Courte discussion avant les fêtes.

Un sourire tendre se dessina spontanément sur son visage en réponse à la question de Megan. Evidemment, il n’avait pas vu la scène, mais ses parents la lui avaient racontée de nombreuses fois dans son enfance. Laura n’avait jamais souhaité cacher sa nature. Même si elle reniait sa famille, elle voulait préserver son identité, ce autour de quoi elle s’était construite. Quand son affection pour Anton s’était faite irrépressible, elle avait simplement sorti sa baguette et lancé un sort devant lui. Son postulat était qu’il ne pourrait la fuir s’il l’aimait vraiment, et elle avait eu raison. Malgré la crainte primaire, son amant s’était dépassé pour la comprendre. Maintenant, Clemens riait volontiers de cette anecdote, dont la morale semblait toute droite sortie d’un conte de fée.

“Mon père est assez ouvert d’esprit et surtout, il est fou de ma mère. Il savait déjà qu’elle était une sorcière quand ils se sont fiancés, et il s’est attendu à ce que la magie coule en moi également. Même si ça lui fait bizarre parfois, je ne crois pas que ça lui pose un problème. On vit majoritairement comme des moldus, il nous fait partager son monde et sa culture aussi.”

Sur ces derniers mots, les deux amis atteignirent la zone de transplanage où deux aurors ne tardèrent pas à venir à leur rencontre. Sans un mot, l’Allemand leur tendit ses papiers et les laissa vérifier sa baguette avant de saluer Megan. Son étreinte le surprit une fois encore, comme durant la soirée aux cuisines. La jeune femme lui paraissait encore si imprévisible, avec ses sautes d’humeur entre la méfiance et la complicité tendre. Néanmoins, il ne se fit pas prier pour la serrer contre lui. Clemens préférait clairement la vivre comme ça, que dans une crise paranoïaque, peu importe les raisons qui venaient la justifier.

“Je ne doute pas que nous ne serons pas tranquilles à la rentrée… Mais on ne se laissera pas faire, hein ! Passe de joyeuses fêtes, toi aussi !”

Sa voix était calme et posée, mais cependant pleine de chaleur. Cette courte discussion sur la route d’Avalon lui avait fait plus de bien qu’il ne l’aurait cru de prime abord. Il réfléchissait souvent à comment aborder de tels sujets, même avec ses amis, sans trouver les mots justes. Une fois encore, Megan ne s’était pas embêtée des conventions, tout en jouant assez finement sur ses limites pour l’encourager à développer le sujet de lui-même. Seul Quinlan en était capable également, bien que l’explosion ne soit jamais bien loin, avec lui.

Planté au milieu de la place, couvé par le regard attentif des aurors, l’Allemand regarda l’Abraxan s’éloigner un peu et transplaner. Son regard bleu, étincelant, chargé d’une lueur indéfinissable mais brûlante balaya une dernière fois les toits enneigés de la petite ville. Au loin, l’ombre de l’académie se dessinait sur une colline, entre les arbres nus qui dansaient doucement sous le vent. La prochaine fois qu’il porterait le regard sur ce paysage, ce serait à l’aube d’une nouvelle année. Il sourit à cette idée, et transplana avant de comprendre ce qu’il ressentait vraiment à cette idée. Il aurait bien assez des vacances pour y penser.