

Les pas curieux et mesurés de Rowan le menèrent à proximité de sa camarade. C’est là, qu’il remarqua la fine estafilade rougeoyante qui scintillait sur la joue de cette dernière. « Amaranthe. » Inutile de la questionner. Et ce, même si ses yeux s’attardèrent aussi sur les ronces avant de revenir vers la rouquine. « Vous devriez vous protéger davantage. » En un geste nonchalant, quoi que trahissant une certaine empathie, il dégaina sa baguette. Sans se presser, il formula un léger sortilège pour soigner l’épiderme blessée. « Est-ce mieux ? » Une ombre de douceur s’immisça dans les prunelles pâles et inquiètes qui la fixait.

Il réalisa abruptement qu’ils n’avaient jamais été aussi proches. Sauf... Dans leurs jeunes années. Bon sang. Pourquoi toutes ses émotions étaient-elles exacerbées ? Qu’avait-il brisé qu’il n’aurait pas dû ?

De précieuses secondes s’effilochèrent entre eux. Trop à son goût. Gênantes ? Il trouva finalement refuge dans l’observation manifeste de la... Plante. « Je dois vous avouer que je n’ai pas l’habitude de croiser des incantations de ce type. Surtout ici. » Il marqua une pause, hésitante. « Puis-je me montrer indiscret quant à l’origine de votre sortilège ? »

17/03/2015

Amaranthe ne pouvait s'en prendre qu'à elle même si son enchantement l'avait blessé légèrement. Elle n'aurait pas du utiliser une chaise en bois pour symboliser l'ennemi. La magie péruvienne était liée aux éléments et forcément celui de la terre évoquait la vie et les plantes offensives seraient forcément vivantes pas comme de vulgaires cordes.

Elle ne s'attendait pas à ce que Rowan abandonna son étude pour venir la rejoindre et elle esquissa un pale sourire à sa recommandation. Elle haussa les épaules et elle répondit amusée :

- L'apprentissage d'un nouveau sortilège implique toujours des risques. Et si mon impatience n'avait pas guidé ma baguette, il ne me serait rien arrivé.

Et d'un geste, il soigna sa coupure. Elle porta sa main à sa joue et elle ne ressentait plus aucune douleur. Et le regard qu'il lui lança lui apparut étrange. De la douceur l'avait envahi et elle n'avait pas l'habitude d'une telle promiscuité avec lui. Elle ne savait plus comment réagir face à lui ? Après tout, ils se connaissaient depuis tant d'années sans avoir pu dépasser cette courtoisie qui régissait leur rapport depuis leur première année à Poudlard.

Le silence s'instaura entre eux et il devint presque oppressant pour la jeune femme qui avait toujours eu l'habitude de débattre avec lui. Il venait d'avoir un geste protecteur envers elle et elle était troublée. Qui était-il pour elle ? Un lointain camarade d'enfance ou l'orateur avec qui elle aimait discourir ?

Heureusement, il finit par reprendre la parole et à se montrer curieux sur l'origine de cette magie.
Elle répondit avec franchise après tout, il s'agissait de magie blanche alors elle n'avait pas à rougir de s'exercer à le lancer.

- D'Amérique latine, une amie péruvienne m'a offert ce grimoire à Noël.

Elle l'observait et son regard noisette se noya dans le sien faisant resurgir les émotions qu'elle ressentait enfant quand sa maman lui disait qu'il devait venir chez eux en compagnie de sa mère. Elle ressentit l'amitié qu'elle avait partagé avec lui à cette époque où les apparences ne les contraignaient pas à jouer un rôle que leur maison leur avait imposé quelques années plus tard.

Et sans réfléchir à la familiarité de ses actes, elle le prit dans ses bras le serrant fort contre elle. Peut-être pour le remercier ou pour lui faire comprendre qu'il avait toujours été important à ses yeux ? Même si elle avait préféré ne pas le montrer avant ce jour où elle s'était enfin avouée leur passé commun. Elle finit par dire dans un souffle sans le quitter des yeux :

- Je vous remercie, Rowan...

Sujet: Re: Le Creuset. (PV Amaranthe) Dim 11 Oct 2015 - 22:17

La réponse égayée que son interlocutrice lui fournit du bout des lèvres, le rassura quelque peu. Plus par ce qu’elle sous-entendait que par ce qu’elle disait réellement. L’usage de la magie n’était jamais une pratique anodine, surtout au niveau dans lequel ils s’exerçaient désormais. D’où la nécessaire vigilance à mettre en place lors d’entraînements... Similaires.

« En effet, vous avez raison sur ce point. Nous prenons toujours des risques à étudier des sortilèges. » Elle marquait un point avec élégance. Autant le lui rendre honorablement, en s’appuyant sur un bref mouvement du menton.

Après quoi, il s’attarda à rendre soin à sa camarade... Et à s’empêtrer dans un silence redoutable et gêné. Ni l’un ni l’autre ne semblaient être préparés à une proximité aussi vive qu’envahissante, en lien avec d’autres. Plus anciennes. Abscons. Davantage innocentes et enfantines. Celles de leurs jeunes années, lorsque Rowan daignait conter une fable à la rouquine, leurs épaules se jouxtant alors le temps de la lecture.

Des souvenirs délicats. Enfouis. D’ailleurs, il ne les avaient pas écartés de sa conscience sans une bonne raison. Se protéger. Lui-même. Des tourments, des faiblesses et des intrusions. Et la préserver, elle, de ses acolytes aux langues acérées.

Au sein de Serpentard, un seul faux pas suffisait à condamner l’indigent au pilori. C’est pourquoi, rien ne devait être laissé au hasard. Ni les secrets, ni les paroles, ni les actes. Tout avait toujours été une mascarade rondement menée, dansée parfois avec une agilité déconcertante par ceux qui en maîtrisaient les codes les plus infimes. Brisant les plus faibles et les plus incertains au passage. Exterminant l’individualité au profit du communautaire. Au profit du vert malicieux et de l’argent ambitieux.

Au bout de plusieurs secondes singulières et éprouvantes, Amaranthe esquissa une courte réponse. De quoi détourner d’eux la sensation collante qui s’animait dans leurs esprits ? Embarrassante ? Un brin trop intrusive dans leurs passés respectifs ? Difficile à dire.

Le Sinistros porta ses iris céruléennes vers sa camarade, non sans une once de curiosité quant au sujet évoqué. Une pratique péruvienne ? Intéressant. En dépit de son voyage au Brésil, il ne se souvenait aucunement de telles incantations... Ni de tels effets. Avait-il donc été aveugle ? Imprécis, dans son observation de l’environnement ? Peut être que sa mémoire, bousculée trop vigoureusement ces derniers mois, ne parvenait plus à puiser dans les tréfonds obscures de cette période.

Pourtant, de toutes celles qu’il avait connu au fil des ans, elle en avait été la plus lumineuse. La plus vacillante. L’éclat éphémère d’une vie qu’il ne connaîtrait jamais. La pureté de son sang, dès qu’elle se révélait à ses collègues, l’empêchait de s’intégrer parmi les mêlés – on le craignait à tort ou à raison sur ce seul fait – et les moldus. La jalousie se liait souvent à l’égarement et la peur. Et maintenant qu’il portait le sceau de l’infamie...

Une ombre imprévue et piquante passa dans les yeux de la rouquine, attirant sa soudaine attention. Quel était cet insidieux présage ? Cette émotion qui, sans être la sienne, ne lui était pas inconnue ? Cette familiarité que la distance ne semblait pas avoir été capable d’ébrécher ?

Sur le moment, il se trouva terrifié. Ses membres se raidirent et son sang menaça de lui glacer les veines. Pourquoi maintenant ? Pourquoi fallait-il qu’elle ose l’approcher alors... Qu’il n’avait plus rien de cet enfant ? Qu’il s’était abreuvé des ténèbres jusqu’à la lie ? Qu’un rien menaçait de faire exploser sa fureur ?

Leurs regards s’étaient ancrés si fermement qu’il n’eut aucune opportunité de fuir. Ni de supplier une clémence qui ne viendrait de toute façon jamais.

L’instant suivant, Rowan sentit les mains de son interlocutrice se glisser contre son corps et l’enserrer dans une étreinte fraternelle. Douce. Bien plus apaisante que ce qu’il craignait d’affronter. Presque réconfortante. Comme les bras de son meilleur ami par une nuit moite et lugubre. Comme une marque de tendresse qu’on ne lui accordait que trop peu. Par méfiance. Par méconnaissance. Par sottise. Encore.

Petit à petit, l’angoisse se désagrégea et cessa d’exister, tant bien même qu’une onde de malaise tentait désespérément de persister en lui. Latente. Prudente. Française. Loin derrière le chancellement de sa contenance, plus prompte à se formaliser d’un contact physique que son cœur.

Ses iris trahirent une nouvelle fois sa profonde incompréhension. Quoi que paisible et avenante. Il ne se sentait plus vraiment menacé. Juste... Perplexe. Il ne méritait pas tant. À dire vrai, selon lui, il n’était pas digne qu’on lui accorde de tels égards. Pas avec ce qui serpentait sournoisement sur son bras. Pas avec les sortilèges interdits qu’il avait incanté violemment, la veille. Pas avec toute la souffrance qu’il infligeait à Anna.

En un geste distrait, tout le corps ancré dans une immobilité sereine, ses doigts frôlèrent les boucles fauves de sa cadette. Elle avait une expression si proche de celle de Daphné et de Hope qu’il s’en troubla. « Me remercier de quoi, Amaranthe ? » Dans le fond...

Il n’était qu’un monstre. Non ? « Qu’ai-je fais pour mériter à ce point votre sollicitude ? » L’amabilité caressante et amicale qui l’envahissait de toutes parts, imprégnait désormais jusqu’à sa voix. « Je... Je ne comprends pas. »

17/03/2015

Amaranthe l'avait étreint comme elle l'aurait fait avec William. Elle ne ressentait qu'un amour fraternel et jamais, elle n'éprouverait d'autres sentiments plus doux ou plus troublants à son égard. Elle reconnaissait qu'il était devenu un jeune homme séduisant et pourtant, elle ne voyait en lui que le petit garçon qui venait égayer son quotidien.

Elle s'était forcée à le considérer comme une simple connaissance à Poudlard, tout simplement car il faisait parti de la maison vert et argent. Elle ne pouvait prétendre à plus aux yeux des autres élèves de sa maison qui jugeaient la pureté du sang comme le critère primordial pour se lier. Et pourtant, les serdaigles et les serpentards étaient souvent qualifiés d'élitistes pas pour les même critères.

Elle l'observait et elle pouvait lire son incompréhension comme si il n'avait pas l'habitude de recevoir des marques d'affection. Elle repensa à Anna qui lui avait demandé si elle faisait parti de la bande d'amis de Rowan à Poudlard. Clemens et lui étaient proches alors peut-être que ces gestes ne se faisaient pas entre deux représentants du sexe masculin ? Christopher prenait souvent ses amis dans ses bras. Il était très tactile aussi et arrivait facilement à exprimer ses émotions.

Elle pensait qu'il allait mettre un terme à cette étreinte et ainsi rompre cette intimité surgissant d'un passé lointain où les apparences n'avaient pas sa place. La retenue, qu'elle s'était obligée à conserver depuis son retour au Royaume-Uni, commençait à se fendiller depuis ses retrouvailles avec Bentley. Elle ne voulait pas penser à lui, elle appréhendait tellement de le revoir après ce qui s'était passé à sa soirée du Nouvel An.

Un doux sourire se dessina sur ses lèvres quand elle sentit sa main frôler sa chevelure. Elle plissa les yeux quand il rompit le silence que son geste d'affection avait engendré.
Voulait-elle seulement le remercier ? Non, elle voulait lui montrer qu'il avait compté pour elle et qu'elle était heureuse de l'avoir retrouvé. Ils n'étaient plus sous le joug de la compétition entre maisons et elle pouvait se montrer plus naturelle avec lui et ne plus refouler ses souvenirs. Et pour une fois, elle eut envie de remercier ce mystérieux comte d'avoir ouvert cette académie.

Elle répondit dans un souffle laissant échapper le petit nom qu'elle lui avait choisi, il y a de nombreuses années :

- Myrdhin, quelle image avez-vous de vous ? Vous ne comprenez pas que je puisse vous apprécier...

Dans un geste délicat, sa main remonta lentement dans son dos pour lui montrer que ses propos étaient sincères. Elle ajouta d'une voix douce :

- Est-ce malvenu que j'ai envie de connaître le jeune homme que vous êtes devenu ? Je comprendrais que vous n'en ayez aucune envie et je respecterai votre choix quoi qu'il m'en coûte.

Elle avait parlé avec franchise et elle savait que sa requête était difficile. La confiance était un luxe dangereux à offrir au vu des heures sombres qu'ils étaient entrain de revivre. Elle était prête à lui prouver qu'une partie d'elle était toujours cette petite fille qui le regardait avec des yeux admiratifs lorsqu'il se transformait en conteur. Elle souhaitait également lui dévoiler qui elle était devenue et elle espérait qu'il accepta de lui laisser une chance de le découvrir sans faux-semblants.

Sujet: Re: Le Creuset. (PV Amaranthe) Jeu 15 Oct 2015 - 20:12

Myrdhin. Ce prénom sonnait d’une manière singulière aux oreilles du jeune homme, tant il appartenait à un passé lointain et presque intouchable. Longtemps tenu à distance de la réalité. Des autres. Encore un secret. Une énième dérobade au monde. Sa vie n’était-elle pas diablement empêtrée dans les mensonges ? Qui pouvait se targuer de réellement le connaître ? De nommer ses failles et ses impostures ? De savoir exactement à partir de quand la vérité se dérobait derrière une illusion finement menée ?

Qui ?

Une pensée douce et discrète lui caressa la joue comme une brise trop brève. Trop vive. À peine suffisante à en sentir les effluves. Celles capiteuses de la petite Française. De tous ses proches, elle était la seule à détenir les clés de sa félonie et de sa faiblesse. La seule à détenir entre ses mains fines et féminines, le fil agité de son existence. La seule à lui pardonner ses égarements.

Ses sacrifices faits par Amour.

Rowan observa sa camarade en silence, préférant céder à l’éphémère impasse du temps, plutôt que de s’abandonner à des réponses incertaines. La familiarité exacerbée de la rouquine, sans être intrusive, semblait guérir progressivement son esprit des affres de l’anxiété. Quelles qu’elles soient. Jusqu’à balayer les dernières attaches de la colère imprévue et du malaise sous-jacent. Le laissant suffisamment quiet pour s’autoriser une respiration davantage profonde. Temporairement reposée.

Les interrogations menées avec précaution ne l’agacèrent même pas. Et ce, en dépit de l’évidente gravité des sujets à aborder, s’il souhaitait sincèrement se montrer honnête. Serait-il seulement capable de se mettre en danger pour une... Tendresse datant de l’enfance ? De se trahir lui-même et sa famille ? De perdre Anna ?

Allait-il devoir toujours plus s’enfoncer dans les simulacres ? Les faux-semblants ? À quel point ses proches pouvaient-ils encaisser une affiliation si terrible ?

Malgré la vague de réconfort, une once de tristesse se mêla au long flot calme de ses pensées. Dans le fond, le ‘pourquoi’ de sa propre question restait sans réponses...

« Amalie. » À défaut de plus, il lui rendit prudemment la pareille. S’osant à user d’une dénomination si ancienne qu’elle eut du mal à quitter ses lèvres. « Ne vous méprenez pas dans mes intentions. » Oh, ce regard, il le connaissait aisément. Il lui en rappelait de nombreux autres, rieurs et innocents. Bruns, pour la plupart. « Je ne tiens pas à vous écarter de ma proximité, même si je reste... Pour le moins pantois. » Face à un tel contact. « Ce n’est aucunement contre vous. Prenez seulement en compte que je ne suis guère coutumier des démonstrations de ce genre. » D’autant plus quand je suis bien incapable de les mériter.

Comme par réflexe, ses iris pâles et soudainement inquisitrices se portèrent vers les murs de la salle. Et leurs décorations. « Surtout en ces lieux. » Les miroirs. Encore et toujours. « Amaranthe. » Les yeux de l’ancien Serpentard glissèrent sur toute la pièce avant de revenir à elle. « Je crains que de m’ouvrir à quelqu’un entre les murs de cette académie... Soit la pire idée que je puisse avoir. »

Une vague image le frôla. Glaçant discrètement les veines de son cou. Car, sous le coup de la fatigue et du désespoir, il s’était abandonné par deux fois à cette folie. Deux fois de trop. Deux fois menaçantes. Pour Clemens. Pour Anna. Bon sang.

Une sorte de pression nouvelle, aux accents terrifiés, manqua de crisper ses doigts. Par chance, il parvenait à conserver un semblant de maîtrise. Le frêle instant de tranquillité semblait loin à présent. « Amaranthe. Ne prenez pas ombrage de mes troubles... Toutefois, je dois vous avouer je préfère me méfier des parois tapissées qui nous entourent. » Du nez, il lui indiqua nonchalamment ces derniers.

17/03/2015

Lorsqu'elle avait choisi de reprendre ce très vieux surnom, elle espérait qu'il lui permettrait de prendre conscience qu'elle portait le même regard sur lui. Rien n'avait entaché la conviction qu'elle ressentait à son égard. Il était celui qui l'avait fait rêver et qu'il l'avait accompagné dans ses bêtises enfantines. Elle avait toujours eu cette curiosité qui guidait chacun de ses pas et qui lui faisait oublier les risques qu'elle pourrait subir dans ses aventures.

Elle connaissait le poids qui pesait sur ses épaules et ce mariage n'était en aucun cas son choix car enfant il semblait apprécier de lui raconter des contes qui avaient une fin heureuse où l'amour dominait tout. Elle le plaignait de devoir obéir aux impératifs de sa famille et elle devinait que sa mère ne lui aurait jamais imposé une telle alliance alors elle devait être une manigance de son paternel.

Elle n'arrivait pas à lui en parler car elle se refusait à le blesser et elle n'avait qu'une crainte qui la repoussa alors qu'elle voulait simplement qu'une amitié soit possible entre eux. Était-elle naïve d'imaginer qu'une telle relation puisse naître aujourd'hui ?

Elle se fiait toujours à son instinct et derrière l'apparence flegmatique de son ancien camarade de jeux se cachait un jeune homme aussi passionné qu'elle l'était et avec des principes d'un autre âge qu'elle concevait et qu'elle respectait.

Et quand il utilisa ce petit sobriquet qui était le fruit d'une de ses histoires où il désignait son héroïne, une puissante sorcière. Elle espérait un jour en être digne et qu'il ne se soit pas fourvoyé dans son choix. Pour le moment, elle avait plus l'impression d'être dans un flou artistique et être une marionnette car elle ne connaissait pas finalement les intentions d'Albus Dumbledore.

Un doux sourire se dessina sur ses lèvres gourmandes et sa main qui avait eu l'audace de remonter le long de son dos vint se poser sur sa joue et elle répondit d'une voix douce :

- Pardonnez-moi de considérer qu'une telle étreinte est légitime entre nous. Et pourtant, je ne suis pas aussi tactile d'habitude mais vous le méritez, Myrdhin.

Quand elle l'aimait, la rouquine était encore plus franche mais le ton de sa voix exprimait sans barrière son affection et Rowan était un jeune homme qui méritait son estime malgré la piètre image qu'il avait de lui-même. A croire qu'il avait rejoint les rangs de Voldemort pour refuser toutes marques d'amitié. Cette hypothèse était surréaliste, elle ne le voyait pas avoir rallié ce lord de pacotille et il était bien trop réfléchi pour avoir fait ce choix.

Elle fronça les sourcils quand il avoua sa crainte de se dévoiler au sein de l'académie et ses yeux ne quittaient pas les siens avides de connaître ses raisons que la suite de ses paroles dévoilèrent.

Les miroirs présents dans la pièce jouaient un rôle. La jeune femme ne comprenait pas car elle savait uniquement que les tableaux étaient à la solde du comte. Elle répondit dans un souffle audible que pour lui vu que sa bouche s'était approchée de son oreille. Elle s'était mise sur la pointe des pieds pour l'atteindre.

- Je comprends car j'ai été victime des peintures accrochées aux murs de ce manoir mais j'ignorais que dans cette pièce nous puissions être victimes de ses manigances.

Elle n'avait qu'une envie couvrir ces espions d'un tissus opaque pour que Rowan puisse lui parler librement et qu'elle puisse lui répondre de la même manière. Elle ressentait des émotions à son contact, qui ne pouvaient être comparables à celles qui lui inspiraient Bentley ou Christopher, et pourtant elles étaient profondes et ancrées en elle comme une évidence. Elles refusaient de se taire et elles voulaient s'exprimer au risque de le choquer.

Sujet: Re: Le Creuset. (PV Amaranthe) Lun 19 Oct 2015 - 16:38

À travers le regard de son interlocutrice, d’une profondeur frappante et douloureusement candide, le jeune homme avait la singulière impression de faire face à des émotions terriblement anciennes. Bien plus puissantes que ce qu’il avait imaginé jusqu’à aujourd’hui. Tout en se trouvant isolées de sa propre réalité. Comment une telle chose était possible ? Un décalage si oppressant ? Indescriptible ?

Au moins dix ans s’étaient écoulés, pendant lesquels la distance et l’incompréhension avaient creusé entre eux une fosse réputée infranchissable. La protéger des siens avait un prix incommensurable. Démesuré. Toutefois, il en avait été conscient dès le départ. Autant qu’il en avait accepté la quittance.

Et maintenant... Elle se comportait comme si de rien n’était ? Comme si ces actes ne valaient rien ? Qu’un seul pas, qu’une seule caresse, suffisait à résoudre ? Il ne la comprenait plus.

La main délicate et aventureuse, qui s’était mise à jouer dans son dos quelques instants auparavant et qu’il s’échinait à ne pas sentir depuis, quitta le confort de son vêtement au profit d’une autre surface. Sa joue. Pâle et tirée. Une proximité que personne, à la seule exception d’Anna, ne s’autorisait dans son entourage. Une proximité si grande et si intrusive, que ses membres se raidirent instinctivement.

D’un pas vif et méfiant, Rowan s’arracha à ce contact comme s’il s’en était brûlé. Tout son corps s’ancra sur la défensive, imprécise et perturbée, tandis que ses iris céruléennes, après une seconde d’hésitation où il vérifia prudemment son reflet dans le miroir – qui sait quelle insidieuse magie pouvait les atteindre ici bas ? – à défaut de plus, vinrent quérir celles de la rouquine.

Il la savait pertinemment inoffensive. Et pourtant... Face à ce geste, trop intime et trop tendre, il douta. Était-ce un nouveau maléfice ? Un trouble de sa conscience provoqué par ces satanés miroirs ? Un fantasme soufflé à demi-mots par un esprit qui n’était pas le sien ?

Se protégeant derrière sa cuirasse de nonchalance, les pensées agitées par la crainte, le Sinistros attendit précautionneusement les paroles d’Amaranthe. La bouche de cette dernière évoqua la notion de légitimité, ce qui ne fit qu’accentuer le malaise qu’il ressentait jusqu’au creux de son ventre. Seul l’énième rappel à leur passé commun parvint à stabiliser son attention. Myrdhin. Encore. Le conteur.

Usant de sa légendaire indifférence, l’ancien Serpentard guetta la suite des allégations de sa camarade. Victime des peintures. L’affolement céda vivement la place à la défiance. Non pas envers la rouquine – quoi qu’il préféra se méfier de sa véracité plutôt que d’accepter qu’on le toucha ainsi sans espérances – mais contre les murs surannés de l’académie. Des parois curieuses, licencieuses et indiscrètes.

Tout en se permettant de récupérer un brin de quiétude, à une distance vigilante de l’Abraxan, Rowan pinça les lèvres. Ces informations ne lui plaisaient définitivement pas. « Pardonnez-moi, Amaranthe. » Lui-même ne savait pas de quoi il s’excusait. En vérité, celle qui avait dépassé les limites, ici bas... C’était elle. Pourtant, il ne voulait pas l’offusquer par son recul. Ni se montrer impoli. Irrespectueux ? « Je... S’il vous plaît. Évitons de tels débordements entre nous. » Anna. « Je ne veux pas... Je vous en supplie, comprenez ma distance. Et ne vous en parez pas comme d’un fardeau. » Anna. Et rien d’autre. « … Surtout si nous ne sommes pas... Seuls. » Le dernier mot lui fit tourner le regard vers les miroirs. Encore. Toujours.

« D’autant plus si les reflets ne sont pas nos seuls problèmes. » Les peintures. Bon sang. Cette donnée brisait toutes ses hypothèses. « Attendez. »

L’hésitation des dernières minutes s’étiola dans la clarté obscure de la pièce. En un mouvement précis et déterminé, le jeune aristocrate s’approcha d’une glace, dégaina sa baguette et formula un ‘revelio’ au latin presque parfait. Rien. Même pas une infime vibration. « Selon vos propres mots, vous avez été victime d’une peinture. De mon côté, je dois vous avouer... » Il marqua une courte pause, le temps de jauger sa camarade. Il verrait vite si sa présence en ces lieux était un charme ou une preuve tangible de la réalité. « ...Que j’ai eu la maladresse de connaître une déconvenue similaire. Avec un miroir. » Sa férule d’orme se leva davantage. Revelio. Rien. « Ma présence dans cette salle tient à cet unique fait. Je tente de comprendre comment ces miroirs peuvent être liés et manipulés par la magie. » Une once de regret perça dans sa voix. « À l’évidence, je ne cherche pas la bonne solution. Je n’avais pas envisagé que d’autres objets pouvaient être ensorcelés... »

Le Sinistros se tourna vers Amaranthe. Sa précieuse contenance retrouvée. Du moins, en apparence. « Puis-je me montrer diablement indiscret auprès de vous ? » Ses iris trahirent un espoir fébrile. « Êtes-vous en mesurer de m’éclairer sur votre situation et votre expérience avec les peintures ? »