William regarda partir Freya, suivie peu après par Rowan. Cette soirée venait sans doute de marquer au fer blanc leur esprit, leur innocence perdue à jamais si elle existait encore. Le monde des ténèbres ne pardonne pas aux faibles. C’était une transition nécessaire, William en était convaincu. Une chute brutale dans une eau glaciale, des centaines de couteaux qui nous transpercent simultanément. La plupart ne s’en relève pas. Les autres en ressortent plus fort. Ces enfants, malgré leur échec flagrant, avaient tout de même réussi à ne pas s’effondrer. Tout du moins, pour le moment. William s’interrogea, seraient-ils assez résilient pour survivre aux épreuves qui les attendent ?
Il balaya ses questions de son esprit, il lui restait encore quelque chose à accomplir. D’un geste mécanique, il lança à nouveau un sortilège sur l’armoire, déverrouillant ses loquets. Le malheureux prisonnier s’écroula au sol, un gémissement étouffé témoignant de sa rencontre avec la terre ferme. William se pencha vers le miséreux et lui retira le capuchon, dévisageant un instant l’homme bâillonné.
« Mon pauvre ami ...» soupira William. « Comment as-tu fait pour te retrouver dans une si piteuse situation ? »
Les sens de William se mirent soudainement en alerte. Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir. A peine William eut-il le temps de se redresser, une silhouette était apparue dans l’embrasure de la porte. Une silhouette que William n’avait aucune envie de contempler.
Christopher.
« Merde, j’arrive trop tard ? Le cours est déjà fini ? … Je suis déçu. »
« Que fais-tu ici ? » grommela William.
« Allez, dis moi tout ! Ils ont été mauvais je parie ! » . Christopher faillit s’étouffer dans son rire grostesque.
« Cela ne te regarde pas. »
« Ce sont les affaires du Maître, et ce qui le regarde me regarde aussi ! »
Les deux hommes restèrent face à face un moment, à se défier du regard. William resta de marbre, gardant un silence absolu. Agacé, très vite agacé, Christopher finit par céder.
« Okay, très bien, j’ai compris ! C’est toujours la même chose avec toi … Bon, et l’autre vermine qui traîne à tes pieds, on s’en occupe ? »
« Il a subi sa punition. Quelques soient les erreurs qu’il ait pu faire, il a retenu la leçon. »
Le visage de Christopher se renfrogna aussitôt. « Tu me prends vraiment pour un con ? Tu crois que je ne sais pas ce qu’il s’est passé ici ? Tes petits protégés se sont foirés, ils ont à peine fait la moitié de ce qui était demandé. »
« JE m’occupe de leur formation et JE décide si leurs progrès sont suffisants ! »
« Certes, certes ! Pour ce qui est de la formation, je te laisse faire .... En revanche, pour ce qui est de sa punition … c’est insuffisant. »
Le regard pervers et sadique de Christopher se planta dans le regard apeuré du prisonnier. En un éclair, il se saisit de sa baguette et la pointa vers lui, le bras fermement tendu. Deux mots furent prononcés. Une sinistre lumière verte illumina la salle.
Et puis ….
Le silence.
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