Courir après le temps [1er post reserve a amaranthe puis libre]

Il s’était écoulé quinze jours depuis la fameuse soirée qui avait tournée au désastre près de la rivière. Bentley n’avait eu de cesse de repenser au déroulement de la soirée qui avait pourtant bien commencée mais qui s’était terminé de la manière la plus inattendue qu’il soit. Le jeune homme s’était finalement retrouvé à raccompagner une jeune femme jusqu’au château avec l’aide d’Anna, une étudiante de l’académie, tandis qu’Amaranthe avait disparu avec un dénommé Flutis laissant l’ancien serpentard sans un mot derrière elle.

En rentrant dans sa chambre il avait fallu de longues minutes à Bentley pour tenter de penser à autre chose qu’à Amaranthe avec cet autre homme. Des tas d’image lui venait à l’esprit le torturant avec acharnement et il sentait la colère couler dans ses veines. A bout de nerfs il avait alors rejoins sa partenaire « de jeux » de ces dernières semaines pensant que le sexe serait un bon moyen de décompresser et de se débarrasser de la tension qui l’envahissait. Ce fut le cas pendant l’acte et les cinq minutes qui suivirent l’exultation mais très rapidement il se remit à penser à Amaranthe et à ce qu’elle pouvait bien faire avec ce portugais. Ces pensées ne le quittèrent que rarement par la suite.

Les jours suivant il n’arriva pas à se défaire de sa contrariété et était d’une humeur massacrante. Le pire était qu’il ne pouvait en parler à quiconque puisque Nathanaël avait disparu lui aussi depuis quelques temps. Il était censé être allé voir sa famille quelques jours mais Bentley n’avait plus de nouvelle. Ce qui commençait d’ailleurs à l’inquiéter. Jamais les deux amis n’étaient restés sans se donner de nouvelles aussi longtemps et l’abraxan songeait sérieusement à se rendre chez la famille de Nate pour voir de quoi il en retournait.

Aujourd’hui, après ses cours de la journée, Bentley s’était rendu à la bibliothèque. Il voulait avancer dans le projet de botanique du professeur Fitzsimmons et espérait trouver des réponses dans les nombreux livres traitant du sujet dans la grande bibliothèque d’Haveirson. Il avait trouvé une table à l’écart et s’était joyeusement étalé dessus. Livres, parchemins et plumes recouvraient la table en bois sculpté où trônait une lampe à huile qui éclairait le tout.

Assis à sa table il examinait avec attention un livre intitulé « Introduction à la relativité du temps ». Il n’était pas certain du comprendre grand-chose mais il devait trouver un moyen d’accélérer le temps dans la bulle qu’il avait récréer pour L’illma. Il voulait trouver de quelle manière cette fleur s’y prenait pour se reproduire sans l’aide de l’être humain ou celle des insectes mais il ne pouvait se permettre d’attendre toute une année pour que cette dernière se décide enfin à révéler ses secrets. Aussi espérait il qu’il pourrait trouver un moyen de l’amener à maturité plus rapidement. C’était d’ailleurs une idée qu’Amaranthe lui avait soufflée. Restait à trouver la méthode adéquate.

17/03/2015

Après sa querelle avec Flutis à la soirée, elle était retournée à la soirée pour retrouver Bentley mais il était parti. Il ne restait plus que Dean et Jessica et ils étaient en pleine discussion alors elle avait préféré s’éclipser sans se faire remarquer.

Elle était retournée dans sa chambre et elle était déçue de ne pas l'avoir retrouvé car elle aurait bien aimé poursuivre leur discussion. En même temps, tout était de sa faute, elle avait parlé longtemps avec son coéquipier de quête.
Elle savait qu'il allait lui en vouloir de l'avoir abandonné alors qu'il détestait ce genre de festivités.
Elle avait encore agi de manière impulsive et qu'est-ce qu'elle avait récolté ? Et bien, juste un sentiment de culpabilité qui avait fait taire sa colère à l'encontre de Flutis.

Le lendemain, elle était partie en mission et elle en était revenue fatiguée et blessée et avec une cicatrice qui ne disparaîtrait jamais.
Et quinze jours s'étaient écoulés depuis son départ. Pendant son périple, ses nuits avaient été tourmentées par Bentley et Flutis. La journée, elle réussissait à rester sur ses gardes et à canaliser ses pensées.

Après sa rencontre avec Jessica dans la salle de musique, elle remonta dans sa chambre déposer son violon. Elle se dit que si elle ne voulait pas se priver des festivités de Noël, elle ferait mieux de se rendre à la bibliothèque pour commencer ses recherches et ses révisions sur l'art de la traduction et de l'écriture.

Elle attrapa sa besace et elle y rangea des parchemins vierges, une plume et le grimoire sur la magie des éléments que son amie Estrella lui avait offert. Elle était plus motivée par ses recherches sur le professeur Xi que par ses cours. Et elle avait promis à Silène de se renseigner même si elle doutait d'y trouver un recueil évoquant cette magie chinoise.

Elle portait quotidiennement le collier que lui avait offert la belle Dame de l'Eau et celui-ci était sous son pull à col roulé en laine émeraude à l’abri des regards. Elle portait une jupe courte noire, des collants opaques et des bottes à talons hauts. Elle hésita à se faire un chignon et finalement, elle laissa sa longue chevelure rousse détachée.

Quand elle arriva dans l'antre de la connaissance d'Haveirson, elle embrassa la pièce des yeux et son regard noisette s'arrêta sur Bentley qui étudiait des grimoires.
Elle hésitait à aller le voir car elle appréhendait sa réaction. Deux semaines s'étant écoulées, sa colère devait être un lointain souvenir.
Elle se dirigea vers sa table et quand elle arriva à côté de lui, elle dit simplement :

- Bonsoir Bentley, comment vas-tu ?

Bentley tournait machinalement les pages du livre. Il avait du mal à comprendre tout ce qui était écrit. Il y avait bien trop d’information pour arriver à faire le tri dans tout cela. Il aurait été trop simple de trouver une formule toute faite pensa-t-il. Jouer avec le temps était extrêmement dangereux. Bon nombre de sorciers s’étaient essayés à cette pratique, les résultats eux avaient été…désastreux.
Malgré la difficulté l’envie de gagner était plus forte que tout et Bentley était prêt à prendre des risques, certes mesurés, quitte à faire une expérience malheureuse. La seule chose qui le préoccupait était de ne pas blesser la plante ou de trop la brusquer. Le monde végétal était parfois très fragile ce qui était totalement paradoxal quand on voyait à quel point la nature pouvait prendre le dessus en toute circonstance.

Alors qu’il tentait de déchiffrer une formule à laquelle il ne comprenait strictement rien, il entendit une voix qu’il pouvait reconnaitre entre toute. Ses sourcils se froncèrent légèrement et ses yeux parcoururent la jeune rouquine en face de lui des pieds à la tête avec une légère froideur.

- Bonsoir Amaranthe. Répondit il simplement.

Sa voix neutre et sans aucune émotion contrastait avec la dureté de son regard lorsqu’il le posa sur le visage de la jeune femme. Cela faisait 15 jours qu’il ne l’avait pas vu, ni même eu de ses nouvelles. C’était comme si elle avait purement et simplement disparue de l’académie pendant tout ce temps. Il n’avait pas cherché non plus à la croiser, trop en colère pour cela même si il ne savait pas contre qui il était le plus en colère. Contre Amaranthe qui dans le fonds était libre de faire ce qu’elle voulait ou contre lui-même pour ne pouvoir s’empêcher de ressentir ce qu’il ressentait à chaque pensée pour elle.

- Je vais parfaitement bien merci de t’en soucier. Ajouta-t-il d’un ton sarcastique avant de reporter son regard sur son livre n’accordant pas davantage d’attention à la rouquine.

Il ne pouvait la regarder plus longtemps. Son être était partagé entre la rancœur qu’il éprouvait suite au comportement qu’elle avait eu pendant la soirée et au silence qui avait suivi mais il ne pouvait empêcher son cœur de s’affoler à la vue de son si joli visage. Il tentait de garder le contrôle de ses sentiments ce qui n’était pas toujours choses facile.

17/03/2015

Amaranthe savait que Bentley ne l’accueillerait pas les bras ouverts. Elle comprit qu'il allait lui faire payer son indélicatesse de la soirée quand elle croisa son regard. Elle y lit sa froideur et celle-ci contrastait avec le ton de sa voix.

Elle se sentit mal à l'aise mais en même temps, elle n'avait rien fait de mal. Il n'était pas son cavalier à cette soirée et seul le hasard les avait mis en présence. Elle était libre de discuter ou de se quereller avec qui elle voulait. Elle avait apprécié leur discussion mais oubliait-il qu'il lui avait promis qu'ils essayeraient d'être amis ?

A son tour, elle fronça les sourcils quand elle entendit ses autres paroles. Elle avait regretté de ne pas lui avoir dit au revoir avant son départ.
Elle avait beaucoup pensé à lui durant les nombreuses nuits qu'elle avait passé dans la Selva avec les deux frères.
Elle s'était interrogée si une relation amicale était possible entre eux et si elle pourrait supporter de le voir avec une autre. Et cette longue réflexion ne lui avait été d'aucun secours. Elle ignorait si elle pourrait de se comporter avec lui comme une simple amie.

Et il reporta son attention sur son grimoire et elle sut qu'il ne supportait même pas de la regarder comme si elle était une bouse de dragon.
Elle sentit la colère l'envahir devant sa réaction disproportionnée. Elle ne pouvait pas la laisser s'exprimer dans ce lieu où le silence était de mise.

Elle décida de s'asseoir sur la chaise qui était en face de la sienne. Elle retira sa besace et elle la posa par terre.
Elle essaya de canaliser son ressentiment et elle finit par lui dire d'une voix neutre où une petit pointe d'agacement était tout de même présente :

- Bentley, je suis retournée à la soirée pour continuer notre discussion mais tu étais parti. Je ne m'excuserais pas de t'avoir laissé pendant ce moment. Donc si tu as des griefs à mon encontre, exprime-les.

Ses yeux noisettes exprimaient un mélange d'incompréhension et d'indignation. Et il pouvait deviner sa fatigue à ses cernes qu'elle n'avait pas cachée avec un artifice de coquetterie féminine. Il devait ignorer son départ de Haveirson et même si il s'en était aperçu, il ne lui avait envoyé aucune missive.

Bentley gardait les yeux sur son livre et ne lui accorda pas un regard alors qu’elle prenait place en face de lui. Il se contentait de continuer à lire son ouvrage même si pour le coup les mots, bien qu’écrit convenablement, n’avaient plus aucun sens pour lui. Tout son être était tourné vers la jeune rouquine en face de lui, ce qui l’énervait d’autant plus. Pourquoi n’arrivait il pas à se défaire de ses sentiments envers elle ? Pourquoi se sentait-il toujours comme un adolescent à Poudlard lorsqu’elle était là ? Il faudrait qu’il apprenne à se détacher ou cela finirait par lui causer plus de mal qu’autre chose.

Bien que la voix d’Amaranthe tenta d’être posée il remarqua immédiatement l’agacement dans son timbre. Ainsi donc elle avait espéré qu'il reste gentiment sur place comme un toutou attendant sa maitresse en bas d’un immeuble. Les années étaient passées et il fallait croire qu’elle ne le connaissait plus aussi bien qu’à l’époque pour avoir cru qu’il resterait gentiment sur place pendant qu’elle se faisait draguer à l’abri des regards.

- Je n’attends rien de toi Amaranthe pas même des excuses. Tu es libre de faire ce que tu veux et je ne t’en ai jamais empêché il me semble. Répondit il en tournant machinalement la page de son livre. Quant aux éventuels griefs que je pourrais avoir je ne vois pas l’utilité d’en discuter. J’ai horreur de perdre mon temps.

Il ne voyait pas l'intérêt de discuter de ce qu'il s'était passé d'autant plus qu'il ne savait pas contre qui il en avait le plus. Elle ou lui même. Jamais il n’avait cherché à brider la jeune femme. Au contraire déjà à l’époque de Poudlard il l’encourageait dans tout ce qu’elle désirait entreprendre. Il entrevoyait déjà la femme qu’elle pouvait devenir et n’avait aucune envie d’être celui qui la freinerait. Il aimait sa fougue et l’énergie qu’elle déployait dans toutes ses démarches. Mais en repensant à cette soirée il avait pris conscience qu'Amaranthe n'était plus la jeune fille de Poudlard. Elle avait changé et il ne pouvait désormais plus prédire son comportement. Dans le fonds il courait derrière un souvenir.

A la suite de ses paroles il releva la tête et regarda la jeune femme en face de lui avec attention. Ses sourcils se froncèrent légèrement en détaillant son visage ce qu’il n’avait pas fait jusqu’alors. Elle avait l’air…épuisée. Son visage était marqué et même si elle était encore très jolie on pouvait deviner qu’elle avait vécu des jours difficile ou en tout cas sans sommeil.

Il ne l’avait jamais vu dans cet état. En réfléchissant bien il commençait à se poser des questions. Qu’avait elle fait pendant tous ces jours ? Bentley pensait qu’elle avait simplement passé son temps avec le bellâtre brun surement planqués quelque part. Après tout c’était exactement ce qu’ils avaient fait lors de leur dernière année à Poudlard. Ils avaient passés tout leur temps planqués pour vivre leur relation, rusant pour ne pas se faire découvrir de leurs amis. Mais en la voyant maintenant il n’était plus si certain de sa théorie et se demandait ce qu’il s’était passé.

- Tu as l’air…très fatiguée.

17/03/2015

Amaranthe l'observait avec attention tandis qu'il refusait de croiser son regard. Et son regard noisette ne pouvait s'empêchait de caresser ce visage qu'elle avait tant aimé. Et son cœur battait plus fort quand elle se rappelait à quel point elle avait adoré le couvrir de tendres baisers. A croire que ses lèvres étaient faîtes pour les siennes. Baliverne, elle n'avait été qu'une conquête de plus et peut-être avait-elle réussi à l'amuser plus longtemps que les autres ?

Quand elle prononça ses paroles, elle savait qu'il n'allait pas apprécier. Il avait toujours été libre et il avait toujours fait ce qu'il voulait. Elle aimait son indépendance et sa force de caractère. Il était aussi passionné qu'elle l'était. Et elle adorait quand il lui expliquait une nouvelle potion, ses yeux azurs s'illuminaient comme ceux d'un enfant le matin de Noël.

Et quand il finit par riposter toujours sans daigner la regarder, elle sentit un poignard se planter dans son cœur. "Il n'attendait plus rien d'elle" pensa-t'elle. Alors pourquoi l'avait-il rattrapé à la sortie du cours de botanique ? Elle était vraiment sotte de s'être torturée au lieu de dormir pendant sa mission. Elle n'avait jamais réussi à récupérer les forces nécessaires aux épreuves qu'elle avait subi.

Elle souffrait autant que Quinlan mais elle essayait de le cacher aux deux frangins pour ne pas qu'ils puissent penser qu'elle était une jeune femme émotive.
Et lui, il ne voulait rien de leur retrouvaille. "Oh maudit destin, pourquoi a-t-il fallu que je me retrouve à nouveau jugée par ce jeune homme ? Subir de nouvelles souffrances alors que j'avais tout fait pour enterrer cette relation passée." pensa t'elle écœurée de la tournure que prenait cette histoire.

Elle ne pleurerait pas, elle avait déjà assez versé de larmes à cause de lui. Elle ravala celles qui menaçaient de s'échapper en repensant à sa cruauté lors de leur rupture. Elle n'était plus cette jeune fille et elle refusait de le redevenir.

Elle ferma brièvement les yeux pour reprendre le contrôle et calmer les battements de son cœur meurtri.
Elle répondit simplement et son regard se perdit dans la contemplation de l'étagère derrière lui :

- Je vois...

Elle s'était encore une fois fourvoyée avec lui. Elle ne comprendrait jamais la gente masculine. Elle devrait peut-être se faire une raison et abandonner. Et pourtant sa mère était si heureuse avec son beau-père. L'amour illuminait leur vie.
Tout ce qu'elle voulait, c'était de la sincérité et elle ne récoltait que de la violence et de la tristesse.

Il finit par relever les yeux et son regard azur détailla son visage. Sa main droite qui était posée sur son genou se crispa sur le tissus de sa jupe. Elle se demandait pourquoi elle s'était assise en face de lui. Et ses jambes refusaient de la porter pour qu'elle s'éloigna de lui pour ne plus jamais le côtoyer.

Elle eut un pâle sourire à sa remarque avant de masser sa tempe gauche.

- Oui et toi en pleine forme. Comme ma présence te gêne, je vais poursuivre mes recherches.

Elle attrapa sa besace avant de se lever avec difficulté. Elle n'avait pas encore pris son remède et sa cicatrice la faisait souffrir.
Elle se rattrapa à la table et baissa la tête. Sa chevelure feu protégeait son visage du regard inquisiteur de l'ancien serpentard. Et ses lèvres désobéissantes laissèrent cette petite phrase s'échapper dans un murmure à peine audible :

- Tu m'as manqué, Ben...

Le pâle sourire d’Amranthe et son attitude confirmèrent que quelque chose s’était passé. Alors que ce qu’il voulait quelques secondes auparavant était qu’elle s’en aille, il ne désirait plus qu’une chose à présent qu’elle reste et lui explique ce qu’elle avait. La voir dans cet état l’inquiétait fortement. C’était un sentiment qu’il ne pouvait réprimer. Il avait beau vouloir se détacher d’elle et de ce qu’il ressentait il ne parvenait pas à être totalement indifférent. Le serait-il même un jour ? Lorsqu’elle se leva avec difficulté et se raccrocha à la table il se leva d’un bond prêt à la soutenir mais il s’osa pas la toucher. Il hésitait ne sachant pas si la prendre dans ses bras étaient une bonne idée vu la tournure que prenait leur « relation ». Le rapprochement physique n’était-il pas prohibé ? La dernière fois qu’ils en avaient parlé elle lui avait fait comprendre qu’il devait garder ses distances.

Ce n’est que lorsqu’elle murmura cette petite phrase en l’appelant par son diminutif que toutes les barrières tombèrent d’un seul coup. N’écoutant plus rien d’autre que son cœur il s’avança vers la rouquine et passa ses bras autour de ses épaules avant de la serrer tendrement contre lui comme pour la protéger. Le visage d’Amaranthe contre son torse il pencha la tête en avant et enfoui son visage dans ses cheveux couleurs feu.

- Excuse-moi Amy, ne t’en vas pas. Murmura-t-il à son oreille. Je suis un idiot par moment, tu le sais bien…

N’était-il pas un idiot pour l’avoir laissé partir il y a 3 ans ? A cet instant il regrettait amèrement tout ce qu’il avait pu lui dire quelques minutes auparavant. Il avait fait ce qu’il faisait toujours quand il sentait une situation lui échapper. Il s’éloignait volontairement quitte à blesser la personne en face de lui. Tenir Amaranthe contre lui était une chose qu’il avait espéré si longtemps. Mille fois depuis qu’il l’avait aperçu au cours de botanique il avait désiré la tenir dans ses bras se remémorant sans cesse leurs étreintes passées. Bentley sentait son cœur se gonfler d’un mélange de bonheur et d’appréhension. Il savait que ce moment de plaisir prendrait fin, que ce ne serais qu’un instant volé dans le temps et que la réalité reprendrait place rapidement. Elle n’était plus à lui et ne le serais peut-être plus jamais. L’ombre de Jones planerait toujours au-dessus d’eux mais peut-être qu’il se faisait des idées sur leur relation également. Malgré ces pensées il tentait tout de même de profiter de l’instant présent et ne desserrais pas son étreinte autour de la jeune femme. Sa vulnérabilité apparente renforçait son désir de la protéger et les sentiments amoureux qu’il avait pour elle.

- Qu’es ce qui se passe ? Où es ce que tu étais ces derniers jours ? Je ne t’ai vu nul part, je pensais que tu était avec ce…enfin peu importe. Qu’es ce qui t’es arrivé ? Il est clair que tu n’es pas dans ton état normal, il s’est passé quelque chose. Demanda-t-il à voix basse pour ne pas troubler le calme relatif de la bibliothèque.

Il voulait savoir qu’es ce qui l’avait mise dans cet état. Pourquoi elle avait l’air si lasse et à bout de force. Ce n’était certainement pas ses cours qui l’épuisait autant. D’accord ils avaient passé le niveau supérieur en venant à l’université mais de là à se retrouver dans un état de loque ce n’était pas possible. Sans la lâcher il redressa son visage pour regarder la jeune femme, tenter de lire dans son regard un début de réponse.

17/03/2015

Amaranthe restait sans bouger la tête baissée. Elle n’espérait plus rien de Bentley. Il lui avait bien fait comprendre qu’elle n’avait jamais eu aucune importance pour elle.
Et pourtant, elle l’entendit se lever après son murmure et elle entendit ses pas. Et il la rejoignit et son bras vient se poser sur ses épaules pour mieux l’attirer vers lui.
Son visage se retrouva contre son torse et instinctivement, ses deux bras remontèrent doucement dans son dos pour l’étreindre tendrement.

Son parfum qui lui était familier la rassura et elle était juste bien à l’abri. Comme si ces trois longues années n’avaient jamais eu lieu. Elle se sentait enfin à sa place. Son cœur se mit à chanter un air qui lui était familier et qu’elle ne réussissait pas à faire taire.
Et il enfoui son visage dans sa chevelure rousse comme il avait l’habitude de le faire à Poudlard quand ils se retrouvaient dans la salle sur demande. Comme si ils étaient seuls au monde alors qu’ils étaient dans un lieu où les étudiants studieux passaient leur temps.
« Ne t’en vas pas » était la phrase qu’elle aurait aimé avoir le courage de dire au moment de leur rupture mais sa gorge serrée n’avait pas permis à ses lèvres de la prononcer. Elle était étonnée par son aveu, lui qui semblait toujours maître de lui et de ses émotions.

Elle murmura :

- Oui, je sais…

Il avait gâché leur histoire et son premier amour n’avait été que souffrances et incompréhensions. Elle n’avait jamais eu d’explication sur son revirement de comportement mais elle n’était pas en état de lui poser des questions.
Elle voulait juste profiter de cette étreinte et elle savait qu’elle ne devrait pas se laisser aller ainsi avec lui et au contraire y mettre un terme. Mais elle ne trouvait pas la force de le repousser et de lui dire qu’ils ne devraient pas. Elle avait à nouveau seize ans et elle se laissait enivrer par son odeur et sa présence.

Elle l’écouta et elle savait qu’elle ne pourrait pas répondre à ses interrogations. Elle était tenue au secret. Un phrase l’a fit tiquer. Il pensait qu’elle était avec ? S’était-il imaginé qu’elle avait passé ces quinze jours avec Flutis ? Serait-il jaloux ?
Elle sentit sa main se glisser sous son menton et que celle-ci relevait doucement son visage vers lui.
Ses yeux noisettes se noyèrent dans ceux azurs de son « Ben ».

Elle finit par lui répondre dans un souffle :

- Ne t’inquiète pas, je vais mieux depuis que je suis revenue ici…

« Et que je me retrouve dans tes bras » pensa-t-elle troublée par ce rapprochement inattendu. Il faisait partie d’elle et elle ne pourrait jamais l’évincer de sa vie. Elle avait essayé pendant tous ces mois qu’elle avait passé à Salem et dans la Selva.
Elle qui avait cru qu’elle avait tourné la page, se rendait compte qu’il hanterait toujours ses pensées et un espoir insensé lui faisait croire qu’il tenait à elle, lui aussi. Devait-elle le faire taire ? Elle ne savait plus. Devait-elle écouter sa raison pour ne plus souffrir ? Plein de questions venaient se bousculer dans sa tête. Et son regard trahissait son son trouble.

Bentley la regardait avec attention. Il lisait dans son regard qu’une guerre se jouait à l’intérieur d’elle-même mais il n’en comprenait pas les tenants et aboutissants. C’était comme si elle aurait aimé répondre à sa question mais qu’elle ne le pouvait pas. Elle confirmait néanmoins qu’elle avait été absente ces derniers jours par sa simple phrase. Mais cette petite déclaration ne faisait qu’attiser la curiosité de l’ancien serpentard qui se demandait bien ce qu’elle avait fait et où elle était allée.

Quoiqu’il en était Bentley ne relâchait pas son étreinte autour de la jeune femme. Il n’avait aucune envie de mettre fin à ce rapprochement et souhaitait la garder aussi longtemps que possible contre lui. Son regard plongé dans celui de la rouquine il avait l’impression que le temps s’était arrêté pour remonter en arrière à une époque où il avait eu tout le loisir de se perdre dans ses yeux.
Depuis qu’il l’avait vu à l’académie il avait essayé de remettre de l’ordre dans ses pensées et ses sentiments. Au cours de ces dernières années il avait fréquenté d’autres femmes mais aucune d’entre elles n’avaient réussis à effacer la serdaigle de son esprit. Il s’était persuadé que cela passerait et avec le temps il avait même réussis à mettre de la distance dans ce qu’il ressentait sans vouloir clairement se l’avouer. A présent il devait se rendre à l’évidence. Il ne l’avait jamais oublié et les sentiments qu’il avait si longtemps réprimés ressortaient sans qu’il ne puisse y faire quoique soit à chaque fois qu’elle était devant lui. En cet instant il n’essayait même plus de les retenir et même si il n’était pas encore prêt à y faire face et encore moins à le lui avouer, il espérait qu’elle saurait les entrevoir.

Sa main posée sous le menton d’Amaranthe glissa sur le côté pour venir caresser le visage de la jeune femme. Un tendre sourire apparu sur son visage tandis qu’il la contemplait. Il l’a trouvait tellement belle et une irrépressible envie de l’embrasser dû à leur proximité intime commençait à le chatouiller. Il aurait pu le faire. L’endroit où ils se trouvaient était plutôt isolés et pour les voir les autres étudiants auraient vraiment dû le vouloir en prenant le risque de se faire un torticolis. Bien sur rien ne disait que l’un d’entre eux n’ait pas besoin d’un livre dans le secteur où ils se trouvaient et là ils auraient l’air fin si on les surprenait en plein bouche à bouche… Ils avaient mis tant d’ardeur à protéger leur relation passée mais peut-être était-ce aussi là un des problèmes : a trop vivre dans l’ombre, la réalité n’avait pas de la même couleur et les choses étaient différente sous sa lumière crue.

- Où es ce que tu étais ? Insista-t-il doucement préférant refreiner ses ardeurs, du moins pour le moment. Peut-être pouvait-elle au moins lui dire où elle avait été crapahuté pour être aussi épuisée même si elle ne donnait pas tous les détails. Mais avait-elle encore assez confiance en lui pour lui en parler ? C’était une question qui ne tarderait pas à trouver une réponse.

17/03/2015

Le regard d'Amaranthe ne quittait pas celui de Ben. Elle eut l'impression de revivre leur soirée du Nouvel An et elle ne put s'empêcher de rougir. Comme elle avait été heureuse et il lui avait fait vivre la belle plus soirée de sa vie. Il fallait être honnête, la plus inoubliable eut lieu quelques mois plus tard.

Son regard glissa jusqu'à sa bouche. Elle se souvenait du goût de ses baisers.
Et malgré elle, elle trembla d'émotion et ces souvenirs inavouables en étaient la cause. "Il y avait de la religion dans ses baisers" comme l'avait si bien dit Juliette à son Roméo. Et la fin de leur histoire fut encore plus tragique que la leur. Même si elle signifiait le début d'une autre immortelle où leur amour avait permis la réconciliation de deux familles ennemies.

Il n'y avait que lui pour la rendre si romantique et lui donner envie d'aimer et de s'abandonner à nouveau. Le devait-elle ? Il lui aurait été si facile de mettre de côté ses doutes et de profiter de ce moment. Sa raison lui disait qu'elle ne pourrait jamais plus avoir confiance en lui et que ses paroles n'étaient que des belles paroles de séducteurs. Elle aurait certainement mis fin à leur étreinte si elle avait eu lieu avant la mission au Pérou.
Grâce à celle-ci, elle avait compris qu'elle n'avait qu'une vie et qu'il fallait qu'elle la vive sans se cacher derrière des peurs qui la paralyseraient et feraient d'elle une spectatrice.

Ses yeux noisettes quittèrent à regret ses lèvres et ils remontèrent lentement vers les miroirs de son âme. Ils furent à nouveau emprisonnés par son regard azur. Et ils commencèrent une danse silencieuse où elle ne pouvait plus cacher les émotions qu'il lui faisait ressentir.
Elle avait oublié qu'ils étaient dans l'antre de la connaissance du Professeur Xi et que n'importe quel étudiant ou invocation pourrait briser leur intimité.

Et la main de l'Abraxan remonta doucement et vint caresser sa joue tendrement. Et le sourire qu'il lui offrit était si différent de celui d'un coureur de jupons. Elle ressentit un malaise car Flutis avait eu le même geste à son égard et elle s'en voulait d'avoir échangé ce baiser avec lui. Elle savait que leur rapprochement était du à un stratagème magique. Mais si jamais il l'apprenait de la même façon que Dean l'avait appris à la soirée, elle mourrait de honte.

Elle n'avait rien fait de mal mais le prendrait-il ainsi ? Et elle l'avait abandonné pour rejoindre le Sinistros ce soir-là. Il ne la croirait jamais et la jugerait. Et plus jamais, il ne lui offrirait un tel regard, un tel sourire et une telle étreinte. Son âme d'aventurière allait-elle tout gâcher ?

Que connaissait-elle de sa vie à Haveirson, après tout ? Peut-être avait-il flirté avec d'autres et même fait pire ? Rien que de l'imaginer ayant des étreintes sensuelles, elle sentit son cœur se briser.

Son regard lui offrait un mélange de tendresse et d'inquiétude à l'idée qu'elle ne fusse pas la seule à qui il offrait des attentions. Elle voulait croire à sa sincérité alors elle chassa sa méfiance.

Et il posa la question qu'il ne fallait pas poser et qui lui fit détourner les yeux gênée.
Elle répondit dans un murmure :

- Ben, je ne peux pas te répondre. Pardonne-moi mais j'ai fait une promesse. La seule chose que je peux te dire est que je n'ai rien fait de mal.

Elle savait que sa réponse n'allait pas lui plaire mais il connaissait sa droiture et l'importance de sa parole quand elle la donnait. Et cette quête était confidentielle. Seul l'ordre pouvait connaître les teneurs et les aboutissement de celle-ci.
Elle se mordilla les lèvres mal à l'aise mais avait-elle le choix ? Elle n'osait plus le regarder.

L’attitude gênée de la rouquine l’étonnait. Que cachait-elle de si terrible pour ne pas pouvoir lui en parler ? Elle avait fait une promesse…mais à qui ? Amaranthe lui assura n’avoir rien fait de mal même si elle ne pouvait parler de ce qu’il s’était passé. Bentley n’y comprenait rien mais voyait bien qu’elle ne dirait pas un mot sur ce qu’elle avait fait ces derniers jours. Etait-il donc nécessaire d’insister au risque de se fâcher ? Il n’en avait aucune envie. Pas maintenant, pas alors qu’ils étaient plus proche que jamais depuis qu’ils s’étaient retrouvés à l’académie. De plus il avait confiance en Amaranthe et savait qu’elle était quelqu’un de parole. Si elle ne pouvait pas lui parler de ce qu’elle avait fait, il devait y avoir une bonne raison et il n’allait pas lui mettre la pression. Lui-même avait pas mal de chose à cacher, comme sa liaison avec un des professeurs de l’académie et il n’avait aucune envie qu’elle l’apprenne. Il pouvait donc comprendre que chacun avait besoin d’un jardin secret.

- Bon d’accord. Répondit-il simplement. Si tu me dis que tu n’as rien fait de mal je te crois. Mais j’ai plus l’impression que c’est à toi qu’on a fait du mal que l’inverse.

Il n’était nullement fâché ou agacer juste inquiet de voir à quel point elle avait l’air vidée et épuisée. Il se disait qu’elle finirait par lui en parler d’elle-même un jour. Le jour où elle aurait de nouveau assez confiance en lui, ce qui n’était visiblement pas le cas pour l’instant mais pouvait il décemment lui en vouloir ? Il savait que non. Après l’avoir abandonné comme un vulgaire botruc à la fin de leur étude il aurait été mal avisé de lui reprocher un manque de confiance. Il savait qu’il allait devoir prendre son mal en patience.

Sa main continuait de caresser doucement la joue rebondit de la jeune femme avant de descendre dans son cou et de finir sur sa nuque. Il ne pouvait s’empêcher de la toucher. Son regard replongea dans celui de sa comparse. Il pouvait y lire de la tendresse mais également de l’appréhension. Craignait elle qu’il ne lui brise le cœur une nouvelle fois ? Pour cela il aurait d’abords fallut qu’elle le lui redonne pensa-t-il. Il lui adressa de nouveau un sourire sans la quitter du regard. Ses yeux glissèrent vers les lèvres gourmandes d’Amy et n’écoutant que son envie il pencha lentement la tête vers elle pour l’embrasser. Il n’était qu’à quelques centimètres de sa bouche lorsqu’une pensée lui traversa l’esprit. Il se stoppa net et arqua un sourcil en regardant la jeune femme dans ses bras.

- Ca a un rapport avec le comte, Haveirson et les drôles de trucs qui se passent ces derniers temps ? Se risqua-t-il à demander.

Il savait qu’Amaranthe cherchait à découvrir l’identité du propriétaire des lieux. Peut-être était ce en rapport avec ça ? Lui-même se posait énormément de question surtout depuis cette fameuse nuit où il avait éprouvé cette sensation étrange d’être observé dans le laboratoire de potion avec le professeur Xi. Il se passait indéniablement quelque chose dans cette école et de pas très net selon toute vraisemblance. Avait-elle découvert quelque chose ?

17/03/2015

Amaranthe était de nature très franche et elle détestait devoir mentir même par omission encore plus à lui car il semblait vraiment s’inquiéter pour elle. Elle avait choisi de rallier une organisation secrète et elle savait qu’il ne choisirait jamais de rejoindre les membres de l’Ordre.

Elle fut soulagée qu’il ne réitère pas sa question car de toute façon elle n’aurait pas cédé. Elle était, elle aussi, têtue comme un dragon quand elle le voulait. Elle ne rétorqua rien à ses propos à quoi bon, la douleur de sa cicatrice était éveillée. Elle était blottie dans ses bras alors la souffrance était atténuée. Elle savait qu’elle devait prendre son remède dans deux heures et qu’elle ne pouvait pas le boire avant.

Elle était étonnée qu’il ne ressente pas de l’agacement devant son refus de lui apporter une réponse. Peut-être s’était-il rendu compte qu’il risquait de briser ce moment de complicité s’il élevait la voix ou s’il lui lançait un regard courroucé ?

Elle voulait croire que la vie leur donnait une deuxième de se comprendre et de se faire confiance à nouveau. Il faudrait qu’il lui prouve qu’elle pouvait compter sur lui et elle espérait qu’il ne vive pas une double vie en contant fleurette à d’autres.

Et sa main se fit plus audacieuse, elle caressa sa joue avant de descendre doucement dans son cou et de terminer sa course délicieuse sur sa nuque. Elle sentit des frissons parcourir son corps meurtri. Et ses yeux retrouvèrent ceux azurs de son condisciple. A son tour, le regard de Ben glissa sur ses lèvres et elle sentit la panique l’envahir quand elle vit son visage s’approchait d’elle.
Allait-il l’embrasser dans ce lieu où n’importe qui pouvait les voir ? Et ce baiser signifierait quoi ? Etait-elle prête à … ?

Il reprit la parole pour lui poser une nouvelle question sur son absence. Elle ressentait un mélange de déception et de soulagement que sa bouche n’ait pas parcouru les quelques centimètres qui la séparaient de la sienne.

Elle fronça les sourcils à ses propos. Il se passait des évènements étranges à l’Académie. Elle demanda dans un souffle, son regard toujours noyé dans le sien :

- Que s’est-il passé à l’Académie ? Tu as eu des informations sur le comte ? Je me suis renseignée sur l’acte de propriété du manoir mais étrangement, l’employé du ministère n’a pas pu remettre la main dessus.

Sa curiosité était éveillée et elle était si bien dans ses bras comme si elle était à sa place. Et son odeur lui chatouillait les narines et affolait les battements de son cœur.

Bentley secoua doucement la tête en signe de négation.

- Non je n’ai pas eu d’autres informations mais il s’est passé quelque chose de…curieux on va dire. Il y a quelques jours j’étais avec le professeur Xi dans le laboratoire, il était tard et nous avons eu la nette sensation que quelqu’un nous observait depuis la porte de la salle. Le temps de nous retourner il n’y avait personne. Dit il d’un air grave.

L’ancien serpentard n’avait jamais été du genre peureux mais sur ce coup-là il devait bien avouer qu’une angoisse irrépressible s’était emparée de lui. La sensation d’observation avait si forte qu’il ne doutait pas un instant que quelque chose ou quelqu’un les avait surveillé. Il ne pouvait pas dire si l’intention était bonne ou mauvaise, encore que la manière dont son corps avait inconsciemment réagis le laissait penser que cette surveillance n’était pas tout à fait amicale. Peut être que la jeune femme le prendrait pour un fou ou un couard mais il n’en était rien.

- De plus a tu remarquer qu’un règlement était apparu ? Je trouve le timing assez étrange…

Désormais les faits et gestes des étudiants étaient contrôlés. Certains étudiants en avait fait les frais puisque selon toute vraisemblance il leur avait été reproché de se promener la nuit dans les cuisines sans autorisation. L’arrivée tardive d’un tel règlement intriguait Bentley. Pourquoi maintenant ? Pourquoi mettre des restrictions alors qu’ils étaient tous des adultes à présent. Ils n’étaient plus des enfants comme à Poudlard qu’il fallait contrôler et canaliser. La plupart des étudiants se comportaient de manière civilisés et courtoises alors pourquoi les restreindre soudainement dans leur mouvement la nuit ?

- Tout ces mystères autour du comte et de son identité sont trop épais pour être honnête si tu veux mon avis. Il va falloir faire très attention à la manière dont nous cherchons des réponses. Ce comte, qui qu’il soit, semble avoir des yeux partout alors que nous nous sommes dans le noir le plus complet.

Il regarda Amaranthe avec tendresse.

- Fais attention. Je sais que tu n’arrêteras pas de fouiller pour découvrir ce qu’il se trame alors fais juste très attention à toi. Nous ne savons pas à qui ou à quoi nous avons à faire.

Il ne voulait pas que la jeune femme se mette en danger et qu’il lui arrive quelque chose. Malgré cela il savait aussi parfaitement qu’Amaranthe ne réussirait pas à mettre de coté sa curiosité et qu’elle continuerait coûte que coûte à chercher des réponses. L’étudiant n’était pas contre, il fallait bien découvrir ce qu’il se passait et s’assurer que tous les élèves n’étaient pas dans un traquenard pour une quelconque raison. Ils auraient l’air malin si tout cela n’avait été mis en place que dans le but de se servir d’eux et de les faire plonger du côté obscur des forces magiques. Ce pouvait-il même que des mangemorts aient d’ores et déjà réussis à infiltrer l’académie ? Bentley refusait d’y songer sérieusement mais il restait dorénavant sur ses gardes. Il y avait trop de questions sans réponses et ce n’était pas normal.

- Et n’hésite pas à me demander de l’aide si tu as besoin. Ajouta-t-il avec un petit sourire espiègle.

17/03/2015

Amaranthe ne quittait pas des yeux le visage de Bentley et elle fut déçue quand il lui fit non de la tête. Et la suite de ses propos l'intriguèrent. Elle lui demanda spontanément :

- Qu'as-tu pensé du Professeur Xi ? Vous avez senti une présence ? Est-ce qu'il a réagi de la même manière que toi ?

Si le professeur avait eu peur de cette apparition. Elle pouvait en conclure que ce n'était pas une de ses invocations. Et dire qu'il en avait huit qui pouvaient se déplacer librement dans l'Académie. Silène la dame de l'eau était bienveillante et elle aimerait bien la recroiser car elle avait encore plein de questions à lui poser. Instinctivement, elle porta sa main droite sur le médaillon qu'elle lui avait offert.

Sa main gauche remonta tout doucement dans le dos du jeune homme et elle se disait que leur promiscuité pourrait en étonner plus d'un si un étudiant avait le malheur de venir dans ce rayon de la bibliothèque. N'avait-il pas peur que son meilleur ami les découvrait ainsi ?

Un règlement, elle ne l'avait pas encore vu. Elle venait de rentrer alors elle ne s'était pas encore préoccupée des nouveautés administratives :

- Je ne l'ai pas encore lu, je ne suis rentrée qu'hier. Étrange effectivement que des règles soient instaurées alors que nous sommes tous adultes. Il a interdit l’accès à certains lieux ?

Elle réfléchit à ce fameux comte et il faut dire que ses pensées avaient été intéressées par d'autres sujets au Pérou et sa promesse à Silène lui avait donné envie de faire des recherches sur les magies asiatiques.
Elle avait mis un peu de côté ses investigations sur le propriétaire de l'Académie.
Sa curiosité s'éveilla quand elle entendit les propos de son ex-petit ami et elle répliqua à voix basse :

- Crois-tu qu'il soit lié aux adeptes de "celui dont on ne doit pas prononcer le nom" ? Il se fait appeler par son titre de noblesse et un seul autre mage noir en utilise un. Ces titres sont réservés à l'élite des moldus. Qu'en penses-tu ?

Et le regard qu'il porta sur elle à cet instant la fit rougir et son cœur s'affola. Elle lui répondit d'une voix douce :

- Je vais essayer mais je ne peux pas te le promettre... Car si le propriétaire de ces lieux a de mauvaises intentions comme par exemple, créer une armée au service des mangemorts, je préfère le savoir rapidement. Pas toi ?

La rouquine préférait connaître les intentions de ce "comte" et elle se demandait si le fantôme de la soirée aurait pu lui fournir quelques informations. Encore faudrait-il qu'il ait toute sa tête ? Vu son comportement, elle en doutait fortement.
Et sa proposition la surprit car il n'était pas du genre à se mettre en chasse de mystères. Il était pragmatique et pensait avant tout à lui et à sa future carrière.
Elle répondit amusée :

- Méfie-toi Ben, je risque de te prendre aux mots. Tu te souviens de ce fantôme braillard au bord de la rivière. Vu sa tenue, il doit hanter ces lieux depuis de nombreuses années. Peut-être aurait-il des informations intéressantes à nous offrir?

L'irlandaise avait décidé qu'elle ne pourrait jamais le fuir et il possédait une esprit acéré alors il serait un allié de choix dans cette quête.
Et qui sait ce que l'avenir leurs réservait ?
Elle repensa à la Panacée du Nord et elle lui proposa :

- En échange, je pourrai t'aider sur le projet du professeur de botanique. As-tu avancé ?

Bentley repensa à l’attitude du tout nouveau professeur d’invocation. C’était un homme curieux et le jeune homme devait reconnaitre qu’il était intrigué par ce personnage. La soirée qu’ils avaient passé ensemble avait été riche en émotion et découverte et au final Bentley ne savait pas quoi penser de l’enseignant. Il était clair qu’il cachait des choses mais qui n’avait rien à cacher de nos jours ? Le fait qu’il ne parle que très peu de son enfance et de sa famille ne pouvait en aucun cas faire de lui quelqu’un de maléfique. L’abraxan était impatient de voir ce que donnerait l’un de ses cours car si il pouvait lui-même apprendre à maîtriser des invocations cela aurait sans aucun doute une utilité énorme.

- Il avait l’air aussi surpris que moi en effet. Répondit il à la rouquine. Je ne pense pas qu’il avait quelque chose avoir avec ce qu’il s’est passé. Il est un peu mystérieux mais je ne crois pas qu’il faille se méfier de lui…du moins pour le moment.

La conversation revint sur le comte et le règlement fraichement apparu. Bentley hocha la tête. Amaranthe n’avait peut-être pas tort concernant « le camp » dans lequel se trouvait le comte. Quel sorcier se faisait appeler ainsi ? Aucun hormis Voldemort qui s’était affublé du titre de Lord. Les sorciers ne possédaient pas de monarchie, ni même de hiérarchie prédéfinie. Certes les revenus de chacun déterminaient un style de vie et de fréquentation comme chez les moldus mais aucun ne détenait de titre particulier du moins pas à leur époque. Se pouvait-il que le comte d’Haveirson est obtenu son titre avant que la république moldue ne soit proclamé ? Cela impliquerait alors qu’il avait un âge très avancé ou que le titre s’était transmis de génération en génération. Mais dans ce cas pourquoi ne trouvait-on rien sur cette famille et ses possessions à travers les années ?

Amy lui répondit qu’elle essayerait de ne pas prendre trop de risque mais Bentley savait bien qu’elle n’hésiterait pas à en prendre de gros pour découvrir la vérité. Elle était aussi têtue qu’un hyppogriffe par moment. Il devrait donc se contenter de la surveiller du coin de l’œil afin d’assurer ses arrières si besoin. Il garda cette réflexion pour lui sachant qu’elle n’apprécierait pas cette surveillance sur sa personne mais il était déterminé à s’assurer qu’elle était en sécurité. Il ne voulait pas de nouveau la perdre. Malgré tout elle avait en partie raison. Si le comte travaillait pour les mangemorts il était préférable de le savoir le plus rapidement possible pour foutre le camp tout aussi rapidement.

La jeune femme souleva une question non négligeable. Le fantôme qui avait fait irruption à la fameuse soirée au bord de la rivière devait en savoir des choses, surtout s’il hantait les lieux depuis plusieurs siècles. Il avait l’air complétement fou en même temps…mais peut être devrait ils en effet tenter de l’interroger. Restait à savoir où le trouver.

- Je trouve que c’est une excellente idée. Nous devrions tenter de le trouver pour lui poser des questions. S’il est là depuis longtemps il a forcément vu et entendu des choses qui pourraient nous intéresser. Mais nous devrons être très discret, avec le nouveau règlement nous sommes obligés de prendre des précautions.

Il ne savait pas vraiment si il était possible de se faire virer de l’académie mais n’avait pas envie d’en faire les frais. Si ils devaient enquêter, ils devraient le faire dans le
feutré.

Amaranthe lui parla alors de la plante du cours de botanique et se proposa enfin de l’aider. Si il n’en fit rien voir il était soulagé qu’elle lui propose son aide car il craignait de louper une idée essentielle. Il haussa doucement les épaules avant de montrer d’un coup de menton les livres qu’il avait posés sur sa table.

- J’essaye de trouver un moyen d’accélérer légèrement le temps pour la faire s’épanouir plus vite et voir si elle se reproduit. Je pense qu’elle n’a pas besoin d’être forcément polliniser pour ça. J’ai lu que certaines plantes dans les régions hostiles se reproduisent en créant des rhizomes souterrains et je me dis que celle-là fait peut être de même.

C’était pour lui une réponse plausible. Dans le grand nord il n’y avait pas tellement d’insectes pour permettre une reproduction par pollinisation de fleur en fleur. La technique des rhizomes souterrains permettait à la plante de créer un clone à quelques centimètres voir mètres d’elle. La plante poussait donc sous terre abritée et bien plus au chaud qu’en surface le temps d’avoir la force nécessaire pour sortir à l’air libre.
Il adressa un sourire à la rouquine.

- Ton aide serait plus que bienvenue en tout cas.

Il passerait ainsi plus de temps en sa compagnie et peut être retrouveraient ils se qu’ils avaient connus autrefois. L’idée de reconquérir la jeune femme ne quittait pas son esprit même si il savait que les choses seraient compliquées et que cela prendrait du temps. Mais renoncer à Amaranthe était une chose bien trop difficile et maintenant qu’elle était dans ses bras, qu’il sentait de nouveau ses formes contre lui, il lui était impossible d’imaginer ne jamais réussir à la récupérer.