Virée illégale et expériences atypiques [PV Clemens]

23.30

Avachie dans un des énormes fauteuils de la salle commune des Phénix, Alison cherchait à comprendre quelque chose au parchemin de notes prises en cours d’histoire de la magie. Rien qu’en regardant les quelques lignes, ses paupières devenaient lourdes. Autour de la jeune fille flottaient quelques nuages colorés qu’elle avait fait apparaître entre deux tentatives inespérées de travail. Vous savez, le genre de trucs qu’on fait pour éviter de se concentrer. Ali était une warrior à ce genre d’activités. D’ailleurs, elle trouvait ses meilleures idées de sorts dans ces moments-là.

La jeune fille termina la ligne qu’elle lisait, et au lieu de passer à la suite, soit la ligne du dessous, son regard partit dans la danse des flammes qui crépitaient dans la cheminé. Echec et mat. Détermination 0, flemme 37. Alors qu’elle commençait à décrypter quelques formes, son estomac laissa échapper un grondement mécontent. Ou comment avoir une bonne excuse d’arrêter le massacre pour ce soir. Toute contente, Ali replia son parchemin, le fourra sans aucune précaution dans son sac et sauta sur ses pieds. Elle s’étira dans un bâillement et se dirigea vers la porte d’entrée. Un bref coup d’œil au sablier près de la porte et la jeune fille grimaça. Elle ne pensait pas avoir glandé aussi longtemps. Du coup, il allait falloir être discrète si elle ne voulait pas avoir à donner des explications. Si les règles étaient beaucoup moins sévères qu’à Poudlard, se balader à une heure pareille n’était pas banale.

La Phénix se glissa donc hors de sa salle commune et commença à déambuler dans le château, se prenant pour un agent secret. Elle se cachait dans les recoins sombres pointait sa baguette lorsqu’elle avançait, marchait à pas feutrés. Totalement consciente du côté « what the f*ck » et totalement étrangère à un quelconque sentiment de ridicule, elle continua ainsi jusqu’au grand hall du manoir. Là, la partie la plus compliquée de son plan s’annonçait. L’entrée aux cuisines devait logiquement se trouver à droite de la porte dans le hall. Ou quelque part par là. Où exactement, telle était la question. La jeune fille effectua une pirouette et quelques acrobaties pour traverser la pièce et se retrouver face au mur en question. Elle s’assit en tailleur et commença à réfléchir.

- Alohomora, murmura-t-elle en pointant sa baguette sur le mur.

Comme à son attente, rien ne se produisit. Le gris du mur était toujours autant grisonnant et la régularité des pierres toujours aussi régulière.

- Aparecium, tenta-t-elle à nouveau.

A nouveau, aucune réaction, aucune fissure, pas le moindre petit mouvement pouvant laisser espérer une porte.

- Diffindo.

Bon, celui-là, il était osé. Si elle découpait le mur de son école, elle aurait des soucis. Mais c’était à tenter. Et comme s’il était protégé par un écran invisible, rien ne se passa.

- Finite Incantatem.

Ali ouvrit les oreilles et se figea, au cas où son incantation aurait provoqué un soucis, comme par exemple le désenclenchement d’un sort. Imaginez si quelqu’un en lévitation se retrouvait par terre à cause de sa formule. Heureusement, ou plutôt malheureusement, rien ne se produisit.

Excédée, la jeune fille se releva, mis sa baguette dans sa poche de jean et toqua contre le mur. On ne sait jamais. Mais toujours rien.

- Sésame, ouvre-toi ?

24/02/2007

Précision HRP a écrit:: De mon point de vue, les événements de ce topic se déroulent avant la lettre du Comte et avant "Labyrinthe: aventure et mésaventure"

L’interdiction de se promener dans les couloirs la nuit lui avait toujours semblée parfaitement surfaite. D’abord, parce qu’en tant qu’adolescent, on a toujours tendance à faire exactement ce qui est interdit. Ensuire parce que la plupart des contrevenants ne se faisait jamais prendre. Et finalement, parce que les punitions étaient beaucoup trop douces pour être réellement dissuasives. En somme, Clemens ne s’était jamais privé de déambuler ouvertement dans le château quand ça lui prenait. Cependant, si tout cela était vrai à Poudlard, Haveirson représentait un challenge bien moins intéressant. Errer la nuit n’était pas une activité socialement acceptée, et les étudiants sérieux ne la pratiquaient pas bien souvent, mais elle n’en était pas frappée d’interdit pour la cause. Pour le Sinistros néanmoins, ça restait une sorte de routine à laquelle il s’adonnait au moins trois fois par semaine, mais plus par habitude que par recherche d’adrénaline. Ici, les professeurs vous offraient un verre quand ils vous croisaient à batifoler à trois heures du matin, et dans un sens, c’était beaucoup moins drôle, bien que ça ait aussi ses avantages.

Ce soir-là, il avait échappé à une salle commune au silence oppressant avec une nouvelle promenade nocturne. Ses camarades semblaient tous cloîtrés dans leurs chambres ou à la bibliothèque pour réviser des matières qu’ils s’empresseraient d’oublier durant les vacances de Noël, et il devait avouer qu’il se sentait un peu seul. Il aurait pu aller frapper à la porte de Quinlan et quémander l’hospitalité du guérisseur, mais son éternel crainte de le trouver dans les bras de quelqu’un d’autre l’avait retenu de faire une apparition spontanée. Sa baguette en main et une expression pensive sur le visage, il déambulait donc d’étage en étage, à la recherche d’une cible d’expérimentation. Ces derniers jours, le château s’était montré un peu trop vivant à son goût, et il comptait bien lui rendre la monnaie de sa pièce.

Il traversait le hall quand il entendit une voix féminine qui résonnait dans l’escalier des sous-sol. Un peu méfiant, Clemens s’arrêta à bonne distance le temps de se faire une opinion sur le danger qu’il allait affronter, avant de descendre les marches discrètement. Si il avait bien entendu…

Oui.

Juste devant la porte de la cuisine se tenait une jeune fille brune, qu’il se souvenait avoir aperçu une fois lors d’un cours d’astronomie. Ils ne s’étaient jamais parlé, mais la situation dans laquelle elle s’était mise était trop cocasse pour qu’il l’abandonne ainsi à son sort. L’étudiant resta immobile dans les ombres pendant une minute, retenant un rire. Finalement, alors qu’elle s’en remettait à une supplique désespérée, il révéla sa présence.

“Tu devrais peut-être essayer s’il vous plaît. Les portes de ce château sont plutôt délicates.”

C’était quoi la troisième fois qu’il se trouvait face à une porte qui refusait obstinément de s’ouvrir pour un étudiant ? Enfin, dans le cas présent, il manquait simplement un mot de passe, mais il se gardait bien de révéler cette information pour le moment.

“Ou peut-être pitié, je meurs de faim ! Même si je ne suis pas sûr qu’un panneau de bois soit très sensible à ce genre d’argument.”

Clemens afficha un sourire espiègle, amusé d’avoir pris la jeune fille sur le fait, dans une entreprise qui, pour une fois, était clairement interdite dans leurs règlements.

Alison pensait sérieusement à faire exploser le mur. Le pour, c’était que l’entrée serait révélée immédiatement. Le contre en revanche impliquait la plausibilité non nulle que l’entrée ne soit pas exactement à cet endroit, ou si la jeune fille avait vu juste sur l’emplacement, que le boucan de l’explosion rameute tout le manoir avant qu’elle ait pu chiper le moindre petit raisin sec. La tête penchée sur le côté, la Phénix passait en revue son manuel mental des 1001 façons de s’introduire dans un endroit où l’on n’est pas franchement désiré. Lorsqu’elle cru qu’elle allait faire un arrêt cardiaque, sauta sur ses pieds et fit volte-face, baguette braquée en avant et les yeux à l’affut et furieux.

- Tu devrais peut-être essayer s’il vous plaît. Les portes de ce château sont plutôt délicates.

Le moment de frayeur passé, le son de la voix atteint le cerveau de la sorcière qui l’analysa. Voix grave, mais pas rocailleuse, à une nuance mezzo forte, le ton rieur plutôt qu’en colère… Bon, c’était positif. Néanmoins, elle garda sa baguette en garde, ne voyant pas très bien le visage inconnu de l’homme en raison de la pénombre dans laquelle la nuit avait plongé le hall. Ali plissa les yeux afin de le distinguer, mais les résultats ne furent pas concluants. La voix reprit tandis que la silhouette s’avançait.

- Ou peut-être pitié, je meurs de faim ! Même si je ne suis pas sûr qu’un panneau de bois soit très sensible à ce genre d’argument.

Ali eut un haussement de sourcil. Pas de tonalité sarcastique, il ne se foutait pas d’elle mais s’amusait de la situation. A la réflexion, il est vrai qu’elle devait avoir l’air désespérée vu de l’extérieur. Alors que la silhouette avait continué à marché vers elle, elle distinguait désormais une chevelure en bataille, brune, et des yeux malicieux. Et les traits… il lui semblait avoir déjà aperçut ce visage en cours. Donc logiquement, ce devait être un élève. La jeune fille baissa enfin sa baguette et la recala dans sa poche.

- Je ne suis pas franchement certaine qu’implorer un objet, magique ou non, par la sensation de faim soit vraiment efficace… mais merci du conseil, lança-t-elle avec humour, une pointe d'insolence dans la voix.

Elle s’approcha et lui tendit la main.

- Je suis Alison Markovsky. A qui dois-je l’échec de ma mission d’infiltration jusqu’aux cuisines ?

Ali, un sourire en coin et une lueur de défis dans le regard, commençait à penser que finalement, la soirée n’allait pas être si ennuyante que ce qu’elle promettait au départ.

24/02/2007

La jeune fille s’approcha de lui avec un air ouvertement circonspect sur le visage, sa baguette directement pointée à son visage. Avant de risquer un quelconque commentaire, elle semblait analyser le nouveau joueur dans la partie. C’était compréhensible, à sa place, il aurait fait pareil : on ne prend pas la même attitude avec un professeur ou avec un étudiant. Avec lui, il prenait peu de risques de se faire taper sur les doigts, même si tous les membres de l’académie n’étaient pas des partisans des escapades nocturnes. Au fond, tout n’était qu’une question d’autorité. Toujours amusé, Clemens lui sourit amicalement et la laissa l’observer à loisir. Quand enfin, elle réagit à ses propositions, il sentit l’amusement grandir encore en lui. Elle ne s’était pas laissée démonter et elle avait une répartie plutôt intéressante. Bien. La nuit se promettait faste.

“C’est vrai, mais je connais des portes dans ce château qui sont ensorcelées pour répondre à des sentiments particuliers. On n’est jamais sûrs de rien, ici…”

Le nombre de sortilèges résiduels qui trainaient dans le mobilier était plutôt impressionnant. Après avoir passé sept ans à Poudlard, le Sinistros ne pensait pas pouvoir s’étonner de beucoup. Pourtant, Haveirson le terrassait avec une nouvelle surprise plus ou moins plaisante régulièrement, et s’il n’avait pas connu le danger depuis l’affrontement à Avalon… Il présentait que ça arriverait encore, et très prochainement. Pour l’heure cependant, il préférait taper dans l’humour, même s’il passait volontiers sur le détail. Cette jeune inconnue n’avait pas besoin de connaître avec précision le fonctionnement de la porte de Quinlan. Ni comme lui, simple étudiant, était au courant, d’ailleurs.

A la place, Clemens serra la main que sa camarade lui tendait, et il fit semblant de réfléchir.

“Clemens Neubach. Et si j’ai bien compris la situation, ce n’est pas vraiment moi qui ait causé l’échec de ta mission. Même si je peux me tromper, évidemment…”

L’Allemand lui adressa un clin d’œil espiègle avant de la contourner pour s’approcher de la porte des cuisines. Alison avait plutôt bien visé, elle était juste décalée un peu sur la gauche. Planté devant le mur sans prononcer un mot, il croisa les bras et pencha légèrement la tête sur le côté, comme si il était face à une équation particulièrement épineuse. En réalité, il se repassait sa première arrivée dans les cuisines. Isolde avait invité leur petit groupe à un festin nocturne qui était resté un souvenir plutôt mémorable… tant pour ses rebondissements que pour la qualité des gaufres préparées par Anna. A cette occasion, il avait néanmoins appris une information précieuse : le mot de passe qui menait aux cuisines. Clemens se tourna à nouveau vers sa camarade.

“Peut-être… Peut-être même suis-je l’allié secrètement envoyé par le quartier général pour contribuer au succès de cette mission.” Il s’appuya contre la porte toujours camouflée, l’amusement se lisait clairement sur son visage. “Qui sait ?”

Ali bascula la tête en avant et attacha ses cheveux en chignon désordonné, comme elle le faisait souvent lorsqu’elle réfléchissait. Le garçon lui paraissait un peu trop sûr de lui à son goût. Les gens sûrs d’eux, ça ne présage généralement rien de bon. Mais la baguette dans sa poche arrière la rassurait. Au pire, elle avait toujours quelques sorts à expérimenter sur des êtres vivants… A deux mille lieux d’imaginer les pensées de la jeune fille, le garçon continuait à réfléchir à l’énigme de la porte.

- C’est vrai, mais je connais des portes dans ce château qui sont ensorcelées pour répondre à des sentiments particuliers. On n’est jamais sûrs de rien, ici…

Et mince. Touché. La curiosité d’Ali était piquée au vif, et elle ne pouvait qu’en oublier sa méfiance. Des portes qui réagissent à des sentiments. C’était tout simplement énorme ! La personne qui avait trouvé ça était tout bonnement un génie. Quoi que ça devait poser des problèmes. Imaginez quelqu’un qui ne sait pas maitriser ses émotions. Il pourrait rapidement se retrouver coincer dehors. Mais en même temps, cela rendait une pièce quasiment impénétrable… Ali rangea cette info dans un coin de son cerveau, à traiter plus tard. Décidément, Haveirson était un lieu plein de surprises. Le monde de la magie n’avait pas encore montré tout son attirail.
Le garçon s’avança d’un pas et serra la main qu’Ali lui avait tendue après s’être présentée.

- Clemens Neubach. Et si j’ai bien compris la situation, ce n’est pas vraiment moi qui ait causé l’échec de ta mission. Même si je peux me tromper, évidemment…

Les lèvres de la jeune fille s’étirèrent en un sourire en coin. Pas susceptible, avec de la répartie et qui la remettait à sa place, gentiment. On allait bien rire ce soir. Le jeune homme s’approcha du mur, semblant l’observer. Peut être qu’avec deux cerveaux ils trouveraient la solution. Et puis, le ventre d’Ali grondait doucement, l’empêchant de se concentrer sur ce qu’elle cherchait. Elle n’était même pas sûre de l’emplacement de la prote, aucune faille n’étant visible sur le mur.
Elle s’approcha du jeune homme, plissant les yeux en réfléchissant. Passer sa soirée face à un mur, voilà qui n’était pas franchement dans ses plans de départ. Rencontrer un jeune sorcier non plus, d’ailleurs. Elle jeta un regard en coin à Clemens, pour voir où en était sa réflexion. Alors qu’il avait les yeux dans le vague, comme sur une autre planète, il se réveilla d’un coup.

- Peut-être… Peut-être même suis-je l’allié secrètement envoyé par le quartier général pour contribuer au succès de cette mission. Qui sait ?

Il était à présent appuyé contre le mur, un air de défis et un grand sourire sur le visage. Ali haussa un sourcil, amusée. Un sauveur, donc. Et bien, à voir si ses actes étaient à la hauteur de ses paroles. Mais alors qu’elle allait répliquer, un bruit sourd, comme un objet tombant sur de la moquette, la fît sursauter. Elle étouffa une exclamation de surprise en plaquant sa main sur sa bouche et, le cœur battant à cent à l’heure, attrapa le bras de Clemens et l’entraina dans un recoin près de la porte cachée des cuisines.

- Oh putain, c’était quoi ça ? souffla-t-elle complètement affolée.

24/02/2007

La jeune femme ne semblait pas vraiment convaincue par son explication et son rôle de sauveur. Pourtant, il se sentait bien dans la représentation… Un peu trop espiègle et provocateur, peut-être. Si ça sortait de ses lignes, ça correspondait néanmoins parfaitement à ses états d’âmes. Clemens se tâtait à simplement lâcher le mot de passe pour les cuisines. Allison aurait pu en faire ce qu’elle voulait, profiter de sa soirée. De toute évidence, elle était plutôt sceptique quant à la présence de l’Allemand, et il ne voulait pas spécialement s’imposer. Après tout, le château était assez vaste pour qu’il n’ait pas l’occasion de s’ennuyer.

Sauf si.

Avant qu’il n’ait eu le temps de prendre une décision, un bruit sourd sonna au fond du couloir, comme si un lourd objet venait de tomber du plafond. Depuis son arrivée à Haveirson, Clemens avait vécu une ou deux bizzareries — ce qui n’était pas étonnant dans une école de magie — mais il n’était pas assez fanfaron pour prendre le risque. Allison réagit néanmoins plus vite que lui, le tirant à l’écart des cuisines, à l’opposé certes de la menace potentielle, mais aussi à plus grande distance d’une éventuelle échappatoire.

“Merde. Viens.”

Le Sinistros tira sa camarade dans le sens inverse, franchissant les quelques mètres qui les séparaient encore des cuisines. La main fermement agrippée au bras d’Allison, il déverrouilla la porte camouflée et déboula comme une furie dans les cuisines avant de claquer la porte derrière eux. Le dos collé contre le bois, la jeune Phoenix en face de lui, il prit enfin conscience de la force avec laquelle il la retenait. La libérant avec un regard d’excuse, il lâcha un soupir.

“Je ne sais pas ce que c’était, mais je préférais ne pas rester dans le même couloir. Et comme ça, j’ai pu te montrer ce qu’était mon aide providentielle : je connais le mot de passe. Après, si ma compagnie ne te plaît pas, tu peux volontiers retourner dehors, mais je pense que je vais rester ici un moment. D’abord parce que j’ai la dalle et ensuite parce que les bruits sourds pendant la nuit, dans les sous-sols d’une académie de magie… Enfin, je pense que tu dois penser pareil que moi.”

Sa tirade n’était pas excessivement sensée, mais passer d’un jeu intrigué à une grosse montée d’adrénaline ne l’avait pas aider à se remettre les idées en place. Une lueur un peu inquiète flottait au fond de ses yeux, et il profita d’un instant de silence pour poser son oreille contre le panneau de la porte et écouter le couloir. Pour le moment, c’était calme… Le problème, c’était que le silence, c’était aussi rassurant que menaçant.