Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Jeu 5 Nov 2015 - 20:02

L’ondée d’alcool, suave et brumeuse, s’étendait progressivement à l’ensemble de son corps. Les veines pâles et bleutés, qui couraient le long de sa gorge et de ses bras, s’enflammèrent d’une folie passagère. Brûlante. Prête à toutes les opportunités. Surtout les plus désinhibées. Parce que, finalement, tout ça n’était qu’un prétexte à péter les plombs, non ? À oublier ? À s’oser aux pires choses possibles, sous le coup d’une boisson interdite ?

Des excuses. Pire. Des subterfuges.

Ceux dans lequels s’enlisaient ses camarades aristocrates et lui-même. Les premiers tentant vainement de s’extirper d’un carcan moribond et poisseux – qui allait si bien à leur teint de cadavres névrosés par un pouvoir tristement convoité, qu’ils n’auraient jamais d’ailleurs – aux doux relents d’annihilation personnelle. Ils auraient presque pu être beaux – et morts, plantés-là comme les étendards de la défaite criante de leur société décrépite, patriarcale, homophobe et déconnectée – s’ils n’avaient pas encore ce petit quelque chose de guindé. De contradictoire et de narquois.

Yvain esquissa un drôle de sourire. Celui qui, du bout des lèvres, hurlait la joie, l’insouciance et la naïveté. Alors que ses extrémités se tournaient en un rictus davantage bestial. Étrange. Inhumain ? Ce paradoxe insensé ne dura que quelques infimes secondes.

Oh, oui. Dansez. Dansez et buvez. Abandonnez-vous à l’insolence de notre jeunesse. Oh, chantez. Chantez pour moi. Chantez.

Le septième année retint un petit rire moqueur, préférant s’intéresser à Drago qui suivait son déhanché avec une ferveur exemplaire. Au moins, si les autres se montraient vigilants à ne pas céder au doux chant des sirènes meurtrières, l’un d’eux s’était aventuré trop loin au large pour en échapper. Parfait. Ils allaient pouvoir s’éclater jusqu’à en perdre la tête.

Le temps d’une danse, à peine plus, leurs regards se lièrent et s’amusèrent. C’était agréable de bouger, de se laisser porter et d’en perdre la raison. De se perdre, surtout, dans les yeux de son ami. Qui n’avait clairement plus l’air d’être frais. Pas grave. Il ne l’était plus vraiment non plus.

Lorsque la musique s’abandonna à un autre genre, bien plus dynamique, Yvain préféra quérir un peu de courage dans la bouteille de son paternel. D’un pas vif, sans être droit pour autant, il rejoignit la table concernée par son nouvel objectif. Il s’envoya plusieurs gorgées de scotch. Encore. Allez, quatre ? Cinq ? Sans rien dans l’estomac pour juguler la puissance foudroyante de la liqueur, tout le reste allait devenir rapidement superflu. Imprécis.

On s’en fout de toute façon. Y’a personne pour l’empêcher.

Sa petite collation alcoolisée faite, il se tourna de nouveau vers la piste. Et y remarqua, à l’instant même, la chute du fils Malefoy. Outch. Merde. Avant qu’il ne puisse néanmoins se mettre en mouvement – un désavantage hasardeux de son ivrognerie adolescente – la petite Sharen se montra plus agile et avisée.

Au vu des différentes réactions, son pote semblait encore vivant. Et entier. Bon ben, tant mieux hein ! Il serait devenu inutile sinon. Ça aurait été gênant.

Tout en s’approchant lentement de son blond cadet et de sa précieuse alliée, le jeune homme remua les épaules pour se détendre. En dépit du flou artistique de son esprit et du ‘tout est ok’ dans le regard des autres, un léger éclat d’anxiété lui avait traversé la poitrine. Et il restait fiché, là, immobile. Douloureux. Sanglant.

Yvain secoua négligemment le visage, plus très au fait de ses propres paroles. « Tant que la tête est accrochée au reste, ça devrait aller. » La position au sol lui apparaissait, désormais, toute aussi attirante que le corps longiligne qui lui faisait face. Oula.

Il fronça les sourcils. « Note, c’est pas une mauvaise idée. » En quelques gestes, il fit reculer les plus jeunes aux alentours. Puis il s’installa sur le sol aussi, ses iris se fixant instantanément sur Harmony.

Ouais, non. Son cerveau était lentement en train de glisser vers le brouillard et les hallucinations. Encore un peu, et il jurerait voir sa comparse en tenue de cuir moulante.

Quoi que l’idée était cool, en fait.

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Mer 11 Nov 2015 - 8:25

On n’avait jamais dit que le jeune Malefoy allait supporter ce qu’il buvait ou fumait. Emporté dans ses mouvements de danse toujours plus désinhibés et amples, il s’était emmêlé les baguettes et avait lourdement chuté. Heureusement, ce n’était là qu’un déséquilibre passager dû aux stupéfiants, rien d’aussi grave qu’une absence ou un malaise. De toute façon, il ne s’était même pas fait mal, comme le prouvait son hilarité. Toujours allongé sur le sol, il n’arrivait pas à s’arrêter de rire. Ah, il était beau le Prince des Serpents-Fêtards, hein !

— Ça va, ça va !

Harmony était décidément trop choupinoute avec ses cheveux dorés, son petit visage mutins aux traits déjà nobles, ses grands yeux de biche… Merde, il était en train de tomber amoureux là, ou c’était juste l’alcool ? Elle avait quand même un visage d’ange, comment ne l’avait-il pas remarqué plus tôt ? Pas étonnant qu’elle mette les hormones d’Yvain sans dessous-dessus !

Et en parlant d’Yvain, il ne tarda pas à surgir de derrière Harmony, en parlant de tête et de crochets. Qu’est-ce qu’il racontait, celui-là ? Oh et puis on s’en foutait, non ? Drago éclata de rire sans raison apparente, alors qu’Yvain trouvait subitement ça extrêmement amusant de s’allonger par terre. Ok, ils allaient lancer une mode là ! Se tournant vers son pote, Drago se marra encore plus fort, lui frappant l’épaule dans un geste de complicité virile. Ou alcoolique, tout dépendait du point de vue.

L’hilarité de Drago se calma soudain quand il se prit à détailler le visage de son ami. Lui aussi, c’était un ange, putain. Le mec qui arrivait à le faire rire quand tout autour de lui, tout s’effondrait. C’était le mec qui ferait danser un village de survivants à une attaque zombies avec une petite chanson rock que tous les autres pensaient avoir oublié. C’était le type de gars qui, s’il n’était pas du genre à balancer des longs discours en mode ‘je suis votre leader et je sais que ça va être dur’, était particulièrement doué pour trouver des petites choses améliorant le quotidien et aidant à supporter l’apocalypse et le désespoir ambiant. Merde, Yvain c’était le mec qui venait t’éponger le sang de zombies que t’avais sur la gueule tout en t’offrant des cookies avec un grand sourire. C’était le mec que tout le monde pensait inutile ou même chiant, mais sans qui tout aurait foutu le camp depuis bien longtemps. Putain, ce que Drago avait besoin de lui…

Il ne s’était pas rendu compte qu’il l’avait fixé aussi longtemps, sans une once de sourire sur le visage. Juste un regard un peu halluciné, comme s’il le découvrait pour la première fois. La courbe de son menton, son nez retroussé, ses yeux sombres aux longs cils… Aucun doute qu’Yvain avait remarqué qu’il bloquait sur lui, à moins qu’il ne soit lui aussi jeté au-delà de toute rédemption.

Ah et puis il y avait toujours Harmony. Tiens, Drago avait une idée. Se tournant vers elle, il se redressa sans se remettre debout, et lui prit la main. Sans vraiment réfléchir — il en était bien incapable de toute façon — il tira dessus, déséquilibrant Harmony jusqu’à la faire tomber sur lui. Sur eux en fait, puisqu’Yvain n’était pas bien loin. Un joli petit mikado de Serpentards rampant sur le sol. Drago se remit à rire, fier de sa petite surprise stupide.

— Tout le monde à teeeeerre !

Il semblait assez définitif qu’il n’y avait plus grand-chose à faire pour ce pauvre Malefoy.

Illustration:

08/06/2015

Dans l’idée d’Harmony, la soirée du Nouvel An devait marquer le retour au calme. L’apaisement suite à l’atrocité du banquet. Le retour aux valeurs de Salazar. La solidarité, la bonne intelligence entre esprits malicieux et vifs. Pour elle, c’était l’occasion de boire une biéraubeurre, de grignoter des patacitrouilles tout en discutant avec ses amis. D’ailleurs, elle n’avait pas encore aperçu Aston.

Mais enfin, la soirée avait très amorcé un virage des plus radicaux. C’était sidérant. L’irruption du fantastique par l’absence qu’elle eut à subir lui avait presque fait oublier la danse embarrassante d’Yvain. Puis son attitude touchante et émue l’avait rappelée à son bon souvenir. Et finalement, elle ne savait pas quoi penser de la dernière phrase qu’il avait prononcée. Etait-ce sous le coup de l’alcool ? Sa peau velouteuse avait été picotée par le miasme agressif du whisky, lorsqu’il murmurait à son oreille.
Si c’était le cas, se disait-elle, alors c’était même encore plus gênant. Parce que cela signifiait qu’il ne savait pas, lui non plus, se maîtriser. Ou bien était-ce à dessein qu’il avait employé la figure de la cavalière - la partenaire. L’alliée. L’embarras qui brûlait ses joues se muait lentement en une énergie retrouvée, irradiant ses veines d’une chaleur nouvelle. S’il se frayait un passage, pour lui, comme pour la Cause, de la sorte, c’était une agréable méthode. Efficace. Harmony était observatrice et comprenait vite. Toutefois, les défenses habituelles, la barrière frigide était abaissée. Dès lors, par ses réactions émoustillées, elle se laissait envelopper de la toile. Sciemment, pensait-elle. Toutefois, elle n’aurait plus l’occasion de tirer le bon grain de l’ivraie ce soir. L’ergotage pseudo-sentimental, semi-stratégique, fut arrêté dès ses prémisses par un nouvel épisode surprenant.

La chute de Drago Malefoy. On ne parlait pas ici d’une métaphore - d’ailleurs vue et revue depuis l’été dernier. Non, Malefoy s’était bel et bien rétamé. De façon à annuler immédiatement sa dette, Harmony accourut à son chevet, pour constater que la seule bizarrerie ne tenait pas en l’angle d’un de ses membres, mais en son rire sans fin. Bref, elle allait se relever quand Yvain arriva. Et se laissa tomber sur le sol à son tour. Allongé à côté de son blond cadet.
Ah oui, d’accord. L’alcool, la fumée, tout ça. Ça devait sacrément attaquer le cerveau.
Interloquée, elle ne pouvait détacher son regard de celui d’Yvain. Un regard vide, incrédule. Auquel répondaient des iris agitées et dilatées, accompagnées d’un sourire graveleux. Oulah. Ça devenait dangereux.
Et elle ne voyait rien de l’admiration subite de Malefoy pour son visage poupin. Heureusement, d’ailleurs. Ni du regard appuyé, ému, de Drago pour Yvain. Elle ne se ressaisissait que lorsqu’ils s’échangeaient un coup d’épaule hilare.
Et se redressait, l’esprit encombré d’un grondement dépité devant la connerie humaine et la débauche qui atteignait au coeur, même les plus prometteurs d’entre eux. Les plus responsables. Mince. C’était quoi cette bande de bras cassés qui se torchaient sans honte sous le regard outragé des grands noms de la maison. D’ailleurs, les tableaux étaient désertés.
Enfin elle amorçait ce mouvement quand une poigne, imprévue, forte, la fit basculer en avant, de travers sur les deux corps masculins qui jonchaient le sol. Il lui fallut deux secondes pour réaliser qu’elle était allongée sur Drago Malefoy - qui s’écriait comme un barde saoûl - et Yvain Gallant. Elle ne réagit pas tout de suite, évidemment.
Pour se relever, elle devrait appuyer ses mains sur le torse d’Yvain. Eviter d’écraser les boyaux de Malefoy avec ses genoux.

Par Morgane ce que c’était inconvenant ! Elle fit le plus vite possible, les joues plus rouges que jamais et, une fois debout, les contempla, le temps de replacer les mèches échappées derrière ses oreilles, de remettre en place sa robe de laine fine. Un éclair terrifié passa dans ses pupilles, dirigées vers Yvain.

Puis elle se détourna vivement. C’était n’importe quoi. Il fallait vraiment qu’elle trouve Aston. Parcourant la salle du regard, elle finit par distinguer sa silhouette derrière le buffet, une bièreaubeurre à la main. Un sourire narquois bien ancré sur ses lèvres. Elle l’approcha sans le regarder directement, bien trop honteuse, humiliée. Elle se servit une autre bière et d’une voix sourde lâcha simplement qu’il n’y avait rien à commenter. Son ami partit d’un rire et lui fit remarquer que, quand même, ça ne lui ressemblait pas. Qu’elle était, finalement, bien dévergondée.
Bien sûr, elle lui lança un regard noir pour toute réponse. Et puis, ils se mirent à parler d’autre chose.

De temps à autre, les grands yeux pâles d’Harmony cherchaient ceux d’Yvain. A la réflexion, elle n’était même plus sûre de savoir ce qui était le plus incroyable, entre l’hallucination qu’elle avait subi et ce qui venait de se passer.

09/04/2015

Blaise, Sacré Blaise, n’importe quelle situation et il ne changeait pas. Il avait ce don pour irriter les gens. Et ce qui, d’ordinaire, aurait valu une réplique cinglante de la belle brune, ne fit que l’effet d’un long soupir et d’un haussement des yeux au ciel lorsqu’il s’empara de la pipe du jeune Malefoy. Mais que foutait-elle avec eux ? Sérieusement. La Angel d’il y a à peine deux semaines, aurait piqué une crise devant ce comportement insolent de ces jeunes hommes. Mais là, elle était blasée. C’est tout. Fatiguée de tout ça. Elle n’aurait jamais dû descendre ce soir. Même à un enterrement on pourrait s’amuser plus que là.

Et puis merde ! Ce soir, la conscience, on l’enfermait dans un coin, et on l’a ressortirait demain. Elle attrapa la pipe que Drago tendait, après que Blaise s’en soit servi. Elle porta l’objet à ses lèvres et tira dessus. Evidemment, comme elle s’en doutait il ne s’agissait du simple tabac. Et l’effet était imminent. Elle avait seulement prit une inspiration dessus, elle se sentit envahir d’une sensation nouvelle qu’elle ne connaissait pas vraiment. Le mal de tête incessant qu’elle avait depuis plusieurs jours disparu presque aussitôt. Elle se laissa tomber dans le fauteuil libre le plus proche. Elle tira une nouvelle fois sur la pipe avant de la tendre au prochain qui souhaitait s’en servir. La sensation qu’elle ressentait alors que de la fumée blanche sortait de sa bouche, était exactement ce dont elle avait besoin. Elle n’entendit plus qu’un bruit de fond. Elle était bien là.

Elle ouvrit malgré elle les yeux en entendant de très loin la voix de Drago qui s’était levé entre temps. Elle ne comprit pas trop ce qu’il disait, mais le voyant bouger elle compris. Il se mit à danser en plein milieu de la salle commune, invitant tout les verts et argents. Malgré les belles paroles du jeune blondinet, la jeune fille n’avait pas assez de force pour faire comme lui. Et pourtant elle avait essayé de se relever mais son corps ne voulait pas réagir. Elle ferma alors de nouveau les yeux, ne voyant absolument plus ce qui se passait autour d’elle. Plus de pensées, plus de souvenirs, plus de questions, plus rien. Sa tête était vide. Son corps ne répondait plus. Elle se laissa aller appréciant ce court moment de calme et de bien être qui lui était offert....

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Ven 13 Nov 2015 - 16:08

Le coup hilare porté contre son épaule, lui tira un léger rire alcoolisé. « Ça c’est de l’ambiance, Drago ! » Si on faisait abstraction des images franchement perverses – la petite Sharen en cuir quoi – qui traversaient à toute allure son cerveau imbibé de scotch, Yvain se sentait fichtrement bien. La musique était cool. Le sol pas trop froid – enfin, il était humide... Mais qui ne l’était pas un peu, là ? – et Harmony tellement jolie.

Un vif coup d’œil sur le côté, vers son pote, lui permit de constater sans le comprendre vraiment qu’il le fixait un peu trop. Ah. Ouais. La fumette, sans doute.

Lorsqu’il tourna de nouveau le regard vers sa blonde cadette, le septième année la vite chuter. Pire. Se faire tirer vers les corps allongés des ses aînés par le bras inconscient du fils Malefoy. Oh merde. Ses iris brumeuses trahirent une appréhension cuisante mêlée à une envie incertaine. Pas très clair. Comme le reste, d’ailleurs.

Le jeune homme resta parfaitement immobile le temps que l’adolescente se dégage, ne s’osant même plus à rire tant un réflexe insidieux lui serrait la gorge. Sérieusement. C’était dangereux. Tentant. Merde. Vite. Une distraction. N’importe quoi.

Rogue en tutu rose. Ouais, non. Vu, vu et revu. Dumbledore nu courant dans les champs. Un peu glauque celle-là. Voldemort chantant ‘i believe i can fly’ en reggae. OH ! Mec ! On tient un putain de filon ! « Je crois que je peeeeeux... Voooooleeeer... Vooooleeeeer ! »

« Peut être pas, non. » La voix dépitée d’Aylin, désormais au-dessus de lui, le tira définitivement de sa rêverie pâteuse et décadente. Bordel. Il avait perdu la notion du temps pour ne pas capter sa présence ou bien... Il hallucinait ?

Sa meilleure amie se pencha et l’obligea à se lever, le visage un brin fermé même si une lueur d’amusement y perçait avec pondération. « Vu ton état, direction le lit. » Yvain voulut protester, mais la claque retentissante – et bon enfant, évidemment – qu’elle lui asséna sur ses précieuses fesses, le fit filer jusqu’à sa chambre. L'ombre de sa brune camarade sur les talons. Plus proche d'une mère désabusée que d'une amie fêtarde.

Il avait déguerpi sans aucune protestation.

Sujet: Re: Aux douze coups, on oublie ? - LIBRE Sam 14 Nov 2015 - 17:06

Harmony, le corps allongé sur Yvain et Drago. C’était plutôt original, et c’était sponsorisé par Alcool & Fumette, Inc. Évidemment, ça ne dura pas bien longtemps puisque leur cadette — effectivement blonde, très blonde, siiiii blonde ! — se releva bien vite, l’air affreusement gênée. Rho, ça n’était rien enfin ! Juste un petit coup de folie dont ils avaient tous bien besoin. Décrocher un peu, virer le stress avec ce qu’on avait sous la main, se retrouver et s’aider les uns les autres… Vraiment, Harmony avait vraiment besoin de péter un coup.

Être un peu plus comme Yvain. Lui il était cool. Il ne se prenait pas la tête, il chantait, il dansait, il était un soleil à lui tout seul. Une étoile qui illuminait si fort autour d’elle que parfois Drago se demandait s’il n’allait pas devenir aveugle. Si chaleureux que son cadet avait peur de se brûler rien qu’en le regardant. Il y avait quelque chose chez Yvain qui résonnait, une puissance qu’il ignorait avoir, quelque chose de spécial, une étincelle.

Et une putain de voix aussi. Dans tous les cas, Drago n’était pas prêt de lui sortir tout le bien qu’il pensait de lui. Ça aurait été un peu bizarre. Au moins n’était-il pas assez défoncé pour ignorer ce détail-ci.

Mais comme d’habitude, les fêtes se terminent toujours trop tôt, et celle-ci de façon terriblement abrupte. Blaise et Daphné s’étaient éclipsés, Harmony était partie elle aussi, et Angel… C’était vraiment terrible pour elle mais Drago n’y pensait même plus. Sa soirée se résumait tellement à faire n’importe quoi avec Yvain que lorsqu’Aylin débarqua pour lui dire d’aller se coucher, il eut l’impression qu’on lui arrachait un membre.

Tel un gamin à qui on vient de piquer le jouet, Drago fit la moue, oubliant dans le même temps de souhaiter une bonne nuit — ou peu importe — à Yvain, et roula pour se remettre lui-même sur pied. La salle commune était moins peuplée que tout à l’heure, ou c’était juste une impression ? Oh et puis on s’en fout après tout ! Yvain allait se coucher ? Lui irait bien prendre une petite douche. La première douche de 1997 : en pleine nuit, et sûrement habillé vu son état lamentable.

Drago tituba jusqu’à la salle de bains du dortoir des sixième année, évidemment vide, et vira ses fringues sans vraiment faire attention à leur point de chute. Alors, douche, ou bain ? Un bain c’était cool. Il se fit donc couler un bain, et y dormit peut-être une ou deux heures. C’est en se réveillant dans l’eau froide qu’il se dit que peut-être ce serait pas une si mauvaise idée d’aller se coucher. Ce qu’il fit, en slip et à moitié séché.

Ah, ces Serpentards…