Courte discussion avant les fêtes.

Les vacances débutaient. C'était l'heure pour Megan de rentrer chez elle, et elle avait vraiment hâte. Ce n'était pas comme d'habitude ou elle faisait des allers et retours en douce dans la nuit, là, elle y aller pour quelques jours et elle en avait bien besoin, le rythme des transplanage, des cours et du décalage horaire l'ayant énormément fatiguée, surtout ses derniers temps. Elle ne prit que quelques livres, des parchemins de cours, le tout réduit afin que tout rentre dans son sac en bandoulière plus facilement transportable.

Pour rentrer chez elle, elle avait revêtu des vêtements chauds et moldus, sa famille vivant parmi eux. Elle avait troquée sa cape noire pour une doudoune beige et d'un pantalon en jean couleur marine auquel elle avait jeter un sort d'imperméabilité pour ne pas trop se les geler pour se rendre jusqu'à la zone de transplanage. Elle quitta l'école en prenant bien soin de s' emmitoufler le menton dans sa grosse écharpe en laine moldue de couleur blanche. Marchant dans la neige, elle remonta l'allée à travers le petit bois pour se rendre à Avalon ou se trouvait la zone de transplanage délimitée par les aurors. Marchant doucement, puisqu'elle s’enfonçait dans la neige, elle ne vit pas derrière elle, une silhouette se rapprochait d'elle...

Les vacances étaient enfin arrivées et il n’était rien que Clemens souhaitait plus, ces derniers jours. L’académie avait été le synonyme d’une échappatoire et d’un nouveau départ durant les premières semaines. Malheureusement, quelques mésaventures avaient fait de ce havre de paix un lieu dont il apprenait à se méfier. Entre son voyage improvisé, les attaques dans le labyrinthe, le maléfice dans les miroirs… Non, vraiment, ce château finissait de le dégoutter. Il reviendrait sans doute frais et dispos pour s’attaquer de plus belle à ses mystères, mais pas avant janvier. Là, il avait vraiment besoin de ses deux semaines de vacances dans tous les sens du terme.

L’Allemand descendit l’allée entre Haveirson et Avalon peu chargé. Il transplanait régulièrement à Londres où était encore entreposée nombreuses de ses affaires, et il avait profité de ses visites sur le Chemin de Traverse pour déjà ramener ce dont il aurait besoin durant les fêtes. Comme chaque année, il se rendrait en Allemagne avec ses parents, de la manière la plus strictement moldue. Son père n’avait que rarement l’occasion d’utiliser leur voiture, si peu pratique dans la capitale anglaise. Alors, chaque année, il se faisait une pure joie d’emmener sa petite famille en ferry et puis à travers la campagne germanique jusqu’à Heidelberg. Enfant, Clemens s’en était agacé, maintenant, il trouvait une certaine poésie à cette étrange traversée.

Enveloppé dans une longue cape de laine grise par dessus ses vêtements moldus, il était tellement plongé dans ses pensées qu’il mit plusieurs minutes avant de réaliser qu’il n’était pas seul. A quelques mètres devant lui, une silhouette gracile progressait avec une certaine difficulté dans la neige épaisse. Clemens suivit la jeune femme en silence sur quelques pas avant qu’un coup de vent ne fasse voler une mèche blonde. Là, enfin, il la reconnut.

“Megan !”

Le Sinistros la rejoint en quelques enjambées malhabiles, lui aussi gêné par l’épaisseur de la poudreuse. Arrivé à sa hauteur, il lui adressa un sourire amical. Ils s’étaient à peine croisés dans un couloir depuis qu’elle avait accepté son invitation pour le nouvel an. Il avait juste trouvé le temps de lui souffler l’adresse exacte de la fête avant qu’ils ne courent tous deux à leur dernier cours. Clemens n’avait pas vu l’intérêt de répondre par écrit à une lettre, dont le contenu valait mieux être discuté. Le chemin jusqu’à la zone de transplanage n’était certes plus très loin, mais il devrait suffire pour une courte discussion.

“Désolé de ne pas avoir répondu à ton dernier courrier, mais je voulais te le dire de vive voix. Ne t’inquiète pas pour le labyrinthe, tu ne pouvais pas savoir. Et puis je m’en serais voulu de te laisser t’aventurer là-dedans toute seule”.

Son prénom, elle cru d'abord l'avoir imaginé. Le vent lui fouettait le visage et malgré la capuche, un peu les oreilles. Ce n'est que lorsque des bruits derrière elle lui parvinrent jusqu'aux oreilles qu'elle se retourna, aussitôt sous ses gardes. Heureusement, ce n'était que Clemens soulagée, Megan l'attendit afin qu'il franchisse les derniers mètres qui la séparait d'elle. Elle lui rendit son sourire, mais contrairement au sien qui était plutôt amical, le sien était un peu crispé, il fallait l'avouer. Elle n'avait pas oublié qu'il l'avait jugé un peu trop vite alors que jusqu'ici, elle n'en avait pas fait autant. Cela lui rester un peu en travers de la gorge, malgré elle.

-C'est pas grave, il n'y avait rien d'intéressant dans la lettre, et ne t'inquiète pas, quand j'y retournerai, je t'épargnerai ça !

Elle sourit doucement à travers son écharpe qui la recouvrait jusqu'à son nez. Bien entendu, malgré la putain de frousse qu'elle s'était prise en bas, elle n'avait pas l'intention d'en rester là, elle voulait sa revanche, et elle l'aurait, coûte que coûte. Il fallait juste qu'elle se prépare mentalement et physiquement à sa prochaine expédition. Megan reprit sa marche en direction de la zone de transplanage, et demanda à Clemens.

-Tu vas te promener ?

Elle avait entendu dire qu'il rentrait chez lui pour les fêtes, mais elle ne savait pas quel jour et le manque de bagages n'aidait pas Megan a deviner. Tout en marchant avec prudence pour ne pas se retrouver le nez dans la neige, elle ajouta :

-Tu t'en es remis ? Du labyrinthe ? Pas trop secoué ?

Clemens hocha la tête. Certes, la lettre ne contenait pas les informations les plus importantes qu’il ait jamais reçu dans un courrier. Néanmoins, elle contenait le confirmation que Megan participerait à la fête du nouvel an, et c’était suffisant pour le faire sourire. Outre Neal, qui n’avait sans doute même pas reçu son carton, chaque convive avait répondu positivement. En soi, ce n’était pas vraiment une surprise, mais ça lui faisait tout de même plaisir. La perspective simple de fêter la nouvelle année chez lui entre amis était aussi stressante que excitante, à vrai dire.

Pour ce qui était du labyrinthe, il ne préférait pas s’exprimer. Laisser Megan y aller ou y retourner seule n’était pas une idée qui lui plaisait. Il appréciait assez la jeune femme pour lui porter assistance quand elle en avait besoin, d’autant plus sur un mystère qui les concernait tous. Cependant, leur aventure l’avait terrifié. Le Sinistros ne comprenait toujours pas comment un tel lieu d’horreur pouvait exister dans une académie, ni ce que le Comte pouvait bien leur reprocher pour leur infliger ça. Un léger tremblement le parcourut, alors que des images de sang, d’explosions et de cadavres lui revinrent en mémoire. Heureusement, il pouvait mettre ça sur le compte du froid piquant de cette fin décembre… La question de l’Abraxan le surprit par sa banalité.

“Heuu non, je rentre chez moi. J’ai déjà ramené une partie de mes affaires lors de mes emplettes de Noël.”

Le moment de surprise passé, il comprit pourquoi sa camarade lui avait posé une telle question. Il n’était pas particulièrement chargé pour un étudiant qui rentre chez lui pendant les vacances. Ca s’expliquait aussi par le fait que contrairement à d’autres, il ne travaillait pas vraiment pendant les fêtes. Il considérait qu’il donnait déjà assez de sa personne pendant les périodes de cours, et il n’était pas le plus mauvais des étudiants, donc… Clemens allait retourner la question, mais Megan reprenait déjà la parole.

“ Oh, oui. Ca va. “ Il fit un geste de la main pour chasser le sujet, comme si ce n’était pas important. Puis il croisa le regard de l’Abraxan et il comprit qu’elle ne le croirait pas si facilement. “Enfin, c’était un sale moment, et je ne l’oublierai pas demain quoi. Mais on fait aller.”

En réalité, il avait été très secoué en sortant des sous-sols et n’avait pas dormi cette nuit-là. Il en faisait encore des cauchemars. Et tout ce qu’il souhaitait, c’était de ne pas en parler car il était incapable de prévoir ses réactions. Clemens était encore et toujours trop fier pour admettre facilement qu’il était profondément affecté par les événements. Alors, il essaya de détourner un peu la conversation.

“Je suppose que tu vas y retourner ? On n’a pas trouvé d’informations sur le Comte, finalement, mais je suis certain qu’il doit y en avoir… Je me demande quand même ce qu’il nous veut pour nous héberger dans un château qui comprend des endroits pareils.”

Les emplettes de Noël ! Par les tétons de Morgane ! Elle avait oubliée ! Elle détestait les bains de foule, mais elle allait devoir s'y coller rapidement, noël était dans trois jours. Il fallait dire qu'entre cette histoire de labyrinthe qui lui avait collé quelques insomnies et la missive de Winslow, elle avait pas vraiment eu la tête à ça ses derniers temps, sans compter les cours, les révisions et sa tentative de deuil qu'elle peinait à faire depuis le festival. Bon, elle ferait un saut au chemin de traverse avant de rentrer chez elle, de tout façon, la liste des cadeaux été relativement courte, et elle avait déjà une petite idée pour chaque cadeau pour les quatre personnes concernées.

Megan comprenait parfaitement le ressentit de Clemens. Le labyrinthe avait réussi à leur donner des sueurs froides et de quoi leur passer l'envie de s'aventurer dans des sous-sols jusqu'à la fin de leur vie, enfin, sauf si la curiosité et la détermination rentrait en jeu. Megan acquiesça d'un signe de tête, continuant à avancer.

-et Fitzsimmons ? Il s'en est remit ?

Megan ne savait pas trop comment tourner le sujet qui la préoccupait, en même temps c'était peut-être pas une bonne idée de demander ça à Clemens, peut-être qu'il ne s'était pas vue depuis. Ce qui c'était passé dans le labyrinthe avait été choquant et déboussolant au possible, et malgré tout, Megan ne regrettait absolument pas d'y avoir été. Grâce au labyrinthe, le masque de Fitzsimmons s'était ébréché, et Megan n'était que plus sur la défensive malgré ce qu'elle avait vu entre lui et Clemens.
Clemens supposait bien, Megan ne supportait pas de rester sur un échec aussi cuisant que celui-ci. Elle avait bien trop de fierté pour déclarer forfait, mais bien sur, elle ne s'y aventurerait pas de suite. Elle acquiesça d'un signe de tête.

-Évidemment ! Quoique ce soit, cette ombre cache quelque chose et je suis quasiment certaine que c'est lié avec le comte et que si c'est là, ça à une très bonne raison. Je ferai des recherches à la bibliothèque à mon retour et je m'y aventurerais par la suite, mais je ferai en sorte d'être plus préparée, maintenant que je sais à quoi m'attendre...

Bien sur, elle ne demanderait jamais à Clemens de se joindre à elle. Le pauvre avait déjà mis sa vie en danger une fois à cause de la curiosité de l'abraxan, et Megan s'était promis de le laisser à l'écart de ses recherches pour sa propre sécurité.

Quinlan ? Bonne question. Il ne pouvait pas vraiment dire qu’ils aient abordé le sujet. Tous deux avaient été marqués par ces événements, en gardaient quelques réflexes un peu haineux, mais avaient mieux à faire de leur temps passé ensemble. Clemens se contenta de hausser les épaules. De toute façon, il n’avait pas été assez aveugle pour ne pas comprendre que son amant ne portait pas Megan dans son coeur. Dans tous les cas, ce n’était pas à lui de révéler les états d’âme et l’état psychologique d’un professeur. Ce qui se disait dans leur intimité ne regardait qu’eux, peu importe la confiance qu’il avait en sa camarade.

“Ca va. Il est solide.”

Sa réponse était évasive, mais il se doutait que la question n’était que pure politesse. Pour le reste, il ne s’était pas trompé, Megan était une battante et un échec n’allait pas la faire reculer. Malgré les terribles illusions dont ils avaient été victimes dans le labyrinthe, elle était bien décidée à y retourner. Clemens l’écouta parler en gardant le regard planté sur l’horizon. Il n’aimait pas l’avouer, mais il ne se sentait pas de remettre les pieds dans les sous-sols. Pourtant, laisser son amie retenter l’aventure seule le faisait frissonner.

“Je suis d’accord avec toi, je ne crois pas que ce soit un hasard. Soit le Comte cherche à protéger quelque chose avec cette ombre, soit il veut apprendre des informations sur nous. Je suppose que nos réactions face aux dangers sont plutôt riches pour qui sait les interpréter… Après tout, si il a appris que nous étions entrés dans les cuisines, je ne veux pas croire qu’il reste aveugle à ce qui se passe dans ce labyrinthe.”

Enfin, il tourna le regard vers la jeune femme. Une lueur d’inquiétude y brillait doucement. Il ne doutait pas d’elle, néanmoins, le danger pouvait bien être simplement trop gros pour eux. Ils avaient eu beaucoup de chance de s’en sortir indemnes la première fois.

“Par contre, promets-moi de ne pas y aller seule. J’ai envie de te dire que je t’accompagnerai, mais pour être honnête… Et franchement, ça me fait mal de le dire, mais je ne sais pas si j’en serai capable. Quoique je préférerai y retourner avec toi que savoir que tu te jettes sans aide dans la gueule du loup, même si tu as une idée de ce que tu vas y affronter… En tout cas, si tu as besoin d’un coup de main pour des recherches ou pour interpréter des indices que tu trouverais dans les sous-sols, tu peux compter sur moi.”

Clemens n’avait certes pas la bravoure un peu irréfléchie des Gryffondor, mais il avait la ruse et la logique d’un Serdaigle. Mystères et énigmes étaient son domaine, et si une chose était sure pour lui, c’était que l’identité du Comte serait un de ses objectifs premiers à la rentrée. Pendant de longues semaines, il ne s’en était pas trop préoccupé, mais ce directeur anonyme l’avait brutalement cherché. Personne ne s’attaquait à ses amis sans en subir les conséquences. Personne.

La réponse de Clemens fut brève concernant Fitzsimmons. Elle ignorait si cela avait un rapport avec leur liaison ou tout simplement sur le fait que Quinlan pratiquait une magie peu recommandable, même pour les apprentis mages noirs en herbes. Elle avait bien lu des ouvrages aussi rare que sombre sur la magie du sang. Il en existait plusieurs selon les cultures et elle ne s'y était pas vraiment arrêté, pour le peu qu'elle en avait appris, cela avait suffit à la rendre méfiante et inquiète. D'après ce qu'elle avait vu dans le labyrinthe, la magie du sang agissait grâce au miroir, hors, elle n'avait pas lu des ouvrages sur cette magie là, elle s'était donc promise de faire des recherches là-dessus dés qu'elle aurait du temps libre. Elle jeta un coup d'oeil à Clemens tout en marchant avant de ralentir et de s'arrêter. L'inquiétude se lisait dans son regard azuré, tant par ce qu'avait fait Quinlan que par le fait d'en aborder le sujet avec Clemens.

-La magie qu'il a utilisée dans le labyrinthe, tu savais qu'il la pratiquait ?

Megan était extrêmement sérieuse, et sa voix grave montrait bien son inquiétude directe. Elle ne savait pas si Clemens était au courant, mais il fallait qu'elle lui en parle, surtout s'il fréquentait Fiztsimmons. Elle ne voulait pas qu'il court de risque en sa compagnie, surtout que cette magie pouvait avoir des effets secondaires très dangereux pour le peu qu'elle en savait. Enfin, mieux valait s'assurer que Clemens sache dans qu'elle bouse de dragon il risquait de tomber. Hésitante, elle le regarda droit dans les yeux, espérant y déceler une sorte d'encouragement pour qu'elle poursuive. Mais elle ne se leurrait pas, aborder le sujet Fitzsimmons n'avait pas l'air d'être quelque chose qu'il aimait.

-Juste Clemens... Sois prudent s'il te plaît...

Non, elle ne pouvait pas non plus porter un jugement direct sur Quinlan tant qu'elle ignorait ce qu'il en était réellement. Elle était décidé à en savoir plus et avait la ferme intention de fouiner. Tout ce qu'elle espérait, c'était que Clemens resterait sur ses gardes, juste au cas où. Megan rompit le contact visuel en reprenant sa marche, en contrebas, le village était enfin visible alors que Clemens abordait le sujet du comte. Lui aussi avait reçu un message d'avertissement ? Elle s'arrêta à nouveau le regardant surpris.

-Tu veux dire que toi aussi tu as reçue une lettre du comte ? Je comprend pourquoi nous pensions la même chose au sujet du labyrinthe...

Pensive, elle fronça les sourcils, concentrée dans ses réflexions visant le mystérieux directeur d'Haveirson. Déjà Clemens lui reparlait du labyrinthe, ce qui fit provoqua une légère vexation chez l'ancienne Gryffondor.

-Je n'avais pas l'intention de t'entraîner à nouveau là-bas tu sais. Et si je dois y aller ce sera seule. Je ne tiens pas à mettre d'autres personnes en danger. Quant-aux recherches, je te ferai parvenir mes trouvailles, s'il y en a...

Megan finit par reprendre sa marche. Doucement, pour ne pas tomber, ils entamèrent la petite descente vers le village. Megan pensait qu'elle devait lui parler de sa réaction dans le labyrinthe lorsqu'elle avait vu ce qui se passait entre Clemens et Quinlan. Mais aborder le sujet était vraiment délicat. Les deux jeunes adultes ne se connaissaient que depuis 4 mois, ils avaient développer un certain respect l'un envers l'autre, du moins le croyait-elle jusqu'à ce qu'elle surprenne son regard. Megan avait eu envie d'accorder sa confiance et son amitié à Clemens, elle avait eu envie de croire qu'il en valait la peine et qu'il ne la jugerait pas lui non plus. Mais maintenant, elle avait de gros doutes. Il semblait avoir une piètre opinion d'elle, et même si elle ne renvoyait pas forcément une bonne image d'elle, l'abraxan avait été blessée plus que de raison ce jour là. Depuis, elle se demandait si elle n'avait pas eu tort de penser que Clemens était différent de la majorité des jeunes de leur âge. Une question qui lui trottait dans la tête depuis qu'elle avait quitté le labyrinthe.
A bien y réfléchir, Megan ne voyait pas quand elle avait juger Clemens sur ses actes. Depuis qu'ils se connaissaient, Megan lui avait accordé le bénéfice du doute, elle ne l'avait pas jugé lorsqu'il avait accidentellement tué le mangemort lors de l'attaque d'Avalon, et elle l'avait même aidé à trouver un moyen pour refaire du quidditch. Elle ne se souvenait pas avoir porter un jugement quelconque sur lui, ni lui avoir donner l'impression qu'elle le jugerait, alors pourquoi Clemens avait une opinion si mauvaise d'elle ? Avait-il entendu parlé de son passé chaotique?De sa réputation de pro-Gryffondor ? Elle l'ignorait, mais elle n'en était pas moins blessée pour autant.

-Clemens, as-tu vraiment une aussi mauvaise opinion de moi ?

Megan avait fini par lui poser l'une des questions qui la tracassait. Elle avait continué à avancer doucement, regardant droit devant elle. Elle avait peur de la réponse, il fallait bien l'admettre et pour cela, elle craignait de croiser le regard du Sinistros. Toutefois, elle craignait que Clemens ne comprenne pas ou elle voulait en venir en posant cette question, elle marmonna doucement, mais avec suffisamment d'amplitude pour que son ami l'entende.

-Par rapport à ton regard dans le labyrinthe. La façon dont tu as réagis lorsque je vous ai vus...

Voilà, la question était posée. Il fallait mettre les choses à plat. Les histoires d'amours de Clemens ne la regardait pas, loin de là et jamais elle n'aurait la prétention de trouver quelque chose à y redire, même si elle détestait Fitzsimmons. Il s'agissait de sa vie privée et elle respectait ça. Et puis, Megan et lui ne se connaissait pas non plus beaucoup en réalité. Ils avaient vécus des moments mouvementés, mais n'avait jamais pris le temps de vraiment se connaitre jusqu'ici, alors peut-être que... c'était ça le vrai problème?

Ah, voilà.
Clemens ne s’étonnait pas d’entendre Megan s’inquiéter de lui ou raconter ses plans à propos d’une nouvelle incursion dans le labyrinthe. Même s’ils ne se connaissaient pas depuis si longtemps, il régnait déjà un lien particulier entre eux. Il s’inquiétaient l’un de l’autre, malgré une certaine distance. Par contre, les questions indirectes et délicates à propos de Quinlan ne lui paraissaient pas naturelles. Ils ne s’entendaient pas, et Clemens ne voulait pas croire que son amie s’en préoccupait vraiment.

L’Allemand adressa un regard perplexe à l’Abraxan. Il trouvait les questions un peu gonflées de sa part, alors qu’elle avait tant de secrets elle-même. La jeune femme avait baigné parmi les partisans du Seigneur des Ténèbres, elle avait des connaissances en magie noire qui feraient frémir n’importe quel autre étudiant de l’académie. Néanmoins, il y avait une part de légitimité dans l’interrogation, Clemens était obligé de le reconnaître. Il ne connaissait pas la magie utilisée par Quinlan… et il soupçonnait même qu’il n’en sache pas tant lui-même. Ils savaient seulement tous trois qu’elle était dangereuse.

“Non, je n’en savais rien. Je doute franchement que ce soit dans ses habitudes. Je ne serais même pas étonné que ce soit la première fois. Ce labyrinthe nous a transmis à l’envers.”

Sa voix était neutre, mais il ne voulait pas forcer son avis sur Megan. Il était persuadé qu’elle ne ferait pas confiance à ces quelques phrases. Elle avait eu une preuve de faire briller ses alarmes de méfiance, et elle ne se rassurerait pas de si tôt. En d’autres occasions, le Sinistros lui aurait probablement donné raison. Mais cette fois, il n’était pas objectif. La mise en garde le fit donc simplement sourire.

“J’apprécie que tu t’inquiètes pour moi, mais c’est irraisonné. Quinlan est un homme de confiance.”

En revanche, la prudence était plutôt de mise sur un suejt qui concernait toute l’académie : le Comte. D’après ce qu’il avait pu comprendre au gré de différentes conversations, tous les étudiants ayant visité les cuisines avaient reçu la même mise en garde. Néanmoins, les autres enfreintes au règlement étaient restées impunies. Le Sinistros n’en était pas simplement perplexe, il avait l’impression d’avoir mis le doigt sur quelque chose de particulièrement important, sans encore en réaliser l’ampleur. C’était à la fois frustrant et excitant. Cette lettre avait suffit pour faire des mystères de Haveirson une de ses priorités pour la rentrée. On s’attaquait à lui et à ses amis ? Il se défendrait jusqu’à obtenir vengeance. Clemens hocha finalement la tête avec une moue un peu désabusée.

“D’après ce que j’ai entendu, tous les autres en ont reçu une également. J’ai l’impression qu’on a tapé dans quelque chose qui embête particulièrement le Comte. Mais quoi ? Les cuisines, c’est un lieu tellement banal ! Ce n’est même pas comme si on avait découvert quelque chose de bizarre, un détail, rien… On a juste fait des gaufres !”

La logique continuait à lui échapper, et il détestait ça profondément. Le labyrinthe ne leur avait rien appris. Au moins, dans cet endroit mystérieux des sous-sols, l’étudiant pouvait échafauder des hypothèses qui semblaient cohérentes. L’expérience avait beau l’avoir terrifié, il ne pouvait pas complètement abandonner la réflexion. Il tourna un regard intense vers sa camarade.

“S’il te plait Megan, n’y va pas toute seule. Préparation ou non, on ne sait toujours pas exactement ce qui se trouve là-dessous. On a échoué. Tu vas peut-être te retrouver devant des épreuves complètement différentes. C’est un peu inconscient d’y retourner seule…. Je préférerai encore venir avec toi.”

Peut-être fanfaronnait-il un peu. L’idée de retourner dans les sous-sols, même simplement dans les cuisines, suffisait à lui donner des sueurs froides. Cependant, entre son effroi et son besoin de soutenir ses amis… La loyauté gagnait de peu le duel.

Pendant un moment, les deux étudiants restèrent plongés dans le silence de leurs réflexions. Clemens continuait à se triturer l’esprit à propos du Comte, sans imaginer une seule seconde quelles questions préoccupaient sa camarade. Quelques secondes durant, il crut même avoir halluciné les mots qu’il venait d’entendre. L’Allemand eut besoin de la petite phrase d’explication pour comprendre où Megan voulait en venir. Il leva un regard illuminé de quelques doutes , et ralentit un peu le rythme de sa marche.

“Ce n’est pas une question de confiance en toi, Megan… Enfin, si un peu, mais pas seulement. C’est encore une situation un peu délicate pour moi, et je ne veux simplement pas que ça ne se sache pas.”

Bon, il devait reconnaître qu’il avait été particulièrement agressif, mais ça n’avait rien été d’autre qu’un réflexe de protection. Rien de personnel.

“J’ai réagi par réflexe. Je ne savais pas du tout comment tu allais réagir. Me voir avec un homme, qui plus est ton professeur principal… Enfin, je n’en sais rien, ce n’est pas dans mes habitudes non plus, tu sais. Il y a beaucoup de gens à l’académie qui aurait profité pour proférer des accusations contre moi… Je préfère simplement choisir à qui je l’annonce et comment je le fais.”

Clemens fit une pause de quelques secondes. Peut-être s’enfonçait-il avec ses explications, mais au moins, il était honnête.

“Ce n’est pas contre toi. Je n’en ai parlé volontairement qu’à Isolde pour le moment.”

Il reprit sa marche à un rythme plus naturel. Il considérait pas qu’il avait vraiment des raisons de de se justifier. Encore moins de s’excuser. Il comprenait néanmoins que Megan puisse avoir été atteinte. La délicatesse n’était pas sa plus grande qualité.

Que Clemens n'en savait rien, elle pouvait le concevoir. Mais en ce qui était de Fitzsimmons, elle avait de gros doutes. Il avait paru ailleurs, comme possédé dés l'instant ou le miroir était apparu et remettre la cause sur le labyrinthe, c'était une façon trop facile d'expliquer l'utilisation de cette magie. Comment expliquer que ni Clemens n'avait utilisé de magie du sang, ni Megan bien que celle-ci était une fine connaissance dans la branche de magie noire. Le labyrinthe ne l'avait pourtant pas orientée dans cette voie, même si elle y avait songé comme moyen de facilité. Fitzsimmons était plus dangereux qu'il ne laissait le penser à ses yeux, mais elle se garda bien de le dire à Clemens. Il n'était pas vraiment neutre dans cette histoire.

Elle jeta un regard dubitatif à Clemens. Quelqu'un de confiance ? Pour peu elle en aurait ri. Ses rares altercation avec Quin ne lui avait guère laisser de bons souvenirs, contrairement à Clemens. Megan était d'accord, le comte agissait vraiment bizarrement. Un autre détail l'intriguait elle s'arrêta à nouveau avant de regarder Clemens.

-Tu ne trouves pas ça étrange qu'on n'est reçu l'avertissement que maintenant ? Je veux dire, ça fait un moment qu'on s'est aventurer dans les cuisines, et il nous envoi cette lettre que maintenant... Y a quelque chose de pas logique dans tout ça... S'il ne voulait pas qu'on est accés aux cuisines, il aurait afficher le règlement et aurait aussitôt envoyé les lettres après l'infraction, là c'est presque 3 mois après...

Megan se souvenait avoir eu plusieurs réprimandes lorsqu'elle était à Poudlard et qu'elle enfreignait le réglèrement, mais c'était toujours dans les jours qui suivaient... Or là, du temps s'était écoulé depuis...

Pour en revenir à la réaction qu'il avait eu, Megan le comprenait amplement. Ce n'était pas non plus comme s'il se connaissait depuis des lustres et au final, les deux ne se connaissaient pas tant que ça quand on y réfléchissait. Il n'avait jamais vraiment échanger leur point de vue sur leurs idéaux et encore moins échanger sur la moralité.

-Je te comprends, c'est juste que... Je veux dire, je ne t'ai pas jugé jusqu'ici alors je me demandais ce que j'avais fait qui aurait pu te faire croire que j'te jugerai.

Megan reprit sa route et déjà les deux jeunes gens dépassèrent les premières habitation d'Avalon. Il fallait encore traverser le village avant d'arriver aux jardins publics, seule zone de transplanage autorisé par le ministère.

-Tu sais, quoiqu'il se passe entre vous, ça ne me regarde pas. Je me fiche de savoir que tu fréquentes un homme ou une femme. C'est ta vie privée, et elle ne concerne que toi et personne d'autre. Par contre, ce n'est pas parce que tu fréquentes Fitzsimmons que je vais l'apprécier pour autant...

Megan laissa échappé un sourire triste. Elle n'avait toujours pas digérée les paroles de Fitzsimmons lors de l'attaque du festival et dans le genre rancunière, elle pouvait prétendre au rôle de reine. Lorsque Rosethorn avait été blessée par balle, le souvenir cuisant de son frère, mort sur la pelouse du jardin familial tué de cette façon avait refait surface. Megan n'avait jamais fait son deuil de ce qu'elle avait vécue ce jour là. Et revivre cette scène avait été pire qu'un électrochoc pour elle.

Clemens hocha vigoureusement la tête, tout en laissant Megan aller jusqu’au bout de son idée. Tous les étudiants étaient étonnés pour la même raison, et c’était ce qui l’avait poussé à afficher une note dans le hall de l’académie. Isolde avait rapidement suivi son initiative. Être réprimandé pour avoir transgressé un interdit était une habitude pour lui, et il savait l’accepter. Néanmoins, il tolérait beaucoup moins de se faire rabrouer quand le règlement n’était pas ouvertement affiché et surtout, aussi longtemps après. La logique lui échappait complètement, et le laissait toujours passablement énervé.

“Oui, je me suis dit pareil ! C’est même très déplacé comme attitude, si tu veux mon avis. Cela dit, ce qui m’a le plus frappé, c’est le ton que le Comte a employé dans sa lettre. Il aurait pu évoquer une punition, ou retirer des points à nos confréries mais… J’ai presque eu l’impression qu’il voulait jouer sur nos sentiments, éveiller de la culpabilité, tu ne trouves pas ? D’ailleurs, depuis, je n’arrête pas de me dire qu’il va sûrement finir par nous demander quelque chose en retour. Je ne crois plus en son altruisme, et je dois avouer que ça m’inquiète un peu… Plus on reste longtemps ici, plus on lui sera redevable.”

Pendant son voyage en Allemagne et au Danemark, il avait plusieurs fois joué avec l’idée de ne pas revenir à l’académie. Il avait fuit Londres pour venir ici et retrouver un rythme de vie plus sain. Son but premier n’était ni de devenir chercheur en métamorphose, ni professeur, même si ces perspectives d’avenir lui plaisaient évidemment. Cependant, abandonner ses amis et Quinlan derrière lui, au milieu de tous ces mystères et de questions, dans un monde si ébranlé politiquement… Rester éloigné aurait été plus simple, mais Clemens n’était pas homme à délaisser ses amis. Il était bien trop loyal pour cela, et tanpis pour les risques qu’il allait devoir prendre.

Le sujet de sa relation semblait préoccuper Megan plus que ne l’avait tracassé lui. Ou plus exactement, sa réaction envers elle lorsque Quinlan l’avait enlacé. Avec le recul, le Sinistros pouvait comprendre que son amie ait été blessée. Il avait réagit par instinct de conversation, utilisant l’agressivité pour se protéger. Ça avait été une erreur, mais il n’aurait pas pu savoir que l’Abraxan ne le jugerait pas. Si il en était arrivé au point de révéler sa relation, il en aurait parlé volontairement avec la jeune femme, préparant un peu le terrain. Elle ne l’aurait pas appris via les rumeurs… mais tout avait été trop vite.

“ Je suis désolé de t’avoir blessé. J’aurais voulu te le dire avec un peu plus de formes, et à un autre moment. Je ne te demande pas de l’apprécier, savoir que tu respectes simplement nos choix est suffisant pour moi. Je ne veux juste pas que ça se sache à l’académie pour le moment… Ça viendra, mais c’est encore un peu tôt, pour le moment.”

Il ne faisait aucun doute que le secret ne pourrait pas être gardé ad vitam aeternam. Quinlan et lui devrait avouer leur relation un jour, et l’étudiant préférait le faire de lui-même, avant qu’un scandale n’éclate. Depuis quelques jours, il se demandait même si le Comte, qui semblait tout voir et tout savoir, allait essayer de leur tirer dans les pattes. Ils ne se laisseraient pas faire, mais c’était un risque auquel il fallait penser. Clemens se passa une main dans les cheveux, se sentant soudainement terriblement las. La tension nerveuse et les cauchemars lui pesaient terriblement, la fatigue se faisait sentir dans chacun de ses membres. Quelques vacances avec sa famille, en Allemagne, loin de toute considération magique lui ferait le plus grand bien. Un autre détail lui traversa alors l’esprit.

“Oh, j’allais oublier. Quinlan est aussi invité à ma fête du Nouvel An, je suppose que tu peux deviner qui sont les autres. Viens là, que je te donne l’adresse… C’est un lieu que je veux protéger, alors je refuse d’écrire les détails. Je vous expliquerai là-bas où nous nous trouvons exactement.”

Il tendit un bras pour inciter son amie à le rejoindre, et lui murmura deux fois l’adresse à l’oreille, lentement et clairement. Clemens, sous ses airs assurés et nonchalant, avait lui-aussi quelques bonnes raisons d’être parfois paranoïaque.

Megan resta songeuse un long moment après les paroles de Clemens. Ce comte commençait sérieusement à lui courir sur le système et la jeune femme en était arrivée à un point ou elle était prête à défoncer toutes les portes de l'académie juste pour mettre la main sur ce comte et lui faire passer l'envie de se jouer ainsi d'eux. En réalité, c'était surtout par rapport au labyrinthe que Megan songeait car même si le comte attendait d'eux que les élèves lui soit un jour redevable, il allait tomber de haut. La majorité des anciens serpentards ici n'étaient pas du genre à apprécier l'idée d'être redevable, Megan elle-même resterait sourde à n'importe qu'elle demande du comte. Elle ne lui devait rien, ni à lui, ni à personne et le comte pouvait bien aller se faire mettre par Grindelwald, il aurait plus de chance de trouver bonheur avec ce psychopathe que d'attendre un retour de la part de l'Abraxan. La seule chose qu'elle concéderait sans discuter à lui donner, c'était son poing dans son nez.

-Il est mal barré alors ! La grande majorité des étudiants ont beaucoup trop de fierté pour se sentir redevable envers quelqu'un... Quand bien-même il attend quelque chose de nous, qu'est-ce que ce serait d'après toi ?

Les deux jeunes gens reprirent leur route alors que Clemens s'excusait d'avoir réagis ainsi. Au fond, elle pouvait parfaitement comprendre ce qu'il pouvait ressentir. Le pauvre, garder cela pour lui avait du être pénible, heureusement qu'il avait pu se confier à Isolde. Megan n'allait pas lui reprocher de faire des cachotteries, après tout, elle était très mal placée pour ça.

-Ne t'inquiète pas pour ça, et puis, les secrets c'est mon domaine, je ne dirais rien !

Dans le fond, elle le plaignait un peu puisque son secret avait été dévoilé par maladresse. C'était quelque chose que Megan aurait eu du mal à supporter et elle aurait probablement réagit exactement comme lui si les rôles avait été inversés. Clemens s'arrêta à son tour et ne lui demande de se rapprocher afin de l'informer de l'adresse ou allait se passer la fête. Megan ne put s'empêcher de le regarder avec un air d'amusement et vraiment intriguée.

-Ne deviendrais-tu pas un peu parano mon cher Clemens ?

Megan souriait. Savoir qu'il se comportait si prudemment la ravissait vraiment, tout comme cela l'amusait un peu. Avait-il toujours été comme ça, ou bien ,leur quelques rencontres qui avait constamment tournés à la catastrophe lui avait appris la prudence ?

Un petit rire sec et sarcastique lui échappa et résonna doucement dans le silence. Clemens partageait entièrement l’avis de sa camarade en ce qui le concernait lui. Le Comte lui avait déjà causé bien assez de soucis pour qu’il considère avoir repayé sa part. La torture psychologique, c’était même un peu cher payé pour recevoir un repas chaud par jour. Néanmoins, si beaucoup d’étudiants avaient une certaine fierté, tous n’étaient pas aussi bravache que ne l’était Megan, ou qu’elle semblait le croire. Il suffisait de repenser au cimetière pour réaliser que certains avaient passé là un sale quart d’heure… Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils étaient tous plutôt casse-cous.

“J’aimerai être entièrement d’accord avec toi, mais beaucoup d’entre nous se laisseraient facilement intimider, je pense. La fierté ne suffit pas, surtout face à quelqu’un qui sait se montrer menaçant… ou menace de s’en prendre aux familles. On n’a rien signé, donc légalement, on n’a rien à craindre. Mais je suis convaincu qu’on aura un retour de flammes à un moment où à un autre. Je préfère savoir à qui j’ai affaire quand ça arrivera.”

Pour l’heure, ils ne pouvaient de toute façon rien y faire. Presque tous les étudiants avaient quitté l’académie, même eux étaient déjà sur le chemin du retour alors qu’ils échangeaient encore diverses hypothèses. Clemens se gratta la barbe d’un air songeur, comme à chaque fois qu’il était plongé dans une réflexion interne. Certains professeurs restaient peut-être à l’académie, comme les enseignants de Poudlard ? Il aurait du poser la question à Quinlan, mais il n’y avait pas pensé plus tôt. Dans le calme du château, l’atmosphère se révélerait probablement propice à une petite enquête… Dommage qu’il ait tellement à faire pendant les congés, sinon un petit crochet par Haveirson aurait valu le coup.

Sa priorité pour le moment était et resterait les fêtes. Noël était absolument sacré pour lui et sa famille, et rien, pas même un quelconque mystère magique ne pourrait l’en détourner. Le Nouvel An le tracassait bien assez également, même s’il commençait à avoir une idée plutôt précise de ce qu’il allait bien pouvoir organiser. Il n’avait que rarement été hôte, mais son expérience lui avait permis de remarquer à quel point quelques jeux pouvaient lancer une ambiance et briser la glace… Or, l’Allemand était un joueur invétéré, et les idées ne lui manquaient pas. Ça le distrairait peut-être même lui de ses inquiétudes quant à accueillir ses amis à Londres.

“D’ailleurs, ça tombe bien que les secrets soient ton domaine, parce que ce n’est pas fini. Tu sais sans doute que je suis sang-mêlé, ce n’est un secret pour personne… sauf pour ma famille. Enfin, la branche paternelle de ma famille. Ils sont moldus et ont leur a toujours caché que ma mère et moi étions des sorciers. C’est en partie pour ça que personne dans mon entourage ne connaissait l’endroit où nous fêterons le Nouvel An. C’est la première fois que j’y amène quelqu’un.”

Clemens sourit à Megan, l’air espiègle. Elle ne lui avait pas complètement appris la méfiance, même si la cible était toute différente. C’était un secret qu’il portait depuis longtemps et lui avait souvent pesé, mais quand une famille vivait dans le mensonge depuis presque trente ans, pouvait-on encore s’en défaire ? Malgré la révélation, la famille Neubach ne se doutait toujours pas qu’ils avaient des sorciers en leur sein. Pas si proche, peut-être dans des cousins éloignés, ceux qu’on ne voyait pas… Faire marche arrière ne serait sans doute jamais possible.

“Ah oui, et du coup… Fais moi plaisir, n’envoie pas de courrier pendant la première semaine des vacances, car je serai chez eux. Je sais que tu n’en envoies pas beaucoup, mais je crois que tu serais la seule susceptible de le faire et qui ne savait pas encore que… Enfin, on évite quoi. C’est toujours compliqué d’expliquer la présence d’un hibou à une fenêtre avec une enveloppe dans le bec.”

En silence, il remercia sa mère d’avoir choisi le cursus d’Oubliator. Ce n’était certes pas très glorieux, mais ça leur avait déjà sauvé la peau deux fois. Qu’est ce qui était le plus important, les liens du sang, ou le secret … ?

Bien qu'il lui coûtait de l'admettre, Clemens avait raison. Malgré ce qu'elle voulait à tout prix croire, la majorité des étudiants n'oserait jamais tenir tête à un mage puissant tel que Dumbledore ou Voldemort. Il suffirait que le comte soit de la même trempe qu'eux pour que la majorité se rabaisse au même rang que les mangemorts baisant les pieds de Voldy. Fallait pas avoir fait Harvard pour savoir ça. Mais elle avait un mince espoir que ses camarades ne se laisserait pas faire si cela tournait comme Clemens le présageait. Oui de l'espoir... Décidément Dumbledore déteignait sur elle, c'était catastrophique.

-J'espère qu'on s'inquiète pour rien, même s'il faut pas se leurrer, surtout après le labyrinthe...

Megan redoutait ce qui se tramait dans cette école. Elle avait appris malgré elle que les mystères annonçaient rarement de bonnes nouvelles. Et l'académie en elle même était un gros mystère que personne ne semblait parvenir à déchiffrer.

Clemens lui confia qu'il était sang-mêlé et que sa famille moldue ignorait la particularité de sa mère et lui. Megan n'était pas vraiment surprise, elle s'était douté que Clemens avait des origines moldues. Elle ne s'en était pas intéressée plus que ça puisque le sang n'avait pour elle aucun intérêt contrairement à sa famille maternelle très à cheval sur la pureté du sang.  Clemens n'avait semble-t-il aucune crainte à parler de ses origines à Megan, ce qui la surprenait un peu. Lors de leur première rencontre, il l'avait confondue avec une mangemort. Le sinistros savait que sa camarade avait des liens avec des mangemorts, pourtant, il lui parlait de ses origines...

De ce fait, il lui demanda d'éviter d'envoyer des hiboux pour ne pas à avoir à expliquer leur présence. Megan rit doucement en imaginant la tête d'un de ses oncles face à un hibou portant une lettre. Ça pouvait être très drôle comme moment, d'un point de vue extérieur...

-Ne t'inquiètes pas, je ne suis pas en Angleterre pour les fêtes... Je t'enverrais un hibou, mais ce sera automatiquement après noël, vers le 28  ou le 29 pas avant... Mais, maintenant que le monde magique n'est plus tenu secret, ils ne s'en doutent pas ? Ils ont réagis comment en apprenant l'existence de notre monde ?

Traversant le vieux village, en contrebas, ils pouvaient apercevoir le jardin public, ou se tenait les zones de transplanage. Mine de rien, ils avaient fait un bon bout de chemin sans même s'en rendre compte...

Clemens adressa un faible sourire à sa camarade. Il espérait aussi voir des dangers là où il n’y en avait pas, mais il fallait être d’une grande mauvaise foi pour réussir à s’en convaincre. Le Comte ne leur voulait peut-être pas directement du mal, mais il avait des plans qui les impliquaient. Et de toute évidence, les dommages collatéraux ne l’inquiétaient pas outre mesure. Au final, le résultat était donc le même : ils allaient devoir agir et se défendre.

Avec un haussement d’épaules, il continua sa marche tout en expliquant à Megan de quelle genre de famille il venait. Depuis Poudlard, personne n’ignorait vraiment qu’il était sang-mêlé. La clique de son cousin Heath avait longtemps essayé de lui faire subir son ascendance. Heureusement, le Quidditch lui avait appris à développer sa fierté : Clemens avait fait de sa différence sa force. Il était allemand et sang-mêlé, et non pas britannique et sang-pur. Même s’il gardait secret les détails sur ses parents et grands-parents pour les protéger tous, il ne voulait pas se cacher lui. Il savait qu’un jour, ça ferait de lui une cible, mais pendant des années, il avait pu ainsi détourner l’attention et permettre à d’autres élèves de ne pas se faire remarquer.

A quoi bon essayer de cacher qu’on était sang-mêlé, de toute façon ? Les vieilles familles de sorciers étaient de plus en plus rares, il en était même devenu ridicule de penser que l’inconnu qu’on croisait dans la rue était sans doute pur. Ils se connaissaient déjà tous, de toute façon. C’était peut-être même ça, le critère. “Si je ne te connais pas, tu es soit mêlé, soit né-moldu.” L’Allemand réprima un rire tant la vision qui flottait dans son esprit était ridicule. Tant de gens considéraient les moldus rétrogrades alors que d’un point de vue social, ils pouvaient être si en avance par rapport aux sorciers…

“Merci. Je serai revenu à Londres à ce moment-là, donc ça ne posera plus de problèmes. Je ne pense pas qu’ils se doutent de quoi que ce soit… Tu sais, en Allemagne, ils ont entendu parler des événements en Angleterre avec un peu de retard et des informations déformées. Mes parents ont juste reçu des appels pour savoir si tout allait bien chez eux, et ils ont dédramatisés la situation en disant qu’ils n’étaient pas touchés et que tout allait bien. Je crois que ma famille paternelle ne s’imagine pas qu’on ait pu leur mentir aussi longtemps… d’autant qu’ils connaissent mon père, ils savent qu’il n’est pas sorcier, donc bon.”

Le secret lui pesait parfois, même s’il ne souffrait pas de vivre comme un moldu au quotidien. Il avait baigné à égalité dans les deux mondes depuis sa tendre enfance et se sentait autant à l’aise dans l’un que dans l’autre. Il ne pourrait même pas s’imaginer renoncer entièrement à l’une de ces façons de vivre, tant il les considéraient comme des richesses.

“Autant que je sache, ma mère et moi sommes les deux seuls sorciers de la famille. Il a toujours été hors de question de briser le secret, et maintenant… Enfin, ce serait encore plus dangereux pour eux s’ils l’apprenaient, ou si ça venait à se savoir dans les environs. Ils pourraient devenir des cibles pour des moldus anti-sorciers. On leur en parlera peut-être quand tout se sera calmé, mais pour le moment, c’est trop tôt pour tout le monde. On a trouvé notre équilibre comme ça, alors voilà.”

Quand à ce qu’ils pensaient de l’existence des sorciers… Clemens préférait ne pas se prononcer. Lors de ses passages à Heidelberg, quelques mois après la révélation déjà, le sujet avait été évoqué. Son grand-père avait peur, réaction normale pour un homme de son âge, les autres étaient plus partagés sans trop savoir comment se positionner. Tout pouvait encore basculer, tant dans l’empathie que dans la violence. Il réalisa soudainement que Noël 1996 serait un enjeu plus qu’une fête et alors qu’il posait le pied sur la zone de transplagne, il souhaita pendant une seconde faire demi-tour et rester à Haveirson.

Megan n'arrivait que trop bien à s'imaginer le fardeau que c'était. Devoir garder un tel secret était pesant et parfois difficile. Toutefois, la famille de Clemens semblait avoir réussi à garder le secret avec une habilité qui en apparence, leur convenait parfaitement. Megan avait eu la chance et la malchance de naître dans une famille de sang-pur, elle n'avait jamais eu à cacher qui elle était à ses proches. Mais contrairement aux apparences, elle avait beaucoup souffert de savoir que ses parents ne s'aimaient pas comme les couples normaux. Les mariages arrangés étaient une fatalité pour les familles de sang-pur, et ses parents n'avaient guère eu le choix. Heureusement, la jeune femme échappait à cette logique, puisque son père n'avait pas l'intention de l'unir de force à quelqu'un. De toute façon, ce n'était pas comme si elle se serait laissé faire...

-Et ton père? Il n'a rien dit quand il a su pour ta mère et toi?

Les deux jeunes gens rentrèrent enfin dans la zone de transplanage ou des Aurors vinrent les voir afin de relever leur identité et les laisser transplaner. Megan se tourna vers son ami et lui sourit.

-Bon, et bien passe de bonnes vacances et des bonnes fêtes, et remets-toi bien de notre escapade dans le labyrinthe... Nul doute qu'à notre retour après les vacances, on aura d'autre péripéties ! Faut que tu sois en forme! rit-elle de bon coeur. On se voit au jour de l'an !

Megan prit Clemens dans ses bras afin de lui dire au revoir. Ce n'était pas courant de la voir faire des gestes affectifs. A Haveirson, hormis Jason, son frère et sa cousine, elle ne se laissait jamais aller à de telles démonstrations d'affection. Elle relâcha Clemens après la courte étreinte, et après un dernier sourire à son ami, transplana.